6.3.8. Audition des témoins: le témoin 50
Le Président : Nous allons entendre encore, avant une petite suspension, Madame
le témoin 50. Bien, on n'aura jamais fini à 5 heures. Oui… oui, c’est juste.
Bien, on va voir jusqu'où on peut aller. Euh…, en tout cas, pas plus tard que
18 heures, ça… Mais nous avons encore deux témoins qui viennent du Rwanda après
Madame le témoin 50 ; donc, on va les traiter en priorité. Et puis… qui est-ce
que nous avons comme présents ? Donc, il y a Madame le témoin 50 qui est là.
Bon, on va voir où on en sera, tout de suite après. Oui, oui… qui demande ?
Oui, oui, et… oui, c’est juste… Bon. On va voir où on en sera tout de suite
après… Oui, c’est cela que je vais voir… où on en est et éventuellement reporter
d’autres à une autre date.
Le Président : Madame, quels sont vos nom et prénom ?
le témoin 50 : le témoin 50.
Le Président : Quel âge avez-vous ?
le témoin 50 : 33.
Le Président : Quelle est votre profession ?
le témoin 50 : Employée.
Le Président : Quelle est votre commune de domicile ou de résidence ?
le témoin 50 : 1320 Tourinnes-la-Grosse.
Le Président : Connaissiez-vous les accusés Monsieur NTEZIMANA, Monsieur HIGANIRO,
Madames MUKANGANGO et Madame MUKABUTERA ou l'un des accusés ?
le témoin 50 : Uniquement Monsieur Vincent NTEZIMANA.
Le Président : Bien. Êtes-vous de la famille des accusés ?
le témoin 50 : Non.
Le Président : Ou des parties civiles ?
le témoin 50 : Non.
Le Président : Travaillez-vous sous un lien de contrat de travail pour les accusés
ou les parties civiles ?
le témoin 50 : Non. Aucun
Le Président : Je vais vous demander, Madame, de bien vouloir lever la main
droite et de prêter le serment de témoin.
le témoin 50 : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité
et rien que la vérité.
Le Président : Je vous remercie. Asseyez-vous, Madame. Madame, vous avez, ou
vous travaillez peut-être encore d'ailleurs, je ne sais pas, vous avez en tout
cas travaillé pour une société Copy Fac à Louvain-la-Neuve ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Vous étiez la fille du gérant… ?
le témoin 50 : Oui, c'est ça.
Le Président : …de cette société, enfin, je ne sais pas si c'est une société
ou si c'est un nom commercial simplement ?
le témoin 50 : Oui, non, c'est une société.
Le Président : Euh… cette société réalise notamment des travaux de dactylographie
?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Ce n'est pas simplement un endroit où on va faire des photocopies
ou des choses de ce genre, il y a aussi réellement un travail, je dirais, de
bureau qui est fait à cet endroit ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Vous avez été interrogée il y a déjà un certain temps… à propos
d'un document qui s'appelle « L'appel à la conscience des Bahutu ».
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Qui était, comment dirais-je… auquel était annexé ou était joint
ce qui s'appelait « Les dix commandements des Bahutu ».
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Vous souvenez-vous avoir vu ce texte ?
le témoin 50 : Oui, je l'ai même dactylographié…
Le Président : Sauf la fois où on l'a montré pour vous interroger à son sujet.
le témoin 50 : Je l'ai dactylographié moi-même et je me souvenais même de certains
passages avant qu'on me montre le document. Je ne me souviens pas du titre « Appel
à la conscience des Bahutu ». Je me souviens du titre « Les dix commandements ».
Le Président : Vous avez, et vous êtes formelle...
le témoin 50 : Je suis formelle, c’est moi qui...
Le Président : ...dactylographié vous-même ces documents ?
le témoin 50 : Oui. Ces documents étaient en annexe d'un autre dossier qui parlait
du Rwanda et qui retraçait en fait, les différences qui existaient entre les
deux ethnies et ce texte était annexé.
Le Président : Vous rappelez-vous de la période à laquelle vous auriez dactylographié
ce texte ?
le témoin 50 : Non.
Le Président : Lorsque vous avez été entendue, mais c'est… il y a déjà quand
même un certain nombre d'années, puisque c'était le 15 décembre 1995, vous avez
été interrogée par la police de Ottignies-Louvain-la-Neuve ; vous avez
exposé que vous aviez dactylographié ce document à l'époque des événements de
la première guerre du Rwanda, en 1990.
le témoin 50 : Oui. Je me souviens qu'il y avait des événements à ce moment-là, mais
est-ce que c'était 90 ou 91 ou 92, ça…
Le Président : C'était pas la guerre de 94 ?
le témoin 50 : Je ne peux pas être formelle, je sais qu'il y avait des événements
qui se… On en parlait en tout cas dans les médias, mais la date exacte… non.
