8.4.1. Questions de l’Avocat Général et des parties civiles
Le Président : Y a-t-il des
questions à poser aux accusées ? Monsieur l’avocat général ?
L’Avocat Général : Je vous
remercie, Monsieur le président. Je vais être assez bref. Je suis assez stupéfait
de la fantastique résurrection de la mémoire de sœur Gertrude, résurrection
pratiquement miraculeuse, puisque l’intéressée a été entendue à neuf reprises,
entre le 9 octobre 1995 et la dernière fois, le 24 mai 2000, et n’a jamais
donné les détails qu’elle vient de donner aujourd’hui. Donc, je me limiterai
à quelques questions. Première question : lorsque les sœurs se sont enfuies
le 23 avril vers Ngoma, Monsieur REKERAHO déclare que lui est arrivé au monastère
et qu’il était assez surpris et même fâché et que lui s’est également rendu
à Ngoma pour les ramener. Est-ce que je peux connaître l’opinion des deux sœurs
à ce sujet ?
Le Président : Je vais vous
demander de bien vouloir vous lever toutes les deux et de répondre chacune à
cette question. Monsieur REKERAHO est-il venu à Ngoma insister pour que vous
reveniez ?
Consolata MUKANGANGO : Merci,
Monsieur le président. A Ngoma, je n’ai eu aucun contact avec Monsieur REKERAHO.
Le Président : Madame MUKABUTERA,
Monsieur REKERAHO est-il venu à Ngoma pour vous récupérer ?
Julienne MUKABUTERA : Non,
Monsieur le président, je n’ai jamais vu REKERAHO à Ngoma.
L’Avocat Général : Deuxième
question. Vous avez également parlé du fait que Monsieur REKERAHO et d’autres
déclarent que les deux sœurs et lui se connaissaient avant les faits. Je voudrais
savoir, parce qu’il y a l’épouse du bourgmestre de Huye, Monsieur Jonathan RUREMESHA
qui, dans une déclaration, dit que sœur Gertrude et sœur Maria Kizito venaient
régulièrement voir son mari dans sa maison. Je voudrais connaître leur position
à ce sujet.
Le Président : Je vous en
prie, vous pouvez répondre.
Consolata MUKANGANGO : Oui, merci.
A propos de la déclaration de la dame, la femme du bourgmestre, elle parle que
je suis allée chez elle avec une sœur forte et grosse, c’est comme cela dans
les déclarations qu’elle fait. Et j’ai expliqué que la sœur forte et grosse,
c’était sœur Bernadette avec laquelle j’avais l’habitude de voyager. Je ne suis
jamais allée à la commune en compagnie de sœur Maria Kizito.
L’Avocat Général : Donc,
si je comprends bien, vous êtes allée dans la maison de ce bourgmestre avec
une sœur forte et grosse alors que vous venez de dire le contraire là tantôt ?
Consolata MUKANGANGO : S’il vous plaît ?
Le Président : Etes-vous
bien allée avec sœur Bernadette chez le bourgmestre, pas à la commune, à la
maison du bourgmestre ?
Consolata MUKANGANGO : A la maison
du bourgmestre, j’y suis allée le 23, quand nous fuyions, j’étais seule. Les
autres sont restées dans la voiture. Sœur Bernadette m’a accompagnée, pour les
formalités civiles normales, à la commune.
Le Président : Oui, Monsieur
l’avocat général.
L’Avocat Général : Une dernière
question. Si je comprends bien donc l’attitude de l’accusée, ma question est
de savoir comment peut-elle concilier le fait que, d’une part, elle prétend
qu’elle était visée - bien qu’elle ait une carte d’identité Hutu mais un physique
Tutsi - que le monastère était ciblé, comment peut-elle concilier ce point de
vue avec le résultat final, à savoir qu’à Sovu - je ne parle pas de l’épisode
de l’évacuation - mais à Sovu, aucune sœur n’a jamais été tuée et que le monastère
de Sovu lui-même, n’a jamais fait l’objet d’une attaque ? Comment peut-elle
concilier cela parce que pendant le récit de deux heures, on a surtout entendu
qu’elle et sa communauté étaient une cible privilégiée. Pourtant, il n’y a jamais
eu d’attaque du monastère et il n’y a pas eu de mort de sœurs à Sovu.
Le Président : Vous pouvez
expliquer cela ?
