assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 66
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.12. Audition des témoins: le témoin 66

Le Président : Alors, le témoin suivant, nous allons prendre peut-être dans l’ordre…

[Interpellation venant de la salle, sans micro].

…on va peut-être commencer par elle alors, ce serait peut-être plus simple, hein. Je signale aux parties que cette maman est là avec un petit bébé, je ne sais pas si cela a une quelconque influence, mais je le signale. Faites venir Madame le témoin 66. Alors, le témoin le témoin 7 est arrivé entre-temps. On prendra peut-être le témoin le témoin 7 aujourd’hui à moins qu’il faudrait voir si elle sait revenir demain, s’enquérir auprès d’elle. Donc, le témoin 66 tout d’abord. Pendant ce temps-là, il faudra aller s’enquérir auprès du témoin 7 pour savoir si elle sait revenir demain ou pas. Je pense qu’il faudra un interprète. Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe yombi ? Witwa nde ?

le témoin 66 : Nitwa le témoin 66.

L’Interprète : Je m’appelle le témoin 66.

Le Président : Quel âge a-t-elle ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 66 : 26.

L’Interprète : Vingt-six ans.

Le Président : Quelle est sa profession ?

L’Interprète : Ukora iki ?

le témoin 66 : Nari umuhinzi ariko sinkihinga kubera akaboko kamugaye.

L’Interprète : J’étais cultivatrice mais je ne pratique plus le métier parce que j’ai un bras paralysé.

Le Président : Quelle est sa commune de domicile ?

L’Interprète : Utuye muri komine yihe.

le témoin 66 : komine Huye.

L’Interprète : A la commune de Huye.

Le Président : Connaissait-elle, avant le mois d’avril 1994, certains des accusés ?

L’Interprète : Mu baregwa hari uwo wari uzimo mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?

le témoin 66 : Ari sœur Kizito na sœur Gertruda, ndambazi kuko narintuye impande y’ikigo, kandi Kizito yari n’uwo iwacu, muri secteur imwe, cellule imwe.

L’Interprète : Que ce soit sœur Kizito, que ce soit sœur Gertrude, je les connaissais parce que j’habitais tout près du couvent et sœur Kizito est de mon village.

Le Président : Est-elle de la famille des accusés ou des gens qui demandent de l’argent aux accusés ?

L’Interprète : Hari icyo upfana n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?

le témoin 66 : Ntacyo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Elle ne travaille pas sous contrat de travail, pour les accusés ou pour les gens qui réclament de l’argent aux accusés ?

L’Interprète : Ari abaregwa cyangwa abaregera indishyi ntabo ukorera ?

le témoin 66 : Nta n’umwe ngira icyo nkorera.

L’Interprète : Je ne travaille pour personne.

Le Président : Elle a un bras paralysé, est-ce qu’elle sait lever la main droite ?

L’Interprète : Ufite akaboko karemaye, ushobora kumanika akaboko k’iburyo ?

le témoin 66 : Ni ak’ibumoso karemaye.

L’Interprète : C’est le bras gauche qui est paralysé.

Le Président : Alors, je vais lui demander de bien vouloir lever la main droite et de prononcer le serment de témoin. Si elle ne sait pas lire, vous voudrez bien lui lire.

L’Interprète : Manika akaboko k’iburyo urahire, usome.

le témoin 66 : Ndahiye kuvuga ukuri gusa, nta rwango nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous voulez bien vous asseoir à côté d’elle.

Le Président : Madame, vous êtes-vous réfugiée, au mois d’avril 1994, au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Wahungiye mu kigo cy’i Sovu mu kwezi kwa kane 94 ?

le témoin 66 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Vous souvenez-vous de la date à laquelle vous vous êtes réfugiée au couvent ?

L’Interprète : Uribuka itariki wahungiye muri iyo couvent ?

le témoin 66 : Nahagiye ari ku cyumweru ku itariki ya 17, nijoro.

L’Interprète : Je suis allée un dimanche, le 17 soir, la nuit.

Le Président : Vous êtes-vous réfugiée au couvent avec d’autres personnes de votre famille ?

L’Interprète : Hari abandi bo mu muryango wahunganye nabo muri icyo kigo ?

le témoin 66 : Ari abo tuva indimwe, ari ba data bacu, famille yose yari ihari.

L’Interprète : Que ce soient mes oncles, mes frères et sœurs, toute la famille avait trouvé refuge.

Le Président : Pour quelles raisons, vous et votre famille, avez-vous essayé de trouver refuge au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Ni ukubera iyihe mpamvu yatumye wowe n’umuryango wawe wose mujya guhungira mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?

le témoin 66 : Twavuye mu misa i Rugango kuri paroisse yacu,

L’Interprète : Nous sommes sortis de la messe de notre paroisse de Rugango,

le témoin 66 : Muri komine Maraba hari imbibi na Huye, batangiye gutwika ingo z’abatutsi.

L’Interprète : Dans la commune de Maraba et de Huye, on avait commencé à incendier les demeures des Tutsi.

Le Président : C’est la raison pour laquelle, elle et d’autres, se sont enfuis ?

L’Interprète : Niyo mpamvu wowe n’abandi mwahunze ?

le témoin 66 : Niyo mpamvu twahunze.

L’Interprète : C’est pour cette raison que nous nous sommes enfuis.

Le Président : Elle est arrivée le 17 avril 1994, dans la soirée, donc, en fin de journée, au couvent ?

L’Interprète : Wageze muri icyo kigo cy’ababikira ku itariki ya 17 y’umugoroba ?

le témoin 66 : Hari mu ijoro saa tatu ahari.

L’Interprète : C’était la nuit.

Le Président : Elle est restée au couvent ou au centre de santé près du couvent, jusque quand ?

L’Interprète : Wagumye muri icyo kigo cyangwa mu ivuriro muri centre de santé kugeza ryari ?

le témoin 66 : Twaraye muri centre de santé,

L’Interprète : Nous avons passé la nuit au centre de santé.

le témoin 66 : Bukeye mu gitondo kuri 18,

L’Interprète : Le lendemain matin, le 18,

le témoin 66 : Twumva grenade iraturitse,

L’Interprète : Nous avons entendu les crépitements des grenades.

le témoin 66 : Duhita twirukanka tujya muri couvent ruguru.

L’Interprète : Nous nous sommes encourus et nous nous sommes dirigés vers le couvent, plus haut.

le témoin 66 : Dusanga hafunze, bamwe barurira, abandi barasesera mu rusenyenye zaho.

L’Interprète : Nous avons trouvé le portail fermé, les uns ont grimpé, les autres sont passés par les fils barbelés,

le témoin 66 : Tuhageze,

L’Interprète : Et arrivés,

le témoin 66 : Ubwo nimugoroba hageze imvura yaraguye nyinshi cyane,

L’Interprète : Et, à la tombée de la nuit, il a fort plu.

le témoin 66 : Ubwo ngubwo imaze kugwa, hari umubikira umwe,

L’Interprète : Pendant qu’il pleuvait, il y a une des sœurs,

le témoin 66 : Witwa sœur Scholastika,

L’Interprète : Qui s’appelle sœur Scholastique,

le témoin 66 : Abwira umusore umwe witwaga MPAMBARA Augustin,

L’Interprète : Elle a dit à un jeune homme du nom de MPAMBARA Augustin,

le témoin 66 : Yari umukozi wabo igihe kinini, yari na data wacu.

