7.3.21. Auditions des témoins: le témoin 26
Le Président : Monsieur,
quels sont vos nom et prénom ?
le témoin 26 : le témoin 26.
Le Président : Isidore ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Ca, c’est
pas le même nom que ce qu’il y avait sur…
le témoin 26 : Il y a eu, il
y a eu une erreur sur le prénom, je sais pas.
Le Président : Sur la convocation,
sur la liste. Heu… donc Isidore. Quel âge avez-vous ?
le témoin 26 : 41 ans
Le Président : Quelle est
votre profession ?
le témoin 26 : Soignant.
Le Président : Soi… ?
le témoin 26 : Soignant.
Le Président : Soignant.
Quelle est votre commune de résidence ?
le témoin 26 : Laeken.
Le Président : Laeken. Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés avant le mois d'avril 1994 ?
le témoin 26 : Oui, je connaissais
un.
Le Président : Monsieur HIGANIRO ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Etes-vous
de la famille des accusés ou de la famille des parties civiles ?
le témoin 26 : Non.
Le Président : Travaillez-vous
sous le lien d’un contrat d’emploi pour les accusés ou pour les parties
civiles ?
le témoin 26 : Non.
Le Président : Je vais vous
demander, Monsieur, de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment
de témoin.
le témoin 26 : Je jure de parler
sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Je vous remercie.
Asseyez-vous, Monsieur.
Vous avez dit il y a quelques instants, Monsieur le témoin 26, que vous
connaissiez Monsieur Alphonse HIGANIRO. Pouvez-vous expliquer dans quelles circonstances
et à quelle époque vous avez fait sa connaissance ?
le témoin 26 : HIGANIRO, je
l’ai connu, je le connaissais de nom, de par sa profession avant, mais plus
précisément, je l’ai connu en 90.
Le Président : En 1990 ?
le témoin 26 : Oui. A ce moment-là,
nous travaillions dans la même ville, à Gisenyi.
Le Président : Vous travailliez
tous deux à Gisenyi ? Et vous avez eu des relations donc, de travail avec
lui ?
le témoin 26 : Aussi bien de
travail que privées.
Le Président : Que privées ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Oui. Et ces,
ces…relations ont duré jusqu’à quand ?
le témoin 26 : Oh, ils ont
continué de… enfin les relations privées oui mais de travail, c’est, euh… ça
a pris à peu près une année.
Le Président : Oui ?
le témoin 26 : Oui. Disons
professionnelles, les relations professionnelles.
Le Président : Oui. Et vos
relations privées ont duré jusqu’au moment où il a quitté la Belgique, euh…
le Rwanda ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Actuellement,
vous êtes toujours en relation privées ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Vos relations
sur le plan professionnel, ça consistait en quoi, à l’époque, en 1990 ?
le témoin 26 : A l’époque,
je travaillais pour une agence de banque, et il était mon client. Comme ça.
Le Président : Une agence
bancaire. C’est ça hein ?
le témoin 26 : Oui, oui, oui.
Le Président : Le secret
bancaire existe-t-il au Rwanda ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Alors, je
vais pas vous poser de question sur l’état des comptes de Monsieur HIGANIRO ?
le témoin 26 : Non. Enfin,
du moins moi, je n’ai pas le droit d’en parler puisque je ne suis pas…
Le Président : Oui.
le témoin 26 : …le responsable.
Le Président : Vous pouvez
décrire, de par les relations de type professionnel que vous avez eues avec
lui et les relations d’ordre privé que vous avez avec lui, la personnalité
de Monsieur HIGANIRO ?
le témoin 26 : Je le connais
comme un homme calme, un homme sérieux, chaleureux, parce que j’ai eu à… à être
invité chez lui, donc euh… qu’il était un bon père de famille et un homme, un
citoyen de… irréprochable.
Le Président : Connaissez-vous
quelque chose de ses options politiques ?
le témoin 26 : Oui, je sais
que depuis… depuis l’avènement du multipartisme chez nous au Rwanda, il a toujours
continué à être du MRND.
