6.3.29. Audition des témoins: le témoin 31, commentaires
de l’avocat général, de la partie civile et de la défense et audition de l’interview
de Innocent NKUYUBWATSI
Le Greffier : La Cour.
Le Président : L’audience
est reprise. Vous pouvez vous asseoir. Les accusés peuvent prendre place. Bon,
seul problème que je règle encore d’ici à lundi : faut-il décommander ou
pas Monsieur NSANZUWERA et Monsieur GUICHAOUA, sans leur fixer de date ?
Bien. Il faudra peut-être donner un petit mot pour que l’employé du greffe prenne
contact avec Monsieur NSANZUWERA et Monsieur GUICHAOUA pour leur signaler qu’ils
ne doivent pas se déplacer lundi, et qu’ils seront éventuellement avisés plus
tard de la date à laquelle ils devraient comparaître comme témoins. Alors, peut-on
faire alors approcher le témoin suivant ? On peut faire approcher Monsieur
HABIMANA. Un interprète ? Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander
au témoin quels sont ses nom et prénom ?
L’ Interprète : Amazina
yawe yombi ?
le témoin 31 : Nitwa
le témoin 31.
L’Interprète : Je m’appelle
le témoin 31.
Le Président : Quel âge a
le témoin ?
L’ Interprète : Ufite imyaka ingahe ?
le témoin 31 : Imyaka
34.
L’Interprète : 34 ans.
Le Président : Quelle est
sa profession ?
L’ Interprète : Umwuga
wawe ?
le témoin 31 : Ndi
umushinja cyaha.
L’ Interprète : Un officier
du ministère public.
le témoin 31 : Je
suis un officier du ministère public.
Le Président : Oui. Quelle
est votre commune de domicile ?
L’Interprète : Komine
utuyemo ?
Bonaventure HABIMANA : Komine
Ngoma, i Butare. Préfecture ya Butare.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?
L’ Interprète : Waruzi abaregwa
cyangwa se bamwe mu baregwa mbere y’ukwezi kwa kane muri 94 ?
le témoin 31 : Ntabwo
nari mbazi.
L’Interprète : Je ne les
connaissais pas.
Le Président : Etes-vous
de la famille des accusés ou des parties civiles ?
L’ Interprète : Ufitanye isano
yo mu muryango y’abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?
le témoin 31 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Travaillez-vous
sous les liens d’un contrat de travail pour les accusés ou les parties civiles ?
L’ Interprète : Ukorera akazi
uhemberwa n’abaregwa cyangwa se abaregera indishyi ?
le témoin 31 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Je vais vous
demander de bien vouloir lever la main droite et de prononcer le serment de
témoin.
L’Interprète : Zamura ukuboko
ku iburyo urahire indahiro itanga ubuhamya.
le témoin 31 : Ndahiriye
kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.
L’Interprète : Je jure de
parler sans haine et sans crainte, de dire la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Vous
pouvez vous asseoir tous deux. Monsieur HABIMANA, votre audition comme témoin
va essentiellement porter sur les propos que vous avez recueillis le 22 mars
2001 de la bouche de Monsieur NKUYUBWATSI Innocent. Le 22 mars 2001.
le témoin 31 : Euh…
excusez-moi, c’est le 22… ?
Le Président : C’est
le 22 mars 2001.
L’Interprète : Ibyo ubazwa cyane,
n’ibyo wavuze kuri 21 z’ukwa gatatu 2001, byerekeye ibyo wumvishe kuri NKUYUBWATSI
Innocent. Ibyo nibyo ubazwa nk’umuntu uje gutanga ubuhamya bw’ibyo yabonye.
Le Président : Comprenez-vous
un peu le français ?
L’Interprète : Urumva agafaransa
gake ?
le témoin 31 : Oui.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Le parlez-vous
aussi un peu ?
L’Interprète : Uranakivuga buke ?
le témoin 31 : Oui.
Le Président : Car je compte
commencer par vous, par faire projeter des vidéos de deux équipes de télévision
belge
L’Interprète : Kubera ko
arabanza kukwereka amashusho ya vidéo yafashwe n’amakipe abiri ya televisiyo
y’Ububiligi.
Le Président : Qui
ont interviewé, à la même époque que votre interrogatoire,
L’Interprète :
Babarije igihe kimwe nawe,
Le Président : Monsieur NKUYUBWATSI
Innocent.
L’Interprète : NKUYUBWATSI
Innocent.
Le Président : Je souhaite
que vous puissiez voir ces vidéos, de manière notamment,
L’Interprète : Ndifuza ko
ureba aya mashusho ku buryo,
Le Président : A pouvoir
relever les différences qu’il pourrait y avoir,
L’Interprète : Wareba aho
ayo makasete agenda anyuranije,
Le Président : Entre les
déclarations faites par Monsieur NKUYUBWATSI Innocent, aux journalistes,
L’Interprète : Ibinyuranye,
hagati y’ibyo NKUYUBWATSI Innocent yabwiye abanyamakuru,
Le Président : Et celles
qu’il vous a faites, à vous.
L’Interprète : Nibyo nawe
ubwawe yakwibwiriye.
Le Président : Alors, je
vais vous inviter, ainsi que Monsieur l’interprète, à bouger votre siège de
manière à pouvoir voir l’écran qui se trouve derrière vous, sur lequel vont
être projetées ces deux vidéos.
Le Président : Il semble
que la première vidéo soit celle de la RTBF.
L’Interprète : Ibibanza kwerekanwa
mbere n’ibya RTBF, radio-télévision y’Ububiligi. Yitwa RTBF.
Le Président : L’appareil
doit encore chauffer. Vous pouvez remettre au début, Monsieur l’huissier, et
mettre le son, si vous voulez bien.
[Visionnage d’une vidéo]
Innocent NKUYUBWATSI : [Début de l’audition inaudible] …pas cette personne.
Il est monté tout de suite comme ça. Quand il est arrivé là-bas, il y avait
des enfants qui étaient allés au marché, les enfants de KARENZI. Alors, ces
enfants venaient d’être juste tués à côté de l’hôtel Faucon. Et puis quand KARENZI
a entendu, après cela, il a quitté la maison, leur domicile, pour aller voir
ce qui se passe sur ses enfants. Lui aussi, en montant, il a rencontré les mêmes
militaires qui…
Non Identifié : Pardon ?
Innocent NKUYUBWATSI : C’étaient
des militaires qui vivaient ici mais qui étaient toujours en promenade chez
NTEZIMANA, parce que c’était lui qui déployait les militaires pour venir garder
cette maison, pour garder la maison dans laquelle il vivait.
Non Identifié : Est-ce que ils
n’avaient pas reçu l’ordre de NTEZIMANA pour aller tuer ?
Innocent NKUYUBWATSI : Euh… euh…
là-dedans…
Non Identifié : Pour tuer,
Innocent NKUYUBWATSI : Pour tuer ?
Non Identifié : Pour tuer
la famille de KARENZI, est-ce qu’il n’y a pas l’ordre de NTEZIMANA Vincent ?
Innocent NKUYUBWATSI : Il
y a l’ordre de NIZEYIMANA parce que c’était,
Non Identifié : Non, NTEZIMANA.
Innocent NKUYUBWATSI : De
NTEZIMANA parce que c’est lui qui donnait chaque fois, qui disait : « Tel,
à l’université je sais comment il vit, je sais… il faut direct qu’il soit éliminé ».
Bon, d’ailleurs c’est le docteur-là que j’ai eu l’honneur de rencontrer. Lui
aussi, un certain jour, il a été tenté… [Inaudible].
Non Identifié : Quel est
son nom ?
Innocent NKUYUBWATSI : Je
ne me rappelle pas le nom. C’est qui encore celui-ci, c’est…
Non Identifié : le témoin.
Innocent NKUYUBWATSI : Ah oui,
c’es le Docteur le témoin. Celui-là aussi a été tenté, par l’ordre de NIZEYIMANA.
Non Identifié : De NTEZIMANA.
Innocent NKUYUBWATSI : Oui,
la mission a échoué, a échoué pourquoi ? Parce qu’il me semble que, selon
les racontars qui nous sont racontés par les militaires, ils ont dit « Non »,
quand ils sont arrivés là-bas, ils avaient tiré au premier coup, ils ont tiré
encore un autre coup réciproque. Ce qui faisait qu’ils ont eu peur, qu’il doit
y avoir d’autres gardes qui pourraient avoir été envoyés par le commandant qui
était là, le témoin 151. Alors, tout de suite ils ont couru jusque là. Après, on leur
a raconté ce qui s’était passé. Ils ont dit : « Non, chers amis,
la mission que vous nous avez confiée n’a pas été réalisée suite au fait que,
quand nous sommes arrivés là-bas, nous avons tiré, puis nous avons été tirés
aussi d’une façon réciproque, nous n’avons pas pu continuer jusqu’au bout ».
Et l’ordre venait du département NTEZIMANA, parce que c’était lui qui vivait
avec le Docteur le témoin, c’est lui qui vivait avec le Docteur KARENZI, c’est
lui qui vivait avec l’autre… je ne sais pas s’il est docteur…, lui aussi, il
me semble qu’il est mort, Gaétan.
C’étaient toujours des gens qui… donc qui faisaient dans les [Inaudible],
donc chez NIZEYIMANA Ildephonse. Ils disaient : « Faisons ci,
faisons ci, faisons ci ensemble ». D’ailleurs, c’est que, les gens peut-être
qui sont arrivés ici en premier lieu, peut-être qui traitaient des papiers qu’ils
laissaient dans des tiroirs. Sinon en quittant ici, il y avait des papiers sur
lesquels ils planifiaient. Ils disaient : « Tel jour il faut
aller chez tel, tel jour il faut aller chez tel, tel jour il faut aller chez
tel ». Et, dans le tiroir, là, chez NTEZIMANA, j’ai [Inaudible] ces
papiers-là. Moi, je les voyais souvent.
Non Identifié : Toi qui faisais…,
qui était l’auteur, qui mettait l’ordre du jour, l’organisateur de toutes ces
réunions, c’est qui ?
Innocent NKUYUBWATSI : Bon,
l’organisateur principal c’était NIZEYIMANA. Mais lui, il devait d’abord consulter
des gens comme NTEZIMANA parce que c’est lui qui connaissait, surtout les civils,
qui vivaient, ici, à Huye.
Non Identifié : HIGANIRO,
vous le connaissiez ? Il a participé aussi à la planification ici ?
Innocent NKUYUBWATSI : Avant
que les événements d’ici ne commencent, ce que je peux témoigner pour HIGANIRO
Alphonse, c’est que lui, d’ailleurs moi aussi j’ai été engagé dans les derniers
jours à la SORWAL, et quand je suis arrivé là-bas, j’avais remarqué qu’il y
avait une équipe qui venait d’être engagée là-bas. C’était une équipe des gens
qui naissaient, ici, à Mbazi. On me disait que c’était
une équipe de partisans du MRND, qui étaient même formés, qui étaient Interahamwe.
Dans cette partie, il y avait certains Interahamwe entraînés. Ca c’est la première
chose que j’ai pu remarquer pour le cas de HIGANIRO. Et puis après, avant de
partir, quand l’avion a été abattu, le même jour j’étais chez NIZEYIMANA, le
capitaine. HIGANIRO, quand il a appris cela, il a quitté chez lui et il est
venu chez NIZEYIMANA, même lui, et il demandait : « Mais qu’est-ce
qu’on peut… qu’est-ce que on peut faire sur cela ? ». Mais, NIZEYIMANA
n’avait pas de suite jusqu’à ce moment-là. Il ne savait même pas quoi qui pourrait
être fait. Et puis, vers la nuit, ils ont reçu un coup de téléphone qui venait
d’être envoyé par un autre capitaine qui était garde du corps du président.
Non Identifié : C’est qui…
[Inaudible]
Innocent NKUYUBWATSI : Le
nom m’échappe. Alors, que disait ce téléphone ? Le téléphone disait que
déjà à Kigali, on avait commencé déjà le génocide. Le capitaine demandait à
NIZEYIMANA Ildephonse : « Qu’est-ce que vous faites encore vous,
à Butare ; ici, vous, vous n’avez pas encore commencé alors que c’est le
milieu. Le milieu vraiment où vivent beaucoup des gens de chez les Inkotanyi,
au milieu des gens qui cotisaient souvent, qui collaboraient suffisamment avec
les Inkotanyi. Et puis, la parole que j’ai entendu que… qui est sortie de sa
bouche c’est que il a dit : « Effectivement, il faut voir. Si
les gens de Kigali commencent, les gens qui vont fuir de là vont passer par
ici pour aller à Burundi. Jusque là, c’est ça que j’ai pu observer, ici. Encore,
quand il était déplacé vers Gisenyi, une fois je suis allé en mission à Gisenyi.
Je suis parti avec la camionnette de la SORWAL, ayant quelque chose comme 300
boîtes d’allumettes, nous allions essayer de vendre là-bas, nous les avons vendues ».
Après, nous sommes partis chez HIGANIRO Alphonse à la maison, à Kigufi,
là où il habitait, pour lui demander ce qu’on va faire à la SORWAL et tout ça,
c’était en fait notre mission principale. Quand nous sommes arrivés là-bas,
il nous a dit : « Non, allez là, vous allez suivre les ordres
qui vous seront donnés par Martin. C’est Martin qui était le président puisque
c’était son second. Avant de quitter, ce que j’ai pu encore remarquer, c’est
que chez lui, à Kigufi, il y avait beaucoup de véhicules qui venaient d’être
pillés à Kigali par des Interahamwe. Il me semble que c’était de la famille
de… ils étaient de la famille qui emmenait des véhicules et qu’est-ce qu’il
faisait : il les transitait vers le Congo, il recevait de l’argent. Je
ne sais pas si cet argent lui aurait servi pour quitter ou si cet argent, il
le donnait réciproquement pour les Interahamwe. Là, je ne suis pas sûr.
Non Identifié : Une sorte
de travail de nettoyeur ?
Innocent NKUYUBWATSI : Pour
le cas de nettoyage dont on parle, ça, c’était dans la SORWAL interne, à l’intérieur
de l’usine. Mais je ne sais pas s’il s’agissait de nettoyage jusque-là. Parce
que, un : il pouvait y avoir [Inaudible] pouvait avoir de l’essence,
nettoyage pour nettoyer des machines et nettoyage pour dire autre chose. Mais
ce sens jusqu’alors, comme je n’étais pas quelqu’un à qui on envoyait cette
lettre, je ne savais pas de quoi [Inaudible]. Mais nous n’avons rien vu
de l’ordre relatif à ce petit papier-là, de nettoyage.
Non Identifié : Vous étiez
où, il y a quelques jours ?
Innocent NKUYUBWATSI : Moi ?
Depuis quand ?
Non Identifié : Au moins
avant de venir ici, vous étiez où ?
Innocent NKUYUBWATSI : J’étais
à Kigali. J’étais à Kigali, je travaille là-bas depuis le mois de septembre.
J’étais enseignant à l’école…
Le Président : Peut-être allumez
un instant, Monsieur l’huissier, pendant que vous préparez la seconde cassette.
Le Président : Monsieur HABIMANA !
Monsieur l’Interprète, voulez-vous bien demander à Monsieur HABIMANA si la personne
qu’on a vue avec sa chemise rouge, lors de cette interview, est bien NKUYUBWATSI
Innocent qu’il a interrogé en mars 2001 ?
L’Interprète : Uriya
muntu tubonye wari wambaye ishati y’umutuku, niwe NKUYUBWATSI Innocent wabajije
mu kwezi kwa gatatu 2001 ?
le témoin 31 : Niwe.
L’Interprète : C’est bien lui.
Le Président : Et la personne
que l’on voit au début du reportage dans un bureau avec ses papiers et ses chiffres,
de qui s’agit-il ?
L’Interprète : Umuntu twabonye
uri mu biro warufite impapuro na rapports ze ninde ?
le témoin 31 : C’est le
procureur de la République auprès du tribunal de 1ère instance de Butare.
Le Président : Et est-il habituel
au Rwanda de permettre à des personnes qui sont accusées ou inculpées d’avoir
des contacts avec la presse pour donner des interviews ?
L’Interprète : Birasanzwe kugirango
abantu baciriwe urubanza cyangwa se baregwa bahuye n’abanyamakuru babaha ibiganiro,
icyo n’ikintu gisanzwe kiba mu Rwanda ?
le témoin 31 : Bisanzwe
bibaho, ngirango mu binyamakuru bimwe na bimwe muzabona nabambaye imyenda y’iroza
babafotoye baganiriye n’abantu.
L’Interprète : Ca se fait habituellement,
puisque vous verrez même dans la presse des personnes qu’on a photographiées,
qui portent même leur uniforme de couleur rose.
Le Président : Est-ce le procureur
qui organise les interviews ?
L’Interprète : Ibyo biganiro,
procureur ubwe niwe ubitegura ?
le témoin 31 : Non, biterwa
n’umutegetsi babisabye, hari…
L’Interprète : Ca dépend de l’autorité
à qui on l’a demandé,
le témoin 31 : Hari igihe
banyura kuri ministre w’ubutabera bakajya gusura amagereza,
L’Interprète : Des fois, on passe
par le ministre de la justice et on visite les prisons,
le témoin 31 : Hari igihe
banyura kuri ministre w’umutekano mu gihugu, utegeka amaprizo muri rusange bakajya
gusura abanyururu,
L’Interprète : Des fois, on passe
par le ministre de la sécurité nationale qui a dans ses attributions les prisons
et aussi pour visiter les prisons à travers le pays,
le témoin 31 : Hari igihe
bashobora kujyana na procureur général auprès de la Cour suprême cyangwa procureur
général pour la Cour d’appel,
L’Interprète : Des fois, ils peuvent
être accompagnés par le procureur général près la Cour suprême et le procureur
général près la Cour d’appel,
le témoin 31 : Bashobora
kuba bari kumwe n’abantu bo muri za Croix rouge bareba ibibazo biri mu magereza,
L’Interprète : Des fois ils peuvent
être accompagnés par les agents de la Croix rouge qui veulent se rendre compte
des problèmes dans les prisons, des problèmes relatifs notamment aux maladies,
à leur santé.
le témoin 31 : Bashobora
no kuvugana n’abanyamakuru mu gihe cy’urubanza, baje gusura nk’urubanza nkuru
nguru,
L’Interprète : Ils peuvent même
s’entretenir avec les journalistes lors des procès quand ils sont venus assister
à des procès comme celui-ci,
le témoin 31 : Bon,
n’igihe cyose bakeneye abanyururu, kugirango ibyabo bimenwe, cyane cyane.
L’Interprète : Et chaque
fois qu’ils veulent s’entretenir avec les prisonniers et se rendre compte de
leur situation d’une manière générale.
le témoin 31 : Nkeka yuko
ko kuri NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Je pense qu’en
ce qui concerne NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Ubutabera
bwo mu Rwanda na parquet ya Butare by’umwihariko,
L’Interprète : L’appareil judiciaire
au Rwanda d’une manière générale et le parquet de Butare en particulier,
le témoin 31 : Kuko
twari tubonye abanyamakuru bo mu Bubiligi bafite ibyangombwa,
L’Interprète : Etant donné que
nous venions de voir les journalistes de la Belgique accrédités légalement,
le témoin 31 : Avec les
pièces…
L’Interprète : Enfin, avec les
pièces requises,
le témoin 31 : Tubakiriye,
badusobanuriye yuko baje gufata amafoto kugirango bazafashe urukiko.
L’Interprète : Quand nous les
avons reçus, j’ai entendu qu’ils venaient prendre des photos afin d’aider le
tribunal.
le témoin 31 : Twabohereje
kugirango bavugane na NKUYUBWATSI kugirango icyo bifuje cyafasha urukiko tutakibangamira
kandi natwe turi urushinjacyaha.
L’Interprète : Alors,
nous leur avons donné des facilités pour qu’ils s’entretiennent avec NKUYUBWATSI
étant donné qu’ils cherchaient à servir le tribunal alors que même nous faisions
le même travail.
le témoin 31 : Ca va.
L’Interprète : Bon ça va, c’est
tout.
Le Président : Bien. La 2ème
cassette est prête ? Est-ce que ces journalistes vous ont dit qu’ils étaient
là pour aider le tribunal belge ?
L’Interprète : Abanyamakuru
bakubwiye ko baraho kugirango bafashe urukiko rw’Ububiligi ?
le témoin 31 : Bon,
pratiquement, jye nta entretien nigeze ngirana nabo,
L’Interprète : Pratiquement, je
n’ai eu aucun entretien avec eux,
le témoin 31 : Ariko
iyo bageze mu Rwanda babanza kunyura muri ministère y’ubutabera no mu zindi
nzego zirebana n’ubutabera,
L’Interprète : Mais, une fois
arrivés au Rwanda, ils passent d’abord par le ministère de la justice et d’autres
instances s’occupant de la justice,
le témoin 31 : Icyo
gihe rero, abadukuriye batumenyesha yuko abo bantu ari ngombwa ko tubaha kanaka
kugirango bafacilite ubutabera bw’iwabo.
L’Interprète : Alors les responsables
hiérarchiques nous demandent de leur donner accès à telle ou telle personne
pour connaître la justice de chez eux.
Le Président : On est prêt ?
On va passer le deuxième reportage alors. Il y a des courants d’air ici. Il
y a des courants d’air ici.
[Deuxième reportage]
Le Président : Bien. Monsieur
HABIMANA, je vais vous demander de reprendre place à la table des témoins avec
l’interprète. Compte tenu de l’heure qu’il est déjà maintenant, je suggère que
nous suspendions l’audience et que nous reprenions après que vous ayez pu prendre
comme nous un repas. Vous… donc, il est 12 h 45, on reprendrait l’audience à
13 h 45. On va vous servir un repas comme à nous,
le témoin 31 : Murakoze.
