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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 75
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.20. Audition des témoins: le témoin 75

Le Président : Madame le témoin 75 Scholastique peut approcher. Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom.

L’Interprète : Amazina yawe yombi ?

le témoin 75 : le témoin 75.

Le Président : Quel est son âge ?

L’Interprète : Imyaka yawe ?

le témoin 75 : 57 ans.

Le Président : Quelle est sa profession ?

L’Interprète : Umwuga wawe ?

le témoin 75 : Religieuse

Le Président : Quelle est sa commune de résidence ?

le témoin 75 : Commune de Huye.

Le Président : Connaissait-elle les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Wari uzi abaregwa cyangwa se bamwe muribo, mbere y’ukwezi kwa kane, 94 ?

le témoin 75 : Yee, narimbazi.

L’Interprète : Oui, je les connaissais.

Le Président : Elle connaissait les quatre accusés ou uniquement sœur Gertrude et sœur Maria Kizito ?

L’Interprète : Wari uzi abaregwa uko ari bane cyangwa se sœur Gertrude na sœur Maria Kizito gusa ?

le témoin 75 : Nzi sœur Gertrude na soeur Maria Kizito gusa.

L’Interprète : Je connais uniquement sœur Gertrude et sœur Marie Kizito.

Le Président : Est-elle de la famille des accusés ou de la famille des personnes qui réclament des dommages et intérêts aux accusés ?

L’Interprète : Waba ufitanye isano yo mu muryango y’abaregera indishyi cyangwa se abaregera indishyi ? Hari icyo mupfana ?

le témoin 75 : Abaregwa, ce sont mes consoeurs.

L’Interprète : Les accusées sont mes consœurs.

Le Président : Oui, mais vous n’êtes pas de leur famille ?

L’Interprète : Ariko ntabwo uri mu muryango wabo ?

le témoin 75 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Est-elle au service, travaille-t-elle sous un lien de contrat d’emploi pour les accusés ou les personnes qui réclament des dommages et intérêts aux accusés ?

L’Interprète : Waba ukorera akazi uhemberwa n’abaregwa cyangwa se abaregera indishyi ? Uri umukozi wabo ?

le témoin 75 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Voulez-vous bien l’inviter à lever la main droite et à prêter le serment de témoin ?

L’Interprète : Zamura ikiganza cy’iburyo noneho urahire iyo ndahiro.

le témoin 75 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.

L’Interprète :Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir tous deux. Madame, vous étiez membre de la communauté de Sovu depuis 1970 ?

L’Interprète : Uri mu muryango w’ababikira b’i Sovu kuva muri 1970 ?

le témoin 75 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : En avril 1994, vous exerciez dans ce monastère, semble-t-il, les fonctions de responsable de l’hôtellerie ?

L’Interprète : Mu kwa kane kwa 94 waba warakoraga umurimo w’umuntu ushinzwe hôtellerie muri icyo kigo ?

le témoin 75 : Yego.

L’Interprète : C’est correct.

Le Président : Aviez-vous, aux mois d’avril et mai 1994, des membres de votre famille qui résidaient au monastère et, si oui, quels étaient les membres de votre famille qui y résidaient ?

L’Interprète : Mu kwezi kwa kane 94, hari abantu bo muryango wawe babaga mu kigo cy’ababikira ? Niba se baba bahari, baba ari bande ?

le témoin 75 : Hari ma nièce witwaga Chantal USABYEMARIA,

L’Interprète : Il y avait ma nièce du nom de Chantal USABYEMARIA,

le témoin 75 : Ni akana ke, Crispin BUTERA Arnaud, wari ufite umwaka n’igice.

L’Interprète : Son bébé, Crispin BUTERA Arnaud, âgé d’une année et demie.

Le Président : Ces deux personnes ont-elles été tuées durant les événements survenus au monastère ou à proximité du monastère de Sovu ?

L’Interprète : Abo bantu baba bariciwe mu kigo cyangwa se hafi yacyo ?

le témoin 75 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : A partir de quel moment des réfugiés sont-ils arrivés au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Impunzi zatangiye kuva mu kigo cy’i Sovu kuva ryali ?

le témoin 75 : Zatangiye kuza ku itariki 17 z’ukwa kane.

L’Interprète : Ils ont commencé à arriver le 17 avril.

Le Président : Il semble que le 17 avril, les gens soient repartis dans la soirée, chez eux, qu’ils ne soient pas restés au couvent ?

L’Interprète : Hari ubwo se kuri iyo tariki ya 17 ku mugoroba, abantu batashye iwabo ntibarare mu kigo ?

le témoin 75 : Baragiye, bageze aho baragaruka nimugoroba.

L’Interprète : Ils sont partis, mais pour revenir le soir.

Le Président : Il y avait également dans le couvent des personnes qui étaient en séminaire, en session ?

L’Interprète : Hari n’abantu bari muri icyo kigo, muri session, bahugurwa ?

le témoin 75 : Yee, bari bahari.

L’Interprète : Oui, il y en avait.

Le Président : Il semble qu’à partir du 18 avril, de très nombreux réfugiés sont arrivés au monastère ?

L’Interprète : Guhera kuri 18, haba haraje noneho abantu benshi cyane bahungiye mu kigo ?

le témoin 75 : Yego. Kuri 18, 19, 20, 21, haje abantu benshi cyane.

L’Interprète : Oui, le 18, le 19, le 20 et le 21, de très nombreuses personnes sont arrivées.

Le Président : Ces personnes ont-elles pu, à un moment, pénétrer dans l’enceinte, dans la clôture du monastère ?

L’Interprète : Abo bantu hari ubwo binjiye mu kigo bwacyo, mo imbere mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 75 : Izo mpunzi ?

L’Interprète : Yee, izo mpunzi. Hari ubwo zinjiye muri monastère ubwayo mo imbere ?

le témoin 75 : Yee, binjiyemo.

L’Interprète : Oui, ils sont entrés.

Le Président : N’y a-t-il pas eu une intervention de militaires pour faire évacuer les personnes qui se trouvaient dans la clôture du monastère et les rassembler au centre de santé qui dépendait du monastère ?

L’Interprète : Nta basirikare baba baraje ngo bavane abo bantu muri monastère babajyane muri centre de santé nayo yari ishinzwe iyo monastère ?

le témoin 75 : Yego, baraje babavanamo,

L’Interprète : Oui, ils sont venus et ils ont évacué,

L’Interprète : Mais pas tout le monde,

le témoin 75 : Twasigaranye abo mu miryango yacu n’abakozi bacu,

L’Interprète : Nous sommes restés avec les membres de nos familles,

le témoin 75 : Nabo mu masesiyo na séminaire.

L’Interprète : Ainsi que nos employés, ainsi que ceux-là qui suivaient leur session et séminaire.

Le Président : Le témoin, Madame, savez-vous suite à quelle intervention ces militaires sont venus au monastère pour regrouper les réfugiés au centre de santé ?

L’Interprète : Waba uzi icyatumye abasirikare baza, kugirango bavane abo bantu muri monastère babajyane muri centre de santé ?

le témoin 75 : Ni uko sœur Gertrude atashakaga ko baguma aho ngaho,

L’Interprète : C’est parce que sœur Gertrude ne voulait pas qu’ils restent là-bas.

le témoin 75 : Ababwiye kugenda baranga,

L’Interprète : Quand elle leur a dit de partir, ils ont refusé.

le témoin 75 : Hanyuma ajya kuzana abasirikare ngo babajyane.

L’Interprète : Et puis, elle est allée amener les militaires pour qu’ils les évacuent.

Le Président : S’est-elle rendue seule chez les militaires pour cette évacuation ou était-elle accompagnée d’une autre personne ?

L’Interprète : Ubwo yagiye wenyine gushaka abasirikare cyangwa se yajyanye n’undi muntu ?

le témoin 75 : Yajyanye n’undi muntu.

L’Interprète : Elle est partie avec une autre personne.

Le Président : Il s’agissait de qui ?

L’Interprète : Yaba yarinde ?

le témoin 75 : Yajyanye n’umubikira Maria Kizito,

L’Interprète : Elle est partie avec une sœur, sœur Marie Kizito.

Le Président : N’y avait-il pas encore une autre personne ?

L’Interprète : Nta wundi muntu baba barajyanye ?

le témoin 75 : Bagiye nka kabiri. Limwe yajyanye na sœur Maria Kizito,

L’Interprète : Elle est partie plus ou moins deux fois. La première fois, elle est partie avec sœur Marie Kizito.

le témoin 75 : Ubundi yajyanye na Gaspard RUSANGANWA ;

L’Interprète : La deuxième fois, elle est partie avec Gaspard RUSANGANWA.

Le Président : N’y a-t-il pas une personne qui participait au séminaire qui les aurait accompagnées à Butare ?

L’Interprète : Nta muntu wari muri séminaire waba yarabaherekeje bakajyana i Butare ?

le témoin 75 : Ntabwo namubonye.

L’Interprète : Je ne l’ai pas vue.

Le Président : Il semble que le 18 avril 1994, dans la soirée ou dans la nuit, il a plu assez fort ?

L’Interprète : Arakeka ko ku mugoroba wa 18 cyangwa se mu ijoro ry’uwo munsi, imvura yaguye ari nyinshi cyane.

le témoin 75 : Yee, haguye imvura nyinshi cyane uwo munsi.

L’Interprète : Oui, la pluie est tombée abondamment ce jour-là. 

Le Président : Les réfugiés ont-ils pu se mettre à l’abri ?

L’Interprète : Impunzi zaba zarabashije kugama ?

le témoin 75 : Ntabwo zabashije kugama, zaranyagiwe.

L’Interprète : Non, ils n’ont pas pu se mettre à l’abri, ils ont été trempés par la pluie.

Le Président : Il semble pourtant que quelqu’un a fait ouvrir une petite pièce, au moins une petite pièce du monastère ?

L’Interprète : Barakeka ko ariko ko, byibura hari umuntu waba yarakinguye akumba kamwe ?

le témoin 75 : Ako kumba, nijye wagakinguye.

L’Interprète : Cette chambrette, c’est moi qui l’ai ouverte.

le témoin 75 : Yari chapelle twita Oratoire St Benoît.

L’Interprète : C’était une chapelle qui portait le nom d’Oratoire Saint-Benoît. Comme je travaillais à l’hôtellerie,

le témoin 75 : Nari mfite urufunguzo rwaho,

L’Interprète : J’avais une clé de là,

le témoin 75 : Ko ariho abashyitsi basengeraga.

L’Interprète : Car c’est là-bas où les visiteurs priaient.

le témoin 75 : Nahagaze hejuru muri étage,

L’Interprète : Je me suis tenue debout en haut à l’étage,

Scholastique le témoin 75 : Mpamagara umukozi twakoranaga witwa Augustin MPAMBARA,

L’Interprète : J’ai appelé notre employé du nom de Augustin MPAMBARA,

L’Interprète : Je lui ai donné la clé pour qu’il leur ouvre la porte.

Le Président : Savez-vous si les réfugiés qui se trouvaient au centre de santé ont reçu de la nourriture le 18, le 19, le 20, le 21 avril, de la nourriture provenant du monastère ou du centre de santé ?

L’Interprète : Waba uzi niba impunzi zarahawe ibiryo, haba kuri 18 haba kuri 19 haba kuri 20 se, ibiryo zaba zarahawe na monastère cyangwa se na centre de santé ?

le témoin 75 : Ntabwo muri monastère, nta biryo babahaye,

L’Interprète : Au monastère, on n’a pas donné de la nourriture,

le témoin 75 : Kuri centre de santé ho ntabwo mbizi.

L’Interprète : Au centre de santé, je l’ignore.

Le Président : Y avait-il des stocks de nourriture au couvent, qui auraient pu être distribués ?

L’Interprète : Hari amastoki y’ibyo kurya yari muri couvent, yashoboraga kuba yaratanzwe ?

le témoin 75 : Kuba yaratanzwe, cyangwa… ?

L’Interprète : Yashoboraga kuba yaratanzwe. Yari ihari yashoboraga gutangwaho ?

le témoin 75 : Yee, twari dufite umuceri,

L’Interprète : Nous avions du riz,

le témoin 75 : Ibishyimbo,

L’Interprète : Des haricots,

le témoin 75 : Twari dufite na macaroni.

L’Interprète : Nous avions aussi des macaronis.

le témoin 75 : Twashoboraga kubagaburira.

Le Président : Quelqu’un s’est-il opposé à la distribution de cette nourriture ?

L’Interprète : Hari umuntu wanze ko ibyo biryo bitangwa ?

le témoin 75 : Abo twari dufite mu rugo twarabagabuliraga,

L’Interprète : Ceux qui étaient avec nous au couvent, nous les nourrissions,

le témoin 75 : Ni ukuvuga abari muri session na séminaire,

L’Interprète : C’est-à-dire ceux qui suivaient les sessions et les séminaires,

le témoin 75 : Ni abakozi bari mu rugo rwacu,

L’Interprète : Des employés qui étaient dans notre couvent,

le témoin 75 : Ni abantu bo muri familles zacu.

L’Interprète : Ainsi que les membres de nos familles respectives.

le témoin 75 : Cyeretse abo kuri dispensaire.

L’Interprète : Hormis ceux du dispensaire.

Le Président : Y a-t-il eu une interdiction de distribuer de la nourriture aux personnes qui étaient au dispensaire ?

L’Interprète : Hari umuntu wababujije guha ibiryo abantu bari kuri dispensaire ?

le témoin 75 : Uwagombaga kubitanga, kuduha uburenganzira,

L’Interprète : La personne qui devait la distribuer nous donnait l’autorisation,

le témoin 75 : Ni supérieure w’urugo.

L’Interprète : C’est la supérieure de la maison.

le témoin 75 : Ariko ntacyo yatubwiye.

L’Interprète : Mais elle ne nous a rien dit.

Le Président : Le 22 avril, a eu lieu une très importante contre le centre de santé,

L’Interprète : Kuri 22 hari igitero kinini cyane cyateye centre de santé,

Le Président : Avez-vous vu ce qui se passait dans ce centre de santé ?

L’Interprète : Waba warabonye ibyabaye muri iyo centre de santé ?

le témoin 75 : Narabibonye nari muri hôtellerie.

L’Interprète : Je l’ai vu, j’étais à l’hôtellerie.

le témoin 75 : Nabonye amazu ashya,

L’Interprète : J’ai vu les maisons brûler,

le témoin 75 : Inzu yacumbikwagamo n’abakoraga muri dispensaire,

L’Interprète : La maison dans laquelle logeaient les travailleurs du dispensaire,

le témoin 75 : Bayitwikishije essence.

L’Interprète : A été brûlée par de l’essence.

le témoin 75 : Twabonaga umwotsi ucumba,

L’Interprète : Nous voyions la fumée monter,

le témoin 75 : Twumvaga induru z’abantu,

L’Interprète : Nous entendions les cris des personnes,

le témoin 75 : Na za grenades n’imbunda.

L’Interprète : Des bruits, des grenades et des fusils,

le témoin 75 : Yee.

L’Interprète : Voilà.

Le Président : Avez-vous vu les chefs des miliciens qui attaquaient ?

L’Interprète : Waba warabonye abashefu, abayobozi b’Interahamwe zateraga ?

Scholastique le témoin 75 : Umuntu wakundaga kwigaragaza, ni uwitwa Emmanuel REKERAHO.

L’Interprète : La personne qui se faisait le plus voir ,c’était un certain Emmanuel REKERAHO.

Le Président : Cet Emmanuel REKERAHO, était-il secondé ou accompagné par d’autres personnes que vous connaissiez ?

L’Interprète : Uwo muntu Emmanuel yaba se yaragaragiwe cyangwa se yafashwa n’abandi bantu mwaba mwari muzi ?

Scholastique le témoin 75 : Yee. Yakundaga kugendana n’uwitwa Gaspard RUSANGANWA.

L’Interprète : Oui, il avait l’habitude d’être accompagné d’un certain Gaspard RUSANGANWA.

Le Président : Connaissez-vous le témoin 151 ?

L’Interprète : Waba waruzi le témoin 151 Yohani Baptista ?

le témoin 75 : Yee. Yari conseiller wa secteur yacu.

L’Interprète : Oui, il était conseiller de notre secteur.

Le Président : Ce Jean-Baptiste le témoin 151, accompagnait-il REKERAHO lors de l’attaque du 22 avril ?

L’Interprète : Uwo le témoin 151 yari kumwe na REKERAHO muri icyo gitero cyo 22 z’ukwa kane ?

le témoin 75 : Ntabwo namubonye.

L’Interprète : Je ne l’ai pas vu.

Le Président : Avez-vous vu le témoin 151 à un autre moment que l’attaque du 22 avril ?

L’Interprète : Hari undi munsi waba warabonye le témoin 151 atari kuri uwo munsi w’itariki 22 z’ukwa kane ?

le témoin 75 : Ntabwo namubonye.

L’Interprète : Je ne l’ai pas vu.

Le Président : A aucun moment ?

L’Interprète : Nta na rimwe wamubonye ?

Le Président : Dans les jours qui ont suivi l’attaque, par exemple ?

L’Interprète : Yenda nko mu minsi yakurikiye igitero ?

le témoin 75 : Umunsi namubonye,

L’Interprète : Le jour où je l’ai vu,

le témoin 75 : Ni kuri 23,

L’Interprète : C’était le 23,

le témoin 75 : Nari nasigaye mu rugo abandi babikira bahunze.

L’Interprète : J’étais restée au couvent alors que d’autres sœurs s’étaient réfugiées.

le témoin 75 : Nibwo yazanye na REKERAHO,

L’Interprète : C’est à ce moment-là qu’il est venu, en compagnie de REKERAHO,

le témoin 75 : N’abagendarames babiri.

L’Interprète : Ainsi que de deux gendarmes.

le témoin 75 : Mvuze abagendarmes ariko ubundi ni aba gardes du corps du président.

L’Interprète : J’ai parlé de gendarmes mais, en fait, ce sont des gardes du corps du président. Les G.P.

Le Président : Le 22 avril, le jour de la grosse attaque sur le centre de santé, avez-vous vu des religieuses quitter le monastère pour se rendre au centre de santé ?

L’Interprète : Kuri uwo munsi wa 22 w’ukwezi kwa kane, uwo munsi w’ibitero, hari ababikira wabonye bava muri monastère bajya muri centre de santé ?

le témoin 75 : Ntabwo nababonye.

L’Interprète : Je ne les ai pas vues.

Le Président : Personne ? Vous n’avez vu aucune religieuse quitter le couvent ?

L’Interprète : Nta mubikira n’umwe wabonye ava mu kigo ?

le témoin 75 : Ntawe nabonye.

L’Interprète : Je n’ai vu personne.

Le Président : Le 23 avril, l’ensemble de la communauté sauve trois religieuses qui ont quitté Sovu pour se rendre à Butare,

L’Interprète : Kuri 23 ababikira bose usibye batatu bavuye i Sovu bajya i Butare,

Le Président : Mais ne sont arrivées cependant qu’à la paroisse de Ngoma.

L’Interprète : Ariko aho babashije kugera gusa ni kuri paroisse ya Ngoma.

le témoin 75 : Yee, niko byagenze.

L’Interprète : Oui, ça s’est passé ainsi.

Le Président : Vous-même, vous n’avez pas quitté le couvent. Vous êtes restée ?

