7.3.6. Témoin de contexte: le témoin 103
Le Président : Alors, Monsieur
le témoin 103. Un interprète ? Oui. Un des interprètes
peut se présenter ?
Alors, Monsieur l'interprète, voulez-vous bien demander au témoin
quels sont ses nom et prénom ?
L’Interprète :
Amazina yawe yombi ?
le témoin 103 : Nitwa le témoin 103.
L’Interprète : Il s'appelle Jean-Marie
Vianney.
Le Président : Quel est son âge
?
L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?
le témoin 103 :
38.
L’Interprète : J'ai 38 ans.
Le Président : Quelle est sa profession
?
L’Interprète :
Umwuga wawe ?
le témoin 103 :
Umuhinzi.
L’Interprète : Je suis cultivateur.
Le Président : Quelle est sa commune
de résidence ?
L’Interprète :
komine utuyemo ?
le témoin 103
: Nyamyumba.
L’Interprète : La commune de Nyamyumba.
Le Président : Au Rwanda ?
L’Interprète :
Mu Rwanda ? komine Nyamyumba mu Rwanda ?
le témoin 103 :
Au Rwanda.
L’Interprète : Au Rwanda.
Le Président : Connaissait-il
les accusés ou certains des accusés, Monsieur NTEZIMANA, Monsieur HIGANIRO,
Madame MUKANGANGO, Madame MUKABUTERA, avant le mois d'avril 1994 ?
L’Interprète : Hari abaregwa wari
uzi mbere y’ukwezi kwa kwane ’94 ?
le témoin 103 :
HIGANIRO Alphonse.
L’Interprète : HIGANIRO Alphonse.
Le Président : Est-il de la famille
des accusés ou des parties civiles ?
L’Interprète : Waba uri uwo mu
muryango w’abaregwa cyangwa se abaregera indishyi ? Hari isano mufitanye ?
le témoin 103 :
Muri bose ntacyo dupfana.
L’Interprète : Non, je n'ai aucune
relation.
Le Président : Il n'est pas sous
un contrat de travail avec les accusés ou les parties civiles ?
L’Interprète : Ntawe ukorera akazi
haba mu baregwa cyangwa se mubaregera indishyi ?
le témoin 103 :
Ntabo.
L’Interprète : Non.
Le Président : Veut-il bien, alors,
lever la main droite et prêter le serment de témoin ?
le témoin 103 :
Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.
L’Interprète : Je jure de parler
sans haine et sans crainte, de dire la vérité, toute la vérité et rien que la
vérité.
Le Président : Je crois qu'il
y a un mot en trop… mais… dans la traduction. Prenez place tous les deux.
Le témoin, au mois d'avril 1994 et peut-être même déjà avant, habitait-il
à proximité de la propriété de Monsieur HIGANIRO, au bord du lac Kivu ?
L’Interprète : Mbere y’ukwezi
kwa kane muri ’94, wari uturanye cyangwa wari utuye hafi no kwa HIGANIRO ku
nkombe z’ikiyaga cya Kivu ?
le témoin 103 :
Oui.
Le Président : Où le témoin travaillait-il
à cette époque-là ?
L’Interprète : Muri icyo gihe wakoraga he,
le témoin 103 :
Nakoraga kuri brasserie.
L’Interprète : Je travaillais
à la brasserie.
Le Président : La BRALIRWA?
L’Interprète : BRALIRWA ?
le témoin 103 :
Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Cette brasserie
est-elle située loin de Kigufi?
L’Interprète : Iyo BRALIRWA yari
kure ya Kigufi ?
le témoin 103 :
Hari kilometero 4.
L’Interprète : Euh… à 4 kilomètres
plus loin.
Le Président : Le témoin a été
entendu au Rwanda en 1995 je crois…, en octobre 1995…
L’Interprète : Mu kwezi kwa 10
muri ‘95, hari abantu bakubajije mu Rwanda…
Le Président : …et il a expliqué
que dans le secteur de Gisenyi, Kigufi, les massacres avaient commencé tout
de suite après la mort du président le témoin 32.
L’Interprète : …icyo gihe wavuze
ko ku Gisenyi na hafi aho i Kigufi, ubwicanyi bwahise butangira le témoin 32
akimara gupfa.
le témoin 103 :
Nibyo.
L’Interprète : Oui, c'est vrai.
