assises rwanda 2001
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Instruction d’audience V. Ntezimana Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience V. Ntezimana > Audition témoins > le témoin 31, commentaires avocat général, partie civile, défense, audition interview I. Nkuyubwatzi
1. N. Gasana 2. le témoin 9 3. le témoin 125 4. le témoin 134 5. le témoin 116 6. le témoin 61 7. le témoin 124 8. le témoin 50 9. le témoin 150 10. le témoin 73 11. le témoin 55 12. le témoin 100 et commentaires V. Ntezimana 13. le témoin 97 14. le témoin 104 15. H. Gallee 16. le témoin 84 17. le témoin 36 18. B. Van Custem et commentaires V. Ntezimana et E. Seminega 19. Lecture président attestation J.B. Seminega 20. le témoin 77 21. le témoin 10 22. le témoin 96 23. le témoin 42 24. R. Degni-Segui 25. le témoin 15 26. J. Léonard et commentaires partie civile et V. Ntezimana 27. J.P. Van Ypersele de Strihou 28. le témoin 118 29. le témoin 31, commentaires avocat général, partie civile, défense, audition interview I. Nkuyubwatzi 30. le témoin 108 31. le témoin 127 32. le témoin 109 33. le témoin 147 34. le témoin 105 35. le témoin 89
 

6.3.29. Audition des témoins: le témoin 31, commentaires de l’avocat général, de la partie civile et de la défense et audition de l’interview de Innocent NKUYUBWATSI

Le Greffier : La Cour.

Le Président : L’audience est reprise. Vous pouvez vous asseoir. Les accusés peuvent prendre place. Bon, seul problème que je règle encore d’ici à lundi : faut-il décommander ou pas Monsieur NSANZUWERA et Monsieur GUICHAOUA, sans leur fixer de date ? Bien. Il faudra peut-être donner un petit mot pour que l’employé du greffe prenne contact avec Monsieur NSANZUWERA et Monsieur GUICHAOUA pour leur signaler qu’ils ne doivent pas se déplacer lundi, et qu’ils seront éventuellement avisés plus tard de la date à laquelle ils devraient comparaître comme témoins. Alors, peut-on faire alors approcher le témoin suivant ? On peut faire approcher Monsieur HABIMANA. Un interprète ? Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’ Interprète : Amazina yawe yombi ?

le témoin 31 : Nitwa le témoin 31.

L’Interprète : Je m’appelle le témoin 31.

Le Président : Quel âge a le témoin ?

L’ Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 31 : Imyaka 34.

L’Interprète : 34 ans.

Le Président : Quelle est sa profession ?

L’ Interprète : Umwuga wawe ?

le témoin 31 : Ndi umushinja cyaha.

L’ Interprète : Un officier du ministère public.

le témoin 31 : Je suis un officier du ministère public.

Le Président : Oui. Quelle est votre commune de domicile ?

L’Interprète : Komine utuyemo ?

Bonaventure HABIMANA : Komine Ngoma, i Butare. Préfecture ya Butare.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?

L’ Interprète : Waruzi abaregwa cyangwa se bamwe mu baregwa mbere y’ukwezi kwa kane muri 94 ?

le témoin 31 : Ntabwo nari mbazi.

L’Interprète : Je ne les connaissais pas.

Le Président : Etes-vous de la famille des accusés ou des parties civiles ?

L’ Interprète : Ufitanye isano yo mu muryango y’abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?

le témoin 31 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Travaillez-vous sous les liens d’un contrat de travail pour les accusés ou les parties civiles ?

L’ Interprète : Ukorera akazi uhemberwa n’abaregwa cyangwa se abaregera indishyi ?

le témoin 31 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Je vais vous demander de bien vouloir lever la main droite et de prononcer le serment de témoin.

L’Interprète : Zamura ukuboko ku iburyo urahire indahiro itanga ubuhamya.

le témoin 31 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir tous deux. Monsieur HABIMANA, votre audition comme témoin va essentiellement porter sur les propos que vous avez recueillis le 22 mars 2001 de la bouche de Monsieur NKUYUBWATSI Innocent. Le 22 mars 2001.

le témoin 31 : Euh… excusez-moi, c’est le 22… ?

Le Président : C’est le 22 mars 2001.

L’Interprète : Ibyo ubazwa cyane, n’ibyo wavuze kuri 21 z’ukwa gatatu 2001, byerekeye ibyo wumvishe kuri NKUYUBWATSI Innocent. Ibyo nibyo ubazwa nk’umuntu uje gutanga ubuhamya bw’ibyo yabonye.

Le Président : Comprenez-vous un peu le français ?

L’Interprète : Urumva agafaransa gake ?

le témoin 31 : Oui.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Le parlez-vous aussi un peu ?

L’Interprète : Uranakivuga buke ?

le témoin 31 : Oui.

