assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 79
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.8. Audition des témoins: le témoin 79

Le Président : Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Vuga amazina yawe yombi.

le témoin 79 : le témoin Veneranda.

L’Interprète : le témoin 79.

Le Président : Quel est son âge ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 79 : 53.

L’Interprète : 53 ans.

Le Président : Quelle est sa profession ?

L’Interprète : Umwuga wawe ? Icyo ukora ?

le témoin 79 : Umuhinzi kwa KAREKEZI Emmanuel.

L’Interprète : Umwuga, umwuga wawe.

le témoin 79 : Ndi umuhinzi njyewe.

L’Interprète : Cultivatrice.

Le Président : Quelle est sa commune de résidence ?

L’Interprète : Komine utuyemo ?

le témoin 79 : Ni Huye, muri sekteri ya Sovu.

L’Interprète : Commune de Huye, secteur Sovu.

Le Président : Connaissait-elle les accusés avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Abaregwa wari ubazi mbere y’ukwezi kwa kane muri 94 ?

le témoin 79 : Abo ndega, ndabazi.

L’Interprète : Ceux que j’accuse, je les connais.

Le Président : Sœur Kizito et sœur Gertrude ?

L’Interprète : Kizito na Gertruda ?

le témoin 79 : Ni Kizito na Gertruda, nibo ndega.

L’Interprète : Oui, c’est Kizito et Gertrude que j’accuse.

Le Président : Est-elle de la famille des accusés, ou des gens qui réclament des dommages et intérêts aux accusés ?

L’Interprète : Hari isano ufitanye mu muryango n’abaregwa cyangwa se isano ufitanye mu muryango n’abaregera indishyi ?

le témoin 79 : Isano ?

L’Interprète : Isano, icyo mupfana mu muryango.

le témoin 79 : Ku baregera indishyi ?

L’Interprète : Cyangwa n’abaregwa.

le témoin 79 : Abaregera indishyi dufite icyo dupfana.

L’Interprète : Oui, j’ai une relation avec ceux qui demandent des dommages et intérêts.

Le Président : Oui, elle est quoi ?

L’Interprète : Mupfana iki ?

le témoin 79 : Abaregera indishyi, abana, ndi nyina wabo.

L’Interprète : Je suis la mère des enfants qui réclament des dommages et intérêts.

Le Président : Ca ne pose de toute façon pas de problème, la parenté avec les parties civiles. Est-ce qu’elle travaille pour les accusés ou pour les parties civiles, ceux qui réclament des dommages et intérêts, pour ses enfants, j’imagine ? Un contrat de travail, hein, un contrat de travail ?

L’Interprète : Hari akazi ukorera abo baregwa, cyangwa se abaregera indishyi, akazi ubakorera baguhembera ?

le témoin 79 : Abaregera indishyi, akazi mbakorera, cyereka kubahingira mbagaburira, n’abana banjye nta kindi.

L’Interprète : A part que ceux qui demandent des dommages et intérêts sont mes enfants, alors je cultive pour les nourrir.

Le Président : Bien, voulez-vous bien l’inviter à lever la main droite,

L’Interprète : Zamura ikiganza cy’iburyo,

Le Président : Et à prêter le serment de témoin,

L’Interprète : Noneho urahire indahiro y’abatanga ubuhamya, ndibubisubiremo.

Le Président : Vous pouvez lui lire, si elle ne sait pas lire, hein.

L’Interprète : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa,

le témoin 79 : Ndahiye kuvuga ukuri gusa,

L’Interprète : Nta rwango,

le témoin 79 : Nta rwango mfite, nta rwango,

L’Interprète : Nta mususu.

le témoin 79 : Nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Je vous remercie, vous pouvez vous asseoir près du témoin. Madame, pouvez-vous expliquer à quelle date vous êtes allée vous réfugier au monastère de Sovu ?

L’Interprète : Wasobonura igihe, itariki wahungiriyeho mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?

le témoin 79 : Aho nzi ni ku itariki 8.

L’Interprète : Je me suis réfugiée le 8 avril.

Le Président : Le 8 ou le 18 ?

le témoin 79 : Ndumva ko ari itariki 8, niyo nibuka, niba aribyo mu matariki, sinzi…

L’Interprète : Elle dit : « Moi, je ne sais pas lire, j’apprends qu’il s’agit du 8, c’est ce que je me rappelle, je ne sais pas si c’est ça ».

Le Président : Avec qui a-t-elle été se réfugier, de sa famille en tout cas ?

L’Interprète : Mu muryango wawe mwahunganye na nde ?

le témoin 79 : Nahunganye n’abana n’umugabo.

L’Interprète : Je me suis réfugiée avec les enfants et mon mari.

Le Président : Combien y avait-il d’enfants ?

L’Interprète : Hari abana bangahe ?

le témoin 79 : Nari mfite abana 9.

L’Interprète : J’avais 9 enfants.

Le Président : A Sovu, quels sont les membres de sa famille qui ont été tués ?

L’Interprète : Abantu bo mu muryango wawe biciye i Sovu n’abahe ?

le témoin 79 : Ni 57 mu muryango wanjye.

L’Interprète : 57 membres de ma famille.

Le Président : Son mari a-t-il été tué ?

L’Interprète : Umugabo wawe yarishwe ?

le témoin 79 : Yarishwe nawe azize itsemba z’ubwoko.

L’Interprète : Oui, lui aussi, il a été tué à cause du génocide.

Le Président : Combien de ses enfants ont été tués ?

