assises rwanda 2001
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Instruction d’audience A. Higaniro Lecture déclarations de témoins par président compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience A. Higaniro > Lecture déclarations de témoins par président > le témoin 12
1. Intervention parties civiles et défense concernant lectures 2. le témoin 3 3. le témoin 12 4. Soeur le témoin 52 5. M.le témoin 92 6. le témoin 83 et commentaires défense A. Higaniro 7. E. Kayihura
 

7.4.3. Lecture de déclarations de témoins par le président: Anastase le témoin 12

Le Président : Alors, Monsieur le témoin 12 Anastase, l’autre employé de Monsieur HIGANIRO à Kigufi. Il est lui aussi entendu le 12 octobre 1995 par un policier rwandais dans le cadre de la commission rogatoire de Monsieur VANDERMEERSCH, en présence de Messieurs DELVAUX et GOUMANS de la police judiciaire de Bruxelles. Et Monsieur le témoin 12 déclare ceci :

« A la question que vous me posez, quand la guerre a éclaté, j’étais ici à Kigufi, travaillant à la résidence de HIGANIRO Alphonse, originaire de la commune Gaseke. Il se trouvait à Butare à cette période. Il était de retour ici à Nyamyumba une semaine avant la mort du président le témoin 32 : c’était à Pâques et le président était venu lui rendre visite. HIGANIRO est retourné à Butare le lundi de Pâques 1994. Pendant la guerre, HIGANIRO est revenu à Gisenyi trois jours après la mort du président.

A la question que vous me posez, je connais le témoin 123 Benoît, il était voisin de HIGANIRO. Quand HIGANIRO est rentré de Butare pendant la guerre, il a trouvé que Benoît était mort et que nous l’avions enterré. Il y a beaucoup à dire autour de la mort de Benoît. Quand il allait mourir, des militaires sont venus d’abord chez lui et lui ont demandé de l’argent. Et on sait bien qu’ils l’ont trouvé chez lui et qu’ils l’ont conduit chez la mère supérieure qui habite derrière chez HIGANIRO. Ils lui ont donc demandé l’argent, et c’est cette mère supérieure qui a payé pour lui. C’était aux environs de 15h mais j’ignore à combien se chiffre le montant de la somme qu’elle a payée. Ces militaires ont à peine tourné le dos qu’ils sont allés trouver des Interahamwe pour les envoyer à Kigufi pour chercher Benoît avec l’ordre du ramener. C’était vers 16h30. Quand les assaillants sont arrivés, Benoît et sa famille sont allés se réfugier au couvent. Ils sont passés près du lac, je les ai vus lorsqu’ils s’enfuyaient. Et le lendemain matin, j’ai vu leurs cadavres.

A la question que vous me posez, ces Interahamwe ne nous ont pas adressé la parole lorsqu’ils sont venus tuer Benoît. C’est trois jours après qu’HIGANIRO est rentré et a trouvé que nous venions de l’enterrer. Vous venez de me lire la déclaration du témoin 123 qui m’accuse, page 5, in fine et page 6, sur ce qui suit.

Ce que j’ai à dire à ces propos, c’est que ce garçon ment parce que nous n’avons pas échangé de paroles avec HIGANIRO, car c’était un homme qui faisait tellement peur, de sorte que ses employés tels que nous, nous n’aurions pas osé lui adresser la parole. Il ne nous a pas demandé d’aller lui montrer où on avait enterré Benoît. Quand HIGANIRO est arrivé, il nous a demandé les nouvelles d’ici et nous lui avons répondu qu’ici, à Nyamyumba, il y a eu beaucoup de morts et que même la famille de Benoît figure parmi eux. Vous venez de me lire les accusations d’Olivier, page 3, 1er § : nous n’avons jamais montré aux Interahamwe la chambre où se cachait la famille HIGANIRO ? Ou plutôt Benoît ? (points d’interrogation du traducteur). Cela est un mensonge.

A la question que vous me posez, nous avons toujours eu de bons rapports avec la famille Benoît, jusqu’au moment où j’ai voulu tisser des liens d’amitié entre leur boy et moi, et qui a été renvoyé après sous prétexte que nous avions une certaine complicité. Depuis lors, nos relations avec les Benoît ont été entachées. Je n’ai rien d’autre à ajouter ».