assises rwanda 2001
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Instruction d’audience A. Higaniro Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience A. Higaniro > Audition témoins > le témoin 68
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7.3.25. Témoin de contexte: le témoin 68

Le Président : Alors, dans les témoins de ce matin, est présente Madame le témoin 68. Eh bien, bien que ce soit prévu pour 11 heures, vous pouvez la faire approcher.

Le Président : Madame, quels sont vos nom et prénom ?

le témoin 68 : le témoin 68

Le Président : Je peux vous demander de parler bien fort ?

le témoin 68 : le témoin 68.

Le Président : Quel âge avez-vous, Madame ?

le témoin 68 : 38 ans et demi.

Le Président : Quelle est votre profession ?

le témoin 68 : Femme au foyer.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ?

le témoin 68 : Fontaine l’Evêque.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés, ou certains d’entre eux, avant le mois d’avril 1994 ?

le témoin 68 : Oui, mon mari HIGANIRO Alphonse et NTEZIMANA Vincent.

Le Président : Oui. Vous êtes donc l’épouse de Monsieur HIGANIRO. Etes-vous de la famille des autres accusés ?

le témoin 68 : Non.

Le Président : Etes-vous de la famille des parties civiles ?

le témoin 68 : Non.

Le Président : Etes-vous liée par un contrat de travail aux accusés ou aux parties civiles ?

le témoin 68 : Non.

Le Président : Alors, j’attire l’attention des parties et du jury sur le lien de parenté qui existe entre le témoin et un des accusés. Y a-t-il une opposition de la part des parties à ce que ce témoin prête serment ? Pas d’opposition ? Eh bien, Madame, je vais vous inviter alors à prêter le serment de témoin et à lever la main droite si vous le voulez bien.

Alphonsine le témoin 68 : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Je vous remercie, asseyez-vous, Madame. Madame, vous avez combien d’enfants ?

le témoin 68 : S’il vous plaît, Monsieur le président, avant de commencer, je voudrais m’exprimer en ma langue maternelle, si c’est possible.

Le Président : Ah bien. Il y a un interprète Madame !

le témoin 68 : Merci.

Le Président : Combien d’enfants avez-vous ?

L’Interprète : Ufite abana bangahe ?

le témoin 68 : Mfite abana babiri.

L’Interprète : J’ai deux enfants.

Le Président : Qui ont quel âge ?

L’Interprète : Bafite imyaka ingahe ?

le témoin 68 : Imfura afite 17,

L’Interprète : L’aîné en a 17,

le témoin 68 : Umukurikira afite 14.

L’Interprète : Le second 14.

Le Président : Comment décririez-vous la personnalité de votre mari ?

L’Interprète : Umugabo wawe wasobanura ko ateye ate, mu myifatire ye, mu mico ye, mu migenzo ye ?

le témoin 68 : Ni umugabo mudakemwa, wita ku rugo.

L’Interprète : C’est un mari irréprochable qui s’occupe de la famille.

Le Président : Est-ce un homme autoritaire ?

L’Interprète : Afite igitugu ?

le témoin 68 : Mu rugo yitwara neza, nta gitugu afite.

L’Interprète : Il se comporte bien à la maison, il n’est pas autoritaire.

Le Président : Que connaissez-vous de ses opinions politiques ?

L’Interprète : Waba uzi iki ku bitekerezo bye bya politiki ?

le témoin 68 : Icyo nzi cyo ni uko yari MRND.

L’Interprète : Ce que je sais, c’est qu’il était membre du MRND.

Le Président : Vous-même et votre mari, faisiez-vous partie de ce qui s’appelle l’Akazu ?

L’Interprète : Wowe ubwawe n’umugabo wawe mwari mu ikitwa Akazu ?

le témoin 68 : Ntabwo nzi Akazu icyo aricyo ariko twe…

L’Interprète : Je ne sais pas ce que c’est que l’Akazu mais nous,

Alphonsine le témoin 68 : Njyewe ubwanjye, data yari umuganga wa prezida wa Repubulika,

L’Interprète : Moi-même, mon père était médecin du président de la République.

Alphonsine le témoin 68 : Niba rero ibyo bivuga Akazu, ntabwo mbizi.

L’Interprète : Si cela signifie l’Akazu, je l’ignore.

Le Président : Aviez-vous fréquemment des rencontres d’ordre privé, votre famille avait-elle des rapports d’ordre privé avec le président le témoin 32 ?

L’Interprète : Wowe, umuryango wawe, mwari mufitanye imishyikirano bwite n’umuryango wa Prezida le témoin 32,

Alphonsine le témoin 68 : Umuryango wa prezida le témoin 32 waradusuraga natwe tukabasura.

L’Interprète : La famille du président le témoin 32 nous rendait visite, nous aussi, nous lui rendions visite.

Le Président : Cela arrivait-il fréquemment ?

L’Interprète : Ibyo byabaga kenshi ?

le témoin 68 : Ntabwo byabaga kenshi kubera ko prezida wa Repubulika yabaga afite akazi k’igihugu yari ashinzwe.

L’Interprète : Ce n’était, cela ne se faisait pas fréquemment puisque le président de la République avait des charges de diriger le pays et il n’avait pas suffisamment de temps.

Le Président : Votre mari a eu une carrière à la fois de fonctionnaire mais aussi une carrière politique assez brillante ?

L’Interprète : Umugabo wawe yashinzwe imirimo nk’umukozi ukomeye, ariko n’imirimo ya politike mu rwego rwo hejuru ?

Alphonsine le témoin 68 : Umugabo wanjye yabaye secrétaire général muri ministère de l’éducation,

L’Interprète : Mon mari a été secrétaire général au ministère de l’éducation,

le témoin 68 : Ministère y’amashuli yisumbuye,

L’Interprète : Au ministère de l’enseignement supérieur.

le témoin 68 : Aba secrétaire exécutif muri CPGL,

L’Interprète : Il a été secrétaire exécutif au CPGL, Communauté Economique des Pays des Grands Lacs.

Alphonsine le témoin 68 : Ibyo byose maze kuvuga, nta politike yari irimo.

L’Interprète : Dans tout ce que je viens d’évoquer, il n’y avait pas de politique.

le témoin 68 : Nyuma ya CPGL, aba ministre.

L’Interprète : Après la CPGL, il est devenu ministre.

Alphonsine le témoin 68 : Akazi k’ubuministre mwese murabizi ko kajyana na politike.

L’Interprète : Vous connaissez vous tous que la fonction de ministre va de pair avec la politique.

le témoin 68 : Yamazemo amezi cumi hanyuma ajya muri SORWAL ;

L’Interprète : Il y a fait dix mois et puis il a rejoint la SORWAL.

le témoin 68 : Nyuma yaho nta politike yongeye gukora.

L’Interprète : Après cela, il ne s’est pas occupé de la politique.

Le Président : Comment expliquez-vous la carrière de votre mari ?

L’Interprète : Imirimo umugabo wawe yagiye anyuramo wayisesengura ute, wayisobanura ute ?

le témoin 68 : Kubera ko ntari umukoresha we, ntabwo namenya uko yakoraga.

L’Interprète : Vu que je n’étais pas son employeur, je ne peux pas savoir comment il travaillait.

Le Président : Votre mari a-t-il ressenti le fait qu’il ait dû quitter le gouvernement ou il était ministre comme une sanction ?

L’Interprète : Umugabo wawe yaba yarabonye uburyo bwo kuva ku buministri nkaho ari nk’igihano yarahawe ?

Alphonsine le témoin 68 : Uretse nawe wenyine, n’undi wese yarabibonye.

L’Interprète : Non seulement, lui, toute autre personne l’a constaté.

Le Président : Le fait qu’il soit devenu directeur-général de la SORWAL à Butare était aussi une sorte de sanction ?

le témoin 68 : Kuba yarabaye directeur général wa SORWAL bisa n’aho nabyo ari igihano ?

le témoin 68 : Kuri jyewe mbona ari igihano.

L’Interprète : A mon avis, c’était une sanction.

Le Président : Savez-vous quelle était la nature des relations qui existaient entre votre mari et les beaux-frères du président ?

Alphonsine le témoin 68 : Waba uri uburyo, imibanire cyangwa imibereho hagati y’umugabo wawe na baramu ba prezida yari iteye ?

le témoin 68 : Tumaranye imyaka 17 dushakanye,

L’Interprète : Nous venons de faire 17 ans de mariage, de vie commune,

Alphonsine le témoin 68 : Abo bantu sinigeze mbabona mu rugo rwacu,

L’Interprète : Ces gens-là je ne les ai jamais vus dans notre foyer,

Alphonsine le témoin 68 : N’umugabo wanjye sinigeze numva ko agiyeyo.

L’Interprète : Et mon mari, je ne l’ai jamais entendu dire qu’il allait leur rendre visite.

Le Président : Votre mari vous a-t-il fait part de tensions qui existaient entre lui et le beau-frère du président et peut être plus particulièrement entre lui et Monsieur SAGATWA ?

L’Interprète : Umugabo wawe yigeze akubwira ko yaba ashyamiranye na baramu ba prezida, cyane cyane ku buryo bw’umwihariko na SAGATWA, umuryango wa SAGATWA ?

Alphonsine le témoin 68 : Ntabwo narinkeneye ko abimbwira, nanjye ubwanjye narabyiboneye.

L’Interprète : Je n’avais pas besoin que lui me le dise, et moi-même, de comportement que j’ai constaté personnellement.

Le Président : Qu’avez-vous constaté ?

L’Interprète : Wiboneye iki ?

le témoin 68 : Icyo niboneye ni uko, colonel SAGATWA yaterefonaga mu rugo,

L’Interprète : Ce que j’ai vu moi-même, c’est que le colonel SAGATWA téléphonait chez nous à la maison,

Alphonsine le témoin 68 : Kenshi namwitabye, umugabo wanjye yabaga ari muri mission,

L’Interprète : Souvent, quand j’ai répondu au téléphone, mon mari était en mission,

le témoin 68 : Nawe ubwe yabaga azi ko atari mu gihugu,

L’Interprète : Lui-même savait qu’il n’était pas dans le pays,

Alphonsine le témoin 68 : Ambaza ko nshobora kumuha coordonnées z’umugabo wanjye,

L’Interprète : Il me demandait si je pouvais lui donner les coordonnées de mon mari,

Alphonsine le témoin 68 : Kandi ko yari umunyamabanga wa prezida wa repubulika,

L’Interprète : Alors qu’il était secrétaire du président de la République,

le témoin 68 : Yagombye kuba yarazi coordonnées z’aho abaministre ba prezida babaga bagiye muri mission.