L’Interprète : Abana bawe bishwe ni bangahe ?

le témoin 79 : Abapfuye ni batandatu.

L’Interprète : Ceux qui sont morts sont au nombre de 6.

Le Président : Se souvient-elle si elle a pu rentrer dans le monastère lui-même, dans le couvent ?

L’Interprète : Uribuka niba ubwawe warigeze winjira mu kigo cy’ababikira imbere ?

le témoin 79 : Ndabyibuka ko nakinjiye imbere, mbere ya kiriziya.

L’Interprète : Je me souviens que j’ai pu entrer dedans, devant l’église.

Le Président : Se souvient-elle si elle a dû se rendre, à un moment donné, au centre de santé ?

L’Interprète : Uribuka niba warigeze ujya ku ivuriro ?

le témoin 79 : Ndibuka yuko ku ivuriro ariho batumanuye, ariho twahungiye.

L’Interprète : Je me souviens qu’ils nous ont amenés au centre de santé, que c’est là-bas où nous nous sommes réfugiés.

Le Président : Est-ce qu’elle se souvient de qui a pris la décision de les envoyer au centre de santé ?

L’Interprète : Uribuka umuntu wafashe icyemezo cyo kubohereza ku ivuriro ?

le témoin 79 : Ndibuka umuntu wafashe icyemezo cyo kutwohereza ku ivuriro, uwo bitaga mama Kizito.

L’Interprète : Je me souviens que la personne qui a pris la décision de nous envoyer au centre de santé, c’est celle qu’on appelait sœur Kizito.

Le Président : Des militaires sont-ils intervenus pour l’obliger à aller au centre de santé ?

L’Interprète : Hari abasirikare baje kugirango babahatire kujya ku ivuriro ?

le témoin 79 : Babazanye ari benshi mu modoka.

L’Interprète : Ils les ont amenés en grand nombre dans un véhicule.

Le Président : Se souvient-elle si, lorsqu’elle était… pendant le temps où elle était réfugiée au couvent et au centre de santé, si elle a reçu de la nourriture de la part du couvent ?

L’Interprète : Uribuka niba, igihe mwari mwarahungiye mu babikira, cyangwa se igihe mwari ku ivuriro hari ibiryo mwahawe n’ikigo cy’ababikira ?

le témoin 79 : Nta nakimwe, habe n’amazi yo kunwa.

L’Interprète : Non, même pas de l’eau pour boire.

Le Président : Sait-elle pourquoi elle n’a pas reçu de nourriture et pas reçu d’eau ?

L’Interprète : Waba uzi icyatumye udahabwa ibyo kurya, ntuhabwe n’amazi ?

le témoin 79 : Ni uko bari abatutsi. Njyewe nuko nari umututsi, nicyo cyatumye ntabona amazi yo kunwa.

L’Interprète : C’est parce que j’étais Tutsi, c’est pour cela que je n’ai pas reçu de l’eau à boire.

Le Président : Est-ce qu’elle sait qui a pris la décision de ne pas donner à manger et à boire ?

L’Interprète : Uzi uwafashe ikemezo cyo kubima ibiryo n’amazi ?

le témoin 79 : Ni Gertruda na Kizito.

L’Interprète : Sœurs Gertrude et Kizito.

Le Président : Lorsque le centre de santé a été attaqué, est-ce qu’elle a reconnu qui donnait les ordres de l’attaque ?

L’Interprète : Ubwo ivuriro ryaterwaga, waba waramenye uwatanze amategeko yo gutera ivuriro ?

le témoin 79 : Abatanga amategeko yo gutera ivuriro bari Gertruda, REKERAHO na Kizito.

L’Interprète : Les personnes qui ont donné l’ordre d’attaquer le centre de santé, c’étaient Gertrude, REKERAHO et Kizito.

Le Président : Est-ce qu’il y avait, parmi les chefs, un certain le témoin 151 ?

L’Interprète : Mu bayobozi harimo uwitwa le témoin 151 ?

le témoin 79 : Muri icyo gitero, mu bayobozi bo muri icyo gitero bayobora, ntawe nabonye, ntabwo mbizi sinigeze mubona njyewe.

L’Interprète : Parmi les chefs de cette attaque, il n’y avait pas le témoin 151, je ne l’ai pas vu moi-même, je ne sais pas.

Le Président : Est-ce qu’elle a vu, parmi les chefs ou parmi les attaquants, Gaspard RUSANGANWA ?

L’Interprète : Mu bayobozi b’icyo gitero cyangwa se mu bari bakirimo ubwabo, waba warabonyemo Gaspard RUSANGANWA ?

le témoin 79 : Ni nawe ngombwa wari ufite n’impapuro, ariwe Kizito yazohererezaga.

L’Interprète : C’est lui-même la clé de ça, puisque c’est lui qui avait les papiers, c’est lui qui recevait ces papiers des mains de Kizito.

Le Président : C’était quoi, les papiers ?

L’Interprète : Izo mpapuro zari bwoko ki, zari mpapuro ki ?

le témoin 79 : N’izari zanditsweho abatutsi bagombaga gupfa.

L’Interprète : Ce sont les papiers sur lesquels étaient écrits les noms des Tutsi qui devaient mourir.

Le Président : Est-ce qu’on n’avait pas fait remplir les papiers en disant que c’était pour obtenir de la nourriture ?

L’Interprète : Ntabwo mukwandikisha izo mpapuro, ntabwo bazandikishaga bavuga yuko ari ukugirango batange ibiryo ?

le témoin 79 : Oya, kwandikisha izo mpapuro, wari umubare wo kuzuza, wo kumenya umubare w’abagomba gupfa.

