assises rwanda 2001
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Instruction d’audience A. Higaniro Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience A. Higaniro > Audition témoins > le témoin 113
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7.3.4. Témoin de contexte: le témoin 113

Le Greffier : La Cour.

Le Président : L'audience est reprise, les accusés peuvent prendre place. Alors, nous allons entendre le témoin suivant, Madame ou Mademoiselle le témoin 113.

Madame, comprenez-vous bien le français ou préférez-vous avoir un interprète ? Un interprète, je pense que c'est… un interprète ?

le témoin 113 : Ndavuga ikinyarwanda.

Le Président : Un interprète, je crois que c’est… l’interprète ?

L’Interprète : Bakubaza niba uvuga mu gifaransa, niba ushaka umusemuzi.

le témoin 113 : Yego ndamushaka kuko ndamukeneye.

L’Interprète : Oui, je vais m'exprimer en kinyarwanda, j'ai besoin d'un interprète.

Le Président : Monsieur l'interprète, voulez-vous demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe yombi ?

le témoin 113 : le témoin 113.

L’Interprète : le témoin 113.

Le Président : Quel âge a-t-elle ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 113 : 24.

L’Interprète : 24 ans.

Le Président : Quelle est sa profession ?

L’Interprète : Ukora mwuga ki ?

le témoin 113 : Ndi umuhinzi.

L’Interprète : Cultivatrice.

Le Président : Quelle est sa commune de domicile ou de résidence ?

L’Interprète : Komini yawe utuyemo ubu ngubu ?

le témoin 113 : Ni komini Ngoma

L’Interprète : La commune de Ngoma.

Le Président : Au Rwanda ?

L’Interprète : Mu Rwanda ?

le témoin 113 : Mu Rwanda.

L’Interprète : Oui, au Rwanda.

Le Président : Connaissait-elle les accusés ou un des accusés avant le mois d'avril 1994 ?

L’Interprète : Abaregwa, cyangwa se umwe mu baregwa waba wari ubazi mbere y’ukwezi kwa kane muri ’94 ?

le témoin 113 : Harimo abo narinzi, harimo nabo ntarinzi.

L’Interprète : Oui, il y en a que je connaissais, il y en a d'autres que je connaissais pas.

Le Président : Qui est-ce qu'elle connaissait ?

L’Interprète : Uwo wari uzi ni nde ? Cyangwa abo wari uzi ?

le témoin 113 : Sœur Maria Kizito na HIGANIRO Alphonse.

L’Interprète : Je connaissais sœur Marie Kizito et Monsieur HIGANIRO Alphonse.

Le Président : Est-ce qu'elle est de la famille des accusés ou de la famille des parties civiles ?

L’Interprète : Hari isano mu muryango waba ufitanye n’abaregwa cyangwa se abaregeye indishyi ? Icyo mwaba mupfana.

le témoin 113 : Bose nta n’umwe tugira icyo dupfana.

L’Interprète : Non, je n'ai aucune relation de parenté avec personne d'entre eux.

Le Président : Elle n'est pas sous contrat de travail avec les accusés ou avec les parties civiles ?

L’Interprète : Ntabwo hari uwo ukorera akazi, yaba mu baregwa yaba se mu baregera indishyi ?

le témoin 113 : Hari uwo nakoreraga akazi mu barega.

L’Interprète : Mubaregwa, mubarega ? Uwo wakoreraga akazi, mu baregwa, mu barega?

le témoin 113 : Hari umwana wasigaye ariwe urega, iwabo nibo nakoreraga akazi.

L’Interprète : Ah oui, il y a un rescapé parmi ceux qui constituent la partie civile. Je travaillais chez les parents de cet enfant-là, rescapé.

Le Président : Oui. Vous voulez lui demander de lever la main droite,

L’Interprète : Wazamura ukuboko ku iburyo,

Le Président : Et de prêter le serment de témoin ?

