assises rwanda 2001
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Instruction d’audience V. Ntezimana Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience V. Ntezimana > Audition témoins > le témoin 61
1. N. Gasana 2. le témoin 9 3. le témoin 125 4. le témoin 134 5. le témoin 116 6. le témoin 61 7. le témoin 124 8. le témoin 50 9. le témoin 150 10. le témoin 73 11. le témoin 55 12. le témoin 100 et commentaires V. Ntezimana 13. le témoin 97 14. le témoin 104 15. H. Gallee 16. le témoin 84 17. le témoin 36 18. B. Van Custem et commentaires V. Ntezimana et E. Seminega 19. Lecture président attestation J.B. Seminega 20. le témoin 77 21. le témoin 10 22. le témoin 96 23. le témoin 42 24. R. Degni-Segui 25. le témoin 15 26. J. Léonard et commentaires partie civile et V. Ntezimana 27. J.P. Van Ypersele de Strihou 28. le témoin 118 29. le témoin 31, commentaires avocat général, partie civile, défense, audition interview I. Nkuyubwatzi 30. le témoin 108 31. le témoin 127 32. le témoin 109 33. le témoin 147 34. le témoin 105 35. le témoin 89
 

6.3.6. Audition des témoins: le témoin 61

Le Président : Monsieur le témoin 61 est-il présent ? Monsieur le témoin 61 peut approcher. Je ne sais pas, il parle peut-être français ? Bien. Je vais demander le silence dans la salle.

Le Président : Monsieur, quels sont vos nom et prénom ?

le témoin 61 : le témoin 61.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

le témoin 61 : 72 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

le témoin 61 : Médecin et professeur.

Le Président : Quelle est votre commune de domicile ?

le témoin 61 : Commune actuellement s'appelle Ngoma, mais c’était… la commune de Ngoma mais elle s'appelle ville de Butare.

Le Président : Donc au Rwanda ?

le témoin 61 : Oui.

Le Président : Monsieur le témoin 61, connaissiez-vous les accusés, Monsieur NTEZIMANA, Monsieur HIGANIRO, Madame MUKANGANGO ou Madame MUKABUTERA avant les faits qui leur sont reprochés, c'est-à-dire avant le mois d'avril 1994.

le témoin 61 : Je connais HIGANIRO. Je connais NTEZIMANA, mais pas d'autres.

Le Président : Bien. Vous n'êtes pas de la famille des accusés ni de la famille des parties civiles ?

le témoin 61 : Je ne suis pas de la famille de tous ceux-là.

Le Président : Et vous ne travaillez pas, vous n'êtes pas sous un lien de contrat de travail ni avec les accusés ni avec les parties civiles ?

le témoin 61 : Non, je n'ai pas de contrat de travail avec eux.

Le Président : Vous pouvez, Monsieur le témoin 61, vous asseoir. Ah, oui, pardon, excusez-moi. Je vais vous demander de prêter serment, vous savez… j'ai oublié de vous faire prêter serment. Voilà, vous pouvez lever la main droite et prononcer le serment.

le témoin 61 : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité.

Le Président : Je vous remercie. Vous pouvez maintenant vous asseoir. Monsieur le témoin 61, vous avez fait la connaissance de Vincent NTEZIMANA, surtout en 1993, à son retour de Belgique, lorsqu'il est venu enseigner à l'université de Butare. C'est bien exact ?

le témoin 61 : C'est exact, Monsieur le président.

Le Président : Vous aviez été, depuis 1984 et jusqu'en 1994, président de l'Association du Personnel Académique Rwandais de l'Université qu'on appelle l'APARU.

le témoin 61 : Oui, Monsieur le président.

Le Président : Au début de l'année 1994, les professeurs ont demandé le renouvellement de la direction de cette association et c'est ainsi, semble-t-il, que Monsieur Vincent NTEZIMANA a été élu président de cette association et vous a donc remplacé dans cette fonction.

le témoin 61 : Oui, en février 1994. Il a été élu mais… il m'a remplacé effectivement, mais il n'avait pas encore obtenu, je dirais, les nominations légales.

Le Président : C'est ça. Il y aurait notamment toute une procédure de publications etc. qui n'était pas terminée au moment où ont éclaté les événements au Rwanda, le 6 avril 1994. C'est bien exact ?

le témoin 61 : C'est exact.

Le Président : Vous avez expliqué que Monsieur NTEZIMANA vous paraissait être le bras droit du vice-recteur de l'université, dont le nom est si compliqué… Jean Berckmans…

le témoin 61 : NSHIMYUMUREMYI.