L’Interprète : Il devrait normalement connaître les coordonnées des ministres du président qui étaient en mission.

Alphonsine le témoin 68 : Nkabona rero atari byiza kugirango umuntu aterefone umutegarugore mu rugo amubaza ibintu by’akazi,

L’Interprète : Alors, je voyais qu’il n’était pas décent qu’on téléphone à une dame au foyer pour lui demander, pour lui poser des questions relatives au travail.

Alphonsine le témoin 68 : Azi neza yuko, mu Rwanda, ntabwo twebwe abadamu tumenya ibyo abagabo bacu bakora ku kazi, baba bafite akazi bashinzwe.

L’Interprète : Sachant bien que chez nous, au Rwanda, les épouses ne savent pas ce qui se fait au travail qui incombe à leur mari.

Alphonsine le témoin 68 : Yagombye kuba yarabazaga muri ministeri.

L’Interprète : Il aurait normalement demandé cela au ministère.

le témoin 68 : Urwo nirwo rugero rero ntanze.

L’Interprète : Ca, c’est un exemple que je donne.

Le Président : Vous-même, il semble que vous ayez adhéré à la CDR. Est-ce exact ?

L’Interprète : Wowe ubwawe arakeka ko waba warabaye umu CDR. Ibyo byaba ari ukuri ?

le témoin 68 : Nibyo.

L’Interprète : C’est exact.

Le Président : Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez adhéré à ce mouvement ?

L’Interprète : Wasobanura impamvu wagiye muri iryo shyaka ?

le témoin 68 : Icyatumye nijyamo nuko ntari nishimiye ibyo bamaze gukorera umugabo wanjye.

L’Interprète : Ce qui a fait que j’ai adhéré à ce mouvement, c’est que je n’étais pas contente de ce qu’on venait de faire à mon mari.

Le Président : C’est à dire ?

L’Interprète : Ni ukuvuga iki ?

le témoin 68 : Kubera ko ubusanzwe nari muri MRND ariryo shyaka rya prezida wa repubulika, niryo umugabo wanjye yari arimo,

L’Interprète : Puisque habituellement j’adhérais au MRND qui était le parti de la République, parti auquel avait également adhéré mon mari,

le témoin 68 : Hagati aho, umugabo wanjye bamuvana muri CPGL bamujyana i Kigali kuba ministre,

L’Interprète : Entre-temps, mon mari a été muté de la CPGL pour être amené à Kigali, devenir ministre,

le témoin 68 : Hari hagati mu mwaka,

L’Interprète : C’était au milieu de l’année,

Alphonsine le témoin 68 : Abana banjye nagombaga kubavana mu ishuli, nkabimura.

L’Interprète : Je devais changer aussi l’école de mes enfants.

Alphonsine le témoin 68 : Kubera ko bigaga muri Ecole belge i Gisenyi,

L’Interprète : Comme mes enfants fréquentaient l’école belge à Gisenyi,

Alphonsine le témoin 68 : Ngomba kubashyira muri Ecole belge i Kigali,

L’Interprète : Et que je devais les inscrire à l’école belge à Kigali,

le témoin 68 : Kubona imyanya ntabwo byari byoroshye, cyane cyane hagati mu mwaka.

L’Interprète : Ce n’était pas facile de leur trouver des places, surtout que c’était au milieu de l’année.

le témoin 68 : Uw’imfura wigaga mu wa mbere yamaze ukwezi mu rugo atiga.

L’Interprète : L’aîné, qui était en première année, a fait un mois à la maison sans aller à l’école.

Alphonsine le témoin 68 : Ukurikiyeho yari ari muri gardienne, yamaze trimestre yose atiga.

L’Interprète : Le second, qui était à l’école maternelle, a fait tout un trimestre sans aller à l’école.

le témoin 68 : Igihe abana bamaze kumenyera ishuli,

L’Interprète : Alors que les enfants venaient de s’habituer de l’école,

Alphonsine le témoin 68 : Baba bamuvanye mu buministre bamujyanye muri SORWAL i Butare.

L’Interprète : On l’a changé de son poste de ministre et on l’a nommé à la SORWAL, à Butare.

le témoin 68 : Icyo gihe nabwo hari hagati mu mwaka.

L’Interprète : A ce moment-là, c’était également au milieu de l’année.

le témoin 68 : Mbajije nsanga i Butare nta école belge ihaba.

L’Interprète : Quand j’ai demandé, j’ai appris qu’à Butare, il n’y avait pas d’école belge.

le témoin 68 : Kandi kwimura abana hagati mu mwaka ntabwo byari byiza, cyane cyane ko naringiye kubashyira mu irindi shuli.

L’Interprète : Et changer les enfants au milieu de l’année, ce n’était pas bon, surtout que j’allais les mettre dans une autre école.

le témoin 68 : Kubera ko ndi le témoin 133 bitanshimishije,

L’Interprète : Comme une mère à qui ça n’a pas plu,

le témoin 68 : Nararebye nsanga ntashobora kuguma muri iryo shyaka rya prezida wa repubulika.

L’Interprète : J’ai dit que je ne voulais pas rester dans ce parti du président de la République.

le témoin 68 : Kubera ko iwacu ari i Gisenyi,

L’Interprète : Comme je suis originaire de Gisenyi,

le témoin 68 : Nagiye mu rindi shyaka ryari rikurikiyeho.

L’Interprète : Je suis allée, j’ai adhéré au parti qui venait en deuxième position.

Le Président : Et vous pensiez que votre adhésion à ce parti allait régler vos problèmes de déplacements familiaux ?

L’Interprète : Wumvaga kuva muri iryo shyaka hari ibyo byari gukemura ku bibazo bijyanye n’iyimurwa ry’umuryango ?

Alphonsine le témoin 68 : Ntacyo, ariko bwari uburenganzira bwanjye.

L’Interprète : Non, mais c’était mon droit.

Le Président : Vous avez dit que vos enfants suivaient l’enseignement dans des écoles belges. Votre mari avait pourtant été un haut fonctionnaire dans l’enseignement rwandais, vous n’aviez pas confiance dans l’enseignement rwandais ?

L’Interprète : Wavuze ko abana bawe bakunze kwiga muri za écoles belges, ariko umugabo wawe akaba yaragiye mu nzego zo hejuru mu burezi bw’u Rwanda. Ntabwo wari ufitiye ikizere uburezi bw’u Rwanda ?

le témoin 68 : Narinkiyifitiye, ariko…

L’Interprète : J’avais confiance, mais…

le témoin 68 : Numvaga muri primaire bagomba kwiga muri école belge kugirango bamenye igifaransa,

L’Interprète : Je considérais qu’au niveau du primaire, ils devaient fréquenter l’école belge pour maîtriser la langue française,

le témoin 68 : Cyane cyane ko abantu umugabo wanjye yakoranaga nabo muri CPGL bavugaga igifaransa, ntawavugaga ikinyarwanda.

L’Interprète : Surtout que des personnes qui travaillaient avec mon mari à la CPGL parlaient tous le français et ne parlaient pas kinyarwanda.

Alphonsine le témoin 68 : Ntabwo rero abana banjye bari kujya bashobora kuganira n’abandi batavuga ururimi rumwe.

L’Interprète : Alors, mes enfants ne pouvaient pas communiquer avec d’autres, ne parlant pas une même langue.

Le Président : En ce qui concerne les accords d’Arusha, savez-vous si votre mari y était opposé ?

L’Interprète : Ku birebana n’amasezerano ya Arusha, wamenya ko umugabo wawe atayemeraga ?

le témoin 68 : Ntabyo nzi.

L’Interprète : Je ne le sais pas.

Le Président : En avril 94, quand avez-vous quitté Butare ?

L’Interprète : Mu kwezi kwa kane kwa 94, wavuye i Butare ryari ?

le témoin 68 : Njyewe navuye i Butare kw’itariki ya 30 z’ukwezi kwa gatatu kwa 94.

L’Interprète : Moi, j’ai quitté Butare le 30 mars 1994.

Alphonsine le témoin 68 : Umugabo wanjye n’abana banjye bavuyeyo kw’itariki 3 niba atari 2, sinibuka neza.

L’Interprète : Mon mari et mes enfants ont quitté le 3 ou alors le 2, je ne me souviens pas bien.

Le Président : Et vous êtes allée à Gisenyi, à Kigufi ?

L’Interprète : Ubwo wagiye ku Gisenyi i Kigufi ?

le témoin 68 : Bansanzeyo.

L’Interprète : Ils m’ont rejointe là-bas.

Le Président : Lorsque l’avion présidentiel a été abattu, le 6 avril, où vous trouviez-vous ?

L’Interprète : Ubwo indege ya prezida yarasagwa kw’itariki ya 6 z’ukwezi kwa kane wari he ?

le témoin 68 : Nari i Kigali.

L’Interprète : J’étais à Kigali

Le Président : Et les enfants étaient où ?

L’Interprète : Naho abana bo bari he ?

le témoin 68 : Ngiye gusubira inyuma gatoya, kugirango mbasobanurire neza.

L’Interprète : Je vais retourner un peu en arrière pour vous expliquer mieux.

le témoin 68 : Umugabo wanjye n’abana twahamye kuri Pasika,

L’Interprète : Mon mari et mes enfants et moi nous étions ensemble, à la Pâques,

le témoin 68 : No ku wa mbere wa Pasika,

L’Interprète : Ainsi que le lundi de Pâques,

le témoin 68 : Bavuye i Gisenyi ku wa mbere wa Pasika, nyuma ya saa sita.

L’Interprète : Ils ont quitté Gisenyi dans l’après-midi du lundi de Paques.

le témoin 68 : Kubera ko papa yari arwaye yari i Kigali,

L’Interprète : Comme mon père était malade et qu’il était à Kigali,

le témoin 68 : Banyuze i Kigali kumureba,

L’Interprète : Ils ont passé par Kigali le voir,

le témoin 68 : Barara i Kigali.

