assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 46
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.37. Audition des témoins: le témoin 46

Le Président : Madame, quels sont vos nom et prénom ?

le témoin 46 : Je m’appelle Agnès NIYRAMISAGO.

Le Président : Et vous êtes l’épouse de Monsieur le témoin ?

le témoin 46 : C’est bien ça.

Le Président : Quel âge avez-vous, Madame ?

le témoin 46 : J’ai 24 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

le témoin 46 : Je suis femme de ménage.

Le Président : Quelle est votre commune de domicile ?

le témoin 46 : Anderlecht.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?

le témoin 46 : Je connaissais les deux sœurs.

Le Président : Oui. Etes-vous de la famille des accusés ou de la famille des parties civiles ?

le témoin 46 : Euh… je connais particulièrement les deux sœurs mais pas spécialement leur famille.

Le Président : Vous n’êtes pas membre de leur famille ?

le témoin 46 : Non, pas du tout.

Le Président : Vous n’êtes pas apparentée avec les religieuses ?

le témoin 46 : Non.

Le Président : Vous ne travaillez pas non plus sous un lien de contrat de travail pour les accusés ou pour les parties civiles ?

le témoin 46 : Non, pas du tout.

Le Président : Je vais vous demander, Madame, de bien vouloir lever la main droite et de prononcer le serment de témoin.

le témoin 46 : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Je vous remercie. Asseyez-vous, Madame. Je n’ai pas trouvé de déclaration dans le dossier, il n’y en avait pas, je crois. Euh… Madame, vous êtes, je suppose, d’origine rwandaise ?

le témoin 46 : Bien sûr.

Le Président : Résidiez-vous à Sovu, ou dans la région de Sovu, en avril 1994 ?

le témoin 46 : Non.

Le Président : Vous n’êtes pas de cette région-là ?

le témoin 46 : Pas du tout.

Le Président : Avez-vous connu les événements qui se sont déroulés au Rwanda à partir du 6 avril 1994 ?

le témoin 46 : Non, j’ai quitté trois mois avant.

Le Président : Donc, vous n’avez pas vécu ces événements ?

le témoin 46 : Non. Je les ai vécus à distance.

Le Président : Alors, vous avez dit tout à l’heure que vous connaissiez les deux religieuses. Comment et quand avez-vous fait leur connaissance ?

le témoin 46 : Oh, c’était vers… dans les années 1990, et je les ai connues dans leur couvent parce que j’ai ma sœur qui est dans le même couvent.

Le Président : C’est ça. En rendant éventuellement visite à votre sœur, vous avez connu les autres sœurs ?

le témoin 46 : Oui, et particulièrement les deux.

Le Président : Des contacts que vous avez eus à l’époque et que vous avez, je suppose, encore eus par la suite, quand elles sont venues en Belgique, avec elles, des contacts que vous avez pu avoir avec sœur Gertrude et avec sœur Maria Kizito, comment décririez-vous leur personnalité ?

le témoin 46 : Oh, je les décrirais tous les deux, deux sœurs qui m’ont… enfin, c’est les deux sœurs que je suis vraiment bien attachée, c’est des gens qui sont agréables, qui aiment la vie, qui aiment les autres, qui sont dévouées pour les autres. Voilà.

Le Président : Vous avez éventuellement quelques petits exemples de dévouement pour les autres ?

le témoin 46 : Ben, je dirais en particulier d’aider dans une personne qui est dans des difficultés morales, les aider, pour que la personne puisse tenir plus fort, et être là à chaque instant, s’ils peuvent, pour quelqu’un d’autre qui a besoin d’aide.

Le Président : Vous ont-elles parlé des faits qui leur sont reprochés ?

le témoin 46 : On en a parlé comme tout le monde. Je pense que tout le monde le sait. On a assez entendu ce qui s’est passé… mais voilà.

Le Président : Ca vous étonne qu’on leur reproche de tels faits ?

le témoin 46 : Oui, pour moi, oui. Pour moi, c’est des personnes que… pour moi, ils sont incapables de faire ce qu’on leur accuse.

Le Président : Votre sœur, c’est donc, je crois, sœur Béata ?

le témoin 46 : C’est bien ça, oui.