L’Interprète : Non. C’était une façon de connaître le nombre de ceux qui devaient mourir.

Le Président : Est-ce qu’elle s’est réfugiée avec son mari et ses enfants dans le garage du centre de santé ?

L’Interprète : Wowe ubwawe n’umugabo wawe, n’abana bawe, mwahungiye mu igaraji aho bashyiraga imodoka, mu ivuriro ?

le témoin 79 : Twese niho twari turi n’abana bose.

L’Interprète : Oui, nous tous, nous étions dedans, et tous les enfants.

Le Président : Qu’est-ce qui s’est passé au garage ?

L’Interprète : Mu igaraji byagenze bite, habaye iki ?

le témoin 79 : Mu igaraji harimo abantu benshi.

L’Interprète : Au garage, il y avait plusieurs personnes.

le témoin 79 : Ubwo muri iryo garaji harimo abantu benshi,

L’Interprète : Alors, dans ce garage, il y avait beaucoup de gens,

le témoin 79 : Ubwo Kizito aza kumanuka na Gertruda,

L’Interprète : Alors, Kizito est descendue, elle et Gertrude,

le témoin 79 : Ubwo bamaze kumanuka baza kureba ahantu, hari ahantu mu igaraji harimo akantu k’akenge gatoya,

L’Interprète : Après qu’elles aient descendu, elles sont venues voir dans le garage, là où il y avait une petite brèche,

le témoin 79 : Ubwo baza kuvuga bati : « Nyamara hano n’ubwo twavugaga ngo za nzoka zashize ziracyarimo ! ».

L’Interprète : Et elles ont dit alors que nous disions, à tort, que ces serpents sont finis, et ils sont toujours dedans.

le témoin 79 : Ubwo nibwo bazamutse bagasubira ku kiriziya.

L’Interprète : Alors, à ce moment-là, elles ont monté pour retourner en haut à l’église.

le témoin 79 : Ubwo bageze ku kiriziya, mu kanya gato baba baramanutse.

L’Interprète : Après leur arrivée à l’église et après un bref instant, elles sont revenues.

le témoin 79 : Ubwo baba bafite ubujerikane bahamagara umuhungu BYOMBOKA,

L’Interprète : Alors, à ce moment-là, elles avaient des petits jerricanes et elles ont appelé un garçon du nom de BYOMBOKA,

le témoin 79 : Ubwo basukayo lisansi baba barahatwitse.

L’Interprète : Alors, elles ont versé de l’essence et ainsi elles ont incendié.

le témoin 79 : Ubwo muri iryo garaji havuyemo umwana Seraphina MUKAMANA.

L’Interprète : Alors, de ce garage est sortie une enfant du nom du témoin 71.

le témoin 79 : Aho aba ariho bamukubita ntampungano y’umwanzi hano mu gahanga, ishoka hano inyuma y’umutwe,

L’Interprète : A sa sortie, on lui a assené un coup de gourdin au front et puis un coup de hache du côté derrière de la tête.

le témoin 79 : Ubwo uwo mwana amaze kuvamo, ubwo akaba arapfuye mu kanya gato agwa mu ntumbi aho barasa mu kigo imbere. Hari undi mfite wari uri mu kigo imbere na none ku mbuga bari barashe amasasu hano,

L’Interprète : Alors, cet enfant-là est tombé morte, et puis, il y avait un autre qui était à la cour, et qui avait reçu des balles au bras,

le témoin 79 : Ubwo hano, ararashwe hano gutya,

L’Interprète : Il a encore reçu des balles au niveau des épaules,

Veneranda le témoin : Ubwo birarangiye, umugabo umaze kubakuramo,

L’Interprète : Après les deux,

le témoin 79 : Ubwo hashize iminsi haza kuza ikintu cy’ihumure,

L’Interprète : Les jours passèrent, et il y a eu une sorte d’accalmie.

Veneranda le témoin : Bavuga bati : « Ihumure rirabonetse nimwu-namure icumu ».

L’Interprète : Alors, on a dit : « Maintenant, la paix revient, cessez les tueries ».

le témoin 79 : Ubwo nza kujyana na Gaspari RUSANGANWA, araza asanga aho nzingamiye,

L’Interprète : Alors, je suis partie avec Gaspard RUSANGANWA qui m’a trouvée là, où je ne pouvais plus bouger.

le témoin 79 : Ubwo nari nambaye ubusa,

L’Interprète : A ce moment-là, j’étais nue.

le témoin 79 : Ubwo nza kumubwira nti : « Wansabiye Gertruda na Kizito imyenda yanjye iri mu ivalisi iri iwabo twabitsemo, MPAMBARA yahashyize ? ».

L’Interprète : Je lui ai dit alors : « Est-ce que tu ne peux pas demander mes habits à Kizito et Gertrude, mes habits qui se trouvent dans ma valise que MPAMBARA y a laissée ? ».

le témoin 79 : Ubwo aza kumbwira ati : « Ngwino bajye kuyigusabira ».

L’Interprète : Alors, il m’a dit : « Viens, qu’on te les demande ».

le témoin 79 : Ubwo maze kumugera imbere ya Kizito,

L’Interprète : Alors, quand je suis arrivée en face de Kizito,

le témoin 79 : Ubwo aza kubwira RUSANGANWA ati : « Iki kintu uzanye hano ni igiki ? ».

L’Interprète : Elle a dit à RUSANGANWA : « Cette chose-là que tu amènes ici, c’est quoi ? ».

le témoin 79 : Ubwo ati : « Iki ngiki si ikitso ? ».