Le Président : Est-ce qu’à Gisenyi
et à Kigufi, Monsieur HIGANIRO était un homme important ?
L’Interprète : Ku Gisenyi cyangwa
se i Kigufi HIGANIRO yari umuntu ukomeye cyane.
le témoin 103 :
Yarakomeye hose.
L’Interprète : Oui, il était important.
Le Président : Le témoin peut-il
préciser pourquoi Monsieur HIGANIRO était un homme important ? Qu'est-ce qui
faisait que c'était un homme important ?
L’Interprète : Wasobanura uburyo
HIGANIRO yari umuntu ukomeye, ibyo yakoraga byatumaga aba igikomerezwa ?
le témoin 103 :
Nabisobanura.
L’Interprète : Oui, je peux l'expliquer.
Le Président : Oui ?
le témoin 103 :
Kuko nka Prezida le témoin 32 yazaga iwe buri gihe, hafi ya buri gihe, no kuri
Pasika akaba yari ahari.
L’Interprète : Oui, notamment
parce que le président le témoin 32 se rendait souvent chez lui, et même à la
Pâques, il était là.
Le Président : Le témoin peut
préciser ça parce que, de sa maison, il voyait l'habitation de Monsieur HIGANIRO
?
L’Interprète : Wabisobanura kubera
ko kuva aho wari utuye warebaga kwa HIGANIRO ?
le témoin 103 :
Nabonaga imodokari ziza.
L’Interprète : Je voyais les véhicules
venir.
Le Président : Est-ce que le témoin
sait ce qu'on disait de Monsieur HIGANIRO à Gisenyi, en relation avec les Interahamwe
?
L’Interprète : Uzi ibyavugagwa
kuri HIGANIRO ku Gisenyi ku mibanire ye n’Interahamwe ?
le témoin 103 :
Ibyo sinabimenya, sinabimenya.
L’Interprète : Non, je peux pas
le savoir.
Le Président : Il ne peut pas…
?
L’Interprète : Le savoir.
Le Président : Est-ce qu'il n'y
avait pas des bruits qui couraient ? Est-ce que Monsieur HIGANIRO n'avait pas
un surnom à Gisenyi, en rapport avec les Interahamwe ?
L’Interprète : Mu byavugwaga nta
cyavugwaga ko HIGANIRO yari afite izina ry’irihimbano rifitanye isano n’Interahamwe ?
le témoin 103 :
Ibyo sinabimenya.
L’Interprète : Non, ça je peux
pas le savoir.
Le Président : Est-ce qu'il a
déjà entendu parler du coffre-fort des Interahamwe ?
L’Interprète : Waba warumvise
coffre-fort cyangwa isanduku y’umuta-menwa ibikwamo amafaranga y’Interahamwe.
le témoin 103 :
Ibyo ntabwo mbizi.
L’Interprète : Non, non, plus
je le sais pas.
Le Président : Est-ce qu’avant
la mort du président le témoin 32, il a déjà entendu Monsieur HIGANIRO s'exprimer
à propos de Monsieur Benoît le témoin 123 qui était l'assistant médical qui habitait
juste à côté de chez Monsieur HIGANIRO ?
L’Interprète : Wigeze, mbere yuko
le témoin 32 apfa, wigeze wumva HIGANIRO hari ibyo avuga byerekeye Benoît le témoin 123,
w’umuganga wari uturanye no kwa HIGANIRO ?
le témoin 103 :
Nibyo.
L’Interprète : C'est vrai.
Le Président : C'était avant la
mort du président le témoin 32 ?
L’Interprète : Byabaye mbere y’urupfu
rwa Prezida le témoin 32.
le témoin 103 :
Byabaye mbere.
L’Interprète : Oui, ça s'est passé
avant.
Le Président : Et que disait Monsieur
HIGANIRO à propos de Benoît le témoin 123 ?
L’Interprète : Bwana HIGANIRO
yavugaga iki kuri Bwana le témoin 123 ?
le témoin 103 :
Yaravuze ngo : « Mbese ka gatutsi karacyari hariya ? ».
L’Interprète : Il a dit :
« Est-ce que ce Tutsi-là est toujours là, est toujours là ? ».
Le Président : Est-ce qu'il n'a
pas dit de manière… quelque chose d'un peu plus sérieux encore ?