L’Interprète : Ukarahira indahiro y’abatanga ubuhamya.

le témoin 113 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa,

L’Interprète : Nta rwango,

le témoin 113 : Nta mususu.

L’Interprète : Elle a dit : « Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité ».

Le Président : Vous pouvez l'inviter à s'asseoir et vous asseoir à côté du témoin. Le témoin a dit tout à l'heure qu'elle connaissait sœur Marie Kizito ?

L’Interprète : Wavuze ko wari uzi sœur Mariya Kizito ?

le témoin 113 : Maria Kizito nari muzi nk’umuntu wabaga mu kigo cy’ababikira,

L’Interprète : Oui, je la connaissais comme une personne qui vivait au couvent des sœurs,

le témoin 113 : Kubera ko aho ngaho twari twegeranye n’ikigo cyabo.

L’Interprète : Car, là où j'étais, nous étions voisins de son couvent.

Le Président : Est-ce qu'elle a été témoin des évènements qui se sont déroulés au couvent de Sovu, au mois d'avril et au mois de mai 1994 ?

L’Interprète : Waba wariboneye ubwawe ibyabaye mu kigo cy’ababikira k’i Sovu mu kwezi kwa 4 n’ukwa 5 mu 1994 ?

le témoin 113 : Ntabwo ibyabaye i Sovu mbizi kuko sœur Kizito yari yarimutse ariho ari, i Kigufi yarahavuye, njye nari ku Gisenyi.

L’Interprète : Non, je ne sais pas ce qui s'est passé à Sovu car, à ce moment-là, sœur Kizito avait déménagé,

Le Président : Bien.

le témoin 113 : Nari ndi i Kigufi njye,

L’Interprète : Alors que moi, j'étais toujours à Kigufi, dans la préfecture de Gisenyi.

Le Président : Sœur Marie Kizito a fait partie du couvent qui était à Kigufi ?

L’Interprète : Mama Mariya Kizito yigeze kuba mu kigo cy’ababikira cy’i Kigufi ?

le témoin 113 : Yarahabaye.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Est-ce que le témoin a vu la mort de Benoît le témoin 123, de sa femme et de deux de ses enfants ?

L’Interprète : Waba warabonye ibyabaye mu rupfu rwa Benoît NTAMANWA ?

le témoin 113 : le témoin 123 !

L’Interprète : Yee... Umufasha we na babiri mubana be ?

le témoin 113 : Narabibonye nali mpari kandi twari kumwe.

L’Interprète : Oui, je l'ai vu puisque j'étais là et nous étions ensemble.

Le Président : A cette époque-là, elle travaillait donc dans la maison de Benoît le témoin 123 ?

L’Interprète : Ni ukuvuga ko muri icyo gihe wakoraga mu rugo rwa Bwana Benoît…

le témoin 113 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Est-ce qu'elle se souvient que des militaires sont venus à la maison de Benoît le témoin 123 ?

L’Interprète : Uribuka ko abasirikare baje muri urwo rugo rwa Benoît le témoin 123 ?

le témoin 113 : Ndabyibuka barahansanze, nari mpari.

L’Interprète : Oui, je me souviens bien, ils sont venus et m'y ont trouvée.

Le Président : Est-ce qu'elle se souvient de la date à laquelle ces militaires sont venus à la maison ?

L’Interprète : Waba wibuka itariki abo basirikare baziyeho ?

le témoin 113 : Ntabwo nibuka itariki, ariko nzi ko Prezida yari yaraye apfuye, hari ku munsi wa kabiri.

L’Interprète : Je ne me souviens plus de la date, mais je me rappelle que c'était le lendemain de la mort du président.

Le Président : Est-ce qu'elle avait déjà vu ces militaires avant, à Kigufi, ou est-ce que c'était la première fois qu'elle les voyait ce jour-là ?

