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6.4.8. Lecture de déclarations par le président: Jean-Marie Vianney
le témoin 142 et commentaires de la défense de Vincent NTEZIMANA
Le Président : Bon, des lectures
jusque 4h15, ça va ? Bien, alors…
Les auditions de Jean-Marie Vianney le témoin 142, ça concerne toujours
le volet de Monsieur NTEZIMANA. Une audition du 17 juin 1995, devant un inspecteur
de police judiciaire rwandais dans le cadre d’une commission rogatoire adressée
aux autorités rwandaises par le juge d’instruction VANDERMEERSCH en présence
du substitut du procureur du roi de Bruxelles, Luc VER ELST-REUL.
« En avril 1994, j’étais à Kigali où je travaillais
dans les entrepôts de Hydrocarbure Gasyata où j’étais chef du service technique ;
je suis ingénieur mécanicien. J’ai appris la chute de l’avion présidentiel par
radio, à la maison. Auparavant, j’avais reçu des communications téléphoniques
qui faisaient état d’une rumeur selon laquelle l’avion du président avait été
abattu. Je suis resté à Kigali avec ma femme jusqu’à la fin du mois d’avril
1994. Une équipe est venue me prendre à la maison pour aller servir du carburant
à Butare. En fait, les entrepôts de Gasyata étaient aux mains du FPR, et un
militaire FAR, dont je ne connais pas le nom, et un employé de la firme, sont
venus me chercher pour que je puisse ouvrir et distribuer le carburant stocké
dans les entrepôts de la firme à Butare. Le 6 avril 1994, Longin était hébergé
chez moi depuis 2-3 jours. Il est venu à Kigali pour poursuivre un stage d’entraîneur
de football. Du fait des événements du 6 avril, Longin n’a plus pu voyager à
Gisenyi, d’autant plus qu’il s’y savait menacé. Son épouse y a d’ailleurs été
tuée pendant la deuxième quinzaine d’avril 1994. Nous, Longin et moi, sommes
partis ensemble à Butare, on était, je crois, début mai 1994. Nous avons été
conduits à Butare par des militaires, nous étions quatre, je n’ai pas eu le
choix de partir ou pas.
J’avais l’intention de loger à l’hôtel, mais arrivé
à Butare, un frère de Longin, Jean MUKINBILI, lui a déconseillé de loger à l’hôtel
Faucon parce que c’était un endroit trop exposé, et que l’on viendrait très
certainement nous y chercher. MUKINBILI ne pouvait pas nous accueillir parce
qu’il était lui-même hébergé chez des connaissances, chez ces personnes, un
militaire nommé NIZEYIMANA. Nous avons rencontré Vincent NTEZIMANA qui ne nous
connaissait pas. Longin et moi le rencontrions pour la première fois. Il nous
a proposé de nous héberger chez lui. Nous avons accepté, n’ayant pas d’autre
choix. Chez lui, il nous a donné une chambre. J’ai commencé à travailler. En
fait, l’armée venait me chercher chez Vincent lorsqu’elle avait besoin de moi.
Il s’agissait d’approvisionner des camions citernes, militaires ou civils, réquisitionnés.
Chaque fois, j’étais reconduit chez Vincent. La maison n’était éloignée des
entrepôts que de 1 km. Longin restait à la maison. Je suis resté à Butare jusque
fin mai 1994. L’épouse de Vincent était, paraît-il, aux Etats-Unis pour un stage ;
c’est Vincent qui nous l’a dit. Un autre professeur d’université, Aster, dont
je ne sais pas le nom, habitait là, dans une chambre, je crois qu’il donnait
des cours d’économie et de gestion, il y était déjà quand nous somme arrivés.
Une autre personne nommée NKUYUBWATSI, qui travaillait à la SORWAL, est venue
plusieurs fois y passer la nuit. Ses séjours étaient irréguliers. Soit il venait
pour la nuit, soit il y restait la journée ; il lui est arrivé de rester
plus d’un jour. Les enfants de Vincent avaient déjà été évacués vers sa région
d’origine, à Ngororero. Je ne les ai jamais vus. Une jeune fille travaillait
encore chez Vincent, elle était très jeune, environ 15 ans.
Lorsque nos sommes arrivés au début, deux autres
jeunes filles habitaient également dans la maison. Parfois, elles partaient
pour passer la nuit chez le capitaine NIZEYIMANA, elles revenaient le lendemain.