Le Président : Car je compte commencer par vous, par faire projeter des vidéos de deux équipes de télévision belge

L’Interprète : Kubera ko arabanza kukwereka amashusho ya vidéo yafashwe n’amakipe abiri ya televisiyo y’Ububiligi.

Le Président : Qui ont interviewé, à la même époque que votre interrogatoire,

L’Interprète : Babarije igihe kimwe nawe,

Le Président : Monsieur NKUYUBWATSI Innocent.

L’Interprète : NKUYUBWATSI Innocent.

Le Président : Je souhaite que vous puissiez voir ces vidéos, de manière notamment,

L’Interprète : Ndifuza ko ureba aya mashusho ku buryo,

Le Président : A pouvoir relever les différences qu’il pourrait y avoir,

L’Interprète : Wareba aho ayo makasete agenda anyuranije,

Le Président : Entre les déclarations faites par Monsieur NKUYUBWATSI Innocent, aux journalistes,

L’Interprète : Ibinyuranye, hagati y’ibyo NKUYUBWATSI Innocent yabwiye abanyamakuru,

Le Président : Et celles qu’il vous a faites, à vous.

L’Interprète : Nibyo nawe ubwawe yakwibwiriye.

Le Président : Alors, je vais vous inviter, ainsi que Monsieur l’interprète, à bouger votre siège de manière à pouvoir voir l’écran qui se trouve derrière vous, sur lequel vont être projetées ces deux vidéos.

Le Président : Il semble que la première vidéo soit celle de la RTBF.

L’Interprète : Ibibanza kwerekanwa mbere n’ibya RTBF, radio-télévision y’Ububiligi. Yitwa RTBF.

Le Président : L’appareil doit encore chauffer. Vous pouvez remettre au début, Monsieur l’huissier, et mettre le son, si vous voulez bien.

[Visionnage d’une vidéo]

 

Innocent NKUYUBWATSI : [Début de l’audition inaudible] …pas cette personne. Il est monté tout de suite comme ça. Quand il est arrivé là-bas, il y avait des enfants qui étaient allés au marché, les enfants de KARENZI. Alors, ces enfants venaient d’être juste tués à côté de l’hôtel Faucon. Et puis quand KARENZI a entendu, après cela, il a quitté la maison, leur domicile, pour aller voir ce qui se passe sur ses enfants. Lui aussi, en montant, il a rencontré les mêmes militaires qui…

Non Identifié : Pardon ?

Innocent NKUYUBWATSI : C’étaient des militaires qui vivaient ici mais qui étaient toujours en promenade chez NTEZIMANA, parce que c’était lui qui déployait les militaires pour venir garder cette maison, pour garder la maison dans laquelle il vivait.

Non Identifié : Est-ce que ils n’avaient pas reçu l’ordre de NTEZIMANA pour aller tuer ?

Innocent NKUYUBWATSI : Euh… euh… là-dedans…

Non Identifié : Pour tuer,

Innocent NKUYUBWATSI : Pour tuer ?

Non Identifié : Pour tuer la famille de KARENZI, est-ce qu’il n’y a pas l’ordre de NTEZIMANA Vincent ?

Innocent NKUYUBWATSI : Il y a l’ordre de NIZEYIMANA parce que c’était,

Non Identifié : Non, NTEZIMANA.

Innocent NKUYUBWATSI : De NTEZIMANA parce que c’est lui qui donnait chaque fois, qui disait : « Tel, à l’université je sais comment il vit, je sais… il faut direct qu’il soit éliminé ». Bon, d’ailleurs c’est le docteur-là que j’ai eu l’honneur de rencontrer. Lui aussi, un certain jour, il a été tenté… [Inaudible].

Non Identifié : Quel est son nom ?

Innocent NKUYUBWATSI : Je ne me rappelle pas le nom. C’est qui encore celui-ci, c’est…

Non Identifié : le témoin.

Innocent NKUYUBWATSI : Ah oui, c’es le Docteur le témoin. Celui-là aussi a été tenté, par l’ordre de NIZEYIMANA.

Non Identifié : De NTEZIMANA.

Innocent NKUYUBWATSI : Oui, la mission a échoué, a échoué pourquoi ? Parce qu’il me semble que, selon les racontars qui nous sont racontés par les militaires, ils ont dit « Non », quand ils sont arrivés là-bas, ils avaient tiré au premier coup, ils ont tiré encore un autre coup réciproque. Ce qui faisait qu’ils ont eu peur, qu’il doit y avoir d’autres gardes qui pourraient avoir été envoyés par le commandant qui était là, le témoin 151. Alors, tout de suite ils ont couru jusque là. Après, on leur a raconté ce qui s’était passé. Ils ont dit : « Non, chers amis, la mission que vous nous avez confiée n’a pas été réalisée suite au fait que, quand nous sommes arrivés là-bas, nous avons tiré, puis nous avons été tirés aussi d’une façon réciproque, nous n’avons pas pu continuer jusqu’au bout ». Et l’ordre venait du département NTEZIMANA, parce que c’était lui qui vivait avec le Docteur le témoin, c’est lui qui vivait avec le Docteur KARENZI, c’est lui qui vivait avec l’autre… je ne sais pas s’il est docteur…, lui aussi, il me semble qu’il est mort, Gaétan.