L’Interprète : Hari ubundi wari warabonye abo basirikare i Kigufi mbere y’uwo munsi cyangwa se uwo munsi nibwo bwa mbere wababonye abo basirikare baje i Kigufi ?

le témoin 113 : I Kigufi nibwo bwa mbere nahababonye ariko nababonaga kuri BRALIRWA, hafi yaho.

L’Interprète : Oui, à Kigufi, c'est la première fois que je les y ai vus mais auparavant, je les avais vus à la BRALIRWA, non loin de là-bas.

Le Président : La BRALIRWA c’est la brasserie du Rwanda ?

L’Interprète : BRALIRWA ni ikigo kengerwamo za byeri mu Rwanda ?

le témoin 113 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Cette brasserie est située près de Kigufi?

L’Interprète : Urwo rwengero rw’inzoga rukaba ruri hafi ya Kigufi ?

le témoin 113 : Ruri hafi yaho.

L’Interprète : Oui, près de là.

Le Président : Est-ce qu'elle a appris qui avait envoyé les militaires chez Benoît le témoin 123 ?

L’Interprète : Waba waramenye cyangwa warumvise uwaba yarohereje abo basirikare mu rugo rwa Benoît le témoin 123 ?

le témoin 113 : Naramwumvise.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Qu'est-ce qu'elle a appris à ce sujet-là ?

L’Interprète : Waba waramenye iki kuri ibyo ? Kuri iryo yoherezwa ry’abasirikare ?

le témoin 113 : Abasirikare bakimara kudusanga mu rugo kwa le témoin 123, twahungiye ku Kivu tujya mu kigo cy’ababikira.

L’Interprète : Oui, les militaires quand ils nous ont trouvés dans la famille le témoin 123, nous nous sommes réfugiés au bord du lac Kivu, au couvent des sœurs.

le témoin 113 : Nkigera ku Kivu, nahahuriye n’umukozi wakoreraga HIGANIRO witwa le témoin 3,

L’Interprète : Arrivée au bord du lac Kivu, j'ai croisé un employé ou domestique de Monsieur HIGANIRO du nom du témoin 3 et il m'a dit alors,

le témoin 113 : Arambwira ngo : « Ngiye kukwica, na mbere, ntabwo abasirikare HIGANIRO amaze kwohereza uri bubarenge, anjyana mu Kivu ».

L’Interprète : Et il me dit : « Je vais te tuer de toute façon tu vas pas échapper aux militaires que HIGANIRO vient d'envoyer », et alors, il m'emmena au Kivu, au lac Kivu.

le témoin 113 : Abakozi bakoreraga abababikira nibo bamunyambuye, nibo bamubujije kundoha.

L’Interprète : Alors, les travailleurs, les personnes qui travaillaient pour les sœurs, l'ont empêché de me noyer dans le lac Kivu.

Le Président : Quand les militaires sont venus, ils ont, semble-t-il, demandé de l'argent pour épargner la famille ?

L’Interprète : Abasirikare ubwo baje, batse amafaranga kugirango babe batakwica abo muri urwo rugo ?

le témoin 113 : Barayatse.

L’Interprète : Oui, ils ont demandé de l'argent.

Le Président : 500.000 F rwandais ? Etait-ce une somme de 500.000 F rwandais ?

L’Interprète : Byaba byari 500.000 by’amanyarwanda ?

le témoin 113 : Batse 500.000, tubaha 120.000 kuko nibyo twari dufite.

L’Interprète : Oui, ils ont demandé une somme de 500.000 F rwandais, mais nous lui avons donné une somme de 120.000 F rwandais puisque c'est la seule somme que nous avions à ce moment-là.

Le Président : La famille de Benoît s'est réfugiée dans le couvent ?

L’Interprète : Abo ku muryango wa le témoin 123 bahungiye mu babikira, mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 113 : Niho bahungiye.

L’Interprète : Oui, ils se sont réfugiés là-bas.

Le Président : Est-ce que les militaires sont venus au couvent ?

