6.3.23. Audition des témoins: le témoin 42
Le Président : Vous pouvez faire approcher
le témoin suivant, le témoin 42?
Monsieur, quels sont vos nom et prénom ?
le témoin 42 : Je m'appelle
le témoin 42.
Le Président : Quel âge avez-vous
?
le témoin 42 :
J’ai 41 ans
Le Président : Quel est votre
profession ?
le témoin 42 : Je suis
mécanicien.
Le Président : Quelle est
votre commune de résidence ou de domicile ?
le témoin 42 : J’habite
à Ottignies, Louvain-la-Neuve.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés avant les faits qui leur sont reprochés,
c’est-à-dire avant le mois d'avril 1994 ?
le témoin 42 : Oui, je
connais Monsieur Vincent NTEZIMANA.
Le Président : Etes-vous
de la famille des accusés ou des parties civiles ?
le témoin 42 :
Non.
Le Président : Etes-vous
attaché au service, travaillez-vous pour les parties civiles ou pour les accusés ?
le témoin 42 : Non
Le Président : Je vais vous
demander, Monsieur, de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment
de témoin.
le témoin 42 : Je jure
de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la
vérité.
Le Président : Je vous remercie,
vous pouvez vous asseoir, Monsieur le témoin 42.
Monsieur le témoin 42, vous êtes l’époux de madame le témoin 143,
un témoin que nous avons entendu il y a quelques jours. Vous pouvez également
resituer, sur le plan familial, vos liens avec Monsieur Faustin TWAGIRAMUNGU ?
le témoin 42 : Faustin
TWAGIRAMUNGU, c’est le mari de ma sœur aînée, Assunta TWAIGI.
Le Président : Etiez-vous
encore aussi apparenté à d'autres politiciens rwandais ?
le témoin 42 : J'étais,
j’avais encore un autre beau-frère mais qui a été assassinés. GAPYIZI Emmanuel,
le mari de ma soeur aînée, Bernadette.
Le Président : Vous avez
fait la connaissance de Monsieur NTEZIMANA à quelle époque ?
le témoin 42 : J'ai fait
la connaissance de NTEZIMANA dans les années 85, 86. C’était à Butare. A ce
moment-là, je travaillais là-bas et je logeais chez un ami, qui lui, travaillait
à l’université avec Vincent NTEZIMANA. Et alors, je le voyais de temps en temps,
le soir quand il venait le voir.
Le Président : A cette époque,
est-ce qu’il y avait déjà des mouvements de contestation du régime heu… rwandais ?
le témoin 42 : Il y en
avait pas vraiment beaucoup mais à ce moment-là, il y avait Vincent qui m'avait
surpris parce que lui, il avait des idées d'opposant. Voilà. D'opposant au régime.
Le Président : Vous-même,
vous partagiez ses idées ?
le témoin 42 : Oui.
Le Président : Faisiez-vous
déjà, l’un et l'autre à cette époque-là, partie d'un mouvement ou d'un parti
politique ?
le témoin 42 :
Non. Ça n'existait pas à ce moment-là.
Le Président : Avez-vous,
à un moment ou à un autre, fait partie du même mouvement politique que Vincent
NTEZIMANA ?
le témoin 42 : Oui, nous
avons tous deux fait partie du MDR. Le Mouvement Démocratique Républicain.
Le Président : Notamment,
vous avez participé à la section Benelux de ce mouvement politique ?
le témoin 42 : J'ai participé
à la mise en place de ce mouvement. À ce moment-là c'était en 1991, j’étais
de passage ici en Belgique, pour un stage.
Le Président : Monsieur NTEZIMANA
faisait partie de cette même section du Benelux ?
le témoin 42 : Oui.
Le Président : Nous sommes
donc en 1991, dites-vous ?
le témoin 42 : Oui.
Le Président : Donc, le FPR
a déjà attaqué le Nord du Rwanda ?
le témoin 42 : Le Nord.