Consolata MUKANGANGO : Oui. Quand
vous dites qu’il n’y a jamais eu d’attaque, cela me surprend puisqu’on a vu
que le 22, le 25…
Le Président : L’attaque
du couvent. Le couvent lui-même a-t-il été attaqué ?
Consolata MUKANGANGO : Quand REKERAHO
arrive au monastère, c’est bien une attaque.
Le Président : Non. REKERAHO,
il frappe à la porte et on va lui ouvrir. Ce n’est pas une attaque, çà !
Consolata MUKANGANGO : Si, parce
qu’il est accompagné de miliciens. Donc, euh…
Le Président : Vous avez
entendu les témoignages à propos d’autres monastères dans lesquels on a enfoncé
les portes avec des haches ? Est-ce que REKERAHO a enfoncé la porte avec
une hache ?
Consolata MUKANGANGO : Quand il
est arrivé le 25, sœur Scholastique et moi, nous l’avons ouverte, il ne l’avait
donc pas enfoncée. Oui. Et je répondrai à la question, comme ceci : « Nous
analysons la situation de la fin au début. Nous autres, nous l’avons vécue du
début à la fin. La situation était imprévisible ». Je me réjouis totalement
parce qu’il y a eu des survivants, mais je ne peux pas dire que je suis garante
de la survie, c’est une chance. Et, si les témoins qui sont passés ici ont déjà
expliqué, la situation était imprévisible, des fois on était sauvé ou pas, mais
personnellement, c’est une situation où on ne peut pas comprendre exactement.
Il y a quelque d’illogique. On ne sait pas construire cela, comprendre à la
lumière que nous avons aujourd’hui. Je n’ai jamais vécu une situation comme
on a eue au Rwanda. Donc, la survie des sœurs dépend des circonstances qui se
sont enchaînées, que je ne contrôlais pas. Tout ce que je peux dire, c’est que
je me réjouis qu’il y ait eu des survivants.
Le Président : Vous dites
qu’il n’y a pas de logique mais il y a, me semble-t-il, une explication logique.
Si Monsieur REKERAHO protégeait les sœurs du couvent, il est logique que ce
couvent et ses sœurs n’aient pas fait l’objet d’une attaque.
Consolata MUKANGANGO : Personnellement,
je n’ai jamais eu confiance en REKERAHO. Ce qu’il disait, ce n’est pas ce qu’il
faisait. S’il nous protégeait, c’est possible selon ce qu’il dit. Mais, c’est
très difficile à comprendre parce qu’il y a aussi un fait : celui qui tuait
c’est celui qui sauvait. Nous n’avions pas d’autres secours. Donc, la personne
qui venait vous assassiner pouvait aussi vous sauver, et cela, c’est quelque
chose d’incompréhensible.
Le Président : Bien. D’autres
questions, Monsieur l’avocat général ?
L’Avocat Général : La réponse
n’était pas une réponse à ma question. Je vais donc être plus simple et plus
logique. Est-ce que les bâtiments privés, les chambres, par exemple, des sœurs,
les bâtiments privés du monastère - je ne parle pas du centre de santé - ont
jamais été saccagés, attaqués, quoi que ce soit ?
Consolata MUKANGANGO : Le 25,
les miliciens ont fait le tour du couvent, ils n’ont pas saccagé, ils n’ont
pas réussi à piller le couvent bien qu’ils ont essayé, mais ils n’ont pas parvenu.
Le Président : Pourquoi n’y
sont-ils pas parvenus ?
Consolata MUKANGANGO : Par des
circonstances de jour en jour qui se mettaient en place mais que nous n’avions
pas prévues.
Le Président : Quelles circonstances ?
Consolata MUKANGANGO : Les attaques,
on demande du secours, cela marche bien, etc.
Le Président : Le 25, vous
avez appelé du secours et reçu du secours ?
Consolata MUKANGANGO : On n’a
eu aucun secours le 25.
Le Président : Alors,
quelles sont les circonstances qui ont fait que le 25, on n’ait pas saccagé
le couvent ?
Consolata MUKANGANGO : Nous avons
donné de l’argent, et REKERAHO est reparti.
Le Président : REKERAHO est
reparti.
L’Avocat Général : Le
témoin peut-il confirmer que lors de l’évacuation, donc le 1er juillet,
je crois, que c’est bien Monsieur REKERAHO qui a participé à l’escorte ?
Consolata MUKANGANGO : Je le confirme.
Cela s’est fait à la demande de l’évêque.