L’Interprète : Il a travaillé pour elle pendant longtemps et c’était mon oncle,

le témoin 66 : Aramubwira ngo nafungure hasi ahantu muri cave,

L’Interprète : Elle lui a demandé d’ouvrir en bas, dans la cave,

le témoin 66 : Akumba gatoya, hagiyemo abantu bafite abana, ni bake cyane twese twanyagiriwe hanze.

L’Interprète : Une petite chambre qui ne pouvait pas contenir tout le monde, il n’y a que les mamans qui avaient des enfants qui ont pu s’y réfugier, nous, nous sommes restés dehors, sous la pluie.

le témoin 66 : Ubwo twaraharaye,

L’Interprète : Nous y avons passé la nuit.

le témoin 66 : Buracya mu gitondo,

L’Interprète : Et le lendemain,

le témoin 66 : Ku itariki 19,

L’Interprète : Le 19,

le témoin 66 : Ubwo ngubwo hari abashyitsi…

Le Président : Avant d’aller plus loin, au 19, la nuit du 18, sœur Scholastique a fait ouvrir une petite pièce où les mamans avec des enfants ont pu trouver refuge pour la nuit parce qu’il pleuvait ?

L’Interprète : Ubwo ku itariki 18 sœur Scholastique yafunguje ako kumba gato, ababyeyi bashoboye kwinjira bafite abana ?

le témoin 66 : Nabo ntibakwiriyemo bose.

L’Interprète : Mais tout le monde n’a pas pu,

Le Président : Oui, c’était trop petit pour que tout le monde puisse rentrer ?

L’Interprète : Kari gato cyane ako kumba ?

le témoin 66 : Kari gato cyane, n’akantu kari muri cave, ni gato cyane.

L’Interprète : C’était un petit réduit,

le témoin 66 : Abageragamo bamwe barashyaga bamwe bagasohoka kubera ubushyuhe bwinshi.

L’Interprète : Et ceux qui rentraient, ressortaient immédiatement parce qu’il faisait très chaud.

Le Président : Sœur Gertrude, la supérieure du couvent, était-elle présente et est-ce que c’est sœur Gertrude qui n’a pas permis qu’on ouvre d’autres pièces pour les réfugiés ?

L’Interprète : Icyo gihe sœur Gertrude, mukuru w’ikigo yari ahari, cyangwa niwe utatanze uruhusa rwo gufungura ibindi byumba ngo impunzi zinjiremo.

le témoin 66 : Yari ari mu kigo ariko uwo munsi sinabashije kumubona.

L’Interprète : Elle se trouvait au couvent, mais ce jour-là, je n’ai pas pu l’apercevoir.

Le Président : Le 19 au matin, alors ?

L’Interprète : Byagenze bite ku itariki 19 mu gitondo ?

le témoin 66 : Mu gitondo ubwo, hari  abantu b’abashyitsi bahari,

L’Interprète : Le 19 au matin, il y avait des hôtes, des étrangers,

le témoin 66 : Ubwo bamanukanye na sœur Gertruda,

L’Interprète : Ils sont descendus en compagnie de sœur Gertrude,

le témoin 66 : Baravuga ngo turatera urusaku ngo kandi turahatera umwanda mwinshi cyane, ngo nitumanuke muri centre de santé.

L’Interprète : Et ils nous ont dit que nous faisions beaucoup de bruit et que nous salissions l’endroit, qu’il fallait que nous nous rendions au centre de santé,

le témoin 66 : Ariko twanze kugenda,

L’Interprète : Mais nous avons refusé d’y aller.

le témoin 66 : Ubwo yahise agenda afata imodoka, ajya mu mugi,

L’Interprète : Immédiatement, elle est partie avec sa voiture et elle est allée en ville.

Le Président : Est-ce qu’elle était toute seule ou accompagnée par quelqu’un ?

L’Interprète : Yari wenyine muri iyo modoka cyangwa yaraherekejwe n’undi muntu ?

le témoin 66 : No muri abo bashyitsi, ntabwo muzi.

L’Interprète : Avec un des participants au séminaire, mais elle ne le connaissait pas.

Le Président : Donc, sœur Gertrude et un participant du séminaire sont partis en voiture ?

L’Interprète : Sœur Gertrude n’umushyitsi umwe muri abo ngabo bagiye mu modoka ?

le témoin 66 : Bagiye mu modoka.

L’Interprète : Oui, ils sont partis ensemble, dans la voiture.

Le Président : Que s’est-il passé ensuite ?

L’Interprète : Hanyuma ?

le témoin 66 : Ubwo ngubwo bamaze kugenda,

L’Interprète : Après leur départ,

le témoin 66 : Ubwo baraje bagera aho,

L’Interprète : Ils sont revenus,

le témoin 66 : Tugiye kubona tubona haje n’abandi basirikare batatu,

L’Interprète : Et on a vu qu’après leur retour, il y a eu trois militaires qui sont aussi arrivés,

le témoin 66 : Ubwo baratubwira ngo nidutore ibindu byacu byose ngo tubimanure muri centre de santé,

L’Interprète : Et ils nous ont dit de ramasser toutes nos affaires et de les faire descendre au centre de santé,

le témoin 66 : Ngo nitumara kubihamanura ngo tugaruke, ngo badukorere inama, imbere ya kiriziya.

L’Interprète : Et après les y avoir déposées, de revenir à une réunion, devant l’église.

le témoin 66 : Ubwo ngubwo, tumaze kubimanura tugarutse, nta nama badukoreye, bahise bavuga ngo nitugende muri centre de santé tugumeyo.

L’Interprète : Après les y avoir déposées, nous sommes revenus mais ils n’ont tenu aucune réunion et ils nous ont dit de retourner immédiatement au centre de santé et d’y rester.

le témoin 66 : Tumaze kuhagera ubwo ku mugoroba, haje, umugabo witwaga SEBUHINYORI Jean,

L’Interprète : Nous sommes retournés au centre de santé et le soir, il y a eu un monsieur du nom de SEBUHINYORI Jean.

le témoin 66 : Ubwo amaze kuza, azana n’umubikira Kizito,

L’Interprète : Il est venu en compagnie de sœur Kizito,

le témoin 66 : Afite impapuro.

L’Interprète : Et il avait des papiers.

le témoin 66 : Aravuga ngo nihitoremo abazi gusoma, ngo bandike abandi,

L’Interprète : Et il nous a dit de choisir parmi nous, ceux qui savaient lire et qui devaient inscrire les autres,

le témoin 66 : Nibamara kubandika, babahe imfashanyo.

L’Interprète : Et qu’après leur inscription ils allaient recevoir une aide.

le témoin 66 : Ubwo handitse umusore umwe witwaga KABERA,

L’Interprète : Et, il y a un jeune du nom de KABERA qui s’en est occupé,

le témoin 66 : Handika n’undi witwaga KARIDO Kasiyani,

L’Interprète : Et un autre du nom de KARIDO Cassien,

le témoin 66 : Ubwo baratubaruye,

L’Interprète : Ils nous ont comptés.

le témoin 66 : Babaruye 3.500, ako kanya.

