assises rwanda 2001
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Instruction d’audience V. Ntezimana Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience V. Ntezimana > Audition témoins > le témoin 42
1. N. Gasana 2. le témoin 9 3. le témoin 125 4. le témoin 134 5. le témoin 116 6. le témoin 61 7. le témoin 124 8. le témoin 50 9. le témoin 150 10. le témoin 73 11. le témoin 55 12. le témoin 100 et commentaires V. Ntezimana 13. le témoin 97 14. le témoin 104 15. H. Gallee 16. le témoin 84 17. le témoin 36 18. B. Van Custem et commentaires V. Ntezimana et E. Seminega 19. Lecture président attestation J.B. Seminega 20. le témoin 77 21. le témoin 10 22. le témoin 96 23. le témoin 42 24. R. Degni-Segui 25. le témoin 15 26. J. Léonard et commentaires partie civile et V. Ntezimana 27. J.P. Van Ypersele de Strihou 28. le témoin 118 29. le témoin 31, commentaires avocat général, partie civile, défense, audition interview I. Nkuyubwatzi 30. le témoin 108 31. le témoin 127 32. le témoin 109 33. le témoin 147 34. le témoin 105 35. le témoin 89
 

6.3.23. Audition des témoins: le témoin 42

Le Président : Vous pouvez faire approcher le témoin suivant, le témoin 42?

Monsieur, quels sont vos nom et prénom ?

le témoin 42 : Je m'appelle le témoin 42.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

le témoin 42 : J’ai 41 ans

Le Président : Quel est votre profession ?

le témoin 42 : Je suis mécanicien.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ou de domicile ?

le témoin 42 : J’habite à Ottignies, Louvain-la-Neuve.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés avant les faits qui leur sont reprochés, c’est-à-dire avant le mois d'avril 1994 ?

le témoin 42 : Oui, je connais Monsieur Vincent NTEZIMANA.

Le Président : Etes-vous de la famille des accusés ou des parties civiles ?

le témoin 42 : Non.

Le Président : Etes-vous attaché au service, travaillez-vous pour les parties civiles ou pour les accusés ?

le témoin 42 : Non

Le Président : Je vais vous demander, Monsieur, de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment de témoin.

le témoin 42 : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Je vous remercie, vous pouvez vous asseoir, Monsieur le témoin 42.

Monsieur le témoin 42, vous êtes l’époux de madame le témoin 143, un témoin que nous avons entendu il y a quelques jours. Vous pouvez également resituer, sur le plan familial, vos liens avec Monsieur Faustin TWAGIRAMUNGU ?

le témoin 42 : Faustin TWAGIRAMUNGU, c’est le mari de ma sœur aînée, Assunta TWAIGI.

Le Président : Etiez-vous encore aussi apparenté à d'autres politiciens rwandais ?

le témoin 42 : J'étais, j’avais encore un autre beau-frère mais qui a été assassinés. GAPYIZI Emmanuel, le mari de ma soeur aînée, Bernadette.

Le Président : Vous avez fait la connaissance de Monsieur NTEZIMANA à quelle époque ?

le témoin 42 : J'ai fait la connaissance de NTEZIMANA dans les années 85, 86. C’était à Butare. A ce moment-là, je travaillais là-bas et je logeais chez un ami, qui lui, travaillait à l’université avec Vincent NTEZIMANA. Et alors, je le voyais de temps en temps, le soir quand il venait le voir.

Le Président : A cette époque, est-ce qu’il y avait déjà des mouvements de contestation du régime heu… rwandais ?

le témoin 42 : Il y en avait pas vraiment beaucoup mais à ce moment-là, il y avait Vincent qui m'avait surpris parce que lui, il avait des idées d'opposant. Voilà. D'opposant au régime.

Le Président : Vous-même, vous partagiez ses idées ?

le témoin 42 : Oui.

Le Président : Faisiez-vous déjà, l’un et l'autre à cette époque-là, partie d'un mouvement ou d'un parti politique ?

le témoin 42 : Non. Ça n'existait pas à ce moment-là.

