6.3.17. Audition des témoins: le témoin 36
Le Président : Vous parlez le
français et vous comprenez le français, Madame ? Ou vous préférez avoir
un interprète ?
Diane le témoin 36 : Je préfère avoir un interprète.
Le Président : Monsieur l’interprète,
vous allez devoir prêter serment en ce qui vous concerne. Vous pouvez aller
là-bas, vous savez, ce n’est pas... Monsieur, quels sont vos nom et prénom ?
L’Interprète : Je m’appelle RUTAZIBWA Alexandre.
Le Président : Quel âge avez-vous ?
L’Interprète : 50 ans.
Le Président : Quelle est votre
profession ?
L’Interprète : Je suis traducteur
pour le moment.
Le Président : Quelle est votre
commune de domicile ou de résidence ?
L’Interprète : Deurne, Anvers.
Le Président : Etes-vous témoin,
juge ou juré dans la présente affaire ?
L’Interprète : Non, Monsieur le
président.
Le Président : Je vais vous demander
de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment d’interprète.
L’Interprète : Je jure de traduire
fidèlement les discours à transmettre entre ceux qui parlent des langages différents.
Le Président : Je vous remercie.
Je vous nomme interprète et vous voudrez donc bien traduire les questions qui
seront posées au témoin et les réponses qu’elle va donner. Ceci dit, si le témoin
estime pouvoir répondre directement en français, elle peut le faire évidemment,
et alors vous intervenez lorsqu’il y a une difficulté à s’exprimer. Voulez-vous
bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?
L’Interprète : Amazina yawe ?
le témoin 36 : le témoin 36.
L’Interprète : Elle s’appelle
le témoin 36.
Le Président : Quel âge a le témoin ?
L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?
le témoin 36 : 21.
L’Interprète : 21 ans.
Le Président : Quelle est sa profession ?
L’Interprète : Ukora iki ?
le témoin 36 : Ndi caissière.
L’Interprète : Elle est caissière.
Le Président : Quelle est sa commune
de domicile ou de résidence ?
L’Interprète :
Utuye he ?
le témoin 36 : Nyarugenge.
le témoin 36 : Dans la commune
de Nyarugenge.
Le Président : Au Rwanda ?
L’Interprète : Au Rwanda.
Le Président : Connaissait-elle
les accusés ou l’un d’entre eux, avant le mois d’avril 1994 ?
L’Interprète : Hari uwo uzi mu
baregwa mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?
le témoin 36 : Ntawe nzi.
L’Interprète : Elle n’en connaissait
aucun.
Le Président : Elle n’est pas
de la famille des accusés ni de la famille des parties civiles ?
L’Interprète : Ntacyo upfana n’abaregwa
cyangwa abaka… niba ntacyo upfana n’abaregwa cyangwa partie civile ?
le témoin 36 :
Oya ntacyo.
L’Interprète : Non, elle n’a aucune
relation avec eux.
Le Président : Et elle ne travaille
pas donc non plus pour les accusés et les parties civiles ?
L’Interprète : Ntacyo ukorera
abaregwa cyangwa abaka indishyi?
le témoin 36 :
Ntacyo.
L’Interprète : Rien.
Le Président : Alors, voulez-vous
bien l’inviter à lever la main droite et à prononcer le serment de témoin ?
Levez la main droite, l’autre main, l’autre droite, voilà.
L’Interprète : Rahira.
le témoin 36 : Ndahiye kuvuga
ukuri gusa, nta rwango nta mususu.
L’Interprète : Je jure de parler
sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Je vous remercie.
Vous pouvez vous asseoir tous les deux. Voulez-vous demander au témoin où il
se trouvait au mois d’avril 1994 ?
L’Interprète :
Wari ahagana he mu kwezi kwa kane muli 94 ?
le témoin 36 :
Nari i Kigali, i Nyamirambo.
L’Interprète : Je me trouvais
à Kigali, à Nyamirambo.
Le Président : Je vais demander
à tous les deux de parler bien fort dans le micro pour qu’on vous entende.
L’Interprète : Elle se trouvait
à Kigali, à Nyamirambo.
Le Président : Bien. Ce témoin
n’a jamais été entendu ?