L’Interprète : Ils ont dénombré 3.500 personnes.

le témoin 66 : Ubwo nyuma yabwo haje kuza benshi. Abaturuka za Mbaza, abaturuka za Maraba, abaturuka za Runyinya n’abandi bari bavuye… impande zose.

L’Interprète : Après, il y a eu tant d’autres qui venaient de Maraba, de Runyinya, de Mbazi et d’un peu partout.

le témoin 66 : Ubwo ngubwo rero liste ubwo baje kuyibaha,

L’Interprète : Ils devaient donc remettre la liste.

le témoin 66 : Ubwo rero bamaze kuyibaha barayijyana,

L’Interprète : Ils ont donc remis la liste et puis ils l’ont emmenée,

le témoin 66 : Ariko ntacyo yatanze kuko nta mfashanyo batubwiye baduhaye, ntazo.

L’Interprète : Mais l’aide promise n’a jamais été reçue.

Le Président : Est-ce qu’il n’y a pas des policiers qui sont venus ?

L’Interprète : Nta bapolisi baje ?

le témoin 66 : Baraje.

L’Interprète : Ils sont venus.

Le Président : Pour les protéger ?

L’Interprète : Baje kubarinda ?

le témoin 66 : Oui. Baje kuturinda bazanwe na Sœur Gertruda.

L’Interprète : Oui. Ils sont venus nous protéger. C’est sœur Gertrude qui les a fait venir.

Le Président : Oui, qu’est-ce qui s’est passé ensuite ? Cà, c’est le 19, hein ? Les listes, c’est le 19 avril.

L’Interprète : Amatariki ni kuri 19 ?

le témoin 66 : Hari ku taliki 19, hari kuwa kabiri.

L’Interprète : Oui, c’était mardi 19.

Le Président : Le mercredi 20, est-ce qu’il y a eu des choses particulières ?

L’Interprète : Ku itariki 20 kuwa gatatu,

le témoin 66 : Kuwa gatatu ku itariki ya 20,

L’Interprète : Le mercredi 20,

le témoin 66 : Nibwo bateye grenade,

L’Interprète : Ils ont lancé une grenade.

le témoin 66 : Uwayiteye simuzi,

L’Interprète : Celui qui l’a lancée, je ne le connais pas,

le témoin 66 : Yafashe umukecuru umwe witwaga Anastaziya,

L’Interprète : Mais elle est tombée sur une certaine vieille, du nom d’Anastasie,

le témoin 66 : Yapfuye, yaje gupfa nyuma batangiye ubwicanyi.

L’Interprète : Elle n’est pas morte sur le coup, elle est morte plus tard, lorsque les tueries ont commencé.

le témoin 66 : Ndumva aricyo cyabaye ubwo ku itariki 20.

L’Interprète : Je pense que c’est ce qui s’est passé le mercredi 20.

Le Président : Le jeudi 21 ?

L’Interprète : Ku itariki 21, kuwa kane ?

le témoin 66 : 21, twiriwe aho,

L’Interprète : Nous avons passé la journée du 21, sur place,

le témoin 66 : Usibye kumva urusaku n’induru n’amasasu byaberaga i Gihindamuyaga, mu bafrere baho, nta kindi kintu.

L’Interprète : A part qu’on entendait le crépitement des fusils et des bruits et des fusils qui se passaient à Gihindamuyaga, au monastère des frères de Gindamehaga.

Le Président : On est donc là, le jeudi, c’est cela ? Le jeudi 21 ?

L’Interprète : Oui.

Le Président : Depuis le 17 avril jusqu’au jeudi 21, depuis le dimanche 17 avril jusqu’au jeudi 21 avril, combien de fois avez-vous mangé ?

L’Interprète : Kuva ku itariki, kuwa kane ku itariki ya 17 kugeza ku cyumweru ku itariki ya 21, mwariye kangahe muri iyo minsi ?

le témoin 66 : Usibye nkuwagize icyo ahungana, twajyaga dusaranganya dusangira, sinakubwira…

L’Interprète : Mis à part ceux qui avaient pu fuir avec certaines vivres, on partageait le peu qu’on avait.

le témoin 66 : Kandi iyo uhangayitse ntabwo uba ufite umutima wo kurya.

L’Interprète : Lorsqu’on est dans une telle situation, on ne pense même pas à manger.

Le Président : Avez-vous, du 17 au 21 avril, reçu à manger de la part du couvent ?

L’Interprète : Kuva ku itariki ya 17 kugera ku itariki ya 21, hari icyo babahaye cyo kurya, ababikira ?

le témoin 66 : Nta na kimwe.

L’Interprète : Rien du tout.

Le Président : Le vendredi 22 avril ?

L’Interprète : Kuwa gatanu itariki 22 ?

le témoin 66 : Kuwa gatanu itariki ya 22,

L’Interprète : Le vendredi 22,

le témoin 66 : Ikintu cya mbere nabanza kubabwira ni uko, abantu batangiye kurasa bwa mbere.

L’Interprète : Ce que je peux vous dire en premier lieu, c’est que les gens ont commencé à tirer.

le témoin 66 : Abo bapolisi kandi bazanwe na sœur Gertruda.

L’Interprète : Ce sont ces policiers-là que sœur Gertrude nous avait amenés pour nous protéger.

le témoin 66 : Nababwira ko mfite nk’amasasu abiri ahangaha. Nshobora kuyabereka niba ari ngombwa. Narashwe n’abapolisi. Akaboko karemaye n’isasu, aha mfite isasu ryatunguye inyuma aho.

L’Interprète : Ce sont ces policiers qui ont commencé les premiers à tirer sur eux. Elle peut vous donner comme preuve qu’il y a son bras gauche qui est paralysé à cause d’une balle qu’elle a reçue et puis une autre balle qui a traversé son épaule.

le témoin 66 : Ni henshi cyane si aho honyine.

L’Interprète : Ce n’est pas seulement les deux seuls endroits, c’est un peu partout.

le témoin 66 : Nabereka igipapuro nivurijeho niho yenda mwashobora kubibona, nimba bidashoboka.

L’Interprète : Je peux vous montrer aussi le rapport du médecin légiste, à ce moment, vous pouvez vous en rendre compte vous-mêmes.

le témoin 66 : Ubwo ngubwo,

L’Interprète : A ce moment,

le témoin 66 : Ntiwambaza isaha iyo ariyo,

L’Interprète : Vous ne pouvez pas me demander quelle heure il était,

le témoin 66 : Abantu bararashe barica.

L’Interprète : Les gens ont tiré, ils ont tué.

le témoin 66 : Abantu bari mu igaraji harimo abafite abana, abana batangira kurira,

L’Interprète : Parmi ceux qui se trouvaient dans le garage, il y a ceux qui avaient des enfants qui commençaient à pleurer.

le témoin 66 : Nibwo REKERAHO yavuze ati : « N’ahangaha harimo abandi bantu tutari tuzi ».

