assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 70
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.30. Audition des témoins: le témoin 70

Le Président : Alors, Madame le témoin 70. Madame, vous souhaitez un interprète ?

le témoin 70 : Oui.

Le Président : Voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe ?

L’Interprète : le témoin 70.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

le témoin 70 : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 70 : 48.

L’Interprète : 48 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

L’Interprète : Umwuga wawe ?

L’Interprète : Je suis religieuse.

le témoin 70 : Ndi umubikira.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ?

L’Interprète : Utuye muri komine yihe ?

le témoin 70 : Maraba.

L’Interprète : Commune Maraba.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés, avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Wari uzi abaregwa cyangwa bamwe muribo, mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?

Le Président : Connaissez-vous Monsieur NTEZIMANA ?

L’Interprète : Wari uzi Bwana NTEZIMANA,

le témoin 70 : Ntabwo narimuzi.

L’Interprète : Je ne le connaissais pas.

Le Président : Connaissiez-vous Monsieur Alphonse HIGANIRO ?

L’Interprète : Wari uzi Bwana Alphonse HIGANIRO ?

le témoin 70 : Ntabwo narimuzi ariko narinzi izina rye, nanamuboneraga kure.

L’Interprète : Je ne le connaissais pas personnellement, mais je connaissais son nom et puis, je le voyais de loin.

Le Président : Connaissiez-vous sœur Gertrude et sœur Maria Kizito ?

L’Interprète : Wari uzi sœur Gertrude na sœur Maria Kizito ?

le témoin 70 : Narimbazi kuko twabanye.

L’Interprète : Je les connaissais parce que nous avons vécu ensemble.

Le Président : Etes-vous de la famille des accusés, ou de la famille de ceux qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Haricyo upfana n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?

le témoin 70 : Bose ntacyo dupfana uretse ko bose ari abanyarwanda n’abanyarwandakazi.

L’Interprète : Nous n’avons pas de lien de parenté, à part qu’ils sont tous Rwandais et Rwandaises.

Le Président : Travaillez-vous sous un lien de contrat d’emploi pour les accusés, ou pour ceux qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Waba ukorera abaregwa cyangwa abaregera indishyi, baguhemba ?

le témoin 70 : Ubundi n’uko abahano aribo bampamagaye, nkaba nitabye. Ubucamanza bwa hano nibwo bwantumiye, none nitabye.

L’Interprète : [Inaudible]

Le Président : Etes-vous la domestique des accusées, ou la domestique de ceux qui réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Icyo yashakaga kuvuga, arabaza niba haricyo ubakorera, bakuriha. Nta mulimo ubakorera ?

le témoin 70 : Bariye, ababikira twabanaga muri communauté imwe, nta wundi murimo numva mbakorera.

L’Interprète : Non, il n’y a pas… je ne travaille pas pour elles, c’est parce qu’on a vécu ensemble dans la même communauté, c’est tout.

Le Président : Alors, voulez-vous bien lever la main droite, et prononcer le serment de témoin ?

L’Interprète : Ushobora kuzamura akaboko k’iburyo, ugasoma ibi ?

le témoin 70 : Ndahiriye kuvuga ukuri, ukuri gusa, nta rwango nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir, tous les deux. Madame, au mois d’avril 1994, vous vous trouviez au couvent Saint-Benoît, à Kigufi.

L’Interprète : Mu kwezi kwa kane kwa 94, wari mu kibikira cy’i Kigufi ?

le témoin 70 : Niho narindi.

L’Interprète : Oui, je m’y trouvais.

Le Président : C’est avant cela que vous avez fait la connaissance de sœur Gertrude et de sœur Marie-Kizito ?

L’Interprète : Ni mbere y’icyo gihe waba waramenyanye na sœur Gertrude na sœur Kizito ?

L’Interprète : Oui, c’est bien avant ça, parce que j’ai vécu avec elles bien avant, quand je commençais à vivre à Sovu.

Le Président : Que pouvez-vous dire de la personnalité de sœur Gertrude et de la personnalité de sœur Kizito ?

L’Interprète : Wavuga iki ku byerekeye imyitware ya sœur Gertrude na sœur Kizito ?

le témoin 70 : Kuri sœur Gertruda,

L’Interprète : A propos de sœur Gertrude,

le témoin 70 : Nshobora kugira icyo mvuga kuko twabanye ari imbere yanjye,

L’Interprète : Je peux dire quelque chose parce que nous avons vécu ensemble et elle était devant moi.

le témoin 70 : Naho Maria-Kizito yari umunovise, tabwo twakundaga kuvugana no kubonana.