L’Interprète : Elle a dit : « Est-ce que cette chose-là n’est pas complice ? ».

le témoin 79 : Ubwo nibwo yavuze ati : « Hamagara MVOKA aze akice ». Kizito yaravuze ngo nahamagare MVOKA aze akice.

L’Interprète : Alors, Kizito a dit qu’on appelle MVOKA pour qu’il vienne me tuer.

le témoin 79 : Ubwo abwira Gasipari ati : « Wowe uri umusazi ».

L’Interprète : Alors, elle a dit à Gaspard : « Toi, tu es fou ».

le témoin 79 : Ubwo, amaze kubwira Gasipari,

L’Interprète : Après avoir dit ça à Gaspard,

le témoin 79 : Ubwo nibwo yamubwiye ati : « Ibyo aribyo byose genda unshakire REKERAHO,

L’Interprète : Elle lui a dit : « De toutes les façons, va me chercher REKERAHO,

le témoin 79 : Aze ankize, ankuriremo biriya bikoko biri mu nzu by’inzoka ».

L’Interprète : Qu’il vienne dégager ces bêtes, ces serpents qui se trouvent dans cette maison ».

le témoin 79 : Ubwo nibwo yamaze kubakuramo,

L’Interprète : Ainsi, après les avoir fait sortir,

le témoin 79 : Ndibagiwe ariko mumbabarire, ndibagiwe gato,

L’Interprète : J’ai un petit trou de mémoire, excusez-moi.

le témoin 79 : Ubwo nibwo batumye kuri REKERAHO,

L’Interprète : Alors, on a envoyé chercher REKERAHO.

Veneranda le témoin : Ubwo nibwo bakuyemo umugabo SEBUHIN-YORI, bakuramo umugabo Siriro.

L’Interprète : Alors, on a fait sortir un homme du nom de SEBUHINYORI et un homme du nom de Cyrille.

Veneranda le témoin : Ubwo hakaba harimo n’umugabo MUNYAKA-YANZA na MPAMBARA, bose bari abakozi le témoin 2,

L’Interprète : Parmi ces personnes-là, il y avait MPAMBARA et MUNYAKAYANZA qui étaient leurs ouvriers.

le témoin 79 : Ubwo abo bantu barabara numva yuko ngo bari abantu 80,

L’Interprète : Alors, les gens furent comptés et j’ai appris qu’ils étaient au nombre de 80,

le témoin 79 : Ibyo nabashije kubona ni ibyo.

L’Interprète : Ce que j’ai pu voir, c’est ça.

Le Président : A-t-elle vu, de ses yeux vu, sœur Kizito et sœur Gertrude apporter de l’essence ?

L’Interprète : Wowe ubwawe, mu maso yawe wiboneye Kizito na Gertruda bazanye lisansi ?

le témoin 79 : Narabiboneye ku maso yanjye, hari ku manwa.

L’Interprète : Je les ai vues de mes propres yeux, il faisait jour.

Le Président : Toutes les deux ?

L’Interprète : Bombi uko ari babiri ?

le témoin 79 : Narabiboneye, hari ku manwa, izuba ryaravaga.

L’Interprète : Je les ai vues moi-même, c’était la journée, le soleil brillait.

Le Président : Se souvient-elle de la couleur des bidons dans lesquels l’essence se trouvait ?

L’Interprète : Uribuka amabara y’ubujerikani lisansi yarimo ?

le témoin 79 : Mu by’ukuri, urabona, imbere baratemaga, inyuma baratemaga, mu kuboko baratemaga, mu buryo baratemaga. Ntabwo numva, nibuka uko isa, ko yera cyangwa itera. Icyo nzi n’ubujerikani 2.

L’Interprète : En réalité, on découpait les gens à gauche, on découpait les gens à droite, on découpait les gens devant, on découpait les gens derrière, on découpait sur les bras, on découpait partout. Je ne me souviens pas si c’étaient des petits jerricanes blancs ou pas. Tout ce que je me souviens c’est que c’étaient des petits jerricanes.

Le Président : Est-ce que Gertrude, sœur Gertrude et sœur Kizito ont versé elles mêmes l’essence ou, est-ce qu’elles l’ont donnée à quelqu’un qui a versé l’essence ?

L’Interprète : Gertruda na Kizito bo ubwabo bisukiye lisansi cyangwa se bayihaye undi muntu ngo ayisuke ?

le témoin 79 : Gertruda… bo bisukiye lisansi bayi…

L’Interprète : Oui, elles ont versé elles-mêmes.

le témoin 79 : Bisukiye lisansi BYOMBOKA niwe wazanye igishangari cy’inturusu.

L’Interprète : Elles ont versé elles-mêmes car BYOMBOKA, c’est lui qui a amené une branche sèche d’eucalyptus.

Le Président : A-t-elle été interrogée plusieurs fois à propos de ce qui s’était passé à Sovu ?

L’Interprète : Hari ubwo abantu bakubajije inshuro nyinshi ku byabereye i Sovu ?

Veneranda le témoin : Barambajije, Kuva intambara irangira barambajije.

L’Interprète : Oui, on m’a interrogée depuis la fin de la guerre, on m’a interrogée.

Le Président : A-t-elle toujours dit la même chose ?

