assises rwanda 2001
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compte rendu intégral du procès

Radio

RCN Justice & Démocratie, auteur du site, a proposé à France-Culture de construire une émission à partir de l’enregistrement sonore du procès.
Produite par Laure de Vulpian et réalisée par Mehdi El Hadj, l’émission approfondit 25 thématiques, à partir de « minutes sonores » du procès. Chaque émission dure une heure. 35 personnes sont interrogées, parmi lesquelles des rescapés, des acteurs du procès, des experts du Rwanda, de la justice internationale, du génocide, et des militants.
L’émission débute le 28 juillet. Elle sera disponible jusqu’au 30 août 2003 sur le site de France-Culture (www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/ete2003/rwanda/presentation.php).

A partir du 30 août 2003, adressez-vous à RCN Justice & Démocratie
tel: 00 32 (0)2.347.02.70.
Email: rcn-bxl-dir@tiscalinet.be


Les 25 thématiques:

  1. De l’après-génocide à l’avant-procès
  2. Un génocide à la fois si proche et si lointain
  3. Des génocidaires ordinaires
  4. Le génocide en chantant : comprendre l’incompréhensible
  5. Les germes de la haine
  6. Les paradoxes de l’identité rwandaise
  7. « Tuer, c’était comme boire un verre d’eau »
  8. La communauté internationale immobile
  9. La trahison ou l’impuissance
  10. La machine à tuer
  11. L’infinie douleur des rescapés
  12. Les medias de la haine
  13. Des idéologues sans conscience
  14. Ces signes qu’on n’a pas voulu voir
  15. En quête d’une preuve impossible
  16. La faillite du message de l’Eglise
  17. L’Eglise et l’omerta
  18. Résister et sauver
  19. Pour en finir avec la culture du mensonge
  20. Ce qui fait le lit du révisionnisme
  21. Ce génocide qui nous habite
  22. « Donner un cercueil aux morts »
  23. Des bourreaux sans repentir
  24. Une culpabilité collective non assumée
  25. Le pardon impossible ?

 

Les 25 thématiques en détail:

  1. De l’après-génocide à l’avant-procès
    Cette première émission est consacrée à la présentation générale de cette série qui s’achèvera le 29 août. On y évoque d’abord le bilan du génocide (un million de morts en 100 jours) ; puis, le procès à Bruxelles de 4 Rwandais dont deux religieuses. Procès tardif, puisqu’il a lieu 7 ans après le génocide. Ce délai s’explique par des résistances ou réticences propres à certains milieux politiques ou religieux belges. Réticences qui s’appuient sur les liens particuliers qui existent entre la Belgique et le Rwanda.

    Les minutes sonores du procès
    Le président de la Cour d’assises Luc Maes invite les 24 jurés à prêter serment, il leur explique quelles vont être leur rôle et leurs obligations pendant huit semaines.

    Intervenants
    L’écrivain Jean Hatzfeld ; Spéciose le témoin 84, rescapée du génocide et partie civile au procès de Bruxelles ; le sénateur belge Alain Destexhe, rapporteur de la Commission Rwanda ; le psychiatre rwandais Naasson Munyandamutsa, qui exerce à Kigali et Butare.


  2. Un génocide à la fois si proche et si lointain
    8.000 kilomètres séparent Paris ou Bruxelles de Kigali. Le Rwanda est un tout petit pays, au cœur de l’Afrique centrale. S’il existe des liens forts entre la Belgique et le Rwanda, qui fut une de ses anciennes colonies, il y en a peu entre la France et le Rwanda. Ce génocide nous semble donc lointain… mais il est aussi très proche, parce qu’un génocide est une atteinte à l’humanité entière, parce qu’il nous renvoie un océan de questions sur ce que nous sommes, individuellement et collectivement.

    Minutes sonores du procès
    Actes de partie civile : Michèle Hirsch et Eric Gillet
    Actes de défense : Annabelle Belamri, Sophie Cuykens et Serge Wahis.

    Intervenants
    Patrick May, journaliste et écrivain belge ; Gasana Ndoba, rwandais, partie civile ; Pierre Vincke, directeur de RCN Justice et Démocratie ; José Kagabo, historien franco-rwandais.