Le Président : Avez-vous, à un moment ou à un autre, fait partie du même mouvement politique que Vincent NTEZIMANA ?

le témoin 42 : Oui, nous avons tous deux fait partie du MDR. Le Mouvement Démocratique Républicain.

Le Président : Notamment, vous avez participé à la section Benelux de ce mouvement politique ?

le témoin 42 : J'ai participé à la mise en place de ce mouvement. À ce moment-là c'était en 1991, j’étais de passage ici en Belgique, pour un stage.

Le Président : Monsieur NTEZIMANA faisait partie de cette même section du Benelux ?

le témoin 42 : Oui.

Le Président : Nous sommes donc en 1991, dites-vous ?

le témoin 42 : Oui.

Le Président : Donc, le FPR a déjà attaqué le Nord du Rwanda ?

le témoin 42 : Le Nord. C’est ça, oui.

Le Président : Quelle était la position du MDR face à, à cette attaque ?

le témoin 42 : La position du MDR face à cette attaque, c'étaient les négociations. Il fallait négocier pour épargner un maximum de vies possible, et pour que les réfugiés qui voulaient rentrer, puissent rentrer.

Le Président : Il y a eu une scission dans le MDR ?

le témoin 42 : Oui, il y a une scission. Donc, il y a eu ceux qui sont devenus les MDR Power, et les autres, qui sont restés donc dans le MDR.

Le Président : Quelle était l'attitude qu'a adoptée Monsieur NTEZIMANA à l'époque où le MDR va se scinder en deux tendances, celle de Faustin TWAGIRAMUNGU, l'autre… enfin, Hutu Power.

le témoin 42 : La tendance de NTEZIMANA, en fait NTZEIMANA était du côté au début donc, de Faustin TWAGIRAMUNGU et puis, à un certain moment, d’après ce qu’il m’a dit, il ne s’y retrouvait pas parce qu’il trouvait que Faustin faisait trop confiance au FPR. Et alors, il a fondé son parti.

Le Président : Le PRD ?

le témoin 42 : Le PRD.

Le Président : Vous étiez de nouveau en contact à ce moment-là avec Monsieur NTEZIMANA ?

le témoin 42 : Je le voyais de temps en temps. Je le voyais de temps en temps.

Le Président : Est-ce que, à cette époque-là, vous n’habitiez pas le même quartier, la maison en face ou à côté ?

le témoin 42 : En fait, à ce moment-là, moi j’étais encore à Gitarama. Et lui, il était à Butare.

Le Président : Donc, vous n'aviez pas de très nombreux contacts à l'époque ?

le témoin 42 : Non. Non. mais quand j'allais voir ma femme, qui était encore ma fiancée et, je le voyais de temps en temps. Parce que quand elle allait prendre son bus pour aller à l'université.

Le Président : Vous avez quitté le Rwanda en… au début du mois d'avril 1994 ?

le témoin 42 : Oui

Le Président : Très peu de temps après que l'avion présidentiel ait été abattu ?

le témoin 42 : On a quitté Butare le 9.

Le Président : Le 9 avril ?

le témoin 42 : Le 9 avril.

Le Président : Vous étiez, personnellement, vous et votre épouse, menacés par…

le témoin 42 : Oui, nous étions menacés. On avait reçu des coups de fil qui nous menaçaient. Et puis, on avait reçu aussi un coup de fil qui nous prévenait de l'arrivée imminente de gens qui devaient nous assassiner.

Le Président : Vous avez, je pense, revu Monsieur NTEZIMANA en Belgique ?

le témoin 42 : Oui, je l'ai revu, je pense, depuis… en 94-95.

Le Président : Vous aviez été au courant des rumeurs qui circulaient à propos de son comportement à Butare, durant les événements ?

le témoin 42 : J'ai appris ça lors d'une conférence à Bruxelles qui était tenue par Monsieur NDOBA.

Le Président : Gasana NDOBA

le témoin 42 : Gasana NDOBA. Oui.