L’Interprète : Wowe ubwawe ntabwo wavuye muri couvent, warasigaye ?

le témoin 75 : Njye narasigaye.

L’Interprète : Oui, je suis restée.

Le Président : Il semble que soient restées également avec vous, sœur Bénédicte et sœur Fortunata.

L’Interprète : Ngo arakeka ko waba warasigaranye na sœur Bénédicte na sœur Fortunata.

le témoin 75 : Yee, niko byagenze.

L’Interprète : Oui, ça s’est passé ainsi.

Le Président : Ce sont bien les trois seules qui sont restées au couvent ?

L’Interprète : Abo batatu nibo babikira basigaye mu kigo ?

le témoin 75 : Yee nuko byagenze.

L’Interprète : Oui, ça s’est passé ainsi.

Le Président : Sœur Maria Kizito a bien quitté le couvent avec les autres religieuses ?

L’Interprète : Mama Kizito yavuye mu kigo, ajyana n’abandi babikira ?

le témoin 75 : Yego, barajyanye.

L’Interprète : Oui, elle est partie avec.

Le Président : Pouvez-vous expliquer pourquoi vous n’avez pas voulu, vous, sœur Bénédicte et sœur Fortunata, pourquoi n’avez-vous pas voulu quitter le couvent ?

L’Interprète : Ushobora gusobanura impamvu wowe, kimwe na mama Bénédicte kimwe na mama Fortunata mutashatse kuva mu kigo ?

le témoin 75 : Nuko twari tuhafite abantu bo mu miryango yacu.

L’Interprète : C’est parce que nous y avions de la famille.

le témoin 75 : Twanze kubasiga twemera gupfana nabo niba baje kutwica.

L’Interprète : Nous n’avons pas voulu laisser les membres de nos familles et nous avons préféré mourir avec eux, si on venait nous tuer.

Le Président : Avez-vous demandé, ou bien, d’autres ont-ils demandé que les membres des familles des sœurs soient emmenés de Sovu en même temps que les sœurs ?

L’Interprète : Hari ubwo mwara… cyangwa se mwarasabye abandi bo miryango yanyu baraho bavanwa i Sovu bakajyanwa hamwe n’abandi babikira ?

le témoin 75 : Yee. Nabisabye mère Gertrude, ko ma nièce Chantal n’akana ke twabajyana,

L’Interprète : Oui, je l’ai demandé à mère Gertrude, je lui ai demandé que ma nièce Chantal ainsi que son bébé, puissent être pris avec nous,

le témoin 75 : Arambwira ngo n’ababikira ajyana gusa, nta bandi.

L’Interprète : Elle m’a répondu qu’elle ne prend que les sœurs et personne d’autre.

Le Président : Le 23 avril, alors que les autres religieuses, sauf Bénédicte, Fortunata et vous-même, sont parties, avez-vous reçu la visite de REKERAHO et d’autres personnes ?

L’Interprète : Kuri 23 ubwo abandi babikira bari bagiye usibye wowe, Fortunata na Bénédicte, hari ubwo REKERAHO yabasuye ? N’abandi bantu yenda ?

le témoin 75 : Ababikira bamaze kugenda,

L’Interprète : Après le départ des sœurs,

le témoin 75 : Bajyanwe na sœur Gertrude,

L’Interprète : Conduites par sœur Gertrude,

le témoin 75 : Aherekejwe n’umupolisi waturindaga,

L’Interprète : Escortées par un policier qui nous gardait,

le témoin 75 : Nyuma haje bourgmestre wa komine Huye,

L’Interprète : Par après, est venu le bourgmestre de la commune de Huye,

le témoin 75 : Aje gutwara ababikira basigaye,

L’Interprète : Qui venait évacuer les sœurs qui étaient restées,

le témoin 75 : Kuko iyo minibus yari ntoya ku babikira bose.

L’Interprète : Car le minibus était petit et ne suffisait pas pour toutes les sœurs.

le témoin 75 : Yaraje arambaza,

L’Interprète : Il est venu et m’a demandé,

le témoin 75 : Ngo yumvise ko njyewe nsigara.

L’Interprète : Qu’il a entendu que moi, je restais.

le témoin 75 : Naramubwiye ngo nibyo,

L’Interprète : Je lui ai dit que c’est vrai,

le témoin 75 : Ko ntasiga impunzi,

L’Interprète : Que je n’abandonnais pas les réfugiés,

le témoin 75 : Kuko harimo n’umuryango wanjye.

L’Interprète : Car, il y a parmi eux, les membres de ma famille.

le témoin 75 : Yarambwiye ngo nimbajyane mu nzu nkinge,

L’Interprète : Il m’a dit de les mettre à l’intérieur de la maison,

le témoin 75 : Amadirishya n’impunzi,

L’Interprète : Et de fermer les fenêtres et les portes,

L’Interprète : Et que je les laisse dedans.

le témoin 75 : Hanyuma bigeze mu masaa tanu,

L’Interprète : Après, ensuite vers 11h,

le témoin 75 : Mbona REKERAHO araje,

L’Interprète : J’ai vu venir REKERAHO,

le témoin 75 : Na ba GP babiri.

L’Interprète : Et deux GP.

le témoin 75 : Arambwira ngo : « Ababikira bagiye he ? ».

L’Interprète : Il m’a dit : « Où sont allées les sœurs ? ».

le témoin 75 : Mubwira yuko bahunze,

L’Interprète : Je lui ai dit qu’elles s’étaient réfugiées.

le témoin 75 : Arambwira ngo : « Na sœur Mariya Kizito na sœur Gertrude bagiye ? ».

L’Interprète : Il m’a demandé : « Est-ce que sœur Marie Kizito et sœur Gertrude sont aussi parties ? ».

le témoin 75 : Ndamubwira ngo yego.

L’Interprète : Je lui ai dit que c’est vrai.

le témoin 75 : Mbona ararakaye. Ngo : « Bampemukiye ».

L’Interprète : Je l’ai vu se fâcher : « Elles m’ont trahi ».

le témoin 75 : Hanyuma arambwira ngo hano azi ko hari impunzi,

L’Interprète : Après, il m’a dit qu’ici résident des réfugiés,

le témoin 75 : Ngo arashaka kuzibona.

L’Interprète : Et qu’il voulait les voir.

le témoin 75 : Narababwiye barasohoka,

L’Interprète : Je leur ai dit de sortir,

le témoin 75 : Arababara abashyira ku murongo,

L’Interprète : Il les a comptés et alignés,

le témoin 75 : Agenda ababaza icyabazanye aho ngaho,

L’Interprète : En leur demandant la raison qui les avait amenés là-bas.

le témoin 75 : Bamwe bati twaje gusura ababikira,

L’Interprète : Les uns disaient : « Nous sommes venus rendre visite aux sœurs »,

le témoin 75 : Abandi bati turi abakozi dukora hano,

L’Interprète : D’autres disaient : « Nous, nous sommes des employés, nous travaillons ici »,

le témoin 75 : Abandi bati turi mu mahugurwa,

L’Interprète : D’autres disaient : « Nous, nous sommes dans nos sessions »,

le témoin 75 : Abandi bati turi impunzi.

L’Interprète : D’autres disaient : « Nous, nous sommes des réfugiés ».

le témoin 75 : Yanyatse urupapuro, kugirango yandike akurikije catégories zabo.

L’Interprète : Il m’a demandé un papier pour qu’il écrive suivant les catégories de ces personnes.

le témoin 75 : Yansabye kwandika, ngo arumva  atashobora kwandika.

L’Interprète : Il m’a demandé d’écrire puisqu’il voyait qu’il n’était pas en mesure d’écrire.

le témoin 75 : Arangije arambwira ngo nimbasubize mu nzu,

L’Interprète : Après, il m’a dit de les retourner à l’intérieur de la maison,

le témoin 75 : Ngo niba bafite icyo barya, ngo mbagaburire.

L’Interprète : Que s’il y avait à manger, que je leur donne à manger.

le témoin 75 : Hanyuma, aragenda.

L’Interprète : Et puis, il est parti.

Le Président : Avec quel véhicule REKERAHO circulait-il ?

L’Interprète : REKERAHO yagendaga mu yihe modoka ?

le témoin 75 : Yatwaraga ambulance ya dispensaire yacu.

L’Interprète : Il conduisait l’ambulance de notre dispensaire.

Le Président : Savez-vous depuis quelle date Monsieur REKERAHO disposait de cette ambulance ?

L’Interprète : Waba uzi igihe yatangiriye gutwara iyo modoka, iyo ambulance ?

le témoin 75 : Nabonye ayirimo gusa sinzi igihe yayifatiye.

L’Interprète : Je l’ai vu dedans, je ne sais pas depuis quand il l’avait prise.

Le Président : Le 24 avril, s’est-il passé quelque chose de particulier ?

L’Interprète : Kuri 24 hari ikintu kidasanzwe cyaba cyarabaye ?

le témoin 75 : Ntacyo, usibye ko ku mugoroba, REKERAHO,

L’Interprète : Non, rien, à part que le soir, REKERAHO,

le témoin 75 : Yaje n’ababikira,

L’Interprète : Est venu en compagnie des sœurs,

le témoin 75 : Na ba GP,

L’Interprète : Et des GP,

le témoin 75 : Abataruye aho bari bahungiye, i Ngoma.

L’Interprète : Qu’il ramenait de là où elles s’étaient réfugiées à Ngoma.

Le Président : Donc, REKERAHO, si j’ai bien compris ce que vous venez de dire, est arrivé en même temps que les sœurs qui revenaient de Ngoma ?

L’Interprète : Niba yumvishe neza icyo wavuze, REKERAHO yaziye igihe kimwe, yaje ari kumwe n’ababikira bari baturutse i Ngoma ?

le témoin 75 : Umupolisi yaraje arambwira ngo : « Ababikira baraje ».

L’Interprète : Oui, le policier est venu me dire : « Les sœurs arrivent ».

le témoin 75 : Nkinguye urugi rwa grille,

L’Interprète : Et quand j’ai ouvert la porte de la grille,

le témoin 75 : Nabonye bazanye bose.

L’Interprète : Je les ai vus venir ensemble.

le témoin 75 : REKERAHO yari muri ambulance,

L’Interprète : REKERAHO était à bord de l’ambulance,

le témoin 75 : Ababikira bari muri minibus yacu,

L’Interprète : Les sœurs étaient dans notre minibus,

le témoin 75 : Na ba GP.

L’Interprète : Ainsi que des GP.

le témoin 75 : Sinzi niba baravanye i Ngoma cyangwa niba barahuriye nawe mu nzira.

L’Interprète : Je ne sais pas s’ils sont venus ensemble à partir de Ngoma, ou s’ils se sont croisés en cours de route.

Le Président : Avez-vous éventuellement entendu à ce moment-là que REKERAHO faisait des reproches à sœur Gertrude ou à sœur Maria Kizito ?

L’Interprète : Icyo gihe waba warumvishe REKERAHO arimo agaya Gertrude cyangwa se Mariya Kizito ?

le témoin 75 : Ntabyo numvise.

L’Interprète : Je ne l’ai pas entendu.

Le Président : Avez-vous vu éventuellement que REKERAHO donnait une gifle à sœur Kizito ?

L’Interprète : Waba warabonye REKERAHO akubita urushyi Kizito ?

le témoin 75 : Oya, ntabwo nabibonye.

L’Interprète : Non, je ne l’ai pas vu.

Le Président : Que s’est-il passé alors le 25 avril ?

L’Interprète : Kuri 25 habaye iki ? Mu kwezi kwa kane.

Scholastique le témoin 75 : Kuri 25, REKERAHO yaragarutse mu masaha ya mugitondo,

L’Interprète : Le 25, REKERAHO est revenu dans les heures du matin,

le témoin 75 : Avuga ko ashaka sœur Gertrude.

L’Interprète : Il a dit qu’il voulait voir sœur Gertrude.

le témoin 75 : Yaragiye baravugana,

L’Interprète : Il est parti. Ils se sont entretenus,

le témoin 75 : Hanyuma sœur Gertrude aza kubwira abashyitsi, mu mashambure aho bari bari hose n’impunzi,

L’Interprète : Sœur Gertrude a dit aux visiteurs partout où ils se trouvaient dans les chambres, y compris les réfugiés,

le témoin 75 : Kuko hari muri étage, ngo nibamanuke,

L’Interprète : Vu qu’ils étaient dans l’étage, elle leur a dit de descendre.

le témoin 75 : N’abari muri cave ngo nibazamuke.

L’Interprète : A ceux qui étaient dans les caves, elle leur a dit de monter.

le témoin 75 : Aduteranyiriza, twebwe n’impunzi, muri grand parloir,

L’Interprète : Elle nous a assemblés, nous-mêmes et les réfugiés, dans le grand parloir,

le témoin 75 : Arababwira ngo nibagende bajye iwabo,

L’Interprète : Elle leur a dit d’aller chez eux,

le témoin 75 : Kugirango Interahamwe zitaza kudusenyera inzu,

L’Interprète : Pour que les Interahamwe ne viennent pas détruire notre maison,

le témoin 75 : Zikica n’ababikira.

L’Interprète : Et ne tuent pas les sœurs.

le témoin 75 : Impunzi zarasohotse,

L’Interprète : Les réfugiés sont sortis,

le témoin 75 : Bageze hanze,

L’Interprète : Une fois dehors,

le témoin 75 : REKERAHO agenda ababaza amaran-gamuntu yabo.

L’Interprète : REKERAHO leur a demandé leur carte d’identité.

le témoin 75 : Uwo asanze ari umututsi akamwohereza hanze,

L’Interprète : Il faisait sortir toute personne qu’il trouvait Tutsi.

le témoin 75 : Abaca mu muryango w’urugi rwa grille,

L’Interprète : Il les faisait sortir par la porte où il y avait la porte de la grille,

le témoin 75 : Hanyuma abahutu akabasiga iruhande.

L’Interprète : Les Hutu, il les laissait de côté.

le témoin 75 : Ubwo ngubwo yaretse abari bafite amarangamuntu y’abahutu,

L’Interprète : Alors, il a épargné ceux qui avaient des cartes d’identité de Hutu.

le témoin 75 : Ababyeyi bacu nabo arabareka, imiryango yacu,

L’Interprète : Il a épargné également les membres de nos familles,

le témoin 75 : N’abari mu ma séminaires b’abatutsi.

L’Interprète : Ainsi que les Tutsi qui étaient en session, en séminaire.

le témoin 75 : Abandi yarabajyanye barabica.

L’Interprète : Les autres, il les a emmenés et on les a tués.

Le Président : Y a-t-il eu une intervention de sœur Gertrude à propos d’enfants, ce jour-là ?

L’Interprète : Hari icyo Gertrude yaba yarakoze cyerekeye abana uwo munsi ?

le témoin 75 : Ntacyo yakoze, ahubwo abana bagendaga barira,

L’Interprète : Elle n’a rien fait, mais les enfants partaient en pleurant,

le témoin 75 : Bakamufata amakanzu,

L’Interprète : Et prenaient sa robe,

le témoin 75 : Bakamwinginga ngo muntu w’Imana watubabariye,

L’Interprète : La suppliaient : « Personne de Dieu, aie pitié de nous ».

le témoin 75 : Akababwira ngo nibagende bajyane n’iwabo.

L’Interprète : Elle leur disait : « Partez, rejoignez vos parents, partez avec vos parents ».

le témoin 75 : Nta mwana yababariye.

L’Interprète : Elle n’a épargné aucun enfant.

Le Président : Parmi les personnes qui ont dû quitter le couvent ce jour-là, n’y avait-il pas une cousine de sœur Théonile ?

L’Interprète : Mu bantu bagiye uwo munsi, birukanwe uwo munsi, ntabwo harimo mubyara wa sœur Tewonila ?

 Le Président : Une jeune fille qui était blessée ?

L’Interprète : Umwana w’umukobwa wari warakomeretse ?

le témoin 75 : Yee, uwo mwana ndamuzi,

L’Interprète : Oui, cette enfant, je la connais.

le témoin 75 : Ni nanjye wamwakiriye kuri 23,

L’Interprète : C’est moi-même qui l’avais reçue, le 23,

le témoin 75 : Yari yakomeretse cyane,

L’Interprète : Elle était gravement blessée,

le témoin 75 : Naramujyanye mu cyumba ndamwuhagira,

L’Interprète : Je l’ai mise dans la chambre et je l’ai lavée,

le témoin 75 : Muha n’indi myenda myiza.

L’Interprète : Je lui ai donné d’autres habits convenables.

L’Interprète : Yari arwaye cyane.

L’Interprète : Elle était gravement malade.

le témoin 75 : Aho ababikira baziye,

L’Interprète : Au retour des sœurs,

le témoin 75 :Sœur Scholastique akajya amuvura amupfuka ibisebe,

L’Interprète : Sœur Scholastique l’a soignée, a pansé ses plaies.

le témoin 75 : Bamujyanye kumwica yaratangiye gufata agatege.

L’Interprète : Alors, elle a commencé à se remettre quand on est parti la tuer.

Le Président : Il semble que REKERAHO, lorsqu’il a fait son tri le 25 avril, a dit quelque chose à propos des parents des sœurs qui étaient encore dans le couvent ?

L’Interprète : Ubwo REKERAHO yazaga kujonjora kuri 20 na… hari icyo yavuze ku miryango y’ababikira bari mu kigo ?

le témoin 75 : Yee.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Vous souvenez-vous de ce qu’il a dit ?

L’Interprète : Waba wibuka icyo yavuze ?

le témoin 75 : Yarabuze ngo yishe cyane bihagije,

L’Interprète : Il a dit : « J’ai suffisamment tué,

le témoin 75 : Ngo : « Aba ngaba nimubarekere aha ngaha,

L’Interprète : Ceux-là, vous les laissez ici,

le témoin 75 : Ntabwo mbica »,

L’Interprète : Je ne vais pas les tuer,

le témoin 75 : N’intambara igiye kurangira ».

L’Interprète : Et en plus, la guerre va bientôt prendre fin,

le témoin 75 : Ngo : « Sibo bazagarura ingoma ya gitutsi mu Rwanda ».

L’Interprète : Ce ne sont pas eux qui vont ramener ici, la monarchie Tutsi au Rwanda ».

Le Président : Sœur Gertrude a-t-elle entendu ce que REKERAHO disait à propos des membres des familles ?

L’Interprète : Sœur Gertrude yaba yarumvishe ibyo REKERAHO yavugaga byerekeye imiryango y’ababikira ?

le témoin 75 : Yee, yarabimenye.

L’Interprète : Oui, elle a pris connaissance.

Le Président : Entre le 25 avril et le 6 mai 1994, y a-t-il eu des attaques des Interahamwe, contre le couvent ?

L’Interprète : Hagati ya 25 z’ukwa kane n’itariki ya 6 z’ukwa gatanu, hari ubwo Interahamwe zongeye gutera ikigo ?

Scholastique le témoin 75 : Ntayo, ngiye kuhagaruka, REKERAHO yaravuze ngo ntibazagaruka, nawe ntiyagarutse.

L’Interprète : Non, personne n’est revenu. REKERAHO lui-même avait dit qu’il n’allait pas revenir et lui-même, n’est pas revenu.

Le Président : Et pendant ce temps, que faisait sœur Gertrude ?

L’Interprète : Hagati aho sœur Gertruda yakoraga iki we ?

le témoin 75 : Ntabwo yishimiye ko ababyeyi bacu bahaguma.