L’Interprète : Et, c’est à ce moment que REKERAHO a dit qu’ici, il y a d’autres personnes qu’on ne connaissait pas.

le témoin 66 : Ubwo nibwo yavugaga ngo reka ajye muri couvent hari bashiki le témoin 2,

L’Interprète : Et il a dit qu’il allait se rendre au couvent parce qu’il y avait ces sœurs,

le témoin 66 : Ngo reka nze, ubwo banze gufungura, ngo njye gushaka ubundi buryo twabigenza.

L’Interprète : Et comme ceux qui se trouvaient dans le garage ne voulaient pas ouvrir, il allait leur montrer comment faire par une autre façon.

le témoin 66 : Ubwo nibwo baje,

L’Interprète : Et c’est à ce moment qu’ils sont revenus,

le témoin 66 : REKERAHO, RUSANGANWA Gaspari,

L’Interprète : REKERAHO, RUSANGANWA Gaspard,

le témoin 66 : Undi witwa Yonas NDAYISABA,

L’Interprète : Un certain Jonas NDAYISABA,

le témoin 66 : Bafite ububido bwa litiro 5 bubiri.

L’Interprète : Ils portaient deux petits bidons de cinq litres,

le témoin 66 : Ababikira babiri : sœur Kizito na sœur Gertruda.

L’Interprète : En compagnie de deux sœurs, sœur Kizito et sœur Gertrude.

Le Président : Qui portait les bidons ?

L’Interprète : Ninde wari utwaye izo bidons ?

le témoin 66 : Kamwe kari gafite Kizito,

L’Interprète : Il y a sœur Kizito qui en portait un,

le témoin 66 : Akandi,

L’Interprète : Et l’autre,

le témoin 66 : Nakabonanye REKERAHO.

L’Interprète : Je l’ai vu avec REKERAHO.

Le Président : Vous souvenez-vous de la couleur des bidons ?

L’Interprète : Uribuka uko izo bidons zasaga ?

le témoin 66 : Namwe muri abantu, murabona icyo gihe uko cyari kimeze, ndumva kureba uko kasaga mutabimbazaho cyane.

L’Interprète : Vous êtes aussi des humains, je pense que, vu la situation du moment, vous ne pouvez pas me demander à quoi ressemblait la couleur de ce bidon.

Le Président : Je peux lui demander, mais je peux comprendre qu’elle ne s’en souvienne pas.

L’Interprète : Ngo ashobora kubikubaza ariko ashobora kumva ko udashobora kubyibuka.

le témoin 66 : Birumvikana.

L’Interprète : Elle comprend.

Le Président : Que s’est-il passé avec ces bidons ?

L’Interprète : Izo bidons bazikoresheje iki ?

le témoin 66 : Ubwo baraje baravuga ngo nimufungure,

L’Interprète : Ils sont venus, ils ont dit d’ouvrir,

le témoin 66 : Banze gufungura.

L’Interprète : Et ils ont refusé d’ouvrir.

le témoin 66 : Bahondagura urugi, rwanga gukinguka.

L’Interprète : Ils ont tambouriné, ils ont essayé de défoncer la porte mais elle ne s’est pas ouverte.

le témoin 66 : Numvaga bacukura, bacukura impande y’iryo garaje,

L’Interprète : Je les entendais creuser tout autour du garage.

le témoin 66 : Ubwo hirutse umusore witwaga byomboka,

L’Interprète : Un certain BYOMBOKA a couru,

le témoin 66 : Azana ibiti, uduti basukaho iyo essence kuko twabonye bishya, nta mazi basukaho ngo bishye.

L’Interprète : Et ce jeune est allé chercher quelques branches d’arbre sèches sur lesquelles ils ont versé de l’essence, de l’essence, parce qu’avec l’eau, le feu n’aurait pas pris.

le témoin 66 : Ubwo batema n’urugi nabwo biranga barusutseho,

L’Interprète : Ils ont essayé de défoncer la porte mais ça n’a pas marché, ils ont versé de l’essence dessus.

le témoin 66 : Abantu barimo imbere bumvise ubushyuhe bwinshi batemagura ubwabo noneho, barasimba bakajya bagwa imbere, babatemagura, ubwo interahamwe zihari nyinshi.

L’Interprète : Ceux qui se trouvaient à l’intérieur du garage, à cause de la chaleur, ils ont défoncé eux-mêmes la porte et ceux qui sortaient étaient accueillis avec des coups de machette. Ils mouraient sur place à cause de ces miliciens Interahamwe.

le témoin 66 : Abasohotse bose babatemaguza intwaro za gakondo.

L’Interprète : Tous ceux qui sortaient, on les tailladait avec les armes traditionnelles.

le témoin 66 : Ubwo mu kanya gato haje,

L’Interprète : Après un certain moment,

le témoin 66 : Ubwo mu kanya gato haje kumanuka umusore umwe witwaga KABILIGI,

L’Interprète : Il y a un jeune du nom de KABILIGI, qui est descendu.

le témoin 66 : Yamanutse imbere ya centre de santé agenda ashya,

L’Interprète : Il est descendu devant le centre de santé, il flambait,

le témoin 66 : Ntimwambaza uwamutwitse kuko sinabibonye bayimusukaho.

L’Interprète : Je ne peux pas vous dire qu’il l’a brûlé, parce que je ne l’ai pas vu au moment où on a versé de l’essence dessus.

le témoin 66 : Ikindi navuga ni uko,

L’Interprète : Ce que j’ajouterai, c’est que,

le témoin 66 : Ku mugoroba, kuri izo tariki 22,

L’Interprète : Le soir du 22,

le témoin 66 : Sœur Kizito yagendaga mu ntumbi ari kumwe na RUSANGANWA Gaspard,

L’Interprète : Sœur Kizito marchait parmi les corps, en compagnie de RUSANGANWA Gaspard,

le témoin 66 : Na REKERAHO wari ajida,

L’Interprète : REKERAHO qui était l’adjudant.

le témoin 66 : Bagenda mu ntumbi bavuga : « Naho babishe neza, reba uburyo bacagaguye ano mafaranga ».

L’Interprète : Lorsqu’ils marchaient parmi les corps, ils disaient : « Ils ont eu une belle mort parce que, suivant la façon dont ils ont déchiré cet argent, je suppose qu’ils méritaient une autre mort que celle-là ».

le témoin 66 : Ikindi navuga ni uko, mu kwezi kwa gatanu,

L’Interprète : Ce que j’ajouterai encore, c’est qu’au mois de mai,

le témoin 66 : Mama yagiye kwaka imyenda kuko twari twayihaye uwo data wacu wakoragayo n’ibintu bindi,

L’Interprète : Ma mère s’est rendue au couvent pour demander ses habits parce que nous avions donné nos affaires à cet oncle dont j’ai parlé, qui travaillait au couvent,

le témoin 66 : Kuko mama we yari umuhutu,

L’Interprète : Parce que ma mère était Hutu.

le témoin 66 : Ubwo agiye kuyaka yarajyanye na RUSANGANWA Gaspard,

L’Interprète : Quand elle est allée demander ses habits, elle était en compagnie de RUSANGANWA Gaspard qui l’y a conduite.

le témoin 66 : Sœur Kizito yarababwiye ngo :

L’Interprète : Sœur Kizito leur a dit que :

le témoin 66 : « Aba ngaba mwasize, nibo byitso bizabakorera ishyano ».