L’Avocat Général : De l’évêque ?
Consolata MUKANGANGO : Oui. Monseigneur
GAHAMANYI. Il le confirme lui-même dans son témoignage au Tribunal international.
L’Avocat Général : Alors,
une question à sœur… à Madame MUKABUTERA. Est-ce qu’elle peut confirmer que
ses deux frères faisaient partie des milices Interahamwe ?
Le Président : Je crois que
vous avez dit tantôt que vous n’avez jamais vu vos frères parmi les miliciens ?
Julienne MUKABUTERA : Non,
Monsieur le président.
Le Président : Alors, une
autre question est : avez-vous appris que vos frères ou certains de vos
frères avaient fait partie des miliciens ?
Julienne MUKABUTERA : Je
le vois dans le dossier, et c’est tout.
Le Président : Vous avez
vu dans le dossier ?
Julienne MUKABUTERA : Rien
que ça, c’est le dossier qui m’a été communiqué par la PJ, que j’ai vu qu’on
accusait mes frères. Personnellement, je ne le crois pas. Connaissant ma famille,
mixte, je ne vois pas comment mes frères sont des miliciens, je ne le crois
pas. C’est un mensonge. S’ils étaient des miliciens, ils seraient en prison.
Jusqu’à maintenant, je ne vois pas une déclaration qu’on est allé arrêter aucun
de mes frères.
L’Avocat Général : Est-ce
que Madame MUKABUTERA, Monsieur REKERAHO, dans le dossier, dit qu’il était surtout
fâché lorsqu’il est revenu le 23, que Madame MUKABUTERA avait disparu parce
que, je prends son expression, pour lui, c’était une « sœur de sang ».
Est-ce qu’elle peut nous dire ce que Monsieur REKERAHO voulait dire ?
Julienne MUKABUTERA : Si
vous le permettez, cette déclaration, ça me donne une question comme vous,
vous avez une question. REKERAHO n’est pas mon frère. REKERAHO n’est pas mon
voisin. Je ne vois pas comment il dit que je suis sa « sœur de sang ».
L’Avocat Général : Est-ce
qu’il pourrait « alluder » éventuellement au fait que vous apparteniez
à la même ethnie ?
Julienne MUKABUTERA : S’il
se base qu’être frère de sang, que je suis… mes origines Hutu, ça, je dis que
c’est illogique. Moi, je ne suis pas Hutu, moi, je ne suis pas Tutsi, je suis
un enfant de Dieu, je suis rwandaise.
L’Avocat Général : Madame
MUKABUTERA nous a dit qu’elle est donc de la colline de Sovu, donc, je suppose
que plusieurs personnes - cela apparaît d’ailleurs du dossier - la connaissaient
fort bien. D’ailleurs, est-ce qu’elle peut nous donner le surnom qu’on lui donnait ?
Julienne MUKABUTERA : J’ai
expliqué tout cela quand on m’a posé des questions.
L’Avocat Général : Oui, mais
je vous repose la question et le jury n’a pas encore entendu la réponse.
Julienne MUKABUTERA : Dans
ma famille, aucun surnom que j’ai est ce nom abominable que je vois dans le
dossier. Je n’ai jamais porté ce surnom. Et aucun de ma famille, lorsque je
vivais, n’avait pas ce surnom.
Le Président : C’était quoi,
ce surnom que vous n’aviez pas ?
Julienne MUKABUTERA : Dans
le dossier, on dit que je suis une « image ». Si vous le voyez,
je ne suis pas une « image ».
L’Avocat Général : Pas une
image, on n’a pas dit « une image ».
Julienne MUKABUTERA : On
dit un nom, « Gapyisi ».
L’Avocat Général : « Gapyisi »,
ce n’est pas une image.
Julienne MUKABUTERA : On
donne l’explication, une image.
L’Avocat Général : « Petit
animal », c’est cela ?
Julienne MUKABUTERA : Oui.
Et ce nom de « Gapyisi » est porté par pas mal de Rwandais.
L’Avocat Général : Mais l’accusée,
donc, ne confirme pas qu’elle était connue à Sovu sur sa colline par plusieurs
des personnes qui ont fait des déclarations dans ce dossier, sous ce surnom.
Julienne MUKABUTERA : Je
le confirme, je n’ai jamais été porteur de ce surnom.
Le Président : D’autres questions ?
Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, je pense qu’avec l’audition des témoins, la semaine prochaine, nous
reviendrons au véritable dossier. Une seule petite question. J’aurais voulu
savoir pour quelle raison aucune des sœurs ne semble avoir estimé opportun de
permettre à Aline KAMANZI de porter un voile comme cela a été le cas pour d’autres ?
Le Président : Oui, madame
MUKANGANGO.
Consolata MUKANGANGO : Oui, merci.
Comme responsable de la communauté, les sœurs étaient en danger. Il y avait
des postulantes officiellement acceptées. Aline KAMANZI est effectivement à
l’hôtellerie, sa maman m’avait demandé de la prendre. Elle était avec d’autres
jeunes filles. Personnellement, j’ai le problème de séparer les personnes pour
faire des préférences et la communauté étant elle-même agressée, je n’ai pas…
c’était difficile de faire autrement puisqu’en lui donnant le voile, je ne pensais
pas que je la faisais échapper à la mort. Je l’ai fait pour les sœurs, pour
pouvoir circuler. Mais, je me suis dit une chose : « Nous sommes dans
une situation difficile, je suis responsable des sœurs, on veut les tuer, je
fais ce que je peux, il y aura peut-être des lacunes de la façon humaine que
j’assume totalement, mais je n’ai pas voulu aucun mal ».
Le Président : Maître BEAUTHIER.
Me. BEAUTHIER : Monsieur
le président, on a lu les huit ou neuf versions, enfin les huit ou neuf déclarations
de sœur Gertrude. On a eu beaucoup de mal à voir le fil conducteur dans celle
de ce matin, mais il y a tout de même une autre version dont on parle peu. Sœur
Gertrude - c’est la question que je vous demande de lui poser - a, sur sept
pleines pages, plusieurs mois après les faits, expliqué à ses supérieures les
événements. Etait-elle, à ce moment-là, stressée au point de ne pas pouvoir
dire ce qu’elle a dit ce matin ?
Le Président : Oui.
Consolata MUKANGANGO : Je voudrais
que le président reprécise la question, si c’est possible, je vous en prie.
Me. BEAUTHIER : La lettre
date du 5 février 1995, c’est le document n° 1 dans la farde carton 1.
Consolata MUKANGANGO : Oui.
Le Président : Vous avez
exposé, à vos supérieurs ou à votre communauté en Belgique, le déroulement des
faits selon vous. Vous avez écrit ce texte. C’est un texte qui est peut-être
même dactylographié, qui, en tout cas, est signé par vous.
Consolata MUKANGANGO : Oui.
Le Président : Au moment
où vous avez écrit ce texte…
Consolata MUKANGANGO : Le texte
dactylographié, je l’ai fait à la demande de mes supérieures qui m’ont…
[Interruption d’enregistrement]
Me. BEAUTHIER : ...drue sept
pages, qu’est-ce qui fait qu’elle n’a pas justement écrit cette lettre au bourgmestre,
elle-même ?
Le Président : Monsieur l’avocat
dit, après les événements, alors que vous étiez encore en difficulté sur le
plan de la santé, vous avez la capacité de dactylographier sept pages bien serrées
pour expliquer la situation.
Consolata MUKANGANGO : Les sept
pages sont dactylographiées à l’ordinateur. Tandis que…
Le Président : Oui. Alors,
la question que pose Monsieur l’avocat est : comment se fait-il que le
5 mai 1994, vous n’ayez pas pu écrire vous-même le petit mot, cela ne fait pas
sept pages, le petit mot qui est adressé au bourgmestre ? Ce qu’il demande
comme explication, c’est de savoir pourquoi ce n’est pas dactylographié. On
peut comprendre qu’en ayant en Belgique un ordinateur où vous puissiez dactylographier
sept pages et qu’à Sovu, n’ayant pas d’ordinateur ou pas de machine à écrire,
vous ne puissiez pas le faire. Donc, ce n’est pas la manière dont cela a été
écrit. Ce qu’il veut entendre comme explication, c’est comment vous pouvez écrire
vous-même, alors que vous êtes en difficulté, sept longues pages d’explications.
Pourquoi est-ce qu’au mois de mai 1994 vous n’aviez pas la possibilité, pas
le courage, je ne sais pas… pas la possibilité d’écrire un petit mot au bourgmestre,
de votre propre main ?