L’Interprète : Elle n’a pas été contente du fait que nos parents restaient là-bas.

le témoin 75 : Yakomeje kudutotera, twebwe abari bafite imiryango aho ngaho,

L’Interprète : Elle a continué à nous menacer, nous qui avions de la famille là-bas,

le témoin 75 : Atubwira amanwa n’ijoro,

L’Interprète : Nous disant jour et nuit,

le témoin 75 : Ngo nidusohore abo bantu, REKERAHO yaratubeshye,

L’Interprète : De faire sortir ces gens-là, que REKERAHO nous avait menti,

le témoin 75 : Tukamubwira duti nabareke REKERAHO azaze abivaniremo,

L’Interprète : Et nous, nous disions qu’elle les laisse pour que REKERAHO vienne lui-même les prendre,

le témoin 75 : Kugeza ku itariki ya 6 z’ukwa gatanu, aho babajyanye bakajya kubica.

L’Interprète : Jusqu’au 6 mai, quand on les a pris pour les tuer.

Le Président : Que s’est-il passé le 6 mai ?

L’Interprète : Ku itariki ya 6 z’ukwa gatanu byagenze bite ?

le témoin 75 : Ku itariki ya 6 z’ukwa gatanu,

L’Interprète : Le 6 mai,

le témoin 75 : Tuvuye mu masengesho ya mugitondo ya Rode,

L’Interprète : Après la prière matinale,

le témoin 75 : Ariko tukiri mu kiriziya,

L’Interprète : Mais alors que nous étions encore dans l’église,

le témoin 75 : Sœur Gertrude yaba yaravuze isengesho ryo gutanga impunzi.

L’Interprète : Sœur Gertrude aurait prononcé une prière de livrer les réfugiés.

le témoin 75 : Njye ntabwo naryumvise kuko nari nsohotse, ngiye guha icyayi abashyitsi,

L’Interprète : Moi-même, je ne l’ai pas entendue puisque je venais de sortir pour donner du thé aux visiteurs,

le témoin 75 : Ariko abandi babikira barabimbwiye, bansanze mu gikoni.

L’Interprète : Mais d’autres sœurs qui m’ont rejointe dans la cuisine me l’ont dit.

Scholastique le témoin 75 : Hanyuma yafashe imodoka, ajyanye na Gaspard RUSANGANWA,

L’Interprète : Après, elle a pris la voiture en compagnie de Gaspard RUSANGANWA,

le témoin 75 : Sinarinzi aho bagiye ariko.

L’Interprète : Je ne savais pas où ils se rendaient.

le témoin 75 : Nongeye kubona mu ma saa cyenda,

L’Interprète : Ce que j’ai revu par après, c’était vers 15h,

le témoin 75 : Numvise Interahamwe zikikije ikigo cyacu,

L’Interprète : J’ai entendu les Interahamwe encercler notre couvent,

le témoin 75 : Icyo gihe ariko jyewe numvaga ntameze neza, nari ndyamye.

L’Interprète : Mais à ce moment-là je ne me sentais pas bien, j’étais au lit.

le témoin 75 : Haza sœur Staphanie,

L’Interprète : Sœur Stéphanie est venue,

le témoin 75 : Akomanga ku rugi rw’ishambure yanjye,

L’Interprète : Elle a frappé sur la porte de ma chambre.

le témoin 75 : Arambwira ati ma nièce Chantal aranshaka,

L’Interprète : Elle m’a dit que ma nièce, Chantal, voulait me voir,

le témoin 75 : Ko nari mbitse indangamuntu ye,

L’Interprète : Que je gardais sa carte d’identité.

le témoin 75 : Ngo mushyire indanga muntu ye.

L’Interprète : Que je lui apporte sa carte d’identité.

le témoin 75 : Naragiye muri hôtellerie nsanga,

L’Interprète : Je suis allée à l’hôtellerie et j’ai trouvé,

le témoin 75 : Mbona abantu barasohoka,

L’Interprète : J’ai vu les gens sortir,

le témoin 75 : N’abapolisi babasohora mu nzu.

L’Interprète : Des policiers qui les faisaient sortir de la maison.

Scholastique le témoin 75 : Chantal arambwira ngo umubikira Kizito yababwiye ngo nibasohoke,

L’Interprète : Chantal m’a dit que sœur Kizito leur avait dit de sortir,

L’Interprète : Ainsi que les policiers.

le témoin 75 : Basohora abantu babakubita,

le témoin 75 : Chantal yabimbwiye arira, avuga ngo : « Urabeho tugiye gupfa ».

L’Interprète : Ils ont sorti les gens en les tabassant. Chantal me l’a dit en pleurant, elle a dit : « Adieu, je vais mourir ».

le témoin 75 : Ubwo twarasohotse,

L’Interprète : A ce moment-là, nous sommes sortis.

le témoin 75 : Excusez-moi.

le témoin 75 : (pleurs)… Abandi bari bageze hanze kare.

L’Interprète : D’autres étaient,, depuis déjà un certain temps dehors.

le témoin 75 : Hari bourgmestre wa komine Huye,

L’Interprète : Il y avait entre autres, le bourgmestre de la commune de Huye.

le témoin 75 : Yari mu modoka ya komine ya kamyoneti.

L’Interprète : Il était dans une camionnette qui appartenait à la commune.

le témoin 75 : Abwira impunzi, yavuyemo akoresha akanama impunzi.

L’Interprète : Il est descendu de la camionnette et a fait une petite réunion aux réfugiés.

le témoin 75 : Twese twari aho.

L’Interprète : Nous tous étions là-bas.

le témoin 75 : Arababwira ngo nibatahe bajye iwabo,

L’Interprète : Il leur a dit de rentrer et de retourner chez eux,

le témoin 75 : Bakamubwira ngo : « Ko amazu bayasenye kandi bakaba bica abantu, turajya he ? ».

L’Interprète : Et eux, lui demandaient : « Puisqu’on a détruit nos maisons et qu’on est en train de tuer les gens, où allons-nous ? ».

le témoin 75 : Ngo : « Nimugende, abaturage barabubakira ».

L’Interprète : Il leur a dit : « Allez, les voisins vont vous construire les maisons ».

le témoin 75 : Abajyaga mu makomine yakure y’i Maraba,

L’Interprète : Ceux qui allaient dans les communes éloignées de Maraba,

le témoin 75 : Baramubwira bati : « Ko hariho za bariyeri turanyuraho dute ? Se nimuduhe agapapuro k’inzira ».

L’Interprète : Lui ont dit : « Il y a des barrières, comment allons-nous passer sauf alors si vous nous donnez un papier nous laissant passer ».

le témoin 75 : Yafashe agapapuro akuye mu mufuka, yandikaho gusa ngo : « Barahita ».

L’Interprète : Il a pris de sa poche un petit papier sur lequel elle a écrit uniquement qu’ils passent.

le témoin 75 : Ubwo, abandi bo mu miryango yacu bavuye za Kigali, za Byumba n’abari mu ma séminaires,

L’Interprète : Alors à ce moment-là, les membres de nos familles qui étaient venus de Kigali, Byumba, d’autres qui étaient en séminaire,

le témoin 75 : Baravuga bati : « Tuzanyura he ko iwacu ari kure, hakaba hari za bariyeri ? ».

L’Interprète : Ont dit : « Nous allons passer par vous. Chez nous, c’est loin et puis, il y a des barrières ».

le témoin 75 : Aravuga ngo arabajyana i Butare kuri préfécture,

L’Interprète : Il a dit qu’il allait les prendre et les amener à Butare à la préfecture,

le témoin 75 : Ngo abashyire préfet, azabatahure.

L’Interprète : Qu’il allait les mettre entre les mains du préfet qui allait les faire rentrer.

le témoin 75 : Ubwo, aba hafi bahise bagenda n’amaguru.

L’Interprète : A ce moment-là, ceux qui ne venaient pas de loin sont immédiatement partis à pied.

le témoin 75 : Umusaza witwa Siriro, se wa sœur Fortunata,

L’Interprète : Un vieux, du nom de Cyrille, père de sœur Fortunata,

le témoin 75 : Na mama we witwaga Valeriya NYIRAKIMONYO,

L’Interprète : Ainsi que sa mère, Valérie NYIRAKIMONYO,

le témoin 75 : Babiciye haruguru ya monastère yacu.

L’Interprète : Ont été tués en haut de notre monastère.

le témoin 75 : Hanyuma papa wa sœur Bernadette,

L’Interprète : Le père de sœur Bernadette,

le témoin 75 : Uwitwaga Simewoni,

L’Interprète : Qui s’appelait Siméon,

le témoin 75 : Na musaza we witwaga Gédéon,

L’Interprète : Ainsi que Gédéon, son frère,

le témoin 75 : Babiciye mu nzira bajya i Maraba.

L’Interprète : Ont été tués en cours de route, alors qu’ils se rendaient à Maraba.

le témoin 75 : Hanyuma mama wa sœur Régine,

L’Interprète : Après, la mère de sœur Régine,

le témoin 75 : N’abana be babili,

L’Interprète : Ainsi que deux de ses enfants,

le témoin 75 : Na barumuna ba Fortunata,

L’Interprète : Ainsi que les petites sœurs de Fortunata,

le témoin 75 : N’akana kamwe ka murumuna we witwa Odetta,

L’Interprète : Un petit neveu qui était fils de sa sœur…

L’Interprète : Yitwaga nde ?

le témoin 75 : Nyina ?

L’Interprète : Mushiki wa murumuna wande ?

le témoin 75 : Wa sœur Fortunata.

L’Interprète : De la petite sœur de sœur Fortunata,

le témoin 75 : Babiciye mu gikari cyacu cy’ababikira mu rukeke.

L’Interprète : Ont été tués dans notre cour intérieure, la cour intérieure des sœurs.

le témoin 75 : Hanyuma, abo mu miryango yacu,

L’Interprète : Après, les membres de nos familles,

le témoin 75 : N’abandi bari baturutse kure,

L’Interprète : Et d’autres qui étaient venus loin,

le témoin 75 : Bourgmestre yabajyanye muri kamyoneti ye,

L’Interprète : Le bourgmestre les a pris dans sa camionnette,

le témoin 75 : Ntituzi aho yabatsinze.

L’Interprète : Je ne sais pas où il les a massacrés.

Le Président : Pouvez-vous préciser qui a tué, à l’intérieur de la cour du monastère, la maman de sœur Régine, les deux filles de sœur Régine, les sœurs de sœur Fortunata et une nièce ? Les six personnes ont été tuées dans la cour du monastère, par qui ont-elles été tuées ?

L’Interprète : Abantu batandatu biciwe mu kigo imbere cy’ababikira, ninde wabishe, waba umuzi ?

le témoin 75 : Ukuntu byagenze,

L’Interprète :Les choses se sont passées ainsi,

le témoin 75 : Babonye bishe umusaza Cyrillo,

L’Interprète : Ils ont vu qu’on venait de tuer le vieux Cyrille,

le témoin 75 : Koko bo bari abagore n’abakobwa,

L’Interprète : Elles étaient uniquement des femmes, des jeunes filles, des filles,

le témoin 75 : Banga yuko Interahamwe zibica nabi,

L’Interprète : Elles n’ont pas voulu que les Interahamwe les tuent d’une mort atroce,

le témoin 75 : Bagarutse mu kigo,

L’Interprète : Sont revenues au couvent,

le témoin 75 : Babwira umupolisi warindaga monastère,

L’Interprète : Elles ont dit au policier qui gardait le monastère,

le témoin 75 : Izina rye ndarizi, yitwaga Xavier.

L’Interprète : Je connais son nom, il s’appelait Xavier.

le témoin 75 : Baramubwira ngo nabarase bapfe neza vuba,

L’Interprète : Elles lui ont dit qu’il tire sur elles, qu’elles meurent rapidement d’une belle mort,

le témoin 75 : Arababwira ngo cyereka nibamuha amafaranga kuko amasasu aragurwa.

L’Interprète : Il leur a dit : « Sauf si vous me donnez de l’argent, car les balles, ça s’achète ».

le témoin 75 : Baramubwira ngo mbese, turaguha angahe ?

L’Interprète : Elles lui ont demandé : « Combien te faut-il ? ».

le témoin 75 : Arababwira ngo nibamuhe 10.000.

L’Interprète : Il a demandé 10.000 francs.

le témoin 75 : Baramubwira ngo bafite 7.000 gusa.

L’Interprète : Elles ont dit qu’elles n’avaient que 7.000.

le témoin 75 : Arababwira ngo nibayamuhe, ngo asigaye ababikira, abakobwa le témoin 2 bazayamwishyura.

le témoin 75 : Il a dit : « Bon, donnez-moi ça. Le solde, les sœurs, donc vos filles vont rembourser ».

le témoin 75 : Yarabarashe bose, arabarangiza.

L’Interprète : Il a tiré sur toutes, il les a terminées.

le témoin 75 : Aragenda ajya kuzana Interahamwe,

L’Interprète : Et puis, il est allé ramener les Interahamwe,

le témoin 75 : Ngo zimenye ko bapfuye.

L’Interprète : Pour qu’ils constatent leur mort.

le témoin 75 : Baraza babacuhuza imyenda, inkweto, amasaha…,

L’Interprète : Ils sont venus et ils les ont dépouillés de leurs habits, souliers, montres…

le témoin 75 : Basiga bambaye ubusa.

L’Interprète : Et les ont laissés nus.

le témoin 75 : Hanyuma sœur Régine na sœur Fortunata,

L’Interprète : Sœur Régine et sœur Fortunata, par après,

le témoin 75 : Basaba umuzamu wabo ngo nabarenzeho agataka.

L’Interprète : Ont demandé à notre veilleur qu’il mette un peu de terre sur eux. Ca s’est terminé ainsi.

le témoin 75 : Birangira bityo.

Le Président : Après le 6 mai,

L’Interprète : Nyuma y’itariki ya 6,

Le Président : Y a-t-il eu encore des visites de REKERAHO ou des Interahamwe au couvent ?

L’Interprète : REKERAHO cyangwa Interahamwe baba baragarutse mu kigo ?

le témoin 75 : Nta baje.

L’Interprète : Ils ne sont pas venus.

Le Président : Sauf, je crois, au moment où les sœurs ont été évacuées du couvent. Je crois que REKERAHO est venu,

L’Interprète : Cyeretse ubwo ababikira bavanwa mu kigo,

Le Président : Pour cette évacuation ?

L’Interprète : Arakeka ko REKERAHO yaje kugirango babajyane, babavane mu kigo.

le témoin 75 : Nuko yarabisabwe na Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI,

L’Interprète : C’était seulement à la demande de, c’est que c’était seulement à la demande de Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI,

le témoin 75 : Washakaga kuduhungisha.

L’Interprète : Qui voulait nous faire évacuer.

le témoin 75 : Niwe wamubwiye ngo naze kutujyana.

L’Interprète : C’est lui qui lui a dit de venir nous chercher.

le témoin 75 : Ngo atujyane i Butare kuri évêché.

L’Interprète : Pour qu’il nous amène à Butare, à l’évêché.

Le Président : Sœur Gertrude a-t-elle, après le 6 mai et jusqu’à l’évacuation, été attentionnée avec les religieuses qui avaient perdu des membres de leur famille ?

L’Interprète : Sœur Gertrude, nyuma y’icyo gihe, hari icyo yakoreye kiza cyagukiye ababikira bari babuze ababo muri ibyo ?

le témoin 75 : Mu buhe buryo ?

L’Interprète : De quelle façon ?

Le Président : Oh, je ne sais pas, en parlant avec elles, en essayant de les consoler…

L’Interprète : Abavugisha, abakubita ingabo mu bitugu,

Le Président : Ou de leur faire comprendre pourquoi elle avait peut-être été obligée de faire des choses qu’elle ne voulait pas faire.

L’Interprète : Abasobanurira se yenda ko ibintu yaba yarakoze atifuzaga gukora…

le témoin 75 : Ntacyo yatubwiye, ahubwo…

L’Interprète : Elle ne nous a rien dit, mais par contre,

le témoin 75 : Wabonaga yaraturakariye cyane,

L’Interprète : On voyait qu’elle était très fâchée envers nous.

le témoin 75 : Nuwashakaga kumuvugisha, akamubwira nabi,

L’Interprète : Elle parlait mal à quiconque voulait lui adresser la parole.

le témoin 75 : Elle était agressive, c’est ça que je veux dire.

L’Interprète : Qu’elle était agressive envers quiconque voulait lui adresser la parole.

Le Président : Y a-t-il eu, au moment de l’élection de sœur Gertrude comme prieure du monastère, des tensions dans la communauté ?

L’Interprète : Mu gihe cy’amatorwa ya sœur Gertrude, kugirango ayobore ikigo, hari umwuka mubi wagaragaye mu kigo ?

le témoin 75 : Nta mwuka mubi wagaragaye.

L’Interprète : Non, pas de tension qui a été constatée.

Le Président : Et après les événements d’avril et mai, y a-t-il eu des tensions dans la communauté ?

L’Interprète : Hanyuma y’ibyabaye mu kwa kane n’ukwa gatanu, hari umwuka mubi wagaragaye mu kigo ?

le témoin 75 : Ntawo twahise duhunga.

L’Interprète : Non, nous nous sommes réfugiées immédiatement.

Le Président : N’avez-vous pas quitté la Belgique avant les autres religieuses de Sovu qui étaient venues à Maredret ?

L’Interprète : Ntabwo wavuye mu Bubiligi mbere y’abandi babikira bari i Maredret ?

le témoin 75 : Yee, namazeyo amezi atatu gusa, abandi umwaka, imyaka ibiri.

L’Interprète : Oui, j’y ai passé seulement trois mois, d’autres y ont passé une année, deux ans.

Le Président : Aviez-vous l’autorisation de sœur Gertrude pour retourner au Rwanda ?

L’Interprète : Wari ufife uruhusa rwa sœur Gertrude rwo gusubira mu Rwanda ?

le témoin 75 : Naramwandikiye, ndabimubwira, ndanamuterefona,

L’Interprète : Je lui ai écrit, je lui ai dit et puis,je lui ai téléphoné.

le témoin 75 : Ukuntu byagenze,

L’Interprète : Ca s’est passé ainsi,

le témoin 75 : Tumaze kugera i Maredret,

L’Interprète : Après notre arrivée à Maredret,

le témoin 75 : Tumaze kuruhuka,

L’Interprète : Après nous être reposées,

le témoin 75 : Twumvise ko mu Rwanda hari amahoro.

L’Interprète : Nous avons entendu que la paix était revenue au Rwanda.

Scholastique le témoin 75 : Mu kwezi kwa… sinzi niba ari ukwa munani cyangwa ukwa cyenda, mu kwezi kwa cyenda ngirango,

L’Interprète : Au mois d’août ou septembre, je crois,

le témoin 75 : Twagize visite canonique ya père abbé-président Célestin CULLEN,

L’Interprète : Nous avons reçu une visite canonique du père Célestin CULLEN.

le témoin 75 : Akagenda abonana n’umubikira umwe umwe.

L’Interprète : Il s’entretenait avec toutes les sœurs, mais une à une.

le témoin 75 : Hazamo ikibazo cyo gushaka gusubira mu Rwanda benshi bifuzaga.