L’Interprète : Abasirikare baba baraje muri icyo kigo ?

le témoin 113 : Abo ngabo twahaye amafaranga nibo bagarutse, bifashishije n’izindi Nterahamwe begeranyije.

L’Interprète : Oui, les mêmes auxquels nous avions donné cet argent-là sont venus, mais cette fois-ci, accompagnés d'autres Interahamwe qu'ils avaient rassemblés.

Le Président : Est-ce qu'elle connaît le nom de certains des Interahamwe qui étaient avec les militaires, au couvent ?

L’Interprète : Waba uzi amazina ya zimwe muri izo Nterahamwe zazanye nabo basirikare mu kigo cy’ababikira.

le témoin 113 : Hari le témoin 3,

L’Interprète : Oui, parmi eux figurent le témoin 3,

le témoin 113 : BATUYE,

L’Interprète : BA…

Le Président : BATUYE,

L’Interprète : BATUYE,

le témoin 113 : Na SEMAZIMWE.

L’Interprète : Et SEMAZIMWE.

le témoin 113 : Abandi ntabwo mbibuka.

L’Interprète : Je me souviens plus des noms des autres.

Le Président : Est-ce que le témoin 12 était aussi dans les Interahamwe ?

L’Interprète : le témoin 12 nawe yari mu Nterahamwe ?

le témoin 113 : Hari abantu benshi ntabwo nabashije kubabona bose.

L’Interprète : Il y avait une grande foule, j'ai pas pu les identifier tous.

Le Président : Est-ce que c'étaient des gens qui habitaient la région de Kigufi, ces Interahamwe ?

L’Interprète : Izo Nterahamwe baba ari abantu bari batuye hafi aho ku Kigufi ?

le témoin 113 : N’abantu bakuye hirya yaho atari abaho ngaho muri Kigufi, abo muli Kigufi bihishaga ku mpande ariko ntabwo bagaragaye imbere cyane.

L’Interprète : Oui, ce sont les gens qui les avaient rassemblés, des alentours de Kigufi, non, de Kigufi même. Ceux originaires de Kigufi se cachaient derrière les autres, ne se faisaient pas voir tellement.

Le Président : Ils ont du enfoncer la porte pour rentrer dans le couvent, pour rentrer dans la maison du couvent où ils s'étaient réfugiés ?

L’Interprète : Babanje kumena urugi mbere yuko binjira muri icyo kigo cy’ababikira mwari mwahungiyemo ?

le témoin 113 : Babanje kurumena, urwo ku muryango.

L’Interprète : Oui, ils ont d'abord enfoncé la porte d'entrée.

Le Président : Est-ce qu'elle se souvient comment, de quelle manière ils ont tué Benoît ?

L’Interprète : Waba wibuka uburyo bishemo Benoît ?

le témoin 113 : Ndabyibuka.

L’Interprète : Oui, je me souviens.

Le Président : Est-ce qu'elle a la force du répéter ?

L’Interprète : Byagushobokera, washobora kubisubiramo, uko byagen-ze ?

le témoin 113 : Nshobora kubivugaho bikeya.

L’Interprète : Oui, je peux en dire peu.

Le Président : Est-ce qu'elle veut bien l'expliquer ?

L’Interprète : Wabisobanura ?

le témoin 113 : Urugi bararwashe, hanyuma badusanga mu cyumba aho twari turi.

L’Interprète : Oui, ils ont cassé la porte pour nous trouver dans la chambre où nous étions,

le témoin 113 : Noneho le témoin 123 arasohoka arababwira ati : « Nimuze nge kubaha andi mafaranga »,

L’Interprète : Alors, le témoin 123 est sorti pour leur dire : « Venez je vais vous donner plus d'argent »,

le témoin 113 : Bahise bamufata akaboko, noneho baratubwira ngo : « Amafaranga ntayo dushaka ».

