assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 57
01. le témoin 19 02. M.le témoin 44 03. R. Tremblay 04. le témoin 110 05. le témoin 38 06. le témoin 72 07. le témoin 101 08. le témoin 79 09. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.10. Audition des témoins: le témoin 57

Le Président : le témoin 57 est là ? Eh bien, nous allons entendre le témoin 57. Le témoin le témoin 57. Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe ?

le témoin 57 : le témoin 57.

L’Interprète : le témoin 57.

Le Président : Oui. Quel âge avez-vous, Madame ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 57 : 44.

L’Interprète : 44 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

L’Interprète : Ukora iki ?

le témoin 57 : Ndadandaza.

L’Interprète : Commerçante.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ?

L’Interprète : Utuye mu yihe komine ?

le témoin 57 : Huye.

L’Interprète : La commune de Huye.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés, avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Wari uzi abaregwa cyangwa umwe muri bo mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?

le témoin 57 : Nari mbazi.

L’Interprète : Je les connaissais.

Le Président : Qui connaissiez-vous ?

L’Interprète : Wari uzi nde na nde ?

le témoin 57 : Narinzi Kizito,

L’Interprète : Je connaissais Kizito,

le témoin 57 : Na Gertrude kubera ko yari Mameya.

L’Interprète : Et sœur Gertrude, parce qu’elle était la sœur supérieure.

Le Président : Vous n’êtes pas de la famille des accusés, ni de la famille des gens qui demandent des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Ntacyo upfana n’abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?

le témoin 57 : Mu baregera indishyi turavukana.

L’Interprète : Parmi les parties civiles, il y a les membres de ma famille.

Le Président : Oui, donc il y a des membres de la famille pendant… il faudra l’indiquer… mais ce n’est pas une clause qui empêche d’entendre le témoin sous serment.

Le Président : Vous ne travaillez pas sous un lien de contrat de travail avec les accusés ou les parties civiles ?

L’Interprète : Nta mubaregwa cyangwa abaregera indishyi, ntabo ukorera ?

le témoin 57 : Ntabo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Voulez-vous bien inviter le témoin à lever la main droite et à prononcer le serment ?

L’Interprète : Uzi gusoma ? Zamura akaboko k’iburyo,

le témoin 57 : Yego.

L’Interprète : Zamura akaboko k’iburyo usome ibyanditse.

le témoin 57 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir tous les deux. Au mois d’avril 1994, étiez-vous au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Mu kwezi kwa kane kwa 94, wari mu kigo cy’i Sovu ?

le témoin 57 : Nari mpari.

L’Interprète : Je m’y trouvais.

Le Président : Comme religieuse ou comme réfugiée ?

L’Interprète : Nk’umubikira cyangwa nk’impunzi ?

le témoin 57 : Nk’impunzi.

L’Interprète : Comme réfugiée.

Le Président : Vous étiez arrivée au monastère à quelle date ?

L’Interprète : Wageze mu kigo ku itariki ya kangahe ?

le témoin 57 : Ya 17.

L’Interprète : Le 17.

Le Président : Vous y étiez arrivée seule, ou avec des membres de votre famille ?

L’Interprète : Wari waje wenyine cyangwa n’abandi bo mu muryango ?

le témoin 57 : N’abandi bose bo mu muryango.

L’Interprète : Avec tous les autres membres de la famille.

Le Président : Pouvez-vous expliquer pourquoi vous vous étiez réfugiée au couvent ?

L’Interprète : Ushobora gusobanura impamvu wari wahungiye mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 57 : Ni uko nakekaga ko ahantu bihaye Imana bari, abantu bari badukurikiye batahadusanga.

L’Interprète : Parce que j’espérais qu’en me réfugiant au couvent, chez les sœurs qui avaient voué leur vie à Dieu, ceux qui nous pourchassaient n’étaient pas capables de nous y trouver.

Le Président : Donc, vous étiez déjà pourchassée avant le 17 avril ou à partir du 17 avril ?

L’Interprète : Mbere y’itariki ya 17 bari babakurikiranye cyangwa nyuma y’itariki 17 niho babahigaga ?

le témoin 57 : Twavuye iwacu batangiye kudutwikira no kudusenyera.

L’Interprète : Nous sommes partis de nos demeures lorsqu’on a commencé à les détruire et puis à les incendier.

Le Président : Que s’est-il passé, à partir du 17 avril, au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Kuva ku itariki ya 17 n’ibiki byabaye mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?

le témoin 57 : Twagezeyo, dutangiye kwicara hasi mu kanyatsi kabo,

L’Interprète : Lorsque nous sommes arrivés au couvent, cherchant où nous asseoir,

le témoin 57 : Sœur Gertruda arahatuvana,

L’Interprète : Sœur Gertrude nous a chassés de là, nous avions trouvé un endroit pour nous asseoir.

le témoin 57 : Atujyana muri centre de santé.

L’Interprète : Elle nous a conduits au centre de santé.

Le Président : Est-ce qu’elle a dit pourquoi elle vous chassait ?

L’Interprète : Ushobora kuvuga impamvu sœur Gertruda yabirukanye ?

le témoin 57 : Icyo gihe twari tuzi ko ariho aduhaye icumbi,

L’Interprète : En ce moment, nous espérions, c’est là qu’on nous donnait euh…

le témoin 57 : Kuri 17.

L’Interprète : Donc, le 17, elles espéraient que sœur Gertrude leur donnait un lieu de repos à cet endroit même.

le témoin 57 : Nkomeze ?

Le Président : Oui. Vous pouvez continuer.

le témoin 57 : Twarahageze, abafite ibintu, afungura icyumba kimwe, abifungiramo.

L’Interprète : Lorsque nous sommes arrivés, ceux qui avaient certaines affaires, sœur Gertrude les a prises, et puis elle les a enfermées dans un petit réduit.

le témoin 57 : Niho twaraye,

L’Interprète : C’est là où nous avons passé la nuit.

le témoin 57 : Bukeye bwaho,

L’Interprète : Et le lendemain,

le témoin 57 : Haza bourgmestre wa komine Huye,

L’Interprète : Le bourgmestre de la commune de Huye est arrivé,

le témoin 57 : Ni abasirikare,

L’Interprète : En compagnie des militaires,

le témoin 57 : Bafite imbunda.