  3. Des génocidaires ordinaires
    Principale caractéristique du génocide de 1994 au Rwanda : c’est un génocide de proximité, entre voisins qui a impliqué une participation massive de la population. Combien étaient les tueurs ? On avance généralement le chiffre de 250.000. Et leurs complices ? Peut-être le double, voire plus.
    Comment a-t-on tué ? A la machette essentiellement, et parfois dans une sorte de joie, d’allégresse !

    Minutes sonores du procès
    Les curriculum vitae des quatre accusés qui, eux, n’ont pas tué de leurs mains.

    Intervenants
    L’écrivain Jean Hatzfeld ; l’historien des guerres contemporaines Stéphane Audoin-Rouzeau, Bernadette, du collectif des parties civiles ; Michèle Hirsch, avocat de plusieurs parties civiles; Cost, dessinateur belge, pour le journal Le Soir.


  4. Le génocide en chantant: comprendre l’incompréhensible
    Comment comprendre l’incompréhensible ? Comment comprendre les mécanismes qui ont fait basculer tout un peuple dans la violence extrême ? S’agit-il d’une folie collective ? Il ne faut pas oublier que derrière l’apparente spontanéité de ce génocide, il y a un plan concerté et un objectif, notamment politique. Reste que ce déchaînement de violences est l’aboutissement d’un long processus, entamé plusieurs décennies plus tôt, dont le génocide serait en quelque sorte le point d’orgue. De massacres en massacres, les Rwandais, en effet, ont développé une tolérance particulière à la violence : violence subie et violence agie.

    Minutes sonores du procès
    Les expertises psychiatriques, concernant chacun des 4 accusés.

    Intervenants
    Cédric Vergauwen, avocat de Sœur Gertrude ; Naasson Munyandamutsa, psychiatre rwandais ; Jean Hatzfeld, écrivain ; Jacques Sémelin, qui dirige un groupe de recherche multidisciplinaire sur les crimes de masse ; Stéphane Audoin-Rouzeau, historien des conflits contemporains.


  5. Les germes de la haine
    Hutu et Tutsi… deux mots qui résonnent comme des coups de machette. Deux mots, pour nommer deux ethnies. On croit souvent que le génocide de 1994 au Rwanda se résume à une haine ethnique ancestrale. Cette idée reçue doit être rejetée. Dans un premier temps, cette haine supposée repose sur une idée fausse introduite par le colonisateur belge. Dans un deuxième temps et après l’Indépendance, cette idée a été reprise à son compte par le pouvoir hutu, qui a nourri, entretenu et attisé une haine fabriquée de toutes pièces. Plus près de nous, les intellectuels rwandais ont joué un rôle majeur dans la légitimation et la diffusion de cette haine.

    Minutes sonores du procès
    L’historienne française Claudine Vidal et le magistrat belge Armand Vandeplas, qui a exercé au Rwanda avant l’Indépendance.

    Intervenants
    Le théologien rwandais le témoin 110 ; la journaliste belge Colette Braeckmann ; l’historien franco-rwandais José Kagabo ; l’écrivain sénégalais Boris Boubacar Diop.


  6. Les paradoxes de l’identité rwandaise
    Un million de morts en 100 jours; 10.000 morts par jour pendants 3 mois. Une des caractéristiques du génocide rwandais est sa fulgurance. On cherche des explications… y compris culturelles… le peuple rwandais serait obéissant par nature et soumis à l’autorité par principe. Mais comment ce peuple si retenu a-t-il pu basculer dans cette violence extrême ? En fait, le déterminisme culturel n’existe pas.

    Minutes sonores du procès
    Filip Reyntjens, l’historien et politologue belge, et plus précisément flamand.

    Intervenants
    Le sociologue rwandais le témoin 41 ; l’historien franco-rwandais José Kagabo ; le psychiatre rwandais Naasson Munyandamutsa ; l’écriviain français Jean Hatzfeld.