L’Interprète : Nta bindi yavuze
bikabije kurusha ibyo ?
le témoin 103 :
Ni ibyo yavuze, yambwiye.
L’Interprète : Non, c'est cela
qu'il m'a dit.
Le Président : Il n'a pas dit :
« Ce Tutsi d'à côté, qu'est-ce que vous en faites ? Pourquoi ne le tuez-vous
pas, ce petit Tutsi de médecin ? ».
L’Interprète : Ntabwo yavuze ngo :
« Ako gatutsi k’akaganga karaho gategereje iki, kuki mutakica ? ».
le témoin 103 :
Ayo magambo yambwiye, ashobora kubisobanura.
L’Interprète : Les mots… ces mots
qu'il m'a adressés peuvent expliquer cela.
Le Président : Je ne vais pas
interroger le témoin à propos de ce qu'il a appris de la manière dont Benoît
le témoin 123 aurait été tué parce que… à moins qu'on ait une précision ici, mais…
Le témoin a-t-il vu la manière dont Benoît RWAMANWA et sa famille
ont été tués ?
L’Interprète : Wabonye uburyo
Benoît RWAMANWA n’umuryango we bishwemo ?
le témoin 103 :
Narawubonye.
L’Interprète : Oui, je l'ai vu.
Le Président : Ah ! Il a
vu !
L’Interprète : Warabibonye ?
le témoin 103 :
Nabonye imirambo yabo, mu gitondo.
L’Interprète : J'ai vu leurs corps,
le matin.
Le Président : Les corps ! Les
corps lorsqu'ils étaient déjà morts ? Il n'a pas vu qui tuait et comment on
tuait ?
L’Interprète : Iyo mirambo wayibonye
bamaze gupfa, ntabwo wabonye uburyo bicwagamo n’uwabishe ?
le témoin 103 :
Oya, usibye ko uwabishe, ababishe bivugwa kandi bazwi.
L’Interprète : Non, à part qu’on
parle des assassins, ces assassins sont connus.
Le Président : Oui, mais lui,
il n'a pas vu les assassins ?
L’Interprète : Wowe ubwawe, ntiwababonye ?
Le Président : Les assassins en
train d’assassiner ?
L’Interprète : Ubwawe ntiwabonye
abo bicanyi barimo kubica ?
le témoin 103 :
Oya, ntabwo nabibonye, nabone imirambo mu gitondo.
L’Interprète : Non, je ne les
ai pas vus. J'ai vu les corps, le matin.
Le Président : Sait-il où les
corps ont été enterrés ?
L’Interprète : Uzi aho imirambo
yashyinguwe ?
le témoin 103 :
Ndahazi.
L’Interprète : Oui, je le sais.
Le Président : Il peut indiquer
et expliquer cet endroit par rapport, notamment, à la maison de l'assistant
médical ?
L’Interprète : Ushobora gusobanura
aho hantu, uhereye, kugereranya nkaho waba uvuye kwa muganga ?
le témoin 103 :
Iwe mu rugo ?
L’Interprète : Yego, uvuye iwe
mu rugo.
Le Président : Est-ce que c’était
sur la parcelle de la maison, ou un peu à côté de la parcelle de la maison… ?
le témoin 103 :
Haruguru.
L’Interprète : C'est au-dessus
de chez lui, au-dessus de la maison.
Le Président : Est-ce qu'il y
a une haie de cyprès tout près de cet endroit ?
L’Interprète : Aho hafi y’ahongaho
hari urugo rw’amasipure ruhari ?
L’Interprète : Oui.
Le Président : Est-ce qu'il a
constaté un changement en ce qui concerne la maison de Monsieur HIGANIRO, à
partir de la mort du président le témoin 32, notamment la surveillance qui pouvait
être faite par des militaires ou des choses de ce genre-là ?
L’Interprète : Hari ibyo wabonye
byahindutse kwa HIGANIRO, yenda nk’abasirikare baje kuharinda ?
le témoin 103 :
Oui, hari abasirikare bahabaga, babiri babaga imbere abandi inyuma.
L’Interprète : Oui, des militaires
y vivaient. Deux devant et d'autres derrière.
Le Président : Est-ce qu'il sait
si ces militaires étaient des gardes présidentiels ou des « JP »,
des « GP », ou d'autres militaires ?
