8.6.10. Audition des témoins: le témoin 57
Le Président : le témoin 57
est là ? Eh bien, nous allons entendre le témoin 57. Le témoin le témoin 57. Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin quels sont
ses nom et prénom ?
L’Interprète : Amazina yawe ?
le témoin 57 : le témoin 57.
L’Interprète : le témoin 57.
Le Président : Oui. Quel
âge avez-vous, Madame ?
L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?
le témoin 57 : 44.
L’Interprète : 44 ans.
Le Président : Quelle est
votre profession ?
L’Interprète : Ukora iki ?
le témoin 57 : Ndadandaza.
L’Interprète : Commerçante.
Le Président : Quelle est
votre commune de résidence ?
L’Interprète : Utuye
mu yihe komine ?
le témoin 57 : Huye.
L’Interprète : La commune de Huye.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés, avant le mois d’avril 1994 ?
L’Interprète : Wari uzi abaregwa
cyangwa umwe muri bo mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?
le témoin 57 : Nari mbazi.
L’Interprète : Je les connaissais.
Le Président : Qui connaissiez-vous ?
L’Interprète : Wari
uzi nde na nde ?
le témoin 57 : Narinzi
Kizito,
L’Interprète : Je connaissais
Kizito,
le témoin 57 : Na Gertrude
kubera ko yari Mameya.
L’Interprète : Et sœur Gertrude,
parce qu’elle était la sœur supérieure.
Le Président : Vous
n’êtes pas de la famille des accusés, ni de la famille des gens qui demandent
des dommages et intérêts ?
L’Interprète : Ntacyo upfana n’abaregwa
cyangwa abaregera indishyi ?
le témoin 57 : Mu baregera
indishyi turavukana.
L’Interprète : Parmi les parties
civiles, il y a les membres de ma famille.
Le Président : Oui, donc
il y a des membres de la famille pendant… il faudra l’indiquer… mais ce n’est
pas une clause qui empêche d’entendre le témoin sous serment.
Le Président : Vous ne travaillez
pas sous un lien de contrat de travail avec les accusés ou les parties civiles ?
L’Interprète : Nta mubaregwa cyangwa
abaregera indishyi, ntabo ukorera ?
le témoin 57 : Ntabo.
L’Interprète : Non.
Le Président : Voulez-vous
bien inviter le témoin à lever la main droite et à prononcer le serment ?
L’Interprète : Uzi gusoma ?
Zamura akaboko k’iburyo,
le témoin 57 : Yego.
L’Interprète : Zamura akaboko
k’iburyo usome ibyanditse.
le témoin 57 : Ndahiriye
kuvuga ukuri gusa, nta rwango nta mususu.
L’Interprète : Je jure de parler
sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Vous pouvez
vous asseoir tous les deux. Au mois d’avril 1994, étiez-vous au couvent de Sovu ?
L’Interprète : Mu kwezi kwa kane
kwa 94, wari mu kigo cy’i Sovu ?
le témoin 57 : Nari mpari.
L’Interprète : Je m’y trouvais.
Le Président : Comme religieuse ou
comme réfugiée ?
L’Interprète : Nk’umubikira cyangwa
nk’impunzi ?
le témoin 57 : Nk’impunzi.
L’Interprète : Comme réfugiée.
Le Président : Vous étiez
arrivée au monastère à quelle date ?
L’Interprète : Wageze
mu kigo ku itariki ya kangahe ?
le témoin 57 : Ya 17.
L’Interprète : Le 17.
Le Président : Vous y étiez
arrivée seule, ou avec des membres de votre famille ?
L’Interprète : Wari waje wenyine
cyangwa n’abandi bo mu muryango ?
le témoin 57 : N’abandi
bose bo mu muryango.
L’Interprète : Avec tous les autres
membres de la famille.
Le Président : Pouvez-vous
expliquer pourquoi vous vous étiez réfugiée au couvent ?
L’Interprète : Ushobora gusobanura
impamvu wari wahungiye mu kigo cy’ababikira ?
le témoin 57 : Ni uko
nakekaga ko ahantu bihaye Imana bari, abantu bari badukurikiye batahadusanga.
L’Interprète : Parce que j’espérais
qu’en me réfugiant au couvent, chez les sœurs qui avaient voué leur vie à Dieu,
ceux qui nous pourchassaient n’étaient pas capables de nous y trouver.
Le Président : Donc, vous
étiez déjà pourchassée avant le 17 avril ou à partir du 17 avril ?
L’Interprète : Mbere y’itariki
ya 17 bari babakurikiranye cyangwa nyuma y’itariki 17 niho babahigaga ?
le témoin 57 : Twavuye
iwacu batangiye kudutwikira no kudusenyera.
L’Interprète : Nous sommes partis
de nos demeures lorsqu’on a commencé à les détruire et puis à les incendier.
Le Président : Que s’est-il
passé, à partir du 17 avril, au couvent de Sovu ?
L’Interprète : Kuva ku itariki
ya 17 n’ibiki byabaye mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?
le témoin 57 : Twagezeyo,
dutangiye kwicara hasi mu kanyatsi kabo,
L’Interprète : Lorsque nous sommes
arrivés au couvent, cherchant où nous asseoir,
le témoin 57 : Sœur Gertruda
arahatuvana,
L’Interprète : Sœur Gertrude nous
a chassés de là, nous avions trouvé un endroit pour nous asseoir.
le témoin 57 : Atujyana
muri centre de santé.
L’Interprète : Elle nous a conduits
au centre de santé.
Le Président : Est-ce qu’elle
a dit pourquoi elle vous chassait ?
L’Interprète : Ushobora kuvuga
impamvu sœur Gertruda yabirukanye ?
le témoin 57 : Icyo gihe
twari tuzi ko ariho aduhaye icumbi,
L’Interprète : En ce moment, nous
espérions, c’est là qu’on nous donnait euh…
le témoin 57 : Kuri 17.
L’Interprète : Donc, le 17, elles
espéraient que sœur Gertrude leur donnait un lieu de repos à cet endroit même.
le témoin 57
: Nkomeze ?
Le Président : Oui. Vous
pouvez continuer.
le témoin 57 : Twarahageze,
abafite ibintu, afungura icyumba kimwe, abifungiramo.