C’est ça, oui.
Le Président : Quelle était
la position du MDR face à, à cette attaque ?
le témoin 42 : La position
du MDR face à cette attaque, c'étaient les négociations. Il fallait négocier
pour épargner un maximum de vies possible, et pour que les réfugiés qui voulaient
rentrer, puissent rentrer.
Le Président : Il y a eu
une scission dans le MDR ?
le témoin 42 : Oui, il
y a une scission. Donc, il y a eu ceux qui sont devenus les MDR Power, et les
autres, qui sont restés donc dans le MDR.
Le Président : Quelle était
l'attitude qu'a adoptée Monsieur NTEZIMANA à l'époque où le MDR va se scinder
en deux tendances, celle de Faustin TWAGIRAMUNGU, l'autre… enfin, Hutu Power.
le témoin 42 : La tendance
de NTEZIMANA, en fait NTZEIMANA était du côté au début donc, de Faustin TWAGIRAMUNGU
et puis, à un certain moment, d’après ce qu’il m’a dit, il ne s’y retrouvait
pas parce qu’il trouvait que Faustin faisait trop confiance au FPR. Et alors,
il a fondé son parti.
Le Président : Le PRD ?
le témoin 42 : Le PRD.
Le Président : Vous étiez
de nouveau en contact à ce moment-là avec Monsieur NTEZIMANA ?
le témoin 42 : Je le voyais
de temps en temps. Je le voyais de temps en temps.
Le Président : Est-ce que,
à cette époque-là, vous n’habitiez pas le même quartier, la maison en face ou
à côté ?
le témoin 42 : En fait,
à ce moment-là, moi j’étais encore à Gitarama. Et lui, il était à Butare.
Le Président : Donc, vous
n'aviez pas de très nombreux contacts à l'époque ?
le témoin 42 : Non. Non.
mais quand j'allais voir ma femme, qui était encore ma fiancée et, je le voyais
de temps en temps. Parce que quand elle allait prendre son bus pour aller à
l'université.
Le Président : Vous avez
quitté le Rwanda en… au début du mois d'avril 1994 ?
le témoin 42 : Oui
Le Président : Très peu de
temps après que l'avion présidentiel ait été abattu ?
le témoin 42 : On a quitté
Butare le 9.
Le Président : Le 9 avril
?
le témoin 42 : Le 9 avril.
Le Président : Vous étiez,
personnellement, vous et votre épouse, menacés par…
le témoin 42 : Oui, nous
étions menacés. On avait reçu des coups de fil qui nous menaçaient. Et puis,
on avait reçu aussi un coup de fil qui nous prévenait de l'arrivée imminente
de gens qui devaient nous assassiner.
Le Président : Vous avez,
je pense, revu Monsieur NTEZIMANA en Belgique ?
le témoin 42 : Oui, je
l'ai revu, je pense, depuis… en 94-95.
Le Président : Vous aviez
été au courant des rumeurs qui circulaient à propos de son comportement à Butare,
durant les événements ?
le témoin 42 : J'ai appris
ça lors d'une conférence à Bruxelles qui était tenue par Monsieur NDOBA.
Le Président : Gasana NDOBA
le témoin 42 :
Gasana NDOBA. Oui.
Le Président : Ca vous a
étonné ? Ou…
le témoin 42 : Ca m’a
un peu étonné, alors, j’ai essayé du recontacter pour savoir si c’était vrai
ou pas vrai.
Le Président : Et il était
question, dans cette conférence, de listes qu’aurait établies Monsieur Vincent
NTEZIMANA ?
le témoin 42 : Il était
question, oui, c'est ça. Des listes de professeurs.
Le Président : Vous avez
reçu les explications de Monsieur NTEZIMANA à ce sujet-là ?
le témoin 42 : Oui.