Le Président : Et vous aurez donc,
à ce moment-là, l’ occasion de faire part des différences qu’il pouvait y avoir
entre ce que vous avez entendu ce matin et ce que vous aviez entendu dans votre
bureau ou à la prison lorsque vous avez interrogé Monsieur NKUYUBWATSI.
L’Interprète : Ubwo nyine,
nuguhagarika kugera saa munani ibuzeho iminota 15, noneho tugarutse, ukaza kuvug’aho
binyuraniye nibyo waba warumvishe. Ikibazo, waba warigeze wumva mu biro byawe,
NKUYUBWATSI ?
le témoin 31 : Mwumva
mu biro byanjye ?
L’Interprète : Umuhamagara mu
biro byawe ngo mukore enquête.
le témoin 31 : Naramuhamagaye.
L’Interprète : Oui, je l’ai convoqué.
Le Président : Donc, si vous voulez
bien, on va suspendre maintenant l’audition. On se retrouve dans une heure pour
votre témoignage, la suite de votre témoignage.
L’Interprète : Turahagaritse,
tukaza guhura ahangaha nyuma y’isaaha imwe. Kugirango ukomeze témoignage yawe.
Le Président : On revient dans
une heure.
[Suspension d’audience]
Le Président : Nous allons
donc poursuivre l’audition du témoin. Monsieur HABIMANA vous avez pu voir ce
matin deux reportages au cours desquels Monsieur NKUYUBWATSI Innocent a été
interviewé par des journalistes belges présents au Rwanda. Je vous avais également
signalé ce matin que votre présence ici était essentielle en ce qui concernait
ce que vous aviez recueilli de la bouche de Monsieur NKUYUBWATSI, lorsque vous
l’avez interrogé au mois de mai ou mars, pardon, 2001, le 22 mars 2001. Pouvez-vous,
Monsieur HABIMANA, résumer le contenu de la déclaration de Monsieur NKUYUBWATSI
et essentiellement en ce qui concerne les accusations qu’il porte sur deux des
personnes ici présentes, à savoir Monsieur Vincent NTEZIMANA et Monsieur Alphonse
HIGANIRO.
L’Interprète : Urebye ibyo
NKUYUBWATSI yatubwiye mu idosiye ya NTEZIMANA na HIGANIRO,
L’Interprète : En fait, ce que
Monsieur NKUYUBWATSI nous a dit dans le dossier impliquant NTEZIMANA et HIGANIRO,
le témoin 31 : Ndahera
kuri NTEZIMANA.
L’Interprète : Je commence par
NTEZIMANA.
le témoin 31 : Yatubwiye yuko, mu gihe cy’itsembabwoko
n’itsembatsemba,
L’Interprète : Il nous a dit qu’
au cours du génocide et du massacre,
le témoin 31 : Aricyo gihe yashoboye kumenya NTEZIMANA.
L’Interprète : Que c’est
à cette époque qu’il a fait connaissance de NIZEYIMANA.
le témoin 31 : Atubwira
yuko yamumenye kubera yuko NTEZIMANA ari inshuti ya NIZEYIMANA kandi NIZEYIMANA
akaba ariwe wazanye NKUYUBWATSI i Butare,
L’Interprète : Il nous a dit qu’il
le connaissait plus, que NIZEYIMANA était ami de NTEZIMANA, que c’était NTEZIMANA
qui avait amené NKUYUBWATSI dans la ville de Butare.
le témoin 31 : Mvuze
ko yamuzanye i Butare kuko ngo ku itariki ya 8/2/93,
L’Interprète : Je dis qu’il l'a
amené à Butare puisqu’il se pourrait que le 8 février 93,
le témoin 31 : Nubwo mu
gace kw’iwabo wa NKUYUBWATSI mu Ruhengeri ingabo z’Urwanda zatsimburwaga n’ingabo
za FPR Inkotanyi,
L’Interprète : Alors que dans
sa région d’origine de Ruhengeri, les Forces armées rwandaises venaient d’être
repoussées de cette région par l’armée du FPR Inkotanyi,
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
yahungiye i Kigali,
L’Interprète : Les réfugiés à
Kigali,
le témoin 31 : Hanyuma
NIZEYIMANA amukurayo kugirango amushakire imibereho i Butare kuko yari impunzi.
L’Interprète : Et NIZEYIMANA
l’a alors pris, amené à Butare, pour lui chercher une façon de vivre, étant
donné qu’il était réfugié.
le témoin 31 : Nukonguko
yamutunze, amushakir’akazi no muri SORWAL.
L’Interprète : C’est ainsi qu’il
l’a nourri et puis il l’a hébergé et cherché du travail à la SORWAL.
le témoin 31 : Ubwo
rero mu gihe cya génocide kubera yuko NIZEYIMANA yari inshuti ya NTEZIMANA ?
L’Interprète : Alors, pendant
le génocide, vu que c’était l’ami de NIZEYIMANA,
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
yageze igihe, cyanga se yabanye na NIZEYIMANA na NTEZIMANA,
L’Interprète : Il fut un temps
où alors, il fut un moment où NIZEYIMANA a vécu avec NTEZIMANA,
le témoin 31 : Muri
déclarations ze yivugira yuko mbere, akimara guhembwa umushahara wa mbere yabahaye
ikirahure bose,
L’Interprète : Dans ses propres
déclarations, lui-même reconnaît que lors de son premier salaire, il lui a donné
tous les deux un verre,
le témoin 31 : Babaga
ihene,
L’Interprète : Qu’on a abattu
une chèvre,
le témoin 31 : Barasangira,
L’Interprète : Qu’on l’a partagée,
le témoin 31 : Ubwo icyo
gihe cyo na Alphonse HIGANIRO yarahari,
L’Interprète : Et à ce moment,
Alphonse HIGANIRO était aussi présent.
le témoin 31 : Noneho
rero muri génocide, hari ukuntu NIZEYIMANA yari umucapitaine ukomeye cyane muri
ESO,
L’Interprète : Pendant le
génocide, il se fut que NIZEYIMANA ou le capitaine qui avait de l’autorité à
l’ESO,
le témoin 31 : NTEZIMANA
nawe akaba ari umwalimu muri université, wasaga naho afitemo ijambo cyane,
L’Interprète : Et que NTEZIMANA
était un professeur à l’université qui apparemment avait un pouvoir,
le témoin 31 : Akaba
kandi n’ububasha yarafite akenshi yarabugereranyaga n’abaturuka mu gace k’iwabo
bitaga Akazu,
L’Interprète : Et que ce pouvoir
avait, entre autre, comme origine le fait qu’il était originaire d’une région
où il y avait l’Akazu, la petite maison, la maisonnette,
le témoin 31 : Ariko ibyo
ngibyo mvuze nyuma nabikuye mu yandi ma témoignages.
L’Interprète : Mais ce que
je viens de dire, je l’ai recueilli d’autres témoignages.
le témoin 31 : NTEZIMANA
Vincent,
L’Interprète : NTEZIMANA
Vincent,
le témoin 31 : Ubwo
yabaye ngombwa ko abana na NIZEYIMANA muri ibyo bihe kugirango bagire icyo bahuza
kuri idéologies zabo bahuriyeho.
L’Interprète : A été obligé de
vivre ensemble pendant cette période-là, avec NIZEYIMANA, pour qu’ils puissent
coordonner leurs idéologies.
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
akavuga yuko NTEZIMANA Vincent yararaga kwa NIZEYIMANA,
L’Interprète : Selon NKUYUBWATSI,
NTEZIMANA Vincent passait les nuits chez NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Mu gitondo
n’umunsi wose akaba aribwo agera mu rugo, aribwo ajya kureba ibyarwa,
L’Interprète : Et qu’il rentrait
chez lui pour voir les problèmes de là-bas le matin et la journée,
le témoin 31 : Aho hantu
rero yararaga kwa NIZEYIMANA, akaba yarahabanaga na murumuna we wiga université,
L’Interprète : Là où il passait,
chez NTEZIMANA, il passait la nuit chez son petit frère qui faisait l’université,
le témoin 31 : Hari murumuna
wa le témoin 118 witwaga MUKIMBIRi ?
L’Interprète : Il y avait
le petit frère du témoin 118, MUKIMBIRI,
le témoin 31 : Hari Longin
le témoin 118,
L’Interprète : Il y avait Longin
le témoin 118,
le témoin 31 : Hari nabandi
bantu, nk’abasirikare benshi ni NIZEYIMANA wabazanaga,
L’Interprète : Il y avait
aussi d’autres personnes, dont beaucoup de militaires amenés par NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Hari mushiki
wa NKUYUBWATSI ubwe,
L’Interprète : Il y avait la propre
sœur de NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Hari uwo
bita le témoin 142,
L’Interprète : Il y avait le nommé
le témoin 142,
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
akavuga ko igihe kimwe baje kuba benshi,
le témoin 31 : Mu rugo bakabura aho barara.
L’Interprète : A un certain moment,
ils ont été nombreux,et qu’il n’y avait plus de place dans cette maison pour
passer la nuit.
le témoin 31 : Bikaba
ngombwa yuko NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Il a été nécessaire
que NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Ajya ajya
kurara kwa NTEZIMANA Vincent.
L’Interprète : Passe les
nuits chez NTEZIMANA Vincent.
le témoin 31 : Nyuma,
na le témoin 118 na le témoin 142, iyo abantu babaga benshi kwa NIZEYIMANA byabaga
ngombwa ko bajya kurara kwa NTEZIMANA Vincent.
L’Interprète : Par après,
le témoin 118 et le témoin 142, quand il y avait beaucoup de personnes, ils étaient obligés
de passer la nuit chez NTEZIMANA Vincent.
le témoin 31 : Nuko rero
NTEZIMANA Vincent,
L’Interprète : Ainsi, NTEZIMANA
Vincent,
le témoin 31
: Akabana na NIZEYIMANA,
L’Interprète : Vivait avec NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Hafi buri
gihe.
L’Interprète : Presque tout le
temps.
le témoin 31 : Ubwo rero
NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Et alors, NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Kubera
ko yabaga kwa NTEZIMANA,
L’Interprète : Vu qu’il vivait
chez NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Akaba kandi
yabaga ari kumwe nabo mu ma salons kwa NIZEYIMANA,
L’Interprète : Et que le gros
de son temps, il le passait avec lui dans le salon avec NTEZIMANA,
le témoin 31 : Ubundi
bakaba bari kumwe kwa NTEZIMANA.
L’Interprète : Et qu’ils se retrouvaient
aussi ensemble chez NIZEYIMANA.
le témoin 31 : Ikintu
cya mbere NKUYUBWATSI yatubwiye,
L’Interprète : La première chose
que NKUYUBWATSI nous a dite,
le témoin 31 : Nuko NTEZIMANA
Vincent,
L’Interprète : C’est que NTEZIMANA
Vincent,
le témoin 31
: Itsembabwoko n’itsembatsemba i Butare.
L’Interprète : Etait parmi les
planificateurs du génocide et des massacres à Butare.
Le Président : Excusez-moi de
vous interrompre. Pour une meilleure compréhension, comme les noms sont très
proches, NIZEYIMANA et NTEZIMANA, le témoin pourrait-il parler lorsqu’il s’agit
du militaire du capitaine, ce serait peut-être plus facile pour qu’on comprenne
et peut-être simplement de Vincent, en ce qui concerne Monsieur NTEZIMANA, de
manière à ce qu’il n’y ait pas trop de troubles dans nos esprits et de confusion
entre les deux personnes.
L’Interprète : Uzajye ukoresha
izina capitaine gusa cyangwa se Vincent gusa, kubera ko amazina yegeranye cyane,
kugirango bibashe gusobanuka, bitivanga.
le témoin 31 : Murakoze.
L’Interprète : Merci.
le témoin 31 : Navugaga
yuko,
L’Interprète : Je disais que,
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
kubwe,
L’Interprète : Monsieur NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Yatubwiye
yuko Vincent,
L’Interprète : Il nous a dit que
Vincent,
le témoin 31 : Yari
mu bantu bateguye itsembabwoko n’itsembatsemba i Butare.
L’Interprète : Est parmi les planificateurs
du génocide et des massacres à Butare.
le témoin 31 : Yabitubwiye
akurikije ko,
L’Interprète : Il nous a dit,
se basant sur le fait que,
le témoin 31 : Haba
mu salon yo kwa capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : Que ce soit au
salon du capitaine NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Haba muri
salon yo kwa Vincent,
L’Interprète : Que ce soit au
salon de Vincent,
le témoin 31 : Iyo yabaga
atashye,
L’Interprète : Quand il rentrait,
le témoin 31 : Yababwiraga
yuko avuye mu manama,
L’Interprète : Il leur disait
qu’il venait de participer à des réunions,
le témoin 31 : Amanama
ngo y’impuzashyaka, ashyigikiye gouvernement,
L’Interprète : Des réunions
d’un groupe des partis pro-gouvernementaux,
le témoin 31 : Gouvernement
y’abatabazi,
L’Interprète : Le gouvernement
intérimaire,
le témoin 31 : Akavuga
yuko ngo barimo no gutegura rapport yo kugirango boherereze gouvernement,
L’Interprète : Et qu’il disait
qu’il préparait le rapport qui devait être envoyé au gouvernement,
le témoin 31 : Kugirango
bayigendereho bahangane n’umwanzi,
L’Interprète : Pour que le gouvernement
puisse se baser et combattre l’ennemi.
le témoin 31 : Uwo mwanzi
bitaga inyenzi,
L’Interprète : L’ennemi qu’on
appelait Inyenzi, cafard.
le témoin 31 : Akongera
akavuga yuko,
L’Interprète : Il ajoutait que,
le témoin 31 : Yazaga
ababwira amanama yo muri université,
L’Interprète : Quand il est rentré,
il leur relatait des réunions tenues à l’université,
le témoin 31 : Inama
zari zibereyeho gushyigikira gouvernement y’abatabazi,
L’Interprète : Des réunions qui
avaient pour objectif leur soutien au gouvernement intérimaire,
le témoin 31
: No gushaka uburyo bahangana n’ Inkotanyi.
L’Interprète : Voir comment combattre
l’ennemi.
le témoin 31 : Ubundi
buryo yamubonaga ategura umugambi wa génocide
L’Interprète : Il le voyait aussi
d’un autre angle, dans cette logique de planification du génocide,
Bonaventure
HABIMANA : N’uburyo iyo bashakaga kwica yashyikiranaga
na capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : C’est le fait que,
quand il voulait tuer, il s’entretenait avec le capitaine NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Bakiha
gahunda yo gukorwa,
L’Interprète : Et qu’il se donnait
un plan de ce qu’il fallait faire,
le témoin 31 : Bakafata
abasirikare,
L’Interprète : Et qu’il prenait
des militaires,
le témoin 31 : Bakuye
muri ESO kubera ko NIZEYIMANA yahakoraga,
L’Interprète : Il prenait
des militaires de l’ESO, étant donné que NIZEYIMANA y avait de l’autorité,
le témoin 31 : Bakabatuma
gutsotsoba icyo gikorwa.
L’Interprète : Et qu’on les envoyait
mettre en pratique cette action.
le témoin 31 : Ikindi
NKUYUBWATSI yatubwiye,
L’Interprète : Une autre chose
que NKUYUBWATSI nous a dit,
le témoin 31 : Yatubwiye
planing bakoreshaga bajya guhiga abantu,
L’Interprète : Il nous a
parlé du plan qu’ils utilisaient en chassant les gens,
le témoin 31 : Nashakaga
kuvuva imipanga, imipanga bakoreshaga kugirango bajye guhiga abantu.
L’Interprète : Il voulait parler
de la planification de la chasse à l’homme.
le témoin 31 : Wabireba
ugasanga,
L’Interprète : Et quand tu observes
bien,
le témoin 31 : Nkurikije
ibyo yatubwiye,
L’Interprète : Suivant ce qu’il
nous a déclaré,
le témoin 31 : Ugasanga
nka capitaire NIZEYIMANA yarashinzwe kuzana imbaraga z’abasirikare,
L’Interprète : Tu trouves que
le rôle du capitaine NIZEYIMANA, c’était d’apporter la force militaire,
le témoin 31 : NTEZIMANA nawe agashinga
kwerekana abantu bagomba kwicwa.
L’Interprète : Tandis que NTEZIMANA
devait montrer les personnes qu’il fallait tuer.
le témoin 31 : Nkurikije
ibyo NKUYUBWATSI yatubwiye,
L’Interprète : Suivant ce que
NKUYUBWATSI nous a dit,
le témoin 31 : Usanga
NTEZIMANA Vincent,
L’Interprète : Tu trouves que
NTEZIMANA Vincent,
le témoin 31 : Mu bantu
yerekanaga,
L’Interprète : Parmi les gens
qu’il pointait du doigt,
le témoin 31 : Bose yaberekanaga,
L’Interprète : Il les montrait,
le témoin 31 : Adakurikije
amoko,
L’Interprète : Yakurikizaga abo
akeka ko bashyigikiye Inkotanyi.
L’Interprète : Pas suivant les
ethnies, mais suivant ce qu’il croyait soutenir les Inkotanyi.
le témoin 31 : Cyangwa
se abo akeka yuko batitabiye gushyigikira leta y’abatabazi ?
L’Interprète : Ou alors, ceux
qu’il croyait ne pas soutenir convenablement le gouvernement intérimaire,
le témoin 31 : Cyangwa
abatari mu murongo wo kwicana.
L’Interprète : Ou alors, qui ne
suivaient pas la ligne de tuer.
le témoin 31 : Yaduhaye
urugero,
L’Interprète : Il nous a donné
comme exemple,
le témoin 31 : Rw’abasirikare
6 cyangwa 7 gutyo yohereje kwa Docteur le témoin 9,
L’Interprète : Ces militaires
ou alors envoyés chez le Docteur Emmanuel.
le témoin 31 : Hari n’urundi
rugo ntibuka,
L’Interprète : Il nous a parlé
d’une autre famille que j’oublie,
le témoin 31 : Kugirango
babice.
L’Interprète : Où il a envoyé
pour qu’il les tue.
le témoin 31 : Avuga gusa
ko bashyigikiye inyenzi,
L’Interprète : Il disait tout
simplement qu’il soutenait les Inyenzi,
le témoin 31 : Ariko bakaba
bari abahutu.
L’Interprète : Et pourtant, c’étaient
des Hutu.
le témoin 31 : Muri
make, ku kibazo cya NTEZIMANA Vincent,
L’Interprète : En un mot,
pour ce qui concerne l’affaire NTEZIMANA Vincent,
le témoin 31 : Njya kurangiza
kumubaza,
L’Interprète : A la fin de l’interrogatoire,
le témoin 31 : Namubajije
kubwe ahantu yumvaa bamutumye kujya kwica ari kumwe n’abandi,
L’Interprète : Je lui ai demandé
quand on l’a envoyé tuer en compagnie des autres,
le témoin 31
: N’ahandi hantu abandi bagiye kwica we
atariho,
L’Interprète : Et d’autres endroits
ou d’autres sont allés tuer sans sa présence,
le témoin 31
: Ariko batumwe na capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : Mais sous ordre
du capitaine NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Cyangwa
professeur Vincent.
L’Interprète : Ou du professeur
Vincent.
le témoin 31 : Aho yambwiye
yagiye,
L’Interprète : Là, il m’a dit
que cette personne m’a rendu,
le témoin 31 : Yambwiye
ko yagiye ku muprofeseri, sinibuka niba ari umuprofeseri, yagiye k’uwitwa Jérôme,
L’Interprète : Il m’a dit qu’il
s’est rendu chez un professeur, je ne sais pas si c’est un professeur, en tout
cas, un certain Jérôme,
le témoin 31 : Jérôme
ngo akaba yarafite akabati keza cyane,
L’Interprète : Que Jérôme avait
une jolie armoire,
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
akavuga yuko,
L’Interprète : NKUYUBWATSI disait
que,
le témoin 31 : Yajyanye
n’abasirikare,
L’Interprète : Il est parti avec
des militaires,
le témoin 31
: Bagiye kwica urwo rugo,
L’Interprète : Qu’ils allaient
tuer cette famille,
le témoin 31 : N’abarwihishemo
bose,
L’Interprète : Et ainsi que tous
ceux qui s’y cachaient,
le témoin 31 : Ngo bari
hagati ya 10 na 20.
L’Interprète : Qui donne un nombre
entre 10 et 20.
le témoin 31 : We ngo
akagira ishingano zo kuzana ako kabati kari keza cyane.
L’Interprète : Et lui avait pour
mission d’emmener cette armoire qui était très jolie.
le témoin 31
: Akavuga ko bagiye bakabica,
L’Interprète : Et dès qu’ils sont
partis, qu’ils les ont tués,
le témoin 31 : Ariko akabati
bakakabura, bakagaruka.
L’Interprète : Mais qu’ils n’ont
pas pu trouver l’armoire qu’ils sont rentrés.
le témoin 31 : Ahandi
hantu yatubwiye bagiye kwica,
L’Interprète : Un autre endroit
qu'il nous a désigné où ils sont partis tuer,
le témoin 31 : Ni
ku mugabo witwa KAYITANI warutuye Evêché.
L’Interprète : C’est chez un certain
Gaétan, qui habitait près de l’Evêché.
le témoin 31 : Ngo babahaye
yuko nibamubura bigarukira.
L’Interprète : Il dit qu’ils avaient
comme consigne, s’ils ne le trouvaient pas, de revenir.
le témoin 31 : Bamubuze,
L’Interprète : Ils ne l’ont pas
trouvé,
le témoin 31 : Ngo baragaruka,
L’Interprète : Ils seraient revenus,
le témoin 31 : Babitangaho
rapport kwa NTEZIMANA na NIZEYIMANA,
L’Interprète : Et qu’ils
ont donné ce rapport à NIZEYIMANA et NTEZIMANA,
le témoin 31 : Hanyuma
ngo ari ku kazi,
L’Interprète : Au moment où il
était au travail,
le témoin 31 : Capitaine
NIZEYIMANA aza kumutelefona,
L’Interprète : Le capitaine NIZEYIMANA
lui a téléphoné,
le témoin 31 : Amubwira
ngo aze,
L’Interprète : Pour lui dire de
venir,
le témoin 31 : Kumufasha
gusagata ibintu byari kwa KAYITANI.