L’Interprète : Lorsque nous sommes
arrivés, ceux qui avaient certaines affaires, sœur Gertrude les a prises,
et puis elle les a enfermées dans un petit réduit.
le témoin 57
: Niho twaraye,
L’Interprète : C’est là où nous
avons passé la nuit.
le témoin 57
: Bukeye bwaho,
L’Interprète : Et le lendemain,
le témoin 57 : Haza bourgmestre
wa komine Huye,
L’Interprète : Le bourgmestre
de la commune de Huye est arrivé,
le témoin 57 : Ni abasirikare,
L’Interprète : En compagnie des
militaires,
le témoin 57 : Bafite
imbunda.
L’Interprète : Armés de fusils.
le témoin 57 : Atubaza
aho abatera umutekano muke bari,
L’Interprète : Ils nous ont demandé
où se trouvaient ceux qui causaient l’insécurité,
le témoin 57 : Tuvuga
ko ari ruguru i Sovu, kuri « douane ».
L’Interprète : Et nous leur avons
répondu qu’ils se trouvaient un peu plus haut à Sovu, à un lieu-dit « douane ».
le témoin 57
: Bageze yo,
L’Interprète : Lorsqu’ils sont
arrivés,
le témoin 57
: Hashize umwanya,
L’Interprète : Après un court
moment,
le témoin 57 : Twumva
grenade iraturitse.
L’Interprète : On a entendu le
crépitement des grenades.
le témoin 57 : Twumva
urusaku rw’abantu benshi,
L’Interprète : On a entendu les
gens crier,
le témoin 57 : Baza birukanka
basa nabadusanga kuri centre de santé.
L’Interprète : Et qui venaient
en courant vers là où nous nous trouvions, au centre de santé.
le témoin 57 : Twarirutse
tujya mu rugo rw’ababikira ruguru,
L’Interprète : Nous nous sommes
encourus également en allant nous réfugier au couvent des sœurs qui se trouvait
un peu plus haut.
le témoin 57 : Mameya
na soeur Kizito baradukingirana, portail.
L’Interprète : La sœur supérieure
et sœur Kizito ont fermé le portail.
le témoin 57 : Twashoboye
gucengera muri senyengi, yo muri cyprès,
L’Interprète : Nous nous sommes
arrangés pour nous faufiler à travers la clôture, donc la haie de cyprès.
le témoin 57 : Abafite
imbaraga tukajya twuriza abandi kuri portail tubashyira imbere.
L’Interprète : Nous qui avions
plus de forces, nous aidions ceux qui n’en avaient pas, à grimper au-dessus
du portail, et les faire tomber à l’intérieur de la clôture.
le témoin 57 : Dukomeza
kugumamo imbere,
L’Interprète : Nous sommes restés
à l’intérieur,
le témoin 57 : N’abandi
baje bahunga bacengera barahadusanga,
L’Interprète : En compagnie des
autres qui sont venus aussi chercher refuge,
le témoin 57 : Batubwira
ko umwe mu le témoin 2 witwa RANGIRA amaze gupfa.
L’Interprète : Et quand ils sont
arrivés, ils nous ont trouvés, ils ont dit qu’un des leurs nommé RANGIRA, venait
de mourir.
le témoin 57 : Twagumye
ahongaho kugeza aho imvura ihatunyagirira,
L’Interprète : Nous y sommes restés
jusqu’à ce qu’on soit mouillés par la pluie.
le témoin 57 : Umubikira
umwe ahamagara umukozi ngo akingurire abana, ababyeyi n’abana bashobore kwugama,
L’Interprète : Une des religieuses
a demandé à un ouvrier, un travailleur du couvent, de venir ouvrir une chambre
pour que les enfants et les mamans puissent s’y abriter.
le témoin 57 : Kari gatoya
ku buryo abantu batakwirwagamo bafite abana,
L’Interprète : C’était un petit
réduit de sorte que toutes les mamans qui portaient des enfants ne pouvaient
pas toutes y trouver place.
le témoin 57 : Dukomeza
kunyagirwa
Le Président : Quelle est
le nom de la sœur qui a demandé à ouvrir, à permettre à certaines personnes
de rentrer à l’abri ?
L’Interprète : Izina ry’umubikira
wasabye uwo mukozi kugirango afungurire ababyeyi ninde ?
le témoin 57 : Soeur
Scholastique.
L’Interprète : Il s’agit de sœur
Scholastique.
Le Président : Oui.
le témoin 57 : Twakomeje
kunyagirwa buracya, ariko twari turinzwe n’abapolisi.
L’Interprète : Nous avons été
trempés par la pluie toute la nuit, et nous étions gardés par les policiers.
le témoin 57 : Hejuru
mu ma étages y’ababikira harimo abantu ngo baje mu mahugurwa,
L’Interprète : Dans les étages
supérieurs, chez les sœurs, il paraît qu’il y avait des gens qui étaient venus
en séminaire,
le témoin 57 : Mu gitondo,
L’Interprète : Le matin.
le témoin 57 : Bakomeza
kutubwira ngo tuve aho, bari kumwe na soeur Gertruda.
L’Interprète : Le lendemain matin,
sœur Gertrude, en compagnie de ces gens qui étaient venus en séminaire, nous
ont harcelés en nous disant de partir de là,
le témoin 57 : Ngo turabateza
umutekano muke ngo kandi twabatera n’umwanda.
L’Interprète : Parce que nous
leur causions l’insécurité, et puis, nous risquions de salir les lieux.
le témoin 57 : Tukababwira
ko abantu badukurikiranye bagisakuriza hepfo aho, tutashobora gusubirayo.
L’Interprète : Nous leur disions
que les gens qui nous pourchassaient se trouvaient toujours aux alentours, et
que nous n’étions pas capables d’y retourner.
le témoin 57 : Soeur
Gertruda aratubwira ngo nitutahava neza, ngo arazana abasirikare.
L’Interprète : Sœur Gertrude nous
a dit que si nous ne partions pas de notre gré, elle irait chercher les militaires.
le témoin 57 : Ajyanye
n’umwe muri abo baje muri séminaire,
L’Interprète : Elle est partie
en compagnie d’un des gens qui étaient venus en séminaire,
le témoin 57 : Mu modoka
yabo y’ivatiri y’umukara.