Le Président : Qu’est-ce
qu’il vous a expliqué ?
le témoin 42 : En fait,
il m’a expliqué que c'étaient des professeurs qui voulaient quitter Butare,
et qui avaient demandé un bus pour avoir un moyen de déplacement. Pour pouvoir
se déplacer, ils devaient s'adresser au président de l’APARU, qui était une
sorte de syndicat des professeurs. C’était Vincent NTEZIMANA qui était le président.
Donc, ils ont fait des listes pour ceux qui voulaient aller dans le Nord, ceux
qui voulaient aller du côté du Burundi aussi. En fait, c’est comme ça que ces
listes ont été établies.
Le Président : N’avez-vous
pas eu, lorsque vous… vous êtes retourné encore au Rwanda ?
le témoin 42 : Je suis
retourné en 94, décembre 94.
Le Président : Oui. En décembre
1994, vous avez eu, semble-t-il, apparemment à cette époque-là, un contact notamment,
hein, avec le docteur le témoin 61.
le témoin 42 : C’est ça,
oui. Qui est mon oncle.
Le Président : Lui-même était
professeur à Butare ? Ou…
le témoin 42 : Il était
professeur, professeur ou directeur de laboratoire à l’hôpital universitaire.
Le Président : Est-ce que
votre oncle, par exemple, s’est inscrit sur une liste ?
le témoin 42 : Je ne lui
ai pas demandé. Ca, je ne le sais pas.
Le Président : Qu’est-ce
que votre oncle vous a… a pu vous expliquer à propos de, d’éventuelles difficultés
qu’il aurait rencontrées à l’époque des événements d’avril mai 1994 ?
le témoin 42 : En fait,
lui, ce qu'il m’a dit, c'est que sa femme étant Tutsi, il avait du mal à la
cacher. Il est donc tout le temps resté à l'intérieur avec sa femme. Et au moment
de l'évacuation de Butare, il a eu des difficultés de partir avec sa femme parce
que le vice-recteur ne voulait pas que les femmes Tutsi prennent le bus de l'université.
Mais il parlait du vice-recteur de l'université.
Le Président : En décembre
1994, lorsque vous rencontrez votre oncle à Butare, enfin j'imagine que c'est
à Butare ?
le témoin 42 : Oui, c'est
à Butare.
Le Président : Votre oncle
vous fait-il part de ce que Monsieur Vincent NTEZIMANA serait impliqué à un
titre quelconque, dans les massacres à Butare ou dans des tueries de professeurs
de l'université ?
le témoin 42 :
Non. Non pas du tout.
Le Président : Votre oncle
vous parle-t-il d'autres personnes de Butare qui pourraient être impliquées
dans les tueries ?
le témoin 42 : Je sais
qu'à ce moment-là à Butare, aussi bien mon oncle et d'autres personnes que j'ai
vues, parlaient d'une dame qui était ministre et de son fils. Une femme qui
était ministre. Et son fils. Mais je ne sais plus, je me rappelle plus le nom
de la femme.
Le Président : Pauline, heu…
quelque chose, non ?
le témoin 42 : C’est ça,
oui. Oui.
Le Président : Connaissiez-vous
le capitaine Ildephonse NIZEYIMANA ?
le témoin 42 : A Butare,
je ne le connaissais pas.
Le Président : Lorsque… vous
n’avez pas du tout vécu dans l’habitation proche de Monsieur NTEZIMANA ?
le témoin 42 : Si, si,
j’y ai vécu.
Le Président : Lorsque vous
viviez dans cette habitation, Monsieur NTEZIMANA vivait-il là ?
le témoin 42 : Il vivait
en face, oui.
Le Président : Avez-vous
éventuellement constaté que Monsieur NTEZIMANA fréquentait des militaires ?
le témoin 42 : Non, ça
ne m'avait pas frappé à ce moment-là.
Le Président : Les faits
qui sont reprochés à Monsieur NTEZIMANA, ça vous étonne ?
le témoin 42 : Ça m'a
beaucoup étonné.