L’Interprète : Venir l’aider piller
les objets qui étaient chez Gaétan.
le témoin 31 : Aje ngo
asanga amaze gupfa,
L’Interprète : Quand il est venu,
il a trouvé qu’il venait de mourir,
le témoin 31 : Amaraso
yuzuye inzu,
L’Interprète : Que le sang remplissait
toute la maison,
le témoin 31 : Ibintu
byari biraho babipakira mu kamyoneti barabitwara.
L’Interprète : Ils ont chargé
les objets qui étaient là-bas, dans une camionnette et les ont pris.
le témoin 31 : Atubwira
ko hari ahandi hantu babatumye kwica,
L’Interprète : Il nous a dit qu’il
y a un autre endroit où on les a envoyés tuer,
le témoin 31 : Bagiye
basangayo abantu benshi,
L’Interprète : Et qu’une fois
arrivés là-bas, ils ont trouvé beaucoup de gens,
le témoin 31 : Barangije
kubica.
L’Interprète : Déjà tués.
le témoin 31 : Hari ikindi
yatubwiye,
L’Interprète : Une autre chose
qu’il nous a dite,
le témoin 31 : Yatubwiye
ku bakobwa babiri b’ababoyi babaga kwa… bari kwa NIZEYIMANA ?
L’Interprète : Il nous a parlé
à propos de deux filles qui étaient chez NIZEYIMANA, qui étaient chez NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Bukeye
baza kwa Vincent,
L’Interprète : Et qui, le lendemain,
sont venues chez Vincent,
le témoin 31 : Mbese habaye
encombrement mu nzu,
L’Interprète : Et alors, qu’il
y a eu un encombrement dans la maison,
le témoin 31
: Yo kwa NIZEYIMANA,
L’Interprète : La maison du capitaine
NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Hanyuma
babohereza kwa NTEZIMANA,
L’Interprète : Qu’on les a renvoyées
chez NTEZIMANA,
le témoin 31 : Aho
hantu rero ngo niho NTEZIMANA na NIZEYIMANA,
L’Interprète : Et c’est à ce lieu-là,
chez Vincent, c’est là où Vincent NTEZIMANA,
le témoin 31 : Ngo
babwiye umusirikare Bwana NKUYUBWATSI,
L’Interprète : On dit à un militaire,
le témoin 31
: Ngo bajye kwica abo bana,
L’Interprète : Qu’on aille tuer
ces enfants,
le témoin 31 : Kubera
yuko ngo bamenye ibanga rya génocide.
L’Interprète : Car ils avaient
divulgué le secret du génocide.
le témoin 31 : Ngo bavuze
ko barimo kwica bagazagata ibintu by’abantu,
L’Interprète : Ils avaient
dit qu’on pillait et qu’on tuait les objets des gens,
le témoin 31 : Abana barabatwaye,
L’Interprète : On a pris ces enfants,
le témoin 31 : Barasira
munsi y’urugo rwo kwa NTEZIMANA,
L’Interprète : On les a fusillés
sous la maison de NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Barataha,
L’Interprète : Ils sont rentrés,
le témoin 31
: Ariko ngo hari umwe utari wanogorotse,
L’Interprète : Mais il y en avait
une qui n’était pas complètement morte,
le témoin 31 : Arakururuka,
L’Interprète : Elle a rampé,
le témoin 31 : Agaruka
mu rugo kwa NTEZIMANA.
L’Interprète : Pour revenir dans
l’enclos de NIZEYIMANA.
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
ambwira ko yasubiye ku kazi atazi ko yahageze,
L’Interprète : NKUYUBWATSI
me dit qu’il est retourné au travail, ne sachant pas que la fille était revenue
là-bas,
le témoin 31 : Ntiyarazi
ko atanapfuye.
L’Interprète : Qu’il ne savait
même pas si elle n’était pas morte.
le témoin 31 : Ari ku
kazi yumva baramutelefonye,
L’Interprète : Alors qu’il
était au travail, il est arrivé qu’on lui a téléphoné,
le témoin 31 : Baramubwira bati : « Kuki mwica
abantu ntibapfe ? ».
L’Interprète : On lui a dit :
« Pourquoi vous ne tuez pas les gens qui ne m’aiment pas ? ».
le témoin 31 : Aravuga
ati : « Hari umwana wakururutse aza ahangaha ».
L’Interprète : On lui a dit qu’il
y a une enfant qui a rampé jusqu’ici,
le témoin 31
: Ngo aze ahamagare wa musirikare aze amwice.
L’Interprète : Qu’il appelle son
militaire qu’il vienne l’achever,
le témoin 31 : Namubura,
nawe aze ubwe amurase.
L’Interprète : Et que s’il
ne le trouve pas, qu’il vienne lui-même la fusiller.
le témoin 31 : Yaramubuze,
L’Interprète : Il ne l’a pas trouvé,
le témoin 31 : Kuko yari
umusirikare ngo wo muri ESO adashobora kumwidantifiya.
L’Interprète : Car il ne pouvait
pas identifier,
le témoin 31 : Araza,
L’Interprète : Il est venu,
le témoin 31 : Afata imbunda,
aramurasa.
L’Interprète : Il a pris le fusil
et l’a fusillée,
le témoin 31 : Aramwica
quoi.
L’Interprète : Et il l’a tuée.
le témoin 31 : Ibindi
NKUYUBWATSI atubwira,
L’Interprète : Autre chose que
NKUYUBWATSI nous dit,
le témoin 31 : Ni uburyo
yarari kwa NTEZIMANA.
L’Interprète : C’est la façon
qu’il a été chez NIZEYIMANA.
le témoin 31
: Hanyuma NIZEYIMANA na NTEZIMANA ?
Vincent NTEZIMANA na capitaine NIZEYIMANA bo icyo gihe, bari kwa capitaine
NIZEYIMANA
L’Interprète : A ce moment,
Vincent NTEZIMANA et le capitaine NIZEYIMANA ont été chez le capitaine,
le témoin 31 : Hanyuma
batuma umusirikare ngo ajye kwa KARENZI kwica.
L’Interprète : Ils ont envoyé
le militaire qu’il aille tuer chez KARENZI.
le témoin 31 : Ageze kwa
Vincent,
L’Interprète : Une fois arrivés
chez Vincent,
le témoin 31 : Ayoboza
NKUYUBWATSI kwa KARENZI.
L’Interprète : Il a demandé à…
de lui montrer l’habitation de KARENZI.
le témoin 31 : Hanyuma
NKUYUBWATSI avuga ko atahazi,
L’Interprète : NKUYUBWATSI a dit
qu’il ne savait pas où était cette habitation.
le témoin 31 :
Umusirikare aragenda, ageze mu nzira,
L’Interprète : Il est parti. En
cours de route,
le témoin 31 : Ahura n’umuntu,
L’Interprète : Il a rencontré
une personne,
le témoin 31 : Amuyobora
kwa KARENZI ;
L’Interprète : Qui lui a montré
chez KARENZI ;
le témoin 31 : Ageze kwa
KARENZI arasa umugore we,
L’Interprète : Arrivé chez KARENZI,
il a fusillé sa femme,
le témoin 31 : Akemeza
yuko,
L’Interprète : Et il confirme
que,
le témoin 31 : Ari nawe
ari n’uwo musirikare wagiye kurasa KARENZI,
L’Interprète : C’est le même militaire
qui est allé fusiller KARENZI,
le témoin 31 : Hafi ya
hôtel Faucon.
L’Interprète : Près de l’hôtel
Faucon.
le témoin 31 : Kubwa NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Selon NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Atubwira
yuko,
L’Interprète : Il nous dit que,
le témoin 31 : NIZEYIMANA,
L’Interprète : NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Na NTEZIMANA,
L’Interprète : Et NTEZIMANA,
le témoin 31 : Bari aba
planificateurs kandi bafite imbaraga,
L’Interprète : Etaient des planificateurs,
ils avaient le pouvoir,
le témoin 31 : Bafite
imbaraga, la force.
L’Interprète : La force,
In
le témoin 31 : Akaba rero kuri we,
L’Interprète : Et que selon lui,
le témoin 31 : Ku bwicanyi
bwo kw’i Taba,
L’Interprète : Les tueries de
Taba,
le témoin 31 : Ariho bari
babuyoboye, aribo bombi bari babuyobotse.
L’Interprète : C’est de là qu’ils
les dirigeaient.
Bonaventure
HABIMANA : Akambwira ko yafatiranyaga na NIZEYIMANA,
L’Interprète : Il me dit qu’ils
s’aidaient, survenaient en aide,
le témoin 31 : Hanyuma
mu buryo bwo kwiyambaza, bagafatanya mu buryo bwo gutegura no gupanga,
L’Interprète : Qu’ils collaboraient,
et qu’ils collaboraient dans la préparation et la planification,
le témoin 31 :
Mu buryo bwo gufatikanya,
L’Interprète : De la collaboration,
le témoin 31 : Auteur
et co-auteur.
L’Interprète : Et qu’il était
co-auteur,
le témoin 31 : Mu buryo
bumwe na bumwe ugasanga umwe agiye mu gikorwa undi aramufashije,
L’Interprète : Et que dans une
situation, il était auteur et co-auteur,
le témoin 31 : Ubundi
bategura igikorwa bagafashwamo n’abasirikare,
L’Interprète : Ou alors, quand
il préparait une action pour les militaires,
le témoin 31 : Na NKUYUBWATSI.
L’Interprète : Ainsi que NKUYUBWATSI.
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
akavuga ko ariwe mucivil warimo wenyine,
L’Interprète : NKUKUBWATSI dit
qu’il était le seul civil du groupe,
le témoin 31 : Akavuga
yuko, kubera ko yari yarakoze igisirikare,
L’Interprète : Il dit que comme
il avait été militaire,
le témoin 31 : Bamwizeragaho
kuba yashoboragukorana n’abandi basirikare.
L’Interprète : On lui faisait
confiance, qu’il pouvait travailler avec d’autres militaires.
le témoin 31 : Hanyuma
ariko,
L’Interprète : Mais que,
le témoin 31 : Kubera
ko hari équipe y’abasirikare ishinzwe gufata abasivili bafite imbunda bambaye
igisivile.
L’Interprète : Vu qu’il y
avait une équipe de militaires chargée d’identifier, d’arrêter les civils armés,
le témoin 31 : Biba ngombwa
yuko,
L’Interprète : Il a été nécessaire
que,
le témoin 31 : Capitaine
NIZEYIMANA,
L’Interprète : Le capitaine NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Yaba yarazaniye
NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Aurait apporté
à NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Uniformes
za gisirikare,
L’Interprète : L’uniforme militaire,
le témoin 31 : Akaba arizo
yambaraga bari muri opération yo kwica.
L’Interprète : Et que c’est cet
uniforme qu’il portait lorsqu’il était dans une opération de tuerie,
le témoin 31 : Ndetse
no mu kazi ka SORWAL, iyo yabaga aherekeje amamodoka yabo cyangwa araho bagiye,
akagend’abyambaye.
L’Interprète : Il portait cet
uniforme à la SORWAL quand, notamment, il escortait les véhicules de la SORWAL,
le témoin 31 : Ndibuka
mubyo yatubwiye,
L’Interprète : Je me souviens
que, parmi ce qu’il nous a dit,
le témoin 31 : Capitaine
NIZEYIMANA,
L’Interprète : Que le capitaine
NIZEYIMANA,
Bonaventure
HABIMANA : Ntaho yaracyubahira ubuyobozi bwa gisirikare,
L’Interprète : Ne respectait plus
l’autorité militaire, l’autorité militaire,
le témoin 31 : Ubuyobozi
bwari buyobowe n’umucolonel witwaga le témoin 151,
L’Interprète : L’assurait alors
par un colonel le témoin 151,
le témoin 31 : Nibyo yakoraga
ntiyabaga yabimubajije,
L’Interprète : Et que même ce
qu’il faisait ne devait pas d’abord demander l’autorisation de celui-là,
le témoin 31 : Ku buryo
iyo…
L’Interprète : De telle sorte
que,
le témoin 31 : Abasirikare
ba NIZEYIMANA bakubitanaga n’aba le témoin 151,
L’Interprète : Quand les
militaires de NIZEYIMANA, qui incluaient NKUYUBWATSI, croisaient ceux du témoin 151,
le témoin 31 : Bagiraga
ubwoba,
L’Interprète : Prenaient peur,
le témoin 31 : Barabatinyaga,
L’Interprète : Les craignaient,
le témoin 31 : Bakirukanka
rimwe na rimwe,
L’Interprète : Et qu’ils s’enfuyaient
des fois,
le témoin 31 : Bakavuga
bati : « Turamutse duhuye, baramutse bagize uwo bafatamo nka NKUYUBWATSI
bazi,
L’Interprète : Et disant que s’ils
parvenaient à attraper NKUYUBWATSI qu’ils connaissaient,
le témoin 31 : Kuko
uwo mucolonel le témoin 151 yarazi NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Etant donné que
le témoin 151 connaissait NIZEYIMANA,
le témoin 31
: Akaba yarazi ko aba kwa NIZEYIMANA,
L’Interprète : Et qu’il savait
bien, qu’il savait qu’il vivait chez NTEZIMANA,
le témoin 31
: Bakekaga ko babafashe,
L’Interprète : Il pensait que
s’ils les attrapaient,
le témoin 31 : Bari
kumenya ko ari NIZEYIMANA ufite akandi gace k’abasirikare bakoresha,
L’Interprète : Ils allaient se
rendre compte que NIZEYIMANA avait un autre groupe de militaires sous ses ordres,
le témoin 31 : Akaba yatinya
ibihano bya gisirikare,
L’Interprète : Et qu’il craignait
les sanctions militaires,
le témoin 31 : Yuko
atagendera kuri ordres z’abantu bakuru.
L’Interprète : S’il ne suit pas
les ordres de la hiérarchie.
le témoin 31 : Aho yampaye
urugero nk’igihe bajya kwa KAYITANI,
L’Interprète : A ce sujet, il
m’a donné l’exemple qu’ils se sont rendus chez Gaétan,
le témoin 31 : Ko bagezeyo,
L’Interprète : Qu’une fois arrivés
là-bas,
le témoin 31 : Bagasatirana
n’abasirikare ba le témoin 151.
L’Interprète : Ils en sont venus
aux mains avec les militaires du témoin 151,
le témoin 31 : Bakubitanye
nabo,
L’Interprète : Et qu’ils avaient
croisé,
le témoin 31 : Bashaka
kurasana,
L’Interprète : Et qu’ils ont failli
se tirer dessus mutuellement,
le témoin 31 : Noneho
NKUYUBWATSI nabo basirikare bavuye kwa NIZEYIMANA,
L’Interprète : Et NKUYUBWATSI
et ses militaires qui venaient de NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Babona
ko bikomeye barirukanka.
L’Interprète : Ont vu que c’était
grave et ils ont pris fuite.
le témoin 31 : Bageze
kwa capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : Arrivés chez le
capitaine NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Bavuga
ko bakubitanye n’abasirikare ba le témoin 151 benda kurwana.
L’Interprète : Ils ont dit qu’ils
avaient croisé les militaires du témoin 151, qu’ils ont failli se battre.
le témoin 31 : Noneho
NIZEYIMANA aravuga ati, colonel le témoin 151 aje kureba hano yenda yakumenya,
L’Interprète : Alors, NIZEYIMANA
lui a dit : « Si le colonel le témoin 151 venait voir ici et qu’il te trouvait
ici,
le témoin 31 : Azahita
avuga ko nari nakohereje kwica abantu, nangwa nari nakohereje mu mirimo ya gisirikare.
L’Interprète : Il dit que je t’avais
envoyé tuer des gens alors que je t’avais envoyé dans des opérations… ».
le témoin 31 : Yavuze
yuko, le témoin 151 yavuga yuko nakohereje kwica, wambaye ibya gisirikare kandi utari
umusirikare.
L’Interprète : Il se corrige.
Il a dit que MUVUNI dirait qu’il était envoyé tué en uniforme militaire,
le témoin 31
: NIZEYIMANA ubwo afata umwanzuro,
L’Interprète : NIZEYIMANA alors
a compris la décision,
le témoin 31 : Yo kumuhungiriza
kwa Paul le témoin 40,
L’Interprète : De réfugier chez
le témoin 40,
le témoin 31 : Wo guhungisha
NKUYUBWATSI kwa le témoin 40,
L’Interprète : De réfugier chez
Jean Paul le témoin 40,
le témoin 31 : Kugirango
colonel le témoin 151 aramutse ahaje,
L’Interprète : Pour que si le
colonel arrivait,
le témoin 31 : Ataba yahamusanga,
akamwidentifiya.
L’Interprète : Ne trouvait pas
et ne l’identifie pas.
le témoin 31 : Urundi
rugero yampaye,
L’Interprète : Et l’autre exemple
qu’il m’a fourni,
le témoin 31 : Ni… information
abasirikare bavuye kurasa kwa Docteur le témoin bahaye NIZEYIMANA,
L’Interprète : C’est une information
que les militaires qui venaient tirer des balles chez le Docteur le témoin qu’ils
ont donné à NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Ko bagezeyo,
L’Interprète : Qu’une fois arrivés
là-bas,
le témoin 31 : Batangiye
kurasa,
L’Interprète : Ils ont commencé
à tirer,
le témoin 31 : Ngo bumva agasasu gahise hejuru,
L’Interprète : Et qu’ils ont vu
une balle qui traversait dessus,
le témoin 31 : Bakeka
ko hari indi force iri hirya ishaka kubarasa,
L’Interprète : Ils ont pensé qu’il
y avait une autre force qui était à côté, qui voulait tirer sur eux,
le témoin 31 : Ngo barazamuka
bahunga,
L’Interprète : Et qu’ils sont
montés en fuyant,
le témoin 31 : Bageze
mu rugo bavuga uko byagenze.
L’Interprète : Une fois arrivés
à la maison, ils ont raconté ce qui s’est passé.
le témoin 31 : Ubwo akemeza
yuko,
L’Interprète : Il affirme que,
le témoin 31
: Kuri we,
L’Interprète : Selon lui,
le témoin 31 : Aricyo cyakijije Docteur le témoin,
L’Interprète : C’est cela qui
a sauvé le Docteur le témoin,
le témoin 31 : N’umuryango
we.
L’Interprète : Et sa famille.
le témoin 31 : Kuri NTEZIMANA
rero, kuri Vincent,
L’Interprète : Pour ce qui concerne
Vincent,
le témoin 31 : Muri makeya,
L’Interprète : En un mot,
le témoin 31 : Avuga yuko,
L’Interprète : Il dit que,
le témoin 31 : Imiryango
yose y’abarimu ba université n’indi miryango bari baturanye kw’i Taba,
L’Interprète : Toutes les familles
des professeurs de l’université, ainsi que toutes les familles qui étaient son
voisin, ses voisines à Taba,
le témoin 31 : Cyane
cyane imiryango y’abacivili yarihari yose,
L’Interprète : Surtout toutes
les familles des civils qui étaient là-bas,
le témoin 31 : Niwe
wageragezaga kuvuga umusivile uko yitwara,
L’Interprète : C’est lui qui décrivait
le comportement et qu’il soutient l’ennemi Inyenzi-Inkotanyi,
le témoin 31 : Hanyuma
akaba ariwe utanga uburyo bavuga bati Kanaka napfe, Kanaka napfe,
L’Interprète : Et c’est lui qui
planifiait : tel mourra, tel doit mourir,
le témoin 31 : Ati Kanaka
yaradusize ntitukimubonye,
L’Interprète : Quand untel nous
a échappé, nous n’allons plus le voir, la voir,
le témoin 31
: Afatanyije na NIZEYIMANA ?
L’Interprète : Et ainsi, en collaboration
du capitaine NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Bagatuma
n’abajya kwica iyo miryango.
L’Interprète : Qui envoyait les
gens tuer ces familles.
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
yatwibukije yuko,
L’Interprète : NKUYUBWATSI nous
a rappelé que,
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
yatubwiye yuko, igihe kimwe bavuye kwa NTEZIMANA,
L’Interprète : Une fois qu’il
est rentré chez… kwa nde ?
le témoin 31 : Bavuye
kwa Vincent bagiye kwa capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : Pour aller chez
le capitaine,
le témoin 31 : Bahingutse
kuri barrière,
L’Interprète : Ils sont arrivés
à une barrière,
le témoin 31 : Iyo barrière,
abari kuri barrière bari bafashe umusore,
L’Interprète : Et des gens qui
étaient à cette barrière avaient attrapé un jeune homme,
le témoin 31 : Umusore
bari bamufashe barimo kureba ibyangobwa bye, bibaza aho ava naho ajya,
L’Interprète : Ils entraient pour
vérifier les pièces d’identité de ce jeune homme et demander d’où il venait
et où il allait.
le témoin 31 : Ngo barahageze
nabo barahagarara,
L’Interprète : Arrivés là-bas,
ils se sont arrêtés,
le témoin 31 : Bari kumwe
na le témoin 118, bari kumwe na Yohani-Maria le témoin 142,
L’Interprète : Ils étaient avec
chez Jean-Marie VALLOIS,
le témoin 31 : NTEZIMANA
Vicenti,
le témoin 31 : (Afata
indangamuntu y’uwo musore) ayihereza NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Vincent a pris
la carte d’identité de ce jeune homme-là,
le témoin 31 : Arongera
aravuga ati turebe ko yambaye amapantalo abiri kuko Inkotanyi zambara amapantalo
abiri,
L’Interprète : Et il ajouté de
vérifier qu’il ne porte pas deux pantalons, vu que les Inkotany portent d’habitude
le témoin 31 : Basanze
rero ngo afite ipantalo yind’imbere,
L’Interprète : …
le témoin 31 : Abwira
NKUYUBWATSI ati mpereza indanga muntu y’iyi nyenzi, ariyimuha, arangije arababwira
ati : « Kandi se ko mureba, murabona atari inyenzi, murabona ko ari
inyenzi, ko yambaye amapantaro abiri ? ».