L’Interprète : Armés de fusils.

le témoin 57 : Atubaza aho abatera umutekano muke bari,

L’Interprète : Ils nous ont demandé où se trouvaient ceux qui causaient l’insécurité,

le témoin 57 : Tuvuga ko ari ruguru i Sovu, kuri « douane ».

L’Interprète : Et nous leur avons répondu qu’ils se trouvaient un peu plus haut à Sovu, à un lieu-dit « douane ».

le témoin 57 : Bageze yo,

L’Interprète : Lorsqu’ils sont arrivés,

le témoin 57 : Hashize umwanya,

L’Interprète : Après un court moment,

le témoin 57 : Twumva grenade iraturitse.

L’Interprète : On a entendu le crépitement des grenades.

le témoin 57 : Twumva urusaku rw’abantu benshi,

L’Interprète : On a entendu les gens crier,

le témoin 57 : Baza birukanka basa nabadusanga kuri centre de santé.

L’Interprète : Et qui venaient en courant vers là où nous nous trouvions, au centre de santé.

le témoin 57 : Twarirutse tujya mu rugo rw’ababikira ruguru,

L’Interprète : Nous nous sommes encourus également en allant nous réfugier au couvent des sœurs qui se trouvait un peu plus haut.

le témoin 57 : Mameya na soeur Kizito baradukingirana, portail.

L’Interprète : La sœur supérieure et sœur Kizito ont fermé le portail.

le témoin 57 : Twashoboye gucengera muri senyengi, yo muri cyprès,

L’Interprète : Nous nous sommes arrangés pour nous faufiler à travers la clôture, donc la haie de cyprès.

le témoin 57 : Abafite imbaraga tukajya twuriza abandi kuri portail tubashyira imbere.

L’Interprète : Nous qui avions plus de forces, nous aidions ceux qui n’en avaient pas, à grimper au-dessus du portail, et les faire tomber à l’intérieur de la clôture.

le témoin 57 : Dukomeza kugumamo imbere,

L’Interprète : Nous sommes restés à l’intérieur,

le témoin 57 : N’abandi baje bahunga bacengera barahadusanga,

L’Interprète : En compagnie des autres qui sont venus aussi chercher refuge,

le témoin 57 : Batubwira ko umwe mu le témoin 2 witwa RANGIRA amaze gupfa.

L’Interprète : Et quand ils sont arrivés, ils nous ont trouvés, ils ont dit qu’un des leurs nommé RANGIRA, venait de mourir.

le témoin 57 : Twagumye ahongaho kugeza aho imvura ihatunyagirira,

L’Interprète : Nous y sommes restés jusqu’à ce qu’on soit mouillés par la pluie.

le témoin 57 : Umubikira umwe ahamagara umukozi ngo akingurire abana, ababyeyi n’abana bashobore kwugama,

L’Interprète : Une des religieuses a demandé à un ouvrier, un travailleur du couvent, de venir ouvrir une chambre pour que les enfants et les mamans puissent s’y abriter.

le témoin 57 : Kari gatoya ku buryo abantu batakwirwagamo bafite abana,

L’Interprète : C’était un petit réduit de sorte que toutes les mamans qui portaient des enfants ne pouvaient pas toutes y trouver place.

le témoin 57 : Dukomeza kunyagirwa

Le Président : Quelle est le nom de la sœur qui a demandé à ouvrir, à permettre à certaines personnes de rentrer à l’abri ?

L’Interprète : Izina ry’umubikira wasabye uwo mukozi kugirango afungurire ababyeyi ninde ?

le témoin 57 : Soeur Scholastique.

L’Interprète : Il s’agit de sœur Scholastique.

Le Président : Oui.

le témoin 57 : Twakomeje kunyagirwa buracya, ariko twari turinzwe n’abapolisi.

L’Interprète : Nous avons été trempés par la pluie toute la nuit, et nous étions gardés par les policiers.

le témoin 57 : Hejuru mu ma étages y’ababikira harimo abantu ngo baje mu mahugurwa,

L’Interprète : Dans les étages supérieurs, chez les sœurs, il paraît qu’il y avait des gens qui étaient venus en séminaire,

le témoin 57 : Mu gitondo,

L’Interprète : Le matin.

le témoin 57 : Bakomeza kutubwira ngo tuve aho, bari kumwe na soeur Gertruda.

L’Interprète : Le lendemain matin, sœur Gertrude, en compagnie de ces gens qui étaient venus en séminaire, nous ont harcelés en nous disant de partir de là,

le témoin 57 : Ngo turabateza umutekano muke ngo kandi twabatera n’umwanda.

L’Interprète : Parce que nous leur causions l’insécurité, et puis, nous risquions de salir les lieux.

le témoin 57 : Tukababwira ko abantu badukurikiranye bagisakuriza hepfo aho, tutashobora gusubirayo.

L’Interprète : Nous leur disions que les gens qui nous pourchassaient se trouvaient toujours aux alentours, et que nous n’étions pas capables d’y retourner.

le témoin 57 : Soeur Gertruda aratubwira ngo nitutahava neza, ngo arazana abasirikare.

L’Interprète : Sœur Gertrude nous a dit que si nous ne partions pas de notre gré, elle irait chercher les militaires.

le témoin 57 : Ajyanye n’umwe muri abo baje muri séminaire,

L’Interprète : Elle est partie en compagnie d’un des gens qui étaient venus en séminaire,

le témoin 57 : Mu modoka yabo y’ivatiri y’umukara.

