6.3.6. Audition des témoins: le témoin 61
Le Président : Monsieur le témoin 61 est-il présent ? Monsieur le témoin 61 peut approcher.
Je ne sais pas, il parle peut-être français ? Bien. Je vais demander le silence
dans la salle.
Le Président : Monsieur, quels sont vos nom et prénom ?
le témoin 61 : le témoin 61.
Le Président : Quel âge avez-vous ?
le témoin 61 : 72 ans.
Le Président : Quelle est votre profession ?
le témoin 61 : Médecin et professeur.
Le Président : Quelle est votre commune de domicile ?
le témoin 61 : Commune actuellement s'appelle Ngoma, mais c’était… la commune de Ngoma
mais elle s'appelle ville de Butare.
Le Président : Donc au Rwanda ?
le témoin 61 : Oui.
Le Président : Monsieur le témoin 61, connaissiez-vous
les accusés, Monsieur NTEZIMANA, Monsieur HIGANIRO, Madame MUKANGANGO
ou Madame MUKABUTERA avant les faits qui leur sont reprochés, c'est-à-dire avant
le mois d'avril 1994.
le témoin 61 : Je connais HIGANIRO. Je connais NTEZIMANA, mais pas d'autres.
Le Président : Bien. Vous n'êtes pas de la famille des accusés ni de la famille
des parties civiles ?
le témoin 61 : Je ne suis pas de la famille de tous ceux-là.
Le Président : Et vous ne travaillez pas, vous n'êtes pas sous un lien de contrat
de travail ni avec les accusés ni avec les parties civiles ?
le témoin 61 : Non, je n'ai pas de contrat de travail avec eux.
Le Président : Vous pouvez, Monsieur le témoin 61, vous asseoir. Ah, oui, pardon,
excusez-moi. Je vais vous demander de prêter serment, vous savez… j'ai oublié
de vous faire prêter serment. Voilà, vous pouvez lever la main droite et prononcer
le serment.
le témoin 61 : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité,
rien que la vérité.
Le Président : Je vous remercie. Vous pouvez maintenant vous asseoir. Monsieur
le témoin 61, vous avez fait la connaissance de Vincent NTEZIMANA, surtout en 1993,
à son retour de Belgique, lorsqu'il est venu enseigner à l'université de Butare.
C'est bien exact ?
le témoin 61 : C'est exact, Monsieur le président.
Le Président : Vous aviez été, depuis 1984 et jusqu'en 1994, président de l'Association
du Personnel Académique Rwandais de l'Université qu'on appelle l'APARU.
le témoin 61 : Oui, Monsieur le président.
Le Président : Au début de l'année 1994, les professeurs ont demandé le renouvellement
de la direction de cette association et c'est ainsi, semble-t-il, que Monsieur
Vincent NTEZIMANA a été élu président de cette association et vous a donc remplacé
dans cette fonction.
le témoin 61 : Oui, en février 1994. Il a été élu mais… il m'a remplacé effectivement,
mais il n'avait pas encore obtenu, je dirais, les nominations légales.
Le Président : C'est ça. Il y aurait notamment toute une procédure de publications
etc. qui n'était pas terminée au moment où ont éclaté les événements au Rwanda,
le 6 avril 1994. C'est bien exact ?
le témoin 61 : C'est exact.
Le Président : Vous avez expliqué que Monsieur NTEZIMANA vous paraissait être
le bras droit du vice-recteur de l'université, dont le nom est si compliqué…
Jean Berckmans…
le témoin 61 : NSHIMYUMUREMYI.
Le Président : Voilà. Pourquoi est-ce que vous dites qu'il était son bras droit ?
le témoin 61 : Ben… vous comprenez que lorsqu'il venait d'être élu président du personnel,
de l'association du personnel, ce n'est que normal qu'il soit le bras droit
du vice-recteur. Mais je dois préciser tout de même que l'APARU
Association du Personnel Académique Rwandais de l'Université n'est pas un
syndicat. C'est seulement une association sans but lucratif, donc qui n'a que
le statut de consultation auprès des autorités, donc, à l'ordre des autorités
de ce campus. Et, par conséquent, on ne pouvait pas, le campus ne pouvait pas
recommander n'importe qui pour occuper un pareil poste. Merci, Monsieur le président.
Le Président : Le 6 avril 1994, l'avion du président le témoin 32 est abattu.
Il semble, d'après vos explications, que dès que cette nouvelle a été connue,
il y a eu des instructions gouvernementales interdisant aux personnes de sortir
de chez elles.
le témoin 61 : C'est exact, Monsieur le président.
Le Président : Vous avez même dit que, à votre sens, c'était une manière d’ainsi
pouvoir plus facilement retrouver les personnes que l'on recherchait. Quand
elles sont chez elles, c'est moins difficile de les trouver que quand elles
ne sont pas là.
le témoin 61 : Mais, à mon avis, je crois que c'est clair.