Le Président : Voilà. Pourquoi est-ce que vous dites qu'il était son bras droit ?

le témoin 61 : Ben… vous comprenez que lorsqu'il venait d'être élu président du personnel, de l'association du personnel, ce n'est que normal qu'il soit le bras droit du vice-recteur. Mais je dois préciser tout de même que l'APARU ­ Association du Personnel Académique Rwandais de l'Université ­ n'est pas un syndicat. C'est seulement une association sans but lucratif, donc qui n'a que le statut de consultation auprès des autorités, donc, à l'ordre des autorités de ce campus. Et, par conséquent, on ne pouvait pas, le campus ne pouvait pas recommander n'importe qui pour occuper un pareil poste. Merci, Monsieur le président.

Le Président : Le 6 avril 1994, l'avion du président le témoin 32 est abattu. Il semble, d'après vos explications, que dès que cette nouvelle a été connue, il y a eu des instructions gouvernementales interdisant aux personnes de sortir de chez elles.

le témoin 61 : C'est exact, Monsieur le président.

Le Président : Vous avez même dit que, à votre sens, c'était une manière d’ainsi pouvoir plus facilement retrouver les personnes que l'on recherchait. Quand elles sont chez elles, c'est moins difficile de les trouver que quand elles ne sont pas là.

le témoin 61 : Mais, à mon avis, je crois que c'est clair.

Le Président : Donc, vous comme d'autres, vous êtes resté chez vous jusqu'à ce que des instructions suivent en disant, notamment, qu’une série d'activités essentielles à la vie devaient se poursuivre et notamment, - puisque je crois que vous étiez, vous avez expliqué, médecin et professeur - vous aviez à reprendre des activités, notamment à l'hôpital ?

le témoin 61 : Oui, nous devions reprendre nos activités à l'hôpital aussi bien… moi, je travaille au laboratoire universitaire comme biologiste et comme chef de service, et en même temps à l'hôpital. Et on nous demandait de reprendre nos activités parce que la ville de Butare n'était pas encore atteinte par les massacres à ce moment-là. Donc, on avait décrété une semaine, les autorités nationales avaient décrété une semaine. Après la semaine, Butare était calme, il n'y avait rien. Alors on a demandé à tout le monde de reprendre les activités.

Le Président : Vous avez effectivement aussi expliqué que, jusqu'au 19 avril 1994, la situation est restée relativement calme à Butare.

le témoin 61 : Oui, oui, Monsieur le président.

Le Président : Les massacres ont commencé le lendemain, après un discours qu'avait fait le 19 avril 1994, le président intérimaire du Rwanda, Monsieur…

le témoin 61 : SINDIKUBWABO Théodore.

Le Président : Oui.

le témoin 61 : SINDIKUBWABO Théodore.

Le Président : C'est ça, exactement, et c'est un discours qui a été fait à Butare ?

le témoin 61 : Oui. Le discours a été lu, a été fait à Butare, dans la maison du MRND, le 17 avril.

Le Président : Est-ce que ce n'est pas le 18 ou le… plutôt, le 18 ou le 19 avril ?

le témoin 61 : Non, c'est le 17, le 18 ou le 17, si je me souviens. Le 17 ou le 18. Mais deux jours après, c'est alors que les massacres ont commencé.

Le Président : C'est ça. Euh… notamment, je crois que vous dites qu'il y a un de vos neveux qui a été attaqué, qui a failli être tué ; il y a une intervention de votre part auprès du procureur de la république, qui vous a conseillé de contacter le capitaine NIZEYIMANA.

le témoin 61 : Oui, j'ai fait cela.

Le Président : C'est quelqu'un qui avait du pouvoir, alors, ce capitaine ?

le témoin 61 : Quand mon neveu a été attaqué, la nuit, lorsqu'il m'a téléphoné, j'ai contacté l'autorité, je dirais la plus proche, qui était tout près de moi, par téléphone, c'était le procureur de la république et au procureur de la république je lui demande ce que je pouvais faire. Le procureur de la république m'a conseillé, m'a demandé de m'adresser au commandant de place qui était le colonel, je crois, qui était le témoin 151. Mais quand j'ai essayé de toucher par téléphone le témoin 151 au camp, on m'a dit qu'il ne peut pas être disponible. Comme l'attaque de la maison de mon neveu continuait, on entendait dans le téléphone qu'on était en train de casser les portes - heureusement les portes étaient en fer, c'est pourquoi ça a duré - j'ai de nouveau contacté le procureur. Je lui ai dit : « Ecoutez ça ne marche pas, puisque je ne parviens pas à trouver le témoin 151. Qu'est-ce que je peux faire pour sauver mon neveu ? ». Il me dit qu'il était incapable lui aussi de me faire quoique ce soit. Alors, il me conseille de téléphoner dans le camp militaire. Et c'est alors que j'ai téléphoné dans le camp militaire et j'ai… j’ai demandé à qui je peux m'adresser. On m'a dit : « Ecoutez, on va vous… vous devez vous adresser au capitaine… », je ne me souviens plus…

Le Président : NIZEYIMANA.