L’Interprète : Ntabwo barakumva
muri ibi ngibi ?
Le Président : Monsieur l’avocat
général, la citée l’est à la demande d’une des parties…
L’Avocat Général : L’intéressée,
d’après la partie civile, ce que la partie civile en a signalé, se trouvait
dans le couvent des benebikira et a donc assisté à l’enlèvement des enfants
KARENZI et KANYABUGOYI.
L’Interprète : Ngo : abaka
indishyi bamubwiye, bamubwiye ko wari muri couvent n’abana ba KANYABUGOYI.
le témoin 36 :
Yego, nari kumwe.
L’Interprète : Oui, nous étions
ensemble.
Le Président : Il semble donc
que, dans le courant du mois d’avril 1994, le témoin a quitté Kigali pour se
rendre à Butare ?
L’Interprète : Donc, ngo
birashoboka ko mu kwezi kwa kane 94 wavuye i Kigali ujya i Butare ?
le témoin 36 :
Yego, navuye i Kigali ngera i Butare.
L’Interprète : Oui, je suis partie
de Kigali pour me rendre à Butare.
Le Président : Est-ce que le témoin
peut préciser à quel moment elle est arrivée à Butare ?
L’Interprète :
Ushobora kuvuga igihe wagereye i Butare ?
le témoin 36 :
Navuye i Kigali itariki 8 z’ukwa kane, ngera i Butare italiki 12, ngenze urugendo
rw’amaguru kuva i Kigali kugera i Butare.
L’Interprète : Je suis partie
de Kigali le 8 avril 1994 et je suis allée à Butare le 11 du même mois et j’ai
parcouru toute cette distance à pied.
Le Président : Le témoin a dit
qu’il avait 21 ans, je crois. Donc, elle avait 14 ans ? Le témoin avait
14 ans à l’époque ?
L’Interprète : Wari ufite imyaka
14 icyo gihe ?
le témoin 36 : Yego, niyo
nari mfite.
L’Interprète : Oui, j’avais 14
ans à cette époque.
Le Président : Est-ce qu’en arrivant
à Butare, elle s’est rendue directement au couvent des sœurs benebikira ?
L’Interprète : Ugeze i Butare
wagiye… muri ako kanya wagiye muri couvent y’Abenebikira ?
le témoin 36 : Yego nageze
i Butare ari ni mugoroba, mpita njya kuri couvent y’ababikira kuko nari nzi
ko ariho mfite tante ngiye kureba, ubamo.
L’Interprète : Je suis arrivée
à Butare en cours de la soirée et je me suis directement rendue au couvent des
benebikira, parce que j’y avais une tante.
Le Président : Une religieuse ?
le témoin 36 : Oui.
Le Président : Qui est sœur ?
Le nom de la religieuse ?
le témoin 36 : Yitwaga Claire
MUKABISANGWA…
L’Interprète : Elle s’appelait
Claire MUKABISANGWA…
le témoin 36 : Ariko, icyo
gihe nasanze adahari.
L’Interprète : …mais elle n’était
pas là au moment où je suis arrivée. Elle était absente.
Le Président : Est-ce qu’il y
avait plusieurs enfants qui étaient réfugiés dans le couvent ?
L’Interprète : Hari abana benshi
bari bahungiye muri couvent ?
le témoin 36 : Nari najyanye
n’abacousine babiri twari twavanye i Kigali, twasanzemo abandi batatu gusa,
donc twari batanu muri couvent icyo gihe itariki 12.
L’Interprète : Elle était en compagnie
de deux autres cousines, avec lesquelles elle est partie de Kigali et, arrivées
à Butare au couvent, elles ont trouvé trois autres enfants là. Donc, au total
ils étaient au nombre de 5.
Le Président : Trois et deux cousines
et trois, ça fait 6. Elle et deux cousines et trois, ça fait 6.
le témoin 36 : Oui, twari
6.
L’Interprète : Oui. Elle dit qu’ils
étaient en fait au nombre de 6 au lieu de 5.
Le Président : Est-ce qu’elle
se souvient quand les enfants KARENZI et les cousins KARENZI sont arrivés au
couvent ?
