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Instruction d’audience A. Higaniro Audition témoins compte rendu intégral du procès
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7.3.17. Auditions des témoins: le témoin 28 et commentaires de la défense

Le Président : Bien. Alors, Madame le témoin 28.

Madame, quels sont vos nom et prénom ?

le témoin 28 : Je m’appelle le témoin 28.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

le témoin 28 : 36 ans

Le Président : Quelle est votre profession ?

le témoin 28 : Je suis infirmière de formation.

Le Président : Quelle est votre commune de domicile ?

le témoin 28 : Uccle.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés avant le mois d'avril 1994 ? Monsieur NTEZIMANA Vincent, Monsieur Alphonse HIGANIRO, Madame MUKANGANGO, Madame MUKABUTERA.

le témoin 28 : Oui, je ne connais que Monsieur HIGANIRO Alphonse.

Le Président : Bien. Etes-vous de la famille des accusés ou de la famille des parties civiles ?

le témoin 28 : Non. C’est pas de la partie, c’est pas de… de la famille. C’est des connaissances.

Le Président : Vous ne travaillez pas non plus, sous un lien de contrat de travail, pour les accusés ou les parties civiles ?

le témoin 28 : Non.

Le Président : Madame, je vais vous demander de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment de témoin.

le témoin 28 : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Je vous remercie. Vous pouvez vous asseoir, Madame.

Madame, pouvez-vous expliquer en 1994, en avril 1994, à quelle date vous avez quitté Kigali ?

le témoin 28 : J’ai quitté Kigali le 12 avril.

Le Président : Le 12 avril 1994 ?

le témoin 28 : En 94, oui.

Le Président : Euh… Je ne vous fais pas rappeler toute l’histoire de ce qui se passe depuis le 6 avril à Kigali, hein. Je ne pense pas que ce soit ça l’essentiel, en tout cas, pour le moment. Le 12 avril 1994, quand vous allez quitter Kigali, y a-t-il d’autres personnes qui vous accompagnent ?

le témoin 28 : Oui, j’étais avec ma famille.

Le Président : Oui. Et qui y avait-il d’autre encore ?

le témoin 28 : On était avec la famille d’Alphonse HIGANIRO.

Le Président : Monsieur HIGANIRO, son épouse, sa famille, oui ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : En réalité vous êtes, vous êtes la belle-sœur, si je ne me trompe pas, de Théoneste BAGOSORA ?

le témoin 28 : Oui, c’est ça.

Le Président : C’est bien ça ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Il semble qu’à partir du 6 avril, il était extrêmement difficile de quitter Kigali ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Et donc, si vous parvenez à quitter Kigali le 12 avril, c’est en raison de ce que vous avez pu obtenir une escorte ? 

le témoin 28 : Oui, c’est ça.

Le Président : Pour quitter Kigali ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Et d’autres personnes ont, en quelque sorte, profité de cette escorte pour faire la même chose que vous, c’est-à-dire quitter Kigali. Et vous vous êtes rendus, je crois, à Gisenyi ?

le témoin 28 : Oui, c’est ça.

Le Président : Cette escorte vous a accompagnés jusqu’à Gisenyi ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Cette escorte était composée de… de quoi ? De militaires ?

le témoin 28 : Oui, il y avait des militaires.

Le Président : Il y en avait combien ?

le témoin 28 : Ça, je ne saurais pas dire le nombre, mais il y avait, je crois, deux voitures ou trois, je ne sais pas, je me rappelle plus.

Le Président : Euh… Dans une audition que vous avez faite, vous avez dit qu’il y avait cinq personnes qui accompagnaient comme… comme gardes. Savez-vous si ces militaires étaient des membres de la garde présidentielle ?

le témoin 28 : Non. Je sais pas de quelle compagnie ils étaient.

Le Président : Vous êtes restée à Gisenyi pendant tout un temps ?

le témoin 28 : Oui. Je suis restée pendant trois semaines.

Le Président : Trois semaines ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Pendant votre séjour à Gisenyi, avez-vous rencontré, à Gisenyi, parce que je crois que Monsieur et Madame HIGANIRO, en fait, résidaient un peu plus loin que Gisenyi, à Kigufi, hein ?

le témoin 28 : Oui, c’est ça.

Le Président : C’est à quelques kilomètres de… de Gisenyi ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Avez-vous rencontré, pendant votre séjour à Gisenyi, Monsieur HIGANIRO ou sa femme ?

le témoin 28 : Oui, oui, oui. Je les ai rencontrés.