Le Président : Euh… vous connaissez l’opinion de votre sœur Béata à propos du comportement de sœur Gertrude et de sœur Marie Kizito pendant le génocide au Rwanda ?

le témoin 46 : Là, je ne pourrais pas dire à sa place puisque j’étais pas avec elle, mais je peux dire qu’elle les apprécie tous les deux. Je pense que c’est dans mon cas aussi, elle les aime bien, elle sait que c’est deux sœurs qui vivent comme tout le monde, qui sont, qui aiment la vie et qui aiment aider les autres. Je pense qu’elle dirait ça si elle était ici.

Le Président : Bien. Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Monsieur le 6e juré ?

Le 6e Juré : Euh… pour… le témoin n’a pas rencontré les autres sœurs qui étaient au couvent ?

Le Président : Avez-vous rencontré… ici en Belgique, Monsieur le 6e juré ?

Le 6e Juré : Ici en Belgique, oui.

Le Président : Avez-vous rencontré ici en Belgique d’autres religieuses venant de Sovu ?

le témoin 46 : Bien sûr, ici.

Le Président : Avez-vous éventuellement reçu de la part d’autres sœurs de la communauté de Sovu une version différente des faits que celles données par sœur Gertrude et sœur Marie Kizito ?

le témoin 46 : Mais, disons que moi j’étais mal déplacée puisque c’est une communauté, donc, moi je ne rentre pas dans leurs discussions. Mais on n’a jamais vraiment abordé le sujet, quoi, mais je les ai vues, éventuellement.

Le Président : Elles ne se sont pas confiées à vous ?

le témoin 46 : Non.

Le Président : Vous n’avez pas reçu des confidences qui n’allaient pas toutes dans le même sens ?

le témoin 46 : Mais, disons qu’il y a des sœurs qui sont indignées comme moi je suis ici, mais je veux dire, il n’y en a pas un qui, qu’on a vraiment véritablement parlé de leurs problèmes. Eventuellement, ma sœur, mais les autres…

Le Président : Une autre question ? Monsieur l’avocat général ?

L’Avocat Général : La sœur du témoin, c’est bien sœur le témoin 137 ?

le témoin 46 : C’est bien ça.

L’Avocat Général : Mais qui était sœur à Kigufi, pas à Sovu ?

le témoin 46 : C’est bien ça. Elle a quand même vécu une partie à Sovu, je précise.

Le Président : Oui, mais pas pendant les événements d’avril-mai ?

le témoin 46 : Je ne crois pas. Moi, je n’y étais pas personnellement mais je crois qu’elle était à Kigufi.

Le Président : Maître FERMON ?

Me. FERMON : Monsieur le président, le témoin a dit, il y a quelques instants, qu’elle connaissait particulièrement, plus particulièrement sœur Gertrude et sœur Kizito, est-ce que cela vaut pour la période, je dirais, du début des années 1990, où elle les connaît au Rwanda ou est-ce que ça vaut pour la période en Belgique, après ?

le témoin 46 : Je les ai connues une partie au Rwanda, et puis, ça a continué ici en Belgique. Quand je les ai vues, la première fois, ici en Belgique, en 1995, et ça a continué.

Le Président : Oui. Est-ce que vous savez expliquer pourquoi vous connaissiez particulièrement sœur Gertrude et sœur Maria Kizito par rapport aux autres et votre sœur, sœur Béata, bien sûr ?

le témoin 46 : Je dirais que Kizito vivait à Kigufi, donc, forcément moi j’allais voir ma sœur et je la voyais. C’est une sœur que j’ai su m’attacher, parce que c’était une sœur qui aimait vivre par rapport aux autres, pour moi. Sœur Gertrude, elle est proche de ma sœur, donc, par rapport à ça je l’ai connue grâce à ma sœur, et c’est comme ça que je me suis attachée à elle.

Le Président : Plus à ces trois religieuses, dont votre sœur que par rapport aux autres religieuses ?

le témoin 46 : Bien sûr.

Le Président : D’autres questions ? Pas d’autres questions ? Les parties sont d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous venez de faire ? Persistez-vous dans ces déclarations ?

le témoin 46 : Oui.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage, Madame. Vous pouvez disposer librement de votre temps.

le témoin 46 : Merci.