Contexte historique et social

Les travaux des historiens non partisans comme Claudine Vidal, Catherine Newbury et Alison Desforges montrent qu’avant la colonisation belge, les termes « Hutu » et « Tutsi » distinguaient des catégories de la population rwandaise. Mais ces catégories ne reposaient pas sur des sentiments d’appartenance identitaire et ni des sentiments conflictuels. Elles renvoyaient plutôt à des spécialisations socio-économiques. En effet, les Hutu étaient des agriculteurs et les Tutsi des éleveurs. Cette différence socio-économique n’était pas infranchissable. Des Hutu pouvaient disposer du bétail tandis que des Tutsi pouvaient pratiquer l’agriculture.

Le bétail constituait la principale richesse du pays. Les hommes les plus importants et les plus puissants du royaume rwandais étaient les détenteurs des grands troupeaux ; ils étaient de la famille royale, des Tutsi en général. Mais il existait également de grands éleveurs Hutu.

Durant la colonisation, l’administration coloniale s’appuya sur un groupe de Tutsi ayant accédé à l’instruction publique. La monopolisation des plus hauts postes et des meilleurs emplois (réservés aux noirs) par les élites Tutsi provoqua les frustrations des élites Hutu ayant eu également accès à l’instruction européenne.

De social, le conflit entre les groupes « occidentalisés » devint politique et la lutte pour l’indépendance se joua sur des bases ethniques.

Les élections de 1960 dirigée par les Nations Unies aboutirent à la victoire des leaders politiques Hutu.

La sociologue Claudine Vidal estime que « ce n’est pas de leur culture traditionnelle mais d’une imagerie, au départ européenne, transformant les Hutu et les Tutsi en races héréditairement ennemies que des individus et des groupes issus des élites rwandaises conçurent une propagande stigmatisant les Tutsi ; ce n’est pas non plus pour assouvir des haines séculaires qu’à plusieurs reprises, depuis l’indépendance, les autorités incitèrent à des pogroms meurtriers, mais à chaque fois, ce fut pour raffermir un pouvoir contesté en se déchaînant contre un soi-disant ennemi intérieur ».