Consolata MUKANGANGO : Je pense
qu’ici nous sommes tous des humains. En 1994, je suis sous une tension terrible,
je n’avais pas pensé écrire la lettre. Elle m’a été présentée écrite. Vous avez
vu dans le dossier qu’effectivement après j’ai pu écrire à l’abbesse de Maredret,
à la machine, pour lui dire ce que nous vivons, très brièvement. C’est le seul
texte que j’ai pu faire, beaucoup de fautes, mais ceci… La situation d’un moment
peut exercer une pression intensive différente d’un autre moment. Je pense qu’on
est capable du comprendre.
Me. BEAUTHIER : Monsieur
le président, je voulais poser la question sur les lettres à l’abbesse de Maredret.
J’ai la réponse, je remercie la sœur de l’avoir fournie.
Le Président : Bien. Y a-t-il
d’autres questions ? Oui, Maître NKUBANYI ?
Me. NKUBANYI : Oui, Monsieur
le président, une petite question au sujet de l’argent qu’elle dit avoir payé
à REKERAHO. Est-ce qu’on peut savoir le montant qu’elle a payé ? Si cela
a été payé de sa poche ou de la caisse du couvent ?
Le Président : Y a-t-il eu
d’abord plusieurs paiements à REKERAHO ou un seul ?
Consolata MUKANGANGO : J’ai fait
deux paiements à REKERAHO. Deux fois 100.000 francs rwandais.
Le Président : L’argent qui
a servi à faire ces deux paiements à REKERAHO ?
Consolata MUKANGANGO : C’est l’argent
du couvent.
Le Président : C’est l’argent
du couvent. Est-ce qu’il n’y avait pas, dans le deuxième paiement, une partie
provenant des réfugiés eux-mêmes ?
Consolata MUKANGANGO : Le deuxième
paiement, les réfugiés ont complété la somme qui me restait.
Le Président : Vous avez
vu, notamment dans l’acte d’accusation, que parfois, pour mourir plus vite ou
avec moins de souffrance, les gens payaient ? Cela aurait été le cas notamment
d’une famille. Est-ce que vous aviez connaissance de cet élément ?
Consolata MUKANGANGO : Oui. J’ai
appris cet élément et la personne pourra s’expliquer. Comme je n’y ai pas assisté,
je ne peux pas le commenter.
Le Président : Vous savez
aussi que REKERAHO explique, lui, semble-t-il, avoir reçu un paiement, pas deux.
Il parle d’un paiement de 100.000 francs rwandais qu’il aurait demandés pour
payer des gens pour enterrer les victimes.
Consolata MUKANGANGO : C’est la
version de REKERAHO, mais REKERAHO ne dit pas la réalité. Je ne lui ai pas donné
l’argent pour l’enterrement des victimes, mais pour la survie des personnes.
Le Président : Bien. Une
autre question ou d’autres questions ? Plus de questions pour le moment ?
Bien, vous pouvez vous asseoir.
Nous allons suspendre l’audience maintenant. On la reprendra non
pas à 13h30 mais à 13h45. On entendra le juge d’instruction. Si les deux témoins
qui sont prévus cet après-midi se présentent, l’audition du juge d’instruction
et des deux enquêteurs sera interrompue à ce moment-là pour permettre l’audition
des deux témoins qui sont prévus en fin d’après-midi et qui étaient résidents
en Allemagne. Je ne sais pas s’ils ont reçu leur convocation qui leur a été
adressée par pli recommandé, ni s’ils se présenteront. S’ils ne se présentent
pas, nous poursuivrons avec le juge d’instruction et les enquêteurs jusqu’à
une heure décente. Lundi matin, vous avez vu qu’il y a une série de témoins
qui figurent en début de matinée. Ce sont des témoins qui ont déjà dit qu’ils
ne venaient pas, donc ils sont sur la liste parce qu’ils doivent bien figurer
sur la liste, que le président ne peut pas dire, avant que les parties n’aient
renoncé à l’audition des témoins en tout cas : « Je ne les entends
pas ». Donc, le témoin qui est prévu à 11h00, lui, sera là, sans doute,
oui. Il y aura peut-être un témoin qui viendra un peu plus tôt, à 10h45, c’est
Monsieur le témoin 19 qui était prévu à un autre jour mais un jour où il est absent
de Belgique. Donc, il se pourrait bien que lundi matin il y ait encore une partie
de la matinée qui puisse être consacrée au juge d’instruction et aux enquêteurs.
Donc, nous suspendons maintenant et on reprend à 13h45.
Bon appétit. |