Le Président : Ca vous a étonné ? Ou…

le témoin 42 : Ca m’a un peu étonné, alors, j’ai essayé du recontacter pour savoir si c’était vrai ou pas vrai.

Le Président : Et il était question, dans cette conférence, de listes qu’aurait établies Monsieur Vincent NTEZIMANA ?

le témoin 42 : Il était question, oui, c'est ça. Des listes de professeurs.

Le Président : Vous avez reçu les explications de Monsieur NTEZIMANA à ce sujet-là ?

le témoin 42 : Oui.

Le Président : Qu’est-ce qu’il vous a expliqué ?

le témoin 42 : En fait, il m’a expliqué que c'étaient des professeurs qui voulaient quitter Butare, et qui avaient demandé un bus pour avoir un moyen de déplacement. Pour pouvoir se déplacer, ils devaient s'adresser au président de l’APARU, qui était une sorte de syndicat des professeurs. C’était Vincent NTEZIMANA qui était le président. Donc, ils ont fait des listes pour ceux qui voulaient aller dans le Nord, ceux qui voulaient aller du côté du Burundi aussi. En fait, c’est comme ça que ces listes ont été établies.

Le Président : N’avez-vous pas eu, lorsque vous… vous êtes retourné encore au Rwanda ?

le témoin 42 : Je suis retourné en 94, décembre 94.

Le Président : Oui. En décembre 1994, vous avez eu, semble-t-il, apparemment à cette époque-là, un contact notamment, hein, avec le docteur le témoin 61.

le témoin 42 : C’est ça, oui. Qui est mon oncle.

Le Président : Lui-même était professeur à Butare ? Ou…

le témoin 42 : Il était professeur, professeur ou directeur de laboratoire à l’hôpital universitaire.

Le Président : Est-ce que votre oncle, par exemple, s’est inscrit sur une liste ?

le témoin 42 : Je ne lui ai pas demandé. Ca, je ne le sais pas.

Le Président : Qu’est-ce que votre oncle vous a… a pu vous expliquer à propos de, d’éventuelles difficultés qu’il aurait rencontrées à l’époque des événements d’avril ­ mai 1994 ?

le témoin 42 : En fait, lui, ce qu'il m’a dit, c'est que sa femme étant Tutsi, il avait du mal à la cacher. Il est donc tout le temps resté à l'intérieur avec sa femme. Et au moment de l'évacuation de Butare, il a eu des difficultés de partir avec sa femme parce que le vice-recteur ne voulait pas que les femmes Tutsi prennent le bus de l'université. Mais il parlait du vice-recteur de l'université.

Le Président : En décembre 1994, lorsque vous rencontrez votre oncle à Butare, enfin j'imagine que c'est à Butare ?

le témoin 42 : Oui, c'est à Butare.

Le Président : Votre oncle vous fait-il part de ce que Monsieur Vincent NTEZIMANA serait impliqué à un titre quelconque, dans les massacres à Butare ou dans des tueries de professeurs de l'université ?

le témoin 42 : Non. Non pas du tout.

Le Président : Votre oncle vous parle-t-il d'autres personnes de Butare qui pourraient être impliquées dans les tueries ?

le témoin 42 : Je sais qu'à ce moment-là à Butare, aussi bien mon oncle et d'autres personnes que j'ai vues, parlaient d'une dame qui était ministre et de son fils. Une femme qui était ministre. Et son fils. Mais je ne sais plus, je me rappelle plus le nom de la femme.

Le Président : Pauline, heu… quelque chose, non ?

le témoin 42 : C’est ça, oui. Oui.

Le Président : Connaissiez-vous le capitaine Ildephonse NIZEYIMANA ?

le témoin 42 : A Butare, je ne le connaissais pas.

Le Président : Lorsque… vous n’avez pas du tout vécu dans l’habitation proche de Monsieur NTEZIMANA ?

le témoin 42 : Si, si, j’y ai vécu.