Ce que je peux juste dire c'est que Monsieur NTEZIMANA venait donc dans le service
et j'ai tapé ce texte au moment où une connaissance à lui, nous a confié sa
thèse de fin d'études. Et qui est un Monsieur d'ailleurs que j'ai croisé, et
que je viens de croiser dans les couloirs. C'est Monsieur…
Le Président : Et c'est à cette époque-là ?
le témoin 50 : Oui. Mais je ne peux pas préciser la date avec exactitude.
Le Président : D'accord. A l'époque, est-ce qu'il y avait un ou plusieurs étudiants
jobistes zaïrois qui travaillaient pour la société Copy Fac ?
le témoin 50 : Oui. BENDE, il s'appelait BENDE. Oui.
Le Président : C'était le seul ?
le témoin 50 : Oui. Et parfois son frère aussi, MBUYI.
Le Président : Donc, vous êtes formelle pour dire :
« C'est moi qui ai dactylographié ce texte ».
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Qui vous a demandé ce travail de dactylographie ? Est-ce que
c'est l’étudiant qui venait faire sa thèse, ou est-ce que c’est quelqu’un d’autre ?
le témoin 50 : Non, non, c'est Monsieur NTEZIMANA.
Le Président : Vous êtes formelle ?
le témoin 50 : Je suis formelle, oui.
Le Président : Vous savez qu'il conteste ça ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Quel est l'élément qui vous permet de dire formellement :
« Voilà, ça je m'en souviens bien, c'est lui qui est venu m'apporter ce
document ? ».
le témoin 50 : Parce que Monsieur NTEZIMANA est venu pendant plusieurs mois et je
n'ai pas dactylographié que ce texte pour lui. Il venait essentiellement pour
faire dactylographier du courrier. Il faisait également partie d'une association
d'étudiants rwandais et, dans ce cadre-là, il me faisait taper des textes pour
lui. On avait sympathisé et je me souviens très bien de lui. Et nous avions
d'ailleurs parlé de ce texte, après. Quand…
Le Président : Quand vous avez eu réalisé la dactylographie, c'est lui qui est
venu rechercher le résultat, si je puis dire ?
le témoin 50 : Oui, c'est lui qui est venu. Il ne m'a jamais dit que c'était l'auteur
du texte, mais c'est lui qui m'a apporté ce texte. Et je me souviens qu'on en
a même discuté après.
Le Président : Et quelle a été sa réaction, ça a été de dire : « Mon
Dieu, c'est vrai, maintenant que moi-même je l'ai lu, c'est atroce ce qui est
écrit ? ».
le témoin 50 : Non, en fait c'était plus une archive qui servait à étayer justement
le différend qui existait entre les deux ethnies. Et, même si ce texte pouvait
paraître choquant, on a plutôt parlé du fait que… comment des gens pouvaient
être sensibilisés à ce genre… d'écrit, tellement ça me paraissait… c'était très
lourd et très gros.
Le Président : Est-ce que lui était choqué par le contenu de ce texte ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Lui-même ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Vous dites bien qu'il n'a, si je puis dire, joué que le rôle
connu par vous de vous apporter un texte qui était manuscrit ?
le témoin 50 : Non, il était dactylographié.
Le Président : Qui était déjà dactylographié ?
le témoin 50 : C'était un texte déjà dactylographié.
Le Président : Alors, il s'agissait de, je ne sais pas, du re-dactylographier
pour en faire une mise en page agréable ou quoi ?
le témoin 50 : Oui. A partir du moment où ce texte était une archive, il servait dans
un autre dossier, il fallait qu'il y ait la même impression. Donc, on a tout
redactylographié. Il y avait une partie du dossier qui était manuscrite et une…
et ce texte-là était déjà dactylographié.
Le Président : Donc, « Les dix commandements », uniquement « Les
dix commandements » qui étaient déjà dactylographiés ?
le témoin 50 : En tout cas de ce que je me souviens, oui.
Le Président : Uniquement cette partie-là, le reste était manuscrit ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : C'était donc un exposé reprenant le problème des luttes entre
Hutu et Tutsi au Rwanda ?
le témoin 50 : Voilà c'est ça.