Le Président : Donc, vous comme d'autres, vous êtes resté chez vous jusqu'à
ce que des instructions suivent en disant, notamment, qu’une série d'activités
essentielles à la vie devaient se poursuivre et notamment, - puisque je crois
que vous étiez, vous avez expliqué, médecin et professeur - vous aviez à reprendre
des activités, notamment à l'hôpital ?
le témoin 61 : Oui, nous devions reprendre nos activités à l'hôpital aussi bien… moi,
je travaille au laboratoire universitaire comme biologiste et comme chef de
service, et en même temps à l'hôpital. Et on nous demandait de reprendre nos
activités parce que la ville de Butare n'était pas encore atteinte par les massacres
à ce moment-là. Donc, on avait décrété une semaine, les autorités nationales
avaient décrété une semaine. Après la semaine, Butare était calme, il n'y avait
rien. Alors on a demandé à tout le monde de reprendre les activités.
Le Président : Vous avez effectivement aussi expliqué que, jusqu'au 19 avril
1994, la situation est restée relativement calme à Butare.
le témoin 61 : Oui, oui, Monsieur le président.
Le Président : Les massacres ont commencé le lendemain, après un discours qu'avait
fait le 19 avril 1994, le président intérimaire du Rwanda, Monsieur…
le témoin 61 : SINDIKUBWABO
Théodore.
Le Président : Oui.
le témoin 61 : SINDIKUBWABO
Théodore.
Le Président : C'est ça, exactement, et c'est un discours qui a été fait à Butare
?
le témoin 61 : Oui. Le discours a été lu, a été fait à Butare, dans la maison du MRND,
le 17 avril.
Le Président : Est-ce que ce n'est pas le 18 ou le… plutôt, le 18 ou le 19 avril
?
le témoin 61 : Non, c'est le 17, le 18 ou le 17, si je me souviens. Le 17 ou le 18.
Mais deux jours après, c'est alors que les massacres ont commencé.
Le Président : C'est ça. Euh… notamment, je crois que vous dites qu'il y a un
de vos neveux qui a été attaqué, qui a failli être tué ; il y a une intervention
de votre part auprès du procureur de la république, qui vous a conseillé de
contacter le capitaine NIZEYIMANA.
le témoin 61 : Oui, j'ai fait cela.
Le Président : C'est quelqu'un qui avait du pouvoir, alors, ce capitaine ?
le témoin 61 : Quand mon neveu a été attaqué, la nuit, lorsqu'il m'a téléphoné, j'ai
contacté l'autorité, je dirais la plus proche, qui était tout près de moi, par
téléphone, c'était le procureur de la république et au procureur de la république
je lui demande ce que je pouvais faire. Le procureur de la république m'a conseillé,
m'a demandé de m'adresser au commandant de place qui était le colonel, je crois,
qui était le témoin 151. Mais quand j'ai essayé de toucher par téléphone le témoin 151 au
camp, on m'a dit qu'il ne peut pas être disponible. Comme l'attaque de la maison
de mon neveu continuait, on entendait dans le téléphone qu'on était en train
de casser les portes - heureusement les portes étaient en fer, c'est pourquoi
ça a duré - j'ai de nouveau contacté le procureur. Je lui ai dit : « Ecoutez
ça ne marche pas, puisque je ne parviens pas à trouver le témoin 151. Qu'est-ce que
je peux faire pour sauver mon neveu ? ». Il me dit qu'il était incapable
lui aussi de me faire quoique ce soit. Alors, il me conseille de téléphoner
dans le camp militaire. Et c'est alors que j'ai téléphoné dans le camp militaire
et j'ai… j’ai demandé à qui je peux m'adresser. On m'a dit : « Ecoutez,
on va vous… vous devez vous adresser au capitaine… », je ne me souviens
plus…
Le Président : NIZEYIMANA.
le témoin 61 : Oui, « …NIZEYIMANA, et c'est lui qui est le chef des opérations ».
Mais je n'ai pas pu avoir NIZEYIMANA. J'ai continué à téléphoner, à téléphoner,
demander si jamais il est là pour me répondre. Alors on m'a dit : « Ecoutez… »
la réponse a pris à peu près une heure, c'est qu'on m'a dit : « On
a envoyé les patrouilles dans la ville », parce qu'il était dans le faubourg
de Ngoma, non pas dans le centre ville, là où j'habite. Il était dans le faubourg.