L’Interprète : Dans une de leurs
voitures, de couleur noire.
le témoin 57 : Bajya
kuzana abasirikare,
L’Interprète : Ils sont allés
chercher des militaires.
le témoin 57 : Bamaze
kubazana batatu baratwegera, abandi bakomeza batugose bari hirya,
L’Interprète : A leur arrivée,
il y en a trois qui se sont approchés de nous, et d’autres nous ont encerclés,
le témoin 57 : Baratubwira
ngo nituvane ibintu byacu aho, dusubire hepfo,
L’Interprète : Et ils nous ont
ordonné de reprendre nos affaires et de retourner dans le contrebas,
le témoin 57 : Ngo tugaruke
ngo badukoreshe inama.
L’Interprète : Et qu’après nous
devions revenir auprès d’eux parce qu’ils avaient prévu une réunion.
le témoin 57 : Abari
babifite barabijyanye,
L’Interprète : Ceux qui avaient
leurs affaires, les ont emportées,
le témoin 57 : Twebwe
tutari tubifite twicara imbere ya kiriziya, turenze urugi rwa portail.
L’Interprète : Et nous, qui n’en
avions pas, nous sommes restés assis en face de l’église, juste après le portail.
le témoin 57 : Baraza
n’abagiye hepfo baricara,
L’Interprète : Ils sont venus
en compagnie de ceux qui s’étaient rendus un peu plus bas, ils se sont assis.
le témoin 57 : Abasirikare
baratubwira ngo nta yindi nama, ngo soeur Gertruda aravuze ngo nidusubire kuri
centre de santé.
L’Interprète : Les militaires
nous ont dit qu’il n’y avait pas d’autre réunion et que sœur Gertrude demandait
à ce que nous rejoignions le centre de santé.
le témoin 57 : Ubwo nibwo
twasubiyeyo,
L’Interprète : Nous sommes retournés.
le témoin 57 : Mu cyigoroba
soeur Kizito azana impapuro,
L’Interprète : Le soir, sœur Kizito
est venue avec des papiers,
le témoin 57 : Avuga
ko Mameya avuze ngo twiyandike amaselire,
L’Interprète : Et elle a dit que
la sœur supérieure demandait à ce qu’on s’inscrive et qu’on nomme les cellules,
le témoin 57 : Ngo babone
uko baduha imfashanyo.
L’Interprète : Pour qu’elle puisse
nous venir en aide,
le témoin 57 : Ngo nibarangiza
impapuro bazihe SEBUHINYORI,
L’Interprète : Et qu’après l’inscription,
on remette les papiers à un de leurs travailleurs, dénommé SEBUHINYORI.
le témoin 57 : Yarazijyanye
twebwe turara aho ngaho,
L’Interprète : Il les a pris et
nous, nous sommes restés là, nous avons passé la nuit là.
le témoin 57 : Ubwo nibwo
hazaga abantu baturutse hirya ku mugoroba w’ijoro tutazi abo aribo ku kigo,
L’Interprète : C’est à ce moment
que des gens que nous ne connaissions pas, sont venus par derrière la haie,
la clôture.
le témoin 57 : Turara
aho ngaho. Nta kindi twabonye uwo munsi.
L’Interprète : Nous avons passé
la nuit là et nous n’avons rien vu d’autre ce jour-là.
le témoin 57 : Umva tugeze
kuwa gatatu,
L’Interprète : Nous étions le
lendemain, mercredi.
le témoin 57 : Turahirirwa,
L’Interprète : Nous y avons passé
la journée,
le témoin 57 : Nta kintu
tubonye, nta kintu baduhaye.
L’Interprète : Sans rien recevoir
des sœurs,
le témoin 57 : Mu ma
saa sita nibwo twabonye imodoka ya préfet na bisi,
L’Interprète : Et l’après-midi,
nous avons vu venir le véhicule du préfet, et un bus.
le témoin 57 : Barazamuka
bajya mu kigo cy’ababikira,
L’Interprète : Ils se sont rendus
au couvent des sœurs,
le témoin 57 : Bamanutse
baratubwira ngo ntabwo turi impunzi, ngo impunzi n’iziri i Nyacyonga.
L’Interprète : Et à leur retour,
ils sont venus, et ils ont dit que nous n’étions pas des réfugiés, que les vrais
réfugiés étaient ceux qui se trouvaient à Nyacyonga.
le témoin 57 : Barigendera.
L’Interprète : Ils sont partis.
le témoin 57 : Ku mugoroba,
abandi bantu bari inyuma y’ikigo baduteramo grenade,
L’Interprète : Le soir, les autres
personnes qui se trouvaient derrière la clôture nous ont lancé des grenades,
le témoin 57 : Ifata
umukecuru witwa NYIRAMIRIMO Pasikaziya,
L’Interprète : Et la grenade a
blessé une vieille dame, du nom de NYIRAMIRIMO Pascasie,
le témoin 57 : Yaraye
adapfuye ariko atameze neza.
L’Interprète : Mais elle n’est
pas morte cette nuit-là, mais elle avait perdu connaissance.
le témoin 57 : Kuwa kane
twirirwa aho,
L’Interprète : Nous avons passé
la journée de jeudi,
le témoin 57
: Nta kintu twabonye.
L’Interprète : On n’a rien reçu.
le témoin 57 : Kuwa gatanu
kuri 22,
L’Interprète : Vendredi, le 22,
le témoin 57 : Saa mbiri
niho twagoswe n’amakomine atatu.
L’Interprète : A 8h, nous avons
été encerclés par les gens venant de trois communes,
le témoin 57 : Huye na
Maraba na Mbazi.
L’Interprète : Huye, Maraba et
Mbazi.
le témoin 57 : Batangira
kudutera amabuye,
L’Interprète : Ils ont commencé
à nous jeter des pierres,
le témoin 57 : No kudutera
amagrenade,
L’Interprète : Lancer des grenades.
le témoin 57 : Tubwira
abapolisi bari baturi hafi ngo barase hejuru wenda babakange, baranga,
L’Interprète : Nous avons demandé
aux policiers qui étaient tout près de nous de tirer, au moins en l’air, pour
que ces gens-là prennent peur, mais les policiers ont refusé.
le témoin 57 : Bakomeza
rero… batangira kutwica.