Le Président : Donc, ça vous avez dû…
le témoin 50 : Re-dactylographier. Voilà.
Le Président : Re-dactylographier et ensuite re-dactylographier « Les dix
commandements » dans le même… même type de caractère… même alignement…
que sais-je ?
le témoin 50 : Dans le même caractère. Oui, c'est ça.
Le Président : C'est ça. Et donc, son rôle a été, selon vous, de vous apporter
le document qu'on va appeler manuscrit.
le témoin 50 : Oui.
Le Président : De vous le remettre en vous demandant du dactylographier ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Et de venir rechercher le résultat de votre travail ?
le témoin 50 : Voilà.
Le Président : Et de payer…
le témoin 50 : Oui.
Le Président : …j'imagine, le résultat de votre travail. Il ne vous a jamais
affirmé être lui-même l'auteur de ce document ?
le témoin 50 : Jamais. Non
Le Président : De tout ou partie du document ?
le témoin 50 : La partie manuscrite était de lui.
Le Président : La partie manuscrite était de sa main ?
le témoin 50 : Voilà.
Le Président : Et c'était un long texte manuscrit ?
le témoin 50 : Oui, entre 30 et 50 pages. Oui.
Le Président : On n'a plus une copie ? Bon. Vous dites donc, combien de pages
manuscrites ?
le témoin 50 : Entre 30 et 50.
Le Président : Donc ça fait, quand c'est dactylographié, ça fait quand même
encore un certain nombre de pages ?
le témoin 50 : Pour tout le dossier, « Les dix commandements » ne faisaient
que quelques pages ?
Le Président : Oui, « Les dix commandements » quand c'est dactylographié,
ça peut faire peut-être 2 pages ?
le témoin 50 : Je ne sais plus exactement.
Le Président : En tout cas, le reste qui était manuscrit, ça fait sûrement plus
que 5 pages quand c'est dactylographié ?
le témoin 50 : Oui, oui bien sûr.
Le Président : Et par exemple « L'appel à la conscience des Bahutu »,
ce texte, ce titre ne vous dit rien ?
le témoin 50 : Non.
Le Président : Or, le document manuscrit que l'on retrouve, qui aurait été un
tract d'abord et puis qui aurait servi à être publié dans un journal au Rwanda,
il y a effectivement 2 pages pour « Les dix commandements », est-ce
que… est-ce ce type de vous voulez montrer au témoin ceci est-ce que c’est
le type de typographie que vous aviez à l'époque ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Mais avec ça, qui était déjà dactylographié, donc que vous avez
re-dactylographié en prenant votre mise en page habituelle, vos caractères typographiques
habituels, il y avait 40 à 50 pages manuscrites ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : 40 à 50 pages, ça ne se résume pas à 5 pages quand c'est dactylographié
ou alors c'est écrit vraiment très grand ?
le témoin 50 : C'est ce que j'ai en mémoire, en tout cas, d'avoir tapé un texte plus
conséquent et puis d'avoir rajouté des annexes. Maintenant chiffrer exactement
le nombre de pages…
Le Président : Oui, si vous me dites qu'il y a 40-50 pages manuscrites, est-ce
que les 40-50 pages manuscrites peuvent se résumer…
le témoin 50 : Non.
Le Président : …aux 5 pages qui précèdent « Les dix commandements »?
le témoin 50 : Non, bien sûr.
Le Président : Et les 5 pages qui précèdent « Les dix commandements »
que vous avez devant les yeux, c'est aussi le même caractère ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : La même mise en page ?
le témoin 50 : Oui. Je me souviens de ce titre : « Voici les dix commandements ». Mais, « Appel à la
conscience des Bahutu », c'est la même mise en page, la même feuille de
style, mais je ne me souviens pas du titre.
Le Président : Bien. Vous pouvez ramener le document. Je souhaiterais
quand même qu’on comprenne, une fois pour toutes, qu'on n'utilise pas les GSM
dans cette salle d'audience. Messieurs les policiers, puisque les gens ne parviennent
pas à comprendre, vous allez intensifier les contrôles et faire systématiquement
éteindre les GSM, sinon les gens ne rentrent pas dans la salle tant qu'ils ne
l'on pas éteint. Ça vaut pour aujourd'hui et pour les jours suivants. Bien.
Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Monsieur le 6e juré.
[Interruption d’enregistrement]
Le Président : Pas d'autres questions ? Madame le 12e juré suppléant.