L’Interprète : Icyo gihe cyose wabazwaga wagendaga usubira mu bintu bimwe ?

le témoin 79 : Hari ibyo navugaga bitari byo,

L’Interprète : Il y en a que je disais qui n’était pas vrai.

le témoin 79 : Hari ibyo navugaga biri byo,

L’Interprète : Il y en a que je disais qui était vrai.

le témoin 79 : Hari nibyo navugaga nkabona, nkavuga nti bariya ni nk’abaza kunshuhurira yenda ni ukumvugisha ibintu nka bene ibyo ngibyo. Kandi nk’abashaka kundiza.

L’Interprète : Je disais qu’il y a aussi que je disais, en me disant que ces gens-là sont des personnes qui viennent me narguer en quelque sorte, qui viennent seulement pour me faire pleurer uniquement.

Le Président : Et aujourd’hui, ce qu’elle dit, c’est la vérité vraie ?

L’Interprète : Ibyo uvuga ubu ngubu byo ni ukuri nya kuri.

le témoin 79 : Ni ibyange niboneye n’amaso ku giti cyange.

L’Interprète : C’est ce que j’ai vu moi-même de mes yeux, de mes propres yeux.

Le Président : Ce n’est donc pas quelque chose que quelqu’un d’autre lui a raconté ?

L’Interprète : Ni ukuvuga ko atari ibintu undi muntu yaba yarakubwiye ?

le témoin 79 : Ntawabinyongoreye, nijye wabyiboneye ku maso yanjye.

L’Interprète : Personne ne me l’a murmuré, c’est moi-même qui l’ai vu de mes propres yeux.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ?

Me. de CLETY : Au moment, Madame, de la scène qui se passe avec la sœur Marie Kizito et où elle fait appeler REKERAHO, vous n’avez pas été jusqu’à dire ce qui s’est passé après et comment vous avez survécu, comment vous vous en êtes sortie vivante ?

L’Interprète : Ubwo Kizito, byabaga icyo gihe, ubwo Kizito yahamagazaga REKERAHO, ntabwo wasobanuye neza uko byaje kukugendekera n’uburyo warokotsemo.

le témoin 79 : Icyo gihe yahamagazaga REKERAHO, njyewe naseseye ahantu mu rugandi rwo haruguru ya centre de santé, niho naseseye jyewe mu rugo, mu kigo, urugo nyine rwubatse.

L’Interprète : A ce moment-là, moi, je me suis faufilée à travers une clôture du centre de santé.

Le Président : N’était-ce pas plutôt au couvent que ça se passait ?

L’Interprète : Ntabwo ubwo se ahubwo byabereye mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 79 : Byari kuri centre. Ibyo navuze n’ibyo kuri centre, nibyo mvuga.

L’Interprète : C’était au centre, ce que je suis en train de dire, et c’est ce qui s’est passé au centre.

Le Président : D’autres questions ? Maître JASPIS.

Me. JASPIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Je pense que nous sommes tous assez frappés par les difficultés d’expression du témoin et surtout par le fait qu’elle fait assez difficilement les liens entre les différentes séquences de ce qui s’est passé, sur plusieurs jours et même sur une journée. Est-ce que le témoin pourrait nous préciser un petit peu davantage le nombre de personnes qui l’ont déjà interrogée sur ces événements, et si elle avait conscience de qui étaient ces personnes ? Qui est-ce qui est passé si souvent à Sovu depuis la fin de la guerre ? Qui lui, leur a posé toutes ces questions ? Quelle conscience en avait-elle ? Enfin, vous le reformulerez certainement beaucoup mieux que moi, si vous voulez bien.

Le Président : Le témoin a déjà dit qu’elle avait été interrogée de multiples fois depuis la fin de la guerre, hein.

Me. JASPIS : Si vous le souhaitez, je peux vous préciser le sens de ma question, Monsieur le président. J’ai le sentiment, à travers ce qu’on nous a dit hier et ce qu’on entend maintenant, qu’il y a une confusion totale pour les témoins, entre les journalistes, les représentants d’ONG, les représentants du TPIR, les représentants des juridictions rwandaises, des juridictions étrangères et qu’il y a là un phénomène sur lequel il faudra revenir d’ailleurs peut-être plus en détail à l’avenir, qu’il serait peut-être intéressant de connaître un peu plus concrètement pour le jury.

Le Président : Madame, lorsque les gens venaient vous interroger depuis la fin de la guerre, saviez-vous qui étaient ces gens ?

L’Interprète : Ubwo abantu bazaga kukubaza kuva intambara yarangira, abo bantu bakubazaga waba uzi abo aribo ?

le témoin 79 : Mubyo ukuri, bantu bazaga icyo gihe intambara irangira, abantu bakunze kumbaza harimo abanyarwanda,

L’Interprète : En fait, les gens qui n’ont pas cessé de venir m’interroger depuis la fin de la guerre, parmi ces personnes, étaient des Rwandais,

le témoin 79 : Ariko abantu benshi bagumye kumbaza njyewe nabonaga ari abazungu.

L’Interprète : Mais surtout des personnes qui m’ont beaucoup interrogée c’étaient surtout des blancs.

le témoin 79 : No kuri parquet i Butare barambazaga, iwacu Butare muri Huye.

L’Interprète : Même au parquet à Huye, à Butare, chez nous, on m’a souvent interrogée.

le témoin 79 : No kuri parquet hose, amadosiye yanjye hose ntaho atari.

L’Interprète : Au parquet, partout, mes dossiers se trouvent partout.

Le Président : Autre question ? Oui, Maître JASPIS.