C’étaient plutôt des domestiques. Je ne sais pas ce qu’elles faisaient chez
NIZEYIMANA. Je crois qu’elles y allaient plutôt pour travailler. Je n’ai pas
eu l’impression qu’elles étaient invitées chez Vincent. Cette période a été
dure à vivre, on a eu plusieurs menaces chez Vincent. Des gens, des militaires,
sont venus nous chercher, je pense, deux fois, Longin et moi. Ils ne nous ont
pas emmenés. Ils disaient que Vincent abritait des Inkotanyi. Vincent s’est
interposé. Il leur a dit qu’il nous connaissait et après discussion, ils sont
partis. Je crois que cela s’est passé deux fois pendant la journée. Vincent
était toujours dans les alentours. Une fois, Vincent m’a dit que des voisins
lui avaient demandé de me chasser de chez lui. Il m’est arrivé de sortir de
la maison mais toujours en compagnie de Vincent. Parfois, nous sortions à trois,
en compagnie de Longin, parfois nous étions à deux. Dans le quartier, des rondes
étaient organisées. Il s’agissait d’équipes et Vincent me demandait de faire
équipe avec lui. Il s’agissait de déambuler dans les rues du quartier, soit
entre les barrières qui y étaient installées. Nous ne passions pas les barrières
tout seuls.
Avec Vincent, c’était une sécurité, tout le monde le connaissait.
Vous me demandez si j’ai été témoin de certains faits, et je vous réponds que
je peux vous en citer. Il s’agit d’un garçon qui a été tué dans le quartier,
parce qu’il avait été accusé d’être un Inkotanyi. Il venait de Kigali. J’étais
avec Vincent et Longin pendant la nuit. En fait, nous étions au point que j’indique
par le chiffre 1 sur le croquis que j’ai établi. Quand nous sommes arrivés sur
cette barrière, le garçon y était déjà. Des militaires avaient rejoint les civils
qui tenaient la barrière, et ce garçon y était interrogé. On l’accusait d’être
Inkotanyi. Un autre jeune homme est arrivé. Il a accusé le premier jeune homme
d’être Inkotanyi en précisant qu’il le connaissait à Kigali. Au cours de la
guerre, on disait à la radio que les Inkotanyi portaient souvent deux pantalons
l’un sur l’autre pour pouvoir se changer en cours de voyage. Le jeune homme
arrêté a été déshabillé. Sous son jean, il portait un pantalon de training sous
lequel il portait encore un short de sport et un slip. Je ne l’ai pas vu, mais
j’ai entendu qu’on le disait. En fait, le garçon était déjà assis à terre, il
était molesté. L’un arrivait et tirait sur son pantalon et le frappait tandis
qu’un autre faisait la même chose. Les coups étaient donnés avec des bâtons.
Les militaires donnaient des coups de crosse.
C’est NKUYUBWATSI qui a pris le fusil des mains d’un militaire et porta des
coups de crosse sur la tête du garçon jusqu’à ce que mort s’ensuive. Alors que
NKUYUBWATSI frappait, j’ai détourné les yeux. Nous étions tout près du barrage.
Longin et moi, nous étions arrêtés devant le barrage, un peu en retrait, tandis
que Vincent avait rejoint le groupe des assassins. Vincent a frappé le jeune
homme à coups de pied, de poing, et de toutes les façons. Vincent a donné des
coups avant que NKUYUBWATSI ne donne le coup de grâce. Après l’avoir tué, ils
l’ont transporté pour aller l’enterrer, mais je ne sais pas où ils sont allés,
sans doute dans les environs. Vincent NTEZIMANA a également participé à l’évacuation
du cadavre. Longin et moi, sans rien dire à personne, au moment où ils ont enlevé
le cadavre, nous sommes partis et nous sommes retournés immédiatement dans la
maison de Vincent. Longin et moi ne sommes pas partis plus tôt, parce que cela
aurait été compromettant pour nous. Partir aurait été une façon de montrer ce
que l’on pensait, et en fait, ça aurait signifié notre propre arrêt de mort.
Vincent NTEZIMANA m’a reproché par après d’avoir détourné les yeux. Il m’a dit
que je n’aurais pas dû le faire, parce que cela montrait ce que je pensais.
Nous préférions ne pas parler de ces choses-là, mais eux, Vincent, NKUYUBWATSI,
disaient : « C’est vraiment un Inkotanyi puisqu’il portait deux pantalons ».
Je ne me souviens pas avoir assisté à d’autres scènes de mise à mort.