L’Interprète : Quant à Marie-Kizito, elle était novice et on ne se parlait pas souvent, on ne se voyait pas fréquemment.

Le Président : Alors, que pouvez-vous dire de sœur Gertrude ?

L’Interprète : Kuri sœur Gertrude, wamuvugaho iki ?

le témoin 70 : Mama Gertruda twabanage muri communauté. Yari umuntu ugerageza gukurikiza amategeko yo mu muryango.

L’Interprète : Sœur Gertrude, nous vivions ensemble dans la même communauté, c’est quelqu’un qui avait le souci de respecter les règles de la communauté.

le témoin 70 : Iyo umuntu yabaga yakosheje,

L’Interprète : Si quelqu’un avait commis une faute,

le témoin 70 : Ntabwo yabyihanganiraga, yashobora nko kumutonganya,

L’Interprète : Elle ne pouvait pas le supporter, et elle était capable de l’enguirlander,

le témoin 70 : Ariko yaba abonye yibeshye akasaba umuntu imbabazi, yihereyeho.

L’Interprète : Mais, si elle se rendait compte que c’est elle qui avait eu tort, elle présentait ses excuses à la personne… on peut donner un exemple en commençant par soi-même…

le témoin 70 : Ndumva nta kindi navuga.

L’Interprète : Je pense que je n’ai rien d’autre à ajouter.

Le Président : En ce qui concerne les événements qui sont arrivés au début du mois d’avril 1994, au couvent de Kigufi,

L’Interprète : Ibyabaye mu kwezi kwa kane 94, mu kibikira cy’i Kigufi,

Le Président : Le président le témoin 32 a été tué le 6 avril 1994,

L’Interprète : Prezida le témoin 32 yishwe ku itariki ya 6 y’ukwezi kwa kane muri 94,

Le Président : Votre couvent a-t-il été attaqué dès le lendemain, le 7 avril, ou seulement le surlendemain, le 8 avril ?

L’Interprète : Bukeye bwaho, ikigo cyanyu, cyaratewe ku itariki ya 7 cyangwa se ku munsi wakurigira ku itariki ya 18, mu kwezi kwa kane ?

le témoin 70 : Ntabwo amatariki nyazi neza,

L’Interprète : Je ne suis pas certaine des dates.

le témoin 70 : Icyo nzi n’uko yamaze gupfa,

L’Interprète : Ce que je sais c’est qu’après sa mort,

le témoin 70 : Twari dutuye hafi ya diocèse ya Nyundo,

L’Interprète : Nous habitions tout près du diocèse de Nyundo,

le témoin 70 : Twumva bavuze ko bagiye bica abapadiri n’ababikira n’abandi bantu.

L’Interprète : Et on a entendu dire que les prêtres et les sœurs et d’autres personnes avaient été massacrés.

le témoin 70 : Il y a une sœur qui était très âgée qui disait : « Les gens ne tuaient pas facilement les religieux et les religieuses et maintenant on les a tués. Qu’est-ce que les gens vont faire ? Où est-ce qu’ils vont aller ? ». Icyo gihe,

L’Interprète : A ce moment,

le témoin 70 : Twari dufite umuganga twari duturanye witwaga Benoît le témoin 123,

Le Président : Il y avait un médecin voisin, du nom de Benoît le témoin 123 ?

le témoin 70 : Yari yaje gusura umuntu wari iwacu wari waragize accident,

L’Interprète : Il était venu soigner quelqu’un qui se trouvait chez nous, qui avait eu un accident.

le témoin 70 : Icyo gihe ngo haje abasirikare kumutwara

L’Interprète : A ce moment, il paraît qu’il y a des militaires qui sont venus le prendre,

le témoin 70 : Cyokora sinababonye,

L’Interprète : Mais je ne les ai pas vus,

Vérédiane le témoin 70 : Ariko nagize ubwoba, hanyuma uwari Mameya w’urugo, wari umubikira w’umubiligikazi,

le témoin 70 : Mais j’ai pris peur et celle qui était la sœur supérieure, une Belge,

le témoin 70 : Ngo yaba yaratanze amafaranga ageze nko ku 80.000 ngo bamugarure.