Le Président : Vous avez
expliqué que pour vous, Monsieur NTEZIMANA était un des rares rwandais démocrate.
Vous pouvez un petit peu expliquer ?
le témoin 42 : Quand j'ai
rencontré Vincent dans les années 85, à ce moment-là, il disait, lui, se préoccuper
des problèmes de Hutu et de Tutsi. Je me rappelle qu’il m'avait raconté une
histoire d'un garçon qu’il avait comme étudiant, alors qu'à l'école secondaire,
ils étaient du même cours et que ce gars était très intelligent. Ils étaient
tous deux… quand l’un était premier, l’autre était deuxième ou vice versa. Et
que ce type n’avait pas pu avoir sa bourse d’étude tout simplement parce qu’il
était Tutsi. Ca l’avait beaucoup marqué. Alors, en 94 quand je suis arrivé ici
et que j’ai essayé de contacter Vincent, à ce moment-là, lui, il était occupé
à essayé de ressouder le MDR. Donc, de ressouder les deux factions du MDR. Mais
ça n’a pas marché, mais bon, il a quand même essayé. Je crois que Vincent, c’était
pour moi un homme de dialogue.
Le Président : Saviez-vous
que Monsieur NTEZIMANA avait été un des signataires d’une lettre, je crois d’une
lettre, d’un communiqué de presse des intellectuels de Butare qui critiquait
l’attitude de Faustin TWAGIRAMUNGU ?
le témoin 42 : Mais si
je me rappelle bien, il critiquait la façon dont Faustin TWAGIRAMUNGU s’était
proposé comme premier ministre. Mais c’était la façon dont il s’était proposé.
Et ça, je crois que c’est un droit de chacun de… pour moi, ça me dérangeait
pas.
Le Président : Vous n’avez
jamais eu, dans vos entretiens avec Monsieur NTEZIMANA, l’impression que l’appartenance
ethnique pouvait être pour lui un critère de choix de fréquentation, critère
de sélection ou de…
le témoin 42 : Ni ethnique,
ni régionale. Non.
Le Président : Avez-vous
connaissance de ce que votre épouse a ramené du Rwanda, j’imagine, peut-être
bien lors de votre séjour en décembre 1994, là-bas, une attestation d’un témoin.
le témoin 42 : Elle m’a
parlé d’une attestation, mais ça c’était en 95, quand elle était retournée.
Le Président : En 95. Vous
étiez avec elle, lors de ce… ?
le témoin 42 : Non, non.
Moi, je ne suis pas retourné en 95.
Le Président : Et à son retour,
est-ce qu’elle vous a dit : « Tiens, j’ai ramené une attestation d’un… » ?
le témoin 42 : Oui, on
en a parlé. De Bosco, Jean Bosco le témoin 150
Le Président : C’est ça.
Oui.
le témoin 42 : Oui.
Le Président : Est-ce qu’elle
vous a montré, à cette époque-là, ce document ?
le témoin 42 : Elle m’en
a parlé mais je n’ai pas demandé à le voir.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions à poser au témoin ? Maître SLUSNY ?
Me. SLUSNY :
Monsieur le témoin 42 s’exprime dans un français châtié et en langage universitaire.
Est-ce que j’ai bien compris qu’il a dit qu’il était mécanicien ?
le témoin 42 : Oui, je
suis mécanicien.
Le Président : Je pense que…
Me. SLUSNY :
Ca va. Ca me suffit !
Le Président : Maître. LARDINOIS ?
Me. LARDINOIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Est-ce
que vous voulez bien demander au témoin s’il confirme la déclaration qu’il a
faite le 1er juin 95 à Monsieur l'inspecteur judiciaire principal
TULKENS, donc, c’est une pièce qui se trouve carton 9, pièce 58, où, quand il
est interrogé à propos de la lettre rapport que Monsieur HIGANIRO adresse à
Monsieur le témoin 21, il dit : « Pour répondre à votre question,
c'est-à-dire les mots « pour la sécurité de Butare, il faut poursuivre
le nettoyage », je peux vous dire, dans le contexte des massacres et suite
au discours prononcé par le président SINDIKUBWABO à Butare, j'interprète les
mots « nettoyage » et « sécurité » comme étant la poursuite
et même les intensifications des massacres ».