L’Interprète : Dans une de leurs voitures, de couleur noire.

le témoin 57 : Bajya kuzana abasirikare,

L’Interprète : Ils sont allés chercher des militaires.

le témoin 57 : Bamaze kubazana batatu baratwegera, abandi bakomeza batugose bari hirya,

L’Interprète : A leur arrivée, il y en a trois qui se sont approchés de nous, et d’autres nous ont encerclés,

le témoin 57 : Baratubwira ngo nituvane ibintu byacu aho, dusubire hepfo,

L’Interprète : Et ils nous ont ordonné de reprendre nos affaires et de retourner dans le contrebas,

le témoin 57 : Ngo tugaruke ngo badukoreshe inama.

L’Interprète : Et qu’après nous devions revenir auprès d’eux parce qu’ils avaient prévu une réunion.

le témoin 57 : Abari babifite barabijyanye,

L’Interprète : Ceux qui avaient leurs affaires, les ont emportées,

le témoin 57 : Twebwe tutari tubifite twicara imbere ya kiriziya, turenze urugi rwa portail.

L’Interprète : Et nous, qui n’en avions pas, nous sommes restés assis en face de l’église, juste après le portail.

le témoin 57 : Baraza n’abagiye hepfo baricara,

L’Interprète : Ils sont venus en compagnie de ceux qui s’étaient rendus un peu plus bas, ils se sont assis.

le témoin 57 : Abasirikare baratubwira ngo nta yindi nama, ngo soeur Gertruda aravuze ngo nidusubire kuri centre de santé.

L’Interprète : Les militaires nous ont dit qu’il n’y avait pas d’autre réunion et que sœur Gertrude demandait à ce que nous rejoignions le centre de santé.

le témoin 57 : Ubwo nibwo twasubiyeyo,

L’Interprète : Nous sommes retournés.

le témoin 57 : Mu cyigoroba soeur Kizito azana impapuro,

L’Interprète : Le soir, sœur Kizito est venue avec des papiers,

le témoin 57 : Avuga ko Mameya avuze ngo twiyandike amaselire,

L’Interprète : Et elle a dit que la sœur supérieure demandait à ce qu’on s’inscrive et qu’on nomme les cellules,

le témoin 57 : Ngo babone uko baduha imfashanyo.

L’Interprète : Pour qu’elle puisse nous venir en aide,

le témoin 57 : Ngo nibarangiza impapuro bazihe SEBUHINYORI,

L’Interprète : Et qu’après l’inscription, on remette les papiers à un de leurs travailleurs, dénommé SEBUHINYORI.

le témoin 57 : Yarazijyanye twebwe turara aho ngaho,

L’Interprète : Il les a pris et nous, nous sommes restés là, nous avons passé la nuit là.

le témoin 57 : Ubwo nibwo hazaga abantu baturutse hirya ku mugoroba w’ijoro tutazi abo aribo ku kigo,

L’Interprète : C’est à ce moment que des gens que nous ne connaissions pas, sont venus par derrière la haie, la clôture.

le témoin 57 : Turara aho ngaho. Nta kindi twabonye uwo munsi.

L’Interprète : Nous avons passé la nuit là et nous n’avons rien vu d’autre ce jour-là.

le témoin 57 : Umva tugeze kuwa gatatu,

L’Interprète : Nous étions le lendemain, mercredi.

le témoin 57 : Turahirirwa,

L’Interprète : Nous y avons passé la journée,

le témoin 57 : Nta kintu tubonye, nta kintu baduhaye.

L’Interprète : Sans rien recevoir des sœurs,

le témoin 57 : Mu ma saa sita nibwo twabonye imodoka ya préfet na bisi,

L’Interprète : Et l’après-midi, nous avons vu venir le véhicule du préfet, et un bus.

le témoin 57 : Barazamuka bajya mu kigo cy’ababikira,

L’Interprète : Ils se sont rendus au couvent des sœurs,

le témoin 57 : Bamanutse baratubwira ngo ntabwo turi impunzi, ngo impunzi n’iziri i Nyacyonga.

L’Interprète : Et à leur retour, ils sont venus, et ils ont dit que nous n’étions pas des réfugiés, que les vrais réfugiés étaient ceux qui se trouvaient à Nyacyonga.

le témoin 57 : Barigendera.

L’Interprète : Ils sont partis.

le témoin 57 : Ku mugoroba, abandi bantu bari inyuma y’ikigo baduteramo grenade,

L’Interprète : Le soir, les autres personnes qui se trouvaient derrière la clôture nous ont lancé des grenades,

le témoin 57 : Ifata umukecuru witwa NYIRAMIRIMO Pasikaziya,

L’Interprète : Et la grenade a blessé une vieille dame, du nom de NYIRAMIRIMO Pascasie,

le témoin 57 : Yaraye adapfuye ariko atameze neza.

L’Interprète : Mais elle n’est pas morte cette nuit-là, mais elle avait perdu connaissance.

le témoin 57 : Kuwa kane twirirwa aho,

L’Interprète : Nous avons passé la journée de jeudi,

le témoin 57 : Nta kintu twabonye.

L’Interprète : On n’a rien reçu.

le témoin 57 : Kuwa gatanu kuri 22,

L’Interprète : Vendredi, le 22,

le témoin 57 : Saa mbiri niho twagoswe n’amakomine atatu.

L’Interprète : A 8h, nous avons été encerclés par les gens venant de trois communes,

le témoin 57 : Huye na Maraba na Mbazi.

L’Interprète : Huye, Maraba et Mbazi.

le témoin 57 : Batangira kudutera amabuye,

L’Interprète : Ils ont commencé à nous jeter des pierres,

le témoin 57 : No kudutera amagrenade,

L’Interprète : Lancer des grenades.

le témoin 57 : Tubwira abapolisi bari baturi hafi ngo barase hejuru wenda babakange, baranga,

L’Interprète : Nous avons demandé aux policiers qui étaient tout près de nous de tirer, au moins en l’air, pour que ces gens-là prennent peur, mais les policiers ont refusé.

le témoin 57 : Bakomeza rero… batangira kutwica.

L’Interprète : Ils ont alors commencé à nous massacrer.