On m'a dit : « On a envoyé les patrouilles dans les rues donc, ne
vous inquiétez pas. Si votre neveu n'est pas celui qu'on recherche, il sera
sauf ». Et c’est que, le lendemain vers 4 heures du matin, 4 heures et
demie du matin, j'ai vu mon neveu, conduit par les militaires, il se trouvait
dans un état déplorable. On l'avait traîné dans la boue, et on a passé par
non pas par, je dirais, la porte, parce que le patio n'est pas clôturé complètement,
c’est perméable - on a passé par derrière, par l'entrée, et on m'a apporté mon
neveu, disant qu'un des militaires était son ami. Alors, mon neveu avait demandé
pour dire, venir me dire au revoir, parce qu'il devait mourir. Il était sur
la liste des gens qui devaient être liquidés. Par après, j'ai appris qu'il était
le cinquième sur la liste. Alors…
Le Président : Vous savez pourquoi il se trouvait sur cette liste ?
le témoin 61 : Oui. On l’accusait…
Le Président : Est-ce que votre neveu avait, je ne sais pas, une situation particulière
qui…
le témoin 61 : On l'accuse d'être en compagnie, voilà. Parce qu’il y a son frère qui
était dans l’Armée patriotique rwandaise, mais qui s’appelait à ce moment-là
« Inkotanyi ». C'était pas encore l’armée actuelle. Son frère était
là et… au moment où ils étaient à Murindi, il s'était rendu pour l'accueillir
parce que son grand frère ne vivait pas au Rwanda, il vivait en exil. Alors,
tous ceux qui étaient, tous ceux qui avaient été à Murindi, devraient être liquidés
parce qu’ils étaient considérés comme étant Inkotanyi. Voilà ce qui s'est passé
pour mon frère, plutôt mon neveu. D’ailleurs, il a été tué après.
Le Président : Il a été tué, votre neveu ?
le témoin 61 : Dans la suite. A ce moment là…
Le Président : A ce moment-là, est-ce qu'il n'a pas été libéré moyennant le
paiement de 50.000 francs rwandais ?
le témoin 61 : Là, on me l'a laissé ce jour-là, on m'a dit : « Ecoutez,
on vous le laisse ». On avait demandé 100.000 francs, mais, comme je ne
les avais pas, j'ai donné ce que j'avais, alors 50.000 francs n'étaient même
pas là, j'ai pu réunir 27.000 francs. Je leur devais encore 18.000 francs. Alors,
ils sont venus le lendemain les chercher. Et alors, on m'a laissé mon neveu
mais on m'a dit : « Ecoutez, nous allons dire à tous ceux qui nous
ont demandé de ramener que nous n'avons pu retrouver, il s'est échappé. Alors,
il faut que nous disions cela autour d’un verre ». Alors, quand ils ont
dit : « Ecoutez, mais votre neveu donc, il s'appelle Georges, il ne
doit plus apparaître dans Butare… »
Le Président : C'est ça.
le témoin 61 : « …parce que s'il apparaît à Butare, on vous tue, parce que nous autres,
on va nous tuer ». Alors, j'ai essayé de trouver un refuge quelque part,
mais à Butare ça n'a pas tenu parce que le refuge que je cherchais était tantôt
connu, il fallait déplacer encore. J'ai décidé alors de trouver quelqu'un, à
qui j'ai donné encore de l'argent pour l'évacuer à Gitarama, parce que je suis
originaire de là. Et, arrivé là, il a pu rester quelques semaines en vie et,
par après, quand je suis rentré du camp de réfugiés où j'étais, on m'a dit qu'on
l'a tué à Gitarama.
Le Président : Après le 2 mai 1994, il semble que l'on a organisé, notamment
à travers des réunions, des comités de sécurité par cellule, par quartier, dans
lesquels les gens étaient chargés d'organiser la sécurité, d'organiser des barrages
dans leur quartier. C'est bien exact ?
le témoin 61 : Oui, c'est exact. Est-ce que, Monsieur le président, je peux encore…
je peux placer un mot ?
Le Président : Oui.
le témoin 61 : Et c'est que la date du 2 mai est pour moi une date douloureuse.
Le Président : Oui ?
le témoin 61 : Le 2 mai, vers la fin de la matinée, mon fils, mon deuxième fils, mon
propre fils, a été abattu par balles, en plein jour. Il est mort. Nous l'avons
enterré le 3. J'ai pu, grâce à une connaissance d'un militaire, récupérer le
corps par l'intermédiaire de la Croix-Rouge. A ce moment là, c'était je pense,
le… qui était là, c'étaient les Suédois qui étaient à l'hôpital. C'est là qu'ils
m'ont donné… enfin, trouvé un véhicule pour aller récupérer le corps qui avait
été jeté dans… dans la fosse à fumier avec trois autres corps. Il avait reçu
quatre balles, une balle dans la tête qui avait complètement broyé le cerveau ;
une balle dans la poitrine de face, qui a traversé ; une balle au bras
qui a cassé complètement le bras, de façon à ce que l'avant-bras pendait seulement
par un petit morceau de chair ; une balle dans la cuisse qui avait fracturé
le fémur. Voilà, et à ce titre, je crois que ce procès en cours me concerne,
Monsieur le président. Je vous demanderais, si c'est possible, d'en tenir compte.