L’Interprète : Ils ont alors commencé
à nous massacrer.
Le Président : Le témoin,
Madame, savez-vous, connaissez-vous…
le témoin 57 : Abantu
bari mu igaraji,
L’Interprète : Et les gens qui
se trouvaient dans le garage,
le témoin 57 : Batangira…
bifungiramo.
L’Interprète : Ils s’y sont enfermés.
le témoin 57 : REKERAHO
wari ufite micro, arahamagara,
L’Interprète : Et REKERAHO, qui
avait un porte-voix, a appelé.
le témoin 57 : Ngo nibatangire
babe bacukura, ngo bagiye gusaba mu babikira essence. Ngo bashake n’ibishandari,
L’Interprète : Abagombaga gutangira
gucukura ni abahe ? Nabifungiye mu igaraji ?
le témoin 57 :
Oya, n’Interahamwe zatwicaga.
L’Interprète : A travers son porte-voix,
REKERAHO a dit aux Interahamwe de commencer à creuser des tombes, que parce
qu’il allait demander aux sœurs de l’essence et a demandé également à ces Interahamwe
de chercher de l’herbe sèche.
le témoin 57 : Nyuma
twumva arahamagaye ngo essence arayizanye, bashiki le témoin 2 barabagobotse.
L’Interprète : Après, nous l’avons
entendu dire qu’il apportait de l’essence. Il disait que grâce à leurs sœurs
qui leur venaient en aide en leur remettant l’essence.
le témoin 57 : Batwitse
urugi rwa garage, batwika n’ahandi bari bacukuye umwobo,
L’Interprète : Ils ont mis le
feu à la porte du garage, et à l’endroit où il y avait déjà un trou.
le témoin 57 : Abari
barimo batema urugi ko umuriro wari wabasatiriye, batangira kuvamo,
L’Interprète : Ceux qui étaient
enfermés dans le garage, ont défoncé la porte parce que le feu les assaillait.
le témoin 57 : Ariko
abasohokagamo bahuraga n’imipanga n’amabuye, bose bahita bapfira aho.
L’Interprète : Et ceux qui en
sortaient, rencontraient des coups de machette et des coups de pierre, et ils
mouraient sur place.
le témoin 57 : Uwari
musaza wanjye wari ugiye kureba umudamu we bahise bamuca ijosi,
L’Interprète : Un de mes frères
qui allait chercher sa femme, on lui a coupé le cou sur place,
le témoin 57 : Umudamu
we bamwicishije amabuye,
L’Interprète : Et sa femme a été
lapidée jusqu’à ce que mort s’ensuive.
le témoin 57 : Uwari
murumuna wanjye w’umwarimu kazi, yasohotse ashya,
L’Interprète : Et ma petite sœur,
qui était enseignante est sortie du garage en courant, mais elle flambait,
le témoin 57 : Ariko
ntabwo namenya aho yaguye.
L’Interprète : Elle est passée
tout près de moi, mais je ne sais pas où elle est morte.
le témoin 57 : Nabonaga
rero abantu bose bariho bapfa,
L’Interprète : Je voyais tout
le monde mourir.
le témoin 57 : Njyewe
kubera ko nari narashatwe n’umugabo w’umuhutu,
L’Interprète : Puisque moi, mon
mari était Hutu,
le témoin 57 : Abantu
ngo bari basabye REKERAHO ko abagore bashatswe n’abahutu bavamo.
L’Interprète : Les gens avaient
demandé à REKERAHO pour qu’il permette que les femmes mariées aux Hutu, puissent
sortir.
le témoin 57 : Bamaze
kunkuramo mbona soeur Kizito na soeur Gertruda,
L’Interprète : A ma sortie, j’ai
vu sœur Kizito et sœur Gertrude,
le témoin 57 : Na Yonasi
na RUSANGANWA,
L’Interprète : Accompagnées de
Jonas et de RUSANGANWA.
le témoin 57 : Ni umusore
witwa KABILIGI wari umukozi wabo ariho ashya.
L’Interprète : Et j’ai vu un travailleur
des sœurs, du nom de KABILIGI, en train de flamber, de brûler.
le témoin 57 : Yiruka
amanuka, mbona undi mugabo witwaga… wari se wa NYANDERA, witwaga SEBARASHI,
L’Interprète : Il fuyait, il courait
en flambant.
le témoin 57 : N’undi
musaza witwaga SEBARASHI,
L’Interprète : Et j’ai vu également
un autre vieux qui s’appelait SEBARASHI,
le témoin 57
: Mbona we baramurashe.
L’Interprète : Mais celui-ci a
été fusillé.
le témoin 57 : Banyicaza
mu kanyatsi,
L’Interprète : Ils m’ont fait
asseoir dans l’herbe,
le témoin 57 : N’abandi
bantu bo mu muryango witwaga RUBAYIZA,
L’Interprète : En compagnie d’autres
personnes de la famille de RUBAYIZA.
le témoin 57 : Haza abandi
bantu, barabatemagura,
L’Interprète : Et des gens qui
sont venus, les ont tailladés et coupés à la machette,
le témoin 57 : Mbona
barankuruye baranyirukankanye banjyanye mu ishyamba,
L’Interprète : Et moi, ils m’ont
entraînée jusque dans la forêt, dans le petit bois.
le témoin 57 : Ubwo bahita
banjyana, abantu bacu bose basigara aho.
L’Interprète : Moi, ils m’ont
prise et tous les membres de ma famille sont restés là.
Le Président : Madame, avez-vous
vu qui apportait l’essence qui a servi à mettre le feu au garage du centre de
santé ?
L’Interprète : Waba warabonye
uwazanye iyo essence batwikishize igaraji ya centre de santé ?
le témoin 57 : Yazanwe
na mama Kizito na soeur Gertruda, bari kumwe na REKERAHO, yambaye ibintu by’ibendera
rya MDR,
L’Interprète : L’essence a été
amenée par sœur Gertrude et sœur Kizito, sœur Gertrude en compagnie de REKERAHO
qui portait le drapeau du MRND.