Le Président : Tous les deux ?

le témoin 28 : Oui, oui, oui.

Le Président : Ils avaient chacun un véhicule différent ?

le témoin 28 : Mmmh, ça, j’ai pas fait attention aux véhicules différents, mais j’ai été avec sa femme dans… dans sa voiture.

Le Président : Il semble que dans le convoi entre Kigali et Gisenyi, Monsieur HIGANIRO avait une jeep, ou Madame avait une Jeep et lui une Mercedes ou l’inverse, non ?

le témoin 28 : Oui, oui, oui.

Le Président : Donc, ils ont quitté Kigali avec deux voitures, si j’ai bien compris ?

le témoin 28 : Oui, ça doit être deux voitures. Là, c’est… c’est peut-être que ça fait longtemps mais… mais je me rappelle de la Mercedes, je me rappelle pas si la jeep était dedans mais exactement, il y avait la Mercedes.

Le Président : Avez-vous éventuellement constaté que lorsqu’ils se déplaçaient, Monsieur HIGANIRO ou Madame HIGANIRO étaient accompagnés de militaires ou de gardes du corps ? 

le témoin 28 : Non. Quand j’ai vu Alphonsine, elle n’était pas accompagnée de militaires.

Le Président : Son épouse non plus ?

le témoin 28 : Oui, justement, c’est son épouse, non, elle n’était pas avec un militaire.

Le Président : Elle n’était pas avec un militaire ?

le témoin 28 : Non.

Le Président : Etes-vous allée leur rendre visite dans… dans leur villa à Kigufi ? 

le témoin 28 : Oui, j’ai été une fois.

Le Président : Pendant le mois de mai… le mois d’avril ou mai 1994 ?

le témoin 28 : Oui. Juste en 94 là, quand on était à Gisenyi.

Le Président : Et avez-vous constaté éventuellement que sa villa était gardée ou protégée par des militaires ?

le témoin 28 : Non, j’ai pas vu de militaires là-bas, à ce moment-là.

Le Président : Avant les événements d’avril 94, vous étiez vous déjà rendue à la villa de Monsieur HIGANIRO ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : A cette époque-là, cette villa était-elle protégée ou surveillée par des militaires ?

le témoin 28 : Non.

Le Président : Avant les événements, hein ?

le témoin 28 : Non, il n’y avait que le… le cuisiner qui restait là-bas. Je n’avais pas vu de militaires.

Le Président : Pas vu de militaires à cette époque-là, non plus ?

le témoin 28 : Non.

Le Président : Vous avez constaté, semble-t-il, quand vous êtes allée rendre visite pendant votre séjour à Gisenyi, vous êtes allée rendre visite à Monsieur et Madame HIGANIRO dans leur villa de Kigufi, que la maison du voisin était un petit peu particulière. Vous vous rappelez de ce que vous avez constaté ?

le témoin 28 : Euh… Oui. J’ai vu la maison en face et leur villa, il n’y avait pas de clôture et ça se voyait tout de suite. La maison était saccagée, il n’y avait pas de porte. Donc, on voyait une maison désertée ou, enfin qui a été saccagée, quoi.

Le Président : Et Monsieur ou Madame HIGANIRO vous ont-ils donné des explications à propos de ce qui s’était passé dans cette maison ?

le témoin 28 : Non. Enfin, comme je connaissais pas les gens particulièrement, ce n’est que les voir comme ça, beh, j’ai demandé ce que les voisins là, leur maison est saccagée, qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui s’est passé ? Mais ils m’ont dit qu’eux aussi, quand ils sont arrivés, c’était comme ça. Ils ne savaient rien de… du voisin, quoi.

Le Président : Mais, est-ce qu’ils ne vous ont pas dit qu’à leur arrivée de Kigali, ils avaient appris que le voisin avait été tué ?

le témoin 28 : Non, justement, ils m’ont dit que, quand ils sont arrivés, la maison était comme ça.

Le Président : Lorsque vous croisiez éventuellement Monsieur… vous avez vu Monsieur HIGANIRO dans Gisenyi pendant votre séjour ?

le témoin 28 : Oui, oui, oui, je l’ai vu.

Le Président : Qu’est-ce qu’il faisait ?

le témoin 28 : Bof, je l’ai vu. Il était avec mon mari, une fois, comme ça. Comme il y avait trop de panique et tout, je ne sortais pas beaucoup dans la ville et on était quasiment presque à la maison, sauf dès qu’aller chercher quelque chose de nécessaire comme ce qu’on avait besoin, mais je l’ai pas vu beaucoup se promener ou bien d’une autre manière, quoi.