L’Interprète : « Cet Inyenzi
et puis vous-même vous ne voyez pas que c’est un Inyenzi : il porte deux
pantalons… ? ».
Bonaventure
HABIMANA : Hanyuma ubwongubwo aravuga ati : « Mutegereje
iki kindi…
L’Interprète : Il a ajouté « Qu’est-ce
que vous attendez d’autre…
le témoin 31 : Ati : « …Ntimubona
ko ari Inyenzi ? ».
L’Interprète : …Vous ne voyez
pas que c’est un Inyenzi ? ».
le témoin 31 : Hanyuma
ubwo baragiye,
L’Interprète : Et après,
ils sont partis,
le témoin 31 : Basiga
bamukubita cyane,
L’Interprète : Ils l’ont laissé,
alors qu’on le tabassait fort,
le témoin 31 : Hanyuma
ngo baje kugaruka bagarutse kwa Vincent,
L’Interprète : Aller-retour chez Vincent,
le témoin 31 : Bavuye
kwa captaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : De chez le capitaine
NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Basanga
ngo yarangije kwicwa.
L’Interprète : Ils ont trouvé
qu’il avait déjà été tué.
le témoin 31 : Ubwo yatubwiye
yuko,
L’Interprète : Et alors, il nous
a dit que,
le témoin 31 : Mu
manama y’impuzashyaka bagiraga ashyigikiye Leta y’abatabazi,
L’Interprète : Parmi ces réunions
de la coalition des partis politiques qui soutenaient le gouvernement intérimaire,
le témoin 31 : Abarimu
ba université yibutse ngo bahoraga muri ayo manama,
L’Interprète : Les professeurs
d’université se rencontraient dans ces réunions,
le témoin 31 : Ngo yibutse
uwitwa le témoin 93,
L’Interprète : Et parmi eux, il
s’est souvenu,
le témoin 31
: Mbibutse ko nawe afungiwe i Butare,
L’Interprète : Je vous rappelle
que celui-là est aussi incarcéré à Butare,
le témoin 31 : Akaba
kandi ngo yarumvaga n’uwitwa Damiyani,
L’Interprète : Il entendait aussi
parler d’un certain Damien,
le témoin 31
: Nawe ufungiye i Butare, ubu urimo uburana,
L’Interprète : Lui aussi est arrêté
à Butare, son procès est en cours,
le témoin 31 : Nkabibutsa
na none yuko,
L’Interprète : Je vous rappellerai
également que,
le témoin 31 : Amaze
kutubwira ko bari bafatanyije na le témoin 93,
L’Interprète : Quand il nous
a dit qu’ils ont collaboré avec le témoin 93,
le témoin 31 : Nagiye
kureba mu dossier ya le témoin 93 ko nabonamo NTEZIMANA Vincent,
L’Interprète : Je suis allé vérifier
dans le dossier du témoin 93 si je pouvais trouver le nom de NTEZIMANA Vincent,
le témoin 31 : Nsanga
inyandiko-mvugo isa niyo nakuye mu yindi dossier ya le témoin 129,
L’Interprète : Et j’ai trouvé
que le procès-verbal semblable à celui que j’avais trouvé dans un autre dossier
du témoin 129,
le témoin 31 : Ivuga yuko,
L’Interprète : Précisant que,
le témoin 31 : NTEZIMANA
Visenti yajyanye n’abasirikare ku witwa NDUWUMWE,
L’Interprète : NTEZIMANA Vincent
est allé en compagnie de militaires chez un certain NDUWUMWE Victor,
le témoin 31 : Ngo baharasa
umwana n’umugore.
L’Interprète : Et qu’ils avaient
tiré sur un enfant et une femme.
le témoin 31 : Muri
make, ibyo yagiye ambwira kuri NTEZIMANA Vincent, harimo n’ibinindi,
L’Interprète : En un mot, ce qu’il
m’a dit sur Vincent NTEZIMANA et d’autres,
le témoin 31 : Byose bijya
bikubiye ahongaho.
L’Interprète : D’autres qui tournent
autour de ça.
le témoin 31 : Tugarutse
kuri Alphonse HIGANIRO,
L’Interprète : Revenant sur
Alphonse HIGANIRO,
le témoin 31 : Wari inshuti
ya NTEZIMANA Vincent,
L’Interprète : Qui était ami de
NTEZIMANA Vincent,
le témoin 31 : Akaba inshuti
ya capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : Qui était ami du
capitaine NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Byatumye
NIZEYIMANA, igihe yahamagaraga NKUYUBWATSI amuzana i Butare, mu gihe yaramaze
guhunga aho Inkotanyi zafashe,
L’Interprète : Ce qui a fait que
quand NIZEYIMANA venait de fuir à Butare, NKUYUBWATSI, qui venait de là où les
Inkotanyi,
L’Interprète : Qui étaient déplacés
de guerre,
le témoin 31 : Amugejeje
i Butare yagiye kumusabira akazi muri SORWAL,
L’Interprète : Une fois qu’il
l’avait amené à Butare, il est allé lui demander du travail à la SORWAL,
le témoin 31 : Kubera
ubucuti yarafitanye na Alphonse HIGANIRO,
L’Interprète : A cause de l’amitié
qui le liait à Alphonse HIGANIRO,
le témoin 31
: We avuga ko atateganyije kukabona,
L’Interprète : Il a dit que
ça n’a pas pris longtemps pour trouver ce travail,
le témoin 31 : Ndetse
we kubwe, akaba yarazamukaga vuba kubera yuko bari baziranye.
L’Interprète : Et qu’en promotion,
puisqu’ils se connaissaient.
le témoin 31 : Akavuga
yuko,
L’Interprète : Il ajoute que,
le témoin 31 : Ku
mushahara we wambere, yafashe umushahara we ntiyagira ikindi awukoresha,
L’Interprète : Il n’a rien fait
d’autre de son premier salaire,
le témoin 31 : Yaguze
inzoga, agura n’ihene,
L’Interprète : Qu’il a acheté
la bière et la chèvre,
le témoin 31 : Arabiteguza,
L’Interprète : Qu’il a fait préparé,
Bonaventure
HABIMANA : Ajya gushimira abamuhaye akazi n’abamugegejeyo,
L’Interprète : Qu’il est allé
remercier ceux qui lui avaient donné du travail et ceux qui l’avaient introduit,
le témoin 31 : Bitya bagira
umusangiro wa kivandimwe,
L’Interprète : Ils ont partagé
en frères,
le témoin 31 : Hari Alphonse
HIGANIRO,
L’Interprète : Il y avait alors
Alphonse,
le témoin 31 : Wari directeur
général we,
L’Interprète : Qui était son directeur
général,
le témoin 31 : Hari
capitaine NIZEYIMANA wamusabiye akazi kandi banabanye mbere,
L’Interprète : Il y avait le capitaine
qui lui avait cherché ce travail et qui l’avait hébergé avant,
le témoin 31 : Hari na
Vicenti NTEZIMANA wari inshuti yabo bose.
L’Interprète : Il y avait
aussi Vincent NTEZIMANA qui était leur ami commun.
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
yatubwiye yuko akigera muri SORWAL yasanze yarangaje abandi bantu b’Interahamwe
benshi,
L’Interprète : NKUYUBWATSI nous
a dit qu’à son arrivée à la SORWAL, il a trouvé qu’on avait engagé,
le témoin 31 : Interahamwe
zayoborwaga na prezida w’Interahamwe muri Mbazi witwaga Deo,
L’Interprète : Desquels il y avait
le président dans la commune de Mbazi
le témoin 31 : Abo bantu
bakaba baraho bakora akazi muri za cartouches,
L’Interprète : Et que ces
gens faisaient là-bas du travail dans des cartouches,
le témoin 31 : Ngo wari
umurimo wo gupfuka ibibiriti.
L’Interprète : Ce travail-là
consistait à emballer les allumettes.
le témoin 31 : Hanyuma
bakaba bakoraga ari 20,
L’Interprète : Ils y travaillaient
au nombre de 20,
le témoin 31 : Bayoborwa
n’umuyobozi w’Interahamwe muri komine Mbazi iri hafi y’umugi aho,
L’Interprète : Dirigés par le
chef de la commune de Mbazi, qui est non loin de la ville,
le témoin 31 : Witwa Deo.
L’Interprète : Du nom de Déo.
le témoin 31 : Muri
iyo minsi yangaje n’umuserija w’umusirikare witwa MUHUTU,
L’Interprète : Dans ce jour-là,
il a engagé un autre militaire du nom de MUHUTU, un sergent,
le témoin 31 : Hanyuma
amushakira pistolet,
L’Interprète : Il lui a cherché
un pistolet,
le témoin 31 : Amushyira
ahongaho nk’ushinzwe sécurité,
L’Interprète : Il a mis, attaqué
l’agent de sécurité,
le témoin 31
: Akajya anamuherekeza, bakabana no mu rugo gutyo,
L’Interprète : Et qu’il escortait
qui vivait avec lui à la maison,
le témoin 31 : Kubwa NKUYUBWATSI
rero,
L’Interprète : …
le témoin 31 : Akatubwira
yuko Alphonse HIGANIRO,
L’Interprète : Il nous dit qu’Alphonse
HIGANIRO,
le témoin 31 : Yari
umuntu ukomeye cyane muri MRND ku rwego rw’igihugu,
L’Interprète : Etait un homme
très important dans le MRND au niveau national,
le témoin 31 : Wari
mu bayobozi bayo mu gihugu,
L’Interprète : Qu’il était parmi
les plus hauts responsables au niveau national,
le témoin 31 : Akaba
yarafite ibitekerezo bya extrémisme hutu,
L’Interprète : Et qu’il avait
une idéologie extrémisme Hutu,
le témoin 31 : Yatumye
hari umusekereteri umwe yashakaga kwirukanisha, avuga ati : « Abona
amabanga yanjye muri fax, akayajyana muri PL », izina ndaryibagiwe,
L’Interprète : Qui a fait qu’il
avait une secrétaire qu’il a failli renvoyer qui disait qu’elle recevait les
fax et qu’elle allait communiquer les secrets au PL,
le témoin 31 : Parti libéral.
L’Interprète : Le Parti libéral,
le témoin 31 : Ni parti
yavugaga ko irimo abatutsi,
L’Interprète : Le parti qui est,
lui, composé des Tutsi,
le témoin 31 : Akongera
akagaragaza yuko,
L’Interprète : Et il explique
que,
le témoin 31 : Igihe
k’itsembabwoko n’itsembatsemba,
L’Interprète : Pendant la période
du génocide, du massacre,
le témoin 31 : Ubwo
abatutsi batari bagishobora kugera ku kazi,
L’Interprète : Au moment
où il était devenu impossible aux Tutsi d’arriver au travail,
le témoin 31 : Yandikiye
directeur technique witwaga Martini,
L’Interprète : Il a écrit une
lettre à son directeur technique qui s’appelait Martin,
le témoin 31 : Amubwira
yuko abo bantu bataza ku kazi, batongera kubahemba kubera yuko atari abakozi.
L’Interprète : Lui disant que
ces gens qui ne venaient plus au travail, qu’on arrête leur salaire puisque
ce n’était plus des agents.
le témoin 31 : Ikindi
kintu yatubwiye kuri Alphonse HIGANIRO,
L’Interprète : Une autre chose
qu’il nous a dite concernant HIGANIRO,
le témoin 31 : Nuko
le témoin 32, bamaze kumurasa indege ikagwa,
L’Interprète : C’est que quand
on a tiré sur le témoin 32 et que l’avion a été descendu,
le témoin 31 : Alphonse
HIGANIRO abimenye yaje kwa capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : Quand Alphonse
HIGANIRO l’a appris, il est venu chez le capitaine,
le témoin 31 : Ahahurira
na Vincent NTEZIMANA,
L’Interprète : Et qu’il y a rencontré
Vincent NTEZIMANA,
le témoin 31 : Batangira
gusangira ikirahure cy’ikiriyo,
L’Interprète : Qu’on a commencé
à partager un verre de deuil,
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
akavuga ko nawe yaraho muri salon,
L’Interprète : Et que NKUYUBWATSI
dit que lui-même était présent au salon,
le témoin 31 : Ko
basangiraga batamuhezaga,
L’Interprète : Qu’on partageait,
qu’on ne le mettait pas à l’écart,
le témoin 31 : Baza
kubona telefone ivuye i Kigali y’umu capitaine witwa KABERA wari garde du corps
wa prezida le témoin 32 ?
L’Interprète : Qu’alors, le téléphone
a sonné de Kigali du capitaine du nom… qui était garde du corps du président
le témoin 32 ?
le témoin 31 : Hanyuma
telefone yakirwa na capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : Alors, le téléphone
fut pris par le capitaine NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Amaze
kuyakira, arababwira ati : « Capitaine KABERA aranterefonye…
L’Interprète : Alors, après la
communication il a dit : « Le capitaine vient de me téléphoner…
le témoin 31 : …Amaze
kunterefona ambwira ko indege y’le témoin 133 yaguye…
L’Interprète : …Il m’a dit que
l’avion du père vient d’être descendu…
le témoin 31 : …Ko
nta kindi, ari abatutsi bayigushije…
L’Interprète : …Qu’il n’y a pas
à chercher ailleurs, que c’étaient des Tutsi qui venaient de l’abattre…
le témoin 31 : …Ko
i Kigali batangiye nabo kubica, bivanja babica, babafata, kugirango bataza nabo
kugira icyo babatwara ».
L’Interprète : Que à Kigali ils
avaient commencé à les tuer, à les prendre pour que eux aussi subissent problèmes ».
le témoin 31 : Hanyuma,
ubwo ngubwo NIZEYIMANA yavuze ibyo yumvise kuri telefone,
L’Interprète : Et alors, NIZEYIMANA
a raconté ce qu’il venait d’entendre au téléphone,
le témoin 31 : Alphonse
HIGANIRO ahita ababwira ati : « None se twe dukore iki, kuki
twebwe tutatangira kugira icyo dukora ? ».
L’Interprète : Alphonse HIGANIRO
lui a dit aussitôt : « Et nous, qu’est-ce que nous faisons, pourquoi
on ne commence pas à dire quelque chose ? ».
le témoin 31 : Ko
ino ahangaha hari akarere karimo abantu benshi bashyigikiye Inkotanyi kandi
karimo abatutsi benshi».
L’Interprète : Vous voyez, ici
c’est une région qui soutient les Inkotanyi et qui compte beaucoup de Tutsi.
le témoin 31 : Akavuga
yuko icyo gihe mu minsi micye, we n’umuryango we bajyanye na cortège yarijyanye
colonel, sinsi niba yarari colonel, yajyanye n’uwarugiye kuba chef d’état major
witwa le témoin 27,
L’Interprète : Il a dit qu’à cette
époque lui et sa famille sont partis dans un cortège qui prenait le colonel,
je ne sais pas si c’était un colonel qui allait devenir le chef d’état major
du nom du témoin 27,
le témoin 31 : N’uwari
président w’inteko ishinga amategeko, bari bagiye kugira président,
L’Interprète : Ainsi que celui
qui était président de l’Assemblée nationale qui allait devenir président,
le témoin 31
: Ajya i Kigali gutyo.
L’Interprète : Et il est parti
à Kigali de cette façon.
le témoin 31 : Ajya
mu kiriyo cya sebukwe wari waguye mu ndege ya le témoin 32,
L’Interprète : Il est allé au
deuil de son beau-père qui était mort dans l’avion du témoin 32,
le témoin 31 : Ko
uwo sebukwe yari muganga wihariye wa président le témoin 32 bari bajyanye Dar
es-Salaam mu nama,
L’Interprète : Parce que comme
son beau-père était également médecin du président le témoin 32, était parti
à Dar es-Salaam dans une réunion au sommet,
le témoin 31
: Yitwa AKINGENEYE,
L’Interprète : Il s’appelle AKINGENEYE,
le témoin 31 : Akomeza
ikiriyo, ubwo yahavuye ajya ku Gisenyi.
L’Interprète : Il a continué le
deuil, il aurait quitté pour aller à Gisenyi,
le témoin 31 : Igihe
kimwe rero,
L’Interprète : Et à un certain
moment,
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
na le témoin 40 bagiye ngo kugurisha ikamyoneti Daihatsu y’ibibiriti ku
Gisenyi.
L’Interprète : NUKUBWATSI et Jean-Paul
le témoin 40 sont allés à Gisenyi vendre des boites d’allumettes qui étaient dans
une camionnette.
le témoin 31 : Bamaze
kubigurisha ngo bajya kwa HIGANIRO Alphonse,
L’Interprète : Après la vente,
ils se sont rendus chez HIGANIRO Alphonse.
le témoin 31 : Bagezeyo,
ngo bamuha igice kinini cy’amafaranga bari bakuye muri ibyo bibiriti.
L’Interprète : Arrivés chez lui,
on lui a donné une grande partie de l’argent fruit de la vente de ces allumettes.
le témoin 31 : Bamaze
kukimuha,
L’Interprète : Après lui avoir
donné cette partie,
le témoin 31 : Bari
aho ngaho,
L’Interprète : Alors qu’ils étaient
encore là,
le témoin 31 : Nibwo
ngo yabaganiriye, imodoka zizanwa n’Interahamwe zikuye i Kigali.
L’Interprète : C’est à ce moment
qu’il leur a parlé de véhicules qui étaient là, amenés de Kigali.
le témoin 31 : Avuga
nk’umuntu w’umudiplomate wa CPGL,
L’Interprète : Lui parlait en
qualité d’un diplomate de la CPGL,
le témoin 31 : Ko
izo modoka azambutsa, akazijyana i Goma, bakazigurisha ku buryo bworoshye.
L’Interprète : Qu’il faisait
traverser ce véhicule et le vendre sans difficultés à Ngoma.
le témoin 31 : Ni
nukonguko ngo yagurishije imodoka ya SORWAL, Ford Forana,
L’Interprète : C’est ainsi qu’il
a aussi vendu un véhicule de marque Sorana de la SORWAL, véhicule de marque
Forana de la SORWAL,
le témoin 31 : Amaze
kuyigurisha, amafaranga ayashyira ku mufuka, yiyizira mu Bubiligi.
L’Interprète : Qu’il a pris cet
argent après la vente pour venir en Belgique.
le témoin 31 : Ubwo
umugore yari yaraje mbere.
L’Interprète : Son épouse était
venue avant.
le témoin 31 : Hari
icyo ntari navuze kuri Vincent,
L’Interprète : Il y a une chose
que je n’avais pas dite de Vincent,
le témoin 31 : Yatubwiye
uburyo muri génocide,
L’Interprète : Il nous a dit la
façon pendant le génocide,
le témoin 31
: Ariko i Butare bataratangira kwicana,
L’Interprète : Mais alors que
les tueries n’avaient pas encore commencé à Butare,
le témoin 31 : Yafashe
camion y’umugore wari umaze guhungira i Burundi.
L’Interprète : La façon dont il
a pris un camion d’une femme qui venait de se réfugier au Burundi.
le témoin 31 : Izina
riri muri dossier, sindyibuka,
L’Interprète : Le nom se trouve
dans le dossier, j’ai oublié.
le témoin 31 : Ngo
yari yuzuye amakaziye,
L’Interprète : Le camion était
rempli de caisses
le témoin 31 : Amakaziye
y’inzoga za BRALIRWA,
L’Interprète : De bières,
le témoin 31 : Uwo
mugore yari yayishyizemo agirango azajye kurangura, génocide itangira bataragenda.
L’Interprète : La femme avait
changé pensant qu’elle allait chercher de la bière à la BRALIRWA, et puis le
génocide a commencé.
le témoin 31 : NTEZIMANA
Vincent, amakaziye aragenda ayagurisha iwabo, ahantu bita i Ngororero,
L’Interprète : NTEZIMANA a alors
pris ces caisses pour aller les vendre chez lui à un endroit dit.
le témoin 31 : Ni
sous-préfecture iraho muri Gisenyi.
L’Interprète : C’est une sous-préfecture
qui se trouvait là-bas à Gisenyi.
le témoin 31
: Ngo amaze kuyagurisha, agura ibirayi noneho
abizana i Butare.
L’Interprète : Après la vente,
il a alors acheté les pommes de terre qu’il a amenées à Butare.
le témoin 31 : Amafaranga
avuyemo, ayagabana na NIZEYIMANA.
L’Interprète : L’argent qu’il
a trouvé de cette vente, il a été partagé entre lui et NIZEYIMANA.
le témoin 31 : Akavuga
yuko,
L’Interprète : Il ajoute que,
le témoin 31 : Avuye
aho ngaho i Ngororero nibwo yabwiye abantu b’i Butare ngo bari bataratangira
kwicana,
L’Interprète : Après son retour,
il a dit à la population, aux gens qu’ils n’avaient pas encore commencé à tuer,
le témoin 31 : Yabwiye
abantu bari kwa NIZEYIMANA mu rugo,
le témoin 31 : Il a dit alors chez NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Na
NKUYUBWATSI ngo yarahari,
L’Interprète : Et NKUYUBWATSI
était présent,
le témoin 31 : Avuga
ati : « Iwacu, kwicana, ibintu byo kwica inyenzi, kwica iki,
bigeze kure »,
L’Interprète : Chez nous, il disait :
« Chez nous, le fait de tuer les Ingenzi peut tuer ceci déjà à un niveau
avancé…
le témoin 31 : Ati : « …Ino
ahangaha ntakirakorwa ».