L’Interprète : Ils ont passé la nuit à Kigali.

le témoin 68 : Bajya i Butare le lendemain, le 5.

L’Interprète : Il se sont rendus à Butare le lendemain, c’est-à-dire le 5.

le témoin 68 : Njyewe naraye i Gisenyi,

L’Interprète : Moi, j’ai passé la nuit à Gisenyi,

le témoin 68 : Kubera ko nagombaga gusiga ntunganyije inzu.

L’Interprète : Car je devais ranger la maison avant de partir.

le témoin 68 : Mva i Gisenyi le 5 nimugoroba,

L’Interprète : J’ai quitté Gisenyi le 5 le soir,

le témoin 68 : Njya i Kigali,

L’Interprète : Je suis allée à Kigali,

le témoin 68 : Ko nagombaga gusiga imodoka yari irwaye, nyisiga mu igaraje

L’Interprète : Car je devais mettre au garage un véhicule qui avait des difficultés, et c’est ce que j’ai fait,

le témoin 68 : Le 6 nguma i Kigali,

L’Interprète : Et le 6, je suis restée à Kigali.

le témoin 68 : Nagombaga kuvana imodoka mu igaraje le 7,

L’Interprète : Je devais reprendre ce véhicule du garage le 7,

le témoin 68 : Ubwo rero indege bayihanuye ndi i Kigali.

L’Interprète : Alors, l’avion a été abattu alors que j’étais à Kigali.

Le Président : Votre mari est donc venu vous rejoindre de Butare avec les enfants ?

L’Interprète : Ubwo ni ukuvuga ko umugabo wawe yaje agusanga avuye i Butare, azanye n’abana ?

le témoin 68 : Bwana président,

L’Interprète : Monsieur le président,

Alphonsine le témoin 68 : Ndakumenyesha ko icyo gihe twari twapfushije

L’Interprète : Je vous informe que, à ce moment-là, nous venions de perdre un membre de la famille.

le témoin 68 : Data yari yapfuye, ndi impfura iwacu.

L’Interprète : Mon père était mort, je suis l’aînée de notre famille.

le témoin 68 : Mama yari ino aha ngaha i Burayi yaraje kwivuza, ari mu bitaro,

L’Interprète : Ma mère était ici en Europe, se faire soigner, elle était hospitalisée.

le témoin 68 : Ndumva rero ko nta gitangaza kugirango umugabo wanjye ave i Butare n’abana, baze kutureba i Kigali.

L’Interprète : Vous voyez qu’il n’y a rien d’étonnant que mon mari et les enfants aient quitté Butare pour venir nous voir à Kigali.

Le Président : Je n’ai pas dit que c’était étonnant, vous savez, Madame.

L’Interprète : Ntabwo ariko yavuze ko ngo bitangaje.

le témoin 68 : Ubwo nabyumvise nabi. Je m’excuse.

L’Interprète : Je m’excuse peut-être que j’ai mal compris.

Le Président : Votre mari et les enfants sont arrivés à Kigali le 7 ?

L’Interprète : Umugabo wawe n’abana bageze i Kigali ku itariki ya 7 z’ukwa kane ?

le témoin 68 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Alors, il semble que l’on n’ait pas pu organiser à Kigali des funérailles pour le président et pour votre père notamment qui était décédé dans le même attentat ?

L’Interprète : Arakeka ko i Kigali batabashije gutunganya ibijyanye n’ishyingurwa rya prezida na papa wawe.

le témoin 68 : Ndabamenyesha ko no kugeza kuri uno munota data tutaramushyingura, tutazi tutazi n’aho umurambo we uri.

L’Interprète : Je vous informe que, à la minute même où je vous parle, mon père n’a pas encore été inhumé et nous ignorons où se trouve son corps.

Le Président : Vous allez quitter Kigali avec votre mari et les enfants, et d’autres personnes d’ailleurs, semble-t-il le 12 avril, pour vous rendre à Kigufi ?

L’Interprète : Arakeka ko ku itariki ya 12 z’ukwezi kwa kane, umugabo wawe n’abana nawe, ndetse n’abandi bantu mwavuye i Kigali mugana ku Gisenyi.

le témoin 68 : Niyo tariki twaviriyeho.

L’Interprète : C’est à cette date-là que nous sommes partis.

Le Président : Vous avez bénéficié pour cela, vous et les autres, d’une escorte et de laisser-passer signés par le colonel BAGOSORA ?

L’Interprète : Wowe n’abandi mwahawe laissez-passer zashyizweho umukono na colonel BAGOSORA ?

le témoin 68 : Yego, niwe waziduhaye, kubera yuko,

L’Interprète : Oui, c’est lui qui nous les a donnés car,

le témoin 68 : I Kigali, bari bari kurasa, amasasu agwa hino no hino,

L’Interprète : A Kigali, on tirait de partout, les balles tombaient partout.

le témoin 68 : Umugore wa murumuna we,

L’Interprète : Wa murumuna wande ?

le témoin 68 : Wa BAGOSORA,

L’Interprète : La femme du petit frère à BAGOSORA,

le témoin 68 : Niwe winginze BAGOSORA ko yatuvana muri Kigali.

L’Interprète : C’est elle qui a supplié BAGOSORA qu’on nous évacue de Kigali.

Le Président : La dépouille de votre père est partie avec ce convoi ?

L’Interprète : Ubwo, ubwo mwagendaga muri izo modoka mugiye nibwo n’umurambo w’le témoin 133 wawe warimo ?

le témoin 68 : Oya,

L’Interprète : Non,

le témoin 68 : Waradukurikiye.

L’Interprète : La dépouille est venue après nous.

Le Président : Lorsque vous êtes arrivés à Kigufi, avez-vous constaté quelque chose de particulier en ce qui concerne la maison voisine de votre villa ?

L’Interprète : Ubwo mwageraga i Kigufi, hari ibintu mwabonye bidasanzwe byari byabaye ku nzu y’umuturanyi wanyu ?

le témoin 68 : Nta birahure yari igifite,

L’Interprète : Il n’y avait plus de vitres,

le témoin 68 : N’inzugi.

L’Interprète : Ni de portes.

le témoin 68 : Ntabwo wabonaga ko itagituwe ko hari abantu bayirimo, bakoreyemo ibintu, mbese basa nkaho… ibirahure babivanyemo n’inzugi.

L’Interprète : On voyait que ça semblait… que c’était une maison déserte, que des gens étaient entrés, avaient enlevé les vitres ainsi que les portes.

Le Président : Avez-vous appris ce qui était arrivé à votre voisin et à sa famille ?

L’interprète : Mwaba mwaramenye ibyabaye ku muturanyi wanyu n’umuryango we ?

le témoin 68 : Twabimenye tutaragera i Kigufi.

L’Interprète : Nous l’avons appris avant notre arrivée à Kigufi.

Le Président : Avant ?

Alphonsine le témoin 68 : Twabimenyeye i Gisenyi tutaragera i Kigufi.

L’Interprète : Nous l’avons appris à Gisenyi, avant d’arriver à Kigufi.

le témoin 68 : Batubwira yuko yapfuye,

L’Interprète : On nous a dit qu’il était décédé,

le témoin 68 : Ariko sinibuka neza itariki batubwiye, umenya baratubwiye itariki 8 cyangwa 9.

L’Interprète : Je ne me souviens plus de la date, peut-être on nous a parlé du 9, ou alors du 8

Le Président : Et quelle a été votre réaction et la réaction de votre mari lorsque vous avez appris la mort votre voisin ?

L’Interprète : Wowe babigenje ute, wabifashe ute, n’umugabo wawe se yabyifashemo ate, mumaze kumva urupfu rw’uwo muturanyi ?

le témoin 68 : Byaratubabaje.

L’Interprète : Ca nous a attristés.

Le Président : Avant le décès de votre voisin, vous aviez des contacts avec lui lorsque vous étiez à Kigufi ?

L’Interprète : Mbere yuko umuturanyi wanyu apfa, mwajyaga mubonana i Kigufi iyo ?

le témoin 68 : Uwo wapfuye yari mushyashya,

L’Interprète : La personne qui est décédée était nouvellement arrivée,

le témoin 68 : Uwo yari yarasimbuye, nari muzi, iyo twageraga i Kigufi, yazaga kudusura.

L’Interprète : La personne qu’il avait remplacée, je la connaissais Quand nous arrivions à Kigufi, il venait nous rendre visite.

le témoin 68 : Cyane cyane ko twajyagayo kenshi, kuko twari dutuye i Gisenyi.

L’Interprète : Surtout que nous nous y rendions souvent, vu que nous habitions à Gisenyi.

le témoin 68 : Aho tugiriye i Butare,

L’Interprète : Après notre départ pour Butare,

le témoin 68 : Nibwo haje uwo mushyashya.

L’Interprète : C’est à ce moment-là que ce nouveau-là est arrivé.

le témoin 68 : Ntabwo navuga ko nari muzi, kubera ko twajyaga i Gisenyi rimwe na rimwe, ntabwo twajyaga i Kigufi cyane nka cyera.

L’Interprète : Je ne dirais pas que je le connaissais puisque nous nous rendions à Gisenyi rarement, surtout que nous n’habitions plus à Gisenyi comme jadis.

Le Président : Vos enfants, par exemple, jouaient-ils avec les enfants de Benoît le témoin 123 ?

L’Interprète : Abana banyu, hari ubwo bajyaga bakina n’abana ba Benoît le témoin 123,

le témoin 68 : Abana banjye babaga bari mu rugo,

L’Interprète : Quand mes enfants étaient à la maison,

le témoin 68 : Nta bandi bana bakinaga nabo.

L’Interprète : Ils ne jouaient pas avec d’autres enfants.

le témoin 68 : Aliko iyo bajyaga kwoga mu Kivu,

L’Interprète : Mais quand ils allaient nager dans le lac Kivu,

le témoin 68 : Bakinaga n’abandi bana bahasanze.

L’Interprète : Ils jouaient avec d’autres enfants qu’ils trouvaient là-bas.

le témoin 68 : Njyewe rero kubera ko ntajyaga negera i Kivu kubera impamvu zanjye bwite nihariye,

L’Interprète : Comme moi je n’approchais pas le lac Kivu à cause de problèmes à moi qui me sont particuliers,

Alphonsine le témoin 68 : Ntabwo namenye niba barakinaga n’abana ba Benoît cyangwa niba batarakinaga nabo.

