assises rwanda 2001
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Instruction d’audience V. Ntezimana Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience V. Ntezimana > Audition témoins > le témoin 118
1. N. Gasana 2. le témoin 9 3. le témoin 125 4. le témoin 134 5. le témoin 116 6. le témoin 61 7. le témoin 124 8. le témoin 50 9. le témoin 150 10. le témoin 73 11. le témoin 55 12. le témoin 100 et commentaires V. Ntezimana 13. le témoin 97 14. le témoin 104 15. H. Gallee 16. le témoin 84 17. le témoin 36 18. B. Van Custem et commentaires V. Ntezimana et E. Seminega 19. Lecture président attestation J.B. Seminega 20. le témoin 77 21. le témoin 10 22. le témoin 96 23. le témoin 42 24. R. Degni-Segui 25. le témoin 15 26. J. Léonard et commentaires partie civile et V. Ntezimana 27. J.P. Van Ypersele de Strihou 28. le témoin 118 29. le témoin 31, commentaires avocat général, partie civile, défense, audition interview I. Nkuyubwatzi 30. le témoin 108 31. le témoin 127 32. le témoin 109 33. le témoin 147 34. le témoin 105 35. le témoin 89
 

6.3.28. Audition des témoins: le témoin 118

Le Président : Bien. Le témoin suivant, le témoin 118. Avec Monsieur le témoin 118, nous revenons au problème de Monsieur NTEZIMANA. Vous parlez français, Monsieur le témoin 118 ou vous préférez un interprète ? Parlez-vous français ? Vous préférez avoir un interprète ?

L’Interprète : Oui.

Le Président : Je vous suggère, Monsieur le témoin 118, quand vous comprenez la question et que vous savez y répondre en français, du faire, si vous cherchez vos mots, peut-être de passer par l’intermédiaire de l’interprète, c’est comme vous l’entendez, hein. Voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe yombi ?

le témoin 118 : Nitwa le témoin 118.

L’Interprète : Je m’appelle le témoin 118.

Le Président : Quel est son âge ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 118 : 44.

L’Interprète : 44 ans.

Le Président : Quelle est sa profession ?

L’Interprète : Ukora iki ?

le témoin 118 : Ndi dentiste ariko ndi entraîneur wa équipe nationale ya football.

L’Interprète : Je suis dentiste de métier mais pour le moment, j’entraîne l’équipe nationale de football.

Le Président : Quelle est sa commune de domicile ?

L’Interprète : Utuye mu yihe komine ?

le témoin 118 : Ntuye muri komine y’i Nyamirambo.

L’Interprète : J’habite la commune de Nyamirambo.

Le Président : Connaissiez-vous, enfin le témoin, connaissait-il, les accusés ou certains des accusés, avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Mu baregwa hari abo wari uzi, mbere y’ukwezi  kwa cyenda 94 ?

le témoin 118 : Oya, mbere yaho ntabwo nari mbazi.

L’Interprète : Avant cette date, je n’en connaissais pas.

Le Président : Est-il de la famille des accusés ou de la famille des parties civiles qui réclament des dommages et intérêts aux accusés ?

L’Interprète : Hari icyo upfana n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?

le témoin 118 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Travaille-t-il sous un contrat de travail, pour les accusés ou les parties civiles ?

L’Interprète : Waba ukorera abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?

le témoin 118 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Voulez-vous bien l’inviter à lever la main droite et à prononcer le serment de témoin ?

L’Interprète : Ushobora kuzamura akaboko k’iburyo ukarahira ?

le témoin 118 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir tous les deux.

L’Interprète : Uvuge buhoro kugirango nshobore gusobanura.

le témoin 118 : Hm.

Le Président : Monsieur le témoin 118, pouvez-vous préciser à quelle date vous êtes arrivés, en 1994, à quelle date vous êtes arrivé à Butare ?

L’Interprète : Ushobora guhamya itariki wagereyeho muri 94, ujya i Butare ?

le témoin 118 : Ntabwo nibuka itariki neza ariko ni mu kwa gatanu.

L’Interprète : Je ne me souviens pas de la date exactement, mais je pense que c’était au mois de mai.

Le Président : Au mois de mai ?

le témoin 118 : Oui.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Au début du mois de mai ?

le témoin 118 : Oui, début.

L’Interprète : Oui, au début du mois de mai.

Le Président : En compagnie de qui avez-vous voyagé pour arriver à Butare ?

L’Interprète : Wari kumwe na nde igihe ujya i Butare ?

le témoin 118 : Nari hamwe n’uwitwa Vianney le témoin 142 ;

L’Interprète : J’étais en compagnie d’un certain Vianney le témoin 142.

Le Président : Jean-Marie Vianney le témoin 142 ?

le témoin 118 : Jean-Marie Vianney le témoin 142.

L’Interprète : Jean-Marie Vianney le témoin 142.

Le Président : Où êtes-vous allé loger lorsque vous êtes arrivé à Butare ?

L’Interprète : Mwacumbitse ahagana he mugeze i Butare ?

le témoin 118 : Tukigera i Butare, iminsi ya mbere, twacumbitse ku musirikare witwa NIZEYIMANA ;

L’Interprète : Pendant les premiers jours, lorsque nous sommes arrivés à Butare, nous avons logé chez un certain militaire du nom de NIZEYIMANA,

le témoin 118 : Hanyuma, nyuma yaho,

L’Interprète : Et après ça,

le témoin 118 : Ducumbika ku muprofeseri witwa NTEZIMANA.

L’Interprète : Nous avons logé chez un professeur du nom de NTEZIMANA.

Le Président : Vincent NTEZIMANA ?

le témoin 118 : Vincent, oui.

L’Interprète : Vincent NTEZIMANA, oui.

Le Président : Pouvez-vous expliquer pourquoi vous êtes allés loger chez le capitaine NIZEYIMANA d’abord ?

le témoin 118 : Twagiyeyo kubera ko yari inshuti ya murumuna wanjye witabye Imana,

L’Interprète : Nous y sommes allés parce qu’il était l’ami d’un de mes frères qui est mort,

le témoin 118 : MUKIMBIRI Jean-Baptiste.

L’Interprète : MUKIMBIRI Jean-Baptiste,

le témoin 118 : Hanyuma, kubera ko hariyo abantu benshi,

L’Interprète : Parce qu’il y avait beaucoup de monde chez lui.

le témoin 118 : Hanyuma tujya kuri uwo muprofeseri NTEZIMANA ?

L’Interprète : Ils sont allés nous loger chez ce professeur NTEZIMANA parce que c’était un ami à eux.

Le Président : Un ami du capitaine NIZEYIMANA ?

le témoin 118 : Oui.

Le Président : Quelles sont les autres personnes que vous… qui ont logé chez le capitaine, chez le professeur, pardon, Vincent NTEZIMANA ?

L’Interprète : Usibye mwebwe, abandi bantu bacumbitse kwa NTEZIMANA ni bande ?

le témoin 118 : Abandi bantu bacumbitse kwa NTEZIMANA, hari umugabo witwaga Ester,

L’Interprète : Parmi les autres personnes qui logeaient chez NTEZIMANA, il y avait un certain Monsieur Ester.

Le Président : C’est pas plutôt Aster RUTIBABALIRA ?

L’Interprète : Ntabwo ari Aster ?

le témoin 118 : Amazina yombi ntabwo nyazi, ariko ndamwibuka.

L’Interprète : Je ne connais pas très bien ces noms, mais je me souviens de lui.

Le Président : Oui. Qui avait-il encore ?

le témoin 118 : Ubwo natwe, njye na Vianney,

L’Interprète : Il y avait Vianney et moi.

le témoin 118 : Hanyuma hari n’umuhungu wakundaga kuhaba, ariko, uwo nabonaga atari buri gihe, witwa Jean NKUYUBWATSI.

L’Interprète : Il y avait un autre jeune homme qui logeait et que je voyais souvent du nom de NKUYUBWATSI Jean.

Le Président : NKUYUBWATSI Jean ou NKUYUBWATSI Innocent ?

le témoin 118 : Innocent.