Le Président : Y-a-t-il encore d'autres membres de votre famille qui ont perdu
la vie au cours de ces événements ?
le témoin 61 : Les autres ne l'ont pas perdue à Butare. Il y a mon neveu qui l’a perdue
à Gitarama, les autres l’ont perdue à Kigali. Et les membres de ma famille et
de ma femme, la famille de ma femme, ont été pratiquement décimés.
Le Président : Il y a bien eu des comités de sécurité dans Butare ?
le témoin 61 : Oui.
Le Président : Par quartier, par cellule, etc. ?
le témoin 61 : Oui, Monsieur le président.
Le Président : Il était demandé à chacun d'y participer ?
le témoin 61 : Oui. Il était demandé à chacun de participer dans la mesure où les
barrages, donc, devraient être surveillés, pour éviter qu’il n'y ait pas d'infiltration
d'ennemis dans la ville. Voilà. Parce qu’on pense que l'ennemi, les Inkotanyi,
étaient proches.
Le Président : Euh… Monsieur NTEZIMANA, il faisait partie d'un comité de sécurité ?
le témoin 61 : Je vous ai dit que si vous le comprenez bien NTEZIMANA ne vit pas
dans le même quartier que moi.
Le Président : Ah, d'accord.
le témoin 61 : Mais, dans son quartier, il faisait partie du comité de cellule comme
partout, et je pense que les hommes valides ne pouvaient faire, que faire partie
d'un comité de cellule. Moi, j'avais été opéré et je venais d'être opéré il
y avait 4 ans, non… oui… 2 ans que j'étais opéré, je ne pouvais pas aller sur
les barrières, mais les autres allaient sur les barrières, se relayaient sur
les barrières.
Le Président : Vous avez expliqué qu'à un moment donné vous aviez, semble-t-il,
constaté que le colonel le témoin 151, hein, le chef de place, en fait n'avait plus
la confiance du gouvernement pendant le mois de mai 1994. Par contre, c'était
NIZEYIMANA qui avait… le capitaine NIZEYIMANA, qui avait cette confiance. Il
semblerait, d'après ce que vous… si je comprends bien… que le chef en titre
n'était pas le chef réel. N'était plus le chef réel ?
le témoin 61 : Lorsque le bourgmestre de la ville a réuni les gens de notre secteur,
il nous a présenté, comme autorité militaire, le capitaine NIZEYIMANA, non pas
le major le témoin 151. Et apparemment, c'est lui qui commandait les opérations, c'était
lui qui avait le monopole de sauver ce qu'il peut sauver, ce qu'il veut sauver,
et de laisser périr ceux qu'il ne veut pas sauver. Ça, c'est mon impression.
Le Président : Dans le courant du mois de mai 1994, le personnel académique
qui est le personnel administratif de l'université, à été convoqué à une réunion
au cours de laquelle le premier ministre intérimaire KAMBANDA, a pris la parole.
le témoin 61 : Oui, cette réunion, c'est une date qu'on ne peut pas oublier parce
que ça a été une date où certaines orientations ont été, je dirais, ont été
révélées. C'était le 14 mai.
Le Président : Et c'était quoi, les orientations ?
le témoin 61 : Les orientations de dire que le gouvernement avait, devrait communiquer
aux gens pour la défense du pays. Ces orientations donc, on était au 14 mai,
elles consistaient à dire : « Voilà, on a fait des comités ».
Au cours de la réunion, KAMBANDA a demandé au conseil de comité de défense,
plutôt d'études pour soi, pour ce qui concerne la guerre, qui concerne les transports,
qui concerne les relations etc. et chacun était obligé de s'inscrire dans ces
comités. Et puis alors après, il a dit : « Ecoutez… », il y a
des intervenants, dont le vice-recteur et certains autres qui ont dit :
« Ecoutez, nous, nous sommes là pour pouvoir soutenir l'action du gouvernement
dans la manière de gagner la guerre ».
Le Président : Monsieur NTEZIMANA a aussi pris position lors de cette réunion
pour soutenir la position du gouvernement ?
le témoin 61 : Monsieur NTEZIMANA était là et on l'avait mandaté pour préparer le
texte à présenter parce que la réunion, pour moi la réunion n'était pas connue.
La réunion a été convoquée par le vice-recteur, non pas par le ministre. Alors,
comme nous avons été là, moi, nous pensions que c’était une réunion de travail,
mais cela a été une réunion politique. Et NTEZIMANA était là, comme les autres,
et il devait prendre la parole du personnel au moins pour montrer au premier
ministre, je dirais… la soumission du corps professoral au programme du gouvernement.
C'est d'abord le recteur qui a pris la parole pour accueillir le premier ministre,
puis le vice-recteur et puis alors le corps enseignant et puis alors les autres,
ils se sont succédés.