L’Interprète : Je ne sais pas s’ils jouaient avec les enfants de Benoît ou s’ils ne jouaient pas ensemble.

Le Président : A Butare et à Gisenyi, les maisons que vous occupiez, étaient-elles gardées ou surveillées par des militaires ?

L’Interprète : Butare ?

Le Président : A Butare et à Kigufi.

L’Interprète : I Butare cyangwa i Kigufi, amazu mwarimo yararinzwe n’abasirikare ?

le témoin 68 : I Butare, kugeza igihe bica GATABAZI na BUCYANA, nta basilikare twari dufite baturinda.

L’Interprète : A Butare, avant l’assassinat de GATABAZI et de BUCYANA, il n’y avait pas de militaires qui nous gardaient.

Le Président : Et après cet assassinat, y en-a-t-il eu ?

L’Interprète : Naho nyuma y’iryo icwa, hari abahabaye ?

le témoin 68 : Yee, twali dufite abasilikare bazaga mu rugo.

L’Interprète : Oui, il y avait des militaires qui venaient à la maison.

Le Président : Et en ce qui concerne la maison de Kigufi, y avait-il des militaires qui assuraient la garde ?

L’Interprète : Naho ku bireba i Kigufi, hari abasilikare bayirindaga ?

Alphonsine le témoin 68 : Twari dufite abazamu duhemba, nta basilikare bahabaga.

L’Interprète : Nous avions des veilleurs que nous payions. Il n’y avait pas de militaires.

Le Président : Pas de militaires ?

le témoin 68 : Abasilikare bahageze tujyanye nabo le 12, babili.

L’Interprète : Les militaires, au nombre de deux, sont arrivés quand nous sommes partis avec eux, le 12.

Le Président : Et ils sont restés ?

L’Interprète : Barahahamye ?

le témoin 68 : Yego. Barahagumye.

L’Interprète : Oui, ils sont restés.

Le Président : Il y avait donc des militaires.

L’Interprète : Nukuvuga ko hari abasilikare.

le témoin 68 : Guhere kuri 12 hari abasilikare.

L’Interprète : A partir du 12, il y avait des militaires.

Le Président : De qui ces militaires à Butare, de qui les militaires avaient-ils l’ordre de surveiller votre maison ?

L’Interprète : I Butare, uwahaga amabwiriza abo basilikare barindaga iyo nzu n’inde ? Bari abasilikare bategekwa na nde ?

le témoin 68 : Ni colonel le témoin 27, commandant w’ikigo cya ESO.

L’Interprète : C’était le colonel du témoin 27, commandant de l’ESO, de l’établissement de ESO.

Le Président : Et, à Kigufi, de qui les militaires ont-ils reçu l’ordre de rester pour protéger ou pour surveiller votre maison ?

L’Interprète : Naho i Kigufi, n’inde wahaye amabwiriza abo basilikare ngo bahahame, barinde iyo nzu, barinde urwo rugo ?

le témoin 68 : Umwe muri abo basilikare, yarasanzwe aba i Butare, yavanye n’umugabo wanjye n’abana i Butare.

L’Interprète : Un de ces militaires vivait déjà à Butare, il a quitté Butare avec mon mari et mes enfants.

Alphonsine le témoin 68 : N’umusilikare wa kabili n’uwo muri escorte ya BAGOSORA baduhaye.

le témoin 68 : Le deuxième, nous l’avons eu de l’escorte de BAGOSORA.

Le Président : Vous êtes restés à Kigufi jusqu’au 14 mai ?

L’Interprète : I Kigufi ubwo mwarahabaye kugera kuri 14 z’ukwa gatanu ?

le témoin 68 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Vous avez quitté Kigufi le 14 mai au matin ou dans l’après-midi, dans la soirée ?

L’Interprète : Mwavuye i Kigufi kuri 14 mu gitondo, ku manwa cyangwa se nimugoroba ?

le témoin 68 : Saa 11 za mugitondo.

L’Interprète : 5 heures du matin.

Le Président : 5h du matin. Entre le 12 avril et le 14 mai, votre mari a-t-il eu des activités professionnelles à Kigufi ?

L’Interprète : Hagati y’italiki ya 12 z’ukwa kane 14 z’ukwa gatanu, umugabo wawe har’ibikorwa byo mu rwego rw’akazi yagize i Kigufi ?

le témoin 68 : Ashobora kuba yarabigiriye ku Gisenyi mu mugi, yagiye mu mugi yenda gushak’abacuruzi bakabonana, ntabwo nari kumwe nawe.

L’Interprète : Peut-être qu’il en avait à Gisenyi quand il se rendait faire des contacts avec les commerçants, je n’étais pas avec lui.

Le Président : Lorsque vous avez été interrogée par le juge d’instruction, vous aviez pourtant dit que lorsque vous étiez à Kigufi, vous étiez en deuil, ce qui est tout à fait compréhensible, et que votre mari n’avait aucune activité.

L’Interprète : Ubwo wabazwaga na juge d’instruction, umucamanza w’umubiligi, wamubwiye ko ubwo mwar’i Kigufi, mwari mu cyunamo, ibyo bikaba byumvikana neza, ngo ukaba waravuze ko umugabo nta bikorwa yarafite.

Le Président : Vous avez même dit qu’il n’avait aucun contact avec des personnes extérieures, sauf celles qui venaient chez vous pour exprimer le deuil ?

L’Interprète : Wanavuze ko nta n’abantu babonanaga bagirana imishyikirano bo hanze, usibye abazaga mu rugo baje kubayagira.

le témoin 68 : Nibyo navuze,

L’Interprète : C’est ce que j’ai dit,

le témoin 68 : Ariko rero yasohokaga agiye mu mugi guhaha.

L’Interprète : Mais il sortait aussi pour se rendre en ville et faire des courses.

Le Président : Pendant que vous vous trouviez avec votre mari à Kigufi, votre mari a-t-il reçu des appels téléphoniques de la SORWAL ?

L’Interprète : Ubwo mwar’i Kigufi n’umugabo wawe, hari za telefone yabonye zivuye muri SORWAL ?

Alphonsine le témoin 68 : Telefone hagati ya za préfectures zari zarapfuye.

L’Interprète : Les téléphones inter-préfectoraux ne fonctionnaient pas.

Le Président : Pendant votre présence à Kigufi, votre mari a t’il reçu la visite de personnes de la SORWAL ?

Alphonsine le témoin 68 : Ubwo mwar’i Kigufi, harubwo umugabo wawe yasuwe n’abantu bavuye muri SORWAL ?

Alphonsine le témoin 68 : Ntabo nabonye.

L’Interprète : Je ne les ai pas vues.

Le Président : A Butare, quelles étaient les relations que votre mari entretenait avec le capitaine Ildephonse NIZEYIMANA ?

L’Interprète : I Butare umugabo wawe yarafite imibanire ki na capitaine Ildephonse NIZEYIMANA ?

Alphonsine le témoin 68 : Njyewe Ildephonse NIZEYIMANA njya umubona bwa mbere yaje mu rugo,

L’Interprète : Quand j’ai vu pour la première fois le capitaine Ildephonse NIZEYIMANA, il est venu à la maison,

Alphonsine UKAKAMANZI : Yaraje kudutira imodoka ko yaragiye kurongora ngo azagenderemo.

L’Interprète : Il venait nous emprunter notre voiture qui le déplace, comme il allait se marier.

Alphonsine le témoin 68 : Ubundi n’umuntu wadusuraga limwe na limwe.

L’Interprète : Et puis, c’est une personne qui nous rendait visite de temps en temps.

L’Interprète : Nta kintu nakongeraho.

L’Interprète : Je n’ai rien de plus à ajouter.

Le Président : Et votre mari rendait-il aussi de temps en temps visite au capitaine NIZEYIMANA ?

L’Interprète : Naho umugabo wawe harubwo limwe na limwe nawe yasuraga capitaine Ildephonse NIZEYIMANA ?

le témoin 68 : Twajyanyeyo nka gatatu.

L’Interprète: Oui, je me souviens que nous sommes allés ensemble, plus ou moins trois fois.

Le Président : Connaissez-vous un certain Innocent NKUYUBWATSI ?

L’Interprète : Waba uzi umuntu witwa Innocenti NKUYUBWATSI ?

le témoin 68 : Ntabwo muzi.

L’Interprète : Je ne le connais pas.

Le Président : Cette personne n’est jamais venue chez vous à la maison ? A Butare ?

L’Interprète : Uwo muntu ntabwo yigeze aza iwanyu mu rugo ?

le témoin 68 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : A Butare ?

L’Interprète : I Butare.

Alphonsine le témoin 68 : Oya.

Le Président : Quelles étaient les relations qu’entretenait votre mari avec l’ancien préfet de Butare, Monsieur le témoin 32 ?

L’Interprète : Umugabo wawe yarabanye ate n’umuprefe wa Butare, Bwana le témoin 32 ?

le témoin 68 : Bari babanye neza.

L’Interprète : Ils entretenaient de bonnes relations

Le Président : Ce préfet venait-il parfois en visite chez vous ?

L’Interprète : Uwo muprefe harubwo yazaga imuhira kubasura ?

le témoin 68 : We n’umuryango we baradusuraga natwe tukabasura.

L’Interprète : Lui et sa famille, il nous rendait visite et nous aussi, nous lui rendions visite.

Le Président : Parmi les personnes qui venaient vous rendre visite et auxquelles vous alliez rendre visite à Butare, y avait-il des Tutsi autres que Monsieur le témoin 32 ?

L’Interprète : Mu bantu bazaga kubasura kandi namwe mukajya kubasura, harimo abandi batutsi uretse le témoin 32,

Alphonsine le témoin 68 : Harimo membres ba ROTARY kuko n’umugabo wanjye yari umu ROTARY.

L’Interprète : Il y avait notamment membres de la Loterie comme mon mari était aussi membre de la Loterie.

Le Président : Rotary, c’est pas la Lotterie.

le témoin 68 : N’umuryango wa mama kuko nawe ari umututsi kazi kandi iwabo ar’i Butare.

L’Interprète : Il y avait aussi la famille de ma mère, comme elle aussi est Tutsi et qu’elle est originaire de Butare.

le témoin 68 : Na marraine wanjye n’umututsikazi kandi nawe n’umunyabutarekazi kandi nabo baradusuraga.