L’Interprète : Uribuka igihe abana
ba KARENZI bahagereye, mu kigo ?
le témoin 36 : Bahageze italiki
21.
L’Interprète : Ils sont arrivés
le 21 avril.
Le Président : Et jusqu’à quel
moment ils sont restés au couvent ?
L’Interprète : Kugeza ryari ?
le témoin 36 : Bahagumye
kugeza itariki 30, aribwo baje kubatwara kubica.
L’Interprète : Ils sont restés
jusqu’au 30 avril, la date à laquelle ils sont venus les chercher pour aller
les tuer.
Le Président : Est-ce que les
gens qui sont venus chercher les enfants KARENZI, ont aussi voulu l’emmener,
elle et ses cousins, ses cousines, tous les autres enfants du couvent, ou bien
rien que les enfants KARENZI ?
L’Interprète : Abana baje gushaka,
abana ba KARENZI, nawe bashaka kugutwara, cyangwa se bari baje gushak’abana
ba KARENZI gusa cyangwa mwese, abana mwari muri ahongaho niko bashatse kubajyana ?
le témoin 36 : Baje bashaka
abana bo kwa KARENZI, kuko twese baradusohoye hanze, twari tugeze nko kuri 30.
Batugejeje hanze batarabona abana ba KARENZI, baravuga ngo baratwika couvent,
ngo hari abantu batabonamo. Ariko bamaze kubabona, bahise bavuga ngo ibyo bashakaga
birarangiye, bigaragaza ko aribo bari baje gushaka, kuko twe ntabwo bari bazi
ko turi muri couvent.
L’Interprète : Il semblerait que
les gens qui sont venus chercher les enfants de KARENZI visaient principalement
ces enfants-là, parce que, lorsqu’ils les ont fait sortir, ils étaient au nombre
de 30. Arrivés dehors, ils les ont découverts, donc ils ont vu les enfants de
KARENZI et ils ont dit : « Bon, maintenant, ce que nous cherchons,
nous l’avons ». Ils ont dit en fait qu’ils allaient brûler l’endroit si
jamais ils ne tuaient pas les enfants de KARENZI, parce qu’ils étaient cachés
à un autre endroit, et lorsqu’ils les ont découverts, ils ont dit que ce qu’ils
voulaient, ils l’avaient. Donc, ils les ont pris et ils sont partis.
Le Président : Ils n’ont pris
que les enfants KARENZI ?
L’Interprète : Bafasha abana ba
KARENZI gusa ?
le témoin 36 : Oya byabaye
ngombwa ko n’abandi babatwara ariko kuko baje bazi ko hari abana ba KARENZI
gusa. Bahageze babonamo n’abandi rero nabo barabatwara.
L’Interprète : Il était nécessaire
qu’ils prennent les autres enfants parce que, lorsqu’ils sont arrivés, ils cherchaient
principalement les enfants KARENZI, et lorsqu’ils les ont vus, ils ont pris
les autres aussi.
Le Président : Donc, le témoin
a été emmené par ces gens ?
L’Interprète : Nawe rero barakujyanye
abo bantu ?
le témoin 36 : Ntabwo bantwaye
kuko jyewe nabonye batangiye kutwaka amakarite d’identité, njye icyo gihe nali
ntaragez’igihe cyo kuyifata, mbona batangiye gukuramo abana, bakavuga ng’abahutu
nibajye hariya abatutsi bajye hano. Hari umumiliteri umwe wari hafi yanjye,
ndamubwira nti : ariko njyewe murantwarira iki ? Nti : jyewe
ntabwo ndi umututsi. Arabanza arambwira ngo : urabeshya ! Ndavuga
nti : ntabwo mbeshya, nti : ahubwo mfite m’umubikira, biba ngombwa
ko niyitirira umubikira ngo ni tante wanjye paternelle kugirango bankuremo.
