assises rwanda 2001
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Instruction d’audience V. Ntezimana Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience V. Ntezimana > Audition témoins > H. Gallee
1. N. Gasana 2. le témoin 9 3. le témoin 125 4. le témoin 134 5. le témoin 116 6. le témoin 61 7. le témoin 124 8. le témoin 50 9. le témoin 150 10. le témoin 73 11. le témoin 55 12. le témoin 100 et commentaires V. Ntezimana 13. le témoin 97 14. le témoin 104 15. H. Gallee 16. le témoin 84 17. le témoin 36 18. B. Van Custem et commentaires V. Ntezimana et E. Seminega 19. Lecture président attestation J.B. Seminega 20. le témoin 77 21. le témoin 10 22. le témoin 96 23. le témoin 42 24. R. Degni-Segui 25. le témoin 15 26. J. Léonard et commentaires partie civile et V. Ntezimana 27. J.P. Van Ypersele de Strihou 28. le témoin 118 29. le témoin 31, commentaires avocat général, partie civile, défense, audition interview I. Nkuyubwatzi 30. le témoin 108 31. le témoin 127 32. le témoin 109 33. le témoin 147 34. le témoin 105 35. le témoin 89
 

6.3.15. Audition des témoins: Hubert GALLEE

Le Greffier : La Cour.

Le Président : L’audience est reprise. Vous pouvez vous asseoir et les accusés peuvent prendre place. Quels sont les témoins présents ? Oui… oui… Bien. Donc, sont présents pour le moment Madame le témoin 143. Un petit instant, Monsieur l’huissier, nous allons modifier l’ordre.

Madame le témoin 84, Madame le témoin 36 ; Monsieur BODARD n’est pas là, mais apparemment son épouse est là. Elle devra alors être entendue en vertu du pouvoir discrétionnaire puisqu’elle n’est pas dénoncée comme telle, et Monsieur GALLEE. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je vais donner la priorité aux témoins qui viennent de l’étranger ou qui doivent partir ce soir à l’étranger. Nous allons donc commencer par Monsieur GALLEE, et puis nous prendrons Madame le témoin 84 et Madame le témoin 36 et nous verrons où nous en sommes à ce moment-là. Monsieur le greffier, est-ce que je pourrais avoir le classeur n° 30 ? Merci.

Monsieur, quels sont vos nom et prénom ?

Hubert GALLEE : Mon nom c’est GALLEE Hubert.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

Hubert GALLEE : 47 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

Hubert GALLEE : Géophysicien.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ou de domicile ?

Hubert GALLEE : C’est Le Sappey en Chartreuse, en France.

Le Président : En France. Connaissiez-vous les accusés, ou un des accusés avant le mois d’avril 1994 ? Il s’agit de Monsieur Vincent NTEZIMANA, Monsieur HIGANIRO et Mesdames MUKANGANGO et MUKABUTERA.

Hubert GALLEE : Je connais Vincent NTEZIMANA.

Le Président : C’est ça. Vous n’êtes pas de la famille des accusés ?

Hubert GALLEE : Non.

Le Président : Ni des parties civiles ?

Hubert GALLEE : Non plus.

Le Président : Vous ne travaillez ni pour les accusés ni pour les parties civiles ?

Hubert GALLEE : Non plus.

Le Président : Je vous prie de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment de témoin.

Hubert GALLEE : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Je vous remercie. Vous pouvez vous asseoir, Monsieur GALLEE. Monsieur GALLEE, vous venez de dire que vous connaissiez Monsieur Vincent NTEZIMANA. Vous pouvez nous exposer dans quelles circonstances et à quelle époque vous avez fait sa connaissance ?

Hubert GALLEE : Donc, j’ai fait la connaissance de Vincent NTEZIMANA quand je préparais ma thèse à l’université catholique de Louvain. Donc, j’ai commencé avant lui, et je pense qu’il est arrivé à 1987. On m’a présenté à lui. Dans les premiers temps, bon, j’ai pas eu beaucoup de rapports avec lui, bien qu’il travaillait sur des domaines très proches des miens. Et puis, progressivement, on a commencé à discuter science, puisqu’on travaillait sur les mêmes problèmes.

Le Président : Vous parliez notamment de météorologie ?

Hubert GALLEE : Tout à fait, oui, donc… nous travaillions tous les deux sur un modèle atmosphérique destiné, donc, à simuler des situations météorologiques, aussi bien en Antarctique que sur des régions tropicales.

Le Président : C’était un sujet qui le passionnait ?

Hubert GALLEE : Ah oui, tout à fait, je pense, hein.

Le Président : Et, est-ce qu’il vous a expliqué dans quelle mesure pratique, je dirais, ça l’intéressait ?