L’Interprète : Waba uzi se abo
bantu bari mu barinda Prezida, aba GP cyangwa se abandi basirikare, uwundi mutwe
w’abandi basirikare ?
le témoin 103 :
Jyewe nabonaga gusa ari abasirikare, bambaye ibisirikare.
L’Interprète : Non, je voyais
que c'étaient seulement des militaires, des gens qui portaient l'uniforme militaire.
Le Président : Est-ce que, lorsque
Monsieur HIGANIRO se déplaçait, notamment en voiture, est-ce qu'il était accompagné
par des militaires ?
L’Interprète : Iyo HIGANIRO yagiraga
aho ajya, agiye se nko mu modoka, hari abasirikare bagendanaga ?
le témoin 103 :
Yego, babiri.
L’Interprète : Oui, deux.
Le Président : Et lorsque la femme
de Monsieur HIGANIRO se déplaçait, est-ce qu'elle était aussi accompagnée par
des militaires ?
L’Interprète : Iyo umugore wa
Bwana HIGANIRO nawe yagendaga aherekejwe n’abasirikare ?
le témoin 103 :
Yego. Nawe.
L’Interprète : Oui, également.
Le Président : Avant de quitter
définitivement Butare, Monsieur HIGANIRO est resté… enfin de quitter définitivement
le… le Rwanda, Monsieur HIGANIRO est resté pendant une assez longue période
à Gisenyi, à Kigufi, environ deux mois ?
L’Interprète : Mbere yuko Bwana
HIGANIRO ava mu Rwanda burundu yamaze igihe kirekire ku Gisenyi, ni nk’amezi
abiri ?
le témoin 103 :
Ngereranyije, numva ari amezi abiri cyangwa ukwezi n’igice.
L’Interprète : Oui, si j'estime,
ça pourrait être deux mois ou un mois et demi.
Le Président : Est-ce que Monsieur
HIGANIRO se déplaçait beaucoup pendant son séjour à Gisenyi?
L’Interprète : Mu gihe HIGANIRO
yabaga ku Gisenyi yakundaga kugenda cyane ?
le témoin 103 :
Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Le témoin a-t-il
vu éventuellement venir, à Kigufi ou à Gisenyi, des camions ou des camionnettes
de la Sorwal ?
L’Interprète : Hari ubwo waba
warabonye i Kigufi haje amakamyo cyangwa se amakamyoneti ya SORWAL ?
le témoin 103 :
Yarazaga buri gihe ra !
L’Interprète : Oui, souvent.
Le Président : Dans la propriété
de Monsieur HIGANIRO, y-avait-il beaucoup de voitures ?
L’Interprète : Mu kigo kwa HIGANIRO
hari amamodoka menshi ?
le témoin 103 :
Nk’atanu.
L’Interprète : Plus ou moins cinq.
Le Président : Toutes appartenant
à Monsieur HIGANIRO ?
L’Interprète : Ayo yose yari aya
HIGANIRO bwite ?
le témoin 103 :
Ibyo sinabimenya. Yabaga aparitse aho.
L’Interprète : Non, ça je ne peux
pas le savoir et elles étaient garées là-bas.
Le Président : Dans les voitures,
y avait-il une Jeep Pajero noire ?
L’Interprète : Muri izo modoka
hari Pajero y’umukara yari izirimo ?
le témoin 103 :
Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Y avait-il aussi
une Mercedes jaune/beige ?
L’Interprète : Harimo na Mercedes
ijya kuba nk’umuhondo ?
le témoin 103 :
Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Lorsque Monsieur
HIGANIRO a quitté définitivement le Rwanda, que sont devenues toutes ces voitures
? Est-ce que ces voitures sont restées là ou est-ce qu'elles avaient disparu
en même temps que Monsieur HIGANIRO ?
L’Interprète : Mu gihe HIGANIRO
yavaga burundu mu Rwanda izo modoka zagiye he, zabigendekeye bite, yarazijyanye,
bagendeye rimwe… ?
le témoin 103 :
Yarazijyanye.
L’Interprète : Oui, il les a prises
toutes, en totalité.
Le Président : Il était donc,
lorsqu'il est parti, accompagné de plusieurs personnes ?
L’Interprète : Ni ukuvuga ko aho
yagendaga yaherekejwe n’abantu benshi,
Le Président : Il n'a pas pu conduire
les cinq voitures à la fois !