L’Interprète : NKUYUBWATSI Innocent.

le témoin 118 : Hari n’umukozi w’umukobwa wahabaga nawe.

L’Interprète : Il y avait aussi une employée de maison, une jeune fille.

Le Président : Caritas ?

le témoin 118 : Caritas.

L’Interprète : Caritas.

Le Président : Y avait-il encore d’autres jeunes filles ?

L’Interprète : Hari abandi bakobwa bahabaga ?

le témoin 118 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Y avait-il éventuellement d’autres jeunes filles qui faisaient des passages à la maison de NTEZIMANA sans y loger, mais qui y passaient ?

L’Interprète : Hari abandi bakobwa banyuraga kwa NTEZIMANA ariko ntibahabe ?

le témoin 118 : Yego.

L’Interprète : Oui.

le témoin 118 : …Nabonaga ko ari nk’abakozi ngirango ahari ;

L’Interprète : Des jeunes filles qui, apparemment, d’après lui, travaillaient peut-être chez lui.

Le Président : Mais qui ne logeaient pas ?

le témoin 118 : Non.

L’Interprète : Non.

Le Président : Monsieur NTEZIMANA recevait-il souvent la visite de militaires chez lui ou rendait-il souvent visite à des militaires ?

L’Interprète : NTEZIMANA, hari abasirikare bamugendereraga cyane cyangwa se we yajyaga abagenderera ?

le témoin 118 : rimwe na rimwe,

L’Interprète : De temps en temps,

le témoin 118 : Hari abazaga,

L’Interprète : Il y a ceux qui venaient chez lui,

le témoin 118 : Ariko, uwo nzi neza nuwo NIZEYIMANA,

L’Interprète : Mais celui que je connais très bien, c’est NIZEYIMANA,

le témoin 118 : Niwe nabonaga aza, ubundi Vincent akajyayo.

L’Interprète : C’est lui que je voyais venir en visite à Vincent ou bien Vincent allait chez lui.

Le Président : Avez-vous assisté à des discussions entre Vincent NTEZIMANA, le capitaine NIZEYIMANA, Monsieur Aster ou Ester, qui auraient pu faire croire que Monsieur NTEZIMANA était anti-Tutsi ?

L’Interprète : Hari ubwo wahagarariye ibiganiro bya NTEZIMANA n’uwo capitaine NIZEYIMANA, cyangwa na Aster cyangwa Ester nkuko wabivuze, ibyo biganiro bishobora kuba byahamya ko NTEZIMANA atakundaga abatutsi ?

le témoin 118 : Ari hamwe n’uwo mucapitaine, ibyo ntabyo nzi,

L’Interprète : En compagnie de ce capitaine, je ne suis au courant de rien,

le témoin 118 : Ariko byari gakeya cyane bashoboraga kuba bari hamwe nanjye turi hamwe icyarimwe.

L’Interprète : Parce que nous ne pouvions pas être ensemble à trois le plus souvent.

le témoin 118 : Uwo twakundaga kuba turi hamwe kenshi, kuko uwo twabanaga mu nzu,

L’Interprète : Celui qui était en ma compagnie le plus souvent, parce que nous habitions dans la même maison,

le témoin 118 : Ni Aster,

L’Interprète : C’est Aster,

le témoin 118 : Niwe twagiranaga ibiganiro kenshi, hamwe na Vincent.

L’Interprète : C’est avec lui, en compagnie de Vincent, que nous avions le plus souvent des conversations.

Le Président : Et ces conversations faisaient-elles croire que Monsieur NTEZIMANA n’aimait pas les Tutsi ?

L’Interprète : Muri ibyo biganiro, hari icyahamya ko NTEZIMANA atakundaga abatutsi ?

le témoin 118 : Muri ibyo biganiro ho, hari byinshi byagaragaza ko NTEZIMANA adakunda abatutsi.

L’Interprète : Durant ces conversations, oui, il y a beaucoup de preuves qui montrent bien que NTEZIMANA n’aimait pas les Tutsi.

Le Président : Pouvez-vous donner des exemples précis ?

L’Interprète : Ushobora gutanga urugero ?

le témoin 118 : Nk’urugero, urumva ko nahageze… nahageze urebye nyuma y’uko massacres zabaye,

L’Interprète : Comme je suis arrivé chez lui après que les massacres se soient produits,

le témoin 118 : Bavugaga abantu bamwe bagendaga bitaba Imana, bagiye bicwa,

L’Interprète : On disait que certaines personnes qui avaient été tuées,

le témoin 118 : Noneho, bamwe na bamwe, nkabamenya amazina, ariko nta objection nshyiraho.

L’Interprète : Je reconnaissais parmi certains noms, mais je n’ai affiché aucune objection.

le témoin 118 : Singire ikintu mbivugaho, ariko nkumva yuko mu kwicwa kwabo, basa naho, akavuga yuko bishwe, ariko ko aribyo, kubera ko bari bazwiho kuba ari abantu bari ku ruhande rwa FPR.

L’Interprète : Parmi ces personnes qui avaient été tuées, je ne pouvais pas, je reconnaissais certaines parmi elles mais je n’apportais aucune appréciation quant à la cause de leur mort, à part que j’en déduisais tout simplement qu’elles avaient été tuées parce qu’elles faisaient partie, elles étaient du côté du FPR et qu’ils étaient Tutsi.

Le Président : Oui, mais, que disait NTEZIMANA à ce sujet ?

le témoin 118 : NTEZIMANA yavugaga ko bapfuye ariko ko bikwiye, kubera ko bari abantu ba FPR, ari abatutsi.

L’Interprète : NTEZIMANA disaient que ces personnes méritaient bien leur mort parce que, non seulement, elles étaient Tutsi, mais aussi, elles étaient membres du FPR,

le témoin 118 : Pro-FPR.

L’Interprète : Elles étaient pro-FPR, dit-il.

Le Président : Monsieur NTEZIMANA sortait-il souvent de sa maison ?

L’Interprète : NTEZIMANA yavaga iwe kenshi ?

le témoin 118 : Hm.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Allait-il à des réunions ou… ? Expliquait-il ce qu’il faisait tout simplement ?

L’Interprète : Hari amanama yajyagamo cyangwa se yabasobanuriraga ibyo akora ?

le témoin 118 : Yajyaga mu manama menshi,

L’Interprète : Il participait à beaucoup de réunions,

le témoin 118 : Kuko iyo yagarukaga nkubwo yaratubwiraga ati : « Nari mu nama »,

L’Interprète : Et à son retour, il nous disait qu’il avait été à une réunion,

le témoin 118 : Akambwira ko ari inama kuri université, en général.

L’Interprète : Et il me disait que c’était une réunion relative à ce qui se passait à l’université, en général.

Le Président : Et disait-il ce qui se discutait dans ces réunions ?

L’Interprète : Yababwiraga ibyavugwaga muri izo nama ?

le témoin 118 : Oya, rimwe gusa nibwo yambwiye ko hari déclaration iza gusohoka,

L’Interprète : Sauf, une seule fois, il m’a dit qu’il y avait une déclaration qui allait être faite.

le témoin 118 : Ngo tuze gutega amatwi, radio iraza kuyivuga ngirango.

L’Interprète : Il nous avait demandé d’écouter bien la radio parce qu’il pensait que cette déclaration allait être faite à la radio.

Le Président : Et cette déclaration portait sur quel sujet ?

L’Interprète : Iyo déclaration yavugaga iki ?

le témoin 118 : Yari yatubwiye ko iri bube igamije ibyerekeranye n’uko FPR ikomeza iprogresa igana ngirango muri Butare.

L’Interprète : Il nous avait dit que cette communication était relative à l’avancée du FPR vers Butare.

Le Président : Avez-vous participé vous-même, ainsi éventuellement que d’autres personnes qui habitaient chez Monsieur NTEZIMANA, à des rondes avec Monsieur NTEZIMANA ?

L’Interprète : Hari ubwo wowe ubwawe, hamwe n’abandi bari batuye kwa NTEZIMANA, mwaba mwaragiye muri ya marondo ? Hamwe na NTEZIMANA ?

le témoin 118 : Urebye, ntabwo nayita amarondo comme telles, kuko yari déplacements, twarajyanaga, ni déplacements hagati y’iwe n’aho kwa NIZEYIMANA, ko ni distance itari ndende.