L’Interprète : Il paraît qu’elle aurait donné environ 80.000 FB pour qu’on fasse… qu’on ramène le médecin.

le témoin 70 : Icyo gihe bamaze kumugarura yaraje, aba ari hamwe na wa mubyeyi yaramaze iminsi avura,

L’Interprète : Lorsqu’on l’a ramené, il est resté auprès du malade qu’il soignait depuis un bon bout de temps,

le témoin 70 : Ariko atari ukumwitaho kubera ko nawe yumvaga afite ubwoba.

L’Interprète : Mais ce n’était pas pour s’occuper de lui, mais c’est parce qu’il avait lui-même très peur.

le témoin 70 : Nyuma twarabimuye, nyuma baje kuvuga ko umwana we, wa muganga, umwana mukuru w’imfura witwa Olivier,

L’Interprète : On a dit après que son fils aîné, du nom d’Olivier,

le témoin 70 : Yaje i Kigufi,

L’Interprète : Est venu à Kigufi,

le témoin 70 : Aravuga ngo mama we bamupfukamishije,

L’Interprète : Et il a dit qu’on avait fait agenouiller sa mère,

le témoin 70 : Ko bamusabaga amafaranga,

L’Interprète : Et qu’on lui demandait de l’argent,

Vérédiane le témoin 70 : Uwo mwana yavuze ko yabaye nkuwishakisha kujya kuyazana, ahita aza iwacu kutubwira.

L’Interprète : Et ce garçon, il a fait semblant d’aller chercher l’argent mais il s’est rendu immédiatement au couvent et il est venu me le dire.

le témoin 70 : Hanyuma yaraje, abibwiye ise,

L’Interprète : Lorsqu’il est venu, et qu’il a raconté l’histoire à son père,

le témoin 70 : Twashatse amafaranga turayamuha,

L’Interprète : Nous avons cherché l’argent et nous le lui avons remis,

le témoin 70 : Cyokora sinibuka umubare.

L’Interprète : Mais je ne sais pas combien, je ne sais plus combien.

le témoin 70 : Nta nubwo yayanze yose, ise yayagabanyijemo kabiri, amwe yarayanshubije kuko yari yihebye.

L’Interprète : Il n’a pas pris tout l’argent, son père l’a divisé en deux, et il m’a donné l’autre partie, parce qu’il avait perdu tout espoir.

le témoin 70 : Hanyuma uwo mwana yaragiye ajya mu rugo,

L’Interprète : L’enfant est retourné à la maison,

le témoin 70 : Mu masaa sita yuzuye bazana na mama we n’abandi bana, kuko bari bafite abana bane.

L’Interprète : Et, vers midi, il est revenu en compagnie de sa mère et de quatre autres enfants, parce qu’ils en avaient cinq,

le témoin 70 : Bari bafite bane : Olivier na Sylvia, n’abandi bane.

L’Interprète : Olivier, Sylvie et quatre autres.

Le Président : Ca fait six.

le témoin 70 : Bari batandatu. Bose hamwe bari batandatu.

L’Interprète : Ils étaient six.

le témoin 70 : Hanyuma baraje,

L’Interprète : Ils sont venus,

le témoin 70 : Tubashyira mu nzu twari tumaze kuzuza ikomeye,

L’Interprète : Nous les avons placés dans une maison qu’on venait à peine de construire,

le témoin 70 : Nuko turabafungurira,

L’Interprète : Nous leur avons donné à manger,

le témoin 70 : Hanyuma turakinga, njyewe ubwanjye narakinze n’imfunguzo urugi rwari inyuma.

L’Interprète : Et moi, personnellement, j’ai fermé la porte en fer.

le témoin 70 : Hanguma ndagaruka mu rugo rwacu,

L’Interprète : Et je suis retournée au couvent,

le témoin 70 : Mu masaa cumi n’imwe n’iminota 5,

L’Interprète : Et, vers 17h05,

le témoin 70 : Twagombaga kujya mu misa nimugoroba,

L’Interprète : Nous avions la messe le soir,

le témoin 70 : Nibeshye.

L’Interprète : Je me suis trompée.

le témoin 70 : Mbere y’iyo saaha, ndumva ari mu masaa cyenda, kuko yari yabonanye na muganga kare, n’uwo mupadiri, nyuma uwo mupadiri yarambwiye ngo, uwo mupadiri witwa Yohani-Batista le témoin,

L’Interprète : Je pense qu’il était vers 15h00, ou plus tôt, parce que…

L’Interprète : Uravuga Olivier ?

le témoin 70 : Oya, ni muganga. Benoît.