Hanyuma umubikira…
L’Interprète : Ushobora kuvuga
buhoro hanyuma nkajya nsobanura… Ushobora kubinsubiriramo ? Donc, ntabwo
wowe bakujyanye.
le témoin 36 : Jyewe ntabwo
bantwaye kuko navuze ko ntari umututsi…
L’Interprète : Moi, on ne m’a
pas prise, parce que, moi, je leur ai dit que je n’étais pas Tutsi…
le témoin 36 : …hanyuma uwo
musirikari arambwira ngo nimpamagara uwo mubikira mwene wacu…
L’Interprète : …après, le militaire
m’a demandé d’appeler ma tante religieuse…
le témoin 36 : …napfuye guhamagara
umubikira nari mbonye aho…
L’Interprète : …j’ai appelé n’importe
laquelle que j’ai vue aux alentours…
le témoin 36 : …hanyuma,
umubikira bamubajije, avuga ko ari masenge.
L’Interprète : …et lorsqu’ils
ont demandé à la sœur qui elle était par rapport à elle, elle a dit qu’elle
était sa tante.
le témoin 36 : Hanyuma barambwira
ngo njyewe nimvemo.
L’Interprète : Alors, ils lui
ont dit de ne pas faire partie du groupe.
Le Président : Est-ce que le témoin
a vu que les enfants KARENZI étaient éventuellement battus par les gens qui
les emmenaient ?
L’Interprète : Wabonye abana ba
KARENZI bakubitwa nabo bantu bari babatwaye ?
le témoin 36 : Bakimara kuva
mu bwihisho, umukobwa mukuru n’umuhungu, Solange na Malik…
L’Interprète : Lorsqu’ils sont
sortis de leur cachette, donc, la fille et le garçon, Solange et Malik…
le témoin 36 : …abasirikare
barabyishimiye cyane n’interahamwe barikumwe, bagenda babakubita, babinjiza
mu modoka yabo bonyine.
L’Interprète : …les militaires
et les miliciens qui étaient en leur compagnie, étaient tellement heureux, et
ils les ont pris et ils les ont embarqués dans leur véhicule en les battant.
Le Président : Est-ce que le témoin
a perdu des membres de sa famille pendant les événements du mois d’avril et
du mois de mai ou les mois suivants ?
L’Interprète : Hari abawe bapfuye
mu byabaye mu kwezi kwa kane no mu mezi yakurikiye ?
le témoin 36 : Umuryango
wanjye wose warapfuye, ubu nsigaye ndi njyenyine.
L’Interprète : Toute ma famille
a été exterminée. Je suis seule.
Le Président : Est-ce que pendant
que les enfants KARENZI sont restés dans le couvent des sœurs pendant les quelques
jours où ils ont vécu dans le couvent, est-ce que ces enfants lui ont raconté,
par exemple, ce qui était arrivé à leur papa et à leur maman ?
L’Interprète : Mu minsi micye
abana ba KARENZI mwari kumwe muri couvent hari icyo bakubwiye cyabaye ku babyeyi
le témoin 2 ?
le témoin 36 :
Yego. Bambwiye ko papa wabo bamutwaye bakamurasira, bamutwaye bakajya
kumurasira ahandi, ariko mama wabo bamwiciye imuhira.
L’Interprète : Ils m’ont raconté
que leur papa avait été pris par des gens qui sont allés le tuer en dehors de
la maison, mais que leur maman avait été tuée dans la maison même.
Le Président : Est-ce que les
enfants KARENZI ont donné des précisions sur ce qui avait déclenché la mort
de leur maman ?
L’Interprète : Abana ba KARENZI
bagusobanuriye neza impamvu nyina yapfuye ?
le témoin 36 : Bavuze ko
mama wabo bamusanze imuhira bashaka kumurasa, akababwira ko ari umuhutukazi,
bakanga, bakamurasa. Nibyo babashije kumbwira.
L’Interprète : Ils lui ont dit
tout simplement que leur maman leur avait dit qu’elle était Hutu, mais qu’ils
n’ont pas accepté, et qu’ils ont, malgré tout, ils l’ont tuée.
Le Président : Est-ce que les
enfants ont dit que les personnes qui ont tué sa maman, avaient vérifié qu’elle
n’était pas Hutu ?
L’Interprète : Abana bakubwiye
ko, abantu bishe nyina bari barebye niba ari umuhutukazi ?
le témoin 36 : Ntabwo biriwe
bemera kuverifiya ko ari umuhutu kazi, bahise bamwica.
L’Interprète : Ils n’ont pas voulu
vérifier si elle était Hutu ou pas. Ils l’ont tuée immédiatement.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions à poser au témoin ?