Hubert GALLEE : Non, tout de suite, non. Mais par la suite, bon, on en est arrivé à se rendre compte de l’intérêt pratique au niveau de la prévision du temps au Rwanda. Alors, dans un premier temps, ce qu’il y avait donc, dans ce pays, c’est surtout des stations météorologiques qui permettent, donc, de savoir où se trouve le mauvais temps. Et dans la suite, on s’est rendu compte qu’avec un modèle numérique, on pouvait nettement améliorer notre connaissance des situations météorologiques au Rwanda et, par la même, réduire le nombre d’observations nécessaires. Donc, c’était un peu un travail de… disons, à la fois observation et simulation qui se mettait en place.

Le Président : Alors, vous avez été interrogé par la police judiciaire à l’époque, à propos des ordinateurs que l’on utilisait à l’UCL, à l’époque où Monsieur NTEZIMANA s’y trouvait, et vous avez notamment expliqué que, un petit mot d’explication pour le jury, le fameux texte « Appel à la conscience des Bahutu » semble avoir été dactylographié au moyen d’un ordinateur de type Macintosh. Fin de l’année 1990, vous vous rappelez la  publication de ce document dans un périodique rwandais, au départ d’un document qui aurait peut-être été dactylographié à Louvain-la-Neuve. Or, les Macintosh sont arrivés quand, à l’UCL ?

Hubert GALLEE : Alors, en ce qui concerne, en tout cas, mon laboratoire, parce que je n’ai pas une vue d’ensemble, d’une manière très minoritaire, il y avait des PC au secrétariat, qui permettaient donc de travailler avec des traitements de textes permettant de faire l’administration, donc, essentiellement du Word, qui est un langage qui permet de taper des belles lettres. Je suppose que beaucoup de gens connaissent ça maintenant. Mais les scientifiques avaient besoin de beaucoup plus, notamment parce qu’ils tapent des formules mathématiques, et ça n’était pas accessible par Word. Donc, on a, depuis le début, il y a eu un peu un travail… nous faisions un travail de traitement de texte très différent. On utilisait Datex, qui se trouvait aussi bien sur le système VMS, qui était le premier système qui était utilisé chez nous, puis le système UNIX, quand les stations de travail sont arrivées chez nous, quoi.

Le Président : Et les premiers ordinateurs Macintosh, dans vos services en tout cas, n’ont été livrés qu’à partir de janvier 1992 ?

Hubert GALLEE : Oui, probablement. Mais moi, je n’ai pas fait attention aux états, vu que je ne travaillais pas dans l’administration.

Le Président : C’est en tout cas ce que vous avez indiqué lors de votre audition par la police judiciaire.

Hubert GALLEE : Ce n’est pas moi qui ai dit ça probablement alors.

Le Président : « Nous avons actuellement 4 ordinateurs Macintosh, dont le premier a été livré en janvier 1992 ».

Hubert GALLEE : Non, ce n’est pas moi qui ai dit ça. On était plusieurs à discuter avec les enquêteurs à ce moment-là, on était 3, 4. Et bon, cette information est passée à ce moment-là de quelqu’un d’autre. Je ne suis pas expert en ce genre de matériel.

Le Président : Mais, on a tiré la liste du matériel Macintosh, les ordinateurs notamment, on s’en doute, des fichiers qui permettent d’inventorier le matériel, hein, et là, effectivement, on voit qu’il y avait une série d’ordinateurs Macintosh.

Hubert GALLEE : Ah, mais c’est très probable.

Le Président : Le premier est livré, apparemment, rentre dans le système, le 1er janvier 1992, en janvier 92.

Hubert GALLEE : Très probablement. Je ne suis pas responsable du système informatique à cette période-là, et tout ce que je savais à ce moment-là, c’est que Vincent NTEZIMANA travaillait sur des systèmes UNIX. Il travaillait, il faisait tourner le modèle numérique sur lequel nous travaillions, et écrivait ses textes dessus. Donc, son traitement de texte auquel il était familier. Donc, moi, l’idée m’est venue, au moment où j’ai appris qu’il y avait des textes, disons, extrémistes, de regarder, de commencer à fouiller dans les sauvegardes qui étaient faites à partir de ces, comment dirais-je… de ces ordinateurs-là. Parce qu’il y avait des sauvegardes, nous avons tous des programmes numériques qui évoluent et une perte suite à un crash disque est extrêmement grave pour nous, puisque notre recherche doit être prise beaucoup plus en avant. On perd beaucoup de temps comme ça.

Le Président : Vous avez également, à l’occasion de votre audition, remis un fax, qui vous avait été adressé le 2 juillet 1993 par Monsieur NTEZIMANA, se trouvant à ce moment-là à Butare.