Le Président : Dont Monsieur NTEZIMANA ?
le témoin 61 : Dont Monsieur NTEZIMANA bien sûr.
Le Président : Vous expliquez dans votre audition, à un moment où vous avez
été entendu au Rwanda, que notamment Monsieur NTEZIMANA soutenait l'explication
du gouvernement selon laquelle les gens qui avaient été tués jusqu'à présent,
jusqu'à ce 14 mai, étaient toutes des personnes qui avaient été tuées parce
qu'il s'agissait de combattants du FPR ?
le témoin 61 : Oui, c'était la version, Monsieur le président, c'était la version
du gouvernement. Il disait : « Ecoutez. Le FPR… » mais c'était
un peu l'opinion répandue, qui était défendue à ce moment là, que les gens du
FPR avaient installé des brigades sur toutes les collines parce qu'elle avait
infiltré le pays et que les gens qui étaient tués, c'était en principe des combattants,
mais que, dans les combats il y a toujours possibilité que les hommes, les innocents,
ils succombent ; qu’il y a vraiment des gens qu'on ne voulait pas tuer,
comme les femmes et les enfants, mais qui succombaient dans ces combats. Voilà.
C'était la version qu'on nous a révélée à ce moment-là.
Le Président : Selon ce que vous avez vu de morts à Butare, c'étaient des infiltrés
?
le témoin 61 : Voir les morts, où est-ce que vous voulez les trouver ? Voir les morts,
il fallait aller là où on tue.
Le Président : Ah oui.
le témoin 61 : Il n'y avait pas moyen que j’y arrive…
Le Président : Oui, mais à Butare, on a tué aussi quand même ?
le témoin 61 : Oui, on a tué mais il n'y a pas moyen que j'y arrive.
Le Président : Ah !
le témoin 61 : Comment y arriver ? Avec toutes ces barrières-là. Là, on entendait
là où on tuait. On entendait les balles, on entendait les grenades, on entendait
tout. Mais il y avait… on ne vous laissait pas venir voir ceux qu'on tue. Ce
n'est pas possible, Monsieur le président. Mais certes, c’est qu’on a tué des
gens et les enfants et les femmes parce que… où est-ce qu'ils sont par après
?
Le Président : Vous avez exprimé, lorsque vous avez été entendu au Rwanda, l'opinion,
personnelle bien sûr, que Vincent NTEZIMANA faisait partie d'un cercle, du cercle
des organisateurs du génocide pour Butare.
le témoin 61 : Oui j'ai… je crois que le cercle existait. Quand vous voyez l'axe,
NIZEYIMANA, le capitaine NIZEYIMANA, et que j'avais appris que NTEZIMANA est
un ami de NIZEYIMANA, NIZEYIMANA qui commandait, je dirais, les tueries, et
il y avait encore le bourgmestre de la ville, et il y avait encore un certain
autre, d'autres personnes, mais ce cercle-là, je pense que si NTEZIMANA était
ami et faisait des réunions avec les gens de ce cercle, et je pense qu'il faisait
partie, il savait… il savait ce qui faut penser dans le cercle. Merci Monsieur
le président.
Le Président : Donc, vous avez exprimé cette opinion en vous fondant sur le
fait que NTEZIMANA Vincent et le capitaine NIZEYIMANA étaient amis et qu'ils
participaient ensemble à des réunions.
le témoin 61 : A des réunions.
Le Président : Bien. Y-a-t-il des questions à poser au témoin ? Vous connaissez
Monsieur KARENZI, le professeur KARENZI ?
le témoin 61 : Je connais très bien, il a été mon ami et on travaillait ensemble dans
une association d'écoles.
Me. HIRSH : Avez-vous reçu un appel téléphonique de militaires ou autre dans l'après-midi
du 21 avril, qui vous demandait, par exemple, l'appartenance ethnique de cette
famille ?
le témoin 61 : Non. Parce qu'à ce moment-là, je m'occupais uniquement de mon neveu
et de ma femme qui était Tutsi et qui était menacée. J'essayais de cacher autant
que possible ma femme et j'essayais de sauver uniquement mon neveu et, dans
le reste, je n'ai reçu aucun coup de téléphone à ce moment-là.
Le Président : Vous n'avez pas reçu une demande de renseignements sur… ?
le témoin 61 : Rien.
Le Président : …plus précisément, l'ethnie à laquelle appartenait la femme du
professeur KARENZI ?
le témoin 61 : Pas du tout. Ben, KARENZI a été tué pratiquement du premier coup, pratiquement,
parmi les premiers, avec sa femme. Ben, où est-ce qu'on aurait reçu le coup
de téléphone ? Quand on pouvait avoir reçu le coup de téléphone ?