Me. JASPIS : Monsieur le président, concernant les religieuses du couvent, est-ce que le témoin peut un petit peu nous parler des relations qu’elle a eues avant la guerre, avec les différentes religieuses du couvent et peut-être nous préciser qui elle connaît un peu mieux ou qui elle connaît tout simplement, s’il vous plaît ?

Le Président : Avant la guerre, avant les événements qui se sont passés à Sovu, le témoin se rendait-elle parfois au couvent ?

L’Interprète : Mbere y’intambara, mbere y’ibyabereye i Sovu, wajyaga ukunda kujya mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 79 : Narahajyaga cyane kuko hari n’umugabo wacu wahakoraga witwaga MPAMBARA,

L’Interprète : Oui, je m’y rendais souvent étant donné qu’il y avait un beau-frère qui travaillait. Le frère de mon mari qui travaillait, du nom de MPAMBARA.

Le Président : Parmi toutes les religieuses du couvent, qui connaissait-elle particulièrement ?

L’Interprète : Mu babikira bo muri icyo kigo, ni abahe wari uzi cyane kurusha abandi ?

le témoin 79 : Mu babikira abantu narinzi cyane, hari umukobwa w’umubikira wari uhari wacu wa Siriro NDANGA,

L’Interprète : Il y avait une sœur qui est de notre famille, fille de Cyrille NDANGA,

le témoin 79 : Hari n’undi mubikira wavukaga mu Busanza ariko sinibuka izina rye,

L’Interprète : Il y avait une autre sœur originaire de Busanza mais dont je ne me souviens pas le nom.

Le Président : Connaissait-elle bien sœur Kizito ?

L’Interprète : Kizito wari umuzi cyane ?

le témoin 79 : Kizito nari muzi cyane kuko, sinarimuzi cyane namumenyeye hariya mu kigo usibye ko twari duturanye, duhana imbibi.

L’Interprète : Kizito, je ne la connaissais pas, je l’ai connue là-bas au couvent, à part que nous sommes des voisins proches. Leurs propriétés sont jumelées l’une à l’autre.

Le Président : Est-ce qu’elle a des troubles de la mémoire depuis les événements ?

L’Interprète : Wakunze kujya wibagirwa nk’ibintu kuva biriya byaba ?

le témoin 79 : Intambara irangira se ?

L’Interprète : Yee, ukumva mu mutwe uragira amazinda cyane ?

le témoin 79 : Kugira amazinda cyane s’ikindi ni ukubera n’inkoni, baranankubise inkoni cyane hano mu ntuza…, bigatuma ngira… sinibuke ibyo navuze.

L’Interprète : Ces trous de mémoire n’ont rien d’autre, ils ont pour origine le fait qu’on m’a, que j’ai reçu beaucoup de coups de bâton dans la tête, ce qui fait que je ne me rappelle pas beaucoup ce que j’ai dit.

Le Président : Bien. Y a-t-il d’autres questions ? Monsieur le 6e juré ?

Le 6e Juré : Merci, Monsieur le président. Vous pouvez demander au témoin : quand ils ont incendié, elle était à l’intérieur ou à l’extérieur ?

Le Président : Madame, au moment de l’incendie du garage, étiez-vous dans le garage ou à l’extérieur du garage ?

L’Interprète : Ubwo batwikaga igaraji, aho babika imodoka, warimo imbere cyangwa wari hanze yaryo ?

le témoin 79 : Nari mu kigo imbere. Mu kantu k’akumba k’akadirishya, hagati y’intumbi.

L’Interprète : J’étais à l’intérieur de l’établissement, dans une sorte de petite chambre où il y avait une petite fenêtre, parmi des cadavres.

Le Président : Ce n’était donc pas dans le garage ?

L’Interprète : Ni ukuvuga rero ko utari mu igaraje imbere ?

le témoin 79 : Ntabwo nari ndi mu igaraji njyewe.

L’Interprète : Non, moi, je n’étais pas au garage.

Le Président : C’était dans une pièce du centre de santé ?

L’Interprète : Ako kumba kari ak’ivuriro ?

le témoin 79 : Kari ak’ivuriro, niho narindi.

L’Interprète : Oui, la petite pièce était du centre de santé, c’est là où j’étais.

Le Président : Une autre question ? Maître WAHIS.

Me. WAHIS : Une confirmation, Monsieur le président. Est-ce que le témoin pourrait confirmer la description qu’elle a faite à Monsieur TREMBLAY, de REKERAHO, ce jour-là. Elle dit ceci, en pages 9 et 10 : « C’était REKERAHO Emmanuel, je l’ai reconnu car il est Hutu et il venait chez mon père avant la guerre. Je l’identifie comme étant le chef du groupe car il était différent des autres. Son visage était recouvert d’une peinture de couleur beige. Quant à ses vêtements, ils étaient recouverts d’une écorce de bananier encore fraîche et de couleur foncée, dans laquelle il avait fait une ouverture pour y passer sa tête et celle-ci était recouverte d’une crête faite d’écorces de bananier séchées ». Est-ce qu’elle peut confirmer qu’elle a bien fait cette déclaration devant Monsieur TREMBLAY ? Est-ce qu’elle confirme que REKERAHO était habillé de la sorte ?

Le Président : Comment REKERAHO était-il habillé lorsqu’elle l’a vu le jour de l’attaque contre le centre de santé ?

L’Interprète : Umunsi batera ivuriro, REKERAHO wamubonye yambaye ate ?

le témoin 79 : Yari yambaye ibintu by’ubushorabe, bimeze nk’umuntu ugiye… sinzi ukuntu byari bimeze mbega, afite n’ibitambaro bimwe bigize bitya…

L’Interprète : Il portait des sortes de châles, des sortes de tissus comme des châles, je ne saurais pas dire la façon dont ces châles-là étaient.