Le Président : Discutiez-vous
parfois de politique avec lui ?
le témoin 26 : Pas beaucoup
puisque j’ai… pas beaucoup comme je n’étais pas un membre, moi, politique, ou
bien que j’étais pas en activité politique. C’était une des questions de… disons
de… de simples discussions, disons de discussions banales. Mais ça n’arrivait…
ça arrivait de temps en temps, mais pas systématiquement.
Le Président : L’un d’entre
vous a un appel ? Euh… savez-vous ce qu’il pensait des accords d’Arusha ?
le témoin 26 : A l’époque des
accords d’Arusha, on ne se voyait pas souvent. Parce que là, il… il travaillait
à Butare, et moi, j’étais à Kigali, mais je savais qu’il avait des objections
sur ça, dans son opinion, qu’il avait quelques objections.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions à poser au témoin ? Maître EVRARD.
Me. EVRARD : Merci, Monsieur
le président. Quant à la dernière question que vous venez de poser, les objections
sont-elles pour les accords d’Arusha, ou pour les négociations et les préaccords
d’Arusha ?
Le Président : Alors, au
fond, oui, les objections, c’était avant que les accords ne soient conclus,
ou après qu’ils ne soient conclus ? En d’autres termes, avant ou après
le… 3 ou 4 août 1993 ?
le témoin 26 : Je dirais plutôt
avant.
Le Président : Avant ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Oui ?
Une autre question ?
Me. EVRARD : Merci, Monsieur
le président. Le témoin, à ma connaissance, est le neveu du président le témoin 32.
Sait-il, ou peut-il nous donner une information concernant la nomination de
Monsieur HIGANIRO à la SORWAL ? Et était-ce pour lui, à l’estime du témoin,
pouvait-ce… pouvait-ce… est-ce que cette nomination pouvait être considérée
comme une récompense ?
Le Président : Euh… oui.
Vous êtes le neveu, enfin vous étiez le neveu de… du président le témoin 32 ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Avez-vous
connaissance de ce qui aurait motivé la nomination de Monsieur HIGANIRO comme
directeur général de la SORWAL ?
le témoin 26 : Ce qui aurait
motivé ?
Le Président : Oui.
le témoin 26 : Moi, je… je
dirais, c’est parce qu’il y avait un problème à la SORWAL, on disait qu’on cherchait
un remplaçant pour le… l’ancien directeur. Mais le Maître m’avait, avait posé
une question concernant si c’était une récompense ou pas.
Le Président : Oui, mais
moi, je pose parfois pas toujours la même question, hein.
le témoin 26 : Parce que j’ai…
Le Président : Mais, je vais
maintenant vous poser la même question, effectivement.
le témoin 26 : Ah.
Le Président : Pensez-vous
qu’être nommé directeur de la SORWAL était pour lui une récompense ?
le témoin 26 : Non. Non je
ne pense pas.
Le Président : Vous pouvez
expliquer pourquoi ça ne… selon vous, ce n’est pas une récompense ?
le témoin 26 : Parce que, considérant
la situation, disons la fonction sociale de ministre ou sa position sociale
chez nous, euh… quitter cette fonction pour aller être directeur dans… dans
une petite ville, ce n’est pas une récompense. Et surtout que… il avait aussi
des bonnes fonctions auparavant, donc, avant d’être ministre. Donc, je ne pense
pas que ce soit une récompense.
Le Président : Une autre
question ?
Me. EVRARD : Merci, Monsieur
le président. Le témoin précédent - si, sauf erreur de ma part - a dit qu’à
son estime, il fallait pour accéder au président passer par son secrétaire particulier :
si j’ai bien compris, le colonel SAGATWA. Le témoin peut-il nous confirmer cela ?
Deuxième question : le témoin peut-il nous parler des rapports
qu’il y avait entre le président et le docteur AKINGENEYE, qui est le beau-père
de Monsieur HIGANIRO, et si à sa connaissance les relations que Monsieur HIGANIRO
entretenait avec le président, notamment via son beau-père, pouvaient être mal
perçues par la famille de l’épouse de président ?