L’Interprète : Ma marraine est également une Tutsi et aussi de Butare, et eux aussi nous rendent visite.

Le Président : Et parmi les personnes qui vous rendaient visite et auxquelles vous rendiez visite à Kigufi, y avait-il des Tutsi ?

L’Interprète : No mu bantu babasuraga i Kigufi namwe kandi mukabasura, harimo n’abatutsi ?

le témoin 68 : Bari barimo.

L’interprète : Il y en avait.

Le Président : De qui s’agissait-il ?

L’Interprète : Bande ?

Alphonsine le témoin 68 : Natanga urugero rwo kwa KABUTURA Felix.

L’Interprète : Je peux donner l’exemple de KABUTURA Félix.

Le Président : Lorsque vous étiez à Kigufi au mois d’avril et mai 1994, votre mari a t-il quitté Kigufi pour se rendre à Butare ?

L’Interprète : Ubwo mwar’i Kigufi mu kwa kane n’ukwa gatanu, harubwo umugabo wawe yavuye i Kigufi agiye i Butare ?

le témoin 68 : Yagiyeyo.

L’Interprète : Oui, il s’y est rendu.

Le Président : Vous savez situer l’époque à laquelle il aurait quitté Kigufi pour se rendre à Butare ?

L’Interprète : Wamenya igihe ibyo bintu byabereye, ava i Kigufi ajya i Butare ?

le témoin 68 : Ndumva ar’impera z’ukwa kane cyangwa ugutangiriza kwa gatanu.

L’Interprète : Je pense que c’est fin avril ou alors début mai

Le Président : Vous a-t-il dit pourquoi il se rendait à Butare ?

L’Interprète : Yaba yarakubwiye icyari cyimujyanye i Butare ?

le témoin 68 : Gufungura uruganda.

L’Interprète : La réouverture des activités de l’usine.

Le Président : Lorsque vous étiez à Butare et lorsque vous étiez à Kigufi, votre mari avait-il des activités politiques publiques ?

L’Interprète : Ubwo mwar’i Butare cyangwa se ubwo mwar’i Kigufi, har’ibikorwa bya politike mu ruhame umugabo wawe yarafite ?

le témoin 68 : Ntacyo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Avait-il des activités politiques privées, en petits groupes ?

L’Interprète : Haribyo yarafite ku buryo bwe bwite nko mu dutsina duto ?

le témoin 68 : Ntacyo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Non ?

L’Interprète : Non.

Le Président : Vous-même, à Butare et à Kigufi, aviez-vous des activités politiques ?

L’Interprète : Wowe ubwawe n’i Kigufi, har’ibikorwa bya politike warufite ?

le témoin 68 : Ntacyo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Votre mari ne faisait-il pas partie du comité préfectoral MRND de Gisenyi ?

L’Interprète : Umugabo wawe ntabwo yari muri comité ya prefectura ya Gisenyi ?

le témoin 68 : Yarayirimo.

L’Interprète : Il était membre, il y était membre.

Le Président : Pendant votre séjour, en avril et mai 1994, ce comité préfectoral a-t-il eu des activités ?

L’Interprète : Ubwo mwariyo mu kwa kane n’ukwa gatanu, iyo comité ya prefectura har’imirimo yakoze ?

le témoin 68 : Ntayo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Votre mari était-il en relation, et vous-même éventuellement, étiez-vous en relation avec Robert KAJUGA ?

L’Interprète : Umugabo wawe cyangwa ubwawe, harubwo mwari mufitanye umubonano na Robert KAJUGA,

Alphonsine le témoin 68 : Nta nubwo Robert KAJUGA muzi.

L’Interprète : Je ne connais même pas Robert KAJUGA.

Le Président : Bien. Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître LARDINOIS ? D’abord le 6ème juré, même s’il a été moins rapide pour une fois que Maître LARDINOIS !

Le 6e Juré : Merci, Monsieur le président. Vous pouvez demander au témoin qui leur a appris que le voisin a été tué ?

Le Président : Vous avez expliqué tout à l’heure Madame que vous avez appris à Gisenyi que vous aviez appris lorsque vous étiez à Gisenyi que votre voisin Benoît le témoin 123 et sa famille avaient été tués. Savez-vous préciser qui vous a donné ce renseignement ?

L’Interprète : Wavuze mu kanya ko mwamenye ko umuturanyi wanyu Benoît le témoin 123 yapfuye. Wamenya uwabahaye iyo nkuru ?

Alphonsine le témoin 68 : Iyo nkura twayihawe n’umuntu w’umukozi wa BRALIRWA waruvuye ku kazi, adusanze kwa SINGAYE.

L’Interprète : Cette information, nous l’avons eue d’un employé de la BRALIRWA qui nous a rejoints, qui nous a trouvés en quittant son service, chez SINGAYE.

Le Président : Vous connaissez encore le nom de ce membre de la BRALIRWA ?

L’Interprète : Waba ukibuka izina ry’uwo mukozi wa BRALIRWA.

le témoin 68 : Ndamwibuka yitwa KARAMBIZI.

L’Interprète : Oui, je me souviens de son nom, il s’appelle KARAMBIZI

Le Président : Oui. Une autre question ? Maître LARDINOIS.

Me. LARDINOIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Le témoin nous a dit qu’il a quitté Gisenyi le 14 avril 94 pour, je pense, rentrer en Belgique.

Le Président : Le 14 mai !

Me. LARDINOIS: Le 14 mai, oui, pardon 1994. Est-ce que son époux est resté à Kigufi après son départ ?

Le Président : Lorsque vous avez quitté Kigufi pour finalement rejoindre la Belgique où… votre mère était en Belgique, je crois ?

L’Interprète : Ubwo wavaga i Kigufi uje mu Bubiligi, mama wawe yari mu Bubiligi ?

le témoin 68 : Hm.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Quand vous avez quitté Kigufi, votre mari est-il resté lui, à Kigufi ?

L’Interprète : Hanyuma ubwo wavaga i Kigufi, umugabo wawe we yahamye i Kigufi ?

le témoin 68 : Yarasigaye.

L’Interprète : Oui, il y est resté.

Le Président : De la Belgique, avez-vous eu des contacts téléphoniques avec lui ?

L’Interprète : Uri mu Bubiligi, harubwo mwatelefonanye nawe ?

le témoin 68 : We yashoboraga kuduhamagara kuko yahamagariraga i Ngoma.

L’Interprète : Lui, il pouvait nous téléphoner puisqu’il nous téléphonait à partir de Ngoma.

Le Président : Vous avez eu plusieurs contacts téléphoniques alors entre Ngoma et la Belgique ?

L’Interprète : Ibyo gutelefona byabaye kenshi, ubwo yatelefoneraga i Ngoma ?

le témoin 68 : Niba mbyibuka neza ni nka gatatu.

L’Interprète : Si mes souvenirs sont bons, c’est plus ou moins trois fois.

Le Président : D’autres questions ?

Me. LARDINOIS : Oui, dans la foulée de cette question-là, est-ce que vous pouvez demander au témoin si, effectivement, après son départ de Gisenyi le 14 mai, est-ce que son époux n’aurait pas été habiter dans le centre ville de Gisenyi, et non plus à Kigufi ?

Le Président : Alors, vous qui n’étiez plus là, avez-vous appris que votre mari aurait peut-être été loger ailleurs qu’à Kigufi ?

L’Interprète : Ubwo wari waragiye, waba warumvishe ko umugabo wawe hari ahandi hantu yatuye hatar’i Kigufi ?

le témoin 68 : Ageze ino yarabimbwiye.

L’Interprète : Oui, quand il est arrivé ici, il me l’a dit.

Alphonsine le témoin 68 : Twari ducumbikiye umuryango wa le témoin 35,

L’Interprète : Nous logions la famille de Monsieur le témoin 35,

Alphonsine le témoin 68 : Ko bari bimutse rero bavuye i Kigufi bagiye gutura mu mugi,

L’Interprète : Comme il venait de déménager et quitter Kigufi pour aller habiter en ville,

Alphonsine le témoin 68 : Banze kumusiga wenyine, baramubwiye ngo aze ngo bamucumbikire kuko nawe yari yarabacumbikiye.

L’Interprète : Ils n’ont pas voulu le laisser tout seul, et ils lui ont proposé de venir, qu’ils l’hébergent comme lui aussi les avait hébergés.

Le Président : Donc, vous dites que votre mari serait allé loger chez Monsieur le témoin 35 ?

L’Interprète : Uravuga ko umugabo wawe yari yaragiye gucumbika kwa Bwana le témoin 35 ?

le témoin 68 : Yee, nibyo navuga.

L’Interprète : Oui, c’est ce que je dirais.

Le Président : Bien. Une autre question ?

Me. LARDINOIS : Oui, Monsieur le président. Est-ce que, quand son époux est allé habiter au centre de Gisenyi dans la famille de Monsieur le témoin 35, est-ce qu’il était accompagné de l’épouse de Monsieur Séraphin RWABUKUMBA ?

Le Président : De Séraphin ?

Me. LARDINOIS : RWABUKUMBA, qui est un beau-frère du président

Le Président : Alors, votre mari, lorsqu’il logeait chez la famille le témoin 35, était-il en compagnie de l’épouse de Monsieur RWABUKUMBA ?

L’Interprète : Ubwo umugabo wawe yaracumbitse kwa le témoin 35 yari kumwe n’umugore wa RWABUKUMBA ?

le témoin 68 : Bari bari kumwe kubera yuko umugore wa le témoin 35 ari murumuna we.

L’Interprète : Oui, ils étaient ensemble puisque la femme du témoin 35, c’est sa petite sœur.

Le Président : La petite soeur de qui ?

L’Interprète : Murumuna wande ?

le témoin 68 : Murumuna wa RWABUKUMBA.

L’Interprète : La petite sœur de RWABUKUMBA.

Alphonsine le témoin 68 : De la femme.

L’Interprète : La petite sœur de la femme de RWABUKUMBA.

Le Président : La petite soeur de la femme de RWABUKUMBA est donc l’épouse du témoin 35 ?

le témoin 68 : Hm.

L’Interprète : Oui, c’est exact.

Le Président : Ca ressemble au fond à une annexe de l’Akazu.