Le Président : « En ce qui concerne le mot
« travailler » repris également dans cette lettre, je n'en peux pas
donner une signification ». Est-ce bien ce que vous avez déclaré
?
le témoin 42 : C'est bien
ce que j'ai déclaré. Mais j'avais bien précisé que c'est dans le contexte qu’il
fallait voir, donc, dans le contexte de ce moment-là.
Le Président : Oui ?
Me. LARDINOIS :
Une deuxième question, si vous me le permettez, Monsieur le président. Dans
ce même… dans cette même déclaration, Monsieur le témoin 42 dit à propos de Monsieur
HIGANIRO comme il était membre du MRND, « il faisait
des réunions chez lui ou à l'hôtel Ibis ». Est-ce qu'il peut donner
quelques précisions à cet égard, s’il en a ?
Le Président : Avez-vous
vu Monsieur HIGANIRO tenir des réunions ?
le témoin 42 :
Non. Ça, je l’ai jamais vu.
Le Président : L’avez-vous
vu participer à des réunions ?
le témoin 42 : Non plus.
Ça c'est ce que les gens disaient parce qu'il était du MRND et que donc, il
se pourrait qu'il tenait des réunions chez lui. Mais je n'ai jamais été chez
lui, je ne le connaissais pas. Ça, c'est ce que j'ai entendu.
Le Président : Et vous n’alliez
pas, vous, aux réunions du MRND ?
le témoin 42 : Non, moi,
j'étais du MDR.
Le Président : Oui ?
Non Identifié : Connaissez-vous
le témoin 142 ?
le témoin 42 : Non, je
ne le connais pas.
Le Président : Connaissez-vous
NKUYUBWATSI Innocent ?
le témoin 42 : Non plus,
je ne connais pas.
Le Président : D’autres questions ?
Plus de questions ? Maître EVRARD ?
Me. EVRARD : Je vous remercie, Monsieur le président. Excusez-moi.
Je souhaiterais que l'on demande au témoin… Il dit avoir entendu ou avoir eu
des informations selon lesquelles Monsieur HIGANIRO était membre du MRND. Est-ce
qu'il aurait été tout à fait surpris d'apprendre que Monsieur HIGANIRO aurait
appartenu ou, ce qu'il nie formellement, mais est-ce que des rumeurs circulaient
sur son appartenance à éventuellement un autre parti ?
le témoin 42 : Pas à ma
connaissance.
Le Président : Autre question ?
Maître GILLET ?
Me. GILLET : Oui, Monsieur le président, je suis très étonné
du ton apparemment très détaché avec lequel il a été question dans le couple
le témoin 143 - le témoin 42 à l'époque, de cette fameuse attestation de Monsieur
Jean Bosco le témoin 150
Le Président : Oui, mais
votre étonnement, ça, c’est une chose.
Me. GILLET : Oui, oui.
Le Président : Posez une
question, s’il vous plaît.
Me. GILLET : Je voudrais savoir s'il est vraiment sûr que c'est
comme ça que ça s'est passé, qu'on a parlé dans le vague de cette fameuse attestation
alors que la bataille fait rage autour de la validité de ce témoignage le témoin 150
? Et s’il ne se souvient pas d'avoir demandé de voir ce document plutôt que
de l’évoquer comme ça, de manière neutre et générale ?
Le Président : Confirmez-vous
ne pas avoir vu ce document ?
le témoin 42 : Je confirme
ne pas l’avoir vu au moment où elle l’a apporté.
Le Président : L’avez vous
vu par la suite ?
le témoin 42 : Je l'ai
vu quand elle l’a cherché, avant de venir ici.