L’Interprète : Ninde wari wabonanye na muganga ?

le témoin 70 : Muganga Benoît, yari yasuranye na Yohani-Baptista, hanyuma barantuma ngo ninjye kumubazanira. Njya kuzana Benoît.

L’Interprète : Je pense que c’était vers 15h00, parce que le médecin avait rencontré, avait rendez-vous avec le témoin 11, et qu’il m’a envoyé chercher le médecin.

L’Interprète : Nibyo ?

le témoin 70 : Nibyo.

L’Interprète : C’est ça.

le témoin 70 : Yaraje baravugana,

L’Interprète : Il est venu et ils se sont entretenus,

le témoin 70 : Bonyine.

L’Interprète : Seuls.

le témoin 70 : Nyuma rero mbasubizayo, asanga umuryango we,

L’Interprète : Après, je l’ai ramené auprès de sa famille,

le témoin 70 : Ndongera ndakinga.

L’Interprète : J’ai refermé la porte.

le témoin 70 : Nyuma saa kumi n’imwe zirenzeho itanu,

L’Interprète : Et, à 17h05,

le témoin 70 : Bari bavugije inzogera ngo tujye mu misa.

L’Interprète : La sonnerie pour nous rendre à la messe a sonné.

le témoin 70 : Hanyuma,

L’Interprète : Après,

le témoin 70 : Twumvise induru nyinshi,

L’Interprète : Nous avons entendu beaucoup de cris,

le témoin 70 : Ubwo naringiye kuzana, nazanye divayi yo gutegurira uwo mupadiri washakaga gusoma misa ariko adashoboye kujya gusomera misa hamwe n’abandi.

L’Interprète : J’avais préparé le vin pour ce prêtre qui allait dire la messe parce qu’il ne pouvait pas la dire en compagnie des autres prêtres,

le témoin 70 : Hanyuma twumva induru iravuze, twumva baraduteye.

L’Interprète : Alors, nous avons entendu les cris et puis, on a su qu’on était attaqué

le témoin 70 : Hanyuma batema inzugi ebyiri,

L’Interprète : Ils ont défoncé deux portes,

le témoin 70 : Bica umukobwa waruhari witwaga Ancilla,

L’Interprète : Ils ont tué une fille qui se trouvait là, du nom d’Ancille,

le témoin 70 : Nyuma baza natwe kudushaka,

L’Interprète : Et après, ils sont venus à notre recherche,

le témoin 70 : Bari bishe n’umukozi wacu ariko.

L’Interprète : Ils avaient tué aussi, entre-temps, un de nos employés.

le témoin 70 : Baraza, batemye urugi rumwe, bendaga kugera aho turi,

L’Interprète : Lorsqu’ils ont défoncé une porte qui était proche de là où nous nous trouvions,

le témoin 70 : Kuko twumvise urusaku,

L’Interprète : En entendant les cris,

le témoin 70 : Ababikira bane, ndumva twari bane, twarahungiye muri salle de bain.

L’Interprète : Nous étions, je pense, à quatre religieuses, nous nous sommes réfugiées dans une salle de bain.

le témoin 70 : Umwe wari ufite ka telefoni karasona,

L’Interprète : Une avait un téléphone, qui a sonné,

Vérédiane le témoin 70 : Hanyuma abari inyuma y’inzu baravuga ngo : « Murahamagara abasirikare se sibo batwohereje ? ».

L’Interprète : Et ceux qui se trouvaient derrière la maison ont dit : « Vous êtes en train d’appeler les militaires, alors que ce sont eux qui nous ont envoyés ».

le témoin 70 : Noneho mu kanya twumva twumva urusaku, twumva imiriri, imirindi,

L’Interprète : Après un moment, nous avons entendu le bruit de pas.

le témoin 70 : Bari bamenye ngo aho Benoît ari.

L’Interprète : Ils avaient découvert la cachette de Benoît.

Vérédiane le témoin 70 : Ko batemaga inzugi, umwana bari bambwiye ko bashobora kuba… ko ngo yavuze ngo ababikira babagezeho kandi arijye bashakaga. Aravuga ngo ababikira babagezeho ngo ariwe bashakaga, niwe wiranze aho ari.

L’Interprète : Je pense que c’est le fils…

le témoin 70 : Benoît, Benoît ni se, abahungu ni Olivier. Olivier yambwiye ko ashobor kuba yaravuze ngo ababikira abagezeho kandi ariwe bashaka.