L’Interprète : Je ne peux pas dire qu’il s’agit de rondes telles quelles. Il est vrai que nous allions en sa compagnie de chez lui jusque chez ce capitaine NIZEYIMANA parce que c’était tout près.

Le Président : Monsieur NTEZIMANA n’était-il pas en danger parce qu’il vous hébergeait, vous et le témoin 142 Vianney ?

L’Interprète : Ntabwo NTEZIMANA yari mu byago kuko yarabacumbikiye wowe na le témoin 142 ?

le témoin 118 : Nibyo, yigeze kubimbwira,

L’Interprète : Oui, il me l’a dit parce qu’il m’a dit,

le témoin 118 : Kuko yambwiye ko hari umuprofeseri wari ufite umugore w’umurusi wakomezaga kwibaza ku kibazo cyacu, ngo kubera iki ducumbitse hariya ?

L’Interprète : Il me l’a dit parce qu’il y avait un professeur qui avait une femme russe qui se posait des questions quant à notre présence chez NTEZIMANA.

Le Président : Avez-vous été au courant, ou vu peut-être, qu’une des jeunes filles qui passait sans loger chez NTEZIMANA, a été tuée ou achevée dans la parcelle même de la maison de NTEZIMANA ?

L’Interprète : Hari ubwo waba warumvise cyangwa warabibonye, ubwawe, niba muri abo bakobwa banyuraga kwa NTEZIMANA ariko batahaba, haba hari umwe muri bo, waba wariciwe cyangwa barahwanyije, muri jardin kwa NTEZIMANA ?

le témoin 118 : Yego, narabyumvise.

L’Interprète : Oui, je l’ai entendu dire.

le témoin 118 : Muri parcelle yabo, narabyumvise.

L’Interprète : Je l’ai entendu dire, oui, dans sa parcelle.

Le Président : Avez-vous aussi entendu dire qui aurait été la personne qui a tué cette jeune fille ?

L’Interprète : Waba warumvise nabwo umuntu waba warishe uwo mukobwa ?

le témoin 118 : Bambwiye ko ari uwitwa NKUYUBWATSI, uwo mugabo nakubwiye wajyaga abaho, ari iwe.

L’Interprète : On m’a dit qu’il s’agissait de NKUYUBWATSI, le Monsieur dont j’ai parlé tout à l’heure.

Le Président : Innocent ?

le témoin 118 : Innocent.

L’Interprète : Innocent.

Le Président : Qui vous a dit qu’il s’agissait d’Innocent ?

L’Interprète : Ninde wakubwiye ko ari Innocent ?

le témoin 118 : Hari undi mukobwa wabaga aho ngaho w’umukozi,

L’Interprète : Il y avait une autre fille qui travaillait là, et qui y habitait.

le témoin 118 : Kenshi yakundaga kumbwira udukuru twaho ngaho kubera ko nakundaga kuba ndi mu nzu kenshi.

L’Interprète : Comme je restais le plus souvent à la maison, elle me donnait certaines informations.

Le Président : C’est elle qui vous a dit ?

le témoin 118 : Yee. Niwe wabimbwiye.

L’Interprète : C’est elle qui me l’a appris, oui.

Le Président : Vous a-t-elle dit qu’elle avait vu Innocent tuer son amie ?

L’Interprète : Yakubwiye ko yaba yarabonye Innocent yica uwo mukobwa ?

le témoin 118 : Yambwiye ko agomba kuba ariwe, kuko ngo yamubonye amuzana aho muri iyo parcelle.

L’Interprète : Elle m’a dit que c’était bien lui, parce qu’elle l’avait vu venir amener cette fille dans la parcelle où il l’a tuée.

Le Président : Cette jeune fille, ou bien Innocent, vous a-t-il dit que quelqu’un lui avait donné l’ordre de tuer cette jeune fille ?

L’Interprète : Uwo mukobwa cyangwa Innocent, hari uwakubwiye muri bo ko hari uwari wamuhaye itegeko ryo kwica uwo mukobwa ?

le témoin 118 : Oya ntawe, urebye twaganiraga gake cyane nk’ibyo ngibyo, urebye.

L’Interprète : On s’entretenait très peu au sujet de certaines choses.

Le Président : Innocent était-il souvent ou parfois, vêtu d’un uniforme ?

le témoin 118 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Innocent possédait-il un fusil ou un revolver ou un pistolet ?

le témoin 118 : Hm. Nigeze kuyibona, ayifite, imbunda ndende.

L’Interprète : Je l’ai vu une fois porter un long fusil.

Le Président : Vous souvenez-vous qu’un soir ou à la tombée du jour, vous étiez en rue avec Monsieur NTEZIMANA avec, si mes souvenirs sont bons, le témoin 142 Vianney, peut-être bien aussi avec NKUYUBWATSI Innocent, que vous reveniez vers la maison de Monsieur NTEZIMANA et qu’un jeune homme a été agressé sur une barrière ?

L’Interprète : Uribuka niba, umunsi nimugoroba cyangwa ijoro riguye, uri kumwe na le témoin 142, na NTEZIMANA, n’undi… nawe, mugaruka kwa NTEZIMANA ? Niba wibuka ko kuri barrière imwe hari umuhungu mwabonye basagarira ?

le témoin 118 : Narabibonye.

L’Interprète : Oui, je me rappelle, je l’ai vu.

Le Président : Pouvez-vous dire qui agressait ce jeune homme ?

L’Interprète : Ushobora kuvuga uwasagariye uwo muhungu ?

Le Président : Etaient-ce les gens de la barrière ?

L’Interprète : Hari abantu bari kuri bariyeri ?

le témoin 118 : Twaraje, tujva kwa capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Je venais de chez le capitaine NIZEYIMANA.

le témoin 118 : Tugeze hagati, hafi yaho Vincent yaratuye,

L’Interprète : Arrivés tout près de là où habitait Vincent,

le témoin 118 : Nsanga hari groupe y’abantu,

L’Interprète : Nous avons trouvé un groupe de gens,

le témoin 118 : Hagati yabo harimo umuhungu babazaga, hari mu ijoro, nta nubwo muzi, ariko hari mu ijoro, ariko ndibuka ko yari groupe, hagati harimo umuntu barimo kubaza.

L’Interprète : Nous avons trouvé un groupe des gens qui entouraient un jeune homme qu’ils étaient en train d’interroger,

le témoin 118 : Tuhageze, ubwo Vincent yahise yinjira muriyo groupe,

L’Interprète : Et Vincent s’est mêlé immédiatement à ce groupe,

le témoin 118 : Nyuma yaho,

L’Interprète : Et après,

le témoin 118 : Mbona bamwagresa nyine uwo muhungu, ni umusore, mbona bamwagresa, ubwo njye na Vianney twari aho ku ruhande,

L’Interprète : Je l’ai, Vincent, donc, a rejoint ce groupe, et après j’ai vu qu’on agressait ce jeune homme et Vincent euh… le témoin 142 et moi étions juste à côté,

le témoin 118 : Ubwo urumva kubera ukuntu twahigwaga, byanteye ikintu cy’ubwoba, nsa nuwigiyeyo, nsa nshaka gukomeza ngana kwa Vincent.

L’Interprète : Et comme nous, nous étions aussi recherchés, j’ai pris peur et puis, je me suis écarté du groupe et je me suis dirigé vers chez Vincent.

le témoin 118 : Hanyuma, Vianney nibwo yanshyikiriye ntaragera kwa Vincent, akambwira yuko uwo umuhungu barimo bariho bamukubita.

L’Interprète : Et Vianney, entre-temps, il m’a rejoint avant que je ne rejoigne le domicile de Vincent et il m’a raconté qu’il avait laissé les gens en train de frapper ce jeune homme.

Le Président : Vous-même, avez-vous vu que Vincent, Vincent, frappait le jeune homme ?