le témoin 61 : Oui, « …NIZEYIMANA, et c'est lui qui est le chef des opérations ». Mais je n'ai pas pu avoir NIZEYIMANA. J'ai continué à téléphoner, à téléphoner, demander si jamais il est là pour me répondre. Alors on m'a dit : « Ecoutez… » la réponse a pris à peu près une heure, c'est qu'on m'a dit : « On a envoyé les patrouilles dans la ville », parce qu'il était dans le faubourg de Ngoma, non pas dans le centre ville, là où j'habite. Il était dans le faubourg. On m'a dit : « On a envoyé les patrouilles dans les rues donc, ne vous inquiétez pas. Si votre neveu n'est pas celui qu'on recherche, il sera sauf ». Et c’est que, le lendemain vers 4 heures du matin, 4 heures et demie du matin, j'ai vu mon neveu, conduit par les militaires, il se trouvait dans un état déplorable. On l'avait traîné dans la boue, et on a passé par ­ non pas par, je dirais, la porte, parce que le patio n'est pas clôturé complètement, c’est perméable - on a passé par derrière, par l'entrée, et on m'a apporté mon neveu, disant qu'un des militaires était son ami. Alors, mon neveu avait demandé pour dire, venir me dire au revoir, parce qu'il devait mourir. Il était sur la liste des gens qui devaient être liquidés. Par après, j'ai appris qu'il était le cinquième sur la liste. Alors…

Le Président : Vous savez pourquoi il se trouvait sur cette liste ?

le témoin 61 : Oui. On l’accusait…

Le Président : Est-ce que votre neveu avait, je ne sais pas, une situation particulière qui…

le témoin 61 : On l'accuse d'être en compagnie, voilà. Parce qu’il y a son frère qui était dans l’Armée patriotique rwandaise, mais qui s’appelait à ce moment-là « Inkotanyi ». C'était pas encore l’armée actuelle. Son frère était là et… au moment où ils étaient à Murindi, il s'était rendu pour l'accueillir parce que son grand frère ne vivait pas au Rwanda, il vivait en exil. Alors, tous ceux qui étaient, tous ceux qui avaient été à Murindi, devraient être liquidés parce qu’ils étaient considérés comme étant Inkotanyi. Voilà ce qui s'est passé pour mon frère, plutôt mon neveu. D’ailleurs, il a été tué après.

Le Président : Il a été tué, votre neveu ?

le témoin 61 : Dans la suite. A ce moment là…

Le Président : A ce moment-là, est-ce qu'il n'a pas été libéré moyennant le paiement de 50.000 francs rwandais ?

le témoin 61 : Là, on me l'a laissé ce jour-là, on m'a dit : « Ecoutez, on vous le laisse ». On avait demandé 100.000 francs, mais, comme je ne les avais pas, j'ai donné ce que j'avais, alors 50.000 francs n'étaient même pas là, j'ai pu réunir 27.000 francs. Je leur devais encore 18.000 francs. Alors, ils sont venus le lendemain les chercher. Et alors, on m'a laissé mon neveu mais on m'a dit : « Ecoutez, nous allons dire à tous ceux qui nous ont demandé de ramener que nous n'avons pu retrouver, il s'est échappé. Alors, il faut que nous disions cela autour d’un verre ». Alors, quand ils ont dit : « Ecoutez, mais votre neveu donc, il s'appelle Georges, il ne doit plus apparaître dans Butare… »

Le Président : C'est ça.

le témoin 61 : « …parce que s'il apparaît à Butare, on vous tue, parce que nous autres, on va nous tuer ». Alors, j'ai essayé de trouver un refuge quelque part, mais à Butare ça n'a pas tenu parce que le refuge que je cherchais était tantôt connu, il fallait déplacer encore. J'ai décidé alors de trouver quelqu'un, à qui j'ai donné encore de l'argent pour l'évacuer à Gitarama, parce que je suis originaire de là. Et, arrivé là, il a pu rester quelques semaines en vie et, par après, quand je suis rentré du camp de réfugiés où j'étais, on m'a dit qu'on l'a tué à Gitarama.

Le Président : Après le 2 mai 1994, il semble que l'on a organisé, notamment à travers des réunions, des comités de sécurité par cellule, par quartier, dans lesquels les gens étaient chargés d'organiser la sécurité, d'organiser des barrages dans leur quartier. C'est bien exact ?

le témoin 61 : Oui, c'est exact. Est-ce que, Monsieur le président, je peux encore… je peux placer un mot ?

Le Président : Oui.

le témoin 61 : Et c'est que la date du 2 mai est pour moi une date douloureuse.