L’Interprète : Alors, il a été constaté que le retour au Rwanda était souhaité par la majorité.

le témoin 75 : Ariko jye sinarindi murabo, numvaga nshaka gukomeza nkigumira ino nkaruhuka.

L’Interprète : Mais moi, je ne figurais pas parmi ceux-là qui voulaient retourner, je voulais rester ici et me reposer.

le témoin 75 : Ariko sœur Bénédicte,

L’Interprète : Mais sœur Bénédicte,

le témoin 75 : Na sœur Marie-Bernard,

L’Interprète : Ainsi que sœur Marie-Bernard,

le témoin 75 : Bifuzaga gusubira mu Rwanda cyane.

L’Interprète : Souhaitaient beaucoup retourner au Rwanda.

le témoin 75 : Twabibwiye abbé-président, duti : « Ikibazo cyo gusubira mu Rwanda kirihutirwa ».

L’Interprète : Nous l’avons dit au père abbé président, nous lui avons dit : « La question du retour au Rwanda est urgente ».

le témoin 75 : Aratubwira ngo ni byiza,

L’Interprète : Il nous a répondu que c’était bien,

le témoin 75 : Ariko ngo tuzabanze tumenye ibintu bine. Quatre conditions.

L’Interprète : Mais qu’il fallait d’abord que quatre conditions soient remplies.

Scholastique le témoin 75 : Ubwa mbere, ngo tuzamenye uzishingira ubuzima bwacu nitugerayo,

L’Interprète : La première était de bien connaître la personne qui allait s’occuper de notre survie, une fois arrivées là-bas,

le témoin 75 : Akaducumbikira,

L’Interprète : Qui allait nous loger,

le témoin 75 : Akadushakira sécurité,

L’Interprète : Qui allait assurer notre sécurité,

le témoin 75 : Hanyuma tukaba dufite ko Monseigneur évêque ashaka ko twaza,

Le Président : Et il fallait aussi que Monsieur l’évêque souhaite notre retour,

le témoin 75 : Hanyuma icya kane, tukaba dufite autorisation ya mère supérieure.

L’Interprète : Et quatrièmement, il fallait que nous ayons l’autorisation de notre mère supérieure.

le témoin 75 : Twakomeje kubisaba, tubona sœur Gertrude atabishaka,

L’Interprète : Nous l’avons demandée à plusieurs reprises mais nous avons constaté que sœur Gertrude ne le voulait pas.

le témoin 75 : rimwe twakoze inama,

L’Interprète : Et un jour, nous avons fait une réunion,

le témoin 75 : Ababikira bavuga ko bashaka kujya mu Rwanda byanze bikunze,

L’Interprète : Abo babikira ?

le témoin 75 : Ababikira bari babiri : sœur Marie-Bernard na sœur…

L’Interprète : Ces deux sœurs, sœur Marie-Bernard et sœur…

le témoin 75 : Bavuga ko bashaka kujya mu Rwanda,

L’Interprète : Ont dit qu’elles voulaient absolument retourner au Rwanda,

le témoin 75 : Nanjye nsaga ari igitekerezo kiza,

L’Interprète : Et moi, j’ai vu que c’était une bonne idée,

le témoin 75 : Kuko dukomeje gutinda, ibintu byacu bazabitanga.

L’Interprète : Car, au fur et à mesure que nous traînions, nos biens risquaient d’être donnés à d’autres.

le témoin 75 : Dusohotse, mbwira sœur Gertrude nti bariya bantu bafite raison,

L’Interprète : Une fois d’ailleurs, j’ai dit à sœur Gertrude : « Ces gens-là ont raison ».

le témoin 75 : Arantonganya cyane,

L’Interprète : Elle m’a beaucoup grondée,

le témoin 75 : Arambwira ngo nta bwenge ngira,

L’Interprète : Elle m’a dit que j’étais idiote,

le témoin 75 : Ngo nta kujya mu Rwanda ubu ngubu,

L’Interprète : Et pas question d’aller au Rwanda pour le moment.

le témoin 75 : : Naramwihoreye,

L’Interprète : Je l’ai laissée,

le témoin 75 : Hanyuma mfata igitekerezo cyuko nanjye ubwanjye noneho nagenda.

L’Interprète : Et puis, une idée m’est venue que moi-même je devais rentrer, de partir.

le témoin 75 : Ubundi nongera guhura na père abbé-président,

L’Interprète : Après, j’ai rencontré encore une fois le père abbé président,

le témoin 75 : Ndabimubwira,

L’Interprète : Je le lui ai dit,

le témoin 75 : Arambwira ngo ni byiza ko twasubira iwacu.

L’Interprète : Il m’a dit que le retour chez nous était appréciable.

le témoin 75 : Ko habanza kugenda bake,

L’Interprète : Que d’abord un petit nombre devait partir,

le témoin 75 : Hanyuma abandi bakazabasanga.

L’Interprète : Et que d’autres allaient suivre.

le témoin 75 : Mbonye rero sœur Gertrude atabishaka,

L’Interprète : Quand j’ai vu que sœur Gertrude n’était pas de cet avis,

le témoin 75 : Kandi byihutirwa,

L’Interprète : Alors que c’était pressant,

le témoin 75 : Hanyuma nkora uko nshoboye, nshaka inshuti nari mfite i Bruseli,

L’Interprète : Alors, j’ai fait mon possible, j’ai cherché les amis, frères, parents, ici à Bruxelles,

le témoin 75 : Bamfasha gushaka passeport no kubona billet d’avion.

L’Interprète : Pour qu’ils m’aident à trouver mon passeport ainsi qu’un billet d’avion.

le témoin 75 : Ubwo nandikiye sœur Gertrude.

L’Interprète : J’ai alors écrit à sœur Gertrude.

le témoin 75 : Nti : « Ngize igitekerezo cyo kujya mu Rwanda,

L’Interprète : Je lui ai dit : « Moi j’ai une idée de rentrer au Rwanda,

le témoin 75 : Kuko, abaguma hano muri Belgique, abantu bo mu Rwanda baraduseka.

L’Interprète : Car celles qui restent ici en Belgique, nous autres qui restons ici en Belgique, les gens qui sont au Rwanda se moquent de nous.

le témoin 75 : Bakavuga ngo twihaye ibiryo ntitwihaye imana.

L’Interprète : Ils ont dit que nous nous sommes consacrées à la nourriture et que nous ne nous sommes pas consacrées à Dieu.

le témoin 75 : Ko tugomba kuza tukafatanya n’abandi ubukene,

L’Interprète : Que nous devons retourner et partager, avec d’autres, la misère,

le témoin 75 : Kugeza igihe amahoro, kugeza igihe Urwanda ruzongerera kumera neza ».

L’Interprète : Jusqu’à ce que le Rwanda retrouvera sa bonne situation ».

le témoin 75 : Ntabwo yanshubije.

L’Interprète : Elle ne m’a pas répondu.

le témoin 75 : Hanyuma twanditse ibaruwa, njye na Marie-Bernard tumaze gufata décision yo gutaha,

L’Interprète : Alors, après la prise de la décision de retour, sœur Bernard et moi, avons rédigé une lettre,

le témoin 75 : Na son assistant père abbé Nicolas wa Maredsous,

L’Interprète : Destinée au père abbé président, ainsi que son assistant, le père abbé Nicolas de Maredsous,

le témoin 75 : Na mère abbesse wa Maredret,

L’Interprète : Ainsi que la mère de Maredret,

le témoin 75 : Mère abbesse.

L’Interprète : Ainsi que la mère abbesse de Maredret,

le témoin 75 : Na mère Gertrude.

L’Interprète : Ainsi qu’à mère Gertrude.

le témoin 75 : Hanyuma ibaruwa tuyishyira mu iposta turi i Bruseli tubibabwira,

L’Interprète : Alors, nous avons posté cette lettre de Bruxelles, les informant de ça, informant de notre retour au Rwanda,

le témoin 75 : Ko tugiye mu Rwanda,

L’Interprète : Informant de notre retour au Rwanda,

le témoin 75 : Kureba uko bimeze.

L’Interprète : Voir comment les choses se passaient.

le témoin 75 : Nidusanga nta mahoro ahari tuzagaruka,

L’Interprète : Si nous trouvons qu’il n’y a pas de paix là-bas, nous allions revenir,

le témoin 75 : Nidusanga hari amahoro,

L’Interprète : Et que si nous trouvons la paix là-bas,

le témoin 75 : Tuzagumayo twubake, hanyuma namwe muze.

L’Interprète : Nous allions rester, reconstruire, et puis, les inviter à nous rejoindre aussi.

le témoin 75 : Twarababwiye duti : « Tugiye kubaka igihugu na Kiriziya yacu y’Urwanda.

L’Interprète : Nous avons dit que nous allions reconstruire le pays et notre église du Rwanda.

le témoin 75 : Twarababwiye duti tugiye kubaka nka za numa zo mu bwato za Noé,

L’Interprète : Nous avons dit que nous partions comme les colombes de l’Arche de Noé, que nous ne partions pas comme des corbeaux.

le témoin 75 : Nta gisubizo twabonye.

L’Interprète : Aucune réponse ne nous est parvenue.

le témoin 75 : Hanyuma twafashe indege turigendera,

L’Interprète : Nous avons pris l’avion et… parties,

le témoin 75 : Hari ku itariki 30 z’ukwezi z’uka cumi kwa kumwe,

L’Interprète : C’était alors le 30 novembre,

le témoin 75 : 94.

L’Interprète : 94.

le témoin 75 : Tugeze mu Rwanda,

L’Interprète : Arrivées au Rwanda,

le témoin 75 : Twagiye kwa Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI, i Butare.

L’Interprète : Nous nous sommes rendues chez Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI à Butare.

le témoin 75 : Araducumbikira, aratwishimira.

L’Interprète : Il nous a hébergées, il a été content de nous voir.

le témoin 75 : Kuko twari dufitiye akamaro diocèse yacu ya Butare.

L’Interprète : Car nous étions utiles à notre diocèse de Butare.

le témoin 75 : Nitwe twakoraga hostiya twahaga mu Rwanda hose,

L’Interprète : C’est nous qui fabriquions pour tout le Rwanda, les hosties.

le témoin 75 : Igihe tutari duhari bari barazibuze,

L’Interprète : En  notre absence, il en avait manqué.

le témoin 75 : Twari dufite hôtellerie abantu bazamo kwiherera,

L’Interprète : Nous avions l’hôtellerie dans laquelle nous recevions les gens en retraite,

le témoin 75 : Dufite na dispensaire tuvuriramo abantu,

L’Interprète : Nous avions un dispensaire qui soignait les gens,

le témoin 75 : Na centre social twigirishirizagamo abantu gusoma no kwandika,

L’Interprète : Ainsi qu’un centre social pour le développement, dans lequel nous « alphabétions » les gens qui étaient analphabètes,

le témoin 75 : Na foyer social.

L’Interprète : Ainsi qu’un foyer social.

le témoin 75 : Ibyo rero byari byashimishije Monseigneur GAHAMANYI,

L’Interprète : Alors, tout ça a réjoui Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI,

Scholastique le témoin 75 : Aratubwira ati : « Ndabaha imodoka, mujye kureba ikigo cyanyu ».

L’Interprète : Il nous a dit : « Je mets à votre disposition un véhicule, comme ça vous allez voir votre couvent ».

le témoin 75 : Tuva i Butare tuya i Sovu,

L’Interprète : Nous avons quitté Butare et nous nous sommes rendues à Sovu,

le témoin 75 : Ngo turebe uko hameze.

L’Interprète : Pour voir l’état des lieux.

le témoin 75 : Dusanga harimo abana b’imfubyi bari mu muryango witwa Terre des Hommes,

L’Interprète : Nous y avons trouvé des enfants orphelins de l’ONG, Terre des Hommes.

le témoin 75 : Abafaransa babareraga,

L’Interprète : Les Français alors, qui les éduquaient,

le témoin 75 : Duhurira imbere y’umuryango wa kiriziya i Sovu.

L’Interprète : Nous les avons croisés en face de la porte de l’église à Sovu.

le témoin 75 : Baratubwira ngo : « Ni wowe sœur Scholastique na sœur Marie-Bernard ? ».

L’Interprète : Ils nous ont dit : « C’est toi, sœur Scholastique et sœur Marie-Bernard ? ». 

le témoin 75 : Turababaza ngo : « Mbese mutuzi he ? ».

L’Interprète : Nous leur avons dit : « Comment vous nous connaissez ? Où vous nous avez vues ? ».

le témoin 75 : Baratubwira bati hari fax ivuye i Maredret, ivuga ko tutagomba kwinjira muri monastère.

L’Interprète : Ils nous ont dit qu’il y avait un fax qui venait de Maredret comme quoi nous ne devions pas entrer dans le monastère.

le témoin 75 : Batangazwa no kubona abakozi badukoreraga baza kuturamutsa batwishimiye,

L’Interprète : Alors, ils ont été étonnés du fait que les gens qui travaillaient pour eux sont venus tout joyeux, nous saluer,

le témoin 75 : Kuko abenshi n’abakoraga mu kigo cyacu.

L’Interprète : Car beaucoup, c’étaient des gens qui travaillaient dans notre couvent.

le témoin 75 : Harimo uwitwa Jean-Népomucène wari umuntu wakoraga muri lessive,

L’Interprète : Il y avait notamment un certain Jean-Népomucène qui travaillait au niveau de la lessive.

le témoin 75 : N’undi witwa Edouard wakoraga muri cuisine,

L’Interprète : Il y avait un autre, Edouard, qui travaillait à la cuisine,

le témoin 75 : N’umushumba wacu witwaga Cassien.

L’Interprète : Ansi que Cassien qui gardait nos bêtes.

le témoin 75 : Barishima ngo turagarutse, bari bazi ko twapfuye.

L’Interprète : Ils se sont réjouis de notre retour, ils avaient pensé que nous étions mortes.

le témoin 75 : Abo bafaransa babibonye, baratangara,

L’Interprète : Quand les Français ont vu cette scène, ils ont été étonnés.

le témoin 75 : Ngo : « Mbese murabazi ? ».

L’Interprète : Ils ont dit : « Vous les connaissez ? ».

le témoin 75 : Ngo : « Yee, n’ababyeyi bacu, turabishimiye ».

L’Interprète : Ils ont dit : « Oui, ce sont nos parents, nous sommes contents d’eux? ».

le témoin 75 : Baratubwira ngo niba turi aba hano, ngo nitugende turebe inzu yacu.

L’Interprète : Et alors ils ont dit : « Si vous êtes de la maison, allez voir votre couvent ».

le témoin 75 : Tuti : « Turashimishwa no kureba mu hostiya cyane cyane, ko dushaka gukora.

L’Interprète : Nous avons dit : « Nous voulons d’abord voir la fabrique des hosties car nous voulons travailler.

le témoin 75 : Turebe na bibliothèque ko hari agatabo kakirimo ».

L’Interprète : On veut voir aussi s’il y a encore un livre au niveau de la bibliothèque ».

le témoin 75 : Badutembereza mu kigo, dusanga ibintu byarangiritse byinshi,

L’Interprète : On nous a promenées à travers le couvent et nous avons vu que beaucoup de choses avaient été endommagées.

le témoin 75 : Dusanga ibyuma bya hostiya biracyahari.

L’Interprète : Mais nous avons vu que le matériel de fabrique des hosties était encore là.

le témoin 75 : Hanyuma tuvuga ko tuzagaruka kubisana.

L’Interprète : Alors, nous avons dit que nous allions revenir le réparer.

le témoin 75 : Baravuga ngo tuzagaruke, baduha umunsi tuzagarukiraho.

L’Interprète : Ils nous ont fixé un jour pour notre retour.

le témoin 75 : Tugeze kwa Musenyeri turabimubwira.

L’Interprète : Une fois arrivées à l’évêché, nous avons raconté tout ça à l’évêque.

le témoin 75 : Ku munsi twavuganye turagaruka tuzanye na mécanicien.

L’Interprète : Au jour convenu, nous sommes revenues en compagnie d’un mécanicien.

le témoin 75 : Noneho dusanga ba bafaransa bagiye,

L’Interprète : Nous avons trouvé que les Français venaient de partir,

le témoin 75 : Bashyizeho bariyeri, ngo ntitwinjiremo muri monastère.

L’Interprète : Qu’ils avaient dressé une barrière nous interdisant d’entrer au monastère.

le témoin 75 : Umuzamu aratubwira ngo : « Mumbabarire, basize bambwiye ngo ntimugaruke muri iki kigo ».

L’Interprète : Le gardien nous a dit : « Excusez-moi, ils m’ont interdit de vous laisser entrer dans ce couvent ».

le témoin 75 : Ubwo twahise dusubira kuri évêché i Butare.

L’Interprète : Alors, nous sommes retournées à l’évêché à Butare.

le témoin 75 : Tubwira Monseigneur GAHAMANYI ko batwirukanye, ngo ntituze mu kigo.

L’Interprète : Nous avons dit à Monseigneur GAHAMANYI qu’on nous avait chassées, qu’on nous avait interdit d’entrer dans le couvent.

le témoin 75 : Yahise yandikira abo bafaransa,

L’Interprète : Il a immédiatement écrit une lettre à ces Français,

le témoin 75 : Ababwira ngo ntibagomba kutubuza kuza gukorera kiriziya y’Urwanda mu kigo cyacu.

L’Interprète : Il leur a dit qu’ils n’avaient pas le droit de nous laisser travailler pour l’église du Rwanda, dans notre couvent.

le témoin 75 : Ubwo bahise bamuzanira ibaruwa ya sœur Gertrude,

L’Interprète : Immédiatement, on lui a amené une lettre de sœur Gertrude,

Scholastique le témoin 75 : Ivuga ngo twebwe twikuye mu muryango, ntitugomba kuwugarukamo, ngo turi abantu babi.

L’Interprète : Qui disait que nous-mêmes, nous étions de mauvaises personnes et que nous étions chassées nous-mêmes de la communauté, que nous ne devions plus y revenir.

le témoin 75 : Ubwo Monseigneur GAHAMANYI byaramurakaje,

L’Interprète : Alors, ça a fâché Monsieur GAHAMANYI,

le témoin 75 : Ahita avuga ko Terre des Hommes yavamo,

L’Interprète : Il a immédiatement dit que Terre des Hommes devait quitter,

le témoin 75 : Ko yabaha ahandi hantu ku Gisagara bakazahakorera,

L’Interprète : Qu’il pouvait leur donner un autre lieu de travail à Gisagara où ils pouvaient continuer leurs activités,

le témoin 75 : Bakajyanayo abo bana.

L’Interprète : Qu’ils pouvaient y amener aussi ces enfants.

le témoin 75 : Hagati aho rero, habaye nyine inyandiko za Monseigneur GAHAMANYI niza sœur Gertrude, niza Abbesse.

L’Interprète : Entre-temps, il y a eu échange épistolaire entre Monseigneur GAHAMANYI et sœur Gertrude, mère abbesse …

le témoin 75 : Pas mère abbesse …Ahubwo abbé-président.

L’Interprète : Non, pas mère abbesse, mais plutôt père abbé et président.

le témoin 75 : Ibintu bigenda bityo rero,

L’Interprète : Alors, les choses se sont poursuivies ainsi,

le témoin 75 : Kugeza igihe basanze ko twajya mu kigo cyacu,

L’Interprète : Jusqu’à ce qu’on a trouvé que c’était nécessaire que nous, on retourne dans notre couvent.