Le Président : Lorsque vous viviez dans cette habitation, Monsieur NTEZIMANA vivait-il là ?

le témoin 42 : Il vivait en face, oui.

Le Président : Avez-vous éventuellement constaté que Monsieur NTEZIMANA fréquentait des militaires ?

le témoin 42 : Non, ça ne m'avait pas frappé à ce moment-là.

Le Président : Les faits qui sont reprochés à Monsieur NTEZIMANA, ça vous étonne ?

le témoin 42 : Ça m'a beaucoup étonné.

Le Président : Vous avez expliqué que pour vous, Monsieur NTEZIMANA était un des rares rwandais démocrate. Vous pouvez un petit peu expliquer ?

le témoin 42 : Quand j'ai rencontré Vincent dans les années 85, à ce moment-là, il disait, lui, se préoccuper des problèmes de Hutu et de Tutsi. Je me rappelle qu’il m'avait raconté une histoire d'un garçon qu’il avait comme étudiant, alors qu'à l'école secondaire, ils étaient du même cours et que ce gars était très intelligent. Ils étaient tous deux… quand l’un était premier, l’autre était deuxième ou vice versa. Et que ce type n’avait pas pu avoir sa bourse d’étude tout simplement parce qu’il était Tutsi. Ca l’avait beaucoup marqué. Alors, en 94 quand je suis arrivé ici et que j’ai essayé de contacter Vincent, à ce moment-là, lui, il était occupé à essayé de ressouder le MDR. Donc, de ressouder les deux factions du MDR. Mais ça n’a pas marché, mais bon, il a quand même essayé. Je crois que Vincent, c’était pour moi un homme de dialogue.

Le Président : Saviez-vous que Monsieur NTEZIMANA avait été un des signataires d’une lettre, je crois d’une lettre, d’un communiqué de presse des intellectuels de Butare qui critiquait l’attitude de Faustin TWAGIRAMUNGU ?

le témoin 42 : Mais si je me rappelle bien, il critiquait la façon dont Faustin TWAGIRAMUNGU s’était proposé comme premier ministre. Mais c’était la façon dont il s’était proposé. Et ça, je crois que c’est un droit de chacun de… pour moi, ça me dérangeait pas.

Le Président : Vous n’avez jamais eu, dans vos entretiens avec Monsieur NTEZIMANA, l’impression que l’appartenance ethnique pouvait être pour lui un critère de choix de fréquentation, critère de sélection ou de…

le témoin 42 : Ni ethnique, ni régionale. Non.

Le Président : Avez-vous connaissance de ce que votre épouse a ramené du Rwanda, j’imagine, peut-être bien lors de votre séjour en décembre 1994, là-bas, une attestation d’un témoin.

le témoin 42 : Elle m’a parlé d’une attestation, mais ça c’était en 95, quand elle était retournée.

Le Président : En 95. Vous étiez avec elle, lors de ce… ?

le témoin 42 : Non, non. Moi, je ne suis pas retourné en 95.

Le Président : Et à son retour, est-ce qu’elle vous a dit : « Tiens, j’ai ramené une attestation d’un… » ?

le témoin 42 : Oui, on en a parlé. De Bosco, Jean Bosco le témoin 150

Le Président : C’est ça. Oui.

le témoin 42 : Oui.

Le Président : Est-ce qu’elle vous a montré, à cette époque-là, ce document ?

le témoin 42 : Elle m’en a parlé mais je n’ai pas demandé à le voir.

Le Président : Bien. Y a-t-il des questions à poser au témoin ?            Maître SLUSNY ?

Me. SLUSNY : Monsieur le témoin 42 s’exprime dans un français châtié et en langage universitaire. Est-ce que j’ai bien compris qu’il a dit qu’il était mécanicien ?

le témoin 42 : Oui, je suis mécanicien.

Le Président : Je pense que…

Me. SLUSNY : Ca va. Ca me suffit !

Le Président : Maître. LARDINOIS ?