Le Président : Oui ?

le témoin 61 : Le 2 mai, vers la fin de la matinée, mon fils, mon deuxième fils, mon propre fils, a été abattu par balles, en plein jour. Il est mort. Nous l'avons enterré le 3. J'ai pu, grâce à une connaissance d'un militaire, récupérer le corps par l'intermédiaire de la Croix-Rouge. A ce moment là, c'était je pense, le… qui était là, c'étaient les Suédois qui étaient à l'hôpital. C'est là qu'ils m'ont donné… enfin, trouvé un véhicule pour aller récupérer le corps qui avait été jeté dans… dans la fosse à fumier avec trois autres corps. Il avait reçu quatre balles, une balle dans la tête qui avait complètement broyé le cerveau ; une balle dans la poitrine de face, qui a traversé ; une balle au bras qui a cassé complètement le bras, de façon à ce que l'avant-bras pendait seulement par un petit morceau de chair ; une balle dans la cuisse qui avait fracturé le fémur. Voilà, et à ce titre, je crois que ce procès en cours me concerne, Monsieur le président. Je vous demanderais, si c'est possible, d'en tenir compte.

Le Président : Y-a-t-il encore d'autres membres de votre famille qui ont perdu la vie au cours de ces événements ?

le témoin 61 : Les autres ne l'ont pas perdue à Butare. Il y a mon neveu qui l’a perdue à Gitarama, les autres l’ont perdue à Kigali. Et les membres de ma famille et de ma femme, la famille de ma femme, ont été pratiquement décimés.

Le Président : Il y a bien eu des comités de sécurité dans Butare ?

le témoin 61 : Oui.

Le Président : Par quartier, par cellule, etc. ?

le témoin 61 : Oui, Monsieur le président.

Le Président : Il était demandé à chacun d'y participer ?

le témoin 61 : Oui. Il était demandé à chacun de participer dans la mesure où les barrages, donc, devraient être surveillés, pour éviter qu’il n'y ait pas d'infiltration d'ennemis dans la ville. Voilà. Parce qu’on pense que l'ennemi, les Inkotanyi, étaient proches.

Le Président : Euh… Monsieur NTEZIMANA, il faisait partie d'un comité de sécurité ?

le témoin 61 : Je vous ai dit que ­ si vous le comprenez bien ­ NTEZIMANA ne vit pas dans le même quartier que moi.

Le Président : Ah, d'accord.

le témoin 61 : Mais, dans son quartier, il faisait partie du comité de cellule comme partout, et je pense que les hommes valides ne pouvaient faire, que faire partie d'un comité de cellule. Moi, j'avais été opéré et je venais d'être opéré il y avait 4 ans, non… oui… 2 ans que j'étais opéré, je ne pouvais pas aller sur les barrières, mais les autres allaient sur les barrières, se relayaient sur les barrières.

Le Président : Vous avez expliqué qu'à un moment donné vous aviez, semble-t-il, constaté que le colonel le témoin 151, hein, le chef de place, en fait n'avait plus la confiance du gouvernement pendant le mois de mai 1994. Par contre, c'était NIZEYIMANA qui avait… le capitaine NIZEYIMANA, qui avait cette confiance. Il semblerait, d'après ce que vous… si je comprends bien… que le chef en titre n'était pas le chef réel. N'était plus le chef réel ?

le témoin 61 : Lorsque le bourgmestre de la ville a réuni les gens de notre secteur, il nous a présenté, comme autorité militaire, le capitaine NIZEYIMANA, non pas le major le témoin 151. Et apparemment, c'est lui qui commandait les opérations, c'était lui qui avait le monopole de sauver ce qu'il peut sauver, ce qu'il veut sauver, et de laisser périr ceux qu'il ne veut pas sauver. Ça, c'est mon impression.

Le Président : Dans le courant du mois de mai 1994, le personnel académique qui est le personnel administratif de l'université, à été convoqué à une réunion au cours de laquelle le premier ministre intérimaire KAMBANDA, a pris la parole.

le témoin 61 : Oui, cette réunion, c'est une date qu'on ne peut pas oublier parce que ça a été une date où certaines orientations ont été, je dirais, ont été révélées. C'était le 14 mai.

Le Président : Et c'était quoi, les orientations ?

le témoin 61 : Les orientations de dire que le gouvernement avait, devrait communiquer aux gens pour la défense du pays. Ces orientations donc, on était au 14 mai, elles consistaient à dire : « Voilà, on a fait des comités ». Au cours de la réunion, KAMBANDA a demandé au conseil de comité de défense, plutôt d'études pour soi, pour ce qui concerne la guerre, qui concerne les transports, qui concerne les relations etc. et chacun était obligé de s'inscrire dans ces comités. Et puis alors après, il a dit : « Ecoutez… », il y a des intervenants, dont le vice-recteur et certains autres qui ont dit : « Ecoutez, nous, nous sommes là pour pouvoir soutenir l'action du gouvernement dans la manière de gagner la guerre ».

