7.3.22. Auditions des témoins: le témoin 94
Le Président : Monsieur,
quels sont vos nom et prénom ?
le témoin 94 : Je m’appelle
le témoin 94.
Le Président : Quel âge avez-vous
?
le témoin 94 : J’ai 47
ans.
Le Président : Quelle est
votre profession ?
le témoin 94 : Pour le
moment, je n’ai pas de profession.
Le Président : Quelle est
votre commune de résidence ?
le témoin 94 : C’est Woluwé-Saint-Lambert.
Le Président : Connaissiez-vous,
pardon, connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés, avant le mois
d'avril 1994 ?
le témoin 94 : Oui, je
connaissais HIGANIRO Alphonse.
Le Président : Etes-vous
de la famille des accusés ou de la famille des parties civiles ?
le témoin 94 : Non.
Le Président : Etes-vous
attaché au service, par un contrat de travail, avec les accusés ou les
parties civiles ?
le témoin 94 : Non.
Le Président : Je vais vous
demander, Monsieur, de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment
de témoin.
le témoin 94 : Je jure
de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la
vérité.
Le Président : Je vous remercie.
Vous pouvez vous asseoir.
Je n’ai pas trouvé non plus en ce qui vous concerne, Monsieur, de
déclaration dans le dossier. Vous nous avez dit, il y a un instant, que vous
connaissiez Alphonse HIGANIRO. Voulez-vous bien expliquer dans quelles circonstances
et à quelle époque vous avez fait la connaissance de Monsieur HIGANIRO ?
le témoin 94 : J’ai connu
Monsieur HIGANIRO parce que c’est moi qui l’ai remplacé au poste de secrétaire
exécutif adjoint de la Communauté économique des pays du Grand Lac.
Le Président : Oui ?
le témoin 94 : Oui. Donc,
je le connais parce qu’on a fait la remise et la reprise.
Le Président : Oui.
le témoin 94 : J’ai pu
voir que c’était un fonctionnaire qui était bien organisé, et un grand technicien.
Le Président : Avez-vous,
à part cela, entretenu avec Monsieur HIGANIRO des relations à titre privé ?
le témoin 94 : Oui. Je
lui ai rendu visite dans sa résidence, à Butare et à Kigufi.
Le Président : Oui. A l’occasion,
vous décririez, suite à ces contacts que vous avez eus avec lui, vous décririez
comment, la personnalité de Monsieur HIGANIRO ?
le témoin 94 : Plus ou
moins, quand je lui ai rendu visite, j’ai vu que c’était un homme très accueillant,
qui mettait les gens à l’aise. Il était serviable et sociable.
Le Président : Avez-vous
éventuellement perçu dans les propos de Monsieur HIGANIRO, la circonstance qu’il
aurait pu être ethniste, régionaliste, anti-Tutsi ?
le témoin 94 : Euh… je
ne pense pas parce que, euh… j’ai eu l’occasion d’aller lui rendre visite quand
j’étais avec mon beau-frère Jean-Baptiste le témoin 32, qui était Tutsi, et j’ai
vu qu’ils étaient d’ailleurs de réels amis et ils s’entendaient bien.
Le Président : Jean-Baptiste
le témoin 32…
le témoin 94 : le témoin 32.
Le Président : …était le
préfet de…
le témoin 94 : Le préfet
de Butare. C’était mon beau-frère.
Le Président : C’est ça. Euh… savez-vous si Monsieur HIGANIRO participait
à des manifestations publiques de partis politiques ?
le témoin 94 : Ca, je
ne sais pas parce qu’en tant que fonctionnaire de la Communauté économique des
pays du Grand Lac, il nous était interdit d’aller dans des meetings. Donc, je
ne pouvais pas le savoir.
Le Président : Savez-vous
si, dans les opinions politiques de Monsieur HIGANIRO, il y avait une opposition
aux accords d’Arusha ?
le témoin 94 : Je ne sais
pas.
Le Président : Avez-vous
discuté de politique avec lui ?
le témoin 94 : Non.
Le Président : Y a-t-il des
questions à poser au témoin ? Maître LARDINOIS ?
Me. LARDINOIS : Deux questions,
Monsieur le président. Pouvez-vous demander au témoin si, au moment des événements,
il occupait toujours son poste de secrétaire de la Communauté économique des
pays du Grand Lac ?
Le Président : En 1994, avril
94, occupiez-vous toujours cette fonction de secrétaire adjoint ?
le témoin 94 : Oui, c’est
le poste que j’occupais encore.
Le Président : Pouvez-vous
peut-être expliquer pourquoi vous avez… y a-t-il eu un motif à… à ce que
vous preniez la place de Monsieur HIGANIRO ?
le témoin 94 : Ca, je
ne sais pas. Si… je l’ai remplacé parce qu’il était lui. Mais pour être secrétaire
exécutif adjoint, ce sont les 3 présidents, donc, le représentant du Rwanda,
du Burundi, du Congo, ex Zaïre, qui prenaient cette décision. Donc, il y avait
plusieurs candidatures de chaque pays, et lors de la conférence des chefs d’états,
on nommait solennellement un secrétaire exécutif et le secrétaire exécutif adjoint
du Rwanda et du Burundi, plutôt du Congo parce que le secrétaire exécutif était
originaire du Burundi.
Le Président : Et vous êtes
entré en fonction quand ça ? Vous pouvez me le rappeler ?
le témoin 94 : Je… j’ai
rentré en fonction en avril 91.
Le Président : Ah oui, mais
bon, à ce moment-là, Monsieur HIGANIRO…
le témoin 94 : HIGANIRO
était déjà ministre…
Le Président : … va devenir
ministre, est déjà devenu ministre.
le témoin 94 : …était
devenu ministre.
Le Président : Oui. Donc,
vous n’avez pas dû le remplacer parce qu’on n’était pas content de lui ?
Il était devenu ministre entre-temps.
le témoin 94 : Il était
peut-être plus apprécié.
Le Président : Oui ?
Me. LARDINOIS : Une dernière
question, Monsieur le président. Pouvez-vous demander au témoin si, en avril
mai 94, il était à Gisenyi ?
Le Président : Etiez-vous
à Gisenyi en avril, mai 94 ?
le témoin 94 : Oui.
Le Président : Avez-vous
vu, à cette époque-là, Monsieur HIGANIRO à Gisenyi ?
le témoin 94 : Je sais
bien qu’il était à Gisenyi, mais je n’ai pas été chez lui pour le voir.
Le Président : Vous n’avez
pas eu de contacts avec lui, à cette époque-là ?
le témoin 94 : Non.
Le Président : Une autre
question ? Plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour
que le témoin se retire ? Monsieur, confirmez-vous les déclarations que
vous venez de faire ? Persistez-vous dans ces déclarations ?
le témoin 94 : Oui.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer librement de votre temps.
le témoin 94 : Merci beaucoup.
Le Président : Monsieur le témoin 114 ? |