Le Président : Est-ce qu’à un moment donné elle a vu REKERAHO habillé avec des feuilles de bananier ou des écorces de bananier ?

L’Interprète : Hari ubwo wigeze ubona REKERAHO yambaye amakoma ?

Le Président : Des écorces de bananiers ?

le témoin 79 : Yari ayambaye. Mu gitero ayobora. Ayobora igitero yari ayafite ayambaye.

L’Interprète : Oui, il portait, quand il dirigeait l’attaque, il les portait.

Le Président : Une autre question ? Plus de questions ? Maître RAMBOER se tâte.

Me. RAMBOER : Monsieur le président, c’est surtout au moment que la décision a été prise de chasser les réfugiés qui étaient à l’intérieur du couvent, vers le centre de santé. Elle a donné des précisions concernant l’attitude de sœur Gertrude à ce moment-là. Est-ce que le témoin peut nous expliquer un peu plus en détail l’attitude de sœur Gertrude et les paroles qu’elle a eues, très dures, vis-à-vis des réfugiés qui se trouvaient à ce moment dans le centre, euh, pardon, dans le couvent, dans la cour du couvent ?

Le Président : Quand les réfugiés, qui étaient au couvent, ont été expulsés vers le centre de santé, se souvient-elle si sœur Gertrude ou sœur Kizito ou une autre religieuse a dit quelque chose ?

L’Interprète : Ubwo impunzi zirukanwaga zivanwa mu kigo cy’ababikira zijyanwa mu ivuriro, waba wibuka niba mama Gertruda, mama Kizito cyangwa se umubikira wundi hari ikintu yaba yaravuze ?

le témoin 79 : Impunzi kugirango zigende zijve mu kigo, zijye mu ivuriro ?

L’Interprète : Yee.

le témoin 79 : Yaradukoranyije adushyira hamwe,

L’Interprète : Elle nous a rassemblés, elle nous a mis ensemble.

le témoin 79 : Twari imbere ya Kiriziya,

L’Interprète : Nous étions en face de l’église.

le témoin 79 : Aza kuvuga, nkatwe twari dufite abana ati, kuki abantu barimo benshi bihuguraga,

L’Interprète : Elle nous a dit s’adresser surtout à nous qui avions des enfants, qu’il y avait beaucoup de personnes qui faisaient leur session,

le témoin 79 : Muri abo bantu barimo bihugura baravuga bati : « Bariya bantu bafite abana baradutera umwanda ».

L’Interprète : Et que ces gens-là qui faisaient leur session se plaignaient du fait que des personnes qui avaient des enfants apportaient la saleté.

le témoin 79 : Hanyuma aza kudushyira imbere ya Kiriziya, baraturunda badushyira hamwe, hari n’abasirikare n’aba GP,

L’Interprète : Alors, elle nous a mis ensemble devant l’église et il y avait aussi des militaires et les GP,

le témoin 79 : Hanyuma aza kutubwira ngo turebemo abantu bazi ubwenge bize,

L’Interprète : Elle nous a dit alors, de trier parmi nous, des gens qui étaient intelligents, des gens qui avaient fait des études,

le témoin 79 : Hanyuma baze kureba nk’umwana wize afate buri rugo agende arubarura,

L’Interprète : Elle a alors dit qu’on désigne par exemple un jeune qui a fait des études, qu’il recense chaque famille.

le témoin 79 : Hanyuma baza kutubarura muri selire Kigarama na selire Karuhayi.

L’Interprète : On nous a alors recensés, nous, originaires de la cellule de Kigarama et de la cellule Ruhayi.

le témoin 79 : Hanyuma bamaze kutubara basanga turi 3.500.

L’Interprète : Après le recensement, on a trouvé que nous étions au nombre de 3.500.

le témoin 79 : Hanyuma baza kuvuga bati : « Turaza kubafasha ».

L’Interprète : On a dit alors : « Nous allons vous donner de l’assis-tance ».

le témoin 79 : Hanyuma icyo badufashije n’abasirikare baje baturuka hirya baturuka hino ngo baraturinda.

L’Interprète : Alors, l’assistance que nous avons reçue était des militaires qui sont venus de partout, soi-disant pour nous protéger.

Le Président : Lorsqu’elle dit que c’est elle qui a dit, elle qui a dit ceci, c’est qui, elle ?

L’Interprète : Uwo wabivugaga ninde ibyo byose. Uvuga uti yaravuze ngo yaravuze ninde ? Uravuga ngo yaravuze yaravuze ariko ntuvuga izina ry’uwabivugaga. Iryo zina ni iryande wabivugaga ?

le témoin 79 : Icyo babivuga hari Kizito na REKERAHO ;

L’Interprète : Alors, à ce moment, quand ils disaient ça, il y avait Kizito et REKERAHO.

le témoin 79 : Cyokora muri icyo gihe, Kizito niwe wavuze ati : « Nimubabare, nimugende mwibare, turabafasha ».

L’Interprète : A ce moment-là, c’est Kizito qui a dit : « Allez vous compter, nous allons vous donner assistance ».

Le Président : C’est Kizito aussi qui a dit que les enfants faisaient beaucoup de saletés ?

L’Interprète : Ni na Kizito wavuze ko abana bakururaga umwanda ?

le témoin 79 : Niwe wavugaga ko abana bari bari aho ngaho bateye umwanda,

L’Interprète : C’est elle qui disait que les enfants qui étaient là provoquaient la saleté,

le témoin 79 : Ni abarimo bariho bihugura.