L’Interprète : …Ici, je ne comprends
pas la raison pour laquelle rien n’a été fait ».
le témoin 31 : Hanyuma
akavuga yuko yari umuntu wakundaga kubaha informations z’ubwicanyi zo muri université
na he hose.
L’Interprète : Il dit que c’est
lui la personne qui leur fournissait des informations concernant les tueries.
le témoin 31 : Yambwiye
ibintu byinshi cyane kuko namubajije pages 19 yose.
L’Interprète : Il m’a dit beaucoup
de choses, car l’interrogatoire s’étend sur 19 pages.
le témoin 31 : Abimbwira,
birumvikana, nari mfite n’andi madosiye cyane cyane ntereta,
L’Interprète : Il m’a dit… vous
comprenez, j’ai aussi d’autres dossiers que je traite,
le témoin 31 : Ntabwo
nabasha kubisubiramo byose.
L’Interprète : Je ne pourrai pas
le répéter dans son entièreté.
le témoin 31 : Muranyexcusa,
ibyo ntavuze, nshobora mu bibazo wenda bari bumbaze.
L’Interprète : Vous allez m’excuser,
ce que je n’ai pas dit que je pourrai le dire dans les réponses aux questions
posées.
le témoin 31 : Murakoze.
L’Interprète : Je vous remercie.
Le Président : Bien, y a-t-il
des questions à poser au témoin ? Maître CARLIER ?
Me. CARLIER : Merci, Monsieur
le président. Le témoin peut-il dire s’il y a eu un autre interrogatoire de
Innocent NKUYUBWATSI que celui du 22 mars 2001 ?
Le Président : Monsieur HABIMANA,
nous avons reçu dans le dossier l’interrogatoire que vous avez fait de Monsieur
NKUYUBWATSI, le 22 mars 2001. Existe-t-il éventuellement un autre interrogatoire
que vous auriez fait à une autre date ?
le témoin 31 : Ubundi,
ntabwo namubajije umunsi umwe.
L’Interprète : En fait, je ne
l’ai pas interrogé en un seul jour.
le témoin 31 : Nkuko,
abakora enquête barabizi bigenda,
L’Interprète : Comme le savent
ceux qui font des enquêtes,
le témoin 31 : Uburyo
bwo kwegera umuntu bwonyine burakomeye.
L’Interprète : Le fait de la prochaine
personne interrogée, c’est déjà difficile.
le témoin 31 : Cyane
cyane ku muntu wakoze icyaha nk’icya génocide kitazima, kiba aho ngaho kiri
ku muntu.
L’Interprète : Surtout une personne
qui a commis un crime comme le génocide qui ne s’éteint jamais, qui continue
toujours à peser sur la personne.
le témoin 31 : Nagize
umunsi nibura wo kumwimenyesha,
L’Interprète : J’ai eu au moins
un jour de me faire connaître à lui,
le témoin 31 : Muri
uwo munsi, nibwo namwibukije yuko twize ku kigo kimwe kuko yize inyuma yanjye
cyane, nari imbere ye,
L’Interprète : Ce jour-là, c’est
à ce jour-là que je lui ai dit que nous avons fréquenté le même établissement
qui était loin cet établissement,
Bonaventure
HABIMANA : Kugirango yibuke ko hari ubucuti
twagiranye, yekunyishisha ambwize ukuri.
L’Interprète : Car pour qu’il
se rappelle qu’on a eu une amitié dans le temps, qu’il ait confiance en moi,
qu’il me dise la vérité.
le témoin 31 : Nageze
n’igihe cyo kumusobanurira mu mategeko y’Urwanda, icyo bita kwirega no kwemera
icyaha,
L’Interprète : J’ai eu aussi
l’occasion de lui expliquer, selon la loi rwandaise, la notion de plaidoirie
de culpabilité,
le témoin 31 : Itegeko
ngenga ryo muri 96 mu kwa munani,
le témoin 31 : Kugirango
yumve ko niyemera icyaha, tukaganira neza, tuzagira uburyo tumugabanyiriza ibihano
mu rukiko.
L’Interprète : La loi organique
de 96 au mois d’août pour qu’il sache que s’il plaide coupable, il y a une possibilité
de diminuer ses peines au niveau du tribunal.
le témoin 31 : Kugirango
kandi mwumvishe ko iyo wemeye icyaha, ugerageza kutubwira ukuri kose kuri génocide,
kugirango tukubabarire kubera ko wafashije ubutabera.
L’Interprète : C’était une façon
aussi de lui dire que s’il plaide coupable, il dit toute la vérité concernant
le génocide, pour que ces peines puissent être réduites, puisqu’il a aidé la
justice.
le témoin 31 : Uwo
munsi wose wabaye uwa prise de contact,
L’Interprète : Surtout, toute
cette journée fut consacrée à la prise de contact,
le témoin 31 : Turamenyana,
mujyana no kujya kurya,
L’Interprète : Nous nous sommes
bien connus, je l’ai même invité à manger ensemble,
L’Interprète : Oya, ntabwo
twasangiye. Namujyanye kurya muri restaurant hanyuma mujyana ahantu ho gufungirwa.
L’Interprète : Je l’ai emmené
au restaurant et puis je l’ai emmené là où il devait être emprisonné.
le témoin 31 : Nibura
atangira kubona ko nawe mwitayeho, nawe yemeza kunyumva ko atari ku mumenasa…
L’Interprète : Au moins, il a
commencé à voir que je m’occupais de lui, que c’était pas une façon du menacer.
le témoin 31 : Inshuro
ya kabiri, naramubajije kuri uwo munsi,
L’Interprète : La deuxième fois,
ce jour là, je lui ai demandé,
le témoin 31 : Kubera
ko nagendaga gahoro gahoro kugirango ambwize ukuri kandi no kumunaniza tugende
twungurana ibitekerezo gahoro gahoro,
L’Interprète : Comme j’y allais
étape par étape, afin de ne pas le fatiguer pour que nous puissions nous comprendre
petit à petit,
le témoin 31 : Umunsi
wa mbere warangije ntarangije kumubaza,
L’Interprète : A la fin de la
première journée, je n’avais pas encore pu l’interroger,
le témoin 31 : Ngirango
nari ndangije kubaza nka pages 10 gutyo.
L’Interprète : Je pensais que
je venais d’interroger sur plus ou moins dix pages.
le témoin 31 : Mujyana
aho yagombaga kuba afungiwe by’agateganyo,
L’Interprète : Je l’ai emmené
là où il devait être emprisonné provisoirement, détenu provisoirement.
le témoin 31 : Hanyuma
bukeye,
L’Interprète : Et le lendemain,
le témoin 31 : Imodoka
iragenda, iramuzana, ndongera ndamubaza.
L’Interprète : La voiture est
allée le chercher et je l’ai interrogé encore une fois.
le témoin 31 : Ni
ukuvuga rero ko muri make namubajije umunsi umwe, namubajije…
L’Interprète : C’est-à-dire que
je ne l’ai pas interrogé en un jour, je l’ai interrogé…
Le Président : Oui mais, cet interrogatoire
en deux jours fait l’objet d’un seul écrit, d’un seul procès-verbal écrit ?
L’Interprète : Ni ukuvuga ko ibyo
bibazo, interrogatoire yamaze iminsi ibiri, ikubiye mu nyandiko imwe ?
le témoin 31 : Iyo
interrogatoire yakozwe iminsi ibiri, ikubira mu nyandiko imwe,
L’Interprète : Cet interrogatoire
qui a duré deux jours est contenu dans un seul document,
le témoin 31 : Cyokora
na none akantu gatoya nakongeraho,
L’Interprète : Mais une petite
chose que j’ajouterais,
le témoin 31 : Nuko
namubajije kubera dossier narimfite i Butare,
L’Interprète : C’est que je l’ai
interrogé à cause du dossier que j’avais à Butare,
le témoin 31 : Haramutse
hari undi mugenzacyaha cyangwa umushinjacyaha waba warigeze amubaza, akohereza
dossier hano,
L’Interprète : Que s’il y avait
un autre officier de la police judiciaire… ?
le témoin 31 : Donc,
un autre officier de la police judiciaire et officier du ministère public waba
waramubajije,
L’Interprète : Qu’il l’aurait
interrogé avant,
le témoin 31 : Wenda
akaba yarohereje dossier hano,
L’Interprète : Et qui aurait envoyé
le dossier ici, c’est-à-dire en Belgique,
le témoin 31 : Mukaba
muyifite ntayifite.
L’Interprète : Et que vous l’aurez
et que je ne l’ai pas,
le témoin 31 : Ntibyaba
ari igitangaza.
L’Interprète : Ca ne serait pas
étonnant.
Le Président : Nous ne disons
pas que nous avons plus de documents que vous !
L’Interprète : Ntabwo bavuga ko
bafite amadocuments aruta ayawe.
Le Président : De la connaissance
de la pratique judiciaire qu’a le témoin, lorsque quelqu’un plaide coupable
et qu’en plus il accuse d’autres personnes comme étant ses supérieurs dans l’organisation
du génocide, est-ce que la peine est encore un peu plus petite que s’il s’accusait
tout seul ?
L’Interprète : Bitewe nibyo uzi
ku mikorere y’ubucamanza mu Rwanda, iyo umuntu yemeye icyaha, ndetse akavuga
n’abandi bari bamuri hejuru mu gukora icyo cyaha, ibyo bituma igihano ahabwa
kiba gitoya kurushaho ?
le témoin 31
: Biterwa n’icyaha icyo aricyo.
L’Interprète : Ca dépend du crime.
le témoin 31 : Ubundi
twagiraga ibyaha iwacu twita « Les infractions du droit commun »,
L’Interprète : du droit commun.
Avant nous,
le témoin 31 : Ibyaha
bisanzwe,
L’Interprète : On avait des crimes,
des crimes ordinaires,
le témoin 31 : Kubera
rero iyo génocide yabaye,
L’Interprète : Mais à cause du
génocide qui est survenu,
le témoin 31 : Itegeko
ngenga ryo muri 96,
L’Interprète : La loi organique
de 96,
le témoin 31 : Ryatumye
dushyiraho, mu mategeko y’Urwanda,
L’Interprète : A fait que
nous avons introduit dans la législation rwandaise,
le témoin 31 : Icyo
bita ingeruko zihariye,
L’Interprète : Ce qu’on appelle
les chambres spécialisées,
le témoin 31 : Zizita
ku cyaha cya génocide gusa.
L’Interprète : Qui vont s’occuper
uniquement du crime du génocide.
le témoin 31 : N’ukuvuga
ko haraho byageze,
L’Interprète : C’est-à-dire qu’à
un certain moment,
le témoin 31 : Kubera
yuko génocide ikorwa, bayikora ntabwo, ubundi iyo umuntu akubise undi ako kanya
cyangwa amwishe, duhita dukurikirana enquête tukabona ibimenyetso ako kanya.
L’Interprète : Comme on faisait
des génocides, d’habitude quand quelqu’un frappe quelqu’un ou tue quelqu’un,
immédiatement nous suivons, nous avons des preuves immédiates,
le témoin 31 : Tukamushyira
mu rukiko tufite ibimenyetso tubonye ako kanya, agifite ibyo twafatiriye,
L’Interprète : Je l’emmenais
au tribunal et des preuves palpables fraîches,
le témoin 31 : Des
indices de culpabilité,
Le Président : Des indices… ?
le témoin 31 : Donc
des indices de culpabilité, même des saisies comme ça,
Le Président : Oui ?
le témoin 31 : Muri
génocide ho n’urundi rwego, ntabwo tuba tubifite, kuko n’ibintu byabaye mbere
tudahari.
L’Interprète : Mais pendant le
génocide, c’est un autre ordre puisque ce sont des choses qui se sont passées
bien avant, au moment où nous n’étions pas là.
le témoin 31 : Ibimenyetso
tubona byinshi, ni témoignages z’abantu,
L’Interprète : Les indices, ce
sont des témoignages des gens,
le témoin 31 : Bikaturushya
kuyigaho cyane kubera yuko ari ibintu baba barakoze, bavuga gutya, tukagerageza
kubyigaho.
L’Interprète : Et c’est difficile
de les analyser puisque ce sont des choses qui disent comme ça, d’examiner.
le témoin 31 : Niyo
mpamvu habaye ngombwa yuko igihe kimwe, Leta y’Urwanda itekereza yuko, umuntu
uzatubwira ukuri kuri génocide yarayikoze, yamara kwemera, akarega abandi,
L’Interprète : C’est ainsi qu’à
un certain moment, nous avons l’Etat rwandais qui a décidé que si quelqu’un
plaide coupable,
le témoin 31
: Yemera, akavuga abo bafatanyije, byose…
L’Interprète : Ceux qui ont collaboré
avec lui et ce qu’il a vu,
le témoin 31 : Ko
uwo muntu,
L’Interprète : Que cette personne-là,
le témoin 31 : Azagira
uburyo akurikiranwa,
L’Interprète : Sera poursuivie
d’une certaine façon,
le témoin 31 : Agafasha
abanyarwanda n’ubutabera kumenya ibyabaye, kuko yarahari abyirebera,
L’Interprète : Et qu’il aide les
Rwandais et la justice puisque ce qui s’est passé, il était témoin oculaire,
le témoin 31 : Hanyuma
justice nayo ikagira ikintu cyo kuvuga iti : « Tuzamugabaniriza
dukurikije urwego ariho »,
L’Interprète : Et la justice aussi
considère qu’on va diminuer cette peine suivant la catégorie dans laquelle il
se trouve,
le témoin 31 : Ku
buryo,
L’Interprète : De telle sorte,
le témoin 31 : Mu
mategeko ya génocide mu Rwanda tugira ubundi catégorie ya mbere n’iya kabiri
niya gatatu n’iya kane.
L’Interprète : Que la loi du génocide
au Rwanda, nous avons la première, la deuxième, la troisième, la quatrième catégorie.
le témoin 31 : Noneho,
dukurikije catégorie arimo,
L’Interprète : Suivant la catégorie
dans laquelle la personne se trouve,
le témoin 31 : Tukamugabanyiriza
ibihano,
L’Interprète : Nous diminuons
les peines,
le témoin 31 : Kugeza…
tuvuge nkuw’imyaka 20 ukabona afunzweho imyaka 7 gusa,
L’Interprète : De telle sorte
que, par exemple, celui qui devait purger vingt ans en fait sept seulement,
le témoin 31 : Biterwa
n’uburyo yagerageje gufasha ubutabera, atubwira abagiye bakora génocide aho
baherereye.
L’Interprète : Suivant la façon
dont il nous a aidés, il a aidé la justice en indiquant où ceux qui ont fait
le génocide se trouvent.
le témoin 31 : Merci.
L’Interprète : Je vous remercie.
Le Président : Oui, une autre
question, Maître CARLIER ?
Me. CARLIER : Merci, Monsieur
le président. Des questions alors sur les déclarations de Innocent NKUYUBWATSI.
Est-ce que le témoin peut confirmer, comme il l’a dit il y a un instant, s’agissant
de l’assassinat de la famille KARENZI, qu’un militaire se serait présenté à
la maison de Monsieur Vincent NTEZIMANA, le matin vers 9 heures, pour demander
où se trouvait la maison des KARENZI et que NKUYUBWATSI aurait répondu qu’il
ne savait pas où se trouvait cette maison ?
Le Président : Le témoin a compris
la question ?
L’Interprète : Wabyumvishe ?
le témoin 31 : Non.
L’Interprète : Il n’a pas compris.
Le Président : NKUYUBWATSI Innocent
vous a-t-il bien déclaré, en ce qui concerne l’assassinat de la famille du professeur
Pierre-Claver KARENZI, que, lui, NKUYUBWATSI se trouvait chez NTEZIMANA Vincent.
Que vers 9-10 heures du matin, un militaire est arrivé à la maison de NTEZIMANA
Vincent, venant de chez le capitaine NIZEYIMANA, envoyé par le capitaine NIZEYIMANA
et Vincent NTEZIMANA ? Que ce militaire a demandé à NKUYUBWATSI où se trouvait
la maison de KARENZI ?
le témoin 31 : Ikibazo
n’ikihe ?
L’Interprète : Il dit : « Où
est la question exactement ».
Le Président : Etait-ce bien cela
que Innocent a déclaré sur HABIMANA
le témoin 31 : Murakoze.
L’Interprète : Merci.
le témoin 31 : Ikibazo
cyizo déclarations, nkuko bakibajije,
L’Interprète : Merci. Pour ce
qui concerne… pour la question qui concerne… pour ce qui concerne de la question
qui concerne ces déclarations comme elle a été posée,
le témoin 31 : Njye
mubyo namubajije, ntabwo nigeze mubaza amasaha,
L’Interprète : Dans ce que je
lui ai demandé, je ne lui ai jamais demandé de préciser des heures,
le témoin 31 : Niba
hari naho yayavuze sinibuka, ariko ndumva ari ntaho,
L’Interprète : Ni de préciser
des heures et même s’il les a mentionnées quelque part, je ne me souviens pas
mais à ma connaissance c’est nulle part,
le témoin 31 : Haramutse
hahari nazongera nkabiverifiya kuko nkikora amaperereza kuri icyo kintu.
L’Interprète : Si les heures sont
mentionnées, je pourrai le vérifier car je continue à faire des recherches à
ce sujet.
Le Président : Ce n’est pas un
problème d’heures vous savez !
L’Interprète : Ntabwo ari ikibazo
cy’amasaha.
le témoin 31 : …
L’Interprète : C’est alors un
problème de quoi ?
le témoin 31 : N’ikihe
kibazo ?
L’Interprète : C’est quel problème ?
Le Président : Le problème est
de savoir si Monsieur NKUYUBWATSI doit bien déclarer cela !
L’Interprète : Ikibazo ngo
ni ukumenya niba NKUYUBWATSI ibyo yarabikubwiye.
le témoin 31
: Ah, niwe wabimbwiye.
L’Interprète : Ah oui, si c’est
ça, c’est lui qui me l’a dit.
Le Président : Oui, Maître CARLIER ?
Me. CARLIER : S’agissant de l’assassinat
d’un jeune homme à la barrière, est-ce que le témoin peut confirmer que Monsieur
NKUYUBWATSI a dit avoir vu ce jeune homme mort, après, en revenant vers la barrière
et donc que Monsieur NKUYUBWATSI Innocent n’a pas du tout participé à l’assassinat
de ce jeune homme sur la barrière.
Le Président : Dans la déclaration
que vous avez recueillie de Monsieur NKUYUBWTASI,
L’Interprète : Mubyo NKUYUBWATSI
yakubwiye,
Le Président : Son explication
à propos de ce meurtre d’un jeune homme est-elle bien, est-elle bien,
L’Interprète : Ibisobanuro
atanga ku musore waguye kuri bariyeri,
Le Président : Qu’en revenant
de chez le capitaine NIZEYIMANA,
L’Interprète : Ngo ko yaravuye
kwa capitaine NIZEYIMANA,
Le Président : En passant à cette
barrière,
L’Interprète : Akanyura kuri iyo
bariyeri,
Le Président : Il avait constaté
que le jeune homme avait été tué.
L’Interprète : Yabonye yuko uwo
muntu yari yamaze kwicwa.
Le Président : Et que donc selon
cette explication,
L’Interprète : Ngo kandi nkuko
nyine bisobanuye bityo,
Le Président : NKUYUBWATSI n’avait
pas participé à l’agression elle-même sur le jeune homme ?
L’Interprète : NKUYUBWATSI
nta ruhari yari afite, atabaye mu kugirira nabi uwo musore ?
le témoin 31 : NKUYUBWATSI
muri déclarations ze,
L’Interprète : Dans ses déclarations,
NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Uruhare
rwe ararwemera.
L’Interprète : Reconnaît son rôle.
le témoin 31 : Wenda
ntabwo nzi niba yararwemeye nkuko rwakabaye kuko ndakiga ku buryo nareba niba
yemera neza.
L’Interprète : Je ne sais pas
s’il le reconnaît comme il le faudrait étant donné que je continue, le travail
n’est pas encore conclu.
Le Président : La question est
de savoir si c’est bien ça qu’il a déclaré jusqu’à présent.
L’Interprète : Ikibazo niba
ibyo ngibyo aribyo yavuze kugera none.
le témoin 31 : Ibyo
avuga kuri bariyeri ?
L’Interprète : En ce qui concerne
la barrière.
Le Président : Oui ?
le témoin 31 : Kugera
kuruyu munota, kubera yuko maze iminsi inaha sindongera kumubaza, ariko kugeza
kuri uyu munota nibyo yemera.
L’Interprète : Jusqu’à maintenant,
je viens de passer un temps ici, je ne l’ai pas encore interrogé, jusqu’à cette
minute, c’est ça qu’il reconnaît.
Le Président : Maître CARLIER !
Me. CARLIER : S’agissant de l’assassinat
de la famille NDUWUMWE dont le témoin a parlé tout à l’heure, est-ce qu’il pourrait
préciser ce que NKUYUBWATSI Innocent a dit, quand a eu lieu cet assassinat,
comment et qui a été tué ?
Le Président : Quelles ont
été les indications fournies par Monsieur NKUYUBWATSI à propos du meurtre, de
l’assassinat de toute ou partie de la famille de Victor NDUWUMWE ?
le témoin 31 : Icyo kibazo
nakimubajijeho.
L’Interprète : Je lui ai posé
des questions à ce sujet.
le témoin 31 : Ambwira yuko haraho abasirikare
bajyag’adahari,
L’Interprète : Il m’a dit que
quelquefois ils se rendaient quelque part,
le témoin 31 : Ku
inshuro zose bajyanaga bitari ngombwa ko babaga bari kumwe, ko haraho atagiye.