Le Président : Est-ce que vous habitiez dans le même quartier que le professeur
KARENZI ?
le témoin 61 : Non. Au contraire, c'est le quartier Huye de NTEZIMANA, du témoin,
d’autres… se trouve à peu près à 400 mètres du quartier où j'habite.
Me. LARDINOIS :
Il existait un système de sécurité téléphonique ou un système
de solidarité entre professeurs de l'université qui voulaient qu'en cas de danger
on s'appelle l'un l'autre. Est-ce que vous avez participé à ce système même
si vous n'habitiez pas le même quartier que le professeur KARENZI ?
le témoin 61 : Ce système, je ne le connaissais même pas, si jamais il existait. Ce
que je pourrais faire c'est, pour moi individuellement, demander à quelqu'un
est-ce qu'il est encore en vie. Mais ce n'était pas possible, parce qu’à partir,
je pense que c'est après la date du 23 ou le 24, mon téléphone avait été mis
sur écoute. Je l'avais su ; je ne téléphonais plus.
Me. LARDINOIS : Vous avez déclaré tout à l'heure que, en tant que président de l'APARU,
vous étiez le bras droit du vice-recteur. Donc, vous le connaissiez bien, forcément
je suppose. Pardon… que Monsieur NTEZIMANA, lorsqu'il vous a succédé, était
le bras droit du vice-recteur puisqu'il occupait cette fonction de président
de l'APARU. Vous-même, vous avez
occupé cette fonction auparavant, je suppose que vous connaissiez bien le vice-recteur,
est-ce que vous le décririez comme étant quelqu'un d'extrémiste, de Power et
peut-être éventuellement, connaîtriez-vous son rôle au cours des événements
?
le témoin 61 : Oui, j'ai été auparavant, depuis… je dirais un certain nombre d'années…
le président de l'APARU, mais ce n’était qu'une association, pas un syndicat,
une association sans but lucratif. Et le vice-recteur qui était là au moment
des massacres du génocide, était le vice-recteur récemment nommé. Ce n'était
pas celui qu’il y avait auparavant. Donc, je connaissais le vice-recteur, parce
qu'il était médecin comme moi, mais quand il a été nommé vice-recteur, il a
épousé complètement les vues du gouvernement. Donc… vous savez, on ne peut pas
nommer quelqu'un dans un… un vice-recteur, dans une institution universitaire
de haut lieu de connaissances, sans qu'il soit un agent, je dirais docile, avoué,
aux actions du gouvernement.
Me. LARDINOIS : Et est-ce qu'il a joué un rôle actif pendant les événements ?
le témoin 61 : Ben, je n'étais pas avec lui ! Il était sur le campus et on n'habitait
pas le même quartier, mais de toute façon, vous pouvez vous rendre compte pour
le moment si vous menez encore une enquête et… qu'est-ce qui… combien de gens
sont tombés sur le campus… ? Est-ce qu'il n'était pas responsable du campus
? Il y a maintenant un mémorial de nombreux étudiants qui sont tombé sur le
campus. Voilà ce que je peux répondre à ce sujet.
Le Président : Y a-t-il d'autres questions ? Monsieur l'avocat général ?
L'Avocat Général : Je voudrais simplement que le témoin confirme une autre partie de
sa déclaration. Vous avez déclaré que vous avez appris par le doyen de la faculté
de médecine que Monsieur NTEZIMANA avait été convoqué à une réunion restreinte
avec des professeurs où était également présent, spécialement venu en hélicoptère,
le premier ministre, donc Monsieur KAMBANDA, qui aurait donc remis un document
aux intéressés. Est-ce que vous pouvez confirmer cela ?
le témoin 61 : Monsieur
le président, la réunion s'est passée à peu près à 200 mètres de mon logement.
Vous comprenez que l'hélicoptère passait au-dessus de ma maison. L'hélicoptère
a passé et j'étais à la maison, j'avais toujours mes béquilles, mais j'avais
enlevé seulement un seul... Alors j'étais un peu… je me suis dit : « L'hélicoptère
vient ». C'est à peine quelques 3-4 jours… non, 2 jours, 3 jours après
la réunion de KAMBANDA. C'est peut-être 2 jours, la réunion que nous avions
eue ensemble. Alors moi j'étais curieux de savoir où allait cet hélicoptère
qui s'est posé un peu à 200 mètres de mon logement. Alors, quand je prends ma
béquille, je vais voir, c'était vers… aux environs de… 14 heures, un peu plus
au-delà de 14 heures et pas encore à 16 heures, dans les environs, vers ces
heures-là, et quand je… il y a une route qui sort de là où la réunion avait
eu lieu - c'était la maison d’accueil universitaire, comme on l’appelle -, et
qui débouche dans la grande route.