L’Interprète : « Ceux-ci, que vous avez laissés en vie, sont les espions qui vont vous attirer des ennuis ».

le témoin 66 : Ndumva ari ibyo naba nzi. Murakoze.

L’Interprète : Je pense que c’est ce que je peux vous dire, je vous remercie.

Le Président : Madame, est-ce bien le 22 avril, à la fin de la journée, que vous avez vu Kizito, sœur Kizito, avec REKERAHO, qui marchaient parmi les cadavres et qui disaient : « Ils ont eu une belle mort, ils auraient dû avoir une autre mort parce qu’ils avaient déchiré de l’argent ». Est-ce bien le 22 avril, en fin de journée ?

L’Interprète : Urahamya ko ari ku itariki ya 22 nka ni mugoroba, wabonye REKERAHO na sœur Kizito bagenda mu ntumbi, bavuga ko bishwe neza, kuko bari bakwiye urundi rupfu kuko baciye amafaranga ?

le témoin 66 : Ndabihamya.

L’Interprète : Je le confirme.

Le Président : Je pose cette question parce que, devant les enquêteurs du Tribunal pénal international, elle avait dit que c’était le 23 avril, dans la journée.

L’Interprète : Ngo arabaza icyo kibazo kuko imbere y’abandi bakoraga izo ankete bo muri Tribunal international ya Arusha, wavuze ko ari ku itariki ya 23.

le témoin 66 : Bireshoboka nkuko bitashoboka. Ibyo mvuga ahangaha imbere, nibyo numva by’ukuri kubera yuko icyo gihe batubazaga ari benshi, twumva nta n’ishingiro bifite, ibyo bintu bari kutubaza.

L’Interprète : C’est possible comme ce n’est pas possible parce qu’au moment où on m’a posé cette question, les gens étaient tellement nombreux au point qu’on avait l’impression que tout ce qu’on me demandait n’avait pas beaucoup d’importance.

le témoin 66 : Kandi icyo gihe nari nkihuzagurika kubera akababaro kenshi kandi nkirwaye n’ibikomere umubiri wose.

L’Interprète : Et à ce moment, j’étais en convalescence, j’avais des blessures un peu partout, j’étais encore attristée par ce qui s’était passé.

Le Président : Combien de membres de votre famille sont morts à Sovu ?

L’Interprète : Mu muryango wawe niba ngahe bapfiriye i Sovu ?

le témoin 66 : Kereka ngiye kubara, ni benshi cyane.

L’Interprète : Sauf si je me mettais à compter parce qu’ils sont tellement nombreux.

le témoin 66 : Mu rugo iwacu twari abana icyenda na papa na mama. Dusigaye turi abana batatu. Nshyizemo kwa ba data wacu ni benshi.

L’Interprète : Chez nous, dans ma famille nous étions au nombre de neuf enfants plus ma mère et mon père et nous ne sommes plus qu’à trois. Je ne parle même pas de la famille de mon oncle, nous étions très nombreux.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Oui ?

Me. WAHIS : Le 22 avril, Madame, vous avez vu qu’il y avait REKERAHO qui était là, au moment notamment de l’incendie du garage. Est-ce que vous avez vu le témoin 151, si vous le connaissez ?

L’Interprète : Ku itariki ya 22 mu gitondo, wabonye REKERAHO igihe batwikaga abantu bo mu igaraji, waba warabonye uwitwa le témoin 151, niba umuzi, niba yari ahari ?

le témoin 66 : le témoin 151 ndamuzi, icyo gihe yari na conseiller n’ubu ngubu niwe, ariko,

L’Interprète : Je connais le témoin 151, il était conseiller à cette époque, même à ce jour.

le témoin 66 : Abantu bari bahari bari benshi cyane.

L’Interprète : Il y avait tellement de monde ce jour-là.

le témoin 66 : Hari abo wabonye hari nabo utabonye,

L’Interprète : Il y a ceux qu’on peut avoir aperçus et d’autres qu’on n’a pas pu apercevoir.

le témoin 66 : Yari ahari atari ahari simbizi.

L’Interprète : S’il était présent ou pas, je ne peux pas le dire.

Me. WAHIS : D’accord. Mais, donc, je comprends très bien qu’effectivement il y avait beaucoup de monde, beaucoup de brouhaha, de désordre, à ce moment-là. Je voudrais savoir, vous aviez été blessée très gravement le matin du 22 avril,

L’Interprète : Hari icyo ashaka kumenya ko mu gitondo ku itariki ya 22 warakomeretse cyane,

Me. WAHIS : Donc, cela se passait, je pense, tôt le matin, et vous avez passé la demi-journée avec ces blessures graves, est-ce que vous avez été soignée à ce moment-là ? Est-ce que vous avez été inconsciente ?

L’Interprète : Umunsi wose wiriranwe ibyo bikomere, hari ubwo wigeze uvurwa uwo munsi ?

le témoin 66 : Ntabwo navuwe.

L’Interprète : Je n’ai pas été soignée.

Me. WAHIS : Est-ce qu’elle a été inconsciente ?

L’Interprète : Hari ubwo wituye hase ubura ubwenge ?

le témoin 66 : Nabuze ubwenge yenda nk’iminota makumyabiri sinzi.

L’Interprète : J’ai perdu connaissance peut-être pendant vingt minutes.

Me. WAHIS : Et puis, elle est revenue à la conscience ?

L’Interprète : Hanyuma urakanguka ?

le témoin 66 : Oui, narakangutse.

L’Interprète : Oui, je me suis réveillée, je suis revenue à la conscience.

Me. WAHIS : Et alors, je voudrais savoir si elle a retrouvé sa capacité de mouvement.

L’Interprète : Icyo gihe ukangutse washoboraga kugira icyo ukora nkuko bisanzwe ?

le témoin 66 : Nari mfite isereri nyinshi mu mutwe,

L’Interprète : Non, j’avais le vertige.

le témoin 66 : No kuvamo navuyemo ari umuntu umpetse, kuko narahagararaga nkikubita hasi.

L’Interprète : D’ailleurs, je suis sortie de là, grâce à une personne qui m’a portée, car dès que je me levais, je retombais.

[Interruption d’enregistrement]

Me. WAHIS : [Question inaudible]

L’Interprète : [Manque début de la réponse] …mu igaraji cyangwa ukababwira niba hari n’abantu benshi bashoboraga kubona ibyakubayeho icyo gihe ?

le témoin 66 : Ni muri centre de santé hegeranye n’umuryango wa centre de santé, imbere y’ahantu batekeraga.

L’Interprète : C’était au centre de santé tout proche de là où on cuisinait.

le témoin 66 : Hagati no hagati, ku buryo ibibera hanze uba ubibona.

