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14.2.7. Devoirs d’enquête: 11 mai 2001
Le Président : Avant que nous
appelions le témoin, Monsieur HABIMANA, je vous signale que le docteur COMBLET
a déposé les deux rapports qui lui étaient demandés. On va distribuer une copie
de ces rapports aux parties. Alors, ces rapports sont joints au dossier de la
procédure. Je vous donne connaissance des conclusions de ce rapport en ce qui
concerne le témoin Vénérande. Les conclusions du médecin-légiste sont :
« Madame le témoin âgée de 53 ans déclare
avoir été victime de coups violents par objets contondants à l’arrière de la
tête, à la jambe gauche et au pouce de la main gauche principalement ayant entraîné
une perte de connaissance immédiate et prolongée, une tuméfaction du cuir chevelu
et, selon ses dires, une fracture de la jambe gauche et une plaie de la base
du pouce gauche. A l’heure actuelle elle continue à se plaindre de vertiges
et d’acouphènes associés à des douleurs bitemporales récurrentes et de cauchemars
avec hurlements la nuit pendant son sommeil. L’examen met en évidence une petite
formation cicatricielle du cuir chevelu dans la région oxypito-pariétale gauche.
Une petite cicatrice de la base du pouce gauche à l’articulation métacarpophalengienne.
Les plaintes d’acouphènes et de vertiges sont vraisemblablement attribuables
au traumatisme crânien subi. Pour confirmer cette étiologie et préciser l’importance
de ces troubles, un examen vestibulaire spécialisé pourrait être réalisé. Les
séquelles dommageables présentées sont de nature à entraîner une incapacité
permanente de travail personnel ».
L’autre rapport qui concerne quatre personnes, conclut en ce qui
concerne Madame MUKANBANZA Domitille, âgée de 47 ans :
« Déclare avoir été atteinte par une lance qui lui a perforé
le dos après avoir transpercé le bébé qu’elle portait sur le dos et avoir été
frappée par le même instrument à l’arrière de la tête elle a perdu connaissance
et est alors qu’elle était en cours d’ensevelissement dans une fosse et qu’elle
sortait d’un état d’inconscience, elle a été à nouveau frappé à l’aide d’une
houe qui l’a atteinte à la face. L’examen met en évidence une cicatrice à bords
hypertrophiques et à centre atrophique dans la région dorsale gauche et de multiples
cicatrices de plaies contuses de l’arrière de la tête dans le cuir chevelu cohérente
avec des coups violents porté par instrument à la fois contondant et tranchant.
Une lésion cicatricielle frontale étendue de la région frontale et cohérente
avec une séquelle de coups violents par objet contondant. D’une manière générale
les lésions cicatricielles observées peuvent être considérées comme cohérentes
avec le descriptif des coups portés et la nature des instruments évoqués par
Madame MUKANBANZA Domitille. Il est vraisemblable qu’au moment des faits, elle
a subi, outre un traumatisme crânien en deux phases, une plaie thoracique postérieure
probablement associée à une lésion pleuro-pulmonaire. Elle a également subi
un traumatisme vertébral axial ayant porté sur l’articulation lombo-sacrée de
la colonne vertébrale. A l’heure actuelle, il subsiste essentiellement des plaintes
de lombalgie, de nucalgie, et des symptômes anxio-dépressifs assimilables à
un syndrome de stress post-traumatique important. Les séquelles dommageables
présentées sont de nature à justifier une incapacité permanente de travail personnel ».
Pour Madame le témoin 71 âgée de 27 ans :
« Déclare avoir été, le 22 avril 94, victime de plusieurs
coups par objets contondants. Coups par objets contondants de la région frontale
ayant entraîné une plaie contuse à ce niveau. Coups de machette à l’arrière
de la tête dans le cuir chevelu, coup sur l’index gauche ayant entraîné une
fracture ouverte du doigt, coups de pieds et piétinements l’ayant atteinte aux
régions postérieures et, dans un deuxième temps, lésion de brûlures aux membres
supérieurs lors de l’incendie d’un garage où elle s’était réfugiée. L’examen
montre une cicatrice de plaie contuse de la région frontale, une cicatrice de
plaie par instrument tranchant et tendu du cuir chevelu de l’arrière de la tête,
à gauche, des séquelles fonctionnelles de l’index gauche, une raideur douloureuse
de la région lombo-sacrée. Madame le témoin 71 se plaint par ailleurs
de céphalées migraineuses persistantes, de lombalgies et de cauchemars récurrents.