L’Interprète : Et ils l'ont saisi du bras et ils nous ont dit :« Nous n'avons pas besoin de l'argent ».

le témoin 113 : Baramusohora bamushyira imbere ya chapelle y’ababikira,

L’Interprète : Alors, ils l'ont mis dehors, en face de la chapelle des sœurs,

le témoin 113 : Baratangira baramutemagura.

L’Interprète : Ils ont commencé à lui donner des coups de machette.

le témoin 113 : Nyuma yaho bakurikijeho abana be, umugore we niwe baherutse.

L’Interprète : Après, vint le tour de son épouse, de ses enfants et en dernier lieu de son épouse.

Le Président : Les enfants, c'étaient Yves et Olive ?

L’Interprète : Abana bari Yves na Oliva ?

le témoin 113 : Yves na Aline.

L’Interprète : Non, Yves et Aline.

Le Président : Yves et Aline qui étaient… quel âge avait Aline ?

L’Interprète : Aline yari afite imyaka ingahe ?

le témoin 113 : Yari afite umwaka n’amezi.

L’Interprète : Elle avait une année et quelques mois.

Le Président : Et Yves ?

L’Interprète : Naho Yves ?

le témoin 113 : Yves yarafite imyaka itatu.

L’Interprète : Yves avait 3 ans.

Le Président : Elle a réussi à s'enfuir ?

L’Interprète : Wabashe guhunga ? Byaragukundiye, wabashe guhunga ?

le témoin 113 : Bariho babatemagura naciye inyuma yabo mpita nirukanka, mpungira mu baturage.

L’Interprète : Quand ils leur assénaient ces coups, j'ai pu passer, j'ai pu les contourner, passer derrière eux et me réfugier dans le voisinage.

Le Président : Elle n'est pas allée à la maison de Monseigneur ?

L’Interprète : Ntabwo waba waragiye kwa Musenyeri ? Mu rugo kwa Musenyeri ?

le témoin 113 : Oya, ntabwo nahageze.

L’Interprète : Non, je ne me suis pas rendue là-bas.

Le Président : Est-ce qu'elle a eu des nouvelles des autres enfants de Benoît, ceux qui n'avaient pas été tués ? Est-ce qu'elle a eu des nouvelles ?

L’Interprète : Waba waramenye amakuru, wamenye ibyabaye ku bandi bana ba Benoît batari bishwe ? Ibyababayeho, warabimenye ?

le témoin 113 : Amakuru naje kumva ni uko hari mushiki wa Olivier witwa Sylvie bari batemye mu gahanga.

L’Interprète : Non, les nouvelles qui me sont parvenues, c'est que la sœur d'Olivier, Sylvie qui avait reçu un coup dans le visage.

Le Président : Pas de remarques dans le public et je souhaiterais que ce soit la dernière fois que j'ai à intervenir !

S'il y a encore quelqu'un qui parle, je le fais expulser !

le témoin 113 : Nta yandi makuru nabashije kumenya.

L’Interprète : Non, pas d'autres nouvelles qui me sont parvenues.

Le Président : Avant la guerre de 1994,

L’Interprète : Mbere y’intambara yo muli ’94,

Le Président : Comment se passaient les relations entre Monsieur HIGANIRO et Benoît le témoin 123 ?

L’Interprète : Bwana HIGANIRO na Benoît le témoin 123 bari babanye bate, imibanire yabo muri icyo gihe ?

le témoin 113 : Ntabwo bigeze babana neza,

L’Interprète : Ils n'ont jamais entretenu de bonnes relations,

le témoin 113 : Ko HIGANIRO yahoraga ashaka kumwicisha, ngo ni inyenzi, akorana n’Inkotanyi.

L’Interprète : Car HIGANIRO a toujours cherché à le faire tuer disant que c'était un Inyenzi, qu'il était de mèche avec les Inkotanyi.

Le Président : Comment a-t-elle appris que HIGANIRO pensait ou disait des choses comme ça de Benoît ?