Le Président : Après votre retour au Rwanda, avez-vous eu la visite d’un religieux qui avait pour mission de vous faire faire certaines déclarations à l’égard de sœur Gertrude ?

L’Interprète : Mugeze mu Rwanda, hari umuntu wihaye Imana wigeze abasura, abasaba kugira ibintu mwandika bifite icyo birebanaho na sœur Gertrude ?

le témoin 75 : Yee, ni umupadiri witwa COMBLAIN André.

L’Interprète : Oui, c’était un prêtre du nom de COMBLAIN André.

le témoin 75 : Yaje muri 95.

L’Interprète : Il est venu en 1995.

le témoin 75 : Ndibuka n’itariki ko hari kuri 15 z’ukwa munani.

L’Interprète : Je me souviens même de la date, que c’était un 15 août.

le témoin 75 : Aratubwira ngo atumwe na père abbé-président wacu,

L’Interprète : Il nous a dit qu’il venait de la part de notre père abbé président,

le témoin 75 : Ariko ntabwo ari uwo muri ordre yacu,

L’Interprète : Mais il n’est pas de notre ordre,

 

le témoin 75 : Ni père missionnaire d’Afrique,

L’Interprète : C’est plutôt un père missionnaire d’Afrique,

le témoin 75 : Naho twebwe turi les bénédictins.

L’Interprète : Tandis que nous, on est des bénédictines.

Le Président : Quelle était la mission du père COMBLAIN auprès de vous ?

L’Interprète : Uwo mupadiri COMBLAIN yagenzwaga n’iki iwanyu ?

le témoin 75 : Yaratubwiye ngo,

L’Interprète : Il nous a dit que,

le témoin 75 : Bamutumye kutubaza ibintu bibiri.

L’Interprète : On l’avait envoyé nous demander deux choses :

le témoin 75 : Ngo twareze sœur Gertrude ko yagize ubwicanyi,

L’Interprète : Que nous avions accusé sœur Gertrude de participation aux massacres,

le témoin 75 : Ko twagiye tudafite uruhusa rwa ba supérieures bacu,

L’Interprète : Que nous étions parties sans l’autorisation de nos supérieurs hiérarchiques,

le témoin 75 : Noneho, nitwisobanure.

L’Interprète : Qu’alors, nous avions à nous expliquer.

le témoin 75 : Twaramubwiye duti,

L’Interprète : Nous lui avons dit,

le témoin 75 : Ko tutareze sœur Gertrude.

L’Interprète : Que nous n’avions pas accusé sœur Gertrude.

le témoin 75 : Aratwemeza, atwereka n’ikinyamakuru cyitwa « Solidarité »,

L’Interprète : Il nous a confirmé ça et nous a même montré un journal « Solidarité »,

le témoin 75 : Ou bien « Solitaire », je ne me souviens plus.

L’Interprète : Ou bien alors, « Solitaire », je ne me souviens plus.

le témoin 75 : Turamubwira tuti : « Icyo kinyamakuru sitwe twacyanditse ».

le témoin 75 : Nous lui avons dit : « C’est pas nous qui avons écrit ce journal ».

le témoin 75 : Aravuga ngo nitwe twababwiye.

L’Interprète : Il a dit : « Mais c’est vous qui avez donné des informations ».

le témoin 75 : Duti : « Twereke preuves »,

L’Interprète : Nous avons alors demandé la preuve,

le témoin 75 : Ntiyayibona.

L’Interprète : Ce qu’il n’a pas trouvé.

le témoin 75 : Aratubwira ngo niba ataribyo, ngo noneho nitwandike ibarohwa,

L’Interprète : Il a dit alors : « Si tel n’est pas le cas, écrivez une lettre,

le témoin 75 : Ivuga yuko, sœur Gertrude ari umwera.

L’Interprète : Disant que sœur Gertrude est innocente ».

Scholastique le témoin 75 : Turavuga duti : « Ntabwo twavuguruza ikinyamakuru kitari icyacu ».

L’Interprète : Nous avons dit : « Nous ne pouvons pas faire un démenti pour un journal qui n’est pas notre journal ».

le témoin 75 : Duti : « Uzajye kubaza abo bantu aho byaturutse »,

L’Interprète : Nous avons dit : « Va demander à ces gens-là, l’origine,

le témoin 75 : Ukore enquête,

le témoin 75 : Umugire umwera.

L’Interprète : Fais ton enquête et innocente-la ».

le témoin 75 : Hanyuma, ku byerekeye ko nta ruhusa dufite,

L’Interprète : Pour ce qui concerne notre départ non autorisé,

le témoin 75 : Twamweretse ibaruwa twanditse yo kubamenyesha ko twaje.

L’Interprète : Nous lui avons montré une lettre que nous avions écrite, annonçant notre départ.

le témoin 75 : Hari umubikira witwa mère Marie-Jeanne wari fondatrice wacu,

L’Interprète : Il y avait une sœur du nom de mère Marie-Jeanne qui était notre fondatrice,

le témoin 75 : Yari yatwandikiye atubwira yuko nta makosa bakitubonaho, ko tugomba gusubira muri monastère yacu.

L’Interprète : Elle nous avait écrit qu’on ne constate plus de manquement à notre égard et que nous pouvions retourner dans notre monastère.

le témoin 75 : Ko tugomba gusubiramo tugakora ibikorwa uko bikwiye.

L’Interprète : Que nous pouvions retourner là-bas et continuer les activités comme il le faut.

le témoin 75 : Duti : « Icyo ngicyo cyarakemutse ».

L’Interprète : Nous avons dit : « Là, c’est réglé, ce point est réglé ».

le témoin 75 : Tumwereka ibaruwa, arabyemera.

L’Interprète : Nous lui avons montré la lettre, il a été d’accord.

le témoin 75 : Akomeza kujya kuri icyo, cyo kuvuga ngo nitwandike ibaruwa.

L’Interprète : Il a insisté sur la rédaction de cette lettre.

le témoin 75 : Nageze aho, mbona harimo ibintu bitumvikana neza.

L’Interprète : Et après, moi j’ai constaté qu’il y avait des choses qui clochaient.

le témoin 75 : Nibwira mbega ko atatumwa n’abakuru bacu,

L’Interprète : Je me suis dit qu’il n’était pas envoyé par nos supérieurs,

le témoin 75 : Kuko, ntibari batwandikiye cyangwa ngo baduterefone.

L’Interprète : Car il ne nous avait pas écrit ni téléphoné.

Scholastique le témoin 75 : Naramubwiye nti : « Wowe twakwakiriye, utubwiza amagambo,

L’Interprète : Je lui ai dit : « Nous t’avons reçu, alors que tu nous parlais uniquement verbalement,

le témoin 75 : Natwe twakubwiye mu magambo.

L’Interprète : Nous aussi, nous t’avons parlé verbalement.

le témoin 75 : Uzagende, ubwbwire mu magambo,

L’Interprète : Va leur répondre également verbalement ».

Scholastique le témoin 75 : Naho, inyandiko isubiza indi nyandiko, amagambo agasubizwa amagambo ».

L’Interprète : Tandis qu’un écrit répond à un écrit, la suite réservée aux paroles, c’est aussi des paroles.

le témoin 75 : Nongeraho nti, ndamubwira na none :

L’Interprète : Je lui ai dit : « En plus,

le témoin 75 : « Mbisabwe na none na ba supérieures banjye,

L’Interprète : Si c’est à la demande de mes supérieurs,

le témoin 75 : Mfite ukuntu nakwisobanura ».

L’Interprète : Je vois comment m’expliquer ».

le témoin 75 : Ubwo yahise agenda.

L’Interprète : Il est parti alors.

le témoin 75 : Mu mezi make aragaruka, ngirango ni nko mu kwezi kwa cumi,

L’Interprète : En peu de mois, je pense peut-être au mois d’octobre,

le témoin 75 : Aragaruka.

L’Interprète : Il est revenu.

le témoin 75 : Azana impapuro nyinshi.

L’Interprète : Avec beaucoup de papiers.

L’Interprète : Il m’a dit : « Cette fois-ci, ils ont écrit et lis pour comprendre et puis, écris une lettre,

le témoin 75 : Yo kugira umwera sœur Gertrude ».

L’Interprète :  Innocentant sœur Gertrude ».

le témoin 75 : Ibipapuro ndabifashe,

L’Interprète : J’ai pris les papiers,

le témoin 75 : Ndavuga nti reka mbisome nitonze kuko byari byinshi,

L’Interprète : J’ai dit : « Ils sont nombreux, donne-moi le temps de les lire attentivement.

le témoin 75 : Nzabigusubiza ejo cyangwa mu yindi mins’kurikiraho mbanze mbyige neza.

L’Interprète : Je vais te les remettre demain, ou alors, dans les jours qui vont suivre, pour mieux les examiner.

le témoin 75 : Njye niga point par point,

L’Interprète : Pour que je puisse examiner point par point,

le témoin 75 : Hanyuma, nzabandikire mbasubize ».

L’Interprète : Et puis, je vais leur écrire et répondre ».

le témoin 75 : Ubwo yaranze,

L’Interprète : Il a refusé.

le témoin 75 : Arambwira ngo ntabwo yabinsigira.

L’Interprète : Il m’a dit : « Je ne peux pas te les laisser ».

le témoin 75 : Yongeraho ngo ko atari jye bandikiye, ko ari ibye bwite.

L’Interprète : Il a ajouté que ce n’était pas à moi que les écrits étaient adressés mais que c’étaient ses propres écrits. Que c’était destiné à lui seul.

le témoin 75 : Nti : « Noneho ubwo ari ibyawe bigumane, nanjye ntacyo nanditse ».

L’Interprète : Je lui ai dit : « Comme c’est à toi, garde-les, moi non plus, je n’écris rien ».

le témoin 75 : Ubwo yahise agenda.

L’Interprète : Il est reparti aussitôt.

le témoin 75 : Noneho bukeye, agiye gutaha,

L’Interprète : Le lendemain, avant son départ du Rwanda,

le témoin 75 : Ataha, ajya… kuko bari bafite inzu i Butare,

L’Interprète : Vu qu’il avait une habitation à Butare,

le témoin 75 : Asubiye i Kigali,

L’Interprète : A son retour à Kigali,

le témoin 75 : Asanga ahantu hari bariyeri y’abasirikare,

L’Interprète : Il a trouvé une barrière des militaires,

le témoin 75 : Baramusaka,

L’Interprète : On l’a fouillé,

le témoin 75 : Bamusangana bya bipapuro, n’ibindi,

L’Interprète : On a trouvé sur lui, ces papiers-là et d’autres,

le témoin 75 : Sinzi icyarimo,

L’Interprète : Je ne sais pas ce qui était dedans,

le témoin 75 : Numva ngo baramufunze. Nuko birangira bityo.

L’Interprète : J’ai appris qu’on l’avait arrêté. Voilà, ça s’est passé ainsi.

Le Président : Bien. Y a-t-il des questions à poser au témoin ?

Me. CUYKENS : Le véhicule utilisé par REKERAHO était-il rangé habituellement au centre de santé, ou au monastère ?

L’Interprète : Imodoka yakoreshwaga na REKERAHO, ubusanzwe yararaga muri centre de santé, cyangwa muri monastère ?

le témoin 75 : Mbere yuko REKERAHO ayitwara ?

L’Interprète : Avant que REKERAHO ne le prenne ?

Me. CUYKENS : Oui.

L’Interprète : Yego.

le témoin 75 : Yari mu igaraji rya dispensaire.

L’Interprète : Avant que REKERAHO ne le prenne, il était au garage du dispensaire.

Me. CUYKENS : Et qui disposait des clés de ce véhicule ?

L’Interprète :  Imfunguzo z’iyo modoka zagiraga nde ?

le témoin 75 : Zagirwaga n’umubikira wakoraga muri dispensaire.

L’Interprète : Elles étaient disposées par une sœur qui travaillait au dispensaire.

le témoin 75 : Ariko kuko atari umubikira wacu mu kigo, yajyaga gutaha, akazisiga mu kigo.

L’Interprète :  Mais, comme ce n’était pas une sœur de notre ordre, de notre couvent, quand elle allait partir, elle les laissait dans le couvent.

Le Président : Oui, Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Est-ce que le témoin se souvient, je le dis parce qu’elle en a parlé dans sa déclaration en octobre 1995, des paroles qu’aurait prononcées sœur Gertrude lorsque le témoin 110 a amené le riz au couvent, s’il vous plaît ?

Le Président : Vous souvenez-vous de ce que sœur Gertrude aurait déclaré lorsque le témoin 110 a amené des sacs de riz au couvent ?

L’Interprète : Waba wibuka ibyo sœur Gertrude yavuze ubwo Lauriyani NTEZIMANA yazanaga imifuka irimo umuceri mu kigo ?

le témoin 75 : Uwo muceri bari bawuzaniye impunzi, niko Laurien yari yavuze.

L’Interprète : Ce riz était destiné aux réfugiés, c’est ce que Laurien avait dit.

le témoin 75 : Ariko sœur Gertrude yavuze ko atawubaha,

le témoin 75 : Mais sœur Gertrude a dit qu’elle n’allait pas le leur distribuer,

le témoin 75 : Kugirango Interahamwe zitabona ko ari icyitso cy’Inkotanyi.

L’Interprète : Pour que les Interahamwe ne voient pas qu’elle était complice des Inkotanyi.

Le Président : D’autres questions ? Oui ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, est-ce que le témoin pourrait nous éclairer quant au rôle et à l’attitude respective de sœur Kizito et de sœur Stéphanie durant l’ensemble des événements, s’il vous plaît ?

Le Président : Durant les événements d’avril et mai 1994, sœur Kizito et sœur Stéphanie, ont-elles eu une attitude particulière ?

L’Interprète : Mu byabaye mu kwezi kwa kane n’ukwa gatanu 94, hari ukuntu kudasanzwe sœur Kizito na sœur Stéphanie bitwaye ?

le témoin 75 : Sœur Stéphanie ntacyo nzi ko yitwayeho,

L’Interprète : Je n’ai rien vu de sœur Stéphanie,

le témoin 75 : Ariko sœur Kizito kuko yari uwo kuri uwo musozi,

L’Interprète :  Mais comme sœur Kizito était originaire de cette colline,

le témoin 75 : Yarazwi cyane n’abantu baho n’Interahamwe,

L’Interprète : Qu’elle était très connue par des gens de là-bas et des Interahamwe,

le témoin 75 : Yakundaga kuvugana nabo,

L’Interprète : Elle avait l’habitude de parler avec eux, souvent,

le témoin 75 : Akajyana na REKERAHO,

L’Interprète : Et qu’elle partait avec REKERAHO,

le témoin 75 : Bakumvikana,

L’Interprète : Donc, eux, s’entendaient bien.

le témoin 75 : Ubundi atemesha ibihuru kuri monastère hose,

L’Interprète : Et puis, elle a fait couper les brousses partout, au monastère, aux environs du monastère,

le témoin 75 : Kugirango bashake abantu bihishemo.

L’Interprète : Pour qu’on y cherche les gens qui s’y étaient cachés,

le témoin 75 : Babavumburemo bakagenda bakabica.

L’Interprète : Pour quand ils les trouvaient là-bas, ils allaient les tuer.

le témoin 75 : No mu nzu hose yaragendaga agasaka,

L’Interprète : Elle fouillait partout dans la maison,

le témoin 75 : Ngo asohore abantu abatange.

L’Interprète : Pour qu’elle fasse sortir les gens et les livre.

Le Président : Oui ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, au sujet de Gaspard RUSANGANWA, le voisin, le témoin nous a souvent dit que souvent, elle a associé Gaspard au bourgmestre. Est-ce qu’il était possible d’imaginer que Gaspard pouvait, comment, je devrais le formuler dans l’autre sens. Est-ce qu’il était évident que Gaspard était un complice des Interahamwe ou est-ce qu’on pouvait s’imaginer que c’était quelqu’un de bonne volonté, qui pouvait jouer un rôle positif ? Vous allez mieux le dire que moi.

Le Président : Qu’avez-vous constaté, comme pouvant être le rôle de Gaspard RUSANGANWA durant les événements ?

L’Interprète : Ku bwawe, uruhare rwa Gaspard RUSANGANWA mu byabaye, rwaba ruteye rute ?

le témoin 75 : Pascal RUSANGANWA nawe yari Interahamwe. Yakoranaga cyane na REKERAHO.

L’Interprète : Gaspard RUSANGANWA était, lui aussi, un Interahamwe. Il était souvent collaborateur de REKERAHO.

Le Président : Une autre question ?

Me. JASPIS : J’ai encore deux petites questions, Monsieur le président. Le témoin a-t-il le sentiment qu’on aurait pu abriter un nombre de personnes plus important dans le couvent, vu l’importance des bâtiments ? Est-ce que les bâtiments permettaient d’abriter plus de monde ?

Le Président : Les bâtiments du monastère permettaient-ils d’accueillir plus de monde que ceux qui s’y trouvaient ?

L’Interprète : Amazu y’ikigo uko yanganaga, yashoboraga gucumbikira abantu barenze abari bahari ?

le témoin 75 : Yee, byarashobokaga.

L’Interprète : Oui, c’était possible, c’est vaste.

le témoin 75 : Bitavuze ko umuntu wese yabona icyumba, ariko dushobora kubashyira no mu isale nini,

L’Interprète : Ce qui ne dit pas que tout le monde pouvait avoir sa chambre, mais nous avions la possibilité de les mettre, nous aurions pu avoir la possibilité de les mettre dans une grande salle,

le témoin 75 : No muri za caves,

L’Interprète : Dans les caves,

le témoin 75 : Muri za ateliers,

L’Interprète : A l’atelier,

le témoin 75 : Ni hani cyane.

L’Interprète : C’est vraiment vaste.

Le Président : Une autre question ?

Me. JASPIS : La dernière question concerne cette question du voile dont on a déjà beaucoup parlé aussi. Aline KAMANZI avait demandé à pouvoir porter un voile, ou sœur Bénédicte avait proposé ou quelqu’un avait proposé qu’elle porte un voile, bien qu’elle ne fut pas religieuse. Est-ce que d’autres jeunes filles auraient pu être sauvées, d’autres qu’Aline, si on leur avait donné un voile ou bien ça ne concernait qu’Aline ?

Le Président : Savez-vous si on a distribué des voiles à des personnes qui, normalement, ne devaient pas en porter ?

L’Interprète : Waba uzi ko hari abantu bahaye amavara, batagombaga kuyambara ?

Scholastique le témoin 75 : Yee, kuko REKERAHO yari yavuze ko badashobora kwica ababikira,

L’Interprète : Oui, étant donné que REKERAHO avait dit qu’il ne pouvait pas tuer les sœurs,

le témoin 75 : Abana batarabona amavala, bari ba postulantes,

L’Interprète : Des jeunes filles qui étaient encore postulantes, qui n’étaient pas à un stade de porter des voiles,

le témoin 75 : Babatije amavala ngo berekane ko ari ababikikra ntibabice.

L’Interprète : On leur a prêté des voiles pour qu’elles paraissent comme des sœurs et ne soient pas tuées.

le témoin 75 : Bagiye i Ngoma bagiye bayambaye,

le témoin 75 : Ni igihe twahungaga tujya muri Zaïre,

L’Interprète : De même que lorsque nous nous sommes enfuies vers le Zaïre,

le témoin 75 : Tugeze n’ino aha ngaha,

L’Interprète : Même à notre arrivée, ici,

le témoin 75 : Bari bafite ayo mavala.