Le Président : Parmi ceux
qui dirigeaient l’attaque
L’Interprète : Mu
bategekaga ibitero,
Le Président : Des miliciens,
L’Interprète : Izo nterahamwe,
Le Président : Le témoin
a déjà cité REKERAHO, mais y avait-il d’autres personnes qui dirigeaient les
attaques ?
L’Interprète : Wavuze izina rya
REKERAHO, hari abandi bantu bategekaga ibitero ?
le témoin 57 : Harimo
n’abahoze ari abasirikare nka ba KAMANAYO,
L’Interprète : Il y avait KAMANAYO
par exemple, qui était militaire.
le témoin 57 : Hari n’undi
mugabo w’iwacu witwaga SIKUBWABO Léopold,
L’Interprète : Il y avait un autre
monsieur de mon village, qui s’appelait SIKUBWABO… Paul ?
le témoin 57 : Léopold.
L’Interprète : Léopold.
le témoin 57 : Na
MUTABARUKA Gaspard,
L’Interprète : Et Gaspard MUTABARUKA.
le témoin 57 : MUHAMYANKAKA
Jean,
Le Président : Ce n’est pas
Gaspard RUSANGANWA ?
L’Interprète : Ntabwo ari Gaspard
RUSANGANWA ?
le témoin 57 : RUSANGANWA
namuvuze muba mbere,
L’Interprète : J’ai parlé de RUSANGANWA
parmi les premiers, oui.
le témoin 57
: Na Petero BUSHYANA,
L’Interprète : Et BUSHYANA Pierre,
le témoin 57 : N’abandi
benshi cyane b’iwacu.
L’Interprète : Et tant d’autres
de mon village.
Le Président : Y avait-il
le témoin 151 ?
L’Interprète : Muri bo hari uwitwa
le témoin 151 ?
le témoin 57 : Hari umuhungu
we witwa le témoin 151 Jean-Kirizostome,
L’Interprète : Il y avait son
fils qui s’appelle le témoin 151 Jean-Chrisostome.
Le Président : Comment a-t-elle
pu fuir finalement pour se retrouver en vie ?
L’Interprète : Wagenje ute kugirango
uhunge, kugirango ugire amagara, wowe ntibakwice ?
le témoin 57 : Nabasobanuriye
yuko umuntu washatwe n’umuhutu, bari babahaye uburenganzira bwo kudutahana,
L’Interprète : Je vous ai expliqué
que ceux qui étaient mariés aux Hutu, avaient le droit de rentrer chez eux.
le témoin 57 : Ariko
kuva ngera mu rugo, njye ko nagiraga musaza wanjye wigishaga muri université,
bavugaga ko yaduhaye imbunda, ntabwo nigeze ngira amahoro.
L’Interprète : Depuis que j’ai
réintégré ma demeure du fait que j’avais mon frère qui donnait cours à l’université,
et qu’on disait qu’ils avaient emmené des fusils, je n’ai jamais été en paix.
le témoin 57 : Buri munsi
ibitero byaranteraga, akabaha amafaranga,
L’Interprète : J’étais attaquée
chaque jour, et on donnait de l’argent aux assaillants,
L’Interprète : Ku buryo n’abasirikare
bantwaye bakageza ubwo banjyana,
le témoin 57 : De sorte
que j’ai été prise par des militaires qui m’ont emmenée,
L’Interprète : Bakajya kunkoresha
ibyo bashaka.
le témoin 57 : Et ils
ont fait de moi ce qu’ils ont voulu.
Le Président : Combien de
membres de votre famille, Madame, avez-vous perdu à Sovu ?
L’Interprète : Ababyeyi cyangwa
abandi bantu bo mu muryango wawe, ni bangahe bapfiriye i Sovu ?
le témoin 57 : Abapfiriye
i Sovu ni 11.
L’Interprète : Onze personnes
qui ont perdu leur vie à Sovu.
le témoin 57
: Abandi bo babiri baguye i Rugango,
L’Interprète : Deux autres ont
perdu leur vie à Rukongo.
le témoin 57 : Abandi
bane, umusaza wanjye yaguye mu mugi wa Butare,
L’Interprète : Quatre de mes frères
sont morts à Butare.
le témoin 57 : Abandi
bose bagiye bagwa mu misozi ntazi.
L’Interprète : Les autres sont
morts dans les collines, je ne connais pas, je ne les ai plus jamais revus.
le témoin 57 : Nta kuntu
twashoboye no kubabona ngo tubahambe, keretse babiri basa.
L’Interprète : Nous n’avons pu
voir que deux que nous avons fait la sépulture, que nous avons fait enterrer.
Le Président : Y a-t-il des
questions à poser au témoin ? Maître RAMBOER ?
Me. RAMBOER : Si vous me
permettez, Monsieur le président. Donc, le témoin, dans sa déclaration qu’elle
a faite devant l’auditorat militaire au Rwanda, à Butare, dans le procès à charge
de Monsieur REKERAHO, elle parle de réunions qui se sont faites à Sovu, dans
le secteur Sovu, je suppose de la cellule, et elle dit ceci : « Vers le 14 avril, une autre réunion a été tenue ici, au marché,
parce que KABANDANA Denis prévoyait toutes les mauvaises choses qui se préparaient,
et il a appelé le bourgmestre au secours et ce dernier a convoqué cette réunion.
KABANDANA a accusé REKERAHO en disant qu’il l’avait vu conduire un véhicule
qui amenait des bombes et de l’essence. Le bourgmestre lui a répondu que cela
ne le regardait pas ». Alors, ma question est la suivante :
est-ce que le témoin confirme cette déclaration et, d’autre part, est-ce qu’elle
a vu Monsieur REKERAHO conduire un véhicule et quel genre de véhicule c’était ?
Donc, réunion du 14 avril, avant le 22 avril. Ça, c’est ma première question.
Le Président : Eh bien, je
vais poser les questions qui n’ont trait qu’aux faits qui sont reprochés aux
accusés. Madame, avez-vous vu REKERAHO circuler, avez-vous vu personnellement
REKERAHO circuler dans un véhicule avant, vers le 14 avril 1994, à une réunion
d’une cellule de Sovu ?
L’Interprète : Waba warabonye
REKERAHO atwaye imodoka mbere y’itariki 14, igihe habaga inama muri selire ya
Sovu ?
le témoin 57 : Ntiyayikoreye
mu isoko aho twari dutuye.