Le Président : Est-ce qu’il faisait… il vous semblait qu’il travaillait ?

le témoin 28 : Qu’il travaillait ?

Le Président : Qu’il travaillait en… je ne sais pas, qu’il cherchait des clients pour vendre des allumettes ?

le témoin 28 : Ça, je sais pas.

Le Président : Bien. Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître CUYKENS.

Me. CUYKENS : Monsieur le président, est-ce que le témoin était présent le 3 avril 94 chez Monsieur HIGANIRO, à l’occasion d’un dîner qui s’est tenu en présence de Monsieur le président le témoin 32 ?

le témoin 28 : Oui, j’étais là.

Me. CUYKENS : Est-ce qu’elle peut nous dire s’il y avait d’autres épouses qui étaient présentes, des enfants ?

le témoin 28 : D’autres épouses ?

Me. CUYKENS : Oui.

Le Président : Des épouses d’autres personnes, d’autres personnes.

Me. CUYKENS : Voilà, oui.

le témoin 28 : Oui. Il y avait l’épouse de Monsieur HIGANIRO, il y avait l’épouse de… Qui encore ? D’Alphonsine… la fille du président, le témoin 112. Il y avait l’épouse de Monsieur NZIRORERA. C’est tout.

Le Président : Il y avait des enfants aussi qui étaient présents ?

le témoin 28 : Oui, il y avait nos enfants.

Le Président : Est-ce qu’on discutait politique ? Est-ce que les femmes étaient de leur côté et les hommes de leur côté ?

le témoin 28 : Enfin, on n’était pas avec les hommes, assises, on aidait à donner à manger et à boire, mais pas assises comme telles, quoi.

Le Président : Vous ne participiez pas aux discussions des hommes ? 

le témoin 28 : Non.

Le Président : Oui ?

Me. CUYKENS : Est-ce que le témoin sait si c’est pour une occasion particulière que ce dîner avait lieu, et éventuellement, laquelle ?

Le Président : Vous saviez si c’était… si on fêtait quelque chose de particulier ou… ?

le témoin 28 : Ben, on était invité de temps en temps. Ce n’était pas la première fois qu’on était invité chez eux ou bien qu’ils étaient invités chez nous.

Le Président : Oui, mais je ne sais pas… Est-ce qu’on fêtait, par exemple, quelque chose de particulier ? Ou bien est-ce que ça s’est décidé comme ça, cette invitation à l’improviste comme ça ?

le témoin 28 : Je sais pas. A mon avis, c’est une invitation simple comme on y allait souvent, quoi.

Le Président : Oui?

Me. CUYKENS : Alors, dans son audition euh… du 26 novembre 97, le témoin relate qu’à Kigali, elle a rencontré l’épouse de Monsieur HIGANIRO, le témoin 68, et elle s’est installée chez elle. Est-ce qu’elle peut confirmer qu’en réalité, tout le monde essayait de sortir de la ville sans véritablement y parvenir et que c’est à son insistance que, finalement, on a pu obtenir - donc à l’insistance du témoin - que finalement on a pu obtenir une escorte pour sortir ?

Le Président : Alors, est-ce que c’est grâce à vous que des gens qui voulaient quitter Kigali, dont vous, avaient obtenu une escorte ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Est-ce vous qui êtes intervenue, et auprès de qui êtes-vous intervenue ?

le témoin 28 : Ce que moi, je me rappelle, on est intervenues, surtout les femmes et moi-même, c’est pour, parce qu’il y avait trop de panique avec les bombardements et tout, donc on ne tenait pas… au niveau même des enfants. Alors quand BAGOSORA, et Monsieur BAGOSORA est venu, on lui a demandé de nous aider pour quitter Kigali, d’aller dans un endroit, soit à Butare ou à Gisenyi, dans un endroit où il y a pas de combats. Ça, moi aussi je lui ai demandé.

Le Président : Oui ?

Me. CUYKENS : Dernière question. Est-ce que Monsieur BAGOSORA Théoneste a fait tout le trajet avec le reste ou est-ce qu’il a quitté cette escorte à un moment ou à un autre ?

le témoin 28 : Oui, il a quitté, il n’est pas arrivé jusqu’à Gisenyi.

Me. CUYKENS : Je vous remercie.

Le Président : Une autre question, Maître LARDINOIS ?