L’Interprète : Elles portaient toujours ces voiles. Voilà.

Le Président : Quelqu’un a-t-il demandé que d’autres que les postulantes reçoivent un voile ?

L’Interprète : Hari umuntu wasabye ko abandi bakobwa batari ba postulantes nabo bahabwa ivala ?

le témoin 75 : Bourgmestre wa comine Huye yarabivuze.

L’Interprète : Le bourgmestre de la commune de Huye l’a dit.

le témoin 75 : Ati : « Nkaba bana bato mubambitse amavala, kuko ababikira batabica,

L’Interprète : Il a dit : « Si ces jeunes filles portaient des voiles,

le témoin 75 : Nabo bashobora kubaho ».

L’Interprète : Elles pourraient aussi survivre ».

Le Président : Quelqu’un a-t-il refusé de donner un voile à d’autres jeunes filles que les postulantes ?

L’Interprète : Hari umuntu wanze ko abandi bakobwa usibye ba postulantes bahabwa nabo amavala ?

le témoin 75 : Yee, hari Aline, nièce wa sœur Bénédicte.

L’Interprète : Oui, il y a Aline, nièce de sœur Bénédicte.

le témoin 75 : Sœur Bénédicte yasabye sœur Gertrude ati : « Aline rwose, mwamwambika ivala kuko yasabaga no kuzinjira iwacu,

L’Interprète : Alors, sœur Bénédicte a demandé à sœur Gertrude : « Vous pouvez faire porter Aline un voile, vu qu’elle-même aspirait à notre communauté,

le témoin 75 : Sœur Gertrude yaranze, ngo : « Ntibagiye kudusenyera inzu no kutwica kubera Aline ».

L’Interprète : Qu’on ne détruise pas notre couvent et qu’on ne nous tue pas à cause d’Aline ».

Le Président : Maître BEAUTHIER, et alors, Maître LARDINOIS.

Me. BEAUTHIER : Merci, Monsieur le président. J’ai pour l’instant, quatre questions à poser. La première question est un peu plus générale et je vais prendre l’ordre chronologique, si vous le permettez. Le témoin pourrait-il nous expliquer si elle était candidate et qu’est-ce que ça signifie, être candidate lors d’élections d’une mère supérieure ?

Le Président : Avez-vous, Madame, été candidate à l’élection, comme mère supérieure du monastère de Sovu ?

L’Interprète : Wigeze wiyamamariza kuba umuyobozi wa monastère y’i Sovu.

le témoin 75 : Ibyo byo kwiyamamaza ntabwo muri vie religieuse bibamo.

L’Interprète : Quant aux candidatures dans la vie religieuse, ça n’existe pas.

le témoin 75 : Abantu bose baba bafite droit yo gutorwa,

L’Interprète : Tout le monde a le droit d’être candidat,

le témoin 75 : Iyo bafite imyaka itandatu y’amasezerano ya burundu.

L’Interprète : Quand elle a fait déjà six ans de promesse finale, de vœux perpétuels.

Le Président : Lors de l’élection de sœur Gertrude, avez-vous reçu, vous, des voix de certaines de vos consoeurs ?

L’Interprète : Mu gihe sœur Gertrude yatorwaga, wowe hari amajwi waba warahawe n’ababikira mwari kumwe ? Harimo abagutoye ?

le témoin 75 : Ubundi mu itorwa,

L’Interprète : Non. Au moment de l’élection,

le témoin 75 : Ni démocratie,Abantu bose baratorwa,

L’Interprète : C’est la démocratie,

le témoin 75 : Abantu bose baratorwa.

L’Interprète : Tout le monde est élu.

le témoin 75 : Bamwe bakagira amajwi make, abandi menshi,

L’Interprète : Certains reçoivent peu de voix,

le témoin 75 : Ugize menshi niwe tugira supérieure wacu.

L’Interprète : D’autres en reçoivent beaucoup. Celle qui reçoit un nombre plus élevé de voix, c’est celle-là qui devient notre supérieure.

Me. BEAUTHIER : Je vous remercie, Monsieur le président. La question plus précise. On est bien d’accord qu’on se trouve, non pas dans une question de candidature avec des campagnes électorales et qu’il n’y a pas de liste, mais qu’il y a une possibilité pour les sœurs, sur un papier blanc, de remplir le nom de celle qu’elles estiment la plus à même d’être mère supérieure. Je veux dire qu’il n’y a pas de candidature déclarée, et chacun, j’imagine, sur du papier blanc, écrit le nom qu’il souhaite. Est-ce que c’est bien comme ça que ça se passe ?

Le Président : Le vote se passe-t-il de manière que chacune des religieuses qui sont dans les conditions pour voter et pour être élues, reçoivent un document sur lequel elles mettent le nom de celle qu’elles préfèrent ?

L’Interprète : Amatora uko agenda, ni uko umuntu wese ushobora gutorwa cyangwa se gutora ahabwa urupapuro yandikaho uwo yumva yaba mère supérieure ?

le témoin 75 : Baduha liste,

L’Interprète : On nous donne une liste,

le témoin 75 : Iriho ababikira bose bagomba gutorwa.

L’Interprète : Sur laquelle figurent toutes les religieuses pour pouvoir être élues.

le témoin 75 : Uwo utoye ugashyira akamenyetso imbere ye.

L’Interprète : Alors, tu marques un signe devant le nom de la personne que tu élis.

le témoin 75 : Uwo udatoye ntugire icyo ushyiraho.

L’Interprète : Alors, celle que tu n’élis pas, tu ne marques rien.

Le Président : Oui.

Me. BEAUTHIER : Je vous remercie. Je vais terminer sur ce chapitre pour que tout le monde soit bien clair sur ce point. Il n’y a donc pas, avant l’élection, de déclaration d’une sœur ou d’une autre, une réunion où chacune exposerait un programme pour le monastère. Ca se passe comme, j’imagine, on vient du dire, non pas sur un papier blanc, je croyais que c’était sur un papier blanc, mais une liste de l’ensemble des religieuses qui peuvent être élues, et on coche. Mais il n’y pas une information ou une campagne avant cette élection ?

Le Président : Il n’y a pas de campagne électorale ?

L’Interprète : Ibihe byo kwiyamamaza, umuntu yiyamamaze, asobanure ibyo azakora, ntabwo bibaho mbere yo gutora ?

le témoin 75 : Reka, reka. Ibyo iwacu ntabwo bibayo rwose.

L’Interprète : Non, non, pas du tout, cela ne se fait pas chez nous.

le témoin 75 : N’ubundi kuba supérieure n’akazi nk’akandi.

L’Interprète : Même le fait d’être supérieure, c’est une fonction comme d’autres.

le témoin 75 : Ahubwo birakomeye cyane,

L’Interprète : Mais par contre, c’est une tâche difficile,

Scholastique le témoin 75 : Kuko supérieure aba ari umubikira nk’abandi, agakora nkibyo dukora,

L’Interprète : Très difficile, car la supérieure c’est une religieuse comme d’autres, elle fait ce que nous faisons.

le témoin 75 : Ahubwo agakora ibirenzeho kuko agomba kuba intangarugero muri byose.

L’Interprète : Par contre, elle en fait plus, car elle doit être exemplaire en tout.

le témoin 75 : Nta intérêt aba afite na buse,

L’Interprète : Aucun intérêt qu’elle a,

le témoin 75 : Nta mafaranga baduha se…

L’Interprète : On ne donne pas l’argent, voyez-vous,

le témoin 75 : Nta nzu batwubakira, nta ki ?

le témoin 75 : Iyo umuntu agize ibyago, bimugwaho akaba supérieure.

L’Interprète : On ne nous construit pas une maison, rien. Quand quelque… la malchance tombe sur elle, elle devient supérieure.

le témoin 75 : Akabyemera kugirango afashe communauté yamugiriye ikizere gusa, naho nta kindi.

L’Interprète : Elle accepte uniquement pour aider la communauté qui lui a fait confiance, autrement, euh…

le témoin 75 : Ikindi nakongeraho ni uko muri notre règle de St Benoît,

L’Interprète : Ce que j’ajouterai, c’est que dans notre règlement de Saint-Benoît.

le témoin 75 : Règle de Saint-Benoît.

Le Président : Règle ?

le témoin 75 : Hari chapitres ebyiri avugaho uko umusuperieure agomba kumera,

L’Interprète : Règle de Saint-Benoît. Il y a deux chapitres qui décrivent le comportement que devrait avoir une supérieure.

le témoin 75 : Ugasanga ari charge ikomeye cyane.

L’Interprète : Et tu trouves que c’est une lourde charge, très lourde.

le témoin 75 : Ntawayifuza, bimuguyeho yabikora,

L’Interprète : Personne ne le souhaiterait. Quand ça tombe sur lui, elle le ferait,

le témoin 75 : Ariko sibyo kwifuza. Voilà.

L’Interprète : Mais ce n’est pas une chose souhaitable. Voilà.

Me. BEAUTHIER : Monsieur le président. Deuxième série de questions. Entre le moment où sœur Gertrude a été élue supérieure et les événements du mois d’avril 1994, y a-t-il eu, à un moment donné, un  quelconque conflit entre sœur Gertrude et le témoin, et à propos de quoi, éventuellement ?

Le Président : Y a-t-il eu à un moment, depuis l’élection de sœur Gertrude comme supérieure, avant les événements d’avril-mai 1994 à Sovu, y a-t-il eu  un problème entre sœur Gertrude et vous, un conflit ?

L’Interprète : Hagati yuko sœur Gertrude atwara ubwo buyobozi, mbere yuko ibiba byabaye, hari ubwo, hari amakimbirane yigeze agaragara hagati yawe na sœur Gertrude ?

le témoin 75 : Nta kintu nigeze mpfa na sœur Gertrude, uko twahabanye.

L’Interprète : Aucun différend ne m’a opposée à sœur Gertrude.

le témoin 75 : Ahubwo nigeze kumufasha rimwe.

L’Interprète : Par contre, je lui suis venue en aide, une fois.

le témoin 75 : Mugirira impuhwe mu ntambara,

L’Interprète : J’ai eu pitié d’elle pendant la guerre.

le témoin 75 : Hari ku itariki 24 z’ukwezi kwa gatandatu,

L’Interprète : C’était le 24 juin,

le témoin 75 : Icyo gihe hari hakiri Interahamwe, zica abantu mu nzira,

L’Interprète : C’était le 24 juin. Il y avait encore les Interahamwe qui tuaient les gens en cours de route.

le témoin 75 : Haza cardinal ETCHEGARAY

L’Interprète : Est venu alors, le cardinal ETCHEGARAY,

le témoin 75 : Aje gusura i Butare.

L’Interprète : Qui visitait Butare.

le témoin 75 : Bavuga yuko imiryango y’abihaye Imana yose iri muri Butare,

L’Interprète : On a dit alors que toutes les congrégations religieuses qui étaient à Butare,

le témoin 75 : Bajya kureba [Inaudible] kumuramutsa.

L’Interprète : Aillent rencontrer, saluer ETCHEGARAY.

le témoin 75 : Nibura hakagenda n’abantu babiri muri communauté.

L’Interprète : Qu’au moins, partent deux personnes par communauté.

le témoin 75 : Bakamusanga i Save.

L’Interprète : Elles devaient le rencontrer à Save.

Scholastique le témoin 75 : Yabajije ababikira bose, uwo akozeho yanga ngo ntagiye gusohoka mu ntambara.

L’Interprète : Alors, sœur Gertrude a demandé à toutes les sœurs. Toutes refusaient en disant : « On ne peut pas sortir pendant la guerre ».

le témoin 75 : Kuko ntiyagombaga kugenda wenyine, yagiraga ngo ashake umuherekeza.

L’Interprète : Etant donné qu’elle ne voulait pas partir toute seule, il fallait quelqu’un pour l’accompagner.

le témoin 75 : Ndibuka ko yabwiye sœur Julienne akanga.

L’Interprète : Je me souviens qu’elle a proposé ça à sœur Julienne qui a refusé.

le témoin 75 : Akabaza Liberata nawe akanga.

L’Interprète : Elle s’est adressée à sœur Liberata qui, elle aussi, a refusé.

le témoin 75 : Hanyuma, aza kubimbwira nanjye ubwange.

L’Interprète : Alors, elle me l’a dit, à moi aussi, personnellement.

le témoin 75 : Arambwira ati : « Rwose mbabarira umperekeze no kugenda njyenyine, abandi bose banze.

L’Interprète : Elle m’a dit : « Comprends-moi, viens, accompagne-moi, que je ne parte pas seule, toutes les autres ont refusé ».

le témoin 75 : Ubwo nari mfite carte yanditsemo Tutsi,

L’Interprète : Comme dans ma carte d’identité figurait que j’étais Tutsi,

le témoin 75 : Nagomba wenda gupfira mu nzira kuko bari bakica,

L’Interprète : Il y avait possibilité que je meure en cours de route, comme on tuait toujours,

le témoin 75 : Ariko naramubwiye nti : « Ndaguherekeza, nta kibazo ».

L’Interprète : Mais je lui ai dit : « Je t’accompagne, il n’y a pas de problème ».

le témoin 75 : Naho abanze, abo bari bafite ikarta yanditsemo Hutu.

L’Interprète : Par contre, celles-là qui avaient refusé, c’était marqué dans leur carte d’identité « Hutu ».

le témoin 75 : Naramuherekeje turagenda,

L’Interprète : Je l’ai accompagnée, nous sommes parties,

le témoin 75 : Turagaruka amahoro.

L’Interprète : Nous sommes revenues en sécurité.

le témoin 75 : Ibyo byerekana yuko rero Gertrude ntigeze mwanga, ahubwo ntacyo mpfa nawe.

L’Interprète : Ca montre que je n’ai jamais haï sœur Gertrude et qu’il n’y a aucun différend qui m’oppose à elle.

le témoin 75 : Parce que j’ai risqué ma vie pour elle.

L’Interprète : Puisque j’ai risqué ma vie pour rien.

le témoin 75 : Pour elle.

L’Interprète : Pour elle. Puisque j’ai risqué ma vie pour elle.

Le Président : Une autre question ?

Me. BEAUTHIER : Oui, Monsieur le président. Le témoin, dans ses déclarations et c’est bien compréhensible, ne peut plus situer exactement le jour de l’arrivée de Laurien, je parle des sacs de riz. C’est, soit le 18, soit le 19, et d’ailleurs Laurien lui-même ne précise pas exactement dans une de ses déclarations la date, donc, le 18 ou le 19, Laurien arrive avec 10 ou 12 sacs de riz. Première question : quand Laurien arrive avec la nourriture, à qui s’adresse-t-il, et voit-il sœur Gertrude et sœur Kizito ? Et, on l’a dit tout à l’heure, mais je voudrais une précision : qu’est-ce qui se passe à ce moment-là, au niveau des clés ?

Le Président : Lorsque Laurien NTEZIMANA a apporté du riz, qui a-t-il rencontré pour remettre le riz ?

L’Interprète : Ubwo le témoin 110 yazanaga umuceri, ninde bahuye kugirango amuhe uwo muceri ?

le témoin 75 : Nari muri hôtellerie mbona Laurien araje,

L’Interprète : J’étais à l’hôtellerie et j’ai vu Laurien venir,

le témoin 75 : Nagiye kumusanganira,

L’Interprète : Je suis allée à son encontre.

le témoin 75 : Arambwira ati : « Nzanye umuceri wo guha impunzi… »,

L’Interprète : Il m’a dit : « J’apporte du riz pour les réfugiés ».

le témoin 75 : Ndabimushimira.

L’Interprète : Je lui ai dit : « Merci ».

le témoin 75 : Impunzi zari zikiraho, bataratangira kuzica.

L’Interprète : Les réfugiés étaient toujours là, on n’avait pas encore commencé à les tuer.

le témoin 75 : Nibo nabwiye ngo nibapakurure uwo muceri bawushyire imbere ya Hôtellerie,

L’Interprète : C’est à ces réfugiés-là que j’ai dit de décharger le riz, et qu’on le mette à la cour, en face de l’hôtellerie.

le témoin 75 : Kuko Laurien yarihutaga ashaka kugemurira n’izindi mpunzi.

L’Interprète : Puisque Laurien était pressé, il voulait apporter encore de la nourriture à d’autres réfugiés.

le témoin 75 : Ubwo nagiye kubwira sœur Gertrude ko Laurien yatuzaniye umuceri w’impunzi.

L’Interprète : Alors, je suis allée dire à sœur Gertrude que Laurien venait de nous apporter du riz destiné aux réfugiés.

le témoin 75 : Ahamagara sœur Kizito, bawuha abakozi, bajya kuwubika.

L’Interprète : Elle a appelé alors sœur Kizito et on a donné ce riz aux ouvriers qui sont allés le stocker.

Le Président : Ils l’ont stocké dans les magasins du monastère ou dans les magasins du centre de santé ?

L’Interprète : Bawubitse muri za magasins za monastère cyangwa iza centre de santé ?

le témoin 75 : Ni muri monastère.

L’Interprète : C’est au monastère.

Le Président : Ces magasins, étaient-ils fermés à clé ?

L’Interprète : Izo za magasins zafungishwaga urufunguzo ?

le témoin 75 : Zafungishwaga urufunguzo.

L’Interprète : Oui, ils étaient fermés à clé.

Le Président : Qui avait la clé de ces magasins ?

L’Interprète : Urwo rufunguzo rwabikaga nde rw’izo za magasins ?

le témoin 75 : Rwabikwaga na sœur Gertrude.

L’Interprète : C’est sœur Gertrude qui la gardait.

Le Président : Une autre question ?

Me. BEAUTHIER : Oui, Monsieur le président, problème de la liste. Dans le dossier, on raisonne toujours en termes de jours, 22, 23, 24. Le 22, si je vois bien, est un vendredi, le 23 est un samedi et le dimanche est un 24. Le samedi 23, sauf si je ne m’abuse, le témoin a déclaré qu’effectivement REKERAHO était arrivé. Alors, je voudrais qu’elle précise exactement le scénario de ce qui s’est passé, notamment à propos de cette liste, sachant que, à différentes reprises, le témoin a parlé d’une liste établie par qui ? Et qu’est-ce que REKERAHO en a fait à ce moment-là ?

Le Président : Pouvez-vous préciser ce qui s’est passé le 23 avril, c’est le jour où la communauté a quitté Sovu pour aller à Ngoma, sauf vous-même, sœur Bénédicte et sœur Fortunata ? Que se passe-t-il avec REKERAHO ce jour-là ? REKERAHO a-t-il déjà, lorsqu’il vient le 23 avril, REKERAHO a-t-il déjà une liste de réfugiés ?

L’Interprète : Wasobanura ku buryo burambuye, ku itariki ya 26, ubwo ababikira bose bari bagiye usibye mwebwe batatu, REKERAHO akaza, byagenze bite ? REKERAHO aza se yarafite i liste ikoze, ayifite, ubwo yazaga ? Yaje ayizanye ?

le témoin 75 : Yee, REKERAHO amaze kuhagera,

L’Interprète : Oui, REKERAHO, quand il est arrivé,

le témoin 75 : Yarambwiye ati : « Hano hari impunzi,

L’Interprète : Il m’a dit : « Ici résident des réfugiés,

le témoin 75 : Ndabizi neza,

L’Interprète : Je le sais parfaitement,

le témoin 75 : Kuko sœur Gertrude na sœur Kizito bampaye liste.