L’Interprète : La réunion a eu
lieu au marché, là où nous habitions.
Le Président : Avez-vous
vu REKERAHO circulant dans une voiture, ou une camionnette, ou un véhicule ?
L’Interprète : Waba warabonye
REKERAHO atwaye imodoka ? Icyo gihe ?
le témoin 57 : Y’ababikira ?
L’Interprète : Le véhicule des
sœurs ?
Le Président : S’il avait
un véhicule ce jour-là, à la réunion, quel était le véhicule qu’il avait ?
Avait-il un véhicule le jour de la réunion au marché ?
L’Interprète : Ngo niba uwo munsi
w’inama iba mu isoko, REKERAHO yari afite imodoka ? Kandi yari imeze ite ?
le témoin 57
: Uwo munsi yari afite imodoka kandi ari kumwe
na bourgmestre wa komine Huye,
L’Interprète : Ce jour-là, il
avait un véhicule, il était en compagnie du bourgmestre de la commune de Huye.
Le Président : Quel était
le véhicule qu’il avait ? Etait-ce le véhicule du bourgmestre, le véhicule
de la commune de Huye ou un autre véhicule ?
L’Interprète : Iyo modoka yari
arimo yari imeze ite ? Yari imodoka ya komine ya Huye ? Yari imodoka
ya komine ya Huye cyangwa yari indi modoka?
le témoin 57 : Yari imodoka
ya komine Huye,
L’Interprète : C’était un véhicule
de la commune de Huye.
Le Président : Bien. Une
autre question ?
Me. RAMBOER : Alors, la question
plus précise : est-ce qu’elle a vu circuler Monsieur REKERAHO avant le
22 avril, avec le véhicule des sœurs, puisqu’elle parle du véhicule des sœurs ?
Le Président : Je pense que
jusqu’à présent, nous n’en avons pas entendu parler, du véhicule des sœurs,
hein Maître RAMBOER, dans la bouche du témoin.
Me. RAMBOER : Elle a dit :
« Le véhicule des sœurs ? ».
Le Président : Monsieur REKERAHO
a-t-il circulé avec un véhicule du couvent de Sovu ?
L’Interprète : REKERAHO yatwaye
imodoka y’ababikira ba Sovu ?
le témoin 57 : Yarayitwaye
kugeza mu kwa karindwi.
L’Interprète : Il a circulé avec,
jusqu’au mois de juillet,
le témoin 57 : Niyo yahunganye.
L’Interprète : Et c’est à bord
de ce véhicule qu’il a pris la fuite.
Le Président : A partir de
quand a-t-il circulé avec ce véhicule, si le témoin sait situer avec une date
plus ou moins précise ?
L’Interprète : Niba ushobora kubabwira
igihe yaba yaratangiriye gutwara iyo modoka ?
le témoin 57 : Njyewe,
kubera ko nari nihishe, ariko kugera igihe batubeshya ngo batanze ihumure ku
kibazo cy’abatutsi kazi bashatswe n’abahutu, niyo nabonaga agendamo, ariko igihe
yatangiriye kuyitwara sinkizi.
L’Interprète : Je ne peux pas
vous dire à partir de quelle date exactement il a commencé à circuler à bord
de ce véhicule parce que moi, j’étais cachée, là où j’étais cachée jusqu’au
moment où on nous a dit que la paix revenait…
Le Président : A-t-elle vu
REKERAHO circuler avec un véhicule du couvent, avant l’attaque du 22 avril ?
L’Interprète : Wabonye REKERAHO
atwaye iyo modoka y’ababikira mbere y’igitero cyo ku itariki ya 22 ?
le témoin 57 : Ntabwo
nigeze mubona.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
vu circuler.
Le Président : Du danger,
Maître RAMBOER, de faire poser une question dont on n’est pas sûr de la réponse.
Me. RAMBOER : Mais je demande
une précision, Monsieur le président, bien sûr. Alors, autre chose, sur laquelle
je suis pour ainsi dire sûr de la réponse, si vous voulez le savoir. Est-ce
que le conseiller, Monsieur le témoin 151, n’a pas été remplacé lors d’une réunion
du 16 avril parce qu’il ne travaillait pas bien et parce qu’il protégeait les
habitants ?
Le Président : Le conseiller
le témoin 151 a-t-il été remplacé le 16 avril par un autre conseiller,
et pourquoi a-t-il été remplacé ?
L’Interprète : Umujyanama le témoin 151
yaba yarasimbuwe n’undi mujyanama ku itariki ya 16 ? Kandi kubera iki baba baramusimbuye ?
le témoin 57
: Uwo munsi, inama ya mbere yabaye kuri 14, baratubwiye
ngo twegerane, twikuremo abashinzwe umutekano ko twabonaga ahantu batwikamo
i Maraba,
L’Interprète : Lors de la première
réunion, qui a eu lieu le 14, on nous a dit de nous rassembler et de choisir
parmi nous, les gens qui pourraient assurer la sécurité, parce que nous voyions
les maisons brûler dans la commune de Maraba,
le témoin 57
: Noneho abo bamaze gutoramo,
L’Interprète : Ceux qui ont été
élus.
le témoin 57 : Badukoresheje
inama kuri 16,
L’Interprète : On nous a réunis
le 16,
le témoin 57 : Bavuga
ko tugomba kwicungira umutekano,
L’Interprète : Et lors de cette
réunion, on nous a dit que nous devions veiller sur notre sécurité.
le témoin 57 : Umuhungu
witwa Lewopoldi SIKUBWABO,
L’Interprète : Un certain Léopold
SIKUBWABO,
le témoin 57 : Yakomezaga
ashotorana,
L’Interprète : Il provoquait tout
le monde,
le témoin 57 : Abwira
uwitwa Yohani MUHAMYANKAKA,
L’Interprète : Et il a dit à un
certain Antoine MUHAMYANKAKA,
le témoin 57 : Ko igihe
cyose le témoin 151 atashoboye gukora ibyo bamuha azajya aba ariwe ubikora,
L’Interprète : Que chaque fois
que le témoin 151 était incapable de faire ce qu’on lui demandait, c’est ce dernier
qui devait le faire.
le témoin 57 : Ibyo bamusabaga
ariko ntabwo twabimenye kuko twe barabiduhishe,
L’Interprète : Nous n’avons jamais
su ce qu’on lui demandait de faire, parce qu’on nous l’a caché.
le témoin 57 : Dukomeza
kubona iyo nama ntacyo batubwira twebwe kubera ko ntacyo badusobanuriraga,
L’Interprète : Et on voyait que
cette réunion n’aboutissait à rien parce qu’on ne nous expliquait rien,
le témoin 57 : Tuza kwitahira,
dusanga abantu bamwe bo muri Maraba batangiye guhungira iwacu,
L’Interprète : Et nous sommes
rentrés. Arrivés, nous avons trouvé que les gens de Maraba commençaient déjà
à se réfugier vers chez nous.
le témoin 57 : Nibwo
rero muri iryo joro bateraga uwitwaga KABANDANA Denis.