Et je vois la voiture du doyen KAREMERA qui tournait
pour emprunter la grande route. Il me voit, et quand il me voit avec mes béquilles,
il s'arrête. Il s'arrête. Moi je vais pour lui demander à travers la fenêtre :
« Qu'est-ce qui se passe ? J'ai vu l'hélicoptère et je vois que vous venez
de là ». Il m'a dit : « Ecoutez, il y avait… nous avons fait
une réunion pour finaliser le document que nous devons remettre au premier ministre
qui nous a visités il y a 2 ou 3 jours. Alors, je viens vous demander de venir
ici pour qu’on lui donne le document ». Alors, je dis : « Est-ce
que tout le monde était là ? » Il me dit : « Il y a… c’est seulement
ceux qui ont préparé le document ». Et je dis : « Le personnel
était représenté ? » « Non » il disait, parce qu'il y a
aussi des membres de l'APARU.
Il disait : « Nous étions représentés par notre président ».
Voilà ce que j'ai appris à ce moment-là. C'est ça que je peux préciser.
Le Président : Oui, donc si je comprends bien, c'est un document…
le témoin 61 : Je n'ai pas compris pourquoi, je n'ai pas connaissance…
Le Président : Vous n'avez pas connaissance du contenu de ce document ?
le témoin 61 : Non.
Le Président : Mais, c'est un document qui a été remis, notamment par le président
de l'APARU, au premier ministre
?
le témoin 61 : Je ne crois pas, Monsieur le président, que ça soit le président de
l'APARU mais c'était un comité
qui avait rédigé le document…
Le Président : Un comité avait rédigé le document, oui…?
le témoin 61 : …et puis il y a tout le monde qui est allé là où on devrait remettre
le document. Il a peut-être été remis par le recteur ou par le vice-recteur,
mais les gens qui avaient composé le document étaient là.
Le Président : Donc, et ceux qui ont composé… dans ceux qui, selon les explications
qui vous ont été données par le doyen…
le témoin 61 : Le doyen et…
Le Président : Monsieur NTEZIMANA en faisait partie ?
le témoin 61 : …en faisait partie, parce qu’il avait même préparé le texte. Mais il
avait participé probablement à préparer le texte. Ça, je ne sais pas préciser,
parce que je n'ai pas vu le document. Ce que je vous rapporte c'est ce qui m'a
été rapporté.
Le Président : Bien. D'autres questions ? Oui, Maître CARLIER.
Me. CARLIER : Merci, Monsieur le président. Est-ce que le témoin peut dire si son
neveu a tenté d'être évacué par l'université ?
Le Président : Votre neveu, Georges… c’est Georges je crois ?
le témoin 61 : Oui, oui.
Le Président : Avait-il fait par exemple une demande d'évacuation par l'intermédiaire
de l'université ?
le témoin 61 : Non, Monsieur le président. Il n'a jamais demandé parce qu'il ne faisait
pas partie du personnel de l'université. Lui travaillait comme vétérinaire au
ministère de l'agriculture et travaillait dans le projet du ministère de l'agriculture
assisté par la coopération belge. C'était… que le premier refuge que j'ai pu
lui trouver, c'était chez un Belge. Mais quand les Belges ont quitté précipitamment
Butare, sur l'ordre du gouvernement, je me suis trouvé maintenant dans une maison,
comme tant d'autres, inoccupée, où il n'y avait plus de protection. Il fallait
encore rechercher un autre refuge, évidemment. Et lorsqu'on est à Bruxelles,
on pense que c'est quelque chose de facile. Ca a été terrible pour trouver encore
notre refuge encore pour évacuer à 90 kilomètres sans…, à travers les barrages
et les tueries des milices Interahamwe. Donc, on n'a pas, il n’a pas demandé
à être évacué par l’université parce qu'il ne faisait pas partie du personnel
de l'université, ni lui ni sa femme.
Le Président : D'autres questions ?
Me. CARLIER : Quand le témoin signale donc que son neveu Georges figurait en cinquième
position sur une liste, il ne s'agit pas de liste constituée à l'université
dont on dit que c'est Monsieur Vincent NTEZIMANA qui a constitué ces listes
?
Le Président : Donc, la liste sur laquelle votre neveu apparaissait, selon vos
explications en cinquième place, c'est pas une liste qui vient de l'université
?
le témoin 61 : Non, Monsieur le président. La liste n'avait pas été établie par l'université.
C'est une liste qui avait été établie par la sécurité. Je voudrais préciser :
les gens qui avaient contact qu'on appelait les pions, en kinyarwandais on dit
« Ibyitso » et c'est cette liste qui avait été constituée par les
autorités, non pas par l'université. Les autorités mêmes de la sécurité, probablement
la sécurité militaire, je ne sais pas.
Le Président : Bien. Oui ?