Le 12e Juré suppléant
: Est-ce que sur le document qui nous est soumis, Monsieur le président,
il n'y a pas une pagination différente entre la page 6 et 7 et la pagination
telle qu'elle est écrite aux pages précédentes ?
Le Président : Possible, mais ça on ne va pas poser la question au témoin. C'est
à vérifier. Vous pouvez le vérifier vous-même. Mais moi, je voudrais poser une
question à Monsieur NTEZIMANA. Monsieur NTEZIMANA, levez-vous.
Vincent NTEZIMANA : Oui, Monsieur le président.
Le Président : Vous venez d'entendre la déposition de Madame le témoin 50. Avez-vous,
à un moment donné, confié à Madame le témoin 50 un manuscrit d'une quarantaine ou
d'une cinquantaine de pages qui constituait peut-être l'historique, ou un dossier
de ce genre, à propos des luttes entre Hutu et Tutsi au Rwanda ?
Vincent NTEZIMANA : Monsieur le président, le témoin vient de signaler que je lui ai apporté
plusieurs documents pendant plusieurs mois.
Le Président : Moi, je vous pose une question extrêmement précise. Qu’avez-vous
demandé comme travail ?
Vincent NTEZIMANA : Non, mais… Non, Monsieur le président. Je ne lui ai jamais demandé
de travail.
Le Président : Bien. Merci, Monsieur NTEZIMANA.
Le Président : Y a-t-il d'autres questions à poser au témoin ? Maître Clément
de CLETY. Monsieur l'avocat général va d'abord poser une question.
L'Avocat Général : Est-ce que le témoin peut confirmer que, lorsque le texte a été dactylographié,
elle a eu une discussion avec Monsieur NTEZIMANA au sujet du contenu ?
le témoin 50 : Oui.
L'Avocat Général : Vous avez dit qu'il paraissait
lui-même choqué du contenu et alors, lors de cette discussion, vous avez été
étonnée de ses réponses à vos critiques puisqu’il, donc, Monsieur NTEZIMANA,
affirma que le texte intitulé « Les dix commandements » provenait
du milieu Tutsi.
le témoin 50 : Oui, c'est vrai.
L'Avocat Général : Et était destiné à prouver
que les Tutsi manipulaient les Hutu.
le témoin 50 : Oui. Moi, le souvenir en tout cas que j'avais c'était un texte qui…
émanait des Tutsi et non des Hutu. C'est le souvenir que moi j'en avais gardé,
en tout cas.
Le Président : Maître Clément de CLETY.
Me. de CLETY : Je vous remercie, Monsieur le président. Une simple question.
Monsieur NTEZIMANA, dans ses déclarations, soutient que le témoin aurait fait
l'objet, avant d'être entendu, de pressions de la part d'autres personnes. Je
voudrais simplement que le témoin confirme si, oui ou non, il a fait l'objet,
elle a fait l'objet de démarches en ce sens, avant d'être entendue pour la première
fois par la police d'Ottignies.
le témoin 50 : Non. Je n'ai jamais été approchée par qui que ce soit.
Le Président : La seule personne qui vous aurait éventuellement parlé du document
ce serait, je crois, votre père ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Qui lui-même était peut-être à la recherche, à la demande peut-être
de la police, de savoir qui avait dactylographié le texte ?
le témoin 50 : Non, c'est un commissaire de police qui est allé le trouver et qui
a recherché la dactylo qui avait pu avoir été en contact avec Monsieur NTEZIMANA
et avoir pu dactylographier ce texte. Et donc, mon père, moi je ne travaillais
que 2 ou 3 jours à ce moment-là, donc, pendant toute cette période et… je n'étais
donc pas au magasin et c'est mon père qui est venu et m'a dit qu'un commissaire
était venu le voir. Il lui a demandé si je me souvenais d'un texte qui s'intitulait
« Les dix commandements » etc. et je me suis dit :
« Oui, effectivement, ça me dit quelque chose ». Et c'est après que
le commissaire de police est venu me trouver personnellement.
Le Président : C'est ça. Oui, Maître HIRSCH.