Les séquelles lésionnelles constatées peuvent être considérées comme cohérentes
avec les explications fournies. Les séquelles dommageables sont de nature à
justifier une incapacité permanente de travail personnel ».
Pour Madame le témoin 64, déclare :
« Avoir été victime de violences le 22 avril 94 au cours
desquelles elle a reçu un projectile qui l'a atteinte au haut de l’avant de
la cuisse droite. Un coup de couteau à l’arrière de la tête, un coup de lance
à la hanche gauche, des coups par objets contondants aux régions postérieures.
A l’heure actuelle, Madame le témoin 64 se plaint de maux de têtes à localisation
bitemporale et frontale survenant en moyenne de manière bi-hebdomadaire, de
dorso-lombalgies et d’une symptomatologie de type anxio-dépressif attribuable
à un syndrome de stress post-traumatique, cauchemars fréquents, réminiscences,
palpitations cardiaques, appré-hensions permanentes ainsi que de douleurs et
d’une fatigabilité du membre inférieur droit. L’examen clinique montre une cicatrice
de plaie par instrument tranchant dans la région occipitale supérieure gauche
du cuir chevelu, une cicatrice de plaie par instrument tranchant de la hanche
gauche, une cicatrice arrondie cohérente avec un impact par projectile de la
région crurale droite. Le cas échéant, pour confirmer l’existence d’un projectile
dans la cuisse ou dans le bassin, un examen radiographique régional pourrait
être réalisé. De façon générale, les lésions constatées sont cohérentes avec
les mécanismes hétiopathogéniques évoqués par Madame le témoin 64. Il persiste
des séquelles dommageables de nature à justifier une incapacité permanente de
travail personnel ».
Et enfin, en ce qui concerne Madame MUKABUTERA Adelice, âgée de 25
ans, déclare :
« Avoir été victime de coups de feu qui l’ont atteinte à
l’épaule, à l’avant-bras gauche et à la nuque. Elle semble également avoir été
atteinte par éclats de grenade au sommet de l’épaule droite et avoir été frappée
violemment par objet contondant en particulier à la jambe droite. L’examen met
en évidence des cicatrices de plaie par balle de l’épaule gauche indiquant une
trajectoire de l’avant vers l’arrière suivant un plan horizontal et légèrement
de dedans en dehors, avec utilisation vraisemblable d’un projectile à haute
énergie cinétique. Des plaies partir tangentielles balrasante de l’avant bras
gauche et de la nuque, une paralysie, un déficit sensitivomoteur antébrachial
gauche portant principalement sur la main et les doigts vraisemblablement attribuable
à une lésion du plexus brachial sur le trajet du projectile de l’épaule. Une
large zone cicatricielle indurée du sommet de l’épaule droite cohérente avec
une vaste plaie contuse avec perte de substance, une vaste cicatrice atrophique
avec perte de substance du haut de la jambe droite, cohérente avec une plaie
profonde probablement associée à une fracture sous-jacente par utilisation d’un
instrument contondant. De manière générale on peut admettre que les lésions
constatées sont parfaitement cohérentes avec les faits traumatiques rapportés
par Madame le témoin 66. Il persiste actuellement des plaintes d’impotence
de l’avant bras et de la main gauche par paralysie digitale principalement,
de maux de tête, d’intolérance à la marche et à la station debout prolongée
et de cauchemars fréquents avec réminiscences. Les séquelles dommageables sont
de nature à entraîner une incapacité permanente de travail personnel ».
Nonobstant les reproches faits au président, je suppose que, à tout
le moins, cette diligence lui sera reconnue. |
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