L’Interprète : Wamenye ute uburyo HIGANIRO yavugaga ibyo bintu kuri Benoît ?

le témoin 113 : Hari ubwo yabibwiraga abaturage bakabitubwira, tugahungira mu kigo cy’ababikira, tukamara nk’ukwezi tutarara mu rugo.

L’Interprète : Des fois, il le disait aux voisins qui nous le disaient, alors, nous prenions refuge chez les sœurs, et il nous arrivait de passer un mois sans revenir chez nous.

Le Président : Comment s'appelle le voisin qui venait répéter ça ?

L’Interprète : Umuturanyi wakundaga kuza kuvuga ibyo, yitwa nde ?

le témoin 113 : le témoin 139 Jean-Marie Vianney.

L’Interprète : le témoin 139 Jean-Marie Vianney.

Le Président : le témoin 139 Jean-Marie Vianney.

Les travailleurs de chez HIGANIRO avaient-ils une attitude agressive vis-à-vis de Benoît, de la famille, des domestiques etc., de Benoît ?

L’Interprète : Abakozi bo kwa HIGANIRO bajyaga, bari bafite urugomo, bajyaga bashaka kugirira nabi kwa Benoît, mu muryango se wo kwa Benoît ?

le témoin 113 : Ibyo ngibyo twari twarabimenyereye kuko igihe cyose batubwiraga ngo uminsi Inyenzi zatsinzwe tuzapfa.

L’Interprète : Oui, nous étions habitués à cela car tout le temps, ils nous disaient que le jour où les Inyenzi auraient perdu la guerre, nous allions mourir.

Le Président : Bien. Y-a-t-il des questions à poser au témoin ? Monsieur l'avocat général ?

L'Avocat Général : Une simple précision. Vous en avez déjà parlé, Monsieur le président, je sais que c'est fort difficile pour le témoin mais je vais simplement lui demander de confirmer ce qu'elle a dit dans sa déclaration du 4 octobre 1995, concernant la mort de Monsieur Benoît le témoin 123. Donc, elle dit qu'il a été tué à coups de hache et de machette et alors, je cite ce qu'elle a déclaré : « Ils l'ont découpé en commençant par le cou et les jambes ». Est-ce qu'elle peut confirmer    cela ?

Le Président : Donc, peut-elle confirmer qu'elle a déclaré au mois d'octobre 1995, à propos de la manière dont Benoît avait été tué, qu'il avait été tué à coups de hache et de machette ?

L’Interprète : Wakongera kwemeza ibyo wavuze ku italiki ya 5 mu kwezi kwa cumi muri ’95, uburyo Benoît le témoin 123 bamwishe, ko bamutemaguje ishoka n’imihoro ?

le témoin 113 : Ndabyemeza.

L’Interprète : Oui, je le confirme.

Le Président : Et que les tueurs l'avaient découpé en commençant par le cou et les jambes ?

L’Interprète : Kandi ko abamwishe, bamwishe babanza kumutemagura ku ijosi, mu gikanu no ku maguru ?

le témoin 113 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Y-a-t-il d'autres questions ? Oui.

Me. EVRARD : Merci, Monsieur le président. Je souhaiterais poser au témoin une question concernant la semaine qui suit. Je souhaiterais savoir, selon le témoin, où les parents d'Olivier ont été enterrés ?

Le Président : Le témoin sait-il à quel endroit Benoît le témoin 123, sa femme et les deux enfants ont été enterrés ?

L’Interprète : Waba uzi ahantu Bwana le témoin 123, umugore we n’abana be babiri bahambwe ?

le témoin 113 : Ndahazi.

L’Interprète : Oui, je le sais.

Le Président : Est-ce qu'elle peut indiquer quel était cet endroit, est-ce que c'était près de la maison de Benoît, est-ce que c'était près du couvent, est-ce que c'était à un autre endroit ?

L’Interprète : Wavuga aho hantu aho ariho, haba se hari hafi yo mu rugo kwa Benoît, hari hafi se yo ku babikira cyangwa se hari ahandi ?

le témoin 113 : Hari hafi yo mu rugo kwa Benoît.