  7. « Tuer, c’était comme boire un verre d’eau »
    Avec Yolande Mukagasana, l’émotion entre pour la première fois dans le prétoire. Yolande, qui s’est fait un devoir de témoigner de ce qu’elle a vu et vécu. Elle joue son propre rôle dans une pièce de théâtre qui s’est donnée dans plusieurs pays, elle écrit des livres… Mais qu’y a-t-il à transmettre, après un génocide ? Et à qui ? Et pour quoi faire ? L’expérience du rescapé est-elle communicable ? La pièce en question s’appelle : « Rwanda 94, tentative de réparation symbolique envers les morts, à l’usage des vivants ».

    Minutes sonores du procès
    Yolande Muskagasana est l’un des témoins de contexte. Elle est rescapée du génocide dans lequel son mari, ses trois enfants et presque tous ses frères et sœurs ont été tués.

    Intervenants
    Jacques Delcuvellerie, metteur en scène de « Rwanda 94 » ; Jacques sémelin, chercheur et spécialiste des crimes de masse ; Naasson Munyandamutsa, psychiatre, exercçants à Kigali et Butare ; l’Abbé Eustache Butera, rescapé du génocide, directeur du collège St-André de Kigali.


  8. La communauté internationale immobile
    Le génocide au Rwanda cumule les paradoxes, et notamment celui-ci. Personne ne peut dire: « on ne savait pas ». Ni les Rwandais qui ont assisté ou participé aux massacres par centaines de milliers, ni les étrangers qui faisaient semblant de ne rien voir, de l’extérieur. Les instances internationales, plusieurs gouvernements avaient été dûment informés, en amont de l’organisation de massacres d’une ampleur inédite. Mais on n’a rien fait ! Les casques bleus présents au Rwanda se sont très vite retirés. Le génocide s’est donc déroulé à la fois à ciel ouvert et à huis clos… dans ce terrible huis clos Hutu-Tutsi, dans lequel personne n’a voulu s’immiscer. Ni la Belgique, ni la France. Certains n’hésitent pas à parler de lâcheté.

    Les minutes sonores du procès
    Le juriste camerounais André Degni-Segui est à la barre. Il était l’envoyé spécial des Nations Unies, après le génocide.

    Les intervenants
    Magdeleine le témoin 147, ancienne sénatrice belge, membre de la Commission Parlementaire sur le Rwanda ; le Colonel Luc Marchal, qui commandait le bataillon belge de la MINUAR, adjoint du général Roméo Dallaire, chef de la MINUAR ; Alain Destexhe, sénateur belge, rapporteur de la commission Rwanda ; le général Christian Quesnot, chef d’état-major particulier du Président Mitterrand au moment du génocide ; Pierre Brana, ancien député socialiste français, rapporteur de la mission d’information parlementaire sur le Rwanda ; Guy Verhofstadt, Premier Ministre belge.


  9. La trahison ou l’impuissance
    Peut-on empêcher, stopper ou interrompre un génocide ? Ou bien les forces qui sont à l’œuvre sont-elles trop fortes pour être canalisées, freinées ou détournées ?
    Ce que la communauté internationale n’a pas fait, des individus isolés ne pouvaient pas le faire non plus. Beaucoup d’étrangers, expatriés ou de passage, ont assisté au génocide dans la plus totale impuissance. Comment s’y résout-on ? Très mal. Les Rwandais, eux, parlent de trahison.

    Les minutes sonores du procès
    Le Docteur Rony Zacharia, médecin britannique. Il coordonnait l’action de Médecins Sans Frontières au Rwanda, avant le génocide et il en a vécu les deux premières semaines. Elsa Vandendon, assistante sociale belge, a fait ce qu’elle a pu pour sauver qui elle pouvait, avant de quitter le pays.

    Les intervenants
    Michel Campion, belge né au Rwanda où il a toujours vécu ; René Caraviehle, logisticien de MSF à Kigali pendant le génocide ; Colette Braeckmann, journaliste belge du quotidien Le Soir ; Pierre Vincke, directeur de RCN Justice & Démocratie ; Stéphane Audoin-Rouzeau, historien des conflits contemporains ; Spéciose le témoin 84 et Père Eustache Butera, tous deux rescapés du génocide.