Me. HIRSCH : Merci, Monsieur le président. Madame le témoin 50 avait, sur présentation
de la police judiciaire, reconnu une autre personne. On lui avait présenté une
dizaine de photos, elle avait reconnu une autre personne, je ne sais pas si
elle s'en souvient maintenant, c'est vrai que les faits remontent dans le temps,
mais elle avait dit quelque chose qui… qui est très étonnant, elle parlait en
fait de Monsieur Joseph Désiré elle l'appelle comme cela et elle dit ceci,
qu'il était « frappant de relever combien Vincent NTEZIMANA manifestait
des marques de déférence, sinon de soumission », à l'égard de Joseph Désiré
RUHIGIRA. Est-ce qu’elle peut confirmer cela et peut-être nous donner des précisions,
si la mémoire ne la trahit pas ?
le témoin 50 : Oui. Alors tout d'abord, je voudrais dire que ce n'est pas cette personne-là
que j'ai reconnue sur photo. Quand on a présenté, il y avait une dizaine de
photos, j'ai reconnu en fait deux personnes, Monsieur NTEZIMANA je précise
que la photo était quand même plus grande et dénotait par rapport aux autres
il y avait une autre personne qui était… un autre client qui avait justement
fait taper sa thèse et c'est ensuite que j'ai parlé au commissaire d'une autre
personne, qui venait souvent dactylographier des lettres, uniquement du courrier,
avec Monsieur NTEZIMANA, et j'ai relevé seulement son prénom, Joseph Désiré,
je ne me souvenais pas de son nom, et c'est alors que le commissaire m'a sorti
la photo de cette personne mais elle n'était pas sur la table.
Le Président : Hum, hum… Et vous avez dit que cette personne, ce Joseph Désiré,
accompagnait parfois Monsieur NTEZIMANA ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Lorsqu'on venait apporter des travaux ?
le témoin 50 : Non, pas des travaux, ça ce n'était que du courrier.
Le Président : Du courrier ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Et c'est à ces occasions-là que vous constatiez les marques de
déférence ou de soumission de Monsieur NTEZIMANA à l'égard de Joseph Désiré
?
le témoin 50 : Voilà. Oui.
Le Président : Et vous avez donné un exemple de ce type de relation existant
entre eux. C'est que, à la lecture du courrier dactylographié donc, je suppose
qu'on apportait le courrier pour dactylographier…
le témoin 50 : Voilà.
Le Président : …on vérifiait que c'était bien…
le témoin 50 : Voilà, on corrigeait.
Le Président : Donc, on relisait en quelque sorte le texte une fois qu'il était
dactylographié, et Monsieur NTEZIMANA se retournait alors vers Joseph Désiré
pour obtenir son accord sur le contenu du courrier ?
le témoin 50 : Voilà, oui.
Le Président : D'autres questions ? Maître CARLIER.
Me. CARLIER : Une question, Monsieur le président. Est-ce que le témoin peut dire
si la personne, l'autre personne qu'elle a reconnue sur photo, est Monsieur
le témoin 124 qu'elle vient de croiser ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Ça, c'est la personne qui avait fait dactylographier sa thèse ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Vous l'avez reconnue sur la photo en disant…
le témoin 50 : Oui, que je le connaissais, mais ce n'est pas moi qui ait tapé sa thèse,
c'était une thèse qui contenait des formules mathématiques. Donc, moi je ne
faisais que les littéraires et c'est ma collègue, Nadia, qui a tapé sa thèse
ou son mémoire de fin d'études, je ne sais pas exactement.
Le Président : C'est pas Monsieur BENDE qui a dactylographié la thèse de Monsieur…
le témoin 50 : Non, c'était Nadia qui a dactylographié la thèse de Monsieur BONFILS.
Me. HIRSCH : Président, c'est la thèse annexe qu'il a dactylographiée, a-t-elle
dit.
Le Président : Monsieur BONFILS a peut-être amené plusieurs documents aussi
à dactylographier ?
le témoin 50 : Oui, c'est possible.
Le Président : Mais, vous n'étiez pas là tous les jours ?
le témoin 50 : Non.
Le Président : Bien. Plus de questions ou encore des questions ? Alors, Madame,
est-ce bien les accusés ici présents dont vous avez voulu parler. Cette formule
un peu mystérieuse signifie : persistez-vous dans vos déclarations ?
le témoin 50 : Oui.
Le Président : Eh bien, vous pouvez, Madame, disposer librement de votre temps.
le témoin 50 : Merci.
Le Président : La Cour vous remercie.
Bien, un quart d’heure de suspension. On reprends
à 5h moins le quart. Promis, juré, on ne va pas au-delà de 6h et s’ils ne sont
pas tous entendus, on les re-convoquera à un autre moment. Mais nous allons
donner priorité bien sûr, aux deux Rwandais qui sont encore là, par rapport
à ceux qui résident en Belgique. |