L’Interprète : C’est au milieu, parce que tout ce qui se trouve dehors, de là où elle se trouvait, on pouvait voir tout ce qui se passait dehors.

Me. WAHIS : Et beaucoup de monde qui était là, voyait la scène ?

L’Interprète : Abantu benshi bari bahari babonye ibyabaye ?

le témoin 66 : Barabibonaga.

L’Interprète : Oui, on pouvait le voir.

Le Président : Monsieur l’avocat général ?

L’Avocat Général : Est-ce que le témoin peut nous confirmer, je parle de sa déclaration, page 10, que le 19 avril, sœur Gertrude est venue sous le prétexte de demander les identités, les noms des personnes pour qu’elles soient nourries, pour leur demander de dresser une liste ?

L’Interprète : Ushobora guhamya ko ku itariki ya 19, igihe sœur Gertrude yazanaga bya bipapuro byo kuba mwagombaga kwiyandikishaho, hari ubwo yagirango mushobore kubona imfashanyo ?

le témoin 66 : Njyewe icyo mpamyako,

L’Interprète : Ce que je peux confirmer,

le témoin 66 : Numva baragirango bamenye umuntu wari aho ngaho, babara.

L’Interprète : C’est que je pense que c’était un prétexte pour qu’ils se rendent compte du nombre de gens qui se trouvaient sur place.

L’Avocat Général : Oui, donc cette liste a été dressée, dit-elle, par un étudiant de l’université, un nommé KABERA, si je lis bien la déclaration, mais elle aurait appris après, par une personne Hutu, que cette liste avait été remise à Monsieur REKERAHO.

L’Interprète : Ngo iyo liste yanditswe n’umuntu wigishaga cyangwa n’umunyeshuli wo muri université… ?

le témoin 66 : Yari umunyeshuli wo muri université.

L’Interprète : C’est un étudiant de l’université.

L’Interprète : Waba wumvise ko iyo liste bayihaye REKERAHO ?

le témoin 66 : Narabyumvise, REKERAHO yabivugiye mu mbera byombi, yuko ababikira bamukoreye liste.

L’Interprète : Je l’ai entendu dire par REKERAHO lui-même, confirmant que ce sont les sœurs qui avaient dressé cette liste pour lui.

L’Avocat Général : Et alors, encore une brève remarque. Donc, l’intéressée a d’abord reçu deux balles dans le bras gauche, puis, est restée grièvement blessée et a passé toute la journée couchée parmi les cadavres. Elle a ensuite, encore reçu une autre balle qui avait ricoché sur sa nuque, semble-t-il, et puis après, encore un coup de massue sur la jambe, toujours lorsqu’elle était là, parmi les cadavres.

L’Interprète : Ngo bakurashe amasasu abiri mu kuboko, hanyuma ubona n’indi sasu ryanyuze iruhande ry’ijosi, hanyuma bagukubita mu mutwe n’ubuhiri. Ntabwo wavuwe, icyo gihe wakomeje kuguma mu ntumbi zari zirahongaho ?

le témoin 66 : Navuyemo ari kuwa gatandatu ku itariki 23 ninjoro, ari umuntu unkuyemo.

L’Interprète : C’est quelqu’un qui m’a fait sortir justement de là, un samedi nuit, parce que je ne pouvais pas marcher.

L’Avocat Général : Donc, elle a déclaré qu’elle a été portée par quelqu’un, sur le dos, jusque chez sa mère qui est, si mes souvenirs sont exacts, le premier témoin que nous avons entendu ce matin, Madame le témoin Vénérande.

L’Interprète : Niba, donc umuntu wagukuyemo, yarakujyanye akugeza impande za nyoko ? Ni uwitwa Veneranda le témoin bumvise mu gitondo ?

le témoin 66 : Hum.

L’Interprète : Oui, elle le confirme.

le témoin 66 : Ariko ntabwo ariho nabanje kujya.

L’Interprète : Mais ce n’est pas par-là que je suis allée en premier lieu.

le témoin 66 : Nabaye kuri uwo muntu nk’icyumweru n’igice,

L’Interprète : Cette personne qui m’a portée, chez qui je suis restée pendant environ une semaine et demie,

le témoin 66 : Nabanye nawe muri uko kwezi kwa gatanu.

L’Interprète : Je suis restée en sa compagnie tout ce mois de mai.

le témoin 66 : Kugeza ubwo Inkotanyi zaje, nivuje aruko Inkotanyi zije.

L’Interprète : Jusqu’à l’arrivée des Inkotanyi, c’est à ce moment que j’ai commencé à me faire soigner.

le témoin 66 : Kuko iyo nza kwivuza, murabibona ko aka kaboko kari gukira.

L’Interprète : Parce que vous vous rendez compte vous-même que si j’avais pu me faire soigner, mon bras ne serait pas dans cet état.

Le Président : Madame, vous rappelez-vous comment REKERAHO était habillé le 22 avril, lors des tueries ?

L’Interprète : Uribuka ukuntu REKERAHO yari yambaye ku itariki ya 22, igihe bica abantu ?

le témoin 66 : Ibyo kumbaza imyenda… ndumva ari ibintu bikomeye cyane kumbaza isura yabyo.

L’Interprète : Vous parlez de son accoutrement, je pense que c’est quelque chose de très fort pour moi parce que…

Le Président : C’était comment, son accoutrement ?

L’Interprète : Yari yambaye ate ?

le témoin 66 : Kumbaza ngo yari yambaye ate, isura… rwose ibyo ngibyo ndumva… ndumva ntabishobora, sinabona uko mbisobanura icyo gihe.

L’Interprète : Me demander comment il était habillé en ce moment, la couleur de ses habits, je pense que je suis incapable de vous expliquer comment il était à ce moment, vu la situation.

Le Président : Est-ce qu’il avait un appareil pour la voix, pour crier ses ordres ?

L’Interprète : Hari ikintu yarafite, yavugiragamo atanga amategeko ?

le témoin 66 : Yari afite micro.

L’Interprète : Oui, il avait un porte-voix.

Le Président : Est-ce qu’il n’avait pas un drapeau sur le dos, un drapeau d’un parti ?

le témoin 66 : Kandi yarayisanganwe kuko n’ubundi yari prezida wa MDR power, igihe cy’amashyaka.

L’Interprète : Iyo drapeau ? Iyo bendera, cyangwa iyo…

le témoin 66 : Ndakubwira iyo micro, yabaga yambaye n’ibintu bya MDR, ibara ritukura n’iry’icyatsi kibisi. Na mbere intambara itaratangira yabaga abifite.

L’Interprète : Il portait toujours, non seulement son porte-voix sur lui, mais aussi le drapeau du MDR, même bien avant la guerre, parce qu’il était un leader du MDR.

Le Président : D’autres questions ? Maître VERGAUWEN ? Vous aviez levé le doigt avant !

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie, Monsieur le président. Monsieur le président, le témoin est donc la fille de Madame Vénérande le témoin que nous avons vue ce matin. Est-ce que le témoin se souvient d’avoir, dans un premier temps, été entendu le même jour, à mon sens, que sa maman, que sa mère, par des enquêteurs d’African Rights, c’était en juillet 1995 ?