L’Interprète : Wowe ubwawe, waba warabonye ko Vincent yakubitaga uwo muhungu ?

le témoin 118 : Yari groupe y’abantu, Vincent yinjiramo. Ikomeza gukubita uwo mwana. Sinavuga ngo Vincent yarimo akubita, ariko, iyo groupe yayinjiyemo n’abo bantu, urumva ko… kandi hari mu ijoro urebye, ndumva hari nko mu masaa mbiri gutyo, ku buryo ntahamya neza ngo mvuge ngo niwe warimo umukubita.

L’Interprète : Il s’agit donc de ce groupe dont je vous ai parlé auquel Vincent s’est joint. Ce sont ces gens-là qui frappaient ce jeune homme et il faisait plus ou moins nuit, entre 8h et 9h du soir, je ne peux pas affirmer que Vincent était aussi en train de frapper ce jeune homme.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Monsieur l’avocat général ?

L’Avocat Général : Oui, Monsieur le président. Dans sa déclaration du 17 juin 1995, le témoin déclare que bien qu’étant Tutsi, il disposait d’une carte d’identité Hutu. Ma question est de savoir : est-ce que l’accusé, NTEZIMANA, connaissait son ethnie réelle, oui ou non ?

le témoin 118 : Agomba kuba ntabyo yarazi.

L’Interprète : Je crois qu’il n’était au courant de rien.

L’Avocat Général : Alors, si je peux poser une question à Monsieur NTEZIMANA : est-ce que Monsieur NTEZIMANA savait que Monsieur le témoin 118 était, en réalité, Tutsi ?

Vincent NTEZIMANA : Monsieur l’avocat général, je n’ai pas l’habitude de vérifier les identités des gens que j’accueille. Je savais seulement qu’il étaie menacé. Son frère même était lui-même caché, même son frère était caché. Il venait de Kigali en fuyant les massacres. Je savais qu’il était menacé, je ne savais pas pour quelles raisons, l’ethnie éventuellement, mais je n’ai pas l’habitude de vérifier les identités, Monsieur l’avocat général.

L’Avocat Général : Mais si vous n’avez pas l’habitude de vérifier les identités, pourquoi déclarez-vous alors dans votre interrogatoire le 24 mai 1995 que Monsieur le témoin 118 et Monsieur le témoin 142 étaient deux Hutu ? Dans votre interrogatoire, comment le savez-vous si vous ne vérifiez pas les identités ?

Vincent NTEZIMANA : C’est-à-dire qu’en fait, pour protéger quelqu’un, il fallait le présenter comme Hutu, quel que soit le cas. C’est ce que nous avons fait et nous avons réussi.

Le Président : D’autres questions ? Monsieur le sixième juré ?

Le 6e Juré : Vous pouvez demander au témoin : la jeune fille qui a été tuée par Innocent, si celle qu’il a vue sait comment Innocent l’a tuée ?

Le Président : La jeune fille qui vous a raconté que son amie avait été tuée par Innocent, vous a-t-elle expliqué comment Innocent avait tué son amie ?

le témoin 118 : Yambwiye ko yamukubise, ko yamukubitaga.

L’Interprète : Elle m’a dit qu’il était en train de la frapper, de la battre.

Le Président : A-t-elle éventuellement précisé s’il avait une arme et, si oui, quel type d’arme il aurait utilisé ?

L’Interprète : Yaba yarakubwiye niba uwo muhungu yarafite intwaro. Niba yarabikubwiye, yaba yarakubwiye neza intwaro yakoresheje iyo ariyo ?

le témoin 118 : Oya, ntabyo yambwiye. Cyokora yambwiye ko yamukubise akarinda apfa. Ntabwo nzi niba yarakoresheje intwaro.

L’Interprète : Elle ne m’a pas parlé de l’arme, mais elle m’a dit qu’Innocent l’a frappée à mort.

Le Président : Oui. Une autre question ?

Le 6e Juré : Est-ce que Monsieur NTEZIMANA pouvait facilement passer les barrières ?

Le Président : Lorsqu’il circulait, Monsieur NTEZIMANA avait-il des facilités pour franchir les barrières ?

le témoin 118 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : D’autres questions ?

Le 6e Juré : Et tout près de la barrière où le jeune homme a été tué, est-ce qu’il y avait un éclairage quelconque ?

Le Président : Lorsque le jeune homme a été, semble-t-il, agressé et tué, où vous avez assisté à une partie de cette scène, y avait-il de l’éclairage sur cette barrière, une lampe, des lampes de poche, une bougie, un feu ?

le témoin 118 : Abantu bagendaga nijoro babaga bafite udutorushe, ariko uwo munsi hari hijimye.

L’Interprète : Les gens qui se promenaient pendant la nuit portaient des lampe-torches, mais ce jour-là, il faisait noir.

le témoin 118 : Il faisait noir.

Le Président : Des phares de voitures, je ne sais pas ?

le témoin 118 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Une autre question ? Maître HIRSCH ?

Me. HIRSCH : Merci, Monsieur le président. Concernant le meurtre du jeune homme sur la barrière, Monsieur NTEZIMANA avait déclaré, dans le dossier durant une commission rogatoire qui se déroulait au même moment d’ailleurs au Rwanda, qu’en revenant de chez le capitaine NIZEYIMANA, il était accompagné - mais il ne s’agissait pas d’une ronde, il s’agissait d’une promenade - il était accompagné du témoin et de Monsieur Longin.

Le Président : Oui, ça c’est lui. du témoin 142 Vianney.

Me. HIRSCH : Oui, de Monsieur le témoin 142 et il avait dit qu’ils avaient vu qu’on procédait à l’assassinat d’un jeune homme sous leurs yeux. Monsieur le président, le dossier atteste que le témoin, dans un premier temps - et il y a une série de procès-verbaux qui figurent à cet égard dans le dossier, notamment du juge d’instruction - que dans un premier temps, le témoin a eu peur de dire ce qui s’était passé lors des événements à cette barrière puisqu’il était présent et qu’il était lui-même logé en partie chez le capitaine NIZEYIMANA et puis après chez Vincent NTEZIMANA. Finalement, il a reconnu qu’il était présent à cette barrière et qu’il avait en partie assisté à ce qui s’était déroulé et il vient du confirmer maintenant à l’audience. Il nous a dit également, ce jour, que Monsieur le témoin 142 avait été particulièrement présent et lui avait confirmé ce qui s’était passé. Est-ce que je puis faire le récit que Monsieur le témoin 142 a fait au juge d’instruction et qu’apparemment, il aurait rapporté au témoin tout de suite après les faits ?

Le Président : Au juge d’instruction ?

Me. HIRSCH : Non, pas au juge d’instruction, à la police judiciaire. Alors, je ne vais pas le citer nommément, mais je vais relater ce qu’il a dit.

Le Président : Non, si c’est pas une audition sous serment devant le juge d’instruction, cela peut être cité.

Me. HIRSCH : Je vérifie… non.

Le Président : De toute façon, si c’est au Rwanda, ce n’est certainement pas sous serment.

Me. HIRSCH : Effectivement, Monsieur le président. « Le jeune homme arrêté a été déshabillé. Sous son jean… ».

Le Président : Est-ce que le témoin comprend bien tout ce qui se dit, hein ?

le témoin 118 : Ndabyumva.

L’Interprète : Oui, je comprends.

Le Président : Donc, ce que l’avocat est en train de lire maintenant, c’est une déclaration qu’a faite Jean-Marie Vianney le témoin 142.