L’Interprète : N’ukuvuga ko aricyometse ku Kazu.

le témoin 68 : Niba aruko babyumva.

L’Interprète : Si c’est comme cela que vous le comprenez.

Le Président : Au fond, Madame, toutes ces personnes étaient originaires de Gisenyi ?

L’Interprète : Abo bose bakomokaga ku Gisenyi ?

le témoin 68 : Hm.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Alors, cette origine géographique ne peut-elle pas expliquer qu’en outre, il y a des liens familiaux qui se créent ?

L’Interprète : Kub’abantu bose baturuka mu gace kamwe ntabwo bishobora gusobanura ukuntu imibanire yavuka iturutse kuriyo mituranire nko mu karere ?

Alphonsine le témoin 68 : Iyo umuntu agiye gushaka umugore cyangwa umugabo, ashaka uwo begeranye, uwo baturanye, uwo baziranye.

L’Interprète : Quand on va chercher une épouse ou bien un mari, on cherche celui ou celle qui est son voisin ou sa voisine, qu’on connaît.

Le Président : Bien, une autre question Maître LARDINOIS ?

Me. LARDINOIS : Oui, Monsieur le président. Si vous voulez bien demander au témoin si, pour marquer son mécontentement vis-à-vis du président, il n’eut pas été plus logique de quitter le MRND pour un vrai parti d’opposition, comme le MDR. Je n’ose pas dire le FPR, mais… ?

Le Président : Qu’est-ce qui vous a fait choisir la CDR, plutôt qu’un autre parti politique pour marquer votre mécontentement à l’égard du sort qui était réservé à votre mari ?

L’Interprète : N’iki cyatumye uhitamo CDR ntuhitemo irindi shyaka, kugirango ugaragaze ko utishimye cyangwa se uburakari wari watewe nibyakorewe umugabo wawe ?

Alphonsine le témoin 68 : Ngitangira ndumva icyo kibazo nagisobanuye.

L’Interprète : Au début, je crois que j’ai expliqué ce problème.

Le Président : C’était le deuxième parti, avez-vous dit !

L’Interprète : Wavuze ko ryar’ishyaka rya kabili.

le témoin 68 : Muri precture ya Gisenyi.

L’Interprète : Oui…

Le Président : Dans la préfecture de Gisenyi.

L’Interprète : Oui.

Me. LARDINOIS : Est-ce que, d’après le témoin le MRND et la CDR n’ont pas formé une alliance, à partir de novembre 92 ?

Le Président : Le MRND et la CDR étaient-ils alliés ?

L’Interprète : MRND na CDR bari kumwe ?

le témoin 68 : Ntabwo nabimenya ko ntakoraga politike.

L’Interprète : Je ne peux pas le savoir puisque je ne faisais pas la politique.

Le Président : D’autres questions ? Maître NKUBANYI et puis Maître BEAUTHIER.

Me. NKUBANYI : Merci, Monsieur le président. Le témoin nous a appris les circonstances dans lesquelles il a appris la mort de la famille le témoin 123, de la part d’un certain KARAMBIZI. Est-ce que, arrivé à Kigufi, le témoin a-t-il cherché à savoir davantage les circonstances de la part de ses domestiques le témoin 3 et le témoin 12 ?

Le Président : Avez-vous, lorsque vous êtes arrivés à Kigufi, essayé d’avoir des renseignements précis sur les circonstances de la mort de Benoît RWAMANIWA et de sa famille ?

L’Interprète : Ugeze i Kigufi, waba waragerageza kumenya imipfire ya le témoin 123 n’umuryango we ?

le témoin 68 : Bwana président,

L’Interprète : Monsieur le président,

Le Président : Oui ?

Alphonsine le témoin 68 : Nanjye ubwanjye nari napfushije,

L’Interprète : Moi-même, j’avais perdu un membre de la famille,

Alphonsine le témoin 68 : Narimfite akababaro gahagije,

L’Interprète : J’avais un chagrin énorme,

L’Interprète : Ce chagrin, je l’ai encore maintenant,

Alphonsine le témoin 68 : Ntabwo numva ukuntu bakomeza kumbaza ngo niba, ko haricyo naba narakoze,

L’Interprète : Je ne comprends pas pourquoi on continue à me demander ce que j’aurais fait,

Alphonsine le témoin 68 : Ku rupfu rwo kwa le témoin 123,

L’Interprète : A propos de la mort de la famille le témoin 123,

Alphonsine le témoin 68 : Kuko icyo gihe nanjye narindi mu kiriyo.

L’Interprète : Car, à ce moment-là, moi-même, j’étais en deuil.

Alphonsine le témoin 68 : Mfite n’abana ngomba kwitaho.

L’Interprète : Et j’avais les enfants aussi dont je devais m’occuper.

le témoin 68 : Bari babuze se,

L’Interprète : Ils venaient de perdre leur père,

Alphonsine le témoin 68 : Mama wabo ntawuhari ari mu bitaro,

L’Interprète : Leur mère n’était pas là, elle était hospitalisée,

Alphonsine le témoin 68 : Ibibazo narimfitebyihutirwa byar’ibyongibyo.

L’Interprète : Les problèmes urgents auxquels je devais trouver solution, étaient ceux-là.

Le Président : Vos domestiques le témoin 3 et le témoin 12 vous ont-ils informé de ce qui s’était passé chez les voisins ?

L’Interprète : Abakozi banyu, le témoin 3 na le témoin 12 baba barababwiye ibyaba byarabaye, uko byari byagendekeye uwo muturanyi ?

le témoin 68 : Ntacyo.

L’Interprète : Non, rien.

Le Président : Une autre question ?

Me. NKUBANYI : Oui, Monsieur le président, une dernière. Quand vous étiez, quand le témoin était à Kigufi, est-ce qu’il a constaté beaucoup de voitures dans la parcelle, est-ce qu’il y avait des voitures inconnues, des voitures qui n’appartenaient pas à la famille ?

Le Président : Lorsque vous étiez à Kigufi, avez-vous constaté que sur la parcelle de votre terrain, se trouvaient éventuellement des voitures qui seraient restées, pas des voitures de gens qui viennent en visite et qui repartent, mais des voitures qui seraient restées et qui n’appartenaient pas à vous ou à votre famille.

L’Interprète : Ubwo war’i Kigufi, waba warabonye mu rugo rwanyu har’imodoka nyinshi, n’ukuvuga imodoka zari zihahagaze zahahamaga, atar’izazaga gusa kubasura zikongera zikagenda zitar’izumuryango wanyu ?

le témoin 68 : Har’imodoka 4,

L’Interprète : Il y avait quatre véhicules,

Alphonsine le témoin 68 : Hari Cresida ya le témoin 35,

L’Interprète : Il y avait la Cresida d’le témoin 35,

Alphonsine le témoin 68 : Hari Mercedes y’umugabo wanjye,

L’Interprète : Il y avait la Mercedes de mon mari,

Alphonsine le témoin 68 : Hari Mercedes-Jeep ya data,

L’Interprète : Il y avait la jeep Mercedes de mon père,

Alphonsine le témoin 68 : Na Ford Lana ya SORWAL.

L’Interprète : Et il y avait une Ford Lana de la SORWAL.

Alphonsine le témoin 68 : Niyo mamodoca yonyine yarahari.

Le Président : Ce sont les seules voitures qui étaient là-bas.

Le Président : Une autre question ? Maître BEAUTHIER ?

Me. BEAUTHIER : Merci, Monsieur le président. C’est une toute petite question, Madame pourrait-elle nous dire si, avant son départ en Belgique, son mari lui a parlé de ce qu’il travaillait dans l’intérêt de la République avec le Zaïre ?

Le Président : Avant votre départ pour la Belgique, avez-vous entendu votre mari parler de travail avec le Zaïre ?

L’Interprète : Mbere yuko ujya mu Bubiligi, umugabo wawe yaba yarakubwiye ibyerekeye umurimo yakoranaga na Zaïre, werekeye ibya ZaPire ?

Alphonsine le témoin 68 : Ndumva icyo kibazo kidasobanuye, bansobanurira neza.

L’Interprète : A mon avis, cette question n’est pas très claire, serait-il possible de m’expliquer davantage ?

Le Président : Avant que vous ne quittiez Kigufi,

L’Interprète : Mbere yuko uva i Kigufi,

Le Président : Votre mari vous a-t-il dit,

L’Interprète : Umugabo wawe yaba yarakubwiye,

Le Président : Qu’il travaillait,

L’Interprète : Ko yakoraga,

Le Président : Avec le Zaïre ?

L’Interprète : Akorana na Zaïre ?

le témoin 68 : Nababwiye ko, kuva kare ko,

L’Interprète : Je vous ai dit depuis le début que,

Alphonsine le témoin 68 : Abagabo bacu iyo bakora,

L’Interprète : Quand nos maris travaillent,

Alphonsine le témoin 68 : Ibyo bakora by’akazi ntabwo babizana mu rugo.

L’Interprète : Ce qu’ils font relativement au travail, n’arrivait pas jusqu’au niveau du ménage.

Alphonsine le témoin 68 : Iby’akazi n’akazi, ashobora kubikora ntaze ngo ambwire ko yabikoze, ko ariby’akazi.

L’Interprète : Ce qui concerne le travail concerne le travail.

L’Interprète : Il peut le faire et ne pas venir me dire : « Je l’ai fait », puisque ça ne concerne que le travail.

Le Président : Votre mari vous avait-il dit qu’on fabriquait des allumettes à la SORWAL ?

L’Interprète : Umugabo wawe yaba yarakubwiye ko muri SORWAL bakoraga ibibiriti ?

le témoin 68 : Ibyo ntabwo narinkeneye ko abimbwira kuko byari bizwi ko SORWAR ikora ibibiriti.

L’Interprète : Je n’avais pas besoin qu’il me le dise, car c’était connu que la SORWAL fabriquait des allumettes.

Le Président : D’autres questions ? Maître HIRSCH ?

Me. HIRSCH : Merci, Monsieur le président. Est-ce que le témoin peut confirmer que le jour où son mari a été entendu par le juge d’instruction et qu’il a été inculpé et arrêté, elle-même a également été inculpée par le juge d’instruction Damien VANDERMEERSCH ?

Le Président : Avez-vous été inculpée par le juge d’instruction ?

le témoin 68 : Hm.