Pendant que je séjournais à Butare, je me suis
rendu quelques fois à Kabgayi, en compagnie de Jean MUKIMBILI qui était gérant,
à l’époque, de la succursale de la Banque de Kigali de Ruhango. En fait, son
bureau avait été déplacé à Gitarama, à cause de la guerre. J’y allais pour rencontrer
mon épouse qui s’était réfugiée à Kabgayi, déjà avant mon propre départ de Kigali.
Vers fin mai 94, j’ai quitté Butare en prétextant que j’allais travailler à
l’entrepôt de Gisenyi. Vincent a quitté Butare à la même époque. Longin est
resté à Butare. Mon épouse était parvenue à aller à Gisenyi, et je voulais l’y
rejoindre. Je me suis rendu à Gitarama d’où j’ai pu arranger mon départ vers
Gisenyi. A Gisenyi, nous avons tout de suite eu des menaces. Quelques jours
plus tard, mon épouse et moi, avons fui vers Goma avec d’autres membres de la
famille. A Goma, les menaces ont continué. Les FAR et les Interahamwe venaient
voir jusqu’à Goma. Nous sommes alors partis au Burundi, et du Burundi, nous
sommes allés à Dar es-Salaam. Nous sommes rentrés début octobre 94, au Rwanda.
Vous me dites que vous m’avez laissé parler librement
jusqu’à présent mais vous souhaitez me poser maintenant certaines questions
par rapport aux auditions de NTEZIMANA et du témoin 118. Concernant NKUYUBWATSI,
vous me dites que Longin a déclaré qu’il portait parfois un uniforme. Cela est
bien exact. Il portait parfois un uniforme militaire. Je crois qu’il a continué
à faire tourner l’usine SORWAL pendant la guerre. Vous me dites que Longin a
déclaré que les deux jeunes filles, dont j’ai parlé tout à l’heure, et qui allaient
parfois pour la nuit chez le capitaine NIZEYIMANA, ne logeaient pas, à son souvenir,
chez NTEZIMANA. Je réponds que mon impression est qu’elles ont logé quelques
fois chez Vincent NTEZIMANA. Vous me dites qu’en ce qui concerne la mort du
jeune homme, à la barrière, Longin déclare qu’il n’était pas là. Je déclare
que, d’après mon souvenir, il était là parce que nous en avons physiquement
tremblé tous les deux pendant la nuit. Cette nuit-là, nous avons prié plus que
d’habitude. Sur interpellation, je suis formel pour dire que j’ai vu NTEZIMANA
porter des coups au garçon, avant son décès. Sur interpellation, je ne peux
pas vous dire ce qu’il est advenu des deux jeunes filles qui travaillaient chez
NIZEYIMANA. A un certain moment, elles ont disparu. J’ai entendu dire qu’elles
avaient été tuées par la clique, soit des militaires qui étaient chez le capitaine
NIZEYIMANA, soit par NKUYUBWATSI et Vincent. C’est ma sœur qui en a entendu
parler.
Elle est actuellement en France, à Pau. J’essaierai
de vous communiquer son adresse. Je n’ai pas été témoin du meurtre d’une des
jeunes filles. Si Vincent NTEZIMANA le déclare, c’est faux. En ce qui concerne
Aster, je souhaite donner des précisions sur les propos qu’il tenait avec Vincent.
Je me souviens que Vincent tenait des propos vraiment extrémistes avec Aster
et NKUYUBWATSI. Je vais vous donner l’exemple qui m’a le plus frappé. Vincent
disait qu’il jurerait que dans sa région de Ngororero, il n’y avait plus un
seul Tutsi. Je me souviens qu’il disait aussi qu’il fallait éliminer tous les
Tutsi du pays, et qu’il parlait de professeurs tués à Butare en disant qu’ils
étaient des Inkotanyi. Devant moi, il a approuvé, à plusieurs reprises, les
massacres. Concernant Aster, je me souviens qu’il a parlé de ma belle-famille
sans savoir qu’il parlait d’elle. Il ne savait pas que c’était de ma belle-famille
qu’il parlait. Mon épouse Tutsi était étudiante à la faculté de médecine de
Butare. Il se demandait où était ma belle-famille, qu’il ne savait pas où elle
était. Quand je parle de ma belle-famille, il s’agit de ma femme, étudiante,
de ma belle-sœur, également étudiante, d’un beau-frère, également étudiant et
d’un autre beau-frère, professeur à l’UNR.
