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6.4.13. Lecture de déclarations par le président: Prospère
le témoin 107.
Le Président : Monsieur le témoin 107
Prospère, c’est toujours concernant Monsieur NTEZIMANA. Il est entendu par la
police judiciaire de Bruxelles le 15 avril 1996.
« Je suis en Belgique depuis le 12 septembre
1986. La dernière fois que je suis retourné au Rwanda remonte au mois de janvier
1993 et par conséquent, je ne me trouvais pas dans mon pays durant les événements
de 1994. Je connais le nommé NTEZIMANA Vincent depuis 1984. Il était mon collègue
à l’UNR de Butare. J’enseignais dans la même faculté que lui, c’est-à-dire dans
la faculté des sciences. A cette époque, je me rappelle qu’on faisait partie
d’une même équipe de basket-ball. Il était vraiment un de mes amis, nous étions
plus que collègues. Je le connais comme quelqu’un de travailleur et de très
honnête. En 1987, NTEZIMANA est arrivé en Belgique, et plus particulièrement
sur le site de l’UCL de Louvain-la-Neuve, pour préparer son doctorat en physique.
Nos relations sont restées les mêmes qu’au Rwanda.
Sur interpellation, lors des événements qui remontent
à la fin de l’année 1990, au Rwanda, il y a eu une réunion des ressortissants
rwandais qui s’est tenue à Louvain-la-Neuve, au centre des étudiants étrangers
et dont le but était d’informer les personnes sur l’évolution de la guerre au
Rwanda. Cette réunion était présidée par un certain NSABIMANA Alexis et Papias
NGABOYAMAHINA. A ma connaissance, il n’y avait pas de réfugiés rwandais, ni
encore moins de Burundais qui participaient à cette réunion. Vous me donnez
connaissance d’une déclaration d’un certain KARANGWA Pierre Célestin, partie
de cette déclaration, précisant les propos qu’aurait tenus NTEZIMANA Vincent
quant au sort qui pouvait être réservé aux Tutsi, achat de machettes à remettre
aux paysans Hutu, ainsi que le mode de financement pour leurs achats.
Je connais KARANGWA Pierre Célestin qui me connaît également. Je
suis formel. Cette personne n’a jamais assisté à la réunion en question. Ensuite,
dans cette réunion, il n’y avait pas que des Hutu, il y avait aussi des Tutsi.
Le nommé le témoin 124 n’était pas présent non plus. Si mes souvenirs sont
exacts, je peux vous citer le nom de deux Tutsi qui se trouvaient présents à
cette réunion, il s’agit des nommés MAZENGO Edouard et KARAZIRA Jean Bosco.
Ensuite, avec l’arrivée du multipartisme, il y a eu la création, ici en Belgique,
d’une section MDR dont NTEZIMANA en était le secrétaire. A ce titre, il a dû
prendre des positions très strictes qui allaient à l’encontre des intérêts du
FPR.
J’ai eu l’occasion de revoir NTEZIMANA dès son
retour du Rwanda. Il m’a signalé qu’il avait vécu la situation à Butare. Tout
était resté calme jusqu’au 19 avril 1994, dès le moment où le président intérimaire
SINDIKUBWABO a fait son discours. J’ai discuté avec NTEZIMANA de ce discours,
et il m’a signalé que c’étaient les propos tenus par SINDIKUBWABO qui avaient
déclenché les massacres à Butare. Il m’a également signalé que, suivant ce qu’il
avait pu constater, c’étaient les gardes présidentiels qui exécutaient les gens
dans la préfecture de Butare, et ce, sur base de listes préétablies.
NTEZIMANA m’a également confié qu’il se sentait menacé vu ses colorations
politiques et donc, opposées au MRND, raison pour laquelle, lorsqu’il a pu circuler,
il est reparti pour le Nord du pays, dans sa région natale. Je sais aussi que
juste avant son départ, il avait demandé au vice-recteur de l’UNR, un bus qui
aurait pu permettre, à lui et à d’autres personnes menacées, de fuir vers le
Zaïre ou le Burundi. Vous me demandez s’il est exact que le nommé NSABIMANA
Alexis est devenu chef des renseignements sous le gouvernement intérimaire dont
le premier ministre était Jean KAMBANDA, je pense que oui ».
Bien. On va peut-être suspendre un quart d’heure. Donc, on reprend
à -5. |
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