Juge Assesseur : Avez-vous fait
la rencontre au couvent du témoin 134, et est-ce qu’elle vous a fait
un récit ?
L’Interprète : Hari umuntu witwa
le témoin 134 mwamenyanye ? Hari icyo yagutekerereje ?
le témoin 36 :
Yego, twarabanye.
L’Interprète : Oui, elles y étaient
ensemble.
Le Président : Et est-ce que Yvette
a raconté ce qui s’était passé dans la maison de KARENZI ?
L’Interprète : Yvette yagutekerereje
ibyabaye mu nzu yo kwa KARENZI ?
le témoin 36 : Abana ba KARENZI
nibo babimbwiye, ariko byari kimwe kuko ari ibyo Yvette yavuga cyangwa ibyo
bavuga kuko bari hamwe ari kimwe.
L’Interprète : Les enfants de
KARENZI m’avaient raconté la même chose que ce que Yvette m’a dit, parce que
c’était le même récit.
Le Président : Alors, est-ce que
Yvette et les enfants n’ont pas parlé d’un appel téléphonique par les militaires
à quelqu’un dans la maison KARENZI, qu’ils auraient téléphoné depuis la maison
KARENZI à quelqu’un, les militaires ?
L’Interprète : Abana ntabwo bavuze,
abana cyangwa Yvette ntabwo bakubwiye ko, abasoda baba baraterefonye ku muntu,
batelefoneye kwa KARENZI ?
le témoin 36 : Yego, bambwiye
ko hari umuntu watelefonye avant ko bica mama wabo.
L’Interprète : Ils m’ont raconté
que quelqu’un avait téléphoné de leur maison avant qu’ils ne tuent leur maman.
Le Président : Est-ce qu’ils ont
dit à qui ils avaient téléphoné avant de tuer la maman ?
L’Interprète : Bavuze uwo muntu,
uwo bahamagaye mbere ko bica nyina ?
le témoin 36 : Bambwiye ko
mu gihe bari bihishe muri plafond…
L’Interprète : Ils ont dit que,
lorsqu’ils étaient cachés dans le faux plafond…
le témoin 36 : …bumvishe
ijwi ry’umuntu, bavuga umuntu witwa NTEZIMANA.
L’Interprète : …ils ont entendu
la personne qui a téléphoné entendre dire qu’il s’agissait de NTEZIMANA.
Le Président : Bien. D’autres
questions ? Maître HIRSCH ?
Me. HIRSCH : Merci, Monsieur
le président. Est-ce que le témoin a dit que Malik et Solange sont sortis de
leur cachette ? Est-ce qu’elle peut expliquer pourquoi ils s’étaient cachés
et pourquoi ils sont sortis de leur cachette ?
Le Président : Quand on est venu
chercher les enfants KARENZI au couvent, est-ce que le témoin se souvient pourquoi
Malik et Solange s’étaient cachés, et pourquoi ils sont sortis de leur cachette ?
L’Interprète : Baza muri couvent
gushaka abana, Solange na Yvette, uzi icyatumye bihisha n’icyatumye basohoka
mu bwihisho bari bari ?
le témoin 36 : Solange na
Malik bari bihishe ahantu habo, kuko mu gitondo, hari telefone, hari umuntu
waterefonye avuga ko bari buze gutera ikigo, kandi bashaka abana ba KARENZI ;
L’Interprète : Solange et Malik
étaient cachés à un endroit, parce que le matin, il y a eu un coup de téléphone
qui disait qu’ils allaient attaquer dans l’après-midi le couvent pour venir
chercher les enfants de KARENZI.
Le Président : Et pourquoi est-ce
qu’ils sont sortis de leur cachette ?