Le Président : Bien, première
question. Lorsqu’on voulait avoir un entretien d’ordre… d’ordre public ou officiel
avec le président le témoin 32, fallait-il nécessairement passer par l’intermédiaire
de son secrétaire particulier, Monsieur SAGATWA ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : Deux. Quelles
étaient les relations existant entre le président le témoin 32 et son médecin
personnel, Monsieur AKINGENEYE, enfin le beau-père de Monsieur HIGANIRO ?
le témoin 26 : Je pense que
dans les dernières années, ça… ça se limitait uniquement à… aux relations médecin
et… et particulier.
Le Président : Alors, la
famille de l’épouse du président, les beaux-frères, dont SAGATWA, sans doute,
voyaient-ils d’un bon œil les relations que Monsieur HIGANIRO pouvait avoir
avec le président par l’intermédiaire de son médecin personnel ?
le témoin 26 : Je dirais que…
non. Ils le voyaient pas… pas du tout bien parce que, c’était en quelque sorte
ne pas passer par…
Le Président : …par eux.
le témoin 26 : …par l’autre.
Le Président : En d’autres
termes, la famille de l’épouse du président, les beaux-frères du président dont
SAGATWA, n’essayaient-ils pas de constituer une sorte de filtre autour du président
pour déterminer qui pouvait avoir des contacts avec lui ou pas ? D’avoir
en quelque sorte le contrôle des relations du président.
le témoin 26 : Ca, je dirais
que c’est… c’est ce qui se disait.
Le Président : Mais vous
qui étiez plus proche, est-ce que c’est non seulement ce qui se disait, mais
aussi ce qui se faisait ?
le témoin 26 : Dans la pratique,
oui.
Le Président : Une autre
question ?
Me. EVRARD : Pas d’autre
question, Monsieur le président.
Le Président : Les parties
sont… Ah, Maître NKUBANYI.
Me. NKUBANYI : Question, Monsieur
le président. Le témoin dit qu’il connaît beaucoup Monsieur HIGANIRO. Pourriez-vous
lui demander quel genre de communication, de Monsieur HIGANIRO : est-ce
que c’est quelqu’un de spontané, est-ce que c’est quelqu’un de clair ou bien
alors est-ce que c’est quelqu’un qui en communiquant passe par des détours,
par des images pour que vous puissez deviner ce qu’il veut dire ? Je ne
sais pas si vous comprenez la question ?
Le Président : Oui. Est-ce
que les relations que vous aviez avec Monsieur HIGANIRO sont aussi compliquées
que la question posée ?
le témoin 26 : Les relations,
non. C’est pas aussi compliqué.
Le Président : Non, ça veut
dire… bon, lorsqu’il s’exprime, est-ce que c’est un homme qui s’exprime directement,
ou est-ce qu’il utilise des détours ?
le témoin 26 : En tout cas,
je sais qu’il n’a pas peur d’exprimer ce qu’il pense lorsqu’il le croit disons
juste, ou bien s’il le juge qu’à ce moment-là il le juge juste. Donc, euh… dans…
dans mes relations que j’ai eues avec lui…
Le Président : Oui, oui,
bien sûr.
le témoin 26 : …donc, je n’ai
pas eu à souffrir de me poser la question de savoir ce qu’il fait, il va me
dire, ou est-ce qu’il veut me dire ça ou ça, donc, pas de…
Le Président : Quand il vous
disait quelque chose, vous compreniez tout de suite sans devoir dire : « Bon,
qu’est-ce qu’il veut me dire ? ».
le témoin 26 : Oui. Mais dans
relations autres, je ne saurais pas répondre.
Le Président : Bien. Une
autre question ? Maître EVRARD.
Me. EVRARD : Le témoin a
signalé que quant aux options politiques de Monsieur HIGANIRO, depuis le multipartisme,
il appartenait au MRND. Peut-on poser au question… au témoin la question de
savoir si, à sa connaissance, il participait à des activités publiques politiques ?
Le Président : Après qu’il
ne soit plus ministre, alors ?
Me. EVRARD : En qualité de
membre du MRND.
Le Président : Savez-vous
si Monsieur HIGANIRO participait à des manifestations publiques du MRND ?
le témoin 26 : Non, il ne participait
plus.
Le Président : Plus de question ?
Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Eh bien,
Monsieur je vais vous demander si vous confirmez les déclarations que vous venez
de faire ?
le témoin 26 : Oui.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer librement de votre temps.
Monsieur le témoin 94 ? |