Me. LARDINOIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Est-ce que vous voulez bien demander au témoin s’il confirme la déclaration qu’il a faite le 1er juin 95 à Monsieur l'inspecteur judiciaire principal TULKENS, donc, c’est une pièce qui se trouve carton 9, pièce 58, où, quand il est interrogé à propos de la lettre rapport que Monsieur HIGANIRO adresse à Monsieur le témoin 21, il dit : « Pour répondre à votre question, c'est-à-dire les mots « pour la sécurité de Butare, il faut poursuivre le nettoyage », je peux vous dire, dans le contexte des massacres et suite au discours prononcé par le président SINDIKUBWABO à Butare, j'interprète les mots « nettoyage » et « sécurité » comme étant la poursuite et même les intensifications des massacres ».

Le Président : « En ce qui concerne le mot « travailler » repris également dans cette lettre, je n'en peux pas donner une signification ». Est-ce bien ce que vous avez déclaré ?

le témoin 42 : C'est bien ce que j'ai déclaré. Mais j'avais bien précisé que c'est dans le contexte qu’il fallait voir, donc, dans le contexte de ce moment-là.

Le Président : Oui ?

Me. LARDINOIS : Une deuxième question, si vous me le permettez, Monsieur le président. Dans ce même… dans cette même déclaration, Monsieur le témoin 42 dit à propos de Monsieur HIGANIRO comme il était membre du MRND, « il faisait des réunions chez lui ou à l'hôtel Ibis ». Est-ce qu'il peut donner quelques précisions à cet égard, s’il en a ?

Le Président : Avez-vous vu Monsieur HIGANIRO tenir des réunions ?

le témoin 42 : Non. Ça, je l’ai jamais vu.

Le Président : L’avez-vous vu participer à des réunions ?

le témoin 42 : Non plus. Ça c'est ce que les gens disaient parce qu'il était du MRND et que donc, il se pourrait qu'il tenait des réunions chez lui. Mais je n'ai jamais été chez lui, je ne le connaissais pas. Ça, c'est ce que j'ai entendu.

Le Président : Et vous n’alliez pas, vous, aux réunions du MRND ?

le témoin 42 : Non, moi, j'étais du MDR.

Le Président : Oui ?

Non Identifié : Connaissez-vous le témoin 142 ?

le témoin 42 : Non, je ne le connais pas.

Le Président : Connaissez-vous NKUYUBWATSI Innocent ?

le témoin 42 : Non plus, je ne connais pas.

Le Président : D’autres questions ? Plus de questions ? Maître EVRARD ?

Me. EVRARD : Je vous remercie, Monsieur le président. Excusez-moi. Je souhaiterais que l'on demande au témoin… Il dit avoir entendu ou avoir eu des informations selon lesquelles Monsieur HIGANIRO était membre du MRND. Est-ce qu'il aurait été tout à fait surpris d'apprendre que Monsieur HIGANIRO aurait appartenu ou, ce qu'il nie formellement, mais est-ce que des rumeurs circulaient sur son appartenance à éventuellement un autre parti ?

le témoin 42 : Pas à ma connaissance.

Le Président : Autre question ?  Maître GILLET ?

Me. GILLET : Oui, Monsieur le président, je suis très étonné du ton apparemment très détaché avec lequel il a été question dans le couple le témoin 143 - le témoin 42 à l'époque, de cette fameuse attestation de Monsieur Jean Bosco le témoin 150

Le Président : Oui, mais votre étonnement, ça, c’est une chose.

Me. GILLET : Oui, oui.

Le Président : Posez une question, s’il vous plaît.

Me. GILLET : Je voudrais savoir s'il est vraiment sûr que c'est comme ça que ça s'est passé, qu'on a parlé dans le vague de cette fameuse attestation alors que la bataille fait rage autour de la validité de ce témoignage le témoin 150 ? Et s’il ne se souvient pas d'avoir demandé de voir ce document plutôt que de l’évoquer comme ça, de manière neutre et générale ?

Le Président : Confirmez-vous ne pas avoir vu ce document ?

le témoin 42 : Je confirme ne pas l’avoir vu au moment où elle l’a apporté.