L’Interprète : Bashaka Olivier ?

le témoin 70 : Bashaka Benoît.

L’Interprète : Olivier m’a dit que les tueurs étaient arrivés auprès des sœurs, alors que c’est Benoît qu’ils cherchaient.

le témoin 70 : Yaranze aho ari, ngo yaravuze ngo : « Ni hano ».

L’Interprète : Il a indiqué là où il se trouvait. Il a dit : « Je me trouve ici ».

le témoin 70 : Ndabyemera kuko numvise ukuntu birukanka.

L’Interprète : Je crois à cette version parce que je les ai entendus courir.

le témoin 70 : Ubwo rero bajyanye, ngirango bagiye nko mu mangazini yacu, bahakura ibikoresho byose n’inyundo n’iki…

L’Interprète : Je pense qu’ils se sont rendus dans notre magasin où ils ont pris toutes sortes d’outils, les marteaux et le reste.

le témoin 70 : Hanyuma barabasohora babashyira hanze.

L’Interprète : Ils les ont fait sortir,

le témoin 70 : Ntabwo nabibonye,

L’Interprète : Je ne l’ai pas vu,

le témoin 70 : Ariko numvaga umwana umwe wavugaga,

L’Interprète : Mais j’entendais un des enfants dire que, 

le témoin 70 : Ko biraza amasinde.

L’Interprète : Ngo iki ?

le témoin 70 : Ko biraza amasinde, birakomeye kubihindura. Ko barimo kubica, ibintu birakomeye.

L’Interprète : Bivuga iki ?

le témoin 70 : Urabona umuntu wapfuye, baracukura, bakarundarunda utugufa. Njye ngirango yagombaga kuba aricyo avuga, kuko yavugaga ngo biraza amasinde kandi wumva bariho babakubita.

L’Interprète : …Ca, c’est très difficile à traduire… mais elle veut dire que la situation était devenue très grave parce qu’elle les entendait, ces gens-là, les battre… battre ceux qu’ils avaient fait sortir. « Kuraza amasinde », en kinyarwanda, c’est un proverbe qui est très difficile à traduire. Ceux qui le savent peuvent… elle-même, elle ne sait pas donner une autre version.

le témoin 70 : Birakomeye.

Le Président : Les gens qui sont venus attaquer le couvent et qui étaient à la recherche de Benoît et de sa famille,

L’Interprète : Abaje gutera ikigo bashaka Benoît n’umuryango we,

Le Président : Disaient-ils qu’ils étaient envoyés par Monsieur HIGANIRO ?

L’Interprète : Bavugaga ko yari HIGANIRO wari ubohereje ?

le témoin 70 : Icyo gihe nta muntu wari kuvuga ngo yoherejwe n’undi.

L’Interprète : A ce moment, personne ne pouvait dire qu’il avait été envoyé par telle ou telle autre personne.

le témoin 70 : Bumvaga ari akazi bagomba gukora ku manwa.

L’Interprète : Ils sentaient que c’était le travail qu’ils devaient accomplir, pendant la journée.

le témoin 70 : Nta kindi numvise bavuga kandi nari mfite ubwoba.

L’Interprète : Je ne les ai pas entendu dire autre chose et j’avais très peur.

Le Président : Connaissez-vous le témoin 3 et le témoin 12 ?

L’Interprète : Uzi le témoin 3 na le témoin 12,

le témoin 70 : Ndabazi, n’abakozi bakoraga kuri uwo mugabo.

L’Interprète : Je les connais, ce sont des gens qui travaillaient chez ce monsieur.

le témoin 70 : Bagira n’ibipfano, uko wumva uko ari babili.

L’Interprète : Ils ont un lien de parenté entre eux.

Le Président : Avez-vous vu le témoin 3 et le témoin 12, parmi les assaillants du couvent ?

L’Interprète : Waba warabonye le témoin 3 na le témoin 12 mu bateye ikigo ?

le témoin 70 : Nari nifungiranye muri salle de bain,

L’Interprète : J’étais enfermée dans la salle de bain,

le témoin 70 : Nta kintu nabonye.

L’Interprète : Je n’ai rien vu.

Le Président : Avez-vous entendu la voix du témoin 3 ou du témoin 12, parmi ceux qui attaquaient le couvent ?

L’Interprète : Waba warumvise ijwi rya le témoin 12 cyangwa rya le témoin 3 mu bateraga ikigo ?

le témoin 70 : Amajwi yari menshi cyane,

L’Interprète : Les voix étaient nombreuses,

le témoin 70 : N’umutima wanjye wari wangiye mu mutwe, ntabwo nari ku...