Le Président : Madame, avez-vous été entendue plusieurs fois par des personnes différentes, à propos des faits de Sovu ?

L’Interprète : Hari abantu benshi baje kubabaza ibyerekeye ibyabaye i Sovu ?

le témoin 66 : Ni benhi cyane sinibuka n’umubare.

L’Interprète : Les gens qui sont venus nous poser des questions sont tellement nombreux, je ne me souviens même pas de leur nombre.

Le Président : Vous vous souvenez des dates auxquelles vous avez été interrogée ?

L’Interprète : Uribuka amataliki bababarije ho ?

le témoin 66 : Ntabwo mbyibuka.

L’Interprète : Non, je ne me souviens pas.

le témoin 66 : Twarabajijwe cyane kandi na Parquet ya Butare yaratubajije.

L’Interprète : Nous avons été plusieurs fois interrogés et même par le Parquet de Butare.

Le Président : Oui, Maître VERGAUWEN.

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président. Donc, le témoin ne se souvient pas d’avoir été interrogée le même jour que sa mère, le 29 septembre 1995, par un enquêteur belge, par un homme blanc ?

Le Président : Je ne pose pas la question. Elle nous a dit qu’elle ne sait plus, enfin… ça ne fera pas beaucoup avancer les choses, de se souvenir si elle a été entendue ou pas. Vous avez, dans le dossier, un procès-verbal de son audition.

Me. VERGAUWEN : Bon, alors, si vous me permettez, Monsieur le président, une fois que le témoin sera parti, je me permettrai de faire un commentaire.

Le Président : Mais bien sûr, tout à fait. Je crois qu’il faut quand même être clair. Que le témoin se souvienne de la date à laquelle il a été interrogé par telle ou telle personne, cela a-t-il de l’importance ?

Me. VERGAUWEN : Monsieur le président, vous savez, je crois que vous savez bien où je veux en venir. C’est très important.

Le Président : Ah, si c’est pour relever des contradictions …

Me. VERGAUWEN : Monsieur le président, c’est quand même assez important. Le témoin, à l’époque, a été entendu à deux reprises, une fois par des enquêteurs d’African Rights, une fois par des enquêteurs belges et devant les enquêteurs d’African Rights et devant les enquêteurs belges, elle ne s’en souvient pas maintenant, elle avait parlé de sœur Kizito avec un bidon d’essence et n’avait jamais parlé de sœur Gertrude à l’époque. Alors, je crois que la question est très importante puisqu’aujourd’hui, elle met en cause sœur Gertrude en disant que sœur Gertrude a également versé de l’essence. Est-ce que vous ne trouvez pas cela important ?

Le Président : Que vous releviez que, dans des déclarations qu’elle a faites, par rapport à celle qu’elle fait ici, ou par rapport à celle qu’elle a faites à Monsieur TREMBLAY, il y ait des contradictions, je le conçois aisément que vous releviez cela. Mais, de poser la question de savoir, de se souvenir si à telle date elle a été interrogée par telle personne, je crois que ça n’a pas d’intérêt d’autant que vous avez la date, l’identité de l’enquêteur, dans le procès-verbal.

Me. VERGAUWEN : Monsieur le président, pourquoi croyez-vous que je lui ai demandé. Je respecte le témoin. Pourquoi croyez-vous que je lui ai demandé, avec sa maman, le 29 septembre ? Je sais bien qu’elle ne se souvient pas du 29 septembre. Et pourquoi je lui ai dit : « Un homme blanc ? ». Parce que ça marque, évidemment.

Le Président : Bien. Enfin, je crois que… je pense qu’il vaudrait mieux que vous fassiez effectivement le commentaire après l’audition du témoin, Maître VERGAUWEN. Y a-t-il une autre question ? Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, pourriez-vous demander au témoin, c’est une question un petit peu classique mais comme elle n’a pas évoqué le sujet, il faut le lui demander, si elle connaît les frères de sœur Kizito, si elle les a vus, eux, au moment des faits et si elle aurait vu sœur Kizito rencontrer ses frères au moment des faits, s’il vous plaît. Donc, la famille de sœur Kizito.

Le Président : Madame, connaissez-vous les frères de sœur Kizito ?

L’Interprète : Uzi basaza ba sœur Kizito ?

le témoin 66 : Hari uwo njya numva bita MACAPA,

L’Interprète : J’entends parler d’un certain MACAPA,

le témoin 66 : Hari undi witwa Silasi,

L’Interprète : Un autre du nom de Silas,

le témoin 66 : Hari na murumuna we witwa Florida, we twariganye nimba ariwe muhererezi simbizi iwabo w’umukobwa,

L’Interprète : Une petite sœur à elle qui s’appelle Florida et avec qui j’ai fréquenté la même école.

le témoin 66 : Na nyina ndamuzi usibye ko ntibuka izina, urumva icellule,

L’Interprète : Je connais même sa mère, à part que je ne me souviens pas de son nom,

le témoin 66 : Dutuye muri selire imwe, segiteri imwe,

L’Interprète : Ils habitent dans la même cellule, même secteur,

le témoin 66 :  komine imwe, urumva yuko, mu rugo iwabo ndahazi nuko ntahagendaga.

L’Interprète : Même commune. Je connais sa famille, je connais chez elle à part le fait que je ne leur rendais pas visite. 

Le Président : Le 22 avril, le jour de l’attaque du centre de santé, avez-vous vu, de vos yeux vu, les frères ou un des frères de Kizito ?

L’Interprète : Ku itariki ya 22 igihe ikigo giterwa, centre de santé iterwa, waba warabonye n’amaso yawe ubwawe warabiboneye, basaza ba sœur Kizito ?

le témoin 66 : Nk’uwo witwa Silas n’uwo mukuru we MACAPA, narababonye ariko mu Rwanda birakomeye kuvuga ngo wabonye kanaka aha ngaha, utaramubonye yica kanaka wundi.

L’Interprète : Celui-là, du nom de Silas et l’autre, du nom de MACAPA, je les ai vus. Mais au Rwanda, il est très difficile de dire qu’on a vu telle ou telle personne si on ne les a pas vues à l’œuvre, si on ne les a pas vues en train de tuer.

Le Président : Vous ne les avez pas vus en train de tuer ?

L’Interprète : Urumva bari benshi cyane, nababonye ahongaho bahagaze, baraye bishe kuwa gatandatu, sinakubwira ngo bishe kanaka. N’ubwo bari bakica ariko nababonaga inyuma y’ikigo, sinzi uwo bishe.

L’Interprète : Je les ai vus le lendemain, ils avaient passé la nuit à tuer des gens, à ce moment, je les ai vus aussi en compagnie d’autres mais je les voyais à travers la clôture, c’était derrière la clôture.

Le Président : Et dans la journée du 22 avril, ou la soirée du 22 avril, avez-vous vu sœur Kizito parler avec un de ses frères ?

L’Interprète : Ku manwa cyangwa nimugoroba ku itariki ya 22, hari ubwo waba warabonye Kizito aganira na basaza be cyangwa n’umwe muribo ?

le témoin 66 : Ntabyo nabonye.