L’Interprète : Oui, c'était tout près de la maison de Benoît.

Le Président : Est-ce que, près de cet endroit, il y avait une haie de cyprès ?

L’Interprète : Hafi y’aho hantu haba hari uruzitiro rw’amasipure, urugo rw’amasipure ?

le témoin 113 : Rurahari ariko rugabanya kwa Benoît no kwa HIGANIRO.

L’Interprète : Oui, cette haie existe et sépare le domaine de HIGANIRO et celui de Benoît.

Le Président : Une autre question ?

Me. EVRARD : Monsieur le président, le témoin peut-il nous confirmer que ce lieu dont elle parle maintenant correspond à celui qui se trouve, et je cite son interrogatoire en 1995 : « Un peu plus haut que la concession » et nous dire ce qu'est cette concession ? Si elle sait nous le dire.

Le Président : Alors, l'endroit où est enterré les parents, enfin Benoît, sa femme et les enfants, elle dit que : « C'est un peu plus haut que la concession ». Est-ce qu'elle peut expliquer ce que ça veut dire « un peu plus haut que la concession » ?

L’Interprète : Muri ’95 wari wavuze ko aho hantu baha…

Le Président : Est-ce que ça veut dire, par exemple, que ce n'est pas sur la concession, sur la parcelle où se trouvait la maison de Benoît ?

L’Interprète : Aho hantu, muri ’95, aho hantu bahambwe wavuze ko hari haruguru gatoya…

le témoin 113 : Y’urugo, y’inzu.

L’Interprète : Wavuga se urwo rugo, niba urwo rugo niyo nzu ari kwa Benoît. 

le témoin 113 : Urwo rugo ni kwa Benoît.

L’Interprète : Oui, il s'agit de la concession de Benoît.

Le Président : Oui, mais elle a dit que c'était un peu plus haut que la concession. Donc, est-ce qu'ils sont enterrés sur la concession ou pas sur la concession de Benoît ?

L’Interprète : Wavuze ko ari haruguru gatoya, haba se hari mu rugo, mu isambu, cyangwa hanze yayo, byayo ?

le témoin 113 : Ni mu isambu ye.

L’Interprète : C'est dans la concession de Monsieur Benoît.

Le Président : Dans la concession. Est-ce qu’elle sait qui a procédé à l'enterrement des corps ?

L’Interprète : Waba uzi abashyinguye abo bantu ?

le témoin 113 : Ababashyinguye simbazi, kuko nari nagiye, sinarimpari,

L’Interprète : Non, je ne connais pas puisque j'étais partie,

le témoin 113 : Uwabahambishije niwe nzi.

L’Interprète : Mais celui qui les a fait enterrer, je le connais.

le témoin 113 : Yari Bourgmestre w’iyo Komine.

L’Interprète : C'était le bourgmestre de la commune.

Le Président : Oui… Dans son audition du mois d'octobre 1995, elle ne parle pas de Benoît et de sa femme, mais des parents de Monsieur HIGANIRO. Est-ce qu'elle connaît les parents de Monsieur HIGANIRO ?

L’Interprète : Mu kwa… mu kwezi kwa cumi 1995, ntabwo uvuga Benoît, ahubwo uvuga umugore we, ukanavuga ababyeyi ba HIGANIRO. Waba uzi ababyeyi ba HIGANIRO ?

le témoin 113 : Ibyo sinjye wabivuze !

L’Interprète : Non, ce n’est pas moi…

Le Président : Non, c'est les parents d'Olivier parce qu’à un moment dans la phrase, on dit : « Les parents d'Olivier », et puis à un autre moment « Les parents de HIGANIRO » dans l'audition de 1995. Quand elle parle des personnes qui sont enterrées, c'est bien des parents d'Olivier ?

L’Interprète : Iyo uvuga ababyeyi bahambwe, uba uvuga, uba ushaka kuvuga ababyeyi ba Olivier ?

le témoin 113 : Yego.