Le Président : Monsieur NTEZIMANA a aussi pris position lors de cette réunion pour soutenir la position du gouvernement ?

le témoin 61 : Monsieur NTEZIMANA était là et on l'avait mandaté pour préparer le texte à présenter parce que la réunion, pour moi la réunion n'était pas connue. La réunion a été convoquée par le vice-recteur, non pas par le ministre. Alors, comme nous avons été là, moi, nous pensions que c’était une réunion de travail, mais cela a été une réunion politique. Et NTEZIMANA était là, comme les autres, et il devait prendre la parole du personnel au moins pour montrer au premier ministre, je dirais… la soumission du corps professoral au programme du gouvernement. C'est d'abord le recteur qui a pris la parole pour accueillir le premier ministre, puis le vice-recteur et puis alors le corps enseignant et puis alors les autres, ils se sont succédés.

Le Président : Dont Monsieur NTEZIMANA ?

le témoin 61 : Dont Monsieur NTEZIMANA bien sûr.

Le Président : Vous expliquez dans votre audition, à un moment où vous avez été entendu au Rwanda, que notamment Monsieur NTEZIMANA soutenait l'explication du gouvernement selon laquelle les gens qui avaient été tués jusqu'à présent, jusqu'à ce 14 mai, étaient toutes des personnes qui avaient été tuées parce qu'il s'agissait de combattants du FPR ?

le témoin 61 : Oui, c'était la version, Monsieur le président, c'était la version du gouvernement. Il disait : « Ecoutez. Le FPR… » mais c'était un peu l'opinion répandue, qui était défendue à ce moment là, que les gens du FPR avaient installé des brigades sur toutes les collines parce qu'elle avait infiltré le pays et que les gens qui étaient tués, c'était en principe des combattants, mais que, dans les combats il y a toujours possibilité que les hommes, les innocents, ils succombent ; qu’il y a vraiment des gens qu'on ne voulait pas tuer, comme les femmes et les enfants, mais qui succombaient dans ces combats. Voilà. C'était la version qu'on nous a révélée à ce moment-là.

Le Président : Selon ce que vous avez vu de morts à Butare, c'étaient des infiltrés ?

le témoin 61 : Voir les morts, où est-ce que vous voulez les trouver ? Voir les morts, il fallait aller là où on tue.

Le Président : Ah oui.

le témoin 61 : Il n'y avait pas moyen que j’y arrive…

Le Président : Oui, mais à Butare, on a tué aussi quand même ?

le témoin 61 : Oui, on a tué mais il n'y a pas moyen que j'y arrive.

Le Président : Ah !

le témoin 61 : Comment y arriver ? Avec toutes ces barrières-là. Là, on entendait là où on tuait. On entendait les balles, on entendait les grenades, on entendait tout. Mais il y avait… on ne vous laissait pas venir voir ceux qu'on tue. Ce n'est pas possible, Monsieur le président. Mais certes, c’est qu’on a tué des gens et les enfants et les femmes parce que… où est-ce qu'ils sont par après ?

Le Président : Vous avez exprimé, lorsque vous avez été entendu au Rwanda, l'opinion, personnelle bien sûr, que Vincent NTEZIMANA faisait partie d'un cercle, du cercle des organisateurs du génocide pour Butare.

le témoin 61 : Oui j'ai… je crois que le cercle existait. Quand vous voyez l'axe, NIZEYIMANA, le capitaine NIZEYIMANA, et que j'avais appris que NTEZIMANA est un ami de NIZEYIMANA, NIZEYIMANA qui commandait, je dirais, les tueries, et il y avait encore le bourgmestre de la ville, et il y avait encore un certain autre, d'autres personnes, mais ce cercle-là, je pense que si NTEZIMANA était ami et faisait des réunions avec les gens de ce cercle, et je pense qu'il faisait partie, il savait… il savait ce qui faut penser dans le cercle. Merci Monsieur le président.

Le Président : Donc, vous avez exprimé cette opinion en vous fondant sur le fait que NTEZIMANA Vincent et le capitaine NIZEYIMANA étaient amis et qu'ils participaient ensemble à des réunions.

le témoin 61 : A des réunions.

Le Président : Bien. Y-a-t-il des questions à poser au témoin ? Vous connaissez Monsieur KARENZI, le professeur KARENZI ?

le témoin 61 : Je connais très bien, il a été mon ami et on travaillait ensemble dans une association d'écoles.

Me. HIRSH : Avez-vous reçu un appel téléphonique de militaires ou autre dans l'après-midi du 21 avril, qui vous demandait, par exemple, l'appartenance ethnique de cette famille ?

le témoin 61 : Non. Parce qu'à ce moment-là, je m'occupais uniquement de mon neveu et de ma femme qui était Tutsi et qui était menacée. J'essayais de cacher autant que possible ma femme et j'essayais de sauver uniquement mon neveu et, dans le reste, je n'ai reçu aucun coup de téléphone à ce moment-là.

Le Président : Vous n'avez pas reçu une demande de renseignements sur… ?

le témoin 61 : Rien.