Hubert GALLEE : Oui, c’est exact. J’ai reçu cette lettre effectivement, où ce fax, je pense que c’était un fax.

Le Président : Monsieur NTEZIMANA vous écrit notamment ceci, il vous parle de plusieurs choses, il vous parle de son travail à l’université, hein, de sa vie socioprofessionnelle, et notamment de ce qu’ils utilisent à l’UNR, des PS2 30, c’est pas non plus des Macintosh, ça je crois, hein ?

Hubert GALLEE : Je pense que ça doit être du matériel, comment dirais-je, enfin, bon, ce n’est pas en tout cas du Macintosh. C’est un autre…

Le Président : Il vous parle de la situation socio-politique dans son pays. 

Hubert GALLEE : Oui, c’est ça, oui.

Le Président : Alors, je suppose que depuis le 2 juillet 1993, vous n’avez pas le souvenir précis de ce qu’il vous écrivait à ce sujet-là ?

Hubert GALLEE : Non, pas vraiment, mais, tout ce que je me souviens, c’est qu’au moment où il est parti, donc c’était un petit peu avant, donc après sa thèse, bon, moi je trouvais que c’était quand même un scientifique assez capable, qu’il avait prouvé dans sa thèse qu’il pouvait développer des outils utiles dans la communauté scientifique. Je trouvais que c’était intéressant qu’il continue à travailler avec nous tout un temps. Il y avait cette raison-là, donc qu’il puisse, dans un premier temps en tout cas, valoriser les résultats de sa thèse, qui était écrite quand même pour l’UCL, qui n’avait pas un niveau international. Donc, il faut arriver à un rang où on peut écrire des papiers qui sont et peuvent être lus par la communauté scientifique, donc des papiers dans des journaux reconnus par la communauté scientifique. Donc, je trouvais qu’il devait au moins écrire ces papiers-là. Donc, un second temps, je trouvais que c’était intéressant de… comment dirais-je, prendre un peu le temps pour regarder comment construire une collaboration avec le Rwanda, en termes donc, de mise sur pied, de calculs de numériques chez eux. A ce moment-là, je lui ai dit que je souhaitais ça, mais, bon, il m’a fait part de son désir de retourner au Rwanda, et il m’a expliqué que… à ce moment-là, à cette occasion-là, qu’il trouvait que les partis politiques avaient tendance à confisquer… disons, le pouvoir pour eux, et sans trop s’occuper du peuple rwandais, et que lui voulait, disons, faire un parti où il s’occuperait des gens, il penserait à leur problème tous les jours.

Le Président : Pendant son séjour en Belgique, est-ce qu’il vous a fait part de ses opinions politiques ? Et, est-ce qu’à travers ces opinions politiques, vous avez éventuellement… Non, d’abord, dites-moi s’il vous a fait part de ses opinions ? Parce que sinon, ça ne sert à rien que je vous pose une question à propos des opinions qu’il aurait exprimées, si vous me dites qu’il n’en a jamais exprimé.

Hubert GALLEE : Je ne me souviens rien de marquant en tout cas. Simplement, à la fin, quand on est sorti du… disons la furia de la fin de thèse, c’est toujours… il faut aller très vite, on a plus beaucoup de temps pour écrire son document de thèse. A ce moment-là, je pense qu’il a… qu’on a commencé à en parler. Et c’est justement à cette occasion-là, d’ailleurs, qu’il m’a dit… il a parlé avant, mais ça n’a pas marqué. Pas autant qu’à ce moment où il est parti.

Le Président : Vous n’avez pas remarqué dans son discours qu’il aurait été un farouche adversaire de l’ethnie Tutsi ?

Hubert GALLEE : Non. J’ai plutôt l’impression qu’il était adversaire du gouvernement en place. Mais, bon, ça c’était un… c’est apparu au moment où j’ai discuté avec lui, à la fin de sa thèse.