Me. HIRSCH : C’est cela. « Le jeune homme arrêté a été déshabillé. Sous son jean, il portait un pantalon de training sous lequel il portait encore un short de sport et un slip. Je ne l’ai pas vu,mais j’ai entendu qu’on le disait. En fait, le garçon était déjà assis à terre. Il était molesté. L’un arrivait et tirait sur son pantalon et le frappait, tandis qu’un autre faisait la même chose. Les coups étaient donnés avec des bâtons. Les militaires donnaient des coups de crosse. C’est NKUYUBWATSI qui a pris le fusil des mains d’un militaire et qui porta des coups de crosse sur la tête du garçon jusqu’à ce que mort s’ensuive. Alors que NKUYUBWATSI frappait, j’ai détourné les yeux. Nous étions tout près du barrage. Longin et moi, nous étions arrêtés devant le barrage un peu en retrait tandis que Vincent avait rejoint le groupe des assassins. Vincent a frappé le jeune homme à coups de pied, de poing et de toutes les façons ». A ce moment-là, l’audition est interrompue et elle reprend quelques minutes plus tard. « Vincent a donné des coups avant que NKUYUBWATSI ne donne le coup de grâce. Après l’avoir tué, ils l’ont transporté pour aller l’enterrer, ais je ne sais pas où ils ont été, sans doute dans les environs. Vincent NTEZIMANA a également participé à l’évacuation du cadavre. Longin et moi, sans rien dire à personne, au moment où ils ont enlevé le cadavre, nous sommes partis et nous sommes retournés immédiatement dans la maison de Vincent ». Est-ce que le témoin peut confirmer que c’est ces faits-là qui lui ont été rapportés et dont il a été en partie témoin ?

le témoin 118 : Ibyo byose Vianney yarabimbwiye, ariko uko nakubwiye, bagresa uwo mwana, naravanshije nsa n’ushaka gukomeza,

L’Interprète : Comme je vous l’ai dit, lorsqu’on agressait ce jeune homme, moi, j’ai essayé… je me suis mis en retrait.

le témoin 118 : Ngerageza gukomeza ngo ngende,

L’Interprète : Je voulais avancer,

le témoin 118 : Vianney rero nibwo yaje, ansobanurira ukuntu byagenze.

L’Interprète : Et c’est à ce moment que Vianney m’a rejoint et m’a expliqué ce qui s’était passé.

Le Président : De manière plus précise, dans l’explication que vous a donnée Vianney, vous a-t-il fait part que Vincent avait participé en donnant des coups au jeune homme ?

le témoin 118 : Nibyo yarabimbwiye,

L’Interprète : Oui, cela, il me l’a dit.

le témoin 118 : Yarabimbwiye, ambwira ko, umwana bamaze kumwica, yabonye Vincent nawe amukubita.

L’Interprète : Il m’a bien dit que lorsqu’il a vu, après la mort du jeune homme, il avait vu Vincent également en train du battre.

Le Président : Après la mort ?

L’Interprète : Nyuma y’urupfu ?

le témoin 118 : Bari barimo bamukubita…

L’Interprète : Pendant qu’on le battait.

Le Président : Vianney vous a-t-il aussi, dans l’explication qu’il vous a donnée, dit que c’était Innocent qui avait donné le coup de grâce ?

L’Interprète : Mubyo Vianney yakubwiye, yakubwiye ko ari Innocent wishe uwo mwana w’umuhungu ?

le témoin 118 : Njye yambwiye ko Innocent yamwishe, ariko urumva hari abantu benshi bamukubitiraga icyarimwe. Ibyo aribyo byose yambwiye ko NKUYUBWATSI nawe yarimo amukubita.

L’Interprète : Il m’a dit que c’est bien Innocent qui a donné le coup de grâce, mais ils étaient nombreux, ils étaient nombreux à le frapper.

Le Président : Bien. Une autre question ?

Me. HIRSCH : Oui, Monsieur le président. Est-ce que l’accusé Vincent NTEZIMANA a fait des efforts pour présenter le témoin comme Hutu ? Je rappelle qu’à l’audience, il nous a dit qu’il lui avait donné, sauf erreur, des badges, etc., pour les présenter comme des Hutu engagés, voire extrémistes ?

Le Président : Monsieur NTEZIMANA vous a-t-il, à vous et à Vianney le témoin 142, donné des éléments matériels qui vous permettaient d’affirmer que vous étiez Hutu ?

L’Interprète : Ari wowe na le témoin 142, hari ibimenyetso NTEZIMANA yaba yarabahaye kugirango yerekane ko muri abahutu ?

le témoin 118 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Je ne sais pas, un badge du MRND, une casquette de la CDR, une écharpe du MDR Power ?

le témoin 118 : Oya, hari ahantu muri quartier, kumenyekana byari byoroshye, iyo gusa yabaga ari umuntu ukurinze, ukabibabwira, ukababwira uti n’abantu banjye… ni nako byagenze d’ailleurs kuko uwo mugabo akomeza kwibaza kuri twebwe, Vincent yambwiye ko yagiye akamureba, akamubwira neza ko abo abantu arabe, donc…

L’Interprète : C’était dans un quartier où on était facilement reconnaissable, mais quand on était sous la protection de quelqu’un d’important, on ne risquait rien et c’est d’ailleurs ainsi que Vincent est allé s’adresser au professeur dont il a parlé tout à l’heure, qui avait une femme russe, et à qui il a dit qu’ils étaient sous sa protection.

Le Président : Une autre question ?

Me. HIRSCH : Oui, merci Monsieur le président. Est-ce que Monsieur NTEZIMANA était tout le temps logé dans sa résidence ou logeait-il parfois ailleurs ou partait-il, et s’il logeait ailleurs, parfois logeait-il chez le capitaine NIZEYIMANA ?

Le Président : Pendant votre séjour dans l’habitation de Monsieur NTEZIMANA, Monsieur NTEZIMANA logeait-il toujours chez lui ou lui arrivait-il parfois d’aller loger ailleurs et s’il allait loger ailleurs, était-ce chez le capitaine NIZEYIMANA ?

le témoin 118 : rimwe na rimwe,

L’Interprète : De temps en temps,

le témoin 118 : Ntabwo yabaga yaraye mu rugo, ariko ntabwo naprecisa ngo yararaga kwa NTEZIMANA cyangwa ahandi. Icyo nzi cyo ni uko hari igihe rimwe na rimwe atararaga mu rugo.

L’Interprète : Parfois, il ne passait pas la nuit chez lui, mais je ne peux pas préciser qu’il la passait chez NIZEYIMANA.

Me. HIRSCH : Alors, une autre question, Monsieur le président. Pendant les quelques jours que le témoin a passés chez le capitaine NIZEYIMANA, donc, début mai, à son arrivée à Butare, est-ce que Vincent NTEZIMANA était-il présent ?

Le Président : Etait-il présent et logeait-il chez le capitaine NIZEYIMANA ?

le témoin 118 : Tukigera i Butare, Vincent , imigoroba myinshi namubonye kwa NIZEYIMANA.

L’Interprète : Lorsque nous sommes arrivés à Butare,

le témoin 118 : Ariko ntabwo yahararaga ngirango. Ni nabwo namumenye.

L’Interprète : J’ai vu très souvent Vincent passer les soirées chez NIZEYIMANA. D’ailleurs, c’est à ce moment que j’ai fait sa connaissance.

Le Président : Et à ce moment-là, NTEZIMANA logeait-il chez lui ?

le témoin 118 : Icyo gihe ntabwo yahabaga.

L’Interprète : Non. A ce moment-là, il ne passait pas la nuit, il ne logeait pas chez lui.

Le Président : Une autre question ?

Me. HIRSCH : Oui, Monsieur le président. Nous savons, d’après le dossier, d’après les témoignages d’ailleurs de l’accusé NTEZIMANA, qu’il s’est rendu à au moins deux reprises dans sa région d’origine à Ngororero. Eest-ce que le témoin, qui a fait état des propos extrémistes et racistes anti-Tutsi qui étaient tenus par Vincent NTEZIMANA dans des discussions qu’il avait avec le professeur Aster, peut-il nous confirmer ce que Vincent NTEZIMANA a dit à son retour de sa région d’origine après un de ses voyages ?

Le Président : Vous souvenez-vous de ce que Vincent NTEZIMANA a dit lorsqu’il est revenu d’un de ses voyages, d’un de ses passages dans sa région d’origine ?

Me. HIRSCH : Préciser, Monsieur le président, à propos des massacres qui avaient eu lieu dans cette région.

le témoin 118 : Ntacyo nzi yambwiye personnellement.

L’Interprète : Je ne me souviens de rien de ce qu’il m’a dit.

Le Président : Une autre question ?