  10. La machine à tuer
    Tout génocide est planifié et organisé. Croire à une explosion spontanée de violence est une erreur. Quelques mois avant l’attentat contre le président le témoin 32, le 6 avril 1994, tout est quasiment déjà prêt. Achat d’armes conventionnelles et de machettes, entraînement des milices, mise en place du mouvement extrémiste Hutu Power… la machine à tuer peut être mise en marche à tout moment. Le génocide commence par l’assassinat du Premier Ministre rwandais et de dix casques bleus belges…. Parce que les Belges sont devenus des ennemis, au même titre que les Tutsi !

    Les minutes sonores du procès
    L’historienne américaine Alison Desforges, consultante auprès de l’association de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch.

    Les intervenants
    Luc Maes, le président de la Cour d’assises ; François Janne d’Othée, journaliste belge et membre de l’ONG Concertation Chrétienne ; Colette Braeckmann, journaliste au Soir, premier quotidien francophone belge ; le colonel Luc Marchal, qui commandait le bataillon belge au sein de la MINUAR, le théologien rwandais le témoin 110 ; Jacques Sémelin, chercheur et spécialiste des crimes de masse.


  11. L’infinie douleur des rescapés
    Dès qu’ils ne vous parlent plus, ne vous sourient plus, dès que le silence s’installe, les Rwandais se montrent tels qu’ils sont au fond d’eux mêmes : ils sont la douleur incarnée. Et ce qui vaut pour les 300.000 rescapés, vaut aussi pour ceux qui ont vu, pour ceux qui ont été témoins. Et ils sont nombreux !
    Neuf ans après le génocide, on pouvait s’attendre à ce que la douleur des survivants s’apprivoise, se taise un peu, fasse silence. Non, elle crie ! Et de plus en plus fort. Plus le temps passe, plus elle se creuse. Pas de deuil possible, à moins de pouvoir enterrer ses morts… et encore !

    Les minutes sonores du procès
    Spéciose le témoin 84 est à la barre : elle raconte son calvaire, l’agonie de son mari et la mort de deux de ses enfants. Elle exprime sa douleur. Une douleur sans fond, sans fin, dont on ne guérit jamais.

    Les intervenants
    Patrick May, journaliste indépendant et écrivain belge ; Spéciose le témoin 84, rescapée du génocide et partie civile au procès de Bruxelles ; Annette Viewiorka, historienne spécialiste de la Shoah ; Naasson Munyandamutsa, psychiatre rwandais, qui exerce et enseigne à Kigali et Butare.


  12. Les médias de la haine
    La Radio Télévision des Mille Collines avait un surnom : on l’appelait Radio machette… parce qu’elle exhortait les Rwandais à aller au travail, à couper les cancrelats, autrement dit à massacrer les tutsi. Et gare à celui qui traînait en chemin !
    Il y avait aussi Kangura, le journal qui a publié les 10 commandements des Bahutu : un texte derrière lequel se cache un véritable appel au meurtre.
    Le génocide de 1994 est l’aboutissement de longues années de préparation des esprits et de propagande. Des chercheurs ont montré que les mécanismes ont été les mêmes qu’en Allemagne, au moment de la Shoah.

    Les minutes sonores du procès
    L’historien africaniste Jean-Pierre Chrétien et le journaliste Jean-François Dupaquier, co-auteurs d’un livre consacré aux médias du génocide.

    Les intervenants
    Jean de Dieu Karangwa, linguiste aux Langues O à Paris ; Colette Braeckmann, journaliste au quotidien belge Le Soir ; José Kagabo, historien franco-rwandais ; Jacques Sémelin, directeur de recherche au CNRS ; Pierre Vincke, directeur de RCN Justice & Démocratie.