Le Président : …plus précisément, l'ethnie à laquelle appartenait la femme du professeur KARENZI ?

le témoin 61 : Pas du tout. Ben, KARENZI a été tué pratiquement du premier coup, pratiquement, parmi les premiers, avec sa femme. Ben, où est-ce qu'on aurait reçu le coup de téléphone ? Quand on pouvait avoir reçu le coup de téléphone ?

Le Président : Est-ce que vous habitiez dans le même quartier que le professeur KARENZI ?

le témoin 61 : Non. Au contraire, c'est le quartier Huye de NTEZIMANA, du témoin, d’autres… se trouve à peu près à 400 mètres du quartier où j'habite.

Me. LARDINOIS : Il existait un système de sécurité téléphonique ou un système de solidarité entre professeurs de l'université qui voulaient qu'en cas de danger on s'appelle l'un l'autre. Est-ce que vous avez participé à ce système même si vous n'habitiez pas le même quartier que le professeur KARENZI ?

le témoin 61 : Ce système, je ne le connaissais même pas, si jamais il existait. Ce que je pourrais faire c'est, pour moi individuellement, demander à quelqu'un est-ce qu'il est encore en vie. Mais ce n'était pas possible, parce qu’à partir, je pense que c'est après la date du 23 ou le 24, mon téléphone avait été mis sur écoute. Je l'avais su ; je ne téléphonais plus.

Me. LARDINOIS : Vous avez déclaré tout à l'heure que, en tant que président de l'APARU, vous étiez le bras droit du vice-recteur. Donc, vous le connaissiez bien, forcément je suppose. Pardon… que Monsieur NTEZIMANA, lorsqu'il vous a succédé, était le bras droit du vice-recteur puisqu'il occupait cette fonction de président de l'APARU. Vous-même, vous avez occupé cette fonction auparavant, je suppose que vous connaissiez bien le vice-recteur, est-ce que vous le décririez comme étant quelqu'un d'extrémiste, de Power et peut-être éventuellement, connaîtriez-vous son rôle au cours des événements ?

le témoin 61 : Oui, j'ai été auparavant, depuis… je dirais un certain nombre d'années… le président de l'APARU, mais ce n’était qu'une association, pas un syndicat, une association sans but lucratif. Et le vice-recteur qui était là au moment des massacres du génocide, était le vice-recteur récemment nommé. Ce n'était pas celui qu’il y avait auparavant. Donc, je connaissais le vice-recteur, parce qu'il était médecin comme moi, mais quand il a été nommé vice-recteur, il a épousé complètement les vues du gouvernement. Donc… vous savez, on ne peut pas nommer quelqu'un dans un… un vice-recteur, dans une institution universitaire de haut lieu de connaissances, sans qu'il soit un agent, je dirais docile, avoué, aux actions du gouvernement.

Me. LARDINOIS : Et est-ce qu'il a joué un rôle actif pendant les événements ?

le témoin 61 : Ben, je n'étais pas avec lui ! Il était sur le campus et on n'habitait pas le même quartier, mais de toute façon, vous pouvez vous rendre compte pour le moment si vous menez encore une enquête et… qu'est-ce qui… combien de gens sont tombés sur le campus… ? Est-ce qu'il n'était pas responsable du campus ? Il y a maintenant un mémorial de nombreux étudiants qui sont tombé sur le campus. Voilà ce que je peux répondre à ce sujet.

Le Président : Y a-t-il d'autres questions ? Monsieur l'avocat général ?

L'Avocat Général : Je voudrais simplement que le témoin confirme une autre partie de sa déclaration. Vous avez déclaré que vous avez appris par le doyen de la faculté de médecine que Monsieur NTEZIMANA avait été convoqué à une réunion restreinte avec des professeurs où était également présent, spécialement venu en hélicoptère, le premier ministre, donc Monsieur KAMBANDA, qui aurait donc remis un document aux intéressés. Est-ce que vous pouvez confirmer cela ?

le témoin 61 : Monsieur le président, la réunion s'est passée à peu près à 200 mètres de mon logement. Vous comprenez que l'hélicoptère passait au-dessus de ma maison. L'hélicoptère a passé et j'étais à la maison, j'avais toujours mes béquilles, mais j'avais enlevé seulement un seul... Alors j'étais un peu… je me suis dit : « L'hélicoptère vient ». C'est à peine quelques 3-4 jours… non, 2 jours, 3 jours après la réunion de KAMBANDA. C'est peut-être 2 jours, la réunion que nous avions eue ensemble. Alors moi j'étais curieux de savoir où allait cet hélicoptère qui s'est posé un peu à 200 mètres de mon logement. Alors, quand je prends ma béquille, je vais voir, c'était vers… aux environs de… 14 heures, un peu plus au-delà de 14 heures et pas encore à 16 heures, dans les environs, vers ces heures-là, et quand je… il y a une route qui sort de là où la réunion avait eu lieu - c'était la maison d’accueil universitaire, comme on l’appelle -, et qui débouche dans la grande route.