L’Interprète : Kuberako atashobora
gutwara imodoka eshanu icya-rimwe !
le témoin 103 :
Hari umugabo umwe wabaga aho.
L’Interprète : Oui, avec un homme
qui était là, qui vivait là-bas.
Le Président : Bien, y-a-t-il
des questions à poser au témoin ? Monsieur le 6e juré ?
Le 6e Juré : Merci, Monsieur.
Est-ce qu'on peut demander au témoin si on sait voir la différence entre des
gardes présidentiels ou des…
Le Président : D'autres militaires.
Le 6e Juré : D'autres militaires.
S'ils ont un habit différent ou quelque chose qui sait les distinguer.
Le Président : Selon le témoin,
les gardes présidentiels ont-ils un signe distinctif, par exemple dans l'uniforme,
le béret ou que sais-je hein, euh… ou la couleur des bottines qui permet de
distinguer ceux qui font partie de la garde présidentielle, des autres militaires
?
L’Interprète : Ku bwawe, hari
ibintu bitandukanya abarinda Prezida, ba GP n’abandi basanzwe, haba se ku ngofero
bambaye, imyenda yabo, amabara yayo cyangwa se inkweto bambaye, wamenya kubatandukanya
n’abandi ?
le témoin 103 :
Enfin, icyogihe, barihinduranyaga, icyo gihe bahindura nka…hari nk’igihe batambaraga
ingofero…
L’Interprète : Non, ils changeaient
souvent leur habillement, par exemple des fois où ils ne portaient pas les bérets.
Le Président : Oui, donc si on
voyait un garde présidentiel et un autre militaire est-ce qu'on savait dire :
« Ah! celui-là, c'est le garde présidentiel ? ».
L’Interprète : Ubonye umusirikare
w’aba GP ari kumwe n’abandi wavuga uti : « Uyu nguyu n’umu GP ? ».
le témoin 103 :
Yego, yambaye ingofero.
L’Interprète : Oui, s'il porte
son béret.
Le Président : Les gardes présidentiels
avaient un béret d'une couleur particulière ?
L’Interprète : Abo ba GP, abasirikare
barinda Prezida bari bafite ingofero ry’ibara ryihariye ?
le témoin 103 :
Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Quelle couleur
?
L’Interprète : Irihe bara ?
le témoin 103 :
Ry’umutuku.
L’Interprète : Rouge.
Le Président : Les militaires
qui se trouvaient chez HIGANIRO avaient-ils un béret rouge ?
L’Interprète : Abo basirikare
babaga kwa HIGANIRO bambaraga ingofero z’imituku ?
le témoin 103 :
Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Y-a-t-il d'autres
questions ? Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Je vous remercie,
Monsieur le président. Dans sa déclaration aux enquêteurs, le témoin s'est montré
relativement précis quant aux sentiments qu'il prêtait à Monsieur HIGANIRO,
vis-à-vis de la famille de Benoît le témoin 123. Est-ce qu'il peut éventuellement
nous préciser ce qu'il en était, à l'époque ? Et d'où il tenait cette connaissance
? Je vous remercie.
Le Président : Le témoin sait-il
quels étaient les sentiments de Monsieur HIGANIRO à l'égard de Monsieur Benoît
le témoin 123 et de la famille de Benoît le témoin 123 ?
L’Interprète : Waba waruzi uburyo
HIGANIRO yabonaga cyangwa se imyitwarire ku bireba umuryango wa Benoît le témoin 123 ?
le témoin 103 :
…
L’Interprète : Imyitwarire n’imyifatire
ya HIGANIRO ku bireba umuryango wa Benoît le témoin 123 ? Yari yitwaye ate ?
le témoin 103 :
Ibyo sinabimenya.
L’Interprète : Ça, je ne sais
pas le savoir.
Le Président : Est-ce que Monsieur
HIGANIRO aimait bien la famille de Monsieur Benoît le témoin 123 ?
L’Interprète : Bwana HIGANIRO
yakundaga se cyane, yakundaga se umuryango wa Benoît le témoin 123 ?
le témoin 103 :
Ibyo aribyo byose ntabwo yawukundaga.
L’Interprète : Non, de toutes
les façons, il n'aimait pas cette famille.
Le Président : Sait-il pourquoi
Monsieur HIGANIRO n'aimait pas cette famille ?