  13. Des idéologues sans conscience
    Comment des intellectuels comme l’accusé Vincent Ntezimana ont-ils pu se prêter à la manipulation qui consiste à rendre légitime aux yeux de la population, un génocide qui a fait un million de morts en 3 mois ? Des intellectuels qui, de surcroît, ont fréquenté les universités européennes ? !
    Il y a quelque naïveté à poser ces questions, qui nous renvoient pourtant à nos propres possibilités de dérive… Et si un jour, nous aussi … ? ! ? Si l’on suit le raisonnement de l’avocat général, il semble bien que les intellectuels ont constitué un pilier du génocide. Pilier indispensable à la popularité de l’idéologie génocidaire.

    Les minutes sonores du procès
    C’est l’interrogatoire de Vincent Ntezimana sur les faits qui lui sont reprochés. Où l’on voit l’accusé verser une larme, non pas sur ses victimes, mais plutôt sur lui-même.

    Les intervenants
    Gasana Ndoba, partie civile au procès de Bruxelles, ancien président de la Commission nationale des Droits de l’Homme au Rwanda ; Pierre Vincke, directeur de RCN Justice & Démocratie ; Jacques Sémelin, chercheur au CNRS, spécialiste des crimes de masse.


  14. Ces signes qu’on n’a pas voulu voir
    Le génocide rwandais était-il prévisible ? La réponse est oui. Mais ce n’est pas au Rwanda qu’on était le mieux placé pour s’en rendre compte. Illustration du handicap qui consiste à avoir le nez sur le guidon.
    En revanche, la communauté internationale disposait du recul nécessaire et des informations qui lui auraient permis de prendre la mesure des préparatifs en cours. Mais elle a été aveuglée par l’énormité inconcevable du projet. Comme si c’était trop gros pour être vrai ! Conséquences : personne n’a écouté ceux qui lançaient des avertissements.

    Les minutes sonores du procès
    La déposition de François-Xavier Nsanzuwera, magistrat rwandais, Procureur de la République de Kigali avant et après le génocide. Il a quitté le Rwanda pour la Belgique en 1995. Il est aujourd’hui enquêteur au bureau du Procureur, au TPIR d’Arusha.

    Les intervenants
    Pierre Vincke, directeur de RCN Justice & Démocratie ; José Kagabo, historien franco-rwandais, maitre de conférence à l’EHESS ; Jacques Sémelin, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des crimes de masse.


  15. En quête d’une preuve impossible
    Dans un procès, ce qui compte, c’est la preuve. Dans un procès pour génocide, la preuve inattaquable et irréfutable est ce qu’il y a de plus difficile à fournir. C’est le cas dans ce procès de Bruxelles, où l’on juge des gens qui n’ont pas tué de leurs mains, mais qui ont fait tuer ou laissé tuer. Pas de traces, pas de photos, pas d’aveux mais des dénégations.
    Comment une partie civile peut-elle faire face à ces assassins aux mains propres ? Qui doit faire le lien entre la victime et le décideur du crime ? C’est à la justice de faire ce lien, pas à la victime!

    Les minutes sonores du procès
    C’est l’interrogatoire d’Alphonse Higaniro. Cet ancien ministre, qui répugne presque à se défendre, a laissé quelques écrits qui en disent long sur ses intentions, mais il nie.

    Les intervenants
    Patrick May, journaliste et écrivain belge ; José Kagabo, historien franco-rwandais ; Spéciose le témoin 84, rescapée du génocide et partie civile au procès ; Pierre Vincke, directeur de RCN Justice & Démocratie.


  16. La faillite du message de l’Eglise
    On ne peut pas s’intéresser au génocide rwandais sans se pencher sur le rôle de l’Eglise. Le Rwanda est le pays le plus christianisé d’Afrique, celui où la ferveur semblait la plus grande. Or, c’est dans ce pays que tuer son prochain était devenu un travail quotidien. Cela signifie-t-il pour autant que l’Eglise a une responsabilité dans le génocide ? Un prêtre rwandais préfère s’interroger sur la réalité de l’adhésion des fidèles au message chrétien.

    Les minutes sonores du procès
    C’est l’interrogatoire des deux religieuses, sur les faits qui leur sont reprochés, avec notamment cet épisode tragique : l’incendie d’un petit garage dans lequel s’étaient enfermées jusqu’à 5OO personnes.