Et je vois la voiture du doyen KAREMERA qui tournait pour emprunter la grande route. Il me voit, et quand il me voit avec mes béquilles, il s'arrête. Il s'arrête. Moi je vais pour lui demander à travers la fenêtre : « Qu'est-ce qui se passe ? J'ai vu l'hélicoptère et je vois que vous venez de là ». Il m'a dit : « Ecoutez, il y avait… nous avons fait une réunion pour finaliser le document que nous devons remettre au premier ministre qui nous a visités il y a 2 ou 3 jours. Alors, je viens vous demander de venir ici pour qu’on lui donne le document ». Alors, je dis : « Est-ce que tout le monde était là ? » Il me dit : « Il y a… c’est seulement ceux qui ont préparé le document ». Et je dis : « Le personnel était représenté ? » « Non » il disait, parce qu'il y a aussi des membres de l'APARU. Il disait : « Nous étions représentés par notre président ». Voilà ce que j'ai appris à ce moment-là. C'est ça que je peux préciser.

Le Président : Oui, donc si je comprends bien, c'est un document…

le témoin 61 : Je n'ai pas compris pourquoi, je n'ai pas connaissance…

Le Président : Vous n'avez pas connaissance du contenu de ce document ?

le témoin 61 : Non.

Le Président : Mais, c'est un document qui a été remis, notamment par le président de l'APARU, au premier ministre ?

le témoin 61 : Je ne crois pas, Monsieur le président, que ça soit le président de l'APARU mais c'était un comité qui avait rédigé le document…

Le Président : Un comité avait rédigé le document, oui…?

le témoin 61 : …et puis il y a tout le monde qui est allé là où on devrait remettre le document. Il a peut-être été remis par le recteur ou par le vice-recteur, mais les gens qui avaient composé le document étaient là.

Le Président : Donc, et ceux qui ont composé… dans ceux qui, selon les explications qui vous ont été données par le doyen…

le témoin 61 : Le doyen et…

Le Président : Monsieur NTEZIMANA en faisait partie ?

le témoin 61 : …en faisait partie, parce qu’il avait même préparé le texte. Mais il avait participé probablement à préparer le texte. Ça, je ne sais pas préciser, parce que je n'ai pas vu le document. Ce que je vous rapporte c'est ce qui m'a été rapporté.

Le Président : Bien. D'autres questions ? Oui, Maître CARLIER.

Me. CARLIER : Merci, Monsieur le président. Est-ce que le témoin peut dire si son neveu a tenté d'être évacué par l'université ?

Le Président : Votre neveu, Georges… c’est Georges je crois ?

le témoin 61 : Oui, oui.

Le Président : Avait-il fait par exemple une demande d'évacuation par l'intermédiaire de l'université ?

le témoin 61 : Non, Monsieur le président. Il n'a jamais demandé parce qu'il ne faisait pas partie du personnel de l'université. Lui travaillait comme vétérinaire au ministère de l'agriculture et travaillait dans le projet du ministère de l'agriculture assisté par la coopération belge. C'était… que le premier refuge que j'ai pu lui trouver, c'était chez un Belge. Mais quand les Belges ont quitté précipitamment Butare, sur l'ordre du gouvernement, je me suis trouvé maintenant dans une maison, comme tant d'autres, inoccupée, où il n'y avait plus de protection. Il fallait encore rechercher un autre refuge, évidemment. Et lorsqu'on est à Bruxelles, on pense que c'est quelque chose de facile. Ca a été terrible pour trouver encore notre refuge encore pour évacuer à 90 kilomètres sans…, à travers les barrages et les tueries des milices Interahamwe. Donc, on n'a pas, il n’a pas demandé à être évacué par l’université parce qu'il ne faisait pas partie du personnel de l'université, ni lui ni sa femme.

Le Président : D'autres questions ?

Me. CARLIER : Quand le témoin signale donc que son neveu Georges figurait en cinquième position sur une liste, il ne s'agit pas de liste constituée à l'université dont on dit que c'est Monsieur Vincent NTEZIMANA qui a constitué ces listes ?

Le Président : Donc, la liste sur laquelle votre neveu apparaissait, selon vos explications en cinquième place, c'est pas une liste qui vient de l'université ?

le témoin 61 : Non, Monsieur le président. La liste n'avait pas été établie par l'université. C'est une liste qui avait été établie par la sécurité. Je voudrais préciser : les gens qui avaient contact qu'on appelait les pions, en kinyarwandais on dit « Ibyitso » et c'est cette liste qui avait été constituée par les autorités, non pas par l'université. Les autorités mêmes de la sécurité, probablement la sécurité militaire, je ne sais pas.

Le Président : Bien. Oui ?