L’Interprète : Oui.

Me. HIRSCH : Deuxième question, Monsieur le président. Est-ce que le témoin peut-il nous dire si le colonel BAGOSORA se trouvait à Gisenyi durant le week-end de Pâques ?

Le Président : Pendant le week-end de Pâques 1994, le colonel BAGOSORA se trouvait-il à Gisenyi ?

L’Interprète : Muri week-end ya Pasika muri 94, colonel BAGOSORA yari ku Gisenyi?

le témoin 68 : Ntabwo yarahari kandi ntabwo yagendaga mu rugo rwacu, sinigeze mubona mu rugo rwacu.

L’Interprète : Il n’y était pas et puis, il ne fréquentait pas notre famille. Je ne l’ai jamais vu dans notre famille.

Me. HIRSCH : Merci. Le témoin était à Kigali au moment de la mort du président et de son père, le 6 avril. Qu’a-t-elle fait pour avertir son mari de la mort de son père ?

Le Président : Avez-vous, de Kigali, pris contact avec votre mari pour lui annoncer la mort de votre père ?

L’Interprète : Ubwo war’i Kigali hari umushyikirano wagiranye n’umugabo kugirango umumenyeshe iby’urupfu rw’le témoin 133 wawe ?

Alphonsine le témoin 68 : Nagombaga kubimubwira. Iyo ntabimubwira se nari kubibwira inde wundi ?

L’interprète : Je devais l’informer, si je ne l’informais pas, j’allais informer qui d’autre ?

Le Président : L’avez-vous fait ?

L’Interprète : Warabikoze ?

Alphonsine le témoin 68 : Natelefonnye barumuna banjye ndababwira ngo bamuhamagare bamubwire yuko,

L’Interprète : J’ai téléphoné à mes petites sœurs et je leur ai demandé de lui dire que,

Alphonsine le témoin 68 : Data yapfuye nanjye ngiye kujya mu rugo.

L’Interprète : Mon père est mort et que, moi aussi, j’allais partir rejoindre la famille.

Le Président : Et pourquoi ne lui avez-vous pas téléphoné vous-même ?

L’Interprète : Kuki wowe ubwawe utamwitelefoneye ?

le témoin 68 : Nageze mu rugo ndamutelefona.

L’Interprète : Une fois arrivée à la maison, je lui ai téléphoné.

Me. HIRSCH : Donc, j’entends Monsieur le président, et c’est la première fois que je l’entends dans le dossier, que l’épouse de Monsieur HIGANIRO lui a téléphoné une fois revenue à la maison. Cela veut dire le 6 avril ?

Le Président : C’est le 6 avril que vous avez téléphoné à votre mari ?

L’Interprète : Ni kw’italiki ya 6 watelefonnye umugabo wawe ?

le témoin 68 : Nijoro.

L’Interprète : Oui, dans la nuit.

Me. HIRSCH : Est-ce que le témoin peut nous dire d’où elle a téléphoné à son mari ?

le témoin 68 : Namutelefonnye ndi mu nzu ya data.

L’Interprète : Je lui ai téléphoné de la maison de mon père

Le Président : Et vous avez téléphoné de la maison de votre père à la maison de Butare ?

Me. HIRSCH : Est-ce que le témoin peut nous préciser vers quelle heure ?

le témoin 68 : Ntabwo amasaha nayibuka.

L’Interprète : Je ne me souviens plus des heures.

Me. HIRSCH : Est-ce que Monsieur HIGANIRO avait déjà eu le contact téléphonique avec ses belles-soeurs ?

Le Président : Lorsque vous avez eu cet entretien téléphonique avec votre mari, dans la nuit du 6 au 7 avril, avez-vous compris dans cette conversation qu’il était déjà informé de la mort de votre père ?

L’Interprète : Ubwo wamutelefonaga mw’ijoro ryo kuwa 6 rijya uwa 7 mu kwa kane, wari wamaze kumenya iby’urupfu ry’le témoin 133 wawe ?

le témoin 68 : Yari yabimenye.

L’Interprète : Il l’avait appris

Le Président : Vous a-t-il dit comment il l’avait appris ?

L’Interprète : Yaba yarakubwiye uburyo yari yabimenye ?

Alphonsine le témoin 68 : Yambwiye yuko umuntu wa mbere wabimubwiye mbere yuko barumuna banjye bamutelefona ari Jeanne le témoin 32.

L’Interprète : Il me l’a dit, il m’a dit que la personne qui lui avait… avant que ma petite sœur ne lui téléphone, c’était Jeanne le témoin 32.

Le Président : Jeanne le témoin 32, c'est-à-dire…

La fille du président ?

L’Interprète : Yab’arinde Jeanne le témoin 32 ?

Le Président : La fille du président ?

L’Interprète : N’umukobwa wa prezida ?

le témoin 68 : Hm.

L’Interprète : Oui.

Me. HIRSCH : Est-ce que le témoin connaît Monsieur KABERA qui est garde du corps du président ?

Le Président : Connaissiez-vous Monsieur KABERA, garde du corps du président ?

L’Interprète : Waba uzi umuntu witwa KABERA warindaga prezida ?

le témoin 68 : Ntabwo muzi uwo.

L’Interprète : Celui-là, je ne le connais pas

Me. HIRSCH : Merci. Est-ce que le témoin peut nous dire… elle a été au standard téléphonique chez la femme du président pendant plusieurs jours, ce qui résulte de sa propre déclaration. A qui répondait-elle au téléphone et quels sont les messages qu’elle donnait elle-même juste après la mort du président et de son père ?

Le Président : Vous vous êtes occupée du standard téléphonique…

Me. HIRSCH : De la présidence.

Le Président : De la présidence ?

L’Interprète : Waba waragiye kujya witaba telefone zo muri présidence ?

Alphonsine UKAKAMANZI : Ntabwo nigeze nitaba telefone zo muri présidence.

L’Interprète : Je n’ai jamais répondu au téléphone de la présidence.

Me. HIRSCH : Merci.

Le Président : Plus d’autre question ? Monsieur le 6ème juré ?

Le 6e Juré : Vous pouvez demander au témoin, cela faisait combien de temps que Monsieur Benoît le témoin 123 habitait à côté de chez eux ?

Le Président : Savez-vous depuis combien de temps Monsieur Benoît le témoin 123 et sa famille habitaient à côté de votre villa, à Kigufi ?

L’Interprète : Wamenya igihe cyari gishize Benoît le témoin 123 ari umuturanyi wanyu i Kgufi ?

le témoin 68 : Ntabyo nzi.

L’Interprète : Non, je ne le sais pas

Le Président : Etait-ce quelques semaines, quelques mois ?

L’Interprète : Hari hashize ibyumweru bike, amezi make se… ?

Alphonsine le témoin 68 : Bishobora kub’ari amezi makeya ariko ntabwo nibuka uko angana.

L’Interprète : C’est peut-être peu de mois, mais je ne me souviens pas combien.

Le 6e Juré : Et, est-ce qu’ils l’ont déjà invité chez eux ?

Le Président : Je crois qu’elle a déjà répondu. Vous aviez déjà invité Monsieur le témoin 123 chez vous ?

L’Interprète : Harubwo mwigeze mumutumira iwanyu, le témoin 123 ?

le témoin 68 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : D’autres questions ?

Le 6e Juré : Combien de temps a duré le deuil de votre père ?

L’Interprète : Icyunamo cy’le témoin 133 wawe cyamaze igihe kimaze iki ?

Alphonsine le témoin 68 : Kugeza ga nubu turacyakirimo kubera yuko turari twamushyingira.

L’Interprète : Jusqu’à présent, le deuil continue puisque nous ne l’avons pas encore enterré.

Le 6e Juré: D’accord, mais le deuil, c’est tout de même… j’imagine une période pendant laquelle on ne fait rien et on se consacre uniquement à la tristesse de la disparition ; je suppose que c’est une période qui est quand même réduite, même dans ce cas-là.

L’Interprète : N’ukuvuga ko icyunamo ar’igihe gishira, umuntu ntagire ikindi kindi akora usibye kwita kuri uwo muntu witabye Imana, icyo gihe kutagira ikint’umuntu yakora, kikaba yenda cyaba gitoya kurushaho nubwo byaba ari mu bintu nk’ibyo.

le témoin 68 : Kugeza mvuye mu Rwanda nari nkiri mu kiriyo na nubu nababwiye ko nkiri mu kiriyo kuko atarashyingurwa.

L’Interprète : Jusqu’à mon départ du Rwanda, j’étais encore dans mon deuil et, même maintenant, je poursuis mon deuil puisqu’il n’est pas encore inhumé.

Le 6e Juré : Est-ce que vous pouvez expliquer pour quelles raisons votre mari n’est pas retourné à la SORWAL au début de mai 94 au moment où le travail a repris ?

L’Interprète : Wasobanura icyatumye umugabo wawe adasubira muri SORWAL muntangiriro z’ukwezi kwa kane kandi akazi kari kamaze gutangira ?

le témoin 68 : Hari mu kiriyo.

L’Interprète : Nous étions en deuil.

Le 6e Juré : A cause de ce deuil. C’est l’explication ?

L’Interprète : N’ukubera impamvu z’icyo kiriyo, niko usobanura ko atasubiyeyo ?

le témoin 68 : Hm.

L’Interprète : Oui.

Le 6e Juré : Et que faisait votre mari toute la journée puisque vous dites qu’il n’allait pas à Gisenyi, sauf pour des courses de temps en temps, disiez-vous. Que faisait votre mari toute la journée, depuis le 12 avril jusqu’au 14 mai, moment de votre départ ?

L’Interprète : Umugabo wawe yakoraga iki kuva mu gitondo kugera nimugoroba, ko wavuze ko nta kindi kintu yakoraga usibye kuba yajya guhaha ku Gisenyi, ubundi yakoraga iki ?

le témoin 68 : Twabaga turi kumwe mu rugo.

L’Interprète : Nous étions ensemble à la maison.

Le 6e Juré : Pas de précisions ?

L’Interprète : Ntabwo wasobanura kurushaho ?

Alphonsine le témoin 68 : Ntacyo nasobanura kurushaho kuko twilirwaga mu rugo, twabaga turi mu rugo twakira abashyitsi baje kudusura, baje kubera ko twari twapfushije.