L’Interprète : Que chaque fois
qu’il partait ou ils allaient seuls sans lui à l’endroit où il ne s’est pas
rendu.
le témoin 31 : Ambwira
ko NDUWUMWE uwonguwo atamuzi,
L’Interprète : Il m’a dit que
son [Inaudible], il ne le connaît pas,
le témoin 31 : Ko
atamuzi, naho atuye atahazi.
L’Interprète : Il ne le connaît
pas, il ne connaît même pas où il habite,
Le Président : Il ne sait donc
rien de la manière dont des personnes auraient été tuées chez Victor NDUWUMWE
ou à proximité de la maison de Victor.
L’Interprète : Ni ukuvuga
ko ntacyo azi ku buryo abantu bapfuye mu rugo rwa NDUWUMWE cyangwa se hafi yaho ?
le témoin 31 : Nkimubaza,
yambwiye ko hari ahantu harasiwe abantu nka hangahe, ariko atahazi.
L’Interprète : Quand je lui ai
posé des questions pour la première fois, il y a des endroits, quand je lui
ai posé des questions pour la première fois, il m’a dit qu’il y a des endroits
où on a tiré sur les gens, il m’a cité l’un ou l’autre endroit mais que lui-même
ne connaissait pas.
Le Président : Oui, Maître CARLIER ?
Me. CARLIER : Dernière question,
Monsieur le président. Le témoin nous a dit poursuivre le travail. Est-ce qu’il
peut confirmer qu’il n’y a plus d’audition de Monsieur NKUYUBWATSI depuis le
22 mars dernier ?
Le Président : Depuis le 22 mars
2001, avez-vous, vous-même ou un de vos collègues ou un officier de police judiciaire,
procédé à une autre audition de Monsieur NKUYUBWATSI Innocent.
le témoin 31 : Cyeretse
niba ari byabindi nabonye hano kuri écran kuko biriya sinjye wabimubajije,
L’Interprète : A part si c’est
cela que j’ai vu ici à l’écran puisque ce n’est pas moi qui l’ai interrogé,
le témoin 31 : Cyangwa
se niba ndi hano, kuko mu kazi kacu umukuru kuri njyewe ashobora nawe kumubaza
agakora PV,
L’Interprète : Ou alors, lors
de mon séjour ici, car dans notre travail mon supérieur peut aussi l’interroger
et faire un procès-verbal.
le témoin 31 : Ah,
ariko ndibutse,
L’Interprète : Oh, je me souviens,
le témoin 31 : Hari
umushinjacyaha mugenzi wanjye ufite dossier y’undi muntu witwa Damiyani na…
le témoin 93. Bon, il y a un substitut du procureur qui s’appelle Etienne que
nous travaillons ensemble à Butare, qui a interrogé NKUYUBWATSI à propos de
Docteur le témoin 93 et un autre Damien comme ça. Alors… il y a le substitut
du procureur qui a interrogé NKUYUBWATSI alors du Docteur…
Le Président : Donc, un de
vos collègues a interrogé Monsieur NKUYUBWATSI à propos d’un Bernard et d’un
certain Damien ?
le témoin 31 : Oui, c’est
un dossier qu’on a introduit au Tribunal de première instance à Butare, alors
on profitait de NKUYUBWATSI parce qu’il connaissait des choses de Taba ;
il y a un collègue qui l’a interrogé demandant s’il connaît le témoin 93, s’il
connaît Damien, s’il connaît d’autres professeurs de l’université. Alors, parait-il
que ce sont des témoignages. C’est un témoignage qui ne le concerne pas, il
était témoin dans un autre dossier. Après avoir recevoir…
Le Président : Oui ?
Me. CARLIER : Je remercie le témoin
pour ses explications en français. Parfait, Monsieur le président.
Le Président : Maître CUYKENS ?
Me. CUYKENS : Oui, Monsieur le
président. Je vais essayer de faire court. Le témoin nous a expliqué un épisode
que raconte Monsieur NKUYUBWATSI, à savoir que Monsieur HIGANIRO se serait rendu
chez le capitaine NIZEYIMANA après avoir appris la mort du président et qu’il
a reçu - le capitaine NIZEYIMANA - reçu un coup de fil d’un garde du corps du
président. Est-ce qu’il peut nous confirmer que, d’après les déclarations de
Monsieur NKUYUBWATSI, cet épisode se déroule le 6 avril 1994 ?
Le Président : Monsieur NKUYUBWATSI
vous a parlé de cet épisode téléphonique du capitaine KABERA au capitaine NIZEYIMANA,
en présence de Monsieur HIGANIRO, chez le capitaine NIZEYIMANA. Il s’agit bien
d’un épisode qui se passe, selon NKUYUBWATSI, le 6 avril 1994. J’ai la traduction
devant moi, mais la traduction n’est peut-être pas bonne ! De ce que Monsieur
NKUYUBWATSI vous a dit, vous aurait-il déclaré - mais moi je ne connais, je
parle bien moins le kinyarwanda que vous ne parlez le français - pendant le
génocide, juste après que l’avion du président le témoin 32 soit abattu, HIGANIRO
est venu chez NIZEYIMANA aux environs de 21 heures, le 6 avril 1994. La question
de Maître CUYKENS est de savoir si Monsieur NKUYUBWATSI vous a bien dit qu’il
s’agissait du 6 avril 1994.
le témoin 31 : Niko
yambwiye.
L’Interprète : Oui, c’est ce qu’il
m’a dit.
Me. CUYKENS : Et alors, deuxième
question. En page 8 de son audition, le témoin interrogé, Monsieur NKUYUBWATSI,
sur une réunion qui a eu lieu entre Monsieur HIGANIRO et le directeur administratif
de la SORWAL, le 29 d’un mois qu’il ne précise pas, et en page 9, le témoin
a posé la question à Monsieur NKUYUBWATSI de savoir : « Est-ce que
ce n’est pas le lendemain de cette réunion que le génocide a commencé à Butare ? ».
Alors, d’après les informations du témoin, il y avait des raisons de penser
que le génocide qui commence à Butare, commence le 30, soit du mois d’avril,
soit du mois de mai, puisqu’il n’y a pas de date qui est précisée, enfin à la
suite du passage de Monsieur HIGANIRO donc…
Le Président : Je vais vous relire
ce que Monsieur NKUYUBWATSI, selon la traduction vous a déclaré : « Je
me suis souvenu qu’en date du 29 d’un mois que j’ai oublié, en 1994, il - Monsieur
HIGANIRO - est revenu à Butare pendant le génocide, en provenance de Gisenyi.
Arrivé au travail, il a regardé un moment comment on travaillait. Il a pris
les pièces comptables et celles du directeur administratif et financier qui
justifient comment le travail avait été fait pendant son absence, et il est
parti ». Vous posez une question à Monsieur NKUYUBWATSI, la question étant :
« Il n’a pas tenu ce jour-là de réunion à l’usine ? ». La réponse
de Monsieur NKUYUBWATSI : « Je ne m’en souviens pas ». Question
de votre part à Monsieur NKUYUBWATSI : « Ce n’est pas le lendemain
que le génocide a commencé à Butare ? ». Réponse de Monsieur NKUYUBWATSI :
« Je ne me souviens pas très bien, mais le génocide a débuté pendant ces
jours-là ». Est-ce bien cela que Monsieur NKUYUBWATSI vous a déclaré ?
Monsieur HABIMANA est-ce bien cela que Monsieur NKUYUBWATSI vous a déclaré ?
le témoin 31 : Nibyo
yatubwiye.
L’Interprète : Oui, c’est cela
qu’il nous a dit.
Me. CUYKENS : Alors, dernière
question, Monsieur le président. Tout à l’heure, lorsque vous lui avez posé
la question de savoir s’il était fréquent que des journalistes puissent interroger
des détenus, le témoin a répondu qu’il y avait manifestement une politique de
collaboration pour aider la justice belge, il y a des directives officielles
données. Est-ce que ces directives varient suivant qu’il s’agit de produire
des témoins à charge ou à décharge ou bien… ?
Le Président : Quelles sont les
directives qui existent ou qui existeraient ? En existe-t-il, d’abord,
des directives, en ce qui concerne la possibilité pour des journalistes d’avoir
des entretiens des personnes accusées ou suspectées d’avoir participé à des
faits de génocide, ces directives sont-elles différentes, si ces directives
existent, sont-elles différentes selon que la personne est aussi témoin à charge
ou pourrait être témoin à décharge ?
L’Interprète : N’amabwiriza, niba
hari amabwiriza abaho cyangwa atabaho, ahabwa abafunze bagiye kubonana n’abanyamakuru.
Ayo mabwiriza se yaba ahinduka bitewe nuko umuntu ufunze agiye kubonana n’abanyamakuru
ashinja cyangwa se ashinjwa ?
le témoin 31 : Murakoze.
L’Interprète : Je vous remercie.
le témoin 31 : Ubundi
mu gihugu cyacu,
L’Interprète : Dans notre pays,
normalement,
le témoin 31 : N’igihugu
muri Leta zishize, abanyamakuru bari bafite ibibazo cyane byo kutisanzura ngo
bavugane n’abantu.
L’Interprète : C’est un pays dans
lequel, dans le passé, les journalistes avaient des problèmes de rencontrer
de façon détendue des personnes,
le témoin 31 : Muri
iki gihe rero iyo ikibazo kibaye usanga abanyamakuru bafite amatsiko yo kuza
kukireba.
L’Interprète : Mais habituellement,
s’il y a un fait survenu, on voit que les journalistes ont la curiosité de venir
se rendre compte.
le témoin 31 : Ndumva
ku kibazo cy’uru rubanza ruri mu Bubiligi, iwacu haraje abanyamakuru batandukanye,
bo muri iki gihugu cyane cyane.
L’Interprète : Pour ce qui
concerne ce procès en Belgique, je me souviens que chez nous, il y a eu beaucoup
de journalistes venus de ce pays, même différents journalistes,
le témoin 31 : Barazaga,
bakanyura muri gouvernement y’iwacu bagasaba uruhushya rwo kuza kureba aho bashaka,
L’Interprète : Ils venaient et
passaient par le gouvernement de chez nous et demandaient l’autorisation de
venir chercher ce qu’ils voulaient voir,
le témoin 31 : Tukabasaba
igipapuro cya ministre y’ubutabera,
L’Interprète : Nous lui demandions
l’autorisation à cet effet, fournie par le ministre de la justice,
le témoin 31 : Kugirango
bavugane n’umufungwa, uwo ariwe wese.
L’Interprète : Pour qu’ils
puissent s’entretenir avec n’importe quel prisonnier.
le témoin 31 : Ku
bwacu rero, iyo baje kuvugana n’abafungwa, ntabwo tuvuga ngo arashinja cyanga
arashinjura.
L’Interprète : Dans notre pratique,
quand ils viennent s’entretenir avec les prisonniers, nous ne tenons pas compte
que c’est un témoin à charge ou alors à décharge.
le témoin 31 : Iyo
aje, n’ukumworohereza kugirango avugane n’umufungwa, ni biba ngombwa afate agafoto
niba agakeneye, ibyo turabimworohereza.
L’Interprète : Quand le journaliste
vient, nous, ce que nous faisons, c’est lui donner des facilités, lui fournir
des facilités pour que lui, il puisse prendre une photo du prisonnier s’il le
souhaite.
le témoin 31 : N’umuyobozi
urahongaho, umutegetsi uraho wese, akaba yamufasha mu bintu birimo kumubangamira.
L’Interprète : Et même tout dirigeant,
toute autorité qui se trouverait là-bas l’aide s’il y a une entrave de quelque
sorte qu’elle soit.
le témoin 31 : Numva
rero nta témoin à décharge bagomba baraje kureba, Leta ikamwimana ngo nuko afunze,
L’Interprète : A mon avis, il
n’y a pas un témoin à décharge qu’on serait venu chercher, l’Etat aurait refusé
de mettre à leur disposition même s’il est en prison.
le témoin 31 : Nkuko,
nta témoin ushinja twigeze tubuza kuvugana n’abanyamakuru.
L’Interprète : Tout comme il n’y
a aucun témoin à charge que nous avons refusé l’accès aux journalistes.
le témoin 31 : Je
vous remercie.
Le Président : Peut-être
que tout simplement le témoin à décharge n’intéresse pas les journalistes !
L’Interprète
: Yenda hari nuko abashinjura batashimishije
abanyamakuru.
Me. BEAUTHIER : Si vous lisiez
les journaux, vous le sauriez !
Le Président : Ah mais moi, je
m’interdis de lire les journaux pour ne pas être influencé ! Maître EVRARD ?
Me. EVRARD : Monsieur le président,
vous avez évoqué tout à l’heure et le témoin l’a fait, la procédure typique
de la loi organique de juillet 96 sur la répression du génocide. Je voudrais
être plus précis peut-être, dans une question. Y a-t-il des traitements différents,
notamment au niveau de la peine, lorsqu’une personne accepte la procédure d’aveu
au stade de l’information, c’est-à-dire devant l’officier du ministère public
ou lorsqu’elle le fait une fois que les poursuites sont entamées ? Première
question. Et deuxième question : dans le cadre de Monsieur NKUYUBWATSI,
sommes-nous au stade d’un mandat d’amener, d’un mandat d’arrêt ou de poursuites
déjà existantes lorsqu’il est entendu le 22 mars 2001 ?
Le Président : Vous avez compris
la double question ?
L’Interprète : Wumvise ibyo bibazo
byombi uko ari bibiri ?
le témoin 31 : Nabyumvise.
L’Interprète : Oui, je les ai…
les deux questions, je les ai comprises.
Le Président : Vous pouvez y répondre ?
L’Interprète : Wasubiza ?
le témoin 31 : Oui.
Ubundi mu mategeko, itegeko ry’Urwanda, itegeko ngenga ryo muri 96,
L’Interprète : Normalement, suivant
la loi organique de 96,
le témoin 31 : Rivuga
yuko umuntu wemeye icyaha imbere y’umushinjacyaha,
L’Interprète : Elle précise que
si on reconnaît la culpabilité au stade du ministère public, si on connaît la
responsabilité,
le témoin 31 : Ubushinja
cyaha bufite ishingano zo gukora réquisition, busaba ibihano bigabanyije.
L’Interprète : On doit alors
faire la réquisition, demander des peines moindres.
le témoin 31 : Igihe
yabikoze atabeshya kandi akabikora bigaragara ko yakoze mu rwego rwo kugirango
afashe ubutabera,
L’Interprète : Et si alors, il
l’a fait en toute vérité, visiblement pour aider la justice, et si au niveau,
alors du tribunal,
le témoin 31 : Igihe
ageze mu rukiko, akagaragaza yuko yashatse kwirega, akemera icyaha, hanyuma
ubushinjacyaha ntibibyemere bikabyanga,
L’Interprète : S’il demande qu’il
a voulu reconnaître la culpabilité mais que le ministère public ne l’a pas accepté
cet aveu de culpabilité,
le témoin 31 : Cyangwa
se akaba atarigeze amenyeshwa ibyiza byo kwirega no kwemera icyaha,
L’Interprète : Ou alors qu’il
n’a jamais été porté à sa connaissance les avantages de reconnaître la culpabilité,
Bonaventure
HABIMANA : Donc ubushinjacyaha butarigeze bubimusobanurira,
L’Interprète : Quand il démontre
que le ministère public ne lui a jamais expliqué,
L’Interprète : Icyo gihe ashobora
kubivuga mu rukiko, urukiko noneho rukamwemerera noneho kwiregeraho, rukamugabanyirizaho.
L’Interprète : Le tribunal
peut alors lui donner la possibilité de reconnaître sa culpabilité là-bas et
diminuer alors ses peines.
le témoin 31 : Ariko
igihe yabisobanuriwe, ntiyemere ngo asabe ko yagabanyirizwa, igihe ubushinjacyaha
bwamusobanuriye ibyiza byabwo ntiyemere ngo asabe kugabanirizwa,
L’Interprète : Mais alors,
quand le ministère public lui a expliqué l’avantage de reconnaître la culpabilité
et qu’il ne l’a jamais reconnue,
le témoin 31 : Icyo
gihe, iyo abivuze mu rukiko biba ari imfabusa.
L’Interprète : Et que les explications
lui ont été fournies, quand il le dit au tribunal, cela devient nul et non avenu.
le témoin 31 : N’ugufasha
urukiko gusa ku bushake ariko ntabwo ariko abigira mu…
L’Interprète : Il aide le tribunal
de son propre gré mais…
Le Président : Ca n’a pas d’influence ?
L’Interprète : Ca n’a pas d’influence
sur la suite.
Le Président : Alors, la deuxième
question était plus précisément : en ce qui concerne Monsieur NKUYUBWATSI,
où en était-on le 22 mars 2001, c’était la reconnaissance de culpabilité devant
le ministère public ou bien y avait-il déjà des poursuites engagées contre
Monsieur NKUYUBWATSI devant le tribunal ?
le témoin 31 : OK. Bon,
tujya kumubaza,
L’Interprète : Quand nous l’avons
interrogé,
le témoin 31 : Twari
tuzi ko NKUYUBWATSI yakoze génocide.
L’Interprète : Nous savions
que NKUYUBWATSI avait participé au génocide.
le témoin 31 : Ibyo
nabimenye aho ntangiriye gukora ku madosiye y’abicanye ku Itaba,
L’Interprète : Cela, je l’ai appris
dès que j’ai commencé à travailler sur le dossier de ceux qui avaient tué les
gens à Taba.
le témoin 31 : Bakambwira
yuko hari umukapitene witwa NIZEYIMANA wafatanyaga n’umudocteur witwa NIZEYIMANA,
L’Interprète : Qu’on m’a appris
alors qu’il y avait un capitaine du nom NIZEYIMANA qui a collaboré avec un Docteur
du nom NTEZIMANA,
le témoin 31 : Bakaba
baramaze abantu yaho batuye ku Itaba.
L’Interprète : Et qu’ils avaient
exterminé les gens, là où ils habitaient, à Taba.
le témoin 31 : Bakavuga
yuko hari umwana umwe waba ari mu Rwanda, ariko ahantu hatazwi, witwa NKUYUBWATSI
kandi wabanaga nabo kandi bafatanyaga ibyo bintu byose.
L’Interprète : On disait qu’il
y avait un jeune qui se trouvait à un endroit inconnu au Rwanda qui avait… qui
collaborait avec eux dans tout cela,
le témoin 31 : Donc, akaba
ari mu Rwanda ariko yarafataganyaga nabo kandi yarabagayo,
L’Interprète : Et qui vivait chez
eux,
le témoin 31 : Kubera
rero ko twumvaga NIZEYIMANA na NTEZIMANA, ko bavugaga abaturage, twumvaga ari
abantu dukeneye kumenya k’ukuri kwabo twashakishagaho, twakurura umwana.
L’Interprète : Alors, comme NIZEYIMANA
et NTEZIMANA sont des gens qui venaient souvent lorsque la population disait,
alors nous avons cherché à retrouver ce jeune pour connaître cette vérité.
le témoin 31 : Ni
kuri urwo rwego police yo ku Muhima yandangiye ngo agomba kuba akora mu ruganda
rw’inkweto ruri i Kigali, ahantu bita Nyabugogo,
L’Interprète : C’est à ce moment-là
que la brigade de Muhima m’a renseigné qu’il travaillait dans une fabrique de
chaussures à un endroit.
le témoin 31 : Noneho
nandika ku itariki 10 z’ukwa cumi na kumwe 2000, nandika mandat d’amener.
L’Interprète : Le 10 novembre
2000, j’ai alors écrit un mandat d’amener,
le témoin 31 : Ndayisinya,
nyohereza i Kigali ngo bamushakishe aho hantu.
L’Interprète : Je l’ai signé et
envoyé à Kigali pour qu’on le recherche là-bas.
le témoin 31 : Bamubonye
bitinze, mbona baramunzaniye bamukuye ahantu yigishaga.
L’Interprète : On l’a trouvé plus
tard et on me l’a amené en disant qu’on l’a pris de là où il enseignait.
le témoin 31 : Ubwo
ngubwo bamunzaniye, ntangirakum-ubaza.
L’Interprète : Alors, on me l’a
amené et j’ai commencé à l’interroger.
Le Président : Actuellement
donc, il avait fait l’objet d’un mandat d’amener, on vous l’a amené ; son
statut, c’est d’être détenu préventivement ?
le témoin 31 : Oui.
Le Président : Il n’y a pas
de juge d’instruction au Rwanda ? Le ministère public donne les ordres
pour la détention préventive ?
le témoin 31 : Oui.
Le Président : On n’avait
pas entamé des poursuites autres que du chercher et du trouver ?
le témoin 31 : Non,
c’est…
Le Président : La reconnaissance
de culpabilité qu’il fait devant vous, le 22 mars 2001, ça le met dans la catégorie
de ceux qui pourront bénéficier d’une peine moins importante ?
le témoin 31 : Oya,
ntabwo ariko bimeze.
L’Interprète : Non, ce n’est pas
ainsi que cela se présente.
le témoin 31 : Tumaze
kumufata,
L’Interprète : Après l’avoir pris,
le témoin 31 : Twakiriye
ukwirega kwe no kwemera icyaha,
L’Interprète : Nous avons
accepté sa culpabilité, sa plaidoirie de culpabilité,
le témoin 31 : Ariko
kubera ko nari mfite dossier byabaye ngombwa ko nanjye maze kuyohereza nanjye
nza ino aha ngaha, kubera ko dossier arijye uyibitse mu biro byanjye,
L’Interprète : Etant donné que
le dossier se trouve chez moi, dans mon bureau,
le témoin 31 : Kandi
nkaba naraje muri uru rubanza,
L’Interprète : Et que je suis
ici, dans ce procès,
le témoin 31 : Ntabwo
ndasubirayo kugirango nongere nyanalize, mfate umwanzuro ko mugabanyiriza cyangwa
ntamugabanyiriza.
L’Interprète : Je ne suis
pas encore rentré là-bas pour examiner et prendre la décision que je diminue
ou ne diminue pas ses peines.