Ce beau-frère, GASHUMBA Jean-Pierre, a été tué
pendant les événements. Concernant Vincent NTEZIMANA, je peux vous dire que
ma femme, lorsque je lui en ai parlé plus tard, m’a dit qu’elle ne le connaissait
pas. J’ai eu l’impression qu’il était parmi les organisateurs et qu’il était
écouté. C’est pour cela qu’il était bien plus présent aux réunions de quartier
et très ami avec le capitaine NIZEYIMANA. Je ne me souviens pas que Vincent
NTEZIMANA ait déclaré qu’il était l’auteur de certaines déclarations émises
sur la radio. Je précise que j’étais plus absent de la maison que Longin, du
fait que mon travail durait parfois toute la journée. Vous me demandez si je
me souviens que NIZEYIMANA ai été muté sur le front, à un certain moment. Je
réponds qu’il partait parfois pendant plusieurs jours, mais je ne saurais pas
dire où il allait. Concernant les rondes, je précise, à votre demande, que c’est
sur ordre de la population du quartier que j’ai effectué les rondes. On savait
que Longin et moi habitions chez Vincent et on exigeait que l’on participe aux
rondes. Sur interpellation, je suis catégorique pour dire que NKUYUBWATSI n’était
pas un réfugié. Il venait chez Vincent, apparemment déjà avant notre arrivée.
Vous me demandez si j’ai perçu que Vincent NTEZIMANA avait peur pendant l’assassinat
du jeune homme. Je vous réponds que non, c’est lui-même… », et puis,
plus rien.
Alors, je crois que ceci est un procès-verbal de renseignements,
le suivant. Ah, non, c’est une confrontation entre le témoin 142 Vianney
et le témoin 118, toujours dans le cadre de cette commission rogatoire internationale,
confrontation le 17 juin 1995.
« Question : Vous me demandez si, oui
ou non, Longin accompagnait le témoin 142 lors du meurtre du garçon sur
une barrière à Butare.
Réponse de Longin : Je vous assure que je
n’étais pas là.
Réponse de Jean-Marie : Je me souviens que
nous en avons parlé la nuit.
Réponse de Longin : Il nous arrivait souvent
de parler de massacres, la nuit, en nous disant que ce serait peut-être notre
tour, mais je ne me souviens pas de ce cas précis.
Réponse de Jean-Marie : Je me suis peut-être
trompé, mais j’avais le souvenir que c’était Longin qui était là.
Longin ajoute : Je ne vois pas l’intérêt
que j’aurais à dire que je n’étais pas là si j’y avais été. Si j’avais été témoin
de cela, j’aurais toutes les raisons du déclarer ».
Alors, ceci, ça doit être un procès-verbal de renseignements. Ce
sont des renseignements fournis par l’inspecteur de police judiciaire qui expose
que :
« Lors de la confrontation exécutée entre
le témoin 142 et le témoin 118, il a constaté que le premier nommé,
c’est-à-dire le témoin 142, a eu l’air fort surpris que le témoin 118
contestait sa présence sur les lieux, lors de l’épisode du meurtre d’un jeune
homme à une barrière. Le juge d’instruction a communiqué à l’officier de police
judiciaire qu’il avait revu, par hasard, Jean-Marie Vianney à Butare, et que
ce dernier lui avait confirmé que ce qu’il avait dit concernant la présence
du témoin 118 sur le barrage, était la vérité. Il a ajouté qu’on devait
comprendre que le témoin 118 avait peur que le fait de reconnaître sa présence
sur les lieux puisse lui être préjudiciable, et ce, d’autant plus que son frère
est en prison parce que, suivant ses dires, il habitait chez le capitaine NIZEYIMANA ».
Euh… le 5 octobre 1995, le témoin 142 Vianney est à nouveau réentendu
dans le cadre d’une commission rogatoire, en présence de Monsieur VANDERMEERSCH :
« Je confirme les déclarations que j’ai faites
au mois de juin dernier, dans le cadre de la commission rogatoire ; ce
que j’ai dit est la vérité et je ne vois pas quelle raison me pousserait à mentir,
d’autant plus que NTEZIMANA m’a hébergé, et que je n’ai aucune raison de lui
en vouloir. Sur interpellation, je suis sûr d’avoir bien entendu et compris
les propos tenus par NTEZIMANA et relatés dans mon audition. Ses propos étaient
clairs et nets. Je ne vois rien d’autre à ajouter à ma déclaration. Vous m’avez
donné lecture des passages de la déclaration d’Aster qui me concernaient. Je
voudrais préciser qu’Aster était déjà chez Vincent à notre arrivée à Butare.