L’Interprète : Car sœur Gertrude et sœur Kizito m’ont donné une liste.

le témoin 75 : Bamwe bapfuye ariko abandi barahari.

L’Interprète : Les uns sont morts, mais les autres sont encore là ».

Le Président : A-t-il fait une autre liste ce jour-là ?

L’Interprète : Hari iyindi liste we yakoze uwo munsi ?

le témoin 75 : Yee, yarayikoze.

L’Interprète : Oui, il l’a faite.

le témoin 75 : Yandika abantu, ababaza icyabazanye, agenda atoranyamo,

L’Interprète : Il écrivait les gens en leur demandant la raison de leur arrivée là-bas, alors il triait,

le témoin 75 : Abo mu miryango yacu,

L’Interprète : Ceux de nos familles,

le témoin 75 : Abakozi bacu,

L’Interprète : Nos employés,

le témoin 75 : Abari mu mahugurwa,

L’Interprète : Ceux qui étaient en session,

le témoin 75 : N’impunzi.

L’Interprète : Et les réfugiés.

le témoin 75 : Ni jyewe yasabye ngo nimbimwandikire.

L’Interprète : C’est à moi qu’il a demandé de lui écrire cela.

le témoin 75 : Ariko yarababazaga, akandicta.

L’Interprète : Mais il leur demandait et puis, il me dictait.

Le Président : Lui avez-vous remis cette liste que vous aviez écrite ?

L’Interprète : Iyo liste wamazi kwandika, warayimuhaye ?

le témoin 75 : Yee, narayimushubije.

L’Interprète : Oui, je la lui ai remise.

Le Président : Est-il revenu à un autre moment avec cette liste ?

L’Interprète : Hari ubwo yagarutse agarukanye iyo liste ?

le témoin 75 : Ntabwo nabonye ayifite.

L’Interprète : Je ne l’ai pas vu avec cette liste.

Le Président : Une autre question ?

Me. BEAUTHIER : Monsieur le président, c’est plutôt une précision, parce que je crois que c’est important. Donc, on est bien d’accord, enfin, le témoin confirme bien que Monsieur REKERAHO avait une liste et, qu’en fait, il l’a en quelque sorte complétée ? Est-ce que c’est ça ? Et deuxième question : est-ce que REKERAHO pouvait lire et écrire ?

Le Président : D’abord, je crois que le témoin n’a pas répondu ça. Il a répondu qu’il existait deux listes.

Me. BEAUTHIER : C’est ça que je voudrais savoir.

Le Président : Mais le témoin a répondu à cette question. Il y en avait une, avant.

Me. BEAUTHIER : C’est ça.

Le Président : Et il y en a une qui a été dressée ce jour-là.

Me. BEAUTHIER : C’est ça. Je voulais savoir si on l’a complétée. REKERAHO pouvait-il…

Le Président : Selon vous, Madame, REKERAHO savait-il lire et écrire ?

L’Interprète : Uko waba uzi ku bwawe, REKERAHO yaba yarazi gusoma no kwandika ?

le témoin 75 : Ntabwo mbizi. None se ko yanyandikishije, ubwo ntiyarabizi.

L’Interprète : Je ne le sais pas étant donné qu’il m’a fait écrire, peut-être qu’il ne le savait pas.

Le Président : Une autre question ?

Me. BEAUTHIER : Oui. Continuons un petit peu plus loin au niveau des jours. Le témoin a dit à un moment donné que, et c’est à la page 18 de l’interrogatoire de Monsieur TREMBLAY, le témoin a dit ceci, que sœur Gertrude, à un moment donné, le 25 avril, avait été particulièrement agressive avec elle, elle n’était pas contente, avait-elle dit, et elle avait été agressive en disant - on est le 25 avril : « Les membres de votre famille doivent partir absolument ». Et la même page, toujours la page 18, 25 avril, le témoin a déclaré ceci : « Sœur Gertrude, qui à chaque instant, nous demandait de faire sortir les membres de nos familles ». Que veut dire ce « à chaque instant » ? Et que voulait dire, si elle peut l’expliciter, cette agressivité de partir absolument ?

Le Président : Pouvez-vous être un peu plus précise lorsque vous avez expliqué à Monsieur TREMBLAY que le 25 avril, sœur Gertrude était agressive en ce qui concerne le départ des réfugiés et que vous avez également, semble-t-il, exposé que, à chaque instant, elle demandait à ce que les familles des religieuses quittent le couvent ?

L’Interprète : Wasobanura kurushaho ibyo watangarije Bwana TREMBAY, uvuga ko kuri 25 sœur Gertrude yavugaga cyane avugana ubukana kurusha mbere, avuga ngo impunzi nizigende, ugasobanura igituma uvuga ko ibyo bintu byabaga buri kanya ? Hato na hato.

Scholastique le témoin 75 : Ubwo twamubwiye yuko REKERAHO, nako nawe yarabyumvaga, ko yemeye ko impunzi, imiryango yacu yagumaho.

L’Interprète : Nous lui disions à ce moment-là que REKERAHO avait accepté, ce qu’elle-même voyait, avait accepté que les membres de nos familles restent là-bas.

le témoin 75 : Yaratubwiye ngo REKERAHO aratubeshya,

L’Interprète : Elle nous a dit que REKERAHO nous mentait,

le témoin 75 : Ngo byanze bikunze,

L’Interprète : Que, absolument,

le témoin 75 : Impunzi zigomba kuva mu kigo.

L’Interprète : Les réfugiés devaient quitter le couvent.

le témoin 75 : Ibyo kuvuga rero ngo buri kanya,

L’Interprète : Quant à la signification de « chaque instant »,

le témoin 75 : Ni uko kuva ku itariki 25,

L’Interprète : C’est que, depuis le 25,

le témoin 75 : Kugeza ku itariki 6 zo kwa gatanu,

L’Interprète : Jusqu’au 6 mai,

Scholastique le témoin 75 : Uko yahuraga n’umubikira ufite abantu aho, yarabimubwiraga buri kanya.

L’Interprète : A chaque moment qu’elle rencontrait une sœur qui avait de la famille là-bas, elle le lui répétait à chaque instant.

Scholastique le témoin 75 : Akajya no mubashyitsi akababwira ati : « Rwose mwasohotse mukav aha ? Kugirango batadusenyera ? »

L’Interprète : Elle allait même voir les visiteurs, elle leur disait : « Sortez de ce lieu pour qu’on ne détruise pas notre couvent ».

L’Interprète : Kugeza igihe twajyaga tujya guhura nawe tukamwihisha kugirango adatokomeza kubitubwira.

L’Interprète : Jusqu’à ce que nous évitions de la rencontrer pour qu’elle ne nous le répète pas encore une fois.

le témoin 75 : Yajyaga ambwira njyewe ubwanjye ati :

L’Interprète : Elle me disait à moi, personnellement :

le témoin 75 : « Wakohereje Chanta n’uwo mwana bakajya mu bihuru ? ».

L’Interprète : « Pourquoi tu ne renvoies pas dans les brousses, Chantal et l’enfant ? ».

le témoin 75 : Nkanga, nkavuga ngo : « Tuzapfana, aha ngaha.

L’Interprète : Je refusais et je disais : « Je mourrai avec eux ici.

le témoin 75 : Ntabwo nakohereza umuntu mu gihuru na kariya kana ke ».

L’Interprète : Je ne veux pas envoyer quelqu’un dans la brousse, avec son bébé qu’elle porte ».

Me. BEAUTHIER : Dernières questions au pluriel, Monsieur le président. Au moment où, je m’excuse de revenir sur ces événements, le témoin a parlé de Chantal, peut-elle bien confirmer, et pourquoi sœur Kizito s’est-elle adressée à Chantal, que c’est sœur Kizito qui lui a dit de sortir, pourquoi sœur Kizito, alors qu’elle n’est pas supérieure ?

Le Président : Est-ce bien sœur Kizito qui a demandé à Chantal de sortir ?

L’Interprète : Ni Kizito ubwe wabwiye Chantal ngo asohoke ?

le témoin 75 : Oya, Kizizo yinjiranye n’abapolisi,

L’Interprète : Non, Kizito est entrée en compagnie de policiers,

le témoin 75 : Bakuraga abantu mu nzu.

L’Interprète : Qui faisaient sortir les gens de la maison.

le témoin 75 : Abafasha kubasohora.

L’Interprète : Elle les aidait à les faire sortir.

Le Président : Savez-vous pourquoi c’était sœur Kizito, en particulier, qui aidait les policiers à faire sortir les réfugiés ?

L’Interprète : Waba uzi icyatumye ari Kizito wafashaga abo bapolisi mu gusohora impunzi ?

le témoin 75 : Birashoboka ko ari bourgmestre wenda wabimusabye, cyangwa se Gaspard.

L’Interprète : C’est possible que ce soit le bourgmestre qui le lui avait demandé, ou alors Gaspard.

Le Président : D’autres questions ?

Me. BEAUTHIER : Dernière question, Monsieur le président. Je vous demande de bien vouloir poser la question au témoin, qui est la suivante. Par rapport aux événements qui se sont déroulés depuis le mois d’avril, est-ce qu’elle a l’impression que son devoir d’obéissance a été, à un moment donné, supplanté par son devoir d’être humain ?

Le Président : Avez-vous le sentiment que, à certains moments de ces événements du mois d’avril, du mois de mai, vos sentiments humains ont supplanté votre devoir d’obéissance ?

L’Interprète : Hari ubwo wowe ubwawe, mu kwezi kwa kane n’ukwa gatanu kwa 94, imyumvire yawe, umutima nama wawe nk’umuntu, hari ibyo wagutegetse ukora birenze ukumvira kwawe, kuri ubwo buyobozi bw’ikigo ?

le témoin 75 : Nta bintu nakoze birenze ukumvira bw’ikigo,

L’Interprète : Je n’ai rien fait qui aurait supplanté l’obéissance et l’autorité,

le témoin 75 : Cyeretse gusa ko nanze gusohora impunzi.

le témoin 75 : Sauf le fait que j’ai refusé de faire sortir les réfugiés.

Le Président : Et le fait de ne pas avoir accompagné les autres religieuses le 23 avril, n’était-ce pas de la désobéissance ?

L’Interprète : Naho kuba utarajyanye n’abandi babikira kuri 23 z’ukwa kane ? Ntabwo bwari uburyo bwo kutumvira ?

Scholastique le témoin 75 : Narabimusabye, nasabye mère prieure ko nsigarana n’impunzi.

L’Interprète : Je lui ai demandé, j’ai demandé à la mère prieure de rester avec les réfugiés.

le témoin 75 : Arambwira ngo nimbikore uko mbyumva.

L’Interprète : Elle m’a dit de faire ce que bon me semblait.

le témoin 75 : Byumvikana ko anyemereye ariko sinasuzuguye rero.

L’Interprète : Ceci signifie qu’elle m’a autorisé, alors je n’ai pas désobéi.

Le Président : Bien. Une autre question ? Maître LARDINOIS ?

Me. LARDINOIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Pouvez-vous demander au témoin si sœur Gertrude aurait été, à un moment quelconque des événements, accusée d’être une espionne du FPR ?

Le Président : Avez-vous eu connaissance que, durant les événements, sœur Gertrude aurait été accusée par quelqu’un d’être une espionne du FPR ou une complice des Inkotanyi?

L’Interprète : Muri ibyo bihe, hari ubwo wigeze wumva hari abantu bavuga ko sœur Gertrude yaba anekera FPR cyangwa se hari abantu bigeze kuvuga ko ari ikitso k’Inkotanyi ?

le témoin 75 : Ntabyo numvise.

L’Interprète : Je ne l’ai pas entendu.

Me. LARDINOIS : Dernière question, Monsieur le président. Pouvez-vous demander au témoin si, à sa connaissance, le couvent, la communauté des sœurs, était particulièrement ciblé avant les événements, dans les semaines qui ont précédé les événements, et au début des  événements, en raison de ce qu’il aurait été une communauté de sœurs Tutsi.

Le Président : Avez-vous eu éventuellement connaissance de ce que le couvent de Sovu était visé par les militaires, par les miliciens, par qui que ce soit, en raison de ce qu’il aurait peut-être eu la réputation d’être favorable aux Tutsi ?

L’Interprète : Hari ubwo mbere y’imbere y’ibyabaye wigeze kumva abantu bavuga, baba abasirikare, zaba Interahamwe cyangwa se abandi, bashyira ikigo cy’i Sovu mu majwi, ko cyaba gishyigikiye Abatutsi ?

le témoin 75 : Ntabyo numvise.

L’Interprète : Je ne l’ai pas entendu.

Le Président : D’autres questions ? Je suppose qu’il y a une série de questions ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président.

Le Président : Alors, je suggère peut-être que nous interrompions l’audience un quart d’heure et que nous la reprenions ensuite. Donc, nous suspendons l’audition du témoin et nous la reprendrons à 11h35.

[Suspension d’audience]

Le Président : L’audience est reprise. Vous pouvez vous asseoir. Les accusés peuvent prendre place. Le témoin le témoin 75 peut revenir. Bien, Maître VERGAUWEN ?

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie, Monsieur le président. Première question : pourriez-vous demander au témoin si, avant les faits d’avril 1994, sœur Gertrude aurait manifesté des opinions ethniques particulières, au sein de la communauté ?

Le Président : Avant les événements, Madame, d’avril 1994, sœur Gertrude aurait-elle, au sein de la communauté, manifesté des sentiments ethnistes particuliers ?

L’Interprète : Avant ?

Le Président : Avant, oui.

L’Interprète : Mbere yuko biba muri 94, wabonaga imyitwarire ya sœur Gertrude harimo ibintu bigaragaza ko yaba aronda amoko ?

L’Interprète : Oya, ntabyarimo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Oui, une autre question ?

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie, Monsieur le président. Le témoin pourrait-elle nous confirmer que sœur Bénédicte avait également des nièces qui s’étaient réfugiées au couvent pendant les faits ?

Le Président : Sœur Bénédicte avait-elle, elle aussi, des nièces qui s’étaient réfugiées au couvent ?

L’Interprète : Sœur ?

Le Président : Bénédicte.

L’Interprète : Bénédicte nawe yari afite abisengeneza be bari muri icyo kigo ?

le témoin 75 : Yee, hari sa nièce witwaga Aline KAMANZI,

L’Interprète : Oui, il y avait une nièce à elle, du nom d’Aline KAMANZI.

le témoin 75 : Ni umwana wa murumuna we.

L’Interprète : C’est une fille de sa petite sœur à elle.

le témoin 75 : Yari afite umwana wa mubyara we,

L’Interprète : Elle avait également un enfant de son cousin,

le témoin 75 : Ni umugore, yari afite abana bane,

L’Interprète : C’était une femme mère, c’était une femme qui était avec quatre enfants,

le témoin 75 : Yitwaga Emma-Maria le témoin 21.

L’Interprète : Elle s’appelait Emma-Marie le témoin 21.

Le Président : Oui ?

Me. VERGAUWEN : Pourriez-vous, Monsieur le président, demander au témoin une question par rapport à l’hôtellerie, le témoin nous a rappelé qu’elle s’occupait de l’hôtellerie, pourriez-vous lui demander de quelles pièces avait-elle les clés en tant que dirigeante de l’hôtellerie ?

Le Président : En tant que responsable de l’hôtellerie, vous disposiez des clés qui donnaient accès à quelles parties ou à quelles pièces du bâtiment ?

le témoin 75 : Nkuko wari umuyobozi wa hôtellerie, warufite imfunguzo ziganisha, zifungura ikihe gipande cyangwa se ibihe byumba bya hôtellerie ?

le témoin 75 : Narimfite imfunguzo z’amashambure 15 dufite,

L’Interprète : J’avais les clés pour les 15 chambres que nous avons.

le témoin 75 : Mfite n’urufunguzo rwa chapelle, aho ngaho nugamishije abantu.

L’Interprète : J’avais également les clés de la chapelle, la même où j’ai abrité les gens.

Le Président : Oui ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président. Pourriez-vous demander au témoin si elle se souvient d’avoir été entendue par des enquêteurs belges le 10 octobre 1995 ?

Le Président : Vous souvenez-vous avoir été entendue, le 10 octobre 1995, par des enquêteurs venus de Belgique ?

L’Interprète : Waba wibuka ko ku itariki ya 10 mu kwezi kwa cumi muri 95, wabajijwe n’abantu bari baturutse mu bubiligi ?

le témoin 75 : Sinumva neza.

L’Interprète : Waba wibuka ko ku itariki 10 z’ukwa cumi 95 wabajijwe n’abantu bari baturutse mu Bubiligi ?

L’Interprète : C’est bien 1995 ?

Le Président : Oui, le 10 octobre 1995, avez-vous été entendue par Monsieur Kibibi KAMANZI, à la demande du juge d’instruction belge ?

L’Interprète : Waba kuri iyo tariki warabajijwe n’umuntu witwa Kibibi KAMANZI bisabwe n’umushinjacyaha wo mu bubiligi ? W’umubiligi ?

le témoin 75 : Ndumva ntabyibuka neza.

L’Interprète : Je ne me souviens pas bien.

Le Président : Il y avait, apparemment, le substitut du procureur du Roi de Bruxelles qui était présent lors de cette audition.

le témoin 75 : Na substitut w’Umwami w’Ububiligi i Bruseli wari uhari.

L’Interprète : Hari abantu benshi bambazaga, ndumva abo bantu ntbibuka bose.

L’Interprète : J’ai été entendue par plusieurs personnes et je ne me rappelle pas de qui exactement, je ne me rappelle pas de leur entièreté.

Le Président : Oui, une autre question ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président. Le témoin nous a rappelé ce matin l’épisode de la pluie, et elle nous a rappelé donc qu’elle avait ouvert la porte de la petite chapelle pour permettre à des réfugiés de s’héberger. Ma question est la suivante : Pourquoi le témoin n’a-t-elle pas parlé de cet événement de la pluie, lors de son audition de 1995 ?

Le Président : Pourquoi n’avez-vous pas parlé de cet événement de la pluie lorsque vous avez été entendue en 1995 ?

L’Interprète : Kuki ntacyo wavuze ku byerekeye ibyicyo gihe imvura yagwaga, ubwo wabazwaga mu kwezi kwa cumi kwa 95 ?

le témoin 75 : Ntabwo umuntu yibuka ibintu byose bimwe,

L’Interprète : On ne peut pas se souvenir de toutes les choses en même temps. Quand on te pose des questions,

le témoin 75 : Iyo bakubajije, uvuga ibyo wibuka gusa.

L’Interprète : Tu réponds sur ce que tu te rappelles uniquement.

le témoin 75 : Nubu nuko mwabivuze, nkabyibuka.

L’Interprète : C’est maintenant que vous l’avez mentionné, que ça m’est revenu en tête.