L’Interprète : Kuki basohotse
aho bari bihishe ?
le témoin 36 : Mu gihe twebwe
bari badusohoye batwicaje hanze bavuga ko hari abantu batarimo bashakaga, bavuga
ko bagiye gutwika couvent…
L’Interprète : Pendant que nous
étions dehors, lorsqu’ils nous ont fait sortir et que nous étions dehors, ils
cherchaient, ils disaient qu’ils cherchaient parmi nous ceux qu’ils voulaient
tuer, et que s’ils ne les tuaient pas, ils allaient incendier le couvent…
le témoin 36 : …umusirikare
yagiye hafi y’aho bari bihishe mu gihuru bari bihishemo…
L’Interprète : …le militaire est
allé tout près du buisson, là où ils étaient cachés…
le témoin 36 : …arasa amasasu
abiri hejuru,
L’Interprète : …et il a tiré deux
coups en l’air…
le témoin 36 : …noneho abana
nabo bagira ubwoba bazi ko bababonye, uretse ko atari yamenye aho bari, yarasaga
agira ngo uwaba yihishe aho ngaho avemo, basohokamo.
L’Interprète : …alors, les enfants
ont pris peur et croyaient qu’ils les avaient vus, et ils sont sortis de leur
cachette.
Le Président : Madame, le 10e
juré, oui.
Le 10e Juré : Monsieur le président,
le témoin, pourrait-il nous dire où se trouvait Yvette au moment où les enfants
KARENZI ont été emmenés ?
Le Président : Oui, quand les
militaires sont venus chercher les enfants KARENZI, qu’est-ce qu’Yvette est
devenue ?
L’Interprète : Igihe abasirikare
baje gushaka abana ba KARENZI, Yvette byamugendeye bite ?
le témoin 36 : Abasirikare
binjira mu kigo, Yvette yari muri toilettes…
L’Interprète : Lorsque les militaires
sont entrés dans le couvent, Yvette se trouvait dans les toilettes…
le témoin 36 : hanyuma binjiye
afungura urugi rwa toilettes aruhagarara inyuma, baraza ntibamubonye, ntibakoze
attention ngo bamurebe, barasohoka ntibamubona, ku buryo byose byabaye akiri
muri toilettes.
L’Interprète : …et donc, Yvette
est restée à l’intérieur des toilettes, mais elle a laissé la porte entrouverte.
Et lorsque les militaires sont venus, ils ne l’ont pas vue. Donc, elle est restée
dans les toilettes, et tout s’est passé pendant qu’elle se trouvait dans les
toilettes.
Le Président : Une autre question ?
Non Identifié : Après ces événements,
les sœurs vous ont-elles fait des confidences sur la qualité des personnes,
l’identité des personnes qui étaient venues chercher les enfants KARENZI ou
les éventuels commanditaires ?
L’Interprète : Ibyo birangiye
hari ibyo ababikira bababwiye byerekeye identité y’abantu bari baje gushaka
abana ba KARENZI ? Cyangwa ababohereje kubashaka ?
le témoin 36 : Mbere ya byose
abana ba KARENZI bajya kwinjira muri couvent, bahuye n’abasilikare, harimo umusilikare
witwaga Claude, barabaherekeza babageza mu kigo, bababwira ko babibikiye, umunsi
bazashaka bazaza kubatwara.
L’Interprète : Lorsque les enfants
KARENZI se rendaient au couvent, ils ont rencontré un certain Claude, qu’il
les a conduits jusqu’au couvent et qui leur a dit qu’il les gardait là et il
viendrait les chercher au moment voulu.
Le Président : D’autres questions
encore ? Monsieur l’avocat général ? Maître GILLET ?
Me. GILLET : Monsieur le
président, vous avez vraiment posé toutes les questions et toutes les questions
auront été posées.
Le Président : Les parties sont
d’accord pour que le témoin se retire ? Voulez-vous bien demander au témoin
s’il confirme les déclarations qu’il vient de faire ?
L’Interprète : Uhamije ibyo umaze
kuvuga ?
le témoin 36 : Ndabyemeje.
L’Interprète : Je le confirme.
Le Président : Vous pouvez dire
au témoin que la Cour la remercie pour son témoignage et qu’elle peut disposer
de son temps et donc, j’imagine, rentrer prochainement au Rwanda.
L’Interprète : Elle vous remercie
également.
Le Président : Bien. Nous allons
peut-être suspendre un peu l’audience. On reprendra à 15h25 et je ne sais pas,
mais il serait peut-être utile d’essayer d’aérer un peu la salle pendant cette
suspension. On a encore le témoin 143 et Madame le témoin 6. |