L’Interprète : Je ne peux pas expliquer davantage puisque nous étions en train d’accueillir des visiteurs qui venaient nous voir et nous exprimer leurs condoléances, puisque nous avions perdu quelqu’un.

Le Président : Une autre question ? Maître BEAUTHIER ?

Me. BEAUTHIER : Monsieur le président, le témoin pourrait-elle nous dire si son mari, puisqu’ils sont arrivés à Bruxelles et elle-même ont parlé de la lettre et de l’échange de lettre de Monsieur ou à Monsieur le témoin 21 et qu’est-ce qu’il a pu lui en dire ?

Le Président : Votre mari qui, au Rwanda ne vous parlait jamais de ses activités professionnelles, vous a-t-il, une fois son retour en Belgique, parlé de la lettre qu’il aurait reçue de Monsieur le témoin 21 à Kigufi et de la réponse qu’il lui aurait faite ?

L’Interprète : Umugabo wawe, nubwo atajyag’agira icyo akubwira ku byerekeye akazi ubwo mwari mu Rwanda, aho agereye mu Bubiligi, yaba yarakubwiye iby’ibarwa yandikiye le témoin 21 Martini n’igisubizo yaba yarayigeneye ?

le témoin 68 : Ageze ino yambwiye yuko,

L’Interprète : Une fois arrivé ici, il m’a dit que,

le témoin 68 : Yacuruje ibibiriti,

L’Interprète : Il avait vendu les allumettes,

Alphonsine le témoin 68 : Ambwira yuko Martini amwoherereje rapport,

L’Interprète : Il m’a dit que Martin lui avait envoyé un rapport,

le témoin 68 : Akamusubiza.

L’Interprète : Et qu’il avait répondu.

le témoin 68 : Nta kindi.

L’Interprète : Rien de plus.

Le Président : Une autre question ? Maître HIRSCH

Me. HIRSCH : Merci, Monsieur le président. Est-ce que le témoin peut confirmer, à propos de ses relations avec ses voisins, qu’elle a déclaré ceci : « Je ne fréquentais pas mes voisins cela ne m’intéressait pas. Je sais que l’homme qui dirigeait le dispensaire était marié et je n’ai jamais vu sa femme et je ne sais pas s’il avait des enfants. Je ne les ai jamais vus. Sur interpellation, mes enfants ne jouaient jamais avec des enfants habitants ce même quartier ».

Le Président : Vous souvenez-vous, Madame, de cette déclaration et la confirmez-vous ?

L’Interprète : Uribuka ibyongibyo ko waba warabivuze mbere, ukaba wongera kubyemera, kubihamya ?

le témoin 68 : Nabivuze, nabisobanuye.

L’Interprète : Je l’ai dit, je l’ai expliqué.

Me. HIRSCH : Est-ce que, Monsieur le président, le témoin peut confirmer qu’après la mort de son père et du président, elle a déclaré ceci : « J’étais tout près du téléphone à la présidence et j’ai commencé à répondre pour me rendre utile. Il n’y avait rien de spécial dans ces coups de téléphone. Depuis que j’ai été au téléphone dans la résidence, Madame le témoin 32 répondait aux coups de téléphone que je lui passais mais je ne l’ai pas vue téléphoner ». Donc, c’est elle qui passait le téléphone à Madame le témoin 32. Peut-elle confirmer cela ?

Le Président : Vous souvenez-vous de cette déclaration, Madame ?

L’Interprète : Waba wibuka biriya ko wabivuze ?

le témoin 68 : Ndabyibuka.

L’Interprète : Je me souviens.

Le Président : Vous confirmez avoir donc joué un petit peu à la téléphoniste ?

L’Interprète : Ukaba wemera, ugahamya ko waba warakoze nk’uwo mulimo w’umuntu witaba za telefone ?

Alphonsine le témoin 68 : Ndabyemeza ariko ndacorrija avocat kubera ko ntabaga muri présidence ya repubulika, nari kwa prezida mu rugo.

L’Interprète : Je le confirme mais je corrige Madame l’avocate, ce n’était pas la présidence de la République. C’était à la résidence, dans la maison, chez le président à la maison.

Le Président : Donc dans la résidence privée du président et pas dans le bâtiment officiel ? C’est ça que vous voulez dire ?

L’Interprète : Oui

Me. HIRSCH : Une dernière question Monsieur le président, le témoin sait-il qu’on impute à Madame le témoin 32 juste après la mort du président d’avoir donné personnellement, aidé des deux sœurs du président qui se trouvaient avec elles et qui sont religieuses, l’ordre d’exécuter NDASINGWA Landouard, ministre du travail, RUGOGOSA, ministre de l’information, KAVARUGANDA, président de la Cour suprême dont on a déjà parlé, et Agathe UWILINGIYIMANA, premier ministre.

Le Président : Ces personnes, Madame le témoin 32 n’est pas poursuivie ici et donc je ne vais pas poser la question. Y a-t-il une autre question ? Maître CUYKENS.

Me. CUYKENS : Monsieur le président, est-ce que vous pourriez demander au témoin si l’inculpation dont elle a fait l’objet chez Monsieur le juge d’instruction VANDERMEERSCH a bien fait l’objet d’un non-lieu ?

Le Président : Je comptais le signaler.

Me. CUYKENS : Je vous remercie.

Le Président : Je comptais signaler, je crois même que cela a été signalé dans l’acte d’accusation, que Madame MUKAKAMAMZI Alphonsine avait fait l’objet d’une décision de non-lieu, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas lieu à la poursuite, nonobstant l’inculpation intervenue. Oui, Maître CUYKENS ?

Me. CUYKENS : Oui. Deuxième question, juste pour que Madame le témoin 68 nous décrive un petit peu le nombre de personnes qui débarquant avec elle et Monsieur HIGANIRO à Kigufi et qui vont y résider en tout cas le temps qu’elle sera là.

Le Président : Oui, pouvez-vous expliquer au fond, qui arrive avec vous à Kigufi le 12 avril et qui va résider pendant un certain temps dans cette villa de Kigufi ?

L’Interprète : Wasobanura, ukavug’abantu mwageranye i Kigufi, kandi mukagumya kuhabana ?

Le Président : Il y a votre mari,

L’Interprète : Hariho umugabo wawe,

le témoin 68 : N’abana banjye babiri,

L’Interprète : Mes deux enfants,

le témoin 68 : Na bene mama,

L’Interprète : Mes frères et sœurs, et les enfants de ma mère.

Le Président : Ca fait combien de frères et soeurs ?

L’Interprète : Abavandimwe bawe nibangahe ?

Alphonsine le témoin 68 : Twese hamwe turi 8 ariko uwa 7 baramwishe.

L’Interprète : Nous sommes nés au nombre de 8 mais le 7ème enfant a été tué.

Le Président : Donc, vous aviez, là-bas à Kigufi, six frères et sœurs ?

L’Interprète : N’ukuvuga rero ko i Kigufi warufite abavandimwe base 6 ?

Le Président : Ou 7, 7 frères et soeurs ?

L’Interprète : Cyangwa 7 ?

le témoin 68 : Ntabwo twari turi kumwe i Bugufi, abo twari turi kumwe i Kigufi,

L’Interprète : Ceux qui étaient avec nous à Kigufi,

le témoin 68 : Hari basaza banjye babiri,

L’Interprète : Il y avait deux de mes frères,

le témoin 68 : Na barumuna banjye babiri,

L’Interprète : Deux petites sœurs.

le témoin 68 : Ubwo bari bane.

L’Interprète : Ils étaient au nombre de quatre.

Le Président : Quatre.

le témoin 68 : Hakaba le témoin 35 n’umugore we,

L’Interprète : Il y avait aussi le témoin 35, son épouse,

le témoin 68 : N’abana be bane,

L’Interprète : Ses quatre enfants,

Alphonsine le témoin 68 : Hakaba n’abana babiri ba mukuru wa le témoin 35.

L’Interprète : Il y avait deux neveux de la femme du témoin 35.

le témoin 68 : Narimfite n’abana ba NZIRORERA babiri,

L’Interprète : Il y avait aussi deux enfants de NZIRORERA,

le témoin 68 : Hari n’abandi bana narimfite ba mushiki ba papa babiri,

L’Interprète : J’avais aussi deux enfants, de ma tante paternelle,

le témoin 68 : Hakaba n’abakozi.

L’Interprète : Il y avait aussi des employés de maison.

le témoin 68 : N’abasirikare twavuze kare.

L’Interprète : Il y avait aussi des militaires dont nous avons parlé plus haut.

Le Président : Bien, une autre question ? Oui, Maître LARDINOIS ?

Me. LARDINOIS : Excusez-moi, Monsieur le président, mais suite à la réponse que vient de donner Madame le témoin, je ne comprends plus très bien. Elle nous dit qu’le témoin 35, son épouse et ses enfants résidaient dans leur résidence à Kigufi, alors qu’elle a déclaré tout à l’heure qu’après le 15 mai, son mari est allé habiter dans la maison d’le témoin 35 dans la maison.

Le Président : Je n’y vois pas de contradiction puisqu’elle vous a parlé tantôt d’une situation après son départ, et elle vous parle maintenant d’une situation à son arrivée.

Me. LARDINOIS: Mais, pouvez-vous demander au témoin...

Le Président : Enfin sérieusement, Maître LARDINOIS, cela va-t-il faire avancer le Schmilblick ?

Me. LARDINOIS : Très bien.

Le Président : Y a-t-il une autre question ? S’il n’y a plus de questions, les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous venez de faire ? Persistez-vous dans ces déclarations ?

L’Interprète : Uremeza ugahamya ibyo umaze kuvuga ?

le témoin 68 : Ndabyemeje.

L’Interprète : Je les confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer librement de votre temps, Madame.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye ibyo urubwiye, ushobora kugenda ukikorera ibyo ushaka.

le témoin 68 : Murakoze.

L’Interprète : Merci.

Le Président : Oui, le témoin MPFIZI ne s’est pas présenté jusqu’à maintenant, qui était prévu à 9h00. Messieurs le témoin 146 et le témoin 35 sont là. On veut peut-être faire une interruption d’un quart d’heure avant d’entendre ces deux témoins ? Donc, l’audience est suspendue, elle reprendra à 10 h 45.