L’Interprète : Ainsi que ceux qui suivaient leur session.

le témoin 79 : Ndumva ibyo nibuka aribyo.

L’Interprète : Mais ce dont je me souviens, c’est cela.

Le Président : Maître VERGAUWEN ? D’autres questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Voulez-vous bien, Monsieur l’interprète, demander au témoin si elle confirme ses déclarations d’aujourd’hui ?

L’Interprète : Urahamya ukemeza ibyo wavuze none ?

le témoin 79 : Ndabihamya rwose. Cyane.

L’Interprète : Oui, je le confirme beaucoup.

Le Président : Vous pouvez lui dire que la Cour la remercie pour son témoignage

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye ibyo urubwiye,

Le Président : Qu’elle doit, qu’elle peut évidemment se retirer maintenant mais qu’elle doit rester, pour les problèmes administratifs, à la disposition de la Cour, jusqu’à son retour au Rwanda.

L’Interprète : Waba wigendeye ariko ukaba wabonekera igihe cyose Urukiko rwagukenera mu gutunganya iby’urugendo, kugeza igihe uzasubirira mu Rwanda.

le témoin 79 : Barakoze.

L’Interprète : Je vous remercie.

Le Président : Oui, Maître WAHIS.

Me. WAHIS : Monsieur le président, pouvez-vous m’autoriser à un commentaire. Nous n’avons pas posé de questions en réservant la lecture, peut-être avec votre autorisation, des autres versions de ce témoin concernant le 22 avril à maintenant, après son départ.

Le Président : Je vous suggère, non pas de les lire, mais de relever éventuellement les contradictions que vous y trouvez.

Me. WAHIS : Monsieur le président, dans la version faite devant le TPIR, le témoin a déclaré qu’elle avait aperçu deux sœurs, une qui suivait la première et qui remettait des allumettes à BYOMBOKA, sans qu’il soit à aucun moment question d’essence. C’est à la page 13 de son audition, c’est donc une longue audition, dans les premières pages, pour les événements qui précèdent le 22 avril, elle parle de sœur Gertrude, elle parle de sœur Kizito. En page 15, il est expressément stipulé ceci : « Le témoin, aux termes de cette déposition, nous fait part qu’elle ne pourrait pas reconnaître les deux sœurs qu’elle a vu se joindre au groupe de REKERAHO et RUSANGANWA parce qu’elle n’avait pas l’habitude de fréquenter le monastère ». Elle ne peut pas reconnaître les deux sœurs qui étaient là le 22 avril alors qu’avant, elle parle explicitement de sœur Gertrude et sœur Kizito dans son audition.

Dans l’audition commission rogatoire le 8 octobre, on ne parle que de Kizito. Cette fois-ci, elle a vu Kizito avec un galon d’essence, dit-elle, il n’est pas question de sœur Gertrude. Dans sa toute première déclaration auprès d’African Rights : « J’assistais seulement, j’ai vu sœur Kizito avec des petits bidons de 7 litres remplis d’essence. Elle les distribuait aux criminels, elle ne les versait pas sur le garage. Ils versaient de l’essence sur la maison et ils allumaient le feu. Kizito était toujours là et elle a donné plusieurs bidons d’essence ». Et il n’est pas question de sœur Gertrude. Voilà toutes les contradictions de ces trois déclarations.

Le Président : Il y en a encore une quatrième. Il y en a encore une quatrième auprès de Monsieur HABIMANA Bonaventure où, à la question de savoir si maman Gertrude et maman Kizito avaient eu une part de responsabilité, elle a répondu : « Elles en avaient, elles ont donné l’essence pour qu’on brûle vivantes de nombreuses personnes qui se trouvaient dans le garage. J’ai vu tout cela parce que j’étais présente ». Une autre responsabilité proviendrait de ce qu’elles faisaient sortir les gens qui avaient trouvé refuge dans leurs maisons en les livrant aux tueurs. Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, est-ce que je pourrais vous demander, en vertu de votre pouvoir discrétionnaire, de bien vouloir rajouter ce témoin sur la liste des personnes qui sont examinées par le médecin légiste aujourd’hui, s’il vous plaît ? Mais c’est ce matin que ça a lieu. Le témoin est présent, dans les bâtiments, je pense que…

Le Président : Vous pensez que j’ai le temps de quitter l’audience, d’aller faire un réquisitoire, vous pensez que j’ai le temps ?

Me. JASPIS : Non, je ne pense…

Le Président : Alors, je fais ça et pendant ce temps-là, on n’entend pas de témoins.

Me. JASPIS : Monsieur le président, je préfère vous le demander maintenant, j’aurais pu vous le demander tout à l’heure.

Le Président : Vous auriez pu effectivement le demander avant.

Me. JASPIS : Je pourrais vous le demander tout à l’heure, à la suspension mais je préfère vous le demander maintenant pour que vous puissiez…

Le Président : Mais vous me le demanderez à la suspension. Si j’ai le temps de rédiger le réquisitoire, je le ferai. Si je n’ai pas le temps, elle sera vue demain.

Me. JASPIS : Ah, mais c’est parfait. Je ne demande pas spécialement que ça ait lieu aujourd’hui, je vous remercie.

Le Président : Mais faites-moi une demande écrite.

Me. JASPIS : D’accord.

Le Président : Y a-t-il un autre commentaire ? Alors, peut-on faire venir le témoin suivant le témoin 138 Solange ?