Le Président : Je vais me permettre de vous relire le passage de ce fax du 2 juillet 1993, qui est relatif à la situation socio-politique dans son pays. Il vous écrit ceci : « La population vit dans une ambiance de peur et d’incertitude, suite à la situation de guerre entre l’armée et les rebelles à la frontière rwando-ougandaise, à une multitude d’actes criminels à l’intérieur du pays ainsi qu’à l’incapacité que montrent les hommes politiques à affronter ces problèmes. Sur le plan de la guerre, les négociations de paix sont sur le point d’être conclues, mais la plupart des gens auxquels je me suis adressé sont très sceptiques, car certains éléments de l’accord, notamment celui de la fusion des deux armées belligérantes, semblent très fragiles. Cela proviendrait du fait que le gouvernement, qui a négocié cet accord, n’est pas lui-même crédible de la part des populations qu’il est censé représenter. De plus, certains hommes politiques sont soupçonnés d’attiser les troubles internes et d’avoir une certaine complicité pour de multiples assassinats auxquels nous assistons régulièrement. Il est vraiment difficile de parler de démocratie, car l’intolérance et le manque de dialogue entre différentes tendances politiques ont atteint leur paroxysme. Il faut signaler que ce qui est appelé tendance politique ici, ne l’est pas à proprement parler, car si on regarde de près, il s’agit de groupes différents constitués de personnes qui se déchirent pour le pouvoir en s’en foutant des attentes de la population. Dans cette ambiance, les gens n’osent plus donner leur opinion, qu’elle soit de nature politique ou autre. Leur première préoccupation est la survie. Entre-temps, la corruption et le détournement de fonds publics battent le plein. Quand, d’un côté, on regarde l’attitude de la plupart des gestionnaires des établissements publics et leur enrichissement effréné, et que d’un autre côté, on pense à la misère de plus de 95% de la population, on a le cœur serré ».

Hubert GALLEE : Ce qui correspond un petit peu à ce qu’il m’avait dit avant, je pense. Oui, je…

Le Président : Ce que je lis, est effectivement la pièce qui est annexée au procès-verbal. C’est la pièce que vous avez vous-même remise aux enquêteurs à l’époque.

Hubert GALLEE : Oui, tout à fait.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Monsieur l’avocat général ?

L’Avocat Général : C’est une question un peu plus générale, Monsieur le président. Est-ce que le témoin peut confirmer qu’à la demande du professeur BERGER, lui et Monsieur le professeur le témoin 144 DE STRIHOU ont procédé à une vérification des accusations portées contre Monsieur NTEZIMANA ?

Hubert GALLEE : Oui, je pense. Ce qui s’est passé, c’est donc, quand Vincent NTEZIMANA est revenu, je pense que c’était en début août 94, j’étais en vacances et le professeur BERGER m’a téléphoné. J’étais chez moi en vacances, et le professeur BERGER m’a téléphoné pour me dire qu’il y avait des accusations portées contre Vincent NTEZIMANA et que le département envisageait une réunion avec Monsieur BROUILLARD et trois accusateurs rwandais. Et donc, il m’a demandé d’aller assister à cette réunion. Donc, c’est ce que j’ai fait. Donc, j’ai écouté, j’était disposé à écouter, donc, ces accusations, qui ont été, à ce moment-là, bien entendues par nous deux, donc, Monsieur BROUILLARD et moi-même, et on en a conclu que, bon, il fallait que ça soit beaucoup plus… on ne demandait pas que ça soit formel, mais quand même des témoignages directs pour être… savoir ce qu’il fallait faire, parce que nous, on devait décider si on reprenait, réintégrait Monsieur NTEZIMANA ou pas dans le département.

L’Avocat Général : Est-ce que Monsieur NTEZIMANA a été réintégré ?

Hubert GALLEE : Je pense que oui, hein, il a été réintégré. Donc, il a pu travailler. En tout cas, on lui a permis de venir travailler pendant...

L’Avocat Général : C’est une question tout à fait générale, mais bon, est-ce que vous estimez que c’est la tâche des institutions universitaires de vérifier ou de faire des enquêtes parallèles sur des accusations portées à l’égard… sur une personne suspectée de tels crimes ?

Hubert GALLEE : Alors, personnellement, la réaction que j’ai eue, c’est de téléphoner à la gendarmerie d’Ottignies, le jour même de la réunion, parce que je trouvais effectivement qu’il y avait… que je devais au moins les renseigner à ce sujet. Donc, je leur ai dit et ils m’ont dit : « Bon, il y a un groupe de rwandais qui est en train de réunir le témoignage sur ce problème de génocide ». Donc, voilà, donc j’ai été discuté avec ces gens-là pour essayer de voir clair, quoi. Bon, par la suite, il s’est très rapidement avéré que la justice commençait à travailler sur ce problème. Moi, je n’ai plus rien fait. Je n’ai plus mené d’investigations à ce sujet, hein.

Le Président : D’autres questions ? Les parties, sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Monsieur, GALLEE, est-ce bien des accusés ici présents dont vous avez voulu parler ; dans notre jargon, ça veut dire, persistez-vous dans vos déclarations ?

Hubert GALLEE : Oui, tout à fait.

Le Président : Eh bien, la Cour vous remercie pour votre témoignage et vous pouvez disposer librement, donc, de votre temps, et donc, j’espère ne pas rater votre train.

Hubert GALLEE : Vous êtes bien aimable, merci.

Le Président : Alors, on va entendre maintenant Madame le témoin 84. Il faudra peut-être un interprète. Je ne sais pas.