Me. CARLIER : Monsieur le président, est-ce que le témoin est formel pour maintenir
que, le 14 mai, lors de la réunion générale à l'université en présence du premier
ministre KAMBANDA du gouvernement intérimaire, Monsieur Vincent NTEZIMANA a
pris la parole et fait un discours au nom de l'APARU,
contrairement à ce qui est affirmé par d'autres témoins et ce qui est affirmé
à partir d'un carnet qui figure dans les pièces du dossier déposées par Madame
Alison DESFORGES et dont le juge d'instruction, Monsieur VANDERMEERSCH, a fait
état hier.
Le Président : Alors, la réunion où intervient le 14 mai 1994, le premier ministre
KAMBANDA. Maintenez-vous que Monsieur NTEZIMANA a pris la parole au cours de
cette réunion ?
le témoin 61 : Il y a… celui qui a demandé me demande s'il y a un discours…
Le Président : Moi, je vous demande s'il a pris la parole ?
le témoin 61 : Oui c'est ça, il a pris la parole, mais pas un discours. C'est spontanément
présenté le cas, comment les listes doivent … le personnel se trouve et comment
le personnel peut se comporter, je dirais, dans la politique que le gouvernement
définit. Que le personnel de l’université avait… le corps enseignant et les
cadres administratifs… c'était les catégories, de première catégorie et de deuxième
catégorie, pas les cadres de catégorie exécutive.
Le Président : Donc, il n'a pas fait un discours au nom de l’APARU…
le témoin 61 : Non, ce n’est pas un discours
Le Président : …par exemple en disant : « Voilà, au nom de l'APARU,
Monsieur le premier ministre, nous sommes contents de vous accueillir… »
le témoin 61 : Non. Il a dit seulement : « Voilà, maintenant… »
Le Président : Il a pris la parole au cours de la réunion.
le témoin 61 : Oui, au cours de la réunion. Mais pas de discours.
Le Président : Bien. Autre question ? Les parties sont-elles d'accord pour que le
témoin se retire ? Ah ! Pardon, excusez-moi, Maître Clément de CLETY.
Me. de CLETY : Monsieur le président, si vous me le permettez, une question
très brève pour reprendre la déposition de Monsieur le témoin 61. Peut-il confirmer
ses propos devant les enquêteurs, à savoir je lis sa déposition : « Vincent
NTEZIMANA, se considérant comme représentant du personnel de l'UNR, y a pris
la parole pour appuyer la position du gouvernement c'est ce que nous venons
d'évoquer…
Le Président : Le témoin a répondu à ça, hein…
Me. de CLETY : Oui, mais c'est la fin de la phrase qui m'intéresse, Monsieur le président,
« …sur laquelle les gens qui venaient d'être tués… »
Le Président : Mais le témoin a déjà répondu à cette question-ci il y a quelques
minutes. Bien, y-a-t-il d'autres questions ? Les parties sont d'accord pour
que le témoin se retire ? Monsieur le témoin 61, est-ce bien des accusés ici présents
dont vous avez voulu parler ? Persistez-vous, confirmez-vous ce que vous
venez de déclarer ?
le témoin 61 : Je confirme, Monsieur le président.
Le Président : La Cour vous remercie. Vous pouvez disposer de votre temps pour
le moment mais je vous demande de rester à la disposition de la Cour jusqu'à
votre retour au Rwanda, si jamais c'était nécessaire.
le témoin 61 : Merci, Monsieur le président. Et je vous demande aussi de prendre en
compte la partie civile que j'introduis pour la mort de mon fils.
Le Président : Vous avez un avocat ?
le témoin 61 : Pour le moment, non.
Le Président : Euh… rien ne l'empêche de se déclarer… Il déclare se constituer
partie civile. Monsieur le témoin 61 déclare se constituer partie civile pour la
mort de son fils, enfin… en raison de la mort de son fils. Les parties ont-elles
des remarques à formuler ? Contre qui, contre qui demandez-vous éventuellement
des dommages et intérêts pour la mort de votre fils ?
le témoin 61 : Les gens qui ont organisé...
Le Président : Oui, mais ici nous n'en avons que quatre, hein. Il y a quatre
personnes, nous ne savons pas juger d'autres personnes. Est-ce que vous réclamez
des dommages et intérêts à Monsieur NTEZIMANA ? à Monsieur HIGANIRO ?
Aux deux religieuses ? à tous les quatre ? Ou rien qu'à un des quatre
?
le témoin 61 : Bah, ceux que je connais, ils étaient dans l'organisation, c’était
NTEZIMANA qui était dans l’organisation, qui je pense était dans l’organisation.
Pour le reste, je ne les connais pas.
Le Président : C'est ça. Donc, c'est contre lui que vous demandez quelque chose.
Contre Monsieur NTEZIMANA.
le témoin 61 : Oui, oui.
Le Président : Bien. Les parties ont-elles une remarque, enfin une… Monsieur
NTEZIMANA ou sa défense, pas de remarque. Donc, il vous est donné acte de votre
constitution de partie civile. |