Le Président : À l'époque
où votre épouse est revenue, vous a-t-elle dit être en possession d'une attestation
de Jean Bosco le témoin 150 ?
le témoin 42 : Elle me
l'a dit. Mais je n'ai pas demandé à la voir.
Le Président : Vous a-t-elle
éventuellement fait part de la teneur de cette attestation ?
le témoin 42 : Oui.
Le Président : Qu’est-ce
qu'elle vous disait à ce sujet-là ?
le témoin 42 : Elle me
disait que Bosco avait fait une attestation où en fait, il disait qu'il n'avait
pas signé sa déposition tout simplement parce qu'il avait reçu des menaces.
Et que ce qu'il avait dit dans sa déposition qu'il n'a pas signée, n'était pas
la vérité.
Le Président : Autre question
? Monsieur l'avocat général ?
L’Avocat Général : Encore sur
cette attestation. Lorsque le juge d'instruction décide alors d'envoyer une
nouvelle commission rogatoire pour entendre Monsieur le témoin 150, votre épouse
a déclaré ici, qu’à ce moment-là, elle a pris, enfin, on a pris contact avec
Monsieur le témoin 150 pour dire qu'il fallait qu'il démente. Est-ce que vous êtes
au courant de ça ?
le témoin 42 : Ça, je
suis au courant.
L’Avocat Général : C’est vous
ou c’est votre épouse qui avait pris ce contact ?
le témoin 42 : C'est elle
qui a pris le contact, mais on en a discuté avant.
L’Avocat Général : Et qu'il démente
quoi ?
le témoin 42 : Ben, qu’il
essaie de se protéger.
L’Avocat Général : De se protéger
contre quoi ?
le témoin 42 : Parce qu’il
disait qu'il avait été menacé à Kigali et donc, si à Kigali on apprenait que
le document, qu'il a signé un document en disant qu’il avait témoigné sous pression,
il risquait de se faire mettre en prison, de se faire tuer.
L’Avocat Général : Est-ce que
vous savez ce que Monsieur le témoin 150 avait déclaré, et ce que donc, il devait
rétracter ou contre lequel il fallait se protéger ?
le témoin 42 : Ce qu'il
avait déclaré, moi, je n'étais pas au courant de ce qu'il avait déclaré.
Le Président : Autre question ?
Maître HIRSCH ?
Me. HIRSCH : Merci, Monsieur le président. En fait, Monsieur
NTEZIMANA va déposer une plainte contre Monsieur Gasana NDOBA, en mars 1995,
avant son arrestation. Est jointe à cette plainte, une note de l'épouse du témoin
relative précisément au témoignage en faveur de Monsieur NTEZIMANA, de Jean
Bosco le témoin 150. Je voudrais savoir, Monsieur le président, si le témoin se rappelle
des circonstances dans lesquelles son épouse a recueilli le témoignage de Monsieur
le témoin 150, en mars 1995.
Le Président : Alors, vous
souvenez-vous ?
le témoin 42 : Là, je
dois avouer que je ne me rappelle pas.
Le Président : D'autres questions
? Plus de questions ? Les parties sont-elles d'accord pour que le témoin se
retire ? Monsieur le témoin 42, est-ce bien des accusés ici présents
dont vous avez voulu parler ? Persistez-vous dans vos déclarations ?
le témoin 42 :
Je persiste.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez, disposer librement de votre temps.
le témoin 42 : Merci.
Le Président : Bien. Monsieur
DEGNI-SEGUI qui devait être arrivé ce matin, n’est toujours pas arrivé, apparemment.
Il y a peut-être une grève des avions ou des aiguilleurs du ciel après celle
de la SNCB. Nous allons suspendre l’audience º d’heure. Nous la reprendrons
même si Monsieur DEGNI-SEGUI n’est pas présent, de manière notamment à commencer
à faire des lectures de déclarations de témoins qui ne se sont pas présentés. |