L’Interprète : Uzi impamvu Bwana
HIGANIRO atakundaga uwo muryango ?
le témoin 103 :
Nkurikije iryo jambo yambwiye ngo : « Mbese aracyari aho ? ».
L’Interprète : Oui, me basant
sur ces paroles-là qu'il m'a adressées, me disant : « Est-ce qu'il
est toujours là, lui, toujours là ? ».
Le Président : Dans sa déclaration,
le témoin dit que si HIGANIRO en voulait à Benoît et à sa famille, c'est parce
qu'il avait de la haine pour les Tutsi.
L’Interprète : Mu byo wavuze mbere,
ngo nuko HIGANIRO icyatumaga yanga abo bantu nuko yangaga abatutsi.
le témoin 103 :
Njyewe nkurikije iryo jambo, numvise gusa ko ari uburyo bwo kwanga abatutsi.
L’Interprète : Oui, me basant
sur son mot-là, j'ai conclu que c'est une façon de haïr, de ne pas aimer les
Tutsi.
Le Président : Le témoin sait-il
si Monsieur HIGANIRO s'est exprimé aussi à propos d'autres Tutsi que Monsieur
Benoît le témoin 123 ?
L’Interprète : Waba uzi ko hari
andi magambo Bwana HIGANIRO yavuze areba abandi batutsi batari le témoin 123 gusa ?
le témoin 103 :
Ntabwo nabimenya.
L’Interprète : Non, je ne peux
pas le savoir.
Le Président : Y-a-t-il d'autres
questions ? Oui, Maître EVRARD.
Me. EVRARD : Merci, Monsieur
le président. Le témoin a signalé dans sa déclaration qui est versée au dossier,
que Monsieur HIGANIRO lui a parlé personnellement. Il dit, par ailleurs, qu'il
était difficile d'approcher sa maison. Je voudrais que l'on pose au témoin la
question de savoir dans quelles circonstances il a eu l'occasion de rencontrer
Monsieur HIGANIRO et s'il entretenait avec lui, des relations de voisinage ou
quoi que ce soit.
Le Président : Dans quelles circonstances
le témoin a-t-il parlé avec Monsieur HIGANIRO…
L’Interprète : Ni buryo ki waganiriye
na Bwana HIGANIRO ?
Le Président : …au moment où celui-ci
lui a expliqué quelque chose à propos du témoin 123 ?
L’Interprète : Mu gihe yagize
icyo akubwira ku bireba ba le témoin 123 ?
le témoin 103 :
Nari mvuye mu Kivu kwoga, mu gitondo,
L’Interprète : C'était un matin,
je revenais de nager du lac Kivu,
le témoin 103 :
Musanga iwe mu rugo, musanga ku gipangu cye.
L’Interprète : Je l'ai retrouvé
à son domaine…
le témoin 103 :
Ku nyuma.
L’Interprète : Devant son domaine,
le témoin 103 :
Numva mbwiye ayo magambo.
L’Interprète : Alors, il a dit
cela.
Le Président : Est-ce qu'il arrivait
souvent au témoin, de parler avec Monsieur HIGANIRO ?
L’Interprète : Hari ubundi byajyaga
bikubaho ko uganira na HIGANIRO
le témoin 103 :
Nta na rimwe.
L’Interprète : Non, qu'une fois.
Le Président : Rien qu’une fois
?
L’Interprète : N’iryo rimwe gusa ?
le témoin 103 :
N’iryo rimwe gusa.
L’Interprète : Cette unique fois,
seulement.
Le Président : Y-a-il une autre
question ?
Me. EVRARD : Merci, Monsieur
le président. Le témoin a signalé dans sa déclaration avoir travaillé pendant
très longtemps à la BRALIRWA. Peut-on poser la question au témoin de savoir
s'il avait, à l'époque où il travaillait à la BRALIRWA - je suppose au moment
où ont lieu les évènements - est-ce qu'il avait connaissance de la présence
de militaires à la BRALIRWA et que des militaires auraient été appelés pour
se rendre dans la région de Kigufi?
Le Président : A l'époque des
évènements d'avril 1994, y avait-il des militaires à la BRALIRWA, peut-être
pour assurer la sécurité de cette brasserie ?