Me. HIRSCH : Monsieur le président, en fait ce sont des discussions qui ont eu lieu avec Monsieur Longin notamment, et celui-ci fait état d’une de ces discussions à laquelle participait, apparemment, le témoin et au cours de laquelle Vincent NTEZIMANA aurait dit qu’il jurait que dans sa région de Ngororero, il n’y avait plus un seul Tutsi et qu’il avait donc des propos extrêmement extrémistes avec Aster et également Innocent NKUYUBWATSI. Alors, est-ce que le témoin peut confirmer les propos qu’il a lui-même tenus à cet égard et que je me permettrais…

Le Président : Je voudrais bien qu’on ne fasse pas des commentaires, alors hein, qu’on pose une question.

Me. HIRSCH : Est-ce qu’il peut confirmer les propos suivants.

Le Président : Voilà, ça c’est mieux.

Me. HIRSCH : Merci Monsieur le président. « NTEZIMANA et le collègue qu’il abritait tenaient des propos à l’intérieur de la maison qui nous inquiétaient. Ils tenaient des propos extrémistes anti-Tutsi. Nous étions même choqués parce qu’ils tenaient des propos sur des personnes que nous connaissions. Vous me demandez de citer des exemples de certains de ces propos. Par exemple : Le frère de la femme de Jean-Marie, qui s’appelle GASHUMBA Jean-Pierre et qui était professeur d’université, avait été tué à Butare. Dans une discussion avec le professeur, Vincent disait qu’il avait été tué à juste titre parce qu’il était Tutsi et que lors de discussions avec les professeurs, il avait émis des opinions pro-FPR. Il a parlé encore d’autres personnes dans le même sens. Il montrait, sans ambiguïté, qu’il était d’accord avec les massacres. Je me rappelle qu’il disait notamment que c’était dommage que telle ou telle personne Tutsi ou Hutu modérée ait pu échapper ». Est-ce que le témoin peut confirmer cela ?

le témoin 118 : Ibyo nibyo.

L’Interprète : Ca, c’est vrai.

Le Président : Vous vous souvenez avoir entendu de tels propos dans la bouche de Monsieur NTEZIMANA ?

le témoin 118 : Oui. De Monsieur NTEZIMANA et Aster. Ibyo narabyumvise.

L’Interprète : Oui, je l’ai entendu de la part de NTEZIMANA et de Monsieur Aster.

Le Président : Ce genre de propos vous faisait-il peur ?

le témoin 118 : Bien sûr.

L’Interprète : Bien sûr.

Le Président : Peur quant à votre propre sécurité chez NTEZIMANA ?

le témoin 118 : Yego. Yego, kubera ko navuga nti : Ibyo bintu niba byarabaye ku bandi, ejo umuntu ashobora kuguhinduka nawe…

L’Interprète : Oui, je me disais que si cela avait eu lieu, s’était passé avec d’autres personnes, le lendemain ça pouvait être aussi mon tour parce qu’il pourrait aussi changer d’avis à mon égard.

Le Président : Une autre question ? Maître NKUBANYI ?

Me. NKUBANYI : Merci, Monsieur le président. Pourriez-vous poser la question suivante au témoin. D’après ce qu’il a vu, les rapports de respect d’autorité qu’il y avait entre NTEZIMANA et NKUYUBWATSI, est-ce que NTEZIMANA avait une autorité sur NKUYUBWATSI ou à l’inverse, est-ce que NTEZIMANA avait une crainte particulière envers NKUYUBWATSI ?

Le Président : Selon ce que vous avez pu observer des relations entre NTEZIMANA Vincent et NKUYUBWATSI Innocent, Vincent avait-il de l’autorité sur Innocent ? Vincent avait-il peur d’Innocent ? Ou faut-il décrire autrement le type de relations qui existaient entre eux ?

Longin le témoin 118 : Nabona gusa ari abantu b’inshuti bamenyeranye, ariko ntabwo nashobora kuvuga ngo NKUYUBWATSI afite autorité kuri Vincent cyangwa Vincent afite autorité kuri NKUYUBWATSI.

L’Interprète : J’avais constaté tout simplement que c’étaient des amis de longue date, qu’ils se connaissaient, mais je ne peux pas affirmer que Vincent avait de l’autorité sur NKUYUBWATSI ou bien que Vincent avait peur de NKUYUBWATSI.

Me. NKUBANYI : Je pourrais peut-être bien préciser la question.

Le Président : Je pense que la question a bien été posée.

Me. NKUBANYI : OK. Une autre question : est-ce que le témoin connaît un prêtre du nom du témoin 125, qui habitait dans le quartier de NTEZIMANA ?

Le Président : Connaissiez-vous un le témoin 125, réfugié dans le quartier peut-être ?

le témoin 118 : Ntabwo muzi,

L’Interprète : Non, je ne le connais pas,

le témoin 118 : Cyeretse ko abantu benshi mbazi ku masura, cyeretse wenda mubonye, ariko nabwo muzi izina neza, ntabwo muzi.

L’Interprète : Je connais beaucoup de gens de vue mais, sauf si je le voyais, mais de nom, je ne peux pas dire que je le connais.

Le Président : Vous n’étiez pas originaire de Butare ?

le témoin 118 : Non, moi, je suis originaire de Gisenyi.

L’Interprète : Non, je suis originaire de Gisenyi.

Le Président : Et vous ne circuliez pas beaucoup dans Butare ?

le témoin 118 : Ah non !

L’Interprète : Non.

Le Président : Une autre question ? Maître LARDINOIS ?

Me. LARDINOIS : Je vous remercie, Monsieur le président. Est-ce que vous pourriez demander au témoin si, pendant son séjour chez Monsieur Vincent NTEZIMANA, il n’aurait pas entendu parler des circonstances de l’assassinat du professeur Jacinthe KAYISIRE ?

Le Président : Avez-vous entendu parler de cet assassinat et de ses circonstances ?

le témoin 118 : Oya, ntabwo muzi.

L’Interprète : Non, je ne le connais pas.

Le Président : Ni éventuellement des circonstances d’assassinat d’autres professeurs ?

L’Interprète : Cyangwa abandi balimu ?

le témoin 118 : Njye ngerayo, numvaga bavuga ngo kanaka yarapfuye. Tuvuge nkuwo muprofeseri uvuze Jean-Pierre. Kuko urumva twari tumuzi, ni musaza w’umugore wa Vianney le témoin 142. Niwe numvise, numva undi umuprofeseri bita… niba yari umuprofeseri simbizi witwa  ngo Boniface, urumva ko ntabwo nari kwiyinteresa ku mazina ntazi. Abo nibo namenye, kandi nzi. Ariko circonstances, uko bapfuye ntabwo tuzizi.

L’Interprète : Lorsque nous sommes arrivés là, on a entendu tout simplement parler de la mort de Boniface, de Jean-Pierre, qui est le beau-frère de Jean-Marie Vianney le témoin 142, et les autres, on ne s’est pas du tout intéressé, on ne peut pas le savoir.

Le Président : Une autre question ? Monsieur le sixième juré ?

Le 6e Juré : Est-ce que le témoin pourrait dire combien, plus ou moins, il y avait des agresseurs qui tapaient le jeune homme sur le pont ?

Le Président : La scène du jeune homme attaqué ou agressé sur la barrière, savez-vous évaluer le nombre des agresseurs ?

le témoin 118 : A peu près une dizaine. Une dizaine de personnes, d’après mes souvenirs.

Le 6e Juré : Et le témoin 142 était à quelle distance quand il a vu l’agression ?

Le Président : le témoin 142 était à quelle distance ?

le témoin 118 : Bamukubitiraga nka hano, le témoin 142 ahagaze nka hariya procureur ari.

L’Interprète : On le frappait, par exemple, on le battait d’ici par exemple, et le témoin 142 se trouvait là où Monsieur le président se trouve, à peu près.

Le Président : Une autre question ? Monsieur le troisième juré ?

Le 3e Juré : Oui, Monsieur le président. Pourriez-vous demander au témoin, après cet incident de la barrière, en rentrant, quelle a été l’attitude de Monsieur Vincent ?

Le Président : Lorsque Vincent NTEZIMANA est rentré à la maison après cet épisode de l’agression sur la barrière, quelle était son attitude ? Comment était-il, Vincent NTEZIMANA, à ce moment-là ?

le témoin 118 : Ndumva ari isanzwe kuko, uko namubonaga ariko namubonye bimaze kuba.