L’Interprète : Et c’est au cours
de cette nuit-là qu’un certain KABANDANA Denis a été attaqué.
le témoin 57 : Batabaje
REKERAHO, ntiyagira icyo abamarira.
L’Interprète : Et lorsqu’on a
demandé du secours auprès de REKERAHO, celui-ci n’a rien voulu faire.
le témoin 57 : Bucyeye
mu gitondo ku cyumweru,
L’Interprète : Le lendemain, dimanche
matin,
le témoin 57 : Avuga
ko tujya muri iyo nama kureba neza, kureba ibibazo byahabaye,
L’Interprète : On nous a dit de
nous rendre à la réunion et aller chez KABANDANA pour voir ce qui s’y était
passé,
le témoin 57 : Haza bakeya
abandi tutazi aho bari,
L’Interprète : Mais très peu ont
répondu, parce que nous ne savions pas où se trouvaient les autres.
le témoin 57 : Bigatinda
bakatubwira ngo REKERAHO ntaraza ngo asobanure.
L’Interprète : Et on nous disait
que REKERAHO n’était pas encore là pour nous expliquer de quoi il s’agissait.
le témoin 57: Tubonye
rero imiriro itangiye kwaka hafi yacu n’uko batangiye kudusenyera, duhita twiruka
duhungira i Sovu.
L’Interprète: Et lorsque nous
avons vu que l’incendie se rapprochait de nous et qu’on commençait à démolir
nos demeures, nous nous sommes réfugiés vers Sovu.
le témoin 57: Ubwo twahageze
kuri 17 rero.
L’Interprète: C’est comme cela
que nous y sommes arrivés le 17.
Le Président : Voilà la réponse,
Maître RAMBOER.
Me. RAMBOER : Elle est plus
longue que prévue.
Le Président : Une autre
question ? Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Je vous remercie,
Monsieur le président. Trois questions dont les réponses ne devraient pas être
longues. C’est la deuxième fois qu’on entend parler des réfugiés de Nyakonga.
Est-ce que le témoin pourrait nous éclairer quant au sens de cette expression,
s’il vous plaît ?
Le Président : Le témoin
peut-il expliquer ce que c’est les « réfugiés de Nyakonga » ?
L’Interprète : Ushobora gusobanura
icyo « Impunzi za Nyakonga » zivuze
le témoin 57 : Ngo impunzi
za Nyakonga twebwe twari tuziri, ariko ngo n’impunzi z’abahutu zahungaga FPR.
L’Interprète : Il s’agissait des
réfugiés de Nyakonga, nous ne les connaissions pas. Mais il paraît qu’il s’agissait
de réfugiés Hutu et qui fuyaient le FPR.
Le Président : Est-ce qu’il
ne s’agit pas justement d’un camp de réfugiés. Nyakonga, est-ce que ce n’était
pas un camp de réfugiés ?
L’Interprète : Ntabwo ari inkampi
y’impunzi nyine y’aho ngaho ?
le témoin 57 : Inkampi
y’impunzi yaho ariko ntabwo twari tuhazi, twumvaga ari gutyo batubwira gusa.
L’Interprète : Il s’agit bien
du camp des réfugiés de cet endroit, mais nous ne le savions pas. On parlait
de ça, comme ça.
Le Président : Vous ne savez
pas exactement ce que c’est, ce camp ?
L’Interprète : Ntabwo uzi iyo
nkampi y’impunzi icyo aricyo ? Iyo ariyo ?
le témoin 57 : Sinababwiye
se ko hari impunzi z’abahutu zari zarahahungiye aho ngaho Nyacyonga simpazi.
L’Interprète : Moi, je ne connais
pas Nyakonga, mais je vous ai dit qu’il s’agissait d’un camp de réfugiés, des
Hutu qui avaient trouvé refuge…
Le Président : Est-ce que
ce n’étaient pas, de manière plus précise, des réfugiés Hutu de la région de
Byumba qui ont été déplacés en 1990, au moment de la guerre entre le FPR et
le FAR ?
L’Interprète : Ntabwo ari impunzi
z’abahutu zari zivuye i Byumba muri 90 zihunga FPR ?
le témoin 57 : Sinabibabwiye
se ko ari impunzi z’abahutu ngo zahungaga FPR ? Uretse ko ntarinzi igice
ziherereyemo, Nyacyonga iherereyemo ?
L’Interprète : Je vous ai dit
qu’il s’agissait bien de ces réfugiés Hutu qui fuyaient le FPR, mais moi, je
ne savais pas situer Nyakonga.
Le Président : Ce n’est pas
près de Kigali ?
L’Interprète : Ngo ntabwo ari
iruhande rw’i Kigali ?
le témoin 57 : Njye nababwiye
ko ntahazi, Nyakonga, ntabwo mpazi, sinarinzi n’ikirere cyaho.
L’Interprète : Je vous ai dit
que je ne connaissais pas Nyakonga et je ne connais pas Nyakonga.
Le Président : Une autre
question ?
Me. JASPIS : Oui, Monsieur
le président. Est-ce que le témoin connaît les frères de sœur Kizito, est-ce
qu’elle les a vus durant les événements et éventuellement, avec sœur Kizito
ou pas, s’il vous plaît ?
Le Président : Madame, connaissez-vous
les frères de sœur Kizito ?
L’Interprète : Ngo uzi basaza
ba sœur Kizito ?
le témoin 57 : Ndabazi.
L’Interprète : Je les connais.
