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6.4.10. Lecture de déclarations par le président: le témoin 34
Le Président : C’est, là
aussi, non pas une déclaration, mais une attestation. Ce sont des documents
qui se trouvaient dans ceux saisis chez Monsieur le témoin 144, si mes souvenirs
sont bons, puisqu’on a saisi le dossier d’enquête du professeur le témoin 144.
L’enquête dont vous vous souvenez qu’il a contacté des tas de personnes par
téléphone. Alors, cette attestation dit ceci.
« A qui de droit, je soussigné HATEGEKIMANA
Gabriel, atteste avoir personnellement assisté à une dispute entre NTEZIMANA
Vincent, professeur à l’université nationale du Rwanda (UNR), faculté des sciences,
campus de Butare, et deux à trois agents, cadres et professeurs au même campus.
Cela s’est passé au mois de février ou mars 1993, à la maison d’accueil du campus,
au cours de la soirée. Cette maison est un lieu de rencontres pour les professeurs
et cadres de l’UNR. La dispute était à coloration politique. A ce moment, Vincent
NTEZIMANA était encore membre du Mouvement Démocratique Républicain (MDR), principal
parti d’opposition au régime du président le témoin 32. Ses adversaires étaient
tous du MRND, Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement et la
Démocratie, parti du président de la République. Ceux-ci s’en sont pris verbalement,
mais violemment, à Vincent parce qu’ils lui reprochaient d’être membre d’un
parti d’opposition, celle-ci étant… - simplifiée ? fustigée ?
C’est manuscrit donc, et comme je ne suis pas pharmacien, je ne sais pas lire
toutes les écritures - … fustigée par eux de complice au
FPR, des Inkotanyi.
Ils lui en voulaient particulièrement, d’autant
plus qu’étant du Nord comme eux, et surtout de Gisenyi, il les avait trahis
en ne se faisant pas membre du MRND (MRNDD apparemment)
ou de la CDR, Coalisation pour la Défense de la République. Vincent leur répliquait
en disant qu’il était contre le régime pour des raisons qu’il a toujours exprimées :
démocratie, lutte contre la corruption et le régionalisme ethnisme. Les personnes
présentes craignant que la situation ne se dégrade, ont essayé de séparer les
protagonistes, ce qui fut fait. N’étant pas sûr de l’époque exacte où cette
dispute a éclaté, je confirme toutefois ce qui s’y est passé. La dispute a duré
facilement une heure et plus. »
Cette attestation est datée du 17 octobre 1994, à l’époque des faits.
PS : j’étais directeur du service des étudiants
à l’UNR, campus de Butare, fonction que j’ai exercée jusqu’à l’éclatement de
la guerre civile. J’ai aussi visionné la cassette vidéo sur le débat auquel
Vincent NTEZIMANA a participé à la RTBF, représentant l’opposition. »
Des commentaires, des remarques ? Eh bien, je crois qu’on va
en rester là pour aujourd’hui. Bien, donc, on va essayer, pour demain, de recontacter,
si c’est possible, Monsieur NSANZUWERA de manière à ce qu’il se présente plutôt
le matin que l’après-midi. Le matin, nous aurons, pour autant qu’il vienne,
Monsieur le témoin, je crois. Donc, éventuellement Monsieur NSANZUWERA. Après-midi,
Messieurs GUICHAOUA, le témoin 105 et le témoin 89, s’ils ont été touchés, puisqu’ils
s’étaient présentés lors de leur première convocation, on n’avait pas eu le
temps de les entendre cette fois-là. On leur avait envoyé une seconde convocation,
mais on n’est pas sûr que la seconde ils l’aient reçue, donc, nous verrons s’ils
se présentent demain. Je vais vous souhaiter…
Me. JASPIS : Monsieur le
président, je voulais vous demander : est-ce que vous souhaitez acter des
constitutions de parties civiles, demain ou lundi ? On peut peut-être réserver
un moment pour faire ça.
Le Président : Ah, les constitutions
de parties civiles, il y en a qui sont déjà faites. Maintenant, s’il y en a
qui doivent être étendues. Il serait d’ailleurs peut-être souhaitable, là, je
m’adresse particulièrement aux parties civiles, dans la mesure où certains des
faits qui sont reprochés aux accusés, sont des faits relativement généraux,
un nombre indéterminé de personnes dont l’identité n’a pas pu être… que l’on
précise, que les parties civiles précisent quelles seraient, à leur estime,
les victimes pour lesquelles elles réclameraient des dommages et intérêts, pour
autant que ce ne soient pas des victimes qui sont nommément indiquées dans l’arrêt
de renvoi et l’acte d’accusation. Ça va jusqu’à un point tel que, si je ne me
trompe, certaines des personnes qui sont venues témoigner, qui sont des rescapées,
et qui pourraient peut-être être considérées comme étant des victimes d’une
tentative d’homicide, ne figurent pas comme telles dans les victimes identifiées
dans l’arrêt de renvoi. Et donc, il serait sans doute utile que les parties
civiles s’expliquent à ce sujet et demandent éventuellement au président que,
dans la formulation des questions qui seront posées au jury, il y ait peut-être
des précisions qui soient données par rapport, notamment, à la question d’ordre
général, enfin, à la question qui porte sur des faits de tentative ou d’homicide
ou de tentative d’homicide concernant un nombre indéterminé de personnes non
identifiées. Oui ?
Me. JASPIS : Dans cette mesure-là,
est-ce que vous pouvez les recevoir lundi, s’il vous plaît ?
Le Président : Je pense que
nous aurons la possibilité de recevoir les constitutions de parties civiles
ou les extensions de parties civiles, lundi, oui.
Me. JASPIS : Merci.
Le Président : Bien. Je vous
souhaite un bon retour, une bonne soirée. A demain, 9h. |
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