Le Président : Le témoin, Madame, savez-vous, connaissez-vous…

le témoin 57 : Abantu bari mu igaraji,

L’Interprète : Et les gens qui se trouvaient dans le garage,

le témoin 57 : Batangira… bifungiramo.

L’Interprète : Ils s’y sont enfermés.

le témoin 57 : REKERAHO wari ufite micro, arahamagara,

L’Interprète : Et REKERAHO, qui avait un porte-voix, a appelé.

le témoin 57 : Ngo nibatangire babe bacukura, ngo bagiye gusaba mu babikira essence. Ngo bashake n’ibishandari,

L’Interprète : Abagombaga gutangira gucukura ni abahe ? Nabifungiye mu igaraji ?

le témoin 57 : Oya, n’Interahamwe zatwicaga.

L’Interprète : A travers son porte-voix, REKERAHO a dit aux Interahamwe de commencer à creuser des tombes, que parce qu’il allait demander aux sœurs de l’essence et a demandé également à ces Interahamwe de chercher de l’herbe sèche.

le témoin 57 : Nyuma twumva arahamagaye ngo essence arayizanye, bashiki le témoin 2 barabagobotse.

L’Interprète : Après, nous l’avons entendu dire qu’il apportait de l’essence. Il disait que grâce à leurs sœurs qui leur venaient en aide en leur remettant l’essence.

le témoin 57 : Batwitse urugi rwa garage, batwika n’ahandi bari bacukuye umwobo,

L’Interprète : Ils ont mis le feu à la porte du garage, et à l’endroit où il y avait déjà un trou.

le témoin 57 : Abari barimo batema urugi ko umuriro wari wabasatiriye, batangira kuvamo,

L’Interprète : Ceux qui étaient enfermés dans le garage, ont défoncé la porte parce que le feu les assaillait.

le témoin 57 : Ariko abasohokagamo bahuraga n’imipanga n’amabuye, bose bahita bapfira aho.

L’Interprète : Et ceux qui en sortaient, rencontraient des coups de machette et des coups de pierre, et ils mouraient sur place.

le témoin 57 : Uwari musaza wanjye wari ugiye kureba umudamu we bahise bamuca ijosi,

L’Interprète : Un de mes frères qui allait chercher sa femme, on lui a coupé le cou sur place,

le témoin 57 : Umudamu we bamwicishije amabuye,

L’Interprète : Et sa femme a été lapidée jusqu’à ce que mort s’ensuive.

le témoin 57 : Uwari murumuna wanjye w’umwarimu kazi, yasohotse ashya,

L’Interprète : Et ma petite sœur, qui était enseignante est sortie du garage en courant, mais elle flambait,

le témoin 57 : Ariko ntabwo namenya aho yaguye.

L’Interprète : Elle est passée tout près de moi, mais je ne sais pas où elle est morte.

le témoin 57 : Nabonaga rero abantu bose bariho bapfa,

L’Interprète : Je voyais tout le monde mourir.

le témoin 57 : Njyewe kubera ko nari narashatwe n’umugabo w’umuhutu,

L’Interprète : Puisque moi, mon mari était Hutu,

le témoin 57 : Abantu ngo bari basabye REKERAHO ko abagore bashatswe n’abahutu bavamo.

L’Interprète : Les gens avaient demandé à REKERAHO pour qu’il permette que les femmes mariées aux Hutu, puissent sortir.

le témoin 57 : Bamaze kunkuramo mbona soeur Kizito na soeur Gertruda,

L’Interprète : A ma sortie, j’ai vu sœur Kizito et sœur Gertrude,

le témoin 57 : Na Yonasi na RUSANGANWA,

L’Interprète : Accompagnées de Jonas et de RUSANGANWA.

le témoin 57 : Ni umusore witwa KABILIGI wari umukozi wabo ariho ashya.

L’Interprète : Et j’ai vu un travailleur des sœurs, du nom de KABILIGI, en train de flamber, de brûler.

le témoin 57 : Yiruka amanuka, mbona undi mugabo witwaga… wari se wa NYANDERA, witwaga SEBARASHI,

L’Interprète : Il fuyait, il courait en flambant.

le témoin 57 : N’undi musaza witwaga SEBARASHI,

L’Interprète : Et j’ai vu également un autre vieux qui s’appelait SEBARASHI,

le témoin 57 : Mbona we baramurashe.

L’Interprète : Mais celui-ci a été fusillé.

le témoin 57 : Banyicaza mu kanyatsi,

L’Interprète : Ils m’ont fait asseoir dans l’herbe,

le témoin 57 : N’abandi bantu bo mu muryango witwaga RUBAYIZA,

L’Interprète : En compagnie d’autres personnes de la famille de RUBAYIZA.

le témoin 57 : Haza abandi bantu, barabatemagura,

L’Interprète : Et des gens qui sont venus, les ont tailladés et coupés à la machette,

le témoin 57 : Mbona barankuruye baranyirukankanye banjyanye mu ishyamba,

L’Interprète : Et moi, ils m’ont entraînée jusque dans la forêt, dans le petit bois.

le témoin 57 : Ubwo bahita banjyana, abantu bacu bose basigara aho.

L’Interprète : Moi, ils m’ont prise et tous les membres de ma famille sont restés là.

Le Président : Madame, avez-vous vu qui apportait l’essence qui a servi à mettre le feu au garage du centre de santé ?

L’Interprète : Waba warabonye uwazanye iyo essence batwikishize igaraji ya centre de santé ?

le témoin 57 : Yazanwe na mama Kizito na soeur Gertruda, bari kumwe na REKERAHO, yambaye ibintu by’ibendera rya MDR,

L’Interprète : L’essence a été amenée par sœur Gertrude et sœur Kizito, sœur Gertrude en compagnie de REKERAHO qui portait le drapeau du MRND.

Le Président : Parmi ceux qui dirigeaient l’attaque

L’Interprète : Mu bategekaga ibitero,

Le Président : Des miliciens,

L’Interprète : Izo nterahamwe,

Le Président : Le témoin a déjà cité REKERAHO, mais y avait-il d’autres personnes qui dirigeaient les attaques ?