L’Interprète : Il se comportait comme d’habitude.

Longin le témoin 118 : Gusa twagize ubwoba tugeze… Vianney tubiganira,

L’Interprète : Seulement, nous avons eu peur,

le témoin 118 : Kuko twaravuze tuti niba nawe yica abantu, ni ukuvuga yuko natwe tutari muri sécurité, niho twatangiye kugirira ubwoba cyane.

L’Interprète : Lorsque nous en parlions, Vianney et moi, parce que nous nous posions la question si lui, s’il tuait les gens, pouvait également nous tuer.

Le Président : D’autres questions ? Maître CARLIER ?

Me. CARLIER : Merci, Monsieur le président. Est-ce que le témoin peut confirmer un passage de sa déclaration lors de l’interrogatoire du 17 juin. Ca concerne le début, l’arrivée à Butare, début mai. Le témoin dit ceci : « Dans la soirée, nous sommes arrivés (donc, avec Jean-Marie Vianney le témoin 142) à Butare. Nous ne voulions pas aller à l’hôtel parce qu’on avait peur d’être trop vite repérés et nous avons rencontré un professeur d’université prénommé Vincent. Je ne me rappelle pas son nom de famille. Vous me parlez de NTEZIMANA, c’est bien le nom de l’intéressé. Ni Jean-Marie Vianney ni moi-même, ne le connaissions auparavant, nous l’avons rencontré vraiment par hasard ».

le témoin 118 : Nakubwiye ko namumenyeye kwa Vincent, kwa NIZEYIMANA. Niho twamumenyeye. Nibyo ubundi navuze kubera ko bambaza, ntabwo nabashije gusubiza neza, numvaga yuko ari ukumbaza ko nzi Vincent, mubwira ko namumenye par hasard, kwa capitaine NIZEYIMANA.

L’Interprète : Je vous ai dit que j’ai fait sa connaissance chez le capitaine NIZEYIMANA et lorsqu’on m’a interrogé, j’ai dit que, effectivement, je l’avais connu par hasard.

Le Président : C’était de toute façon, même chez le capitaine NIZEYIMANA, la première fois que vous le rencontriez ?

le témoin 118 : Hm.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Oui. Une autre question ?

Me. CARLIER : Est-ce que le témoin peut reconfirmer, comme il l’a déclaré en page de cette même audition, je cite : « A deux reprises, il (Monsieur NTEZIMANA) a fait une intervention auprès d’un professeur qui était spécialement acharné. D’après mes souvenirs, on m’a dit que ce professeur avait une femme russe, j’ignore son nom. Il est intervenu deux fois efficacement ».

le témoin 118 : Oui, ça, je peux confirmer.

Me. CARLIER : « Il est allé voir ce professeur et lui a dit qu’il nous connaissait et qu’il répondait de nous et qu’il n’était pas question de nous inquiéter ».

le témoin 118 : Ibyo ndabyemeza kuko yabimbwiye inshuro nyinshi.

L’Interprète : Ca, je peux le confirmer, parce qu’il me l’a dit à deux reprises.

Me. CARLIER : Est-ce que le témoin se souvient à peu près quand Monsieur NTEZIMANA a quitté Butare ?

Le Président : Vous souvenez-vous du moment où Monsieur NTEZIMANA a quitté Butare, j’allais dire : « De manière définitive ? ».

le témoin 118 : Njye uko nibuka, yagiye, ngirango agiye iwabo, ariko ari umuntu uzagaruka. Hanyuma ntabwo nyuma yaho nongeye kumubona. Ariko nibuka ari mu mpera… ukwa gatandatu kwari kugitangira.

L’Interprète : Si j’ai bonne mémoire, je me souviens qu’il est parti vers le début du mois de juin. Je pensais qu’il allait à son village natal et qu’il reviendrait, mais il n’est plus revenu.

Le Président : Et vous-même, vous êtes resté dans sa maison à ce moment-là ?

le témoin 118 : Nyuma yaho,

L’Interprète : Après ça,

le témoin 118 : Nagumye gato mu nzu, kuko ubwo na Vianney nawe yari yagiye,

L’Interprète : J’y suis resté un bon moment, parce que Vianney aussi était parti.

le témoin 118 : Hanyuma nza gusanga murumuna wanjye kuri uwo mucapitaine. Hanyuma niho twahungiye twese, hamwe n’abandi.

L’Interprète : Après, j’ai rejoint mon jeune frère chez ce capitaine et c’est de là que nous nous sommes enfuis, avec d’autres personnes.

Le Président : Une autre question ?

Me. CARLIER : Est-ce qu’à ce moment-là, la jeune bonne Caritas se trouvait encore dans la maison ?

le témoin 118 : Oui, yari akiri mu rugo.

L’Interprète : Oui, elle s’y trouvait encore.

Le Président : Une autre question ?

Me. CARLIER : Est-ce que le témoin peut confirmer qu’à deux reprises, avant de changer ses déclarations, qu’à deux reprises, lorsqu’il avait été entendu le 17 juin, à la question suivante, je cite, dans le procès-verbal : « Vous me dites que Jean-Marie évoque le fait qu’il aurait été témoin de la mort d’un garçon à une barrière, et déclare qu’il était avec Vincent et moi », à deux reprises, le témoin avait répondu : « Je n’ai jamais vu cela » ?

Le Président : Est-il exact qu’à deux reprises, vous avez nié avoir été témoin d’une agression d’un jeune homme sur une barrière ?

le témoin 118 : Kubera ko ntari sûr y’ibyabaye neza kuko bambazaga bati: « Ese Vincent yaramukubise ? », kuba ntari sûr ko nabibonye neza, nangaga kubyinjiramo.

L’Interprète : Mais du fait que je n’étais pas sûr de ce qui s’était passé, je ne voulais pas me prononcer très ouvertement.

Le Président : Une autre question ?

Me. CARLIER : Toujours sur ce qui s’est passé à la barrière avec le jeune homme, le témoin a déclaré, après et aujourd’hui s’être mis à l’écart, ne pas avoir vu exactement ce qui se passait, puis être rejoint par le témoin 142 qui lui aurait expliqué ce qui s’est passé. Peut-il dire à peu près après combien de temps le témoin 142 l’a rejoint ?

le témoin 118 : Urareba, byarabaye, ndi à l’écart, ndakomeza ndababaza tuvuge nk’iminota nk’itanu. Jean-Marie yarambwiye, tumanuka tuganira, ambwira uko byagenze.

L’Interprète : Lorsque cela s’est produit, je me suis effectivement mis à l’écart, j’avançais, et cinq minutes à peu près, Jean-Marie Vianney,

le témoin 118 : Ko nigiye imbere, ngenda buhoro, nsa nuhagarara ndindiriye ko Jean-Marie angeraho.

L’Interprète : Parce que je marchais lentement en attendant que Vianney me rejoigne, il m’a rejoint cinq minutes, environ, après.

Le Président : Une autre question ?

Me. CARLIER : Avant de quitter Kigali pour Butare, le témoin a dit ceci à propos du 7 avril, quand il était à Kigali, je cite dans sa déclaration : « Le 7 avril, je me trouvais à Kigali pour un stage. Dans la soirée du 6, je prenais un verre avec Jean-Paul le témoin 142, le frère de Jean-Marie, dans un bar ». Peut-il confirmer cela ?

le témoin 118 : Muri iryo joro, bavuga ko prezida le témoin 32 amaze gupfa, nari hamwe na Jean-Paul, turi mu kabari tureba umupira wa coupe d’Afrique, ndagirango. Nibyo.

L’Interprète : C’est vrai.

Le Président : Oui ?

Me. CARLIER : Est-ce que le témoin connaissait bien Jean-Paul le témoin 142 ?

le témoin 118 : Si, c’est un ami à moi.

Me. CARLIER : Est-ce que le témoin peut confirmer que l’épouse de Jean-Paul le témoin 142 est Madame Julienne UMUKUNZI ?

le témoin 118 : Non, l’épouse du témoin 142 s’appelle Diane, Docteur Diane, ce n’est pas Julienne.