L’Interprète : Non, je ne les ai pas vus.

Le Président : Une autre question ? Ce n’est pas parce qu’on a trouvé un arrangement qu’il faut prolonger inutilement. Mais si vous voulez, j’apprécierai si oui ou non, cette question doit être posée.

Me. JASPIS : Simplement de savoir depuis combien de temps elle connaissait sœur Kizito, je veux dire, est-ce qu’elles se connaissaient, est-ce qu’elle la connaissait, puisqu’elle est plus jeune, depuis l’enfance ? Mon but est simplement de voir dans quelle mesure il est vraisemblable que des personnes de la région…

Le Président : N’expliquez pas en plus parce qu’alors on va…

Me. JASPIS : …puissent confondre sœur Kizito avec quelqu’un d’autre, c’est tout.

Le Président : Connaissiez-vous sœur Kizito depuis longtemps ?

L’Interprète : Wari usanzwe uzi Kizito kuva kera ?

le témoin 66 : Nari nsanzwe muzi.

L’Interprète : Je la connaissais depuis longtemps.

Le Président : Une autre question ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous avez faites aujourd’hui ?

L’Interprète : Urahamya ibyo wavuze uyu munsi ?

le témoin 66 : Nabihamya kuko aribyo nivugiye imbere y’Urukiko kandi mbona ko bimfitiye akamaro, kuko…

L’Interprète : Je le confirme parce que c’est moi-même qui l’ai déclaré devant la Cour et je pense que c’est très important pour moi,

le témoin 66 : Kuko mbona ko mushobora kundeganura.

L’Interprète : Parce que je pense que vous allez pouvoir rendre justice.

Le Président : La Cour, Madame, vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer maintenant de votre temps tout en restant, administrativement, à la disposition de la Cour pour pouvoir organiser votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye kandi rugusabye kuba waguma mu maboko yarwo, kugeza igihe uzasubirira mu Rwanda.

le témoin 66 : Ndabashimiye, murakoze.

L’Interprète : Je vous remercie.

le témoin 66 : Ariko icyo nongeraho, mwambariza n’abantu bari muri couvent, kuko harimo na data wacu, mukabambariza aho baba baragiye.

L’Interprète : Je peux…

Le Président : Oui, elle a dit quelque chose ?

L’Interprète : Elle dit qu’elle vous remercie également, mais elle souhaiterait que vous demandiez à ceux qui se trouvaient au couvent, où sont passés les siens parce que, parmi eux, il y avait aussi son oncle.

Le Président : Bien. Maître VERGAUWEN, vous avez la parole pour le commentaire.

Me. VERGAUWEN : Monsieur le président, je crois que vous venez de dire tout à l’heure que j’avais fait mon commentaire.

Le Président : Il me semble assez, oui, il y en a peut-être d’autres, hein, il y avait peut-être d’autres contradictions que vous souhaitiez relever.

Me. VERGAUWEN : Non, je n’ai pas d’autres commentaires à faire. Peut-être un petit commentaire alors, à Maître BEAUTHIER. Il s’agit ici de ce que vous avez entendu, ce n’est pas mon genre, mais c’est peut-être un mensonge qui n’est peut-être pas très catholique, celui-là, celui que vous avez entendu, puisque pour l’autre témoin, nous avons entendu Maître BEAUTHIER nous parler des mensonges catholiques. Eh bien, voici un mensonge qui n’était peut-être pas très catholique.

Le Président : D’accord. C’est un commentaire ou vous souhaitez que le témoin soit poursuivi pour faux témoignage ?

Me. BEAUTHIER : Idiote, Monsieur le président, c’est une attaque idiote, je n’y répondrai pas, on ne va pas perdre son temps là-dessus.

Le Président : Oui, mais vous souhaitez que le témoin soit poursuivi pour faux témoignage ? Maître VANDERBECK, s’il s’agit d’un commentaire ?

Me. VANDERBECK : Ce sera un commentaire, Monsieur le président. Je me suis abstenu de poser des questions pour pouvoir faire ce commentaire parce que je ne pense pas qu’il était nécessaire de poser la question pour avoir la réponse par rapport au commentaire que je voulais faire et aux éternelles contradictions qui existent entre les différentes versions des témoins qui défilent devant nous. Inutile de rappeler les dates, je ne pense pas que c’est là que figure la contradiction, mais aujourd’hui, j’en ai noté une de taille, une de plus, concernant Madame le témoin 66, sur quelque chose qui n’est pas particulièrement un détail. C’est sur la question de savoir qui a dressé les listes, qui a procédé à des recensements lorsqu’ils étaient au centre de santé et les raisons pour lesquelles ces recensements et ces listes ont été constitués. C’est un point important que vous abordez systématiquement dans vos questions, nous vous en sommes reconnaissants parce que sinon, nous devrions l’aborder à travers des questions, nous-mêmes. Une fois de plus, on a des versions totalement différentes. Alors, je ne vais pas les reprendre toutes. En résumé, sans lire les déclarations, on peut dire ceci. Dans une version de la Commission rogatoire, c’est Kizito seule qui fait des listes. Dans une version d’African Rights, ce sont Kizito et Gertrude. Dans une version des Nations-Unies, c’est Gertrude.

Alors, je peux concevoir que de quatre à cinq ans d’écart, on puisse se tromper, on puisse oublier, on puisse oublier d’avoir dit ceci mais aujourd’hui, à l’audience, le témoin a dit deux choses différentes sur cette question des listes. Quand vous l’avez questionnée, elle a dit que c’était Kizito qui avait dressé les listes. Et sur question de Monsieur l’avocat général qui lui demandait de confirmer que c’était bien Gertrude qui avait dressé les listes, elle a dit oui. Je ne veux pas embrayer sur le mensonge, Monsieur le président, je veux simplement faire état de ceci. Je voudrais aussi dire à l’adresse des jurés, puisqu’une explication a été donnée quant au fait qu’elle était fort perturbée, qu’elle avait eu des coups épouvantables, je l’imagine bien, et je n’ai pas besoin du rapport d’un médecin légiste pour m’en convaincre. Tout ce que je veux dire, c’est que quand elle a été entendue par les Nations-Unies, c’était le 23 février 1999 et, sauf erreur de ma part, un médecin légiste pourrait nous le dire, elle n’était plus en convalescence.

Le Président : Bien. Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Je peux faire un commentaire sur le commentaire, Monsieur le président, et puis, on en restera là ?

Le Président : Non. C’est un commentaire à propos du témoignage et pas de commentaire de commentaire, parce que ça, ça devient de la plaidoirie.

Me. JASPIS : Honnêtement, c’est un commentaire du commentaire, donc je m’abstiendrai, honnêtement. Je reviendrai plus tard.

Le Président : Ah ! Vous aurez un temps de plaidoirie. Le témoin le témoin 7 peut venir demain. Eh bien, c’est une excellente idée que ce témoin vienne demain, dans l’après-midi, 13h30, comme le témoin 115 le témoin 136, ça va… ? Bien, on va peut-être suspendre un quart d’heure puisqu’il nous reste encore trois témoins, je crois. Donc, l’audience est suspendue, elle reprend à 25.