Le Président : Théoriquement,
est-ce qu’il se trouve dans les conditions pour essayer… de cette décision ?
le témoin 31 : Bon…
muri iki gihe…
Le Président : Est-ce qu’il
remplit les conditions légales pour avoir une décision de réduction de peine ?
L’Interprète : Yujuje ibisabwa
n’amategeko kugirango abe yagabanyirizwa ibihano ?
le témoin 31 : Ubundi,
ibintu bisabwa n’amategeko kugirango abe yagabanirizwa ibihano,
L’Interprète : Normalement, ce
qui est requis par la loi pour que ces peines soient diminuées,
le témoin 31 : Ubwa
mbere bituruka ku cyifuzo cy’umushinjacyaha,
L’Interprète : Ca vient d’abord
de la proposition-avis du ministère public,
le témoin 31 : Ariko
noneho biza gushimangirwa n’urukiko, nirwo rwonyine ruvuga ruti, kuko urukiko
rushobora kuvuga ruti : « Ibyo ubushinjacyaha bwaduhaye kuri
NKUYUBWATSI nabyo, ntabwo tubyemeye kugirango tumugabanirize ».
L’Interprète : Mais c’est en fin
de compte décidé par le tribunal car le tribunal peut nous dire ce que le ministère
public nous propose de diminution de peine, et nous, on rejette.
le témoin 31 : Ni
ukuvuga ko rero proposition nzayitanga nintaha,
L’Interprète : C’est-à-dire que
la proposition, je vais la donner à mon retour,
le témoin 31 : Ubwo
urukiko ruzambwira niba rubyemeye, cyangwa se ndebe niba nayitanga cyangwa ntayitanga.
L’Interprète : Le tribunal me
dira et je verrai si je la donne la proposition ou si je ne la donne pa.
le témoin 31 : Kuko
ngomba guha urukiko umwanzuro wanjye, narwo rukampa igisubizo.
L’Interprète : Car je dois d’abord
donner au tribunal ma proposition,
le témoin 31 : Ma
réquisition
L’Interprète : Ma réquisition.
Le tribunal va me répondre.
Le Président : Oserais-je poser
une question très impertinente ? Allez-vous attendre le résultat de ce
procès pour faire votre proposition ?
L’Interprète : Uzategereza
icyo ibi bizatanga kugirango ukore iyo réquisition ?
le témoin 31 : Icyo
n’ikibazo cyiza.
L’Interprète : Ca, c’est une bonne
question.
Bonaventure
HABIMANA : Ndakeka yuko, ahubwo wambaza uti : « Urukiko
nk’uru wigeze urubona ? ».
L’Interprète : Je pense plutôt
qu’il vaudrait mieux que vous me demandiez : « Est-ce que vous avez,
vous, une Cour comme celle-ci ? ».
le témoin 31 : La Cour
d’assise, chez nous, n’existe pas. Alors, twe dufite amategeko
dufite y’ubutabera,
L’Interprète : Nous, nous avons
les lois que nous suivons de justice,
le témoin 31 : Ikintu
cyose tubonye cyatubera ikimenyetso cyatuma dufata imyanzuro tugendeye ku mategeko
yacu turayifata.
L’Interprète : Tout ce que nous
avons pour nous amener à prendre décision suivant notre loi, nous prenons.
le témoin 31 : Kugirango,
mvuze ko mutubereye kimwe mu kimenyetso nko twakorana ikimenyetso ahandi twakifashisha
mu butabera, si ikibazo.
L’Interprète : Si je dis que vous
pouvez nous être indice comme nous pouvons l’avoir ailleurs, nous pouvons prendre,
suivre.
Le Président : Maître MONVILLE ?
Me. MONVILLE : Monsieur le président.
Je voudrais peut-être poser une dernière question quant à cet aspect des choses
qui est assez important mais, ai-je mal compris ou y a-t-il eu une première
journée pour mettre en confiance Monsieur NKUYUBWATSI
Le Président : Non, nous avons
tous compris ça !
Me. MONVILLE : Est-ce qu’à ce
moment-là, il n’y a pas eu certaines choses qui ont été déjà signalées à l’attention
de Monsieur NKUYUBWATSI même par rapport aux réquisitions futures et qui l’aient
évidemment mis dans les meilleures conditions pour parler le lendemain.
Le Président : Lors de la première
journée, la journée de contact avec Monsieur NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Umunsi wa
mbere, ubwo mubonana na NKUYUBWATSI ngo mumenyane,
L’Interprète : Monsieur NKUYUBWATSI
avait-il été averti à ce moment-là des possibilités qui étaient offertes par
la procédure « je plaide coupable » ?
L’Interprète : Hari ubwo NKUYUBWATSI
yabwiwe ibishoboka, ko yabona mu rwego rwo kwemera icyaha ?
le témoin 31 : Ubundi
sinzi niba azi gukora enquête,
L’Interprète : Je ne sais pas
s’il sait faire des enquêtes,
le témoin 31 : Niba,
si c’est un techicien d’enquêteur techincien, ariko ubundi umuntu wese agira
techique d’enquête akoresha kugirango yaporoshe umuntu umuntu ashaka kugira
icyo akuraho.
L’Interprète : Mais tout un chacun
a ses techniques qu’il utilise pour aboutir à ce qu’il veut aboutir, à ce à
quoi il veut aboutir.
le témoin 31 : Umunsi
wambere, njye numva ari préparations za enquêtes zanjye n’uburyo rwo kwaprosha
umuntu techniquement,
L’Interprète : Le premier jour,
c’est le jour de la préparation de mes enquêtes et d’aborder la personne techniquement,
le témoin 31 : Kugirango
ntazabona informations zitarizo.
L’Interprète : Pour qu'il ne me
fournisse pas des informations erronées.
le témoin 31
: Kubyerekeye kwirega no kwemera icyaha,
L’Interprète : Quant à la plaidoirie
de culpabilité, la reconnaissance de la criminalité,
le témoin 31 : Ni
ibintu dusobanurira umuntu iyo dutangiye, kugirango yumve yuko,
L’Interprète : Ce sont des choses
que nous expliquons à la personne au début de l’interrogatoire, pour qu’il comprenne
que,
le témoin 31 : Tutamuvukije
uburenganzira bwe bwo kujya mu bandi bantu birega, bakemera icyaha.
L’Interprète : Ses devoirs sont
respectés, qu’il est dans la catégorie de ceux qui reconnaissent la culpabilité.
le témoin 31 : Merci.
Le Président : Une autre question ?
Me. MONVILLE : Monsieur le président.
Le Président : C’était la dernière,
aviez-vous dit !
Me. MONVILLE : S’il vous plait ?
Le Président : C’était la dernière !
Me. MONVILLE : Oui, mais je me
trompe toujours. Ils sont allés au restaurant, est-ce que je peux synthétiser
mon propos ?
Le Président : Non, savoir si
ce sont des spaghettis qu’ils ont mangé non ! Je refuse de poser cette
question !
Me. MONVILLE : Je voulais demander
si, dans le menu, figurait la réduction de peine. Est-ce qu’on a parlé de cette
question-là ?
Le Président : La réponse a été
donnée, je crois.
Me. MONVILLE : Mais je ne l’ai
pas entendue très clairement.
Le Président : Non, ça fait rire
parce qu’ici, voyez-vous, en Belgique, dans une affaire extrêmement importante,
un juge d’instruction a dû être déchargé d’un dossier parce qu’il était allé
manger un spaghetti, non pas avec un futur accusé, mais avec les parties civiles
dans le dossier. Et la Cour de cassation a dû considérer que ce juge d’instruction
avait fait preuve de partialité et que donc il ne pouvait plus s’occuper du
dossier.
le témoin 31 : Je peux
répondre ?
Le Président : Non, non vous ne
devez pas donner le menu, vous ne devez pas. Maître HIRSCH ?
Me. HIRSCH : Merci, Monsieur le
président. Il faut dire tout de même que cette diminution de peine existe également
dans notre droit, c’est la cause d’excuse de dénonciation, cela existe aussi
en droit belge en matière de trafic de drogue, Monsieur le président.
Le Président : Ah oui, oui, oui !
Me. EVRARD : Notamment. Une toute
petite question qui va dans le sens de celles qui ont déjà été posées. C’est
plus une précision qu’une question. Le témoin a parlé de cette réunion qui aurait
eu lieu chez le capitaine NIZEYIMANA, le 6 avril, suite à la chute de l’avion
et la mort du président le témoin 32. Dans son procès-verbal d’audition, Innocent
parle de la présence de Monsieur HIGANIRO à l’occasion de cette réunion ;
lors de son exposé, le témoin a également parlé de la présence lors de cette
réunion de Monsieur Vincent NTEZIMANA et dans les deux films que nous avons
vus, Innocent en parle également. Donc, ma question est la suivante : est-ce
que le témoin peut confirmer que Innocent lui a parlé de la présence, chez le
capitaine NIZEYIMANA, le 6 avril dans la soirée, à la fois de la présence de
Vincent NTEZIMANA, mais également de Monsieur HIGANIRO ?
Le Président : Vous avez
compris le sens de la question ? Dans le procès-verbal, dans la traduction
du procès-verbal que j’ai sous les yeux à propos de cette soirée du 6 avril
1994 qui se déroule chez le capitaine NIZEYIMANA, la question de la présence,
bien sûr du capitaine NIZEYIMANA, la présence, on la suppose en tout cas, de
Monsieur NKUYUBWATSI Innocent et de la présence de Monsieur Alphonse HIGANIRO ?
Dans les extraits que nous avons vus, enfin pour une… dans les deux reportages
qu’on a vus, Monsieur NKUYUBWATSI semble dire que ce soir-là se trouvait également
présent chez le capitaine NIZEYIMANA, Monsieur Vincent NTEZIMANA ?
[Interruption d’enregistrement]
Le Président : Pour cette soirée
du 6 avril 1994, de la présence chez le capitaine NIZEYIMANA de Monsieur Vincent
NTEZIMANA.
le témoin 31 : Ah oui,
yambwiye yuko,
L’Interprète : Lui, il m’a dit
que,
le témoin 31 : Ntabwo
yari inama, inama uko bayibajije,
L’Interprète : Ce n’était pas
une réunion comme telle, tel que cela vient d’être dit dans la question,
le témoin 31 : Ahubwo
bahuriye kwa NIZEYIMANA, bagirango,
L’Interprète : Mais ils se sont
retrouvés chez NIZEYIMANA,
le témoin 31 : Baganire
ku bintu bibaye, bakora n’ikiriyo muri iryo joro,
L’Interprète : Pour qu’ils puissent
parler de ce qui venait de survenir et qu’ils ont fait un deuil dans cette nuit,
le témoin 31 : Hanyuma
rero, akavuga yuko hari NKUYUBWATSI,
L’Interprète : Et alors,
il dit qu’il y avait NKUYUBWATSI,
le témoin 31 : Alphonse
HIGANIRO,
L’Interprète : Alphonse HIGANIRO,
le témoin 31 : Vincent
NTEZIMANA,
L’Interprète : Vincent NTEZIMANA
le témoin 31 : Bien sûr
na NIZEYIMANA Ildefons.
L’Interprète : Et bien sûr Ildephonse
NIZEYIMANA.
Le Président : Maître HIRSCH ?
Me. HIRSCH : Une deuxième petite
question, Monsieur le président. Monsieur HIGANIRO nous a parlé de son amitié
pour le préfet de Butare, qui était donc un préfet Tutsi qui a été tué. Innocent,
dans son audition par le témoin, fait état d’un événement, le préfet s’était
apparemment rendu chez Monsieur HIGANIRO avec sa fille, est-ce que le témoin
se rappelle de ce que le Innocent lui a dit à cet égard ?
Le Président : Je vais aider votre
mémoire parce que vous, tous vos dossiers
le témoin 31 : J’ai compris.
Le Président : Vous avez bon souvenir
de cet épisode ?
le témoin 31 : Oui, oui.
Bon, que je parle en français, même si j’ai le français très faible, je vais
essayer.
Le Président : Je vous dit qu’il
est bien plus fort que notre kinyarwanda.
le témoin 31 : Alors,
je me souviens, j’ai posé la question. Pendant le PV d’audition de Monsieur
Innocent NKUYUBWATSI, je lui ai posé la question à un moment, il m’a dit :
« Alphonse HIGANIRO était extrémiste, donc il haïssait les Tutsi ».
Je me souviens, il a reçu la visite du préfet de Butare qui était Tutsi, alors,
comme on partageait les verres donc, ils étaient tous, toutes les autorités
de la région alors, comme on partageait les verres, le préfet a rigolé, il
a montré son enfant et il a dit : « Tiens, ça, c’est un Tutsi, si
on présente l’enfant comme ça, est-ce que si on dit : Tutsi, on ment ? »,
donc, on causait, on rigolait comme ça. Alors, NKUYUBWATSI a dit… quand le préfet
rigolait comme ça, Alphonse HIGANIRO a dit : « Pas avec les problèmes
de Tutsi, si vous continuez à parler des Tutsi, cela va vous causer des problèmes ».
C’est ce qu’il a dit, et il a dit au préfet. Alors, le préfet, après, il est
rentré, il m’a dit qu’après son départ, Alphonse HIGANIRO a dit à son gardien,
il a dit : « Si je veux pas qu’il y ait un autre Tutsi qui entre ici,
il ne faut pas qu’un Tutsi entre ici… », ce qu’il a dit à propos de NKUYUBWATSI.
Le Président : Maître EVRARD ?
Me. EVRARD : Merci, Monsieur le
président. A propos de cette réunion qui rassemble apparemment Monsieur HIGANIRO,
le préfet, des membres de sa famille et Monsieur NKUYUBWATSI, peut-on demander
au témoin où a eu lieu cette réunion et je ne vois nulle part que lui a été
posée la question de savoir comment se fait-il que Monsieur NKUYUBWATSI, qui
est un employé de la SORWAL, se trouve être à une réunion qui, si elle a un
caractère public, je peux comprendre sa présence, mais si elle a un caractère
privé, comment ce monsieur se trouve t-il en présence du préfet, de sa famille
et de Monsieur HIGANIRO, dont on sait par ailleurs qu’ils sont amis ?
Le Président : Selon ce que vous
a expliqué Monsieur NKUYUBWATSI, cette… pas cette réunion, mais cette rencontre
entre le préfet, la fille du préfet, Monsieur HIGANIRO, se passe chez Monsieur
HIGANIRO ?
le témoin 31 : C’est
ça la question ?
Le Président : Oui.
le témoin 31 : Ntabwo
ari inama. Kuko iyo umuntu avuze réunion, visite est différente d’une réunion.
Kwari ukuza kumusura gusa,
L’Interprète : C’est une visite
différente d’une réunion. C’est seulement une visite de courtoisie.
le témoin 31 : Alors,
uwo mwana yari akana gatoya,
L’Interprète : Alors, cet enfant
était un petit enfant.
le témoin 31 : Aravuga
ati : « Umva ko abantu babeshya, aka si agatutsi ? ».
Le Président : Ca se passait bien
dans la maison de Monsieur HIGANIRO ?
le témoin 31 : Yari
yagiye gusura HIGANIRO iwe mu rugo ?
L’Interprète : Il était allé rendre
visite à HIGANIRO, chez lui, à la maison.
Le Président : Est-ce que Monsieur
NKUYUBWATSI vous a expliqué comment lui, qui n’était qu’un employé de la SORWAL,
pouvait se rendre comme ça, prendre un verre chez Monsieur HIGANIRO ?
L’Interprète : We NKUYUBWATSI
wari umukozi usanzwe muri SORWAL, yakubwiye uburyo yari aho ngaho kwa HIGANIRO ?
le témoin 31 : NKUYUBWATSI,
kubera ko yazanwe na NIZEYIMANA, kubera ko NIZEYIMANA ariwe wamuzanye muri SORWAL,
L’Interprète : NKUYUBWTASI, vu
que c’est NIZEYIMANA qui l’avait introduit à la SORWAL,
le témoin 31 : Kandi
NIZEYIMANA yari afitanye affinité na NKUYUBWATSI ikomeye cyane yambwiye,
L’Interprète : Et que NIZEYIMANA
avait une grande affinité avec NKUYUBWTASI, tel qu’il me l’a expliqué,
le témoin 31 : Affinité
yo mu mateka ya NZEYIMANA ubwe,
L’Interprète : Affinités qui concernent
le passé de NIZEYIMAMA même,
le témoin 31 : Yahise
nawe, umwana uzamutse akajya kuri niveau yabo kuko, urumva no ku munsi wambere
yahembwe uko kwezi kwose yakubaguriye icyo kunwa no kurya.
L’Interprète : Il a été comme
un enfant monté jusqu’à leur niveau, vous avez compris que même le premier jour
de son salaire, il lui a acheté à manger.
le témoin 31 : Ni
ukuvuga ko guhera icyo gihe, yajyaga ahantu hose muri izo ngo ntakwijena, bagasangira.
L’Interprète : C’est-à-dire qu’à
ce moment-là, il allait partout dans ces familles comme partager.
Le Président : Une autre question ?
Maître BEAUTHIER ?
Me. BEAUTHIER : Monsieur le président,
à la plaidoirie nous ne ferons ni un cours de droit belge ni un cours de droit
international, mais nous devrons aborder le droit rwandais aussi. Je ne connais
pas le droit rwandais sur le bout des ongles, mais je voudrais poser une question
au témoin, très précise. Le fait pour Innocent d’avoir, pas collaboré, d’avoir
fait des aveux à la justice rwandaise, lui permettrait-il d’avoir une exonération
dans le cadre d’un autre dossier, pendant Arusha ou pendant éventuellement la
Cour d’assises de Bruxelles ? En d’autres termes, est-ce que le droit rwandais
a prévu une diminution, une exonération de peine si Monsieur Innocent dénonce
Monsieur NTEZIMANA qui a un procès, ici, aux assises de Bruxelles ? Je
demande la question au témoin, nous verrons alors en plaidoirie évidemment comment
y répondre aussi, mais je voudrais être éclairé par le témoin aujourd’hui.
Le Président : Le droit rwandais
prévoit-il,
L’Interprète : Amategeko y’Urwanda
ateganya ko,
Le Président : Une réduction de
peine particulière,
L’Interprète : Hari uburyo budasanzwe
bwo kugabanyirizwa icyaha,
Le Président : Pour celui qui
est accusé,
L’Interprète : Ku muntu waba ushinjwa,
Le Président : Et qui dénonce
quelqu’un d’autre dont le procès a lieu en Belgique ?
L’Interprète : Nawe, akaba ashinja
undi muntu urimo uburanishirizwa mu Bubiligi ?
Le Président : La loi de 1996,
soyons clairs, quelqu’un accusé de génocide au Rwanda, qui va faire l’objet
de poursuite devant un tribunal rwandais pour des faits de génocide, la loi
rwandaise prévoit-elle que cette personne-là aura une peine moins forte s’il
dénonce quelqu’un dont le procès n’aura pas lieu au Rwanda, mais dont le procès
aura lieu ou a lieu en Belgique, en France, en Italie, la Belgique étant simplement
un exemple dans cette énumération ?
le témoin 31 : Murakoze.
Ubundi iryo tegeko rijya kujyaho,
L’Interprète : Normalement, quand
cette loi a été introduite,
le témoin 31 : Hari
ikibazo mu banyarwanda ubwacyo, bwo kugirango bamenye génocide, bamenye abakoze
génocide.
L’Interprète : Il y avait un problème
à l’intérieur du Rwanda même pour l’identification de ceux qui ont participé
au génocide
le témoin 31 : Yabikora,
akaba ari mu Rwanda, akaba ari muri Arusha cyangwa akaba ari mu Bufaransa cyangwa
mu Bubiligi cyangwa ahandi,
L’Interprète : Qu’il ait joué
un rôle, qu’il se trouve au Rwanda, à Arusha, en Belgique, en France ou ailleurs,
le témoin 31 : Ariko
nibura ukuri kubyo yakoze bikamenyekana,
L’Interprète : Qu’au moins la
vérité sur ces actes soit connue,
le témoin 31 : Bifite
icyo bimara ku butabera muri rusange kuko byose ari kimwe,
L’Interprète : Ca fait, ça a un
apport à la justice puisque partout elle est la même,
le témoin 31 : Bikagira
nicyo bizatumarira muri politike twafashe y’ubumwe n’ubwiyunge,
L’Interprète : Et ça a aussi un
apport dans la politique d’unité et de réconciliation que nous avons entreprise,
le témoin 31 : Cyane
cyane ko ubutabera buciye mu kuri, bizatuma abanyarwanda bamenya ukuri ku byabaye
kandi bakiyunga.
L’Interprète : Surtout qu’une
véritable justice permettra au Rwanda de connaître ce qui s’est passé, de se
réconcilier.
le témoin 31 : Niyo
mpamvu rero urukiko, rwaba Cour d’Arusha cyangwa rwaba Cour d’assises de Belgique,
L’Interprète : C’est ainsi que
le tribunal, que ce soit le tribunal d’Arusha ou la Cour d’assises de Belgique,
le témoin 31 : Rwemeye
yuko iyo volonté twakoze yo gutanga ibyo bimenyetso,
L’Interprète : S’il accepte que
cette volonté que nous avons eue de leur fournir des indices,
le témoin 31 : Ntabwo
la justice yo mu Rwanda yakwanga, kuko icyo ireba nuko ukuri kuri génocide bugaragara.
L’Interprète : Ce n’est pas la
justice rwandaise qui refuserait puisque son objectif, c’est que la vérité sur
ce qui s’est passé au Rwanda soit révélée.
le témoin 31 : Merci.
Me. BEAUTHIER : Je n’ai pas une
réponse à ma question, je ferai une recherche, Monsieur le président.
L’Interprète : Ngo ntabwo
ari igisubizo abonye, ngo azakora ubushakashatsi.