Me. LARDINOIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Est-ce que vous pouvez demander au témoin si son époux, Monsieur Pasteur MUSABE, a bien acheté un téléphone par satellite à Gisenyi, après que le téléphone normal ait été coupé ?

Le Président : Votre mari a acheté à Gisenyi un… un appareil téléphonique par satellite ?

le témoin 28 : Vous demandez du côté de Monsieur HIGANIRO ou bien du côté de Monsieur Pasteur MUSABE ?

Le Président : Votre mari à vous, c’est qui ? C’est Monsieur Pasteur MUSABE votre mari ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Eh bien, votre mari a-t-il acheté un appareil téléphonique ?

le témoin 28 : Non, je sais pas s’il avait acheté un appareil.

Me. LARDINOIS : Est-ce… est-ce qu’éventuellement il utilisait un appareil de téléphone par satellite, pendant cette période de… de… ?

Le Président : Votre mari utilisait-il un appareil téléphonique par satellite ?

le témoin 28 : Au moment où j’étais là, il n’avait pas d’appareil satellite, au moment où j’étais toujours à Gisenyi.

Me. LARDINOIS : Est-ce qu’éventuellement le témoin saurait si Monsieur HIGANIRO avait un téléphone par satellite ?

le témoin 28 : Je l’ai jamais vu.

Me. LARDINOIS : Est-ce que vous pourriez demander au témoin si Madame Marie-Claire UWIMBABAZI résidait bien avec le témoin à Gisenyi, dans la résidence du commerçant, j’ai oublié son nom, AKINGENEYE, je crois.

le témoin 28 : SINGAYE. Oui, elle résidait avec moi.

Me. LARDINOIS : Est-ce que le témoin pense que Madame UWIMBABAZI se trompe ou ment quand elle dit qu’elle utilisait le téléphone par satellite acheté par Monsieur MUSABE pour contacter sa sœur, c’est-à-dire l’épouse de Monsieur HIGANIRO, qui résidait à Kigufi ?

le témoin 28 : Non, moi, ça, moi, je ne sais pas.

Me. LARDINOIS : Je vous remercie.

Le Président : Une autre question ? Maître GILLET. 

Me. GILLET : Oui, Monsieur le président. Je voudrais savoir si, euh… de la part du témoin, si euh… son mari, Monsieur Pasteur MUSABE avait des relations de travail, je dirais, ou d’affaires avec Monsieur HIGANIRO ?

Le Président : Votre mari avait-il des relations d’affaires ou de travail avec Monsieur HIGANIRO ?

le témoin 28 : A ma connaissance, non.

Me. GILLET : Je voudrais savoir si elle pourrait confirmer, Monsieur le président, ce qu’elle a dit dans son audition, donc ça, ça concerne son mari, qui est, si je ne me trompe, aujourd’hui, en détention préventive à Arusha, euh…

le témoin 28 : Mon Dieu, Seigneur. Il est mort, il n’est pas en détention préventive !

Me. GILLET : Ah, c’est ça. Et s’il a été, à un moment donné donc l’objet, quand il était au Cameroun, d’un mandat d’arrêt international…

Le Président : Bien, je souhaiterais qu’il n’y ait plus de commentaires, Maître GILLET ! Que vous posiez une question. Voulez-vous poser une question au témoin ?

Me. GILLET : Oui, mais je n’ai pas fait de commentaire, Monsieur le président.

Le Président : Non. Jusqu’à présent, je n’ai pas entendu de question, posez une question !

Me. GILLET : Eh bien, si elle peut confirmer qu’il était donc recherché dans le cadre d’un mandat d’arrêt international pour avoir sorti des fonds de la BACAR pour financer l’achat d’armes et de machettes ?

Le Président : Votre mari a-t-il fait l’objet d’un mandat d’arrêt et de recherches pour avoir fait sortir de l’argent d’une banque ?

le témoin 28 : A cette question qui lui concerne, il ne travaille pas seul.

Le Président : Non, non. Votre mari, simplement, hein.

le témoin 28 : Oui, c’est lui que je dis.

Le Président : A t-il été suspecté ? En quelque sorte, hein. De manière plus brève. A t-il été suspecté d’avoir fait sortir des fonds de la banque dans laquelle il travaillait…

le témoin 28 : Oui, c’est ce qu’il a été accusé.

Le Président : …fonds qui auraient été utilisés pour acheter des machettes ou des armes ?

le témoin 28 : C’est ce qu’il a été accusé. Oui.

Le Président : C’est de cela qu’il était accusé ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Une autre question ? Plus de questions ?