    Les intervenants
    Le sénateur belge Alain Destexhe, rapporteur de la Commission Rwanda ; le Père Blanc, Léopold Greindl, missionnaire au Rwanda jusqu’en 1994 ; François Janne d’Othée, journaliste belge et membre de l’association Concertation Chrétienne ; l’abbé Eustache Butera, rescapé du génocide, aujourd’hui directeur du collège St-André à Kigali.


  17. L’Eglise et l’omerta
    C’est une véritable litanie de questions…
    Comment s’est comportée l’Eglise au Rwanda avant le génocide, sachant que les missionnaires voyaient dans le pays des Mille Collines une terre d’évangélisation idéale… « Une terre de colonisation religieuse », répondent en écho les détracteurs de cette Eglise toute puissante.
    Et pendant le génocide, pourquoi des prêtres ont-ils pris la machette ? Pourquoi les évêques n’ont-ils pas crié plus fort pour tenter de stopper le génocide ? Comment ce pays si fervent a–t-il pu sombrer dans le meurtre de masse ?
    Et pourquoi après le génocide, une certaine Eglise a-t-elle organisé l’omerta pour que les accusations contre des ecclésiastiques ne filtrent pas ?
    Et enfin qui était le Dieu des Rwandais avant l’arrivée des missionnaires catholiques ?

    Les minutes sonores du procès
    Le défilé des Sœurs de Sovu, celles qui excusent le comportement de Sœur Gertrude et Sœur Kizito et celles qui au contraire les accusent d’avoir fait tuer ou laissé tuer plusieurs milliers de tutsi venus chercher refuge au monastère.

    Les intervenants
    Christian Terras, directeur de la revue catholique progressiste, Golias et le témoin 110, théologien rwandais.


  18. Résister et sauver
    Comme pour la Shoah, des Rwandais se sont comportés en Justes pendant le génocide… Ces Hutus ont pris des risques pour sauver des Tutsi, au péril de leur vie. Beaucoup sont morts d’ailleurs, comme tous ceux qui refusaient d’obéir aux ordres, et de tuer les Tutsi. Enfin, il n’y a quasiment pas eu de résistance collective, à l’exception de Bisesero.
    Que signifie l’acte de résister ? Qu’est-ce qu’être un Juste ?
    Au-delà encore, se pose la question de savoir si l’on peut utilement comparer les génocides entre eux, de manière à en tirer des enseignements pour l’avenir.

    Les minutes sonores du procès
    le témoin 110 raconte à la Cour d’assises comment il a sauvé des orphelins tutsi en leur faisant quitter clandestinement le pays et comment il a apporté des sacs de 50 kilos de riz au couvent de Sovu, pour nourrir des milliers de réfugiés.

    Intervenants
    Jacques Sémelin, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la résistance ; le témoin 110, théologien et animateur pastoral à Butare ; Jean Hatzfeld, écrivain ; Naasson Munynadamutsa, psychiatre rwandais, qui exerce et enseigne à Kigali et Butare ; Claude Lanzmann, cinéaste et directeur de la revue Les Temps Modernes.


  19. Pour en finir avec la culture du mensonge
    L’audience est consacrée aux témoignages des Veuves de Sovu, ces paysannes rwandaises, venues de leurs collines, rescapées du génocide, survivantes des massacres perpétrés en avril et mai 1994, à quelques mètres du couvent où vivaient les deux accusées : Sœur Gertrude et Sœur Kizito. Des témoignages contestés par la Défense, sur la base de quelques contradictions…
    Mais y a-t-il une vérité ou plusieurs ? La vérité des bourreaux recoupe-t-elle celle des victimes ? La vérité historique est-elle superposable à la vérité judiciaire ?

    Les minutes sonores du procès
    Domitille portait un bébé dans son dos, il a été tué d’un coup de lance. Veneranda a vu Sœur Gertrude rouler en voiture sur des cadavres et des blessés à l’agonie. Joseph Matata assure qu’il existe au Rwanda des syndicats de délateurs, chargés de diriger le témoignage des rescapés.