Le Président : L’avez vous vu par la suite ?

le témoin 42 : Je l'ai vu quand elle l’a cherché, avant de venir ici.

Le Président : À l'époque où votre épouse est revenue, vous a-t-elle dit être en possession d'une attestation de Jean Bosco le témoin 150 ?

le témoin 42 : Elle me l'a dit. Mais je n'ai pas demandé à la voir.

Le Président : Vous a-t-elle éventuellement fait part de la teneur de cette attestation ?

le témoin 42 : Oui.

Le Président : Qu’est-ce qu'elle vous disait à ce sujet-là ?

le témoin 42 : Elle me disait que Bosco avait fait une attestation où en fait, il disait qu'il n'avait pas signé sa déposition tout simplement parce qu'il avait reçu des menaces. Et que ce qu'il avait dit dans sa déposition qu'il n'a pas signée, n'était pas la vérité.

Le Président : Autre question ? Monsieur l'avocat général ?

L’Avocat Général : Encore sur cette attestation. Lorsque le juge d'instruction décide alors d'envoyer une nouvelle commission rogatoire pour entendre Monsieur le témoin 150, votre épouse a déclaré ici, qu’à ce moment-là, elle a pris, enfin, on a pris contact avec Monsieur le témoin 150 pour dire qu'il fallait qu'il démente. Est-ce que vous êtes au courant de ça ?

le témoin 42 : Ça, je suis au courant.

L’Avocat Général : C’est vous ou c’est votre épouse qui avait pris ce contact ?

le témoin 42 : C'est elle qui a pris le contact, mais on en a discuté avant.

L’Avocat Général : Et qu'il démente quoi ?

le témoin 42 : Ben, qu’il essaie de se protéger.

L’Avocat Général : De se protéger contre quoi ?

le témoin 42 : Parce qu’il disait qu'il avait été menacé à Kigali et donc, si à Kigali on apprenait que le document, qu'il a signé un document en disant qu’il avait témoigné sous pression, il risquait de se faire mettre en prison, de se faire tuer.

L’Avocat Général : Est-ce que vous savez ce que Monsieur le témoin 150 avait déclaré, et ce que donc, il devait rétracter ou contre lequel il fallait se protéger ?

le témoin 42 : Ce qu'il avait déclaré, moi, je n'étais pas au courant de ce qu'il avait déclaré.

Le Président : Autre question ? Maître HIRSCH ?

Me. HIRSCH : Merci, Monsieur le président. En fait, Monsieur NTEZIMANA va déposer une plainte contre Monsieur Gasana NDOBA, en mars 1995, avant son arrestation. Est jointe à cette plainte, une note de l'épouse du témoin relative précisément au témoignage en faveur de Monsieur NTEZIMANA, de Jean Bosco le témoin 150. Je voudrais savoir, Monsieur le président, si le témoin se rappelle des circonstances dans lesquelles son épouse a recueilli le témoignage de Monsieur le témoin 150, en mars 1995.

Le Président : Alors, vous souvenez-vous ?

le témoin 42 : Là, je dois avouer que je ne me rappelle pas.

Le Président : D'autres questions ? Plus de questions ? Les parties sont-elles d'accord pour que le témoin se retire ? Monsieur le témoin 42, est-ce bien des accusés ici présents dont vous avez voulu parler ? Persistez-vous dans vos déclarations ?

le témoin 42 : Je persiste.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez, disposer librement de votre temps.

le témoin 42 : Merci.

Le Président : Bien. Monsieur DEGNI-SEGUI qui devait être arrivé ce matin, n’est toujours pas arrivé, apparemment. Il y a peut-être une grève des avions ou des aiguilleurs du ciel après celle de la SNCB. Nous allons suspendre l’audience º d’heure. Nous la reprendrons même si Monsieur DEGNI-SEGUI n’est pas présent, de manière notamment à commencer à faire des lectures de déclarations de témoins qui ne se sont pas présentés.