Me. EVRARD : Monsieur le président, si vous le permettez.

Le Président : Oui.

Me. EVRARD : Une question. Le témoin nous a dit qu’il n’y avait pas, à sa connaissance, de militaires qui gardaient la maison de Kigufi, la maison de Monsieur HIGANIRO. Peut-elle nous dire s’il n’y a, non pas des militaires, mais des Zamu, des gardes de jour et des gardes de nuit.

le témoin 28 : Oui, il y en avait. Il y avait des gardes, des gardiens.

Le Président : Des gardiens. Privés, quoi ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Sans arme ?

le témoin 28 : J’ai pas vu des armes.

Le Président : Vous connaissez leurs noms éventuellement ?

le témoin 28 : Non, je me rappelle pas de noms.

Le Président : le témoin 3 et le témoin 12, ça vous dit quelque chose ?

le témoin 28 : C’était le cuisinier, celui-là, je crois.

Le Président : Oui?

Me. EVRARD : Monsieur le président, une dernière question. Lors de la réunion qui a lieu le 3 avril, lors de la visite du président le témoin 32, le témoin nous a dit qu’il y avait de la famille, qu’il y avait des épouses et des enfants. Est-ce qu’à sa connaissance, des photos ont été prises sur lesquelles on ne voit pas uniquement des hommes attablés, mais également des épouses ? Et si oui, dans de telles circonstances, il y aurait eu effectivement, autour de cette table réunissant les épouses et les maris, des discussions d’ordre politique ? Je précise en fait un peu la question que vous avez posée tout à l’heure.

Le Président : A-t-on pris des photos à l’occasion de ce… de ce repas ? 

le témoin 28 : Oui, oui.

Le Président : Et sur les photos, vous en avez eu des photos de ce… de ce repas ?

le témoin 28 : Non, je n’en ai pas.

Le Président : Savez-vous si à certains moments, les… les hommes et les femmes se trouvaient ensemble à table ?

le témoin 28 : A table ?

Le Président : Non ?

le témoin 28 : A table, oui.

Le Président : Oui ?

le témoin 28 : Oui. Au moment de manger.

Le Président : Et vous auriez entendu parler politique ?

le témoin 28 : Non, ça, j’ai pas suivi.

Le Président : D’autres questions ? Plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, est-ce bien des accusés ici présents dont vous avez voulu parler ? Ceci veut dire tout simplement : persistez-vous dans les déclarations que vous venez de faire ? Confirmez-vous vos déclarations ?

le témoin 28 : Pardon, je m’excuse ?

Le Président : Confirmez-vous vos déclarations ? Confirmez-vous ce que vous avez déclaré ici ?

le témoin 28 : Oui.

Le Président : Eh bien, la Cour vous remercie pour votre témoignage, Madame. Vous pouvez disposer librement de votre temps. 

le témoin 28 : Merci.

Le Président : Tous là, sauf un. Alors, on va prendre Monsieur le témoin 108 alors. Il n’y a que le témoin 14 qui n’est pas encore là, il n’est pas encore 16 heures.

[Interruption d’enregistrement]

Le Président : Oui, Maître EVRARD

Me. EVRARD : Monsieur le président, je souhaiterais un… un bref commentaire…

Le Président : Oui ?

Me. EVRARD : Lorsque nous avons posé la question au témoin précédent de savoir où HIGANIRO se trouvait dans la nuit du 4 avril 94, c’était pour répondre à un des premiers témoins qui a été entendu et qui est Monsieur le témoin 23, sauf erreur de prononciation, qui avait déclaré qu’une réunion avait eu lieu à cette date à Butare. Monsieur HIGANIRO ne pouvait donc pas se trouver à Kigufi, le 4, et en même temps à Butare pour une réunion.

Le Président : Je crois qu’il y a une confusion de date, hein, dans la mesure où il est question d’un dimanche de Pâques, qui est un 3 avril.

Me. EVRARD : Mais on parle d’une réunion qui a eu lieu…

Le Président : Le lundi.

Me. EVRARD : …à Butare.

Le Président : Le lundi, c’est le 4. Le dimanche de Pâques, le jour où a lieu le repas, si c’est bien le dimanche de Pâques, c’est le 3.

Me. EVRARD : Il y a alors peut-être une confusion de date. Effectivement.

Le Président : Pour autant que le repas ait bien eu lieu le dimanche de Pâques. Si… si le dîner a lieu le lundi de Pâques, alors…

Bien, Monsieur le témoin 108.