    Intervenants
    Cédric Vergauwen, avocat de Sœur Gertrude ; Pierre Vincke, directeur de RCN Justice & Démocratie ; Michèle Hirsch, avocat de plusieurs parties civiles ; Jean Hatzfeld, écrivain ; Jacques Sémelin, chercheur au CNRS ; Naasson Munyandamutsa, psychiatre rwandais ; Spéciose le témoin 84, rescapée du génocide et partie civile au procès de Bruxelles.


  20. Ce qui fait le lit du révisionnisme
    Parce qu’il leur arrivait de croiser les accusés dans les rues de Bruxelles ou de Namur, les proches des victimes du génocide ont décidé de saisir la justice.
    Parce que l’Université catholique de Louvain la Neuve s’est montré accueillante envers Vincent Ntezimana après le génocide, une polémique a éclaté entre professeurs.
    Parce que tout génocide sécrète sa négation (aucun Etat ne peut reconnaître qu’il a été criminel), des thèses fleurissent : celle d’un double génocide, ou encore sur le soutien apporté à l’armée tutsi par les Etats-Unis.
    En fait, le révisionnisme prospère quand l’Histoire est encore incomplètement écrite.

    Les minutes sonores du procès
    Deux professeurs de l’Université Catholique de Louvain, le témoin 116 et le témoin 144 : pas d’accord sur l’accueil à réserver à Vincent Ntezimana, après le génocide, alors que des rumeurs commençaient à circuler sur son compte.

    Intervenants
    le témoin 41, sociologue rwandais réfugié en Belgique ; Colette Braeckmann, journaliste au Soir ; José Kagabo, historien franco-rwandais ; Annette Viewiorka, historienne de la Shoah ; Luc Marchal, N°2 de la MINUAR (mission d’assistance des Nations Unies pour le Rwanda) ; Boubacar Boris Diop, écrivain sénégalais.


  21. Ce génocide qui nous habite
    Un génocide n’est pas un événement comme un autre. Ce n’est ni une guerre, ni une guerre civile (même si les deux sont souvent concomitants)… L’idée d’extermination lui est consubstantielle.
    Inouï, indicible, ineffable, incroyable, incompréhensible, inimaginable… il est aussi – et surtout - inoubliable ! Celui qui se penche sur le génocide rwandais est vite absorbé et envahi par son sujet. Fascination ? Répulsion ? Attraction et initiation !

    Les minutes sonores du procès
    Avec le réquisitoire de l’avocat général, le procès de Bruxelles entre dans sa dernière phase. Un réquisitoire maximaliste, calqué sur l’immensité du crime…

    Les intervenants
    Guislaine, jurée d’assises ; Jacques Sémelin, directeur de recherche au CNRS ; Stéphane Audoin-Rouzeau, historien des conflits contemporains ; Pierre Vincke, directeur de RCN Justice & Démocratie ?


  22. « Donner un cercueil aux morts »
    Etre victime d’un génocide, c’est être condamné à une souffrance éternelle. C’est aussi agir en justice, pour que la vérité soit dite.
    Etre victime, c’est aussi un état, un statut multiforme : victime directe ou indirecte, si l’on n’était pas présent au Rwanda, pendant le génocide. Femme violée, engrossée et aujourd’hui malade du sida. Ou encore, victime de la deuxième génération. Et là, c’est la rencontre entre l’avocate belge, Michèle Hirsch, fille de déportés juifs pendant la Shoah et des femmes tutsi, rescapées du génocide rwandais.

    Les minutes sonores du procès
    Les plaidoiries des avocats des parties civiles : Eric Gillet, Michèle Hirsch, Mélence Nkubanyi et Georges-Henri Beauthier.

    Les intervenants
    L’Abbé Eustache Butera, rescapé du génocide, directeur du Collège St-André, à Kigali ; Spéciose le témoin 84, rescapée du génocide et partie civile au procès de Bruxelles ; Michèle Hirsch, avocat des parties civiles ; Naasson Munyandamutsa, psychiatre rwandais, qui exerce et enseigne à Kigali et Butare : Berndatte, membre du collectif des parties civiles ; Stéphane Audoin-Rouzeau, historien des conflits du XXème siècle.