Le Président : L’épouse de Jean-Paul ?

le témoin 118 : L’épouse de Jean-Paul ? Non, elle ne s’appelle pas comme ça. Vous avez confondu, je crois… Bitiranije amazina, umugore wa Jean-Pierre le témoin 142, niwe witwa iryo zina Julienne.

L’Interprète : C’est la femme de Jean-Pierre le témoin 142 qui s’appelle…

le témoin 118 : Voilà. Ce sont trois frères.

Le Président : Une autre question ? Monsieur le sixième juré ?

Le 6e Juré : Une dernière. Est-ce que Monsieur NTEZIMANA lui aurait dit qu’il fallait se méfier d’Innocent NKUYUBWATSI ?

Le Président : Est-ce que Jean-Marie Vianney le témoin 142 vous aurait…

Le 6e Juré : Non, non.

Le Président : Est-ce que Monsieur NTEZIMANA, pardon, est-ce que NTEZIMANA vous aurait averti, vous et peut-être Jean-Marie Vianney, de vous méfier d’Innocent ?

le témoin 118 : Oui, yigeze kubimbwira.

L’Interprète : Oui, ça, il me l’a dit une fois.

le témoin 118 : Yigeze kumbwira ngo ni ukumwitondera

L’Interprète : Il m’a dit de me méfier de lui.

Le Président : Est-ce qu’il vous a dit pourquoi vous méfier de lui ?

le témoin 118 : Ntabwo niriwe mbitekerezaho cyane ko namubonaga uko ameze, uwo muhungu.

L’Interprète : Je n’y ai pas attaché beaucoup d’importance parce que je voyais le comportement de ce jeune homme.

Le Président : Vous vous en méfiiez déjà avant même qu’on vous avertisse ?

le témoin 118 : Yee, uko namubonaga, tumaze kumenya Vincent n’uwo musirikare, namubonaga buri gihe uwo muhungu, bon, mpita mbona uwo ariwe quoi !

L’Interprète : Lorsque nous avons fait connaissance de Vincent et du militaire, je voyais très souvent ce jeune homme et j’ai pu me rendre compte de ce qu’il était.

Le Président : Eventuellement, ce jeune homme discutait-il avec vous ou se vantait-il de faire des choses pendant la journée ou pendant la nuit ?

le témoin 118 : Namubonaga kenshi aganira, nkumva neza ibiganiro bye, byerekeza nko ku bantu ngo yagiye aha n’aha, yateye aha n’aha iki…, urumva ko…

L’Interprète : Je l’entendais se vanter de ce qu’il avait fait au cours de ces discussions, il disait qu’il avait attaqué à tel endroit, tel endroit et il s’était rendu à tel endroit et à tel autre.

Le Président : Vous vous souvenez éventuellement des endroits où il disait avoir attaqué ?

le témoin 118 : Non, yavugaga henshi, yavugaga ati nagiye aha n’aha, nagiye aha n’aha, ku buryo ni henshi cyane yavugaga. Numvaga ku bwanjye agomba kuba yari ahantu henshi

L’Interprète : Il parlait de plusieurs endroits à la fois, donc, pour moi…

Le Président : Une autre question ? Maître GILLET ?

Me. GILLET : Oui, Monsieur le président. Dans son audition du 17 juin 1995, le témoin dit que : « D’après ce que j’entendais des conversations que NTEZIMANA avait avec son collègue, il était un des organisateurs des massacres qui se passaient à Butare et qu’en conséquence, il pouvait sortir après le couvre-feu », est-ce qu’il peut confirmer cela, ces déclarations qu’il a faites ?

Le Président : Confirmez-vous que d’après les conversations que Vincent NTEZIMANA avait avec son collègue Aster, il ressortait pour vous qu’il était un des organisateurs des massacres à Butare et que c’était la raison pour laquelle il pouvait sortir après le couvre-feu ?

le témoin 118 : Njye kubera ko yambwiraga ko ajya mu manama y’abaprofeseri, kubera yuko nkibyo bintu yambwiraga by’ama communiqués, numvaga ko ubwo ngubwo ari mu ba organisateurs, donc…

L’Interprète : Du fait qu’il me parlait des réunions auxquelles il participait, des communiqués qui allaient sortir, j’en déduisais qu’il avait cette liberté de mouvement et qu’il faisait partie des organisateurs.

Me. GILLET : Est-ce que c’est pour ces raisons-là ou encore d’autres éventuellement qui s’ajouteraient à celles-là, qu’il estimait qu’il était l’homme fort sur place ? Même audition, 17 juin 1995.

le témoin 118 : Ni ukubera izo za jugements, nta zindi. Ni ukubera ibyo ngibyo nta bindi.

L’Interprète : C’est à cause de ça, rien d’autre.

Le Président : D’autres questions ? Monsieur le sixième juré ?

Le 6e Juré : Pour le témoin, est-ce que Monsieur NTEZIMANA pouvait contrôler ou freiner les agissements de Monsieur Innocent ?

Le Président : Selon le type de relations qui existait entre NTEZIMANA et Innocent NKUYUBWATSI, pensez-vous que Vincent pouvait freiner les agissements d’Innocent ?

le témoin 118 : Birakomeye kubera ko nta controraga mouvements zabo zose urumva, ntabwo navuga ngo uyu yategekaga uyu cyangwa ngo uyu yategekaga undi.

L’Interprète : C’est très difficile à dire parce que je ne contrôlais pas leurs mouvements et il m’est difficile de préciser que tel ou tel autre avait une influence, plus d’autorité.

Le Président : Une autre question ? Maître CARLIER ?

Me. CARLIER : Pour le voyage du témoin avec Jean-Marie Vianney, de Kigali à Butare, le témoin a déclaré, toujours à l’audition du 17 juin, je cite : « Nous avons passé plusieurs barrages grâce à l’ordre de mission de Jean-Marie, nous avons pu passer les barrages sans encombres ». Peut-il confirmer cela ?

Le Président : Pouvez-vous confirmer cette déclaration, l’ordre de mission de Jean-Marie ?

le témoin 118 : Aho twagendaga hose baduhagaritse, kubera ko yari ordre de mission yari ivuye mu gisirikare, hari ibintu by’amaciternes yaragiye gucontrora i Butare, amaciternes yabo, icyo gipapuro cyonyine cyamuheshaga uburenganzira bwo gutambuka. Ahantu hamwe niho bambajije identité, kuri barrière imwe, ariko ahandi nta kibazo twagize.

L’Interprète : Du fait qu’on avait cet ordre de mission qui avait été délivré par le service militaire et comme il devait aller contrôler dans la région de Butare certaines citernes, avec cet ordre de mission, on passait sans problème toutes les barrières, sauf à une seule où on m’a demandé d’exhiber mon identité.

Le Président : Et ça n’a pas posé de problème parce que votre carte d’identité mentionnait l’ethnie Hutu ?

le témoin 118 : Ca n’a pas posé de problème.

L’Interprète : Ca n’a pas posé de problème.

Le Président : Oui ?

Me. CARLIER : Ce sont les militaires de Kigali qui avaient donné cet ordre de mission à Jean-Marie Vianney le témoin 142 ?

Le Président : Savez-vous d’où venait cet ordre de mission ?

le témoin 118 : Ni umusirikare witwa… wategekaga approvisionnement y’ibintu bya essence cyangwa ibintu nk’ibyo.

L’Interprète : C’est de la part d’un militaire qui était responsable des approvisionnements en carburant.

Le Président : Et Jean-Marie Vianney travaillait pour PETRORWANDA ?

le témoin 118 : PETRORWANDA, oui. Une société pétrolière ya Leta.

Le Président : Une autre question ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Monsieur le témoin 118, confirmez-vous les déclarations que vous avez faites aujourd’hui ? Persistez-vous dans ces déclarations ?

le témoin 118 : Hm. Nibyo.

L’Interprète : Oui, je le confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez maintenant disposer librement de votre temps tout en restant à la disposition de la Cour pour organiser votre retour au Rwanda.

le témoin 118 : Merci.

L’Interprète : Merci, Monsieur le président.

Le Président : Bien. L’audience est suspendue. Elle reprendra à 11h15.