Le Président : Maître EVRARD ?
Me. EVRARD : Monsieur le président,
un très bref commentaire.
Le Président : Après le témoignage
alors, si vous voulez bien.
Me. EVRARD : Simplement pour signaler,
c’est un point qui s’adresse maintenant à tous les avocats ici qui ont eu l’occasion
d’aller plaider dans les procédures au Rwanda, devant les chambres spécialisées
vous diront que lorsqu’on entame cette procédure d’aveux, il y a une condition
obligatoire qui est celle de dénoncer tous les faits et tous les complices des
faits. Je crois que cela répond à la question.
Le Président : Monsieur HABIMANA,
pour cette procédure qui permet d’obtenir une réduction de peine,
L’Interprète : Muri ibyongibyo
byo gutuma umuntu agabanyirizwa ibihano,
Le Président : La loi prévoit-elle,
L’Interprète : Itegeko hari ubwo
ribiteganya
Le Président : Que non seulement,
on doit reconnaître ce qu’on a fait soi-même,
L’Interprète : Ko umuntu atagomba
kwemera ibyo yakoze ubwe,
Le Président : Mais qu’il faut
que les aveux soient complets,
L’Interprète : Ko ahubwo ibyo
umuntu yemera biba byuzuye,
Le Président : Qu’ils soient sincères,
L’Interprète :
Ko biba biciye mu kuri,
Le Président : Et que donc, ils
impliquent aussi que l’on dénonce ceux avec qui on a agit.
L’Interprète : Kandi ko ibyo
ngibyo bigomba kuvuga n’abandi bantu bakoranye ?
le témoin 31 : Ikibazo ?
L’Interprète : Ikibazo : Niba
itegeko risaba niba umuntu atemera gusa icyo yakoze, ahubwo agomba kubyemera
byose uko bingana, akemera n’uburyo byakozwemo kandi akavuga nabo babikoranye,
kandi akabivuga mu kuri.
le témoin 31 : Itegeko
uko ribivuga,
L’Interprète : Oui, ce que la
loi prévoit,
le témoin 31 : Ni uko
umuntu yemera, icyo nicyo cya mbere,
L’Interprète : C’est que la personne
reconnaisse la culpabilité, ça c’est la première chose,
le témoin 31 : Akatubwira
abo bafatanyije icyaha,
L’Interprète : Qu’il dénonce ceux
qui ont collaboré avec lui,
le témoin 31 : Ndetse
akatubwira n’abo batafatanyije ariko yabonye bagikora,
L’Interprète : Et qu’aussi, il
dénonce ceux qui n’ont pas collaboré avec lui, mais qu’il a vu commettre des
crimes,
le témoin 31 : Akabitubwira
kandi mu buryo bufatika burimo ukuri,
L’Interprète : Qu’il le dise de
façon palpable et en vérité,
le témoin 31 : Icyo gihe
rero ubushinjacyaha kuko n’ubundi nibwo buba bwakoze enquête,
L’Interprète : A ce moment-là
le ministère public, étant donné que c’est lui qui menait des enquêtes,
le témoin 31 : Nibwo
bufata umwanzuro wo kuvuga buti : « Uyu muntu yatubereye honnête…
L’Interprète : C’est lui qui prend
la décision de dire : « Cette personne a été honnête…
le témoin 31 : …Arashaka
gufasha ubutabera…
L’Interprète : …Il veut aider
la justice…
le témoin 31 : …Akwiye
kugabanirizwa ibihano bijyanye n’uko amategeko abiteganya ».
L’Interprète : …Il mérite que
ses peines soient réduites selon ce que prévoit la loi ».
Le Président : Une autre question ?
Me. EVRARD : Monsieur le président,
une dernière question.
Le Président : Disons une avant-dernière,
par mesure de précaution.
Me. EVRARD : En ce qui me concerne,
ce sera une dernière. Dans le procès-verbal d’audition du prévenu, le témoin
a d’abord demandé à Monsieur NKUYUBWATSI de décliner son identité entière et
je vois qu’il a mentionné : « Je suis né - je cite - de parents paysans,
cultivateurs, riches en vivres ». Peut-on demander au témoin ce que signifie
cette expression. Si je pose la question, Monsieur le président, c’est parce
que je voudrais qu’on pose aussi la question…
Le Président : Vous voyez que
c’était l’avant-dernière !
Me. EVRARD : …elle est liée, qui
est celle de savoir si le fait de posséder des propriétés et des biens peut
influencer quelqu’un dans ce qu’il est amené à déclarer, en termes de culpabilité.
Le Président : Première question,
L’Interprète : Ikibazo cya mbere,
Le Président : Cette déclaration
à propos de son identité : « Je suis né de cultivateurs, paysans,
riches en vivres »,
L’Interprète : Ikibazo cya mbere,
aravuga ati : « Nabyawe n’ababyeyi b’abaturage bakungaye ku biribwa »,
Le Président : Ca correspond à
quoi, comme notion ?
L’Interprète : Ibyo bije bite,
bisobanura iki ?
le témoin 31 : Kuri icyo
kibazo,
L’Interprète : A cette question,
le témoin 31 : Il y a
une technique d’enquête,
L’Interprète : Ca relève des techniques
d’enquête,
le témoin 31 : Agumye
gusoma inyandiko yambaza n’indi technique d’enquête nakoreshe hagati na hagati,
L’Interprète : S’il poursuit la
lecture du PV, il pourra me poser des questions, ici, au milieu, ici et là,
sur les techniques que j’ai utilisées,
le témoin 31 :
Kandi ntizihura kuri buri wese.
L’Interprète : Et puis, les techniques
ne sont pas les mêmes à toutes personnes
le témoin 31 : Iyo ubonye
umuntu wibaza : yavugana na HIGANIRO ate, yavuganaga na NTEZIMANA
ate,
L’Interprète : Tu vois une personne
qui demande comment est-ce qu’il parlait avec, il s’entretenait avec HIGANIRO,
comment il s’entretenait avec NTEZIMANA,
le témoin 31 : Byatumye
muri techniques zanjye mubaza nibura umwirondo we bwite, ku buryo bwe bwite,
L’Interprète : C’est ainsi que
dans ma technique, je lui ai demandé de décliner sa propre identité, selon lui-même,
le témoin 31 : Ntiyatangazwa
n’uko nakongera kumubaza, nkamubaza ku bundi buryo kandi nabwo bunyavantaja.
L’Interprète : Ne vous étonnez
pas si je l’interroge d’une autre manière, mais qui m’avantage.
Le Président : Est-ce que ce type
a une influence sur la manière dont on va plaider coupable ou pas coupable,
en fonction des parents qui sont riches ? Est-ce que cela a une influence ?
L’Interprète : Bene nkibyo bijyana
n’ababyeyi…
Le Président : Plaider coupable
ou pas coupable ?
L’Interprète : N’ababyeyi b’abakungu
cyangwa bakize, haricyo bimara…
Le Président : Les pas coupables
riches et les pas coupables pauvres, il y a une différence ?
le témoin 31 : Bon, ahongaho,
L’Interprète : A ce sujet,
le témoin 31 : Nagirango
mbabwire ko kwemera icyaha ntaho bihuriye nibyo namubajije.
L’Interprète : A ce sujet, je
voudrais vous dire que la reconnaissance de culpabilité n’a pas de rapport avec
ceci, même que je lui ai demandé.
le témoin 31 : Ni
technique d’enquête un peu psychologique que j’ai tenté pour avoir localisé,
donc le prévenir dans le milieu, soit héréditairement dans le milieu où il a
vécu, nuko, ni technique d’enquête nakoresheje, psychologique kugirango nibura
mumenye.
L’Interprète : Donc, le prévenu,
dans le milieu, c’est une technique d’enquêtes déjà utilisée pour qu’au moins
je puisse le connaître,
le témoin 31 : Niyemera
anambeshya cyangwa niyanga kwemera, ariko ngende njera kuri situation ye.
L’Interprète : Que si on connaît,
il refuse de reconnaître la culpabilité, je puisse juger.
le témoin 31 : Bitumye
mena ibanga ry’uko nkora. Techniques d’enquête zanjye à moi…
L’Interprète : Ca m’amène à divulguer
les divers secrets de mon travail… comment mon travail, mes techniques à moi !
Le Président : D’autres questions ?
Plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin
se retire ? Monsieur HABIMANA, confirmez-vous les déclarations que vous
avez faites aujourd’hui et persistez-vous dans les déclarations que vous avez
faites aujourd’hui ?
L’Interprète : Uremeza ugahamya
ibyo wavuze uyu munsi ?
le témoin 31 : Ndabyemeza.
L’Interprète : Oui, je confirme.
Le Président : La Cour vous remercie
pour votre témoignage. Vous devez encore rester, enfin, vous pouvez aujourd’hui
disposer de votre temps, mais vous devrez rester administrativement à la disposition
de la Cour pour que l’organisation de votre retour au Rwanda soit administrativement
couverte.
L’Interprète : Urukiko ruragushimiye,
ruvuga ko ushobora kwigendera, ukikoreshereza igihe cyawe uko ushaka, ariko
uzaboneka igihe cyose rwagukenera, kugirango gatunganywe cyane ibyo urugendo
rwawe rwo gusubira mu Rwanda.
Le Président : Cela ne veut pas
dire que vous ne pouvez pas prendre l’avion demain.
L’Interprète : Ariko ibyo ntabwo
bivuga ko ejo udashobora gufata indege.
le témoin 31 : OK.
[Interruption d’enregistrement]
Le Président : Monsieur l’avocat
général, vous souhaitez faire un commentaire, oui ?
L’Avocat Général : Oui, je voudrais
faire un bref commentaire parce que bon, je n’aime pas la façon dont on semble
insinuer ici que les déclarations de Monsieur NKUYUBWATSI sont des déclarations
qui sont uniquement faites dans le but d’obtenir une réduction de peine. D’ailleurs,
Maître HIRSCH l’a signalé, le Rwanda n’est pas le seul pays où ça existe, ça
existe en Belgique, en matière de stupéfiants, en d’autres matières aussi. La
nouvelle loi sur les organisations criminelles prévoit que les personnes qui
dénoncent les autres bénéficient d’une réduction de peine et certaines dispositions
vont même plus loin : les personnes qui dénoncent avant les poursuites
bénéficient d’une immunité de poursuite. Première remarque. Alors, deuxième
remarque : il est peut-être quand même important de souligner que Monsieur
REKERAHO, lui, a fait des déclarations à l’encontre des deux sœurs, et que Monsieur
REKARAHO, lui, n’a pas bénéficié d’une réduction de peine, Monsieur REKERAHO
est condamné à mort et son appel est rejeté.
Le Président : Maître WAHIS ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président,
juste une petite précision. Monsieur REKERAHO n’a jamais sollicité la procédure
d’aveu et obligatoirement, il n’a jamais pu bénéficier de la réduction de peine
automatique de la procédure d’aveux. Pourquoi ? Parce que Monsieur REKERAHO
a contesté certaines des préventions qui étaient à sa charge.
Le Président : Allez-y.
Me. WAHIS : …les personnes
au Rwanda et qui sont poursuivies et qui sont classées dans la première catégorie.
Comme le témoin nous a expliqué, plusieurs catégories, la première étant celle
des personnes ayant commis les faits les plus graves, notamment des crimes intentionnels
particulièrement odieux, ces personnes-là ne bénéficient de toutes façons pas
de réduction de peine, qu’il y ait aveu ou pas. On y reviendra peut-être un
peu plus tard.
Le Président : Maître CUYKENS ?
Maître BELAMRI ?
Me. BELAMRI : Peut-être pour clore
cette question et quelles que soient les dispositions de la loi rwandaise, il
semble utile de vous lire le très bref passage de cassette de Monsieur Innocent
NKUYUBWATSI qui a été coupé au moment où la cassette a montré certains signes
de fatigue, pour voir quelle était sa compréhension des choses. « Quand
vous refusez de dire la vérité, des fois, vous pouvez passer même sept ans tout
en cherchant, tout en faisant des enquêtes sur terrain, mais quand vous acceptez,
vous facilitez même le tribunal, vous facilitez même le procès et si possible,
quand vous avez avoué avant, il y a lieu de demander pardon et puis on diminue
la peine si j’ose le dire ». Je vous remercie, Monsieur le président.
Le Président : Plus de commentaire ?
Si, encore un.
Me. CARLIER : Deux types de commentaires,
Monsieur le président.
Le Président : Je vous en prie,
Maître CARLIER.
Me. CARLIER : Un premier commentaire
qui est de demander de bien vouloir acter une déclaration de la défense de Monsieur
NTEZIMANA au procès-verbal, compte tenu de cette difficulté qu’on a rencontrée
avec les cassettes et l’audition d’un autre témoin. Cette déclaration serait
très brève, elle est la suivante, Monsieur le président : la défense de
Vincent NTEZIMANA, après la projection de deux reportages vidéo réalisés au
Rwanda par des journalistes belges, doit émettre les plus expresses réserves
devant l’impossibilité d’entendre le témoin interrogé dans ces vidéos :
Innocent NKUYUBWATSI. Je souhaiterais que ceci soit acté au procès-verbal, Monsieur
le président.
Le Président : Il n’y a pas de
difficultés. Vous avez le texte, Monsieur le greffier ?
Me. CARLIER : Je peux le rédiger
pour la facilité de Monsieur le greffier, très volontiers.
Le Président : Non, mais… ou le
répéter de manière à ce que Monsieur le greffier puisse en prendre note.
Me. CARLIER : « La défense
de Vincent NTEZIMANA, après la projection de deux reportages vidéo réalisés
par des journalistes belges au Rwanda doit émettre les plus expresses réserves
devant l’impossibilité d’entendre le témoin interrogé dans ces reportages, d’entendre
le témoin interrogé dans ces reportages : NKUYUBWATSI Innocent ».
Le Président : Vous voulez dire
d’entendre à l’audience.
Me. CARLIER : D’entendre ici,
devant la Cour d’assises, le témoin NKUYUBWATSI Innocent. Le deuxième ordre
de remarque, Monsieur le président, c’est que nous devons bien faire avec les
moyens du bord, ne pouvant pas interroger l’intéressé, et je vais relever alors
simplement parmi d’autres, cinq contradictions importantes entre différentes
versions de ce témoin. Nous avons vu deux cassettes vidéo, première RTBF, deuxième
RTL. Il y a encore une autre version, qui sont les déclarations faites devant
le témoin que l’on a entendu, déclarations qui s’échelonnent du 22 mars au 29
mars, à la fin de ce procès-verbal. Et il y a une quatrième version, qui est
celle qui a été publiée, il ne faut pas lire la presse, mais elle existe comme
média télévisuel, dans Le Soir du 12 avril 2001.
Le Président : Il y en a une dont
la Cour n’a pas connaissance, n’est-ce pas ?
Me. CARLIER : Il est tout à fait
possible de déposer pour la Cour cette quatrième version, qui se trouve dans
Le Soir du 12 avril.
Le Président : J’aimerais en tout
cas, dans la mesure où elle ne figure pas, que vous n’y fassiez pas allusion
maintenant à cette quatrième version.
Me. CARLIER : Si vous le souhaitez,
Monsieur le président, je peux la déposer directement. Monsieur l’huissier !
Le Président : Il n’y a plus d’huissier,
si ? Si, si ! Bien, donc cette pièce est déposée ? Il faut la
déposer. Cette pièce est déposée au dossier. Vous voudrez bien, Monsieur l’huissier
ou Monsieur le greffier, en faire des photocopies pour les distribuer aux autres
parties.
Me. CARLIER : Cinq remarques.
Il y a souvent des versions différentes, on peut comprendre ça, mais pas quand
cela touche à des choses fondamentales, et il y en plusieures, j’en retiens
simplement cinq. A propos de l’assassinat de la jeune fille chez Monsieur Vincent
NTEZIMANA - qui a parlé lui-même de ces faits, de cet assassinat devant ses
yeux - il y a donc d’abord, avant l’assassinat de la jeune fille, l’assassinat
des deux filles ou la tentative pour une des deux, puisqu’il y en a une des
deux qui revient. A propos de ces deux filles, dans la cassette RTBF, la première
qu’on a vue, Innocent NKUYUBWATSI déclare, à propos de qui a tué ces deux filles :
« La fillette, tout au début, avait été tuée par les militaires qui vivaient
chez NTEZIMANA et puis, la fille - il me semble, c’est en pages 3 et 4 puisqu’on
a la reproduction dans le dossier - et puis, la fille, il me semble les militaires,
ils l’ont prise, ils sont allés la tuer, je ne sais pas, ici, en bas ».
Les militaires ont tué cette autre jeune fille. Dans la cassette RTL, la deuxième
que l’on a vue, il ne déclare plus que ce sont les militaires qui ont tué cette
jeune fille, il dit, je cite, c’est à la page deux dans la retranscription :
« Ils m’ont envoyé tuer les deux filles, nous les avons tuées à coups de
balle », soit lui avec les militaires.
Deuxième constat à propos de l’assassinat de la deuxième jeune fille,
celle qui revient chez Vincent NTEZIMANA, trois points : quand cela se
passe, qui fait quoi et comment cela se passe ? Quand ça se passe ?
Dans la cassette RTBF, la première que nous avons vue, Innocent NKUYUBWATSI
dit : « C’était juste le matin. Moi, j’étais parti déjà au travail »,
ce qu’il dit également dans la deuxième cassette que l’on a vue. Il dit :
« J’étais parti au travail ». Dans sa déclaration devant le témoin
que l’on vient d’entendre, il dit : « Vers 10 h 30, on m’a rappelé
au travail » et dans sa déclaration dans la pièce déposée au journal Le
Soir - je ne sais pas d’ailleurs si c’est à cause du fait que c’est le journal
Le Soir - il dit ceci : « J’étais au travail à la SORWAL quand on
m’a téléphoné pour me dire de venir l’achever, c’était vers le soir ».
On sait que quand le soir tombe, il y a une forte différence avec le matin et
le jour, au Rwanda.
Qui le contacte à la SORWAL pour venir achever cette jeune fille ?
Dans la première cassette, cassette RTBF, il dit : « Le lendemain,
j’ai sonné. Moi, NKUYUBWATSI Innocent, j’ai sonné à la maison de NIZEYIMANA
Ildephonse, le capitaine, il m’a dit de venir ». En changeant un peu, mais
c’est pas important, il dit la même chose dans la cassette RTL, mais dans l’audition
devant le témoin qu’on vient d’entendre, il dit : « NTEZIMANA
Vincent a téléphoné et m’a dit de venir achever la jeune fille ».
Troisièmement : comment cette jeune fille est-elle assassinée ?
Dans la cassette RTBF, il dit : « Ildephonse NIZEYIMANA donc, le
capitaine - m’a dit : « Toi, tu prends l’arme et tu vas tuer la fille.
Alors, quand je suis venu sur ordre, tout de suite, je l’ai tuée avec l’arme ».
Dans la déclaration devant le témoin que l’on vient d’entendre, il
dit : « Je suis allé la tuer en la fusillant, je l’ai achevée par
balles ». Dans la cassette RTL-tvi, il dit ceci : « J’ai tenté
de la tuer encore par coups de balles, ça n’a pas été possible. Après une sortie
de balle, on m’a défendu, on m’a obligé de tuer par coups de baïonnette, un
coup de couteau ». Et dans la déclaration au journal Le Soir, il parle
également de coups de baïonnette et de coups de couteau, et non pas d’avoir
achevé par balles.
Dernier constat - le cinquième après le premier et ces trois constats
sur l’assassinat de la jeune fille un seul constat parmi beaucoup sur l’assassinat
de la famille KARENZI. Dans la cassette RTL, on aura remarqué qu’il fait une
confusion totale et qu’on doit le rappeler à l’ordre pour dire : « Non,
non, c’est pas Gaétan dont vous parlez, c’est KARENZI », soit ce n’est
pas très important peut-être et dans la cassette RTBF, la première que nous
avons vue, il dit ceci, donc : « Le militaire est monté après être
venu chez NTEZIMANA demander où était la maison de KARENZI », il ajoute :
« Le militaire est monté tout de suite, comme ça, quand il est arrivé là-bas,
il me semble qu’il y avait des enfants qui étaient partis au marché, qui étaient
allés au marché - les enfants KARENZI alors, ces enfants venaient d’être tués
juste à côté de l’hôtel Faucon ». Il y a là quelque chose de très important
quand ce témoin Innocent NKUYUBWATSI dit : « Les enfants étaient partis
au marché ».
Il y a une seule personne qui dit cela, une seule, et nous l’avons
entendue ici, c’est le témoin 134 qui a écrit dans son cahier d’écolier
qu’effectivement, pour tromper les militaires qui venaient pour tuer la famille,
Monsieur KARENZI, pour sauver les enfants qui étaient cachés dans le plafond,
a dit : « Les enfants sont partis au marché ». Comment Innocent
NKUYUBWATSI sait d’un militaire que les enfants seraient partis au marché s’il
n’était pas avec ces militaires pour tuer. Ce sont les seules contractions parmi
d’autres que je souhaite relever à ce stade-ci, Monsieur le président.
Le Président : Allez-y, Maître
MONVILLE.
Me. MONVILLE : Je voudrais simplement
demander que l’on acte les mêmes réserves à l’égard de Monsieur HIGANIRO que
celles qui ont été exprimées à l’égard de Monsieur NTEZIMANA, si cela pouvait
être acté.
Le Président : Ce sont exactement
les mêmes ?
Me. MONVILLE : Exactement les
mêmes, je trouve qu’elles ont été excellemment dictées par Maître CARLIER.
Le Président : Donc, la défense
de Monsieur HIGANIRO et la défense de Monsieur NTEZIMANA, plus de commentaire ?
Alors 16 h 21. Nous reprenons à 16 h 45 et nous n’allons pas au-delà de 18 heures
aujourd’hui. Il y a trois témoins de l’étranger à entendre. |