Le Président : Une autre question ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président. Si je comprends bien, au sujet de l’épisode du riz, le témoin nous a déclaré ce matin qu’elle était allée à la rencontre de Monsieur Laurien NTEZIMANA quand il avait apporté le riz. Pourriez-vous, dès lors, lui demander pour quelle raison, et c’est le motif pour lequel je faisais allusion à cette audition, du mois d’octobre 1995, pour quelle raison le témoin a-t-elle déclaré dans cette audition ceci, je cite : « Je me trouvais à l’hôtellerie, je les ai vus en bas, Laurien a été accueilli par mère Gertrude et sœur Marie Kizito ».  

Le Président : Pourquoi n’avez-vous pas donné exactement la même explication aujourd’hui, en ce qui concerne l’arrivée du témoin 110 avec le riz ? Aujourd’hui, vous dites que vous êtes allée l’accueillir, alors qu’en octobre 1995, vous auriez déclaré, selon le procès-verbal, que vous avez vu que Laurien était accueilli par mère Gertrude et sœur Kizito ?

L’Interprète : Kuki wanyuranyije, mbere, uyu munsi wavuze ko wagiye kwakira Laurien, naho mbere mu kwezi kwa cumi kwa 95, wari waravuze ko wabonye Laurien ari kumwe na mère supérieure, na Kizito ?

le témoin 75 : Birashoboka yuko niyexprimye nabi mu gifaransa,

L’Interprète : C’est possible que je me suis mal exprimée en français,

le témoin 75 : Nashatse kuvuga yuko sœur yakiriye umuceri wenda ndabivanga ariko si uko.

L’Interprète : J’avais voulu dire que j’ai remis à sœur Gertrude, ce riz, et qu’elle l’a reçu.

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président. J’en viens maintenant à la liste. Si j’ai bien compris, il y aurait donc eu deux listes, et lorsque Monsieur REKERAHO est venu le 23 avril, il aurait eu une liste déjà à ce moment-là, et une deuxième liste aurait été établie. Pourriez-vous demander au témoin si la deuxième liste concernait bien les réfugiés qui se trouvaient au monastère ?

Le Président : La liste qui a été dressée le 23 avril, à la demande de Monsieur REKERAHO, concernait-elle bien les réfugiés se trouvant à l’intérieur du monastère ?

L’Interprète : Iliste yakozwe ku itariki ya 23, isabwe na REKERAHO, yari iy’abantu barimo imbere, zari iz’impunzi zarimo imbere muri monastère ?

le témoin 75 : Nizarimo imbere muri monastère,

L’Interprète : Oui, il s’agissait des réfugiés qui étaient à l’intérieur du monastère,

le témoin 75 : Kuko iyo yari yakoze mbere,

L’Interprète : Car la liste qu’il avait dressée avant,

le témoin 75 : Yar’iyabose,

L’Interprète : Concernait tout le monde,

le témoin 75 : Abo kuri monastère nabo kuri dispensaire.

L’Interprète : Ceux du monastère comme ceux du dispensaire.

le témoin 75 : Abonye abari hanze bapfuye, ashaka kumenya abo dusigaranye.

L’Interprète : Alors, quand il a constaté que ceux qui étaient à l’extérieur étaient morts, il a cherché à savoir ceux qui restaient encore avec nous.

Le Président : Oui ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président, le témoin pourrait-elle nous dire où se trouvait la sœur Ermélinda pendant les faits, si elle le sait ?

Le Président : Les faits, euh ?

Me. VERGAUWEN : Pendant la période d’avril à juin 1994.

Le Président : Saviez-vous où se trouvait sœur Ermélinda du mois d’avril au mois de juin 1994 ?

L’Interprète : Waba uzi aho mama Hermelinda yari ari hagati y’ukwezi kwa kane n’ukwezi kwa gatandatu 94 ?

le témoin 75 : Yari muri monastère.

L’Interprète : Elle était au monastère.

Le Président : Oui ? Une autre question ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président. Le témoin pourrait-elle nous confirmer ce qu’elle a déclaré ce matin au sujet de la période où elle se trouvait en Belgique ? Si j’ai bien compris, toujours au départ, c’est-à-dire, je pense, vers le mois de septembre-octobre 1994, elle personnellement, n’avait pas l’intention de revenir au Rwanda, mais elle souhaitait se reposer en Belgique et c’est quand elle a appris que sœur Marie-Bernard et sœur Régine, je crois, voulaient retourner, qu’elle a changé d’avis à ce moment-là. Est-ce que j’ai bien compris en disant cela ?

Le Président : Est-il exact que lorsque vous êtes arrivée en Belgique, vous n’aviez pas, vous-même, l’intention de repartir tout de suite au Rwanda, que vous souhaitiez d’abord vous reposer en Belgique ?

L’Interprète : Ni ukuri ko aho wazaga mu Bubiligi utifuzaga guhita usubira mu Rwanda, ariko ko wabanzaga guhama mu Bubiligi gakeya ngo uruhuke ?

le témoin 75 : Yee, narabyifuzaga, nkumva namara mbega nk’imyaka ibiri itatu,

L’Interprète : Oui, c’est vrai, je l’ai souhaité, je souhaitais passer deux, trois ans,

le témoin 75 : Ariko mbonye bikomeje gutinda,

L’Interprète : Mais quand j’ai vu que ça traînaillait,

le témoin 75 : Kandi nta wundi muntu mbona ubyihutisha,

L’Interprète : Alors que je ne voyais personne d’autre qui hâtait,

le témoin 75 : Nashatse kujyayo ngo ngaruze ibyacu byo gutakara.

L’Interprète : J’ai voulu m’y rendre pour être en possession de nos biens qui risquaient d’être dispersés.

le témoin 75 : Ntegurira nabazankurikira basigaye hano.

L’Interprète : C’était aussi pour préparer le retour des autres qui étaient restés ici.

Le Président : Oui ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président, le témoin nous a parlé de sa rencontre avec le père COMBLAIN, pourriez-vous lui demander si elle n’a jamais porté aucune accusation contre sœur Gertrude avant cette rencontre avec le père COMBLAIN ?

Le Président : Avez-vous, avant votre rencontre avec le père COMBLAIN en 1995, au Rwanda, porté des accusations contre sœur Gertrude ?

L’Interprète : Mbere yuko uhura na padiri COMBLAIN muri 95 muhuriye mu Rwanda, hari ibirego wigeze ugira byerekeye sœur Gertrude ?

le témoin 75 : Urebye, nta birego nigeze ngira,

L’Interprète : En fait, je n’ai pas eu d’accusation,

le témoin 75 : Kuko yavugaga ngo twabivugiye i Bruseli.

L’Interprète : Puisque COMBLAIN disait que nous l’avions dit à Bruxelles

le témoin 75 : Icyo navuze ni enquête abantu bambajije, ndi mu RWANDA, ariko nabyo si ikirego, ntabwo…

L’Interprète : Ce que j’ai dit, c’est durant l’enquête, l’interrogatoire que les gens m’ont soumis quand j’étais au Rwanda, mais, là aussi, il ne s’agit pas d’une accusation.

le témoin 75 : Icyo nita ikirego, ni umuntu ujya mu rukiko, akarega umuntu.

L’Interprète : Ce que j’appelle accusation, c’est quand quelqu’un se rend au tribunal et porte plainte contre une autre personne.

le témoin 75 : Ibyo sinabikoze.

L’Interprète : Cela, moi je ne l’ai pas fait.

Le Président : Oui ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président, le témoin nous a rappelé tout à l’heure que, lorsqu’elle était retournée au couvent de Sovu, lorsqu’elle est rentrée au Rwanda, elle aurait rencontré des ouvriers, dont un certain Cassien. S’agit-il de Cassien NSANZIMFURA ?

Le Président : L’ouvrier que vous avez rencontré lors de votre retour au Rwanda, est-il Cassien NSANZIMFURA?

L’Interprète : Umukozi mwahuye ubwo wasubiraga mu Rwanda, yaba ari Kasiyani NSANZIMFURA ?

le témoin 75 : Yee, niwe, yari umushumba wacu.

L’Interprète : Oui, c’est lui, il gardait notre bétail.

Le Président : Oui ?

Me. VERGAUWEN : Une dernière question, Monsieur le président. Je reviens un tout petit peu en arrière. Lorsque le bourgmestre est revenu le 23 avril et qu’il a rencontré le témoin, est-ce que c’est bien le bourgmestre qui lui aurait dit à ce moment-là, de faire rentrer les réfugiés dans le monastère et de fermer toutes les portes et de les cacher, si j’ai bien compris ?

Le Président : Lorsque la communauté a quitté Sovu pour se rendre à Ngoma, le bourgmestre est revenu dans la journée du 23 avril, afin d’évacuer les sœurs qui n’avaient pas pu prendre place dans le premier voyage. Est-ce bien le bourgmestre qui vous a demandé de laisser les réfugiés à l’intérieur du monastère et de fermer les portes ?

L’Interprète : Ubwo abandi babikira bari bagiye i Ngoma noneho bourgmestre akaza kugaruka gutwara abari basigaye inyuma batabashije kugenda mu modoka ya mbere, bourgmestre ubwe, niwe wagusabye gusubiza impunzi mo imbere mu kigo, noneho ngo ufunge imiryango yose ?

le témoin 75 : Niwe wabinsabye.

L’Interprète : C’est lui qui me l’a demandé.

le témoin 75 : Ntacyo namubajije.

L’Interprète : Je ne lui avais pas demandé quoi que ce soit avant qu’il me le demande.

Le Président : Oui ?

Non Identifié : [inaudible]

Le Président : Il a demandé avant qu’on ne demande quoi que ce soit. Une autre question ? Maître VANDERBECK ?

Me. VANDERBECK : Je vous remercie, Monsieur le président. Je souhaiterais revenir sur un point précis du témoignage de sœur Scholastique, sur question d’un conseil d’une partie civile, par rapport aux activités particulières qu’aurait pu avoir sœur Kizito durant les événements. Le témoin nous a dit qu’elle avait l’habitude de partir avec Monsieur REKERAHO avec qui elle s’entendait bien et d’aller aux alentours du monastère pour fuir les maisons et chercher des gens qui s’y cachaient. Bien qu’elle n’en ait dit mot devant les enquêteurs de Monsieur VANDERMEERSCH en 1995, il me semble que dans sa très longue déclaration devant Monsieur TREMBLAY en 1999, le témoin évoquait également que sœur Kizito allait avec des miliciens sur la colline, pour montrer les cachettes dans les buissons où se trouvaient les Tutsi. Alors, ma question est assez simple, Monsieur le président : comment le témoin savait-elle cela ? Est-ce qu’elle était elle-même avec les Interahamwe ou est-ce qu’elle accompagnait sœur Kizito lorsqu’elle se rendait sur les collines, ou est-ce qu’elle était dans le couvent ?

Le Président : Lorsque vous avez expliqué quel avait pu être le rôle de sœur Kizito durant les événements, avez-vous été, vous-même, témoin oculaire, donc avoir vu les déplacements de sœur Kizito ?

L’Interprète : Wowe ubwawe iyo uvuga ibyo sœur Kizito yakoze mu byabaga, wowe ubwawe waba wariboneye, n’amaso yawe, aho sœur Kizito yerekezaga, ingendo yajyagamo ?

le témoin 75 : Aho muri monastère, hafite amazu ya étages,

L’Interprète : Là, au monastère, nous avons des maisons en étages,

le témoin 75 : Umuntu aba areba ahantu hose.

L’Interprète : Et de là, on voit partout.

le témoin 75 : Kandi amashambure dutuyemo ari muri étage.

L’Interprète : Et puis, les chambres dans lesquelles nous vivons, se trouvent à l’étage

le témoin 75 : Namubonaga rero agenda, aho mu mirima yacu ari kumwe n’Interahamwe,

L’Interprète : Je la voyais alors se déplacer, là-bas, dans nos champs, en compagnie des Interahamwe,

le témoin 75 : Batema ibihuru. Abereka aho batema ibihuru.

L’Interprète : Et qu’elle leur montrait là où il fallait couper les buissons.

Le Président : Une autre question ?

Me. VANDERBECK : Est-ce qu’elle veut nous parler de la fenêtre du clocher. Je ne vois pas du tout de quel bâtiment elle nous parle par rapport à l’endroit où elle se situait ?

Le Président : Vous pouvez situer les endroits où se situaient les pièces où vous étiez dans ce monastère ?

L’Interprète : Wasobanura neza igipande cyaho ibyumba byanyu byari birimo aho ngaho muri monastère ?

le témoin 75 : Hari igipande kireba inyuma mu gikari, ari naho dutuye,

L’Interprète : Il y a une partie qui a une vue derrière dans la cour, et c’est là-bas où nous vivons.

le témoin 75 : Umuntu aba areba hose mu ishyamba ryacu, no mu mirima.

L’Interprète : De là, on voit partout, on a une vue partout, sur notre bois et dans les champs.

le témoin 75 : Hari igice cyo muri hôtellerie, nacyo ni muri étage,

L’Interprète : Une autre partie de l’hôtellerie, c’est aussi à l’étage,

le témoin 75 : Umuntu aba areba ahagana hanze no kuri dispensaire n’ahandi mu ishyamba.

L’Interprète : De là, on voit en direction du dehors, notamment au dispensaire et ailleurs.

Le Président : Une autre question ? Maître WAHIS ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président. Le témoin pourrait-il nous dire si elle a vu Emmanuel REKERAHO au couvent, avant le 6 avril 1994 ?

Le Président : Avant le 6, hein, avant le 6 avril, avez-vous vu REKERAHO au monastère, avant le 6 avril 1994, le 6 avril étant la date à laquelle l’avion transportant le président le témoin 32 a été abattu.

L’Interprète : Ku itariki ya 6 z’ukwa kane, itariki indege yari itwaye le témoin 32 yarashwe, mbere y’iyo tariki ya 6 y’ukwa kane, hari ubwo wigeze ubona REKERAHO Emmanuel mu kigo, muri couvent ?

le témoin 75 : Ni ukuvuga iki ?

L’Interprète : Qu’est-ce que ça signifie ?

Le Président : Avez-vous vu, avant le 6 avril, est-ce que Monsieur REKERAHO était déjà venu rendre visite au monastère ?

L’Interprète : Hari ubwo mbere y’itariki z’ukwa kane, REKERAHO yigeze agenderera, umubona agenderera ikigo mbere y’iyo tariki ?

le témoin 75 : Ntabwo namubonye.

L’Interprète : Je ne l’ai pas vu.

Le Président : Quand l’avez-vous vu au monastère pour la première fois ?

L’Interprète : Ni ryari wamubonye muri monastère ubwa mbere ?

le témoin 75 : Ntabwo nzi niba mwambajije ko yaraje kugira nabi cyangwa iki…

L’Interprète : Je ne sais pas si vous me posez des questions concernant quand il est venu mal agir, ou quoi ?

Le Président : Même pour bien agir, peut-être qu’il est venu aussi pour bien agir ?

L’Interprète : Nubwo yenda yaba yaraje gukora neza, ko yenda yaba yaraje azanwe n’ibikorwa byiza.

le témoin 75 : REKERAHO ubundi ni umuturage w’i Sovu.

L’Interprète : Normalement, REKERAHO est un habitant de Sovu.

le témoin 75 : Numvaga bavuga ngo atuye muri cellule yitwa Gako, simpazi.

L’Interprète : J’entendais dire qu’il habitait la cellule de Gako, je ne connais pas.

le témoin 75 : Yari umushoferi wa organisme yitwa FAO.

L’Interprète : Il était chauffeur de l’organisme FAO.

le témoin 75 : Yajyaga azana abantu baje mu mahugurwa, i Sovu. Séminaire.

L’Interprète : Il a mené des gens qui venaient pour des sessions à Sovu, les séminaires à Sovu,

le témoin 75 : Yari ahazi rero.

L’Interprète : Il connaissait bien la place, il fréquentait la place.

le témoin 75 : Yarahagendaga.

le témoin 75 : N’abantu be bivuzaga kuri dispensaire yacu. Nawe kandi.

L’Interprète : Même ses gens, ainsi que lui-même, se faisaient soigner à notre dispensaire.

Le Président : Oui, une autre question ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président. Concernant les événements du 6 mai, le témoin pourrait-il confirmer, qu’interrogé le 10 octobre, il a déclaré : « Les policiers ont été dans les chambres chasser les gens » et qu’interrogé le 25 janvier 1999, il ait été encore beaucoup plus précis, et je vais lui demander de confirmer ce qu’il a dit, en page 22 de l’audition TPIR : « J’ai vu le bourgmestre Jonathan qui était dans la cour, accompagné de Gaspard RUSANGANWA, de même que sœur Kizito et sœur Gertrude qui les accompagnaient. Tous, ils attendaient que les réfugiés sortent de l’hôtellerie. Et il y avait également les policiers qui fouillaient dans les chambres de l’hôtellerie pour regarder s’il n’y avait plus personne à l’intérieur ». Est-ce qu’elle peut confirmer avoir déclaré cela ?

Le Président : Confirmez-vous avoir déclaré cela en 1999 à Monsieur TREMBLAY, à savoir que sœur Kizito, sœur Gertrude, le bourgmestre, Gaspard RUSANGANWA attendaient dans la cour du couvent, alors que les policiers fouillaient dans les chambres ?

L’Interprète : Uribuka ko, nkuko wabwiye umukozi w’urukiko rwa Arusha, TREMBLAY, uribuka ko sœur Kizito, sœur Gertrude na bourgmestre, Gaspard RUSANGANWA n’abandi baraye mu kibuga imbere, bategereje abapolisi bari bagiye gusaka mu byumba ?

le témoin 75 : Yee, ndabyibuka.

L’Interprète : Oui, je m’en rappelle.

le témoin 75 : Bampamagaye kureba Chantal,

L’Interprète : On m’a appelée que j’aille voir Chantal.

le témoin 75 : Nsanga harimo abapolisi,

L’Interprète : Alors, j’ai trouvé dedans, des policiers.

le témoin 75 : Chantal niwe wambwiye ko bari bazanye na sœur Kizito,

L’Interprète : C’est Chantal qui m’a dit qu’ils étaient venus avec sœur Kizito,

le témoin 75 : Ariko abantu bari bamaze gusohoka ari benshi,

L’Interprète : Mais beaucoup de gens venaient déjà de sortir,

le témoin 75 : Hari hasigayemo Chantal wari untegereje,

L’Interprète : Il restait Chantal qui m’attendait.

le témoin 75 : Naho Kizito na Gertrude na RUSANGANWA bari bari hasi.

L’Interprète : Quant à Kizito, Gertrude, RUSANGANWA, ils étaient en bas.

le témoin 75 : Na bourgmestre.

L’Interprète : Ainsi que le bourgmestre.

Le Président : Une autre question ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président. Est-ce que le témoin pourrait nous préciser les circonstances de l’arrestation de Gérard KABILIGI, et les suites de cette arrestation ?

Le Président : Connaissez-vous quelque chose de l’arrestation de Gérard KABILIGI ?

L’Interprète : Hari icyo waba uzi kijyanye n’ifatwa rya Gérard KABILIGI ?

le témoin 75 : Ntabwo mbizi.

L’Interprète : Je ne le sais pas.

Le Président : Une autre question ? Il n’y a plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous venez de faire ? Persistez-vous dans les déclarations que vous venez de faire ?

L’Interprète : Uremeza kandi ugahamya, ugatsindagira ibyo umaze kuvuga ?

le témoin 75 : Yee, ndabyemera.

L’Interprète : Oui, je le confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps tout en restant administrativement à la disposition de la Cour pour organiser votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Je vous remercie également.