L’Interprète : Et j’avais très peur, mon cœur se trouvait à la place de mon cerveau, je ne pouvais rien deviner.

Le Président : Savez-vous à quel endroit les corps de Benoît et des membres de sa famille qui ont été tués au couvent de Kigufi ont été enterrés ?

L’Interprète : Uzi aho imirambo ya Benoît n’iyabo mu muryango we biciwe mu kigo, i Kigufi, baba barahambwe ?

le témoin 70 : Bambwiye aho ariho,

L’Interprète : On m’a dit l’endroit, on m’a indiqué l’endroit,

le témoin 70 : Ariko kuko hari hafi y’ivuriro,

L’Interprète : Mais comme c’était tout près du dispensaire,

Vérédiane le témoin 70 : Ntabwo nari gutambuka ngo ngereyo nanjye nari mfite ubwoba,

L’Interprète : Je ne pouvais pas m’y rendre parce que j’avais aussi très peur. Je restais à l’intérieur de la maison et dans le potager, je ne me rendais nulle part ailleurs.

le témoin 70 : Nagumaga mu nzu no mu mulima, muri potager, nta handi najyaga.

Le Président : Avez-vous vu éventuellement que le témoin 3 et le témoin 12 pillaient la maison de Benoît ?

L’Interprète : Waba warabonye le témoin 3 na le témoin 12 basahura inzu ya Benoît ?

le témoin 70 : Nshobora kubibona gute se ntasohotse ?

L’Interprète : Comment je pouvais le voir, alors que je ne sortais pas ?

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Je vous remercie, Monsieur le président.

Le Président : Le jury a accepté de siéger jusqu’à 18h30, il est 31, je vous le signale…

Me. JASPIS : Avant, une toute petite question.

Le Président : Mais oui, je…

Me. JASPIS : Est-ce que le témoin pourrait nous préciser si l’endroit où la famille le témoin 123 a été ensevelie, se trouve entre le dispensaire et la maison de HIGANIRO ? Parce qu’on dit toujours : « Près du dispensaire… », mais c’est un quadrilatère !

Le Président : Savez-vous si l’endroit où les corps de la famille de Benoît et de sa famille sont enterrés, se trouve entre le dispensaire et la maison, la villa de Monsieur HIGANIRO ?

L’Interprète : Waba uzi neza niba aho Benoît n’umuryango we bashyinguwe, haba ari hagati ya dispensaire, donc ivuriro n’inzu ya HIGANIRO ?

le témoin 70 : Hashobora kuba ari hagati,

L’Interprète : Il se peut que ce soit entre les deux,

le témoin 70 : Kuko hagomba kuba hagomba kuba ari akarima k’ivuriro.

L’Interprète : Parce que, à cet endroit, se trouve un petit champ qui appartient au dispensaire.

Le Président : Une autre question ? Oui, Maître JASPIS.

Me. JASPIS : Monsieur le président, je voudrais savoir si le témoin se trouvait bien au monastère de Kigufi, début 1991 ?

Le Président : Vous trouviez-vous au monastère de Kigufi au début de l’année 1991 ?

L’Interprète : Wari muri monastère y’i Kigufi mu itangiriro ry’umwaka 91 ?

le témoin 70 : Nagiyeyo mu kwezi kwa karindwi muri 92.

L’Interprète : J’y suis allée au mois de juillet, en 1992.

Me. JASPIS : Donc, pas avant. Il y avait une autre sœur Vérédiane, mais ce n’était pas elle qui se trouvait là, début 1991. Voilà, c’est tout.

Le Président : Une autre question ? Plus d’autres questions ? Les parties sont d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous avez faites ? Persistez-vous dans ces déclarations ?

L’Interprète : Urahamya kandi uremeza ibyo umaze kuvuga ?

le témoin 70 : Ndabihamya nkabyemeza, uko nabivuze ni uko mbizi.

L’Interprète : Je confirme, comme je l’ai dit et comme je le sais.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps jusqu’à votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye kubera guhamya kwawe kandi ushobora kwigenga kugeza igihe uzasubirira mu Rwanda.

le témoin 70 : Murakoze.

L’Interprète : Je vous remercie.

Le Président : Bien. L’audience est donc suspendue jusqu’à demain 9h00. Je vous souhaite une bonne soirée à tous.