L’Interprète : Muri ibyo byabaye,
mur’icyo gihe cy’ibyabaye mu kwezi kwa kane kwa ’94, hari abasirikare babaga
muri BRALIRWA se yenda mu buryo bwo kurinda umutekano muri icyo kigo ?
le témoin 103 :
Nibyo.
L’Interprète : Oui, c'est vrai.
Le Président : Ils étaient combien
?
L’Interprète : Bari bangahe ?
le témoin 103 :
Sinamenya umubare wabo.
L’Interprète : Je ne peux pas
connaître leur nombre.
Le Président : Sait-il si, à un
moment, dans le mois d'avril 1994 ou dans le mois de mai 1994, des soldats qui
assuraient la sécurité de la BRALIRWA ont été appelés pour venir en secours
ailleurs ?
L’Interprète : Hari icyo waba
uzi ku byerekeye nkuko mu kwezi kwa kane cyangwa se kwa gatanu kwa ‘94, hari
abasirikare baba barahamagaye muri BRALIRWA kugirango hagire nkaho bajya gutabara ?
le témoin 103 :
Gutabara hehe ?
L’Interprète : Secours où ?
Le Président : Je ne sais pas.
Est-ce qu'il a entendu que des militaires partaient de la BRALIRWA pour aller
quelque part ?
L’Interprète : Ahariho hose wumvise
ko babahamagaye kugirango bagire nkaho bajya ?
le témoin 103 :
Yego, hari abasirikare bazaga ariko baza gusaba amafaranga.
L’Interprète : Oui, il y a des
militaires qui venaient demander de l'argent.
le témoin 103 :
Kuko hari babiri, hari abigeze kuza basaba umubikira witwa sœur Marie Paule
amafaranga,
L’Interprète : Oui, il y en a
qui sont venus et qui ont demandé à une religieuse qui s'appelait sœur Paule,
de l'argent.
le témoin 103 :
150.000, elle a donné 150.000. Yabahaye 150.000.
L’Interprète : Elle leur a donné
150.000
le témoin 103 :
Naho Benoît le témoin 123 nawe yabahaye 120.000
L’Interprète : Quant à Benoît
le témoin 123, il leur a donné 120.000
Le Président : Oui, je crois que
nous n'aurons pas vraiment de réponse à cette question ! Oui ?
Me. EVRARD : Monsieur le
président, une dernière question. Le témoin connaît-il - pour être le voisin
immédiat si je comprends bien la localisation des lieux et l'endroit où il habite
- le témoin connaît-il Monsieur BAHANI et Monsieur… le témoin 12 et Monsieur le témoin 3,
excusez-moi, et sait-il si quelque chose leur a été demandée lors des évènements,
et plus particulièrement en rapport avec les voisins ?
Le Président : Le témoin connaît-il
le témoin 12 Alphonse… pardon, le témoin 3 et le témoin 12 Anastase ?
L’Interprète : Waba uzi le témoin 3
Alphonse cyangwa se le témoin 12 Anastase ?
le témoin 103 :
Ndabazi, bari abakozi ba HIGANIRO.
L’Interprète : Oui, je les connais,
c’étaient des employés de Monsieur HIGANIRO.
Le Président : Est-ce que ces
deux personnes ont fait quelque chose de particulier durant les évènements du
début du mois d'avril 1994 ?
L’Interprète : Abo bantu babiri
hari ikintu bakoze kidasanzwe hari mu byabaye mu ntangiriro z’ukwezi kwa kane
za ’94 ?
le témoin 103 :
Ntabyo, ntabyo nzi.
L’Interprète : Non, je n'en sais
rien.
Le Président : Ces deux personnes
faisaient-elles partie des Intera-hamwe ?
L’Interprète : Abo bantu babiri
bari Interahamwe ?
le témoin 103 :
Oya, ntabyo numvise.
L’Interprète : Non, je n'ai pas
entendu parler de ça.
Le Président : A-t-il entendu
parler de ce que ces deux personnes auraient pillé la maison de Benoît le témoin 123
?
L’Interprète : Hari icyo wumvise
cyuko abo bantu baba barasahuye ibintu byo mu rugo kwa Benoît le témoin 123 ?
le témoin 103 :
Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Une autre question,
Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Je voudrais
demander au témoin s'il rencontre encore actuellement les deux personnes que
vous venez de citer, si ces deux personnes se trouvent toujours actuellement
à Gisenyi?