L’Interprète : Wavuze izina rya REKERAHO, hari abandi bantu bategekaga ibitero ?

le témoin 57 : Harimo n’abahoze ari abasirikare nka ba KAMANAYO,

L’Interprète : Il y avait KAMANAYO par exemple, qui était militaire.

le témoin 57 : Hari n’undi mugabo w’iwacu witwaga SIKUBWABO Léopold,

L’Interprète : Il y avait un autre monsieur de mon village, qui s’appelait SIKUBWABO… Paul ?

le témoin 57 : Léopold.

L’Interprète : Léopold.

le témoin 57 : Na MUTABARUKA Gaspard,

L’Interprète : Et Gaspard MUTABARUKA.

le témoin 57 : MUHAMYANKAKA Jean,

Le Président : Ce n’est pas Gaspard RUSANGANWA ?

L’Interprète : Ntabwo ari Gaspard RUSANGANWA ?

le témoin 57 : RUSANGANWA namuvuze muba mbere,

L’Interprète : J’ai parlé de RUSANGANWA parmi les premiers, oui.

le témoin 57 : Na Petero BUSHYANA,

L’Interprète : Et BUSHYANA Pierre,

le témoin 57 : N’abandi benshi cyane b’iwacu.

L’Interprète : Et tant d’autres de mon village.

Le Président : Y avait-il le témoin 151 ?

L’Interprète : Muri bo hari uwitwa le témoin 151 ?

le témoin 57 : Hari umuhungu we witwa le témoin 151 Jean-Kirizostome,

L’Interprète : Il y avait son fils qui s’appelle le témoin 151 Jean-Chrisostome.

Le Président : Comment a-t-elle pu fuir finalement pour se retrouver en vie ?

L’Interprète : Wagenje ute kugirango uhunge, kugirango ugire amagara, wowe ntibakwice ?

le témoin 57 : Nabasobanuriye yuko umuntu washatwe n’umuhutu, bari babahaye uburenganzira bwo kudutahana,

L’Interprète : Je vous ai expliqué que ceux qui étaient mariés aux Hutu, avaient le droit de rentrer chez eux.

le témoin 57 : Ariko kuva ngera mu rugo, njye ko nagiraga musaza wanjye wigishaga muri université, bavugaga ko yaduhaye imbunda, ntabwo nigeze ngira amahoro.

L’Interprète : Depuis que j’ai réintégré ma demeure du fait que j’avais mon frère qui donnait cours à l’université, et qu’on disait qu’ils avaient emmené des fusils, je n’ai jamais été en paix.

le témoin 57 : Buri munsi ibitero byaranteraga, akabaha amafaranga,

L’Interprète : J’étais attaquée chaque jour, et on donnait de l’argent aux assaillants,

L’Interprète : Ku buryo n’abasirikare bantwaye bakageza ubwo banjyana,

le témoin 57 : De sorte que j’ai été prise par des militaires qui m’ont emmenée,

L’Interprète : Bakajya kunkoresha ibyo bashaka.

le témoin 57 : Et ils ont fait de moi ce qu’ils ont voulu.

Le Président : Combien de membres de votre famille, Madame, avez-vous perdu à Sovu ?

L’Interprète : Ababyeyi cyangwa abandi bantu bo mu muryango wawe, ni bangahe bapfiriye i Sovu ?

le témoin 57 : Abapfiriye i Sovu ni 11.

L’Interprète : Onze personnes qui ont perdu leur vie à Sovu.

le témoin 57 : Abandi bo babiri baguye i Rugango,

L’Interprète : Deux autres ont perdu leur vie à Rukongo.

le témoin 57 : Abandi bane, umusaza wanjye yaguye mu mugi wa Butare,

L’Interprète : Quatre de mes frères sont morts à Butare.

le témoin 57 : Abandi bose bagiye bagwa mu misozi ntazi.

L’Interprète : Les autres sont morts dans les collines, je ne connais pas, je ne les ai plus jamais revus.

le témoin 57 : Nta kuntu twashoboye no kubabona ngo tubahambe, keretse babiri basa.

L’Interprète : Nous n’avons pu voir que deux que nous avons fait la sépulture, que nous avons fait enterrer.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître RAMBOER ?

Me. RAMBOER : Si vous me permettez, Monsieur le président. Donc, le témoin, dans sa déclaration qu’elle a faite devant l’auditorat militaire au Rwanda, à Butare, dans le procès à charge de Monsieur REKERAHO, elle parle de réunions qui se sont faites à Sovu, dans le secteur Sovu, je suppose de la cellule, et elle dit ceci : « Vers le 14 avril, une autre réunion a été tenue ici, au marché, parce que KABANDANA Denis prévoyait toutes les mauvaises choses qui se préparaient, et il a appelé le bourgmestre au secours et ce dernier a convoqué cette réunion. KABANDANA a accusé REKERAHO en disant qu’il l’avait vu conduire un véhicule qui amenait des bombes et de l’essence. Le bourgmestre lui a répondu que cela ne le regardait pas ». Alors, ma question est la suivante : est-ce que le témoin confirme cette déclaration et, d’autre part, est-ce qu’elle a vu Monsieur REKERAHO conduire un véhicule et quel genre de véhicule c’était ? Donc, réunion du 14 avril, avant le 22 avril. Ça, c’est ma première question.

Le Président : Eh bien, je vais poser les questions qui n’ont trait qu’aux faits qui sont reprochés aux accusés. Madame, avez-vous vu REKERAHO circuler, avez-vous vu personnellement REKERAHO circuler dans un véhicule avant, vers le 14 avril 1994, à une réunion d’une cellule de Sovu ?

L’Interprète : Waba warabonye REKERAHO atwaye imodoka mbere y’itariki 14, igihe habaga inama muri selire ya Sovu ?

le témoin 57 : Ntiyayikoreye mu isoko aho twari dutuye.

L’Interprète : La réunion a eu lieu au marché, là où nous habitions.