L’Interprète : Oui, oui.

Le Président : Bien. Une autre question ? Maître HIRSCH.

Me. HIRSCH : Oui, merci, Monsieur le président. Euh… le témoin fait état de la réunion qui s'est déroulée le 4 avril chez Monsieur HIGANIRO. Peut-elle dire qui était présent, si elle s'en souvient encore aujourd'hui et je fais référence à la même partie de son audition que vous venez de citer, Monsieur le président, mais je ne sais pas si elle se rappelle qui était présent à cette réunion.

Le Président : Le témoin se souvient-il que, le jour de Pâques 1994, il y a eu de la visite chez Monsieur HIGANIRO ?

L’Interprète : Uribuka ko kuri Pasika ya ’94, hari abantu basuye kwa HIGANIRO ?

le témoin 113 : Ndabyibuka.

L’Interprète : Oui, je me souviens.

Le Président : Est-ce qu'elle se souvient qui est venu en visite ?

L’Interprète : Wakwibuka abantu babasuye ?

le témoin 113 : Ndabibuka.

L’Interprète : Oui.

Le Président : C'était qui ?

L’Interprète : Bari ba nde ?

le témoin 113 : le témoin 32 ariwe wari président,

L’Interprète : le témoin 32 qui était alors président,

le témoin 113 : Bourgmestre w’iyo komine,

L’Interprète : Le bourgmestre de cette commune,

le témoin 113 : N’abandi bantu bakomeye ntashoboye kumenya amazina baba ku Gisenyi.

L’Interprète : Et d'autres personnalités importantes de Gisenyi dont je n'ai pas pu connaître les noms.

Le Président : Le bourgmestre, c'était le bourgmestre de la commune de Nyamyumba ?

L’Interprète : Yari Bourgmestre wa komine ya Nyamyumba ?

le témoin 113 : Yego.

L’Interprète : Oui, oui.

Le Président : Monsieur BAGANGO Faustin ?

L’Interprète : BAGANGO Faustin ?

le témoin 113 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Une autre question ? Maître EVRARD ?

Me. EVRARD : Je vous remercie, Monsieur le président. Est-ce que le témoin quittait souvent Kigufi et lorsqu'elle dit que : « La BRALIRWA se trouvait dans le voisinage ou aux environs », est-ce qu'elle avait l'occasion de s'y rendre ?

Le Président : Est-ce que le témoin quittait parfois ou souvent Kigufi?

L’Interprète : Wajyaga ukunda kuva i Kigufi rimwe na rimwe cyangwa se kenshi ?

le témoin 113 : Ni rimwe na rimwe ntabwo nakundaga kugenda.

L’Interprète : Non, c'est parfois qu'elle quittait Kigufi.

Le Président : Est-ce qu'elle est déjà allée, par exemple, à la BRALIRWA?

L’Interprète : Wigeze ugera kuri BRALIRWA ?

le témoin 113 : Narahagendaga.

L’Interprète : Oui, je m'y rendais.

Le Président : Autre question ? Plus de questions ? Les parties sont-elles d'accord pour que le témoin se retire ? Voulez-vous bien demander au témoin, Monsieur l'interprète, si elle confirme ses déclarations, si elle persiste dans ses déclarations ?

L’Interprète : Urongera kwemeza no guhamya ibyo umaze gutangaza ?

le témoin 113 : Ndabyemera.

L’Interprète : Oui, je confirme.

Le Président : Vous pouvez remercier le témoin de la part de la Cour.

L’Interprète : Baragushimiye.

Le Président : Le témoin peut donc quitter les lieux aujourd'hui mais elle doit administrativement rester à la disposition de la Cour jusqu'à son retour au Rwanda.

L’Interprète : Ushobora kugenda ariko ukaba uzaba ukiri kumwe n’urukiko kugeza igihe uzasubirira mu Rwanda.