Le Président : Au cours événements,
et en particulier de l’attaque du 22 avril 1994 au centre de santé de Sovu,
avez-vous vu les frères de sœur Kizito ?
L’Interprète : Mu giterero cyo
ku itariki ya 22 z’ukwezi kwa kane, igihe batera centre de santé, waba warabonye
basaza ba sœur Kizito ?
le témoin 57 : Narababonye.
Harimo uwitwa MAKAPANYA ?
L’Interprète : Je les ai vus.
Parmi eux, il y a un certain MAKAPANYA
le témoin 57 : Harimo
n’uwitwa Silas,
L’Interprète : Et il y a un autre
qui s’appelle Silas,.
le témoin 57 : N’uwitwa
NGOBOKA Tharcisse.
L’Interprète : Et un autre qui
s’appelle NGOBOKA Tharcisse
le témoin 57 : Abo bose
twagiye tubatangaho ubuhamya muri Parquet, cyangwa ahandi hose batubajije ubuhamya
bw’abatwiciye n’abo twashoboye gufungisha.
L’Interprète : Nous avons témoigné
contre ceux-ci et d’autres qui ont tué les nôtres et lorsqu’on nous demandait
de témoigner dans des parquets, partout où nous avons été interrogés à ce sujet.
le témoin 57 : Tubona
rero abantu bamwe, abagiye basigara bamwe bariho babafunga, ngo kugirango Gacaca
izaze baburaniremo.
L’Interprète : Certains ont été
mis en prison en attendant qu’un Gacaca ait lieu pour qu’on les juge tous en
même temps.
le témoin 57 : Bishoboka
ko nabo rero bazafungwa mur’ibi bice cyangwa se bakaburana muri Gacaca.
L’Interprète : Il se pourrait
que ceux-ci aussi soient en prison ou bien qu’ils aillent se défendre lors de
la Gacaca.
Le Président : Et au moment
de l’attaque, le 22 avril, est-ce que sœur Kizito aurait parlé, par exemple,
avec ses frères ?
L’Interprète : Igihe batera ku
itariki ya 22, centre de santé, sœur Kizito yashobora kuba yaraganiriye na basaza
be ?
le témoin 57 : Ibyo ntabwo
nabibonye kubera ko twahungaga amasasu yabo n’umupanga, baganira byo sinabibonye.
L’Interprète : Ça, je n’ai pas
vu parce que nous fuyions les machettes, nous fuyions aussi les cartouches,
les coups de fusil.
Le Président : Une autre
question ?
Me. JASPIS : Oui, une dernière
question, Monsieur le président. Est-ce que, après le massacre du centre de
santé, le 22, est-ce que le témoin aurait encore vu l’une ou l’autre sœur ?
Et alors, qui circulait au centre de santé parmi les personnes massacrées ?
Le Président : Après le massacre
du 22 avril au centre de santé, avez-vous vu, Madame, l’une ou l’autre religieuse,
circuler parmi les cadavres ?
L’Interprète : Nyuma y’itimbatimba
y’itariki ya 22, muri centre de santé, hari umubikira muri bariya wabonye agenda
mu ntumbi ?
le témoin 57 : Icyo gihe
njyewe nari nahavuye.
L’Interprète : Moi, je n’étais
plus là, j’avais quitté les lieux.
Le Président : D’autres questions ?
Plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin
se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous avez faites
aujourd’hui ?
L’Interprète : Urahamya ibyo umaze
kuvuga uyu munsi ?
le témoin 57 : Ndabihamya.
L’Interprète : Je confirme.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps mais vous
devez rester à la disposition de la Cour, administrativement, pour l’organisation
de votre retour au Rwanda.
L’Interprète : Urukiko ruragushimiye
ku buhamya bwawe uyu munsi, ariko rugusabye kuguma mu maboko yaryo kugera igihe
uzasubirira mu RWANDA.
le témoin 57
: Nabo barakoze.
L’Interprète : Elle vous remercie
également, Monsieur le président.
le témoin 57 : Ese mubaregera
indishyi nanjye ko nari ndimo, ibyo babishyizemo ?
L’Interprète : Ntushobora kubibona,
ko byarangiye.
Le Président : Oui, qu’est-ce
qu’il y a ?
L’Interprète : Je ne sais pas
si je dois traduire ce qu’elle vient de dire.
Le Président : Oui.
L’Interprète : Elle disait qu’elle
aurait aussi voulu faire partie des parties civiles. Elle aimerait savoir si
cela figure dans…
Le Président : Il y a, semble-t-il,
un avocat ou des avocats qui sont chargés de la représenter.
L’Interprète : Hari abacamanza
bazaguhagarira.
le témoin 57 : Barakoze.
L’Interprète : Elle vous remercie.
Le Président : Maître VERGAUWEN ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président, j’aurais voulu vous demander une petite confirmation. Est-ce que
je me trompe en disant que dans le dossier, nous n’avons que l’audition du témoin
qui vient d’être entendu du 24 mai 1998, à Kigali ou bien est-ce qu’il y a eu
une autre audition ? Parce que j’ai un petit problème c’est que…
Le Président : En ce qui
me concerne, mais je puis ne pas être mieux éclairé que vous, hein, Maître VERGAUWEN,
j’ai dans le dossier, un procès-verbal du 24e jour du mois de mai
de l’an 1998, auditorat militaire général, c’est bien cela ? Et alors,
quand on cherche bien dans le dossier, mais vraiment très bien, il y a un livre
qui s’appelle « Entraves à la justice ».
Me. VERGAUWEN : C’est cela,
d’accord. Merci.
Le Président : Je ne sais
pas, peut-être que d’autres parties ont trouvé d’autres choses ? Bon, il
y a encore évidemment des tas de témoins de ce matin qui sont là. Je pense qu’il
est, malgré tout, temps de suspendre l’audience, puisqu’il est 13h, et que les
jurés souhaiteraient prendre un repas chaud dans les locaux du Palais de Justice.
Nous allons donc suspendre l’audience et la reprendre à 14h. Il serait peut-être
utile que quelques avocats viennent maintenant dans mon bureau pour que nous
envisagions certaines possibilités avec, peut-être, Monsieur l’avocat général,
si nous avons des nouvelles ? |