Le Président : Avez-vous vu REKERAHO circulant dans une voiture, ou une camionnette, ou un véhicule ?

L’Interprète : Waba warabonye REKERAHO atwaye imodoka ? Icyo gihe ?

le témoin 57 : Y’ababikira ?

L’Interprète : Le véhicule des sœurs ?

Le Président : S’il avait un véhicule ce jour-là, à la réunion, quel était le véhicule qu’il avait ? Avait-il un véhicule le jour de la réunion au marché ?

L’Interprète : Ngo niba uwo munsi w’inama iba mu isoko, REKERAHO yari afite imodoka ? Kandi yari imeze ite ?

le témoin 57 : Uwo munsi yari afite imodoka kandi ari kumwe na bourgmestre wa komine Huye,

L’Interprète : Ce jour-là, il avait un véhicule, il était en compagnie du bourgmestre de la commune de Huye.

Le Président : Quel était le véhicule qu’il avait ? Etait-ce le véhicule du bourgmestre, le véhicule de la commune de Huye ou un autre véhicule ?

L’Interprète : Iyo modoka yari arimo yari imeze ite ? Yari imodoka ya komine ya Huye ? Yari imodoka ya komine ya Huye cyangwa yari indi modoka?

le témoin 57 : Yari imodoka ya komine Huye,

L’Interprète : C’était un véhicule de la commune de Huye.

Le Président : Bien. Une autre question ?

Me. RAMBOER : Alors, la question plus précise : est-ce qu’elle a vu circuler Monsieur REKERAHO avant le 22 avril, avec le véhicule des sœurs, puisqu’elle parle du véhicule des sœurs ?

Le Président : Je pense que jusqu’à présent, nous n’en avons pas entendu parler, du véhicule des sœurs, hein Maître RAMBOER, dans la bouche du témoin.

Me. RAMBOER : Elle a dit : « Le véhicule des sœurs ? ».

Le Président : Monsieur REKERAHO a-t-il circulé avec un véhicule du couvent de Sovu ?

L’Interprète : REKERAHO yatwaye imodoka y’ababikira ba Sovu ?

le témoin 57 : Yarayitwaye kugeza mu kwa karindwi.

L’Interprète : Il a circulé avec, jusqu’au mois de juillet,

le témoin 57 : Niyo yahunganye.

L’Interprète : Et c’est à bord de ce véhicule qu’il a pris la fuite.

Le Président : A partir de quand a-t-il circulé avec ce véhicule, si le témoin sait situer avec une date plus ou moins précise ?

L’Interprète : Niba ushobora kubabwira igihe yaba yaratangiriye gutwara iyo modoka ?

le témoin 57 : Njyewe, kubera ko nari nihishe, ariko kugera igihe batubeshya ngo batanze ihumure ku kibazo cy’abatutsi kazi bashatswe n’abahutu, niyo nabonaga agendamo, ariko igihe yatangiriye kuyitwara sinkizi.

L’Interprète : Je ne peux pas vous dire à partir de quelle date exactement il a commencé à circuler à bord de ce véhicule parce que moi, j’étais cachée, là où j’étais cachée jusqu’au moment où on nous a dit que la paix revenait…

Le Président : A-t-elle vu REKERAHO circuler avec un véhicule du couvent, avant l’attaque du 22 avril ?

L’Interprète : Wabonye REKERAHO atwaye iyo modoka y’ababikira mbere y’igitero cyo ku itariki ya 22 ?

le témoin 57 : Ntabwo nigeze mubona.

L’Interprète : Je ne l’ai pas vu circuler.

Le Président : Du danger, Maître RAMBOER, de faire poser une question dont on n’est pas sûr de la réponse.

Me. RAMBOER : Mais je demande une précision, Monsieur le président, bien sûr. Alors, autre chose, sur laquelle je suis pour ainsi dire sûr de la réponse, si vous voulez le savoir. Est-ce que le conseiller, Monsieur le témoin 151, n’a pas été remplacé lors d’une réunion du 16 avril parce qu’il ne travaillait pas bien et parce qu’il protégeait les habitants ?

Le Président : Le conseiller le témoin 151 a-t-il été remplacé le 16 avril par un autre conseiller, et pourquoi a-t-il été remplacé ?

L’Interprète : Umujyanama le témoin 151 yaba yarasimbuwe n’undi mujyanama ku itariki ya 16 ? Kandi kubera iki baba baramusimbuye ?

le témoin 57 : Uwo munsi, inama ya mbere yabaye kuri 14, baratubwiye ngo twegerane, twikuremo abashinzwe umutekano ko twabonaga ahantu batwikamo i Maraba,

L’Interprète : Lors de la première réunion, qui a eu lieu le 14, on nous a dit de nous rassembler et de choisir parmi nous, les gens qui pourraient assurer la sécurité, parce que nous voyions les maisons brûler dans la commune de Maraba,

le témoin 57 : Noneho abo bamaze gutoramo,

L’Interprète : Ceux qui ont été élus.

le témoin 57 : Badukoresheje inama kuri 16,

L’Interprète : On nous a réunis le 16,

le témoin 57 : Bavuga ko tugomba kwicungira umutekano,

L’Interprète : Et lors de cette réunion, on nous a dit que nous devions veiller sur notre sécurité.

le témoin 57 : Umuhungu witwa Lewopoldi SIKUBWABO,

L’Interprète : Un certain Léopold SIKUBWABO,

le témoin 57 : Yakomezaga ashotorana,

L’Interprète : Il provoquait tout le monde,

le témoin 57 : Abwira uwitwa Yohani MUHAMYANKAKA,

L’Interprète : Et il a dit à un certain Antoine MUHAMYANKAKA,

le témoin 57 : Ko igihe cyose le témoin 151 atashoboye gukora ibyo bamuha azajya aba ariwe ubikora,

L’Interprète : Que chaque fois que le témoin 151 était incapable de faire ce qu’on lui demandait, c’est ce dernier qui devait le faire.

le témoin 57 : Ibyo bamusabaga ariko ntabwo twabimenye kuko twe barabiduhishe,

L’Interprète : Nous n’avons jamais su ce qu’on lui demandait de faire, parce qu’on nous l’a caché.

le témoin 57 : Dukomeza kubona iyo nama ntacyo batubwira twebwe kubera ko ntacyo badusobanuriraga,

L’Interprète : Et on voyait que cette réunion n’aboutissait à rien parce qu’on ne nous expliquait rien,

le témoin 57 : Tuza kwitahira, dusanga abantu bamwe bo muri Maraba batangiye guhungira iwacu,

L’Interprète : Et nous sommes rentrés. Arrivés, nous avons trouvé que les gens de Maraba commençaient déjà à se réfugier vers chez nous.

le témoin 57 : Nibwo rero muri iryo joro bateraga uwitwaga KABANDANA Denis.