  23. Des bourreaux sans repentir
    A l’heure des plaidoiries de la défense, c’est l’occasion de s’interroger : ce procès de Bruxelles était-il un procès politique, un procès pour l’exemple ? Ou bien jugeait-on les accusés pour leur responsabilité pénale personnelle, individuelle ? Le débat n’est pas clos, en Belgique.
    S’interroger aussi sur les tueurs eux-mêmes, ceux qu’on appelle les bourreaux. Si un procès répare les victimes et leur permet d’amorcer le processus de deuil, peut-il aussi réparer les bourreaux ?

    Les minutes sonores du procès
    Les plaidoiries de Maîtres Vergauwen et Evrard, pour Sœur Gertrude et Alphonse Higaniro… Les toutes dernières déclarations des accusés : pas d’aveux, pas de remords, ni de regrets.

    Les intervenants
    Cédric Vergauwen, l’avocat de Sœur Gertrude ; Luc Maes, le président de la Cour d’assises ; Michèle Hirsch, avocate de plusieurs parties civiles ; le témoin 41, sociologue rwandais réfugié en Belgique et témoin de contexte au procès ; Jean Hatzfeld, écrivain, auteur notamment d’ « Une saison de machettes », recueil de récits de tueurs ; Naasson Munyadamutsa, psychiatre rwandais, qui exerce et enseigne à Kigali et Butare.


  24. Une culpabilité collective non assumée
    La justice n’est pas la vengeance. En disant qui est coupable et qui est victime, elle peut être au contraire un moyen de reconstruire une société blessée, traumatisée.
    Sur ce point, le procès de Bruxelles a certainement un rôle à jouer… grâce à la loi de compétence universelle… dont l’évolution récente est expliquée par un sénateur et une avocate.
    Reste que les Rwandais n’ont pas encore tourné la page du génocide. Ils sont collectivement confrontés à un double défi, politique et psychologique: sortir des non-dits pour assumer leur culpabilité individuelle et collective.

    Les minutes sonores du procès
    Avant-dernière journée d’audience, consacrée au verdict de culpabilité : le jury doit délibérer seul, sans les magistrats professionnels qui composent la Cour: ils doivent dire si les accusés sont innocents ou coupables, partiellement ou totalement.

    Les intervenants
    Madeleine le témoin 70, journalsite franco-rwandaise ; Gasana Ndoba, partie civile au procès et ancien président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme au Rwanda ; Alain Destexhe, sénateur belge, rapporteur de la commission «Rwanda » ; Michèle Hirsch, avocate de plusieurs parties civiles ; Colette Braeckmann, journaliste au quotidien belge « Le Soir » ; Patrick May, journaliste et écrivain belge ; Cédric Vergauwen, défenseur de Sœur Gertrude et le témoin 110, théologien rwandais, témoin au procès.


  25. Le pardon impossible ?
    Réconciliation: plus qu’un mot, c’est un slogan au Rwanda. Un mot d’ordre officiel, une politique. 9 ans après le génocide, la société rwandaise n’a pas forcément retrouvé son unité. La Constitution adoptée en juin affirme la prééminence de l’Unité du peuple rwandais, qui doit faire échec à toute nouvelle tentative génocidaire. Mais les rescapés ont encore peur. Et beaucoup ont du mal à pardonner. Un pardon qu’il faudrait accorder, mais qui n’est pas toujours demandé sincèrement : c’est l’une des difficultés de la démarche.

    Les minutes sonores du procès
    En Belgique, il y a deux verdicts. Cette dernière journée d’audience consacrée à la sentence. L’avocat général requiert la peine maximale : la perpétuité. La défense plaide pour un verdict de réconciliation. Le jury et la Cour fixent le quantum de la peine, pour chacun des accusés.

    Les intervenants
    Madeleine le témoin 70, journaliste franco-rwandaise ; Bernadette, membre du Collectif des parties civiles de Belgique ; Spéciose le témoin 84, rescapée du génocide et partie civile au procès ; Jean Hatzfeld, écrivain.

 
assises rwanda 2001