Me. CARLIER : Monsieur le président, est-ce que le témoin est formel pour maintenir que, le 14 mai, lors de la réunion générale à l'université en présence du premier ministre KAMBANDA du gouvernement intérimaire, Monsieur Vincent NTEZIMANA a pris la parole et fait un discours au nom de l'APARU, contrairement à ce qui est affirmé par d'autres témoins et ce qui est affirmé à partir d'un carnet qui figure dans les pièces du dossier déposées par Madame Alison DESFORGES et dont le juge d'instruction, Monsieur VANDERMEERSCH, a fait état hier.

Le Président : Alors, la réunion où intervient le 14 mai 1994, le premier ministre KAMBANDA. Maintenez-vous que Monsieur NTEZIMANA a pris la parole au cours de cette réunion ?

le témoin 61 : Il y a… celui qui a demandé me demande s'il y a un discours…

Le Président : Moi, je vous demande s'il a pris la parole ?

le témoin 61 : Oui c'est ça, il a pris la parole, mais pas un discours. C'est spontanément présenté le cas, comment les listes doivent … le personnel se trouve et comment le personnel peut se comporter, je dirais, dans la politique que le gouvernement définit. Que le personnel de l’université avait… le corps enseignant et les cadres administratifs… c'était les catégories, de première catégorie et de deuxième catégorie, pas les cadres de catégorie exécutive.

Le Président : Donc, il n'a pas fait un discours au nom de l’APARU…

le témoin 61 : Non, ce n’est pas un discours

Le Président : …par exemple en disant : « Voilà, au nom de l'APARU, Monsieur le premier ministre, nous sommes contents de vous accueillir… »

le témoin 61 : Non. Il a dit seulement : « Voilà, maintenant… »

Le Président : Il a pris la parole au cours de la réunion.

le témoin 61 : Oui, au cours de la réunion. Mais pas de discours.

Le Président : Bien. Autre question ? Les parties sont-elles d'accord pour que le témoin se retire ? Ah ! Pardon, excusez-moi, Maître Clément de CLETY.

Me. de CLETY : Monsieur le président, si vous me le permettez, une question très brève pour reprendre la déposition de Monsieur le témoin 61. Peut-il confirmer ses propos devant les enquêteurs, à savoir je lis sa déposition : « Vincent NTEZIMANA, se considérant comme représentant du personnel de l'UNR, y a pris la parole pour appuyer la position du gouvernement ­ c'est ce que nous venons d'évoquer… 

Le Président : Le témoin a répondu à ça, hein…

Me. de CLETY : Oui, mais c'est la fin de la phrase qui m'intéresse, Monsieur le président, « …sur laquelle les gens qui venaient d'être tués… »

Le Président : Mais le témoin a déjà répondu à cette question-ci il y a quelques minutes. Bien, y-a-t-il d'autres questions ? Les parties sont d'accord pour que le témoin se retire ? Monsieur le témoin 61, est-ce bien des accusés ici présents dont vous avez voulu parler ? Persistez-vous, confirmez-vous ce que vous venez de déclarer ?

le témoin 61 : Je confirme, Monsieur le président.

Le Président : La Cour vous remercie. Vous pouvez disposer de votre temps pour le moment mais je vous demande de rester à la disposition de la Cour jusqu'à votre retour au Rwanda, si jamais c'était nécessaire.

le témoin 61 : Merci, Monsieur le président. Et je vous demande aussi de prendre en compte la partie civile que j'introduis pour la mort de mon fils.

Le Président : Vous avez un avocat ?

le témoin 61 : Pour le moment, non.

Le Président : Euh… rien ne l'empêche de se déclarer… Il déclare se constituer partie civile. Monsieur le témoin 61 déclare se constituer partie civile pour la mort de son fils, enfin… en raison de la mort de son fils. Les parties ont-elles des remarques à formuler ? Contre qui, contre qui demandez-vous éventuellement des dommages et intérêts pour la mort de votre fils ?

le témoin 61 : Les gens qui ont organisé...

Le Président : Oui, mais ici nous n'en avons que quatre, hein. Il y a quatre personnes, nous ne savons pas juger d'autres personnes. Est-ce que vous réclamez des dommages et intérêts à Monsieur NTEZIMANA ? à Monsieur HIGANIRO ? Aux deux religieuses ? à tous les quatre ? Ou rien qu'à un des quatre ?

le témoin 61 : Bah, ceux que je connais, ils étaient dans l'organisation, c’était NTEZIMANA qui était dans l’organisation, qui je pense était dans l’organisation. Pour le reste, je ne les connais pas.

Le Président : C'est ça. Donc, c'est contre lui que vous demandez quelque chose. Contre Monsieur NTEZIMANA.

le témoin 61 : Oui, oui.

Le Président : Bien. Les parties ont-elles une remarque, enfin une… Monsieur NTEZIMANA ou sa défense, pas de remarque. Donc, il vous est donné acte de votre constitution de partie civile.