L’Interprète : Et c’est au cours de cette nuit-là qu’un certain KABANDANA Denis a été attaqué.

le témoin 57 : Batabaje REKERAHO, ntiyagira icyo abamarira.

L’Interprète : Et lorsqu’on a demandé du secours auprès de REKERAHO, celui-ci n’a rien voulu faire.

le témoin 57 : Bucyeye mu gitondo ku cyumweru,

L’Interprète : Le lendemain, dimanche matin,

le témoin 57 : Avuga ko tujya muri iyo nama kureba neza, kureba ibibazo byahabaye,

L’Interprète : On nous a dit de nous rendre à la réunion et aller chez KABANDANA pour voir ce qui s’y était passé,

le témoin 57 : Haza bakeya abandi tutazi aho bari,

L’Interprète : Mais très peu ont répondu, parce que nous ne savions pas où se trouvaient les autres.

le témoin 57 : Bigatinda bakatubwira ngo REKERAHO ntaraza ngo asobanure.

L’Interprète : Et on nous disait que REKERAHO n’était pas encore là pour nous expliquer de quoi il s’agissait.

le témoin 57: Tubonye rero imiriro itangiye kwaka hafi yacu n’uko batangiye kudusenyera, duhita twiruka duhungira i Sovu.

L’Interprète: Et lorsque nous avons vu que l’incendie se rapprochait de nous et qu’on commençait à démolir nos demeures, nous nous sommes réfugiés vers Sovu.

le témoin 57: Ubwo twahageze kuri 17 rero.

L’Interprète: C’est comme cela que nous y sommes arrivés le 17.

Le Président : Voilà la réponse, Maître RAMBOER.

Me. RAMBOER : Elle est plus longue que prévue.

Le Président : Une autre question ? Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Trois questions dont les réponses ne devraient pas être longues. C’est la deuxième fois qu’on entend parler des réfugiés de Nyakonga. Est-ce que le témoin pourrait nous éclairer quant au sens de cette expression, s’il vous plaît ?

Le Président : Le témoin peut-il expliquer ce que c’est les « réfugiés de Nyakonga » ?

L’Interprète : Ushobora gusobanura icyo « Impunzi za Nyakonga » zivuze

le témoin 57 : Ngo impunzi za Nyakonga twebwe twari tuziri, ariko ngo n’impunzi z’abahutu zahungaga FPR.

L’Interprète : Il s’agissait des réfugiés de Nyakonga, nous ne les connaissions pas. Mais il paraît qu’il s’agissait de réfugiés Hutu et qui fuyaient le FPR.

Le Président : Est-ce qu’il ne s’agit pas justement d’un camp de réfugiés. Nyakonga, est-ce que ce n’était pas un camp de réfugiés ?

L’Interprète : Ntabwo ari inkampi y’impunzi nyine y’aho ngaho ?

le témoin 57 : Inkampi y’impunzi yaho ariko ntabwo twari tuhazi, twumvaga ari gutyo batubwira gusa.

L’Interprète : Il s’agit bien du camp des réfugiés de cet endroit, mais nous ne le savions pas. On parlait de ça, comme ça.

Le Président : Vous ne savez pas exactement ce que c’est, ce camp ?

L’Interprète : Ntabwo uzi iyo nkampi y’impunzi icyo aricyo ? Iyo ariyo ?

le témoin 57 : Sinababwiye se ko hari impunzi z’abahutu zari zarahahungiye aho ngaho Nyacyonga simpazi.

L’Interprète : Moi, je ne connais pas Nyakonga, mais je vous ai dit qu’il s’agissait d’un camp de réfugiés, des Hutu qui avaient trouvé refuge…

Le Président : Est-ce que ce n’étaient pas, de manière plus précise, des réfugiés Hutu de la région de Byumba qui ont été déplacés en 1990, au moment de la guerre entre le FPR et le FAR ?

L’Interprète : Ntabwo ari impunzi z’abahutu zari zivuye i Byumba muri 90 zihunga FPR ?

le témoin 57 : Sinabibabwiye se ko ari impunzi z’abahutu ngo zahungaga FPR ? Uretse ko ntarinzi igice ziherereyemo, Nyacyonga iherereyemo ?

L’Interprète : Je vous ai dit qu’il s’agissait bien de ces réfugiés Hutu qui fuyaient le FPR, mais moi, je ne savais pas situer Nyakonga.

Le Président : Ce n’est pas près de Kigali ?

L’Interprète : Ngo ntabwo ari iruhande rw’i Kigali ?

le témoin 57 : Njye nababwiye ko ntahazi, Nyakonga, ntabwo mpazi, sinarinzi n’ikirere cyaho.

L’Interprète : Je vous ai dit que je ne connaissais pas Nyakonga et je ne connais pas Nyakonga.

Le Président : Une autre question ?

Me. JASPIS : Oui, Monsieur le président. Est-ce que le témoin connaît les frères de sœur Kizito, est-ce qu’elle les a vus durant les événements et éventuellement, avec sœur Kizito ou pas, s’il vous plaît ?

Le Président : Madame, connaissez-vous les frères de sœur Kizito ?

L’Interprète : Ngo uzi basaza ba sœur Kizito ?

le témoin 57 : Ndabazi.