Le Président : Monsieur le témoin 12
et Monsieur le témoin 3 sont-ils toujours à Gisenyi ou à Kigufi?
L’Interprète : Muri iki gihe le témoin 3
na le témoin 12 baracyaba ku GISENYI cyangwa i Kigufi ?
le témoin 103 :
Yego, bariyo.
L’Interprète : Oui, ils sont là.
Le Président : Les a-t-il rencontrés
récemment ?
L’Interprète : Muri iyi minsi
ya vuba, hari ubwo wahuye nabo ?
le témoin 103 :
Yego, narababonye.
L’Interprète : Oui, je les ai
vus.
Le Président : Il y a combien
de temps ?
L’Interprète : Ni ryari, hamaze
igihe kingana iki ubabonye ?
le témoin 103 :
Hashize… ni nk’ibyumweru bibiri.
L’Interprète : Il y a à peu près
deux semaines.
Le Président : Une autre question,
Maître GILLET ?
Me. GILLET : Oui, je voudrais
savoir, Monsieur le président, si le témoin allait aux manifestations qui se
déroulaient au stade de football de Gisenyi ?
Le Président : A l'époque ?
Me. GILLET : Oui, à l'époque,
bien entendu, pendant le génocide.
Le Président : Le témoin allait-il
aux manifestations qui se déroulaient en avril/mai 1994, au stade de football
de Gisenyi?
L’Interprète : Wajyaga ujya mu
myigaragambyo cyangwa ibindi byaberaga mu, kuri stade y’umupira w’amaguru ku
Gisenyi mu gihe cya ’94, mu gihe cya génocide ?
le témoin 103 :
Reka da !
L’Interprète : Non, pas du tout.
Le Président : Une autre question
? Maître HIRSCH ?
Me. HIRSCH : Merci, Monsieur
le président, euh… le témoin, dans sa déclaration écrite a dit… a été témoin
des personnes qui se trouvaient chez Monsieur HIGANIRO, le jour de Pâques, donc,
le 4 avril 1994 et il a dit également que Monsieur HIGANIRO était un proche
du commandant militaire de la place de Gisenyi, le colonel Anatole SENGIYUMVA
dont on a déjà parlé. Est-ce qu'il peut le confirmer ?
Le Président : Le témoin peut-il
confirmer que Monsieur HIGANIRO était un proche du colonel… au nom difficilement
prononçable pour nous ?
L’Interprète : Waba uzi ko, waba
uzi niba HIGANIRO yari inshuti cyangwa yarabanaga, yaragendereranaga na Colonel
Anatole NSENGIYUMVA,
le témoin 103 :
Yego, baragendereranaga cyane.
L’Interprète : Oui oui, ils se
rendaient souvent visite.
Le Président : Une autre question
? Maître EVRARD ?
Me. EVRARD : Je vous remercie,
Monsieur le président. Peut-on, suite à la question qui vient d'être posée,
demander au témoin comment il pouvait identifier, parmi les personnes qui venaient
chez Monsieur HIGANIRO, le commandant NSENGIYUMVA ?
Le Président : Comment le témoin
pouvait-il, parmi les visiteurs qui allaient chez Monsieur HIGANIRO, dire :
« Ah ! Celui-là, c'est le colonel ? ».
L’Interprète : Wabwirwa n’iki
mu bashyitsi bazaga kwa Bwana HIGANIRO, uti : « Ah ! Uriya ni
HIGANIRO ».
le témoin 103 :
Nagomba kuba nari mbazi.
L’Interprète : Oui, puisque je
le connaissais.
Le Président : Une autre question
? Plus d'autres questions ? Les parties sont-elles d'accord pour que le témoin
se retire ? Voulez-vous bien, Monsieur l'interprète, demander au témoin s'il
persiste dans ses déclarations, s'il confirme ses déclarations ?
L’Interprète : Uremeza, urahamya
ibyo umaze gutangariza urukiko ?
le témoin 103 :
Ndabyemeza rwose…
L’Interprète : Oui, effectivement
je le confirme.
Le Président : Vous pouvez signaler
au témoin qu'il peut librement disposer de son temps tout en restant à la disposition
de la Cour, administrativement, jusqu'à son retour au Rwanda. Bien, nous allons
suspendre l'audience un quart d'heure, donc on reprend à 16 h 02… 03… pour profiter
de l'occasion pour aérer la salle, s'il vous plait. |