Ce qu’il raconte, de façon générale, à notre propos est exact, par exemple,
le fait que nous étions chez Vincent, que Vincent nous protégeait. L’épisode
de Nyanza est exact, c’est le groupe qui est intervenu pour moi, mais à l’initiative
du militaire et de Jean-Baptiste MUKINBILI. Il est exact aussi qu’à certains
moments, on parlait de tout et de n’importe quoi, mais je confirme également
qu’à certains moments, Aster et Vincent ont tenu des propos extrémistes comme
je l’ai déclaré lors de ma première audition. Je ne vois pas ce que je pourrais
dire d’autre sur la déclaration d’Aster en ce qui me concerne, les éléments
relatés étant assez généraux et neutres ».
Je crois que c’est tout ce qu’il y a en ce qui concerne le témoin 142.
Un commentaire peut-être ?
Non Identifié : Il y a encore
une audition.
Le Président : Ah !
Non Identifié : Le 3 avril
1996.
Le Président : Non, je ne
l’ai pas, celle-là. Vous pouvez peut-être en donner lecture pour me soulager.
Non Identifié : Si vous estimez
que j’en ai compétence, Monsieur le président.
Le Président : Pour autant
que vous la lisiez…
Non Identifié : Elle est
courte.
Le Président : …intégralement,
si ce n’est les préambules, les signatures et tout ça. Et je désire m’exprimer
en français ou en kinyarwanda.
Non Identifié : Oui, donc,
c’est une audition, toujours du témoin 142 Vianney, à Kigali, le 3 avril
1996. Il dit ceci :
« Je désire m’exprimer en français. Sur interpellation,
je reconnais le témoin 126 Jean-Bosco, et reconnais l’avoir rencontré entre juin
et septembre de l’année passée (1995). A cette occasion, nous avons discuté
du problème de NTEZIMANA Vincent, le contenu de la discussion restait vague.
Sur interpellation, je n’ai jamais tenté d’influencer son témoignage. Dernièrement,
par téléphone, Jean-Bosco m’a dit qu’il a entendu des bruits comme quoi je l’ai
forcé à témoigner sur le cas de NTEZIMANA. Sur interpellation, Jean-Pierre le témoin 142
est mon grand frère, marié à Julienne UMUKUNZI, actuellement secrétaire du directeur
de cabinet au ministère de la défense. Elle n’est donc pas secrétaire du général
major Paul KAGAME ».
Signature.
Le Président : Des commentaires,
éventuellement ?
Non Identifié : Une question,
avant le commentaire. Est-ce que l’on sait les motifs pour lesquels le témoin
ne s’est pas présenté devant la Cour ?
Le Président : Selon le procès-verbal
qui avait été dressé à l’époque par la PJ, parce qu’il ne souhaitait pas venir
pour des raisons professionnelles.
Non Identifié : Alors, un
commentaire, Monsieur le président, simplement pour rappeler à Mesdames et Messieurs
les jurés que c’est ce témoin dont on vient de faire lecture qui, selon l’attestation
qui a été déposée ici devant la Cour, a fait pression sur un autre témoin, le
témoin le témoin 150 Jean-Bosco, qui est mort. L’attestation qui avait été déposée
devant la Cour par un témoin, Madame le témoin 143. Cette attestation qu’elle avait
rapportée, avec un parcours assez délicat, du Rwanda disait que… d’où cette
dernière audition dont j’ai fait lecture, où on interrogeait ce témoin, est-ce
qu’il a, ou non, tenté d’influencer le témoin le témoin 150 Jean-Bosco. Il dit que
non, et il y a cette attestation qui a été déposée.
Le deuxième commentaire, vous avez vu dans la deuxième lecture que
Monsieur le président a fait cette différence de version, contestation, entre
le témoin le témoin 142 et le témoin Longin, sur ce qui s’est passé à la barrière.
Je rappelle à Mesdames et Messieurs les jurés que nous avons entendu le témoin
Longin ici, donc, qui après avoir dit : « Non, je n’étais pas là »,
finalement nous a reconfirmé sa dernière version, de dire : « J’étais
là mais j’étais à l’écart, je n’ai pas vu, et cinq minutes après, le témoin 142 m’a
rejoint pour me raconter ce qui s’était passé ». Donc, ce qui se serait
passé pendant ces cinq minutes, c’est tout ce que le témoin 142 raconte ici dans cette
déposition.
Le Président : D’autres
commentaires ? |
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