assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Lecture déclarations témoins par président > C. Nsanzimfura et commentaires parties civiles
1. le témoin 33 et commentaires parties civiles 2. C. Nsanzimfura et commentaires parties civiles 3. Sœur B. Kagaju et commentaires défense et parties civiles
 

8.7.2. Lecture de déclarations de témoins par le président: Cassien NSANZIMFURA et commentaires des parties civiles

Le Président : Alors, je vais vous demander, Monsieur le greffier, dans le dossier 62, les classeurs 1, 2 et 4. Je crois qu’il est tout au-dessus, Monsieur le greffier. Monsieur le greffier, tout au-dessus, 6295, classeur 4. Oui ? Vous avez la main dessus ? Et le 1 et  le 2 sont là tout près de vous. Là, tout près de vous, sur votre table. Merci. Alors… L’audition de NSANZIMFURA Cassien, le 11 octobre 1995, par un policier rwandais, dans le cadre de la commission rogatoire de Monsieur VANDERMEERSCH, en présence de Messieurs DELVAUX et GOUMANS de la police judiciaire de Bruxelles. La traduction :

« Vous me demandez ce que je sais au sujet des crimes qui ont été commis au centre de santé de Sovu. Avant la guerre, je travaillais au couvent des sœurs de Sovu, depuis 1974 jusqu’à la prise du pouvoir par le FPR. Je connais toutes les sœurs qui travaillaient dans ce couvent. Leur supérieure était Gertrude qui a remplacé une sœur blanche, plus âgée. Pendant la guerre d’avril 1994, j’ai continué à travailler jusqu’en juillet, lorsque les sœurs ont fui. J’étais là lorsque les réfugiés sont venus au couvent, mais seulement, je gardais le bétail. Je n’ai donc pas su comment ils sont venus. En ce moment, les sœurs voulaient que les gens trouvent refuge au couvent mais l’Interahamwe REKERAHO, qui était adjudant dans les FAR, s’y opposait. J’ignore si REKERAHO était de connivence avec sœur Gertrude, mais seulement, je constatais que cette religieuse avait la volonté d’accueillir les fugitifs. C’est REKERAHO qui a chassé ces réfugiés par ses propres forces. Il les a orientés vers le centre de santé, aidé par d’autres personnes que je ne connaissais pas. J’ignore si c’était Gertrude qui recevait des ordres de REKERAHO. En ce qui concerne les crimes commis au centre de santé, je n’en sais rien parce que j’étais au couvent. Je ne sais donc pas quand ces massacres ont eu lieu, car je n’ai même pas vu des corps.

Ce que je sais de très important, c’est qu’il y avait des sœurs âgées au couvent et que REKERAHO venait dans chaque chambre par force, mais je ne sais pas où il les conduisait. Seulement, il est compréhensible qu’il allait les tuer. C’était vers fin avril ou bien au mois de mai. REKERAHO qui avait été chassé de l’armée, il passait partout, dans la brousse, dans les bananeraies, en compagnie de plusieurs personnes en train de chercher et de débusquer ceux qui étaient cachés. On voyait que cela attristait sœur Gertrude et qu’elle n’approuvait pas ce que faisait REKERAHO. J’habitais au couvent, je la voyais bien. Il  y a des choses qui prouvent que Gertrude était sous contrainte et qu’elle était triste. REKERAHO allait dans toutes les chambres et même dans celle de Gertrude et les mettait en branle-bas parce qu’il disait chercher des fugitifs qui s’y seraient cachés. Moi, j’ai vu une fois REKERAHO conduire Gertrude de force vers la chapelle et lui ordonner de l’ouvrir pour y chercher des fuyards. A la question que vous me posez, je ne connais aucune sœur qui a eu une part de responsabilité dans les massacres. J’habitais le couvent, je ne sortais pas à moins qu’il n’y ait pris par à l’extérieur du couvent. Je pense qu’au sujet des gens qui ont été pris au couvent et qui ont été tués, aucune religieuse n’en a eu une part de responsabilité parce qu’il était bien visible que REKERAHO et  des Interahamwe usaient de l’intimidation et de la force.

Je n’ai rien à ajouter, mais seulement à la question que vous me posez, les jerricanes d’essence étaient gardés dans une chambre destinée à cet effet et je voyais le chauffeur des sœurs y entrer et en prendre quelques-uns, je ne sais pas qui gardait le clé de la chambre. Seulement cette chambre était constamment fermée, sauf justement au moment où le chauffeur allait chercher de l’essence et ce n’est que lui que je voyais l’ouvrir. Ce chauffeur s’appelait NKURUNZIZA Anastase, il est mort ».

Oui, Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Simplement signaler que, sauf erreur de ma part, cet employé fidèle et amnésique est actuellement détenu au Rwanda dans le cadre, bien sûr, des faits qui nous occupent.

Le Président : Une autre remarque ?