L’Interprète : Je les connais.

Le Président : Au cours événements, et en particulier de l’attaque du 22 avril 1994 au centre de santé de Sovu, avez-vous vu les frères de sœur Kizito ?

L’Interprète : Mu giterero cyo ku itariki ya 22 z’ukwezi kwa kane, igihe batera centre de santé, waba warabonye basaza ba sœur Kizito ?

le témoin 57 : Narababonye. Harimo uwitwa MAKAPANYA ?

L’Interprète : Je les ai vus. Parmi eux, il y a un certain MAKAPANYA

le témoin 57 : Harimo n’uwitwa Silas,

L’Interprète : Et il y a un autre qui s’appelle Silas,.

le témoin 57 : N’uwitwa NGOBOKA Tharcisse.

L’Interprète : Et un autre qui s’appelle NGOBOKA Tharcisse

le témoin 57 : Abo bose twagiye tubatangaho ubuhamya muri Parquet, cyangwa ahandi hose batubajije ubuhamya bw’abatwiciye n’abo twashoboye gufungisha.

L’Interprète : Nous avons témoigné contre ceux-ci et d’autres qui ont tué les nôtres et lorsqu’on nous demandait de témoigner dans des parquets, partout où nous avons été interrogés à ce sujet.

le témoin 57 : Tubona rero abantu bamwe, abagiye basigara bamwe bariho babafunga, ngo kugirango Gacaca izaze baburaniremo.

L’Interprète : Certains ont été mis en prison en attendant qu’un Gacaca ait lieu pour qu’on les juge tous en même temps.

le témoin 57 : Bishoboka ko nabo rero bazafungwa mur’ibi bice cyangwa se bakaburana muri Gacaca.

L’Interprète : Il se pourrait que ceux-ci aussi soient en prison ou bien qu’ils aillent se défendre lors de la Gacaca.

Le Président : Et au moment de l’attaque, le 22 avril, est-ce que sœur Kizito aurait parlé, par exemple, avec ses frères ?

L’Interprète : Igihe batera ku itariki ya 22, centre de santé, sœur Kizito yashobora kuba yaraganiriye na basaza be ?

le témoin 57 : Ibyo ntabwo nabibonye kubera ko twahungaga amasasu yabo n’umupanga, baganira byo sinabibonye.

L’Interprète : Ça, je n’ai pas vu parce que nous fuyions les machettes, nous fuyions aussi les cartouches, les coups de fusil.

Le Président : Une autre question ?

Me. JASPIS : Oui, une dernière question, Monsieur le président. Est-ce que, après le massacre du centre de santé, le 22, est-ce que le témoin aurait encore vu l’une ou l’autre sœur ? Et alors, qui circulait au centre de santé parmi les personnes massacrées ?

Le Président : Après le massacre du 22 avril au centre de santé, avez-vous vu, Madame, l’une ou l’autre religieuse, circuler parmi les cadavres ?

L’Interprète : Nyuma y’itimbatimba y’itariki ya 22, muri centre de santé, hari umubikira muri bariya wabonye agenda mu ntumbi ?

le témoin 57 : Icyo gihe njyewe nari nahavuye.

L’Interprète : Moi, je n’étais plus là, j’avais quitté les lieux.

Le Président : D’autres questions ? Plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous avez faites aujourd’hui ?

L’Interprète : Urahamya ibyo umaze kuvuga uyu munsi ?

le témoin 57 : Ndabihamya.

L’Interprète : Je confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps mais vous devez rester à la disposition de la Cour, administrativement, pour l’organisation de votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye ku buhamya bwawe uyu munsi, ariko rugusabye kuguma mu maboko yaryo kugera igihe uzasubirira mu RWANDA.

le témoin 57 : Nabo barakoze.

L’Interprète : Elle vous remercie également, Monsieur le président.

le témoin 57 : Ese mubaregera indishyi nanjye ko nari ndimo, ibyo babishyizemo ?

L’Interprète : Ntushobora kubibona, ko byarangiye.

Le Président : Oui, qu’est-ce qu’il y a ?

L’Interprète : Je ne sais pas si je dois traduire ce qu’elle vient de dire.

Le Président : Oui.

L’Interprète : Elle disait qu’elle aurait aussi voulu faire partie des parties civiles. Elle aimerait savoir si cela figure dans…

Le Président : Il y a, semble-t-il, un avocat ou des avocats qui sont chargés de la représenter.

L’Interprète : Hari abacamanza bazaguhagarira.

le témoin 57 : Barakoze.

L’Interprète : Elle vous remercie.

Le Président : Maître VERGAUWEN ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président, j’aurais voulu vous demander une petite confirmation. Est-ce que je me trompe en disant que dans le dossier, nous n’avons que l’audition du témoin qui vient d’être entendu du 24 mai 1998, à Kigali ou bien est-ce qu’il y a eu une autre audition ? Parce que j’ai un petit problème c’est que…

Le Président : En ce qui me concerne, mais je puis ne pas être mieux éclairé que vous, hein, Maître VERGAUWEN, j’ai dans le dossier, un procès-verbal du 24e jour du mois de mai de l’an 1998, auditorat militaire général, c’est bien cela ? Et alors, quand on cherche bien dans le dossier, mais vraiment très bien, il y a un livre qui s’appelle « Entraves à la justice ».

Me. VERGAUWEN : C’est cela, d’accord. Merci.

Le Président : Je ne sais pas, peut-être que d’autres parties ont trouvé d’autres choses ? Bon, il y a encore évidemment des tas de témoins de ce matin qui sont là. Je pense qu’il est, malgré tout, temps de suspendre l’audience, puisqu’il est 13h, et que les jurés souhaiteraient prendre un repas chaud dans les locaux du Palais de Justice. Nous allons donc suspendre l’audience et la reprendre à 14h. Il serait peut-être utile que quelques avocats viennent maintenant dans mon bureau pour que nous envisagions certaines possibilités avec, peut-être, Monsieur l’avocat général, si nous avons des nouvelles ?