C’étaient toujours des gens qui… donc qui faisaient dans les [Inaudible], donc chez NIZEYIMANA Ildephonse. Ils disaient : « Faisons ci, faisons ci, faisons ci ensemble ». D’ailleurs, c’est que, les gens peut-être qui sont arrivés ici en premier lieu, peut-être qui traitaient des papiers qu’ils laissaient dans des tiroirs. Sinon en quittant ici, il y avait des papiers sur lesquels ils planifiaient. Ils disaient : « Tel jour il faut aller chez tel, tel jour il faut aller chez tel, tel jour il faut aller chez tel ». Et, dans le tiroir, là, chez NTEZIMANA, j’ai [Inaudible] ces papiers-là. Moi, je les voyais souvent.

Non Identifié : Toi qui faisais…, qui était l’auteur, qui mettait l’ordre du jour, l’organisateur de toutes ces réunions, c’est qui ?

Innocent NKUYUBWATSI : Bon, l’organisateur principal c’était NIZEYIMANA. Mais lui, il devait d’abord consulter des gens comme NTEZIMANA parce que c’est lui qui connaissait, surtout les civils, qui vivaient, ici, à Huye.

Non Identifié : HIGANIRO, vous le connaissiez ? Il a participé aussi à la planification ici ?

Innocent NKUYUBWATSI : Avant que les événements d’ici ne commencent, ce que je peux témoigner pour HIGANIRO Alphonse, c’est que lui, d’ailleurs moi aussi j’ai été engagé dans les derniers jours à la SORWAL, et quand je suis arrivé là-bas, j’avais remarqué qu’il y avait une équipe qui venait d’être engagée là-bas. C’était une équipe des gens qui naissaient, ici, à Mbazi. On me disait que c’était une équipe de partisans du MRND, qui étaient même formés, qui étaient Interahamwe. Dans cette partie, il y avait certains Interahamwe entraînés. Ca c’est la première chose que j’ai pu remarquer pour le cas de HIGANIRO. Et puis après, avant de partir, quand l’avion a été abattu, le même jour j’étais chez NIZEYIMANA, le capitaine. HIGANIRO, quand il a appris cela, il a quitté chez lui et il est venu chez NIZEYIMANA, même lui, et il demandait : « Mais qu’est-ce qu’on peut… qu’est-ce que on peut faire sur cela ? ». Mais, NIZEYIMANA n’avait pas de suite jusqu’à ce moment-là. Il ne savait même pas quoi qui pourrait être fait. Et puis, vers la nuit, ils ont reçu un coup de téléphone qui venait d’être envoyé par un autre capitaine qui était garde du corps du président.

Non Identifié : C’est qui… [Inaudible]

Innocent NKUYUBWATSI : Le nom m’échappe. Alors, que disait ce téléphone ? Le téléphone disait que déjà à Kigali, on avait commencé déjà le génocide. Le capitaine demandait à NIZEYIMANA Ildephonse : « Qu’est-ce que vous faites encore vous, à Butare ; ici, vous, vous n’avez pas encore commencé alors que c’est le milieu. Le milieu vraiment où vivent beaucoup des gens de chez les Inkotanyi, au milieu des gens qui cotisaient souvent, qui collaboraient suffisamment avec les Inkotanyi. Et puis, la parole que j’ai entendu que… qui est sortie de sa bouche c’est que il a dit : « Effectivement, il faut voir. Si les gens de Kigali commencent, les gens qui vont fuir de là vont passer par ici pour aller à Burundi. Jusque là, c’est ça que j’ai pu observer, ici. Encore, quand il était déplacé vers Gisenyi, une fois je suis allé en mission à Gisenyi. Je suis parti avec la camionnette de la SORWAL, ayant quelque chose comme 300 boîtes d’allumettes, nous allions essayer de vendre là-bas, nous les avons vendues ».

Après, nous sommes partis chez HIGANIRO Alphonse à la maison, à Kigufi, là où il habitait, pour lui demander ce qu’on va faire à la SORWAL et tout ça, c’était en fait notre mission principale. Quand nous sommes arrivés là-bas, il nous a dit : « Non, allez là, vous allez suivre les ordres qui vous seront donnés par Martin. C’est Martin qui était le président puisque c’était son second. Avant de quitter, ce que j’ai pu encore remarquer, c’est que chez lui, à Kigufi, il y avait beaucoup de véhicules qui venaient d’être pillés à Kigali par des Interahamwe. Il me semble que c’était de la famille de… ils étaient de la famille qui emmenait des véhicules et qu’est-ce qu’il faisait : il les transitait vers le Congo, il recevait de l’argent. Je ne sais pas si cet argent lui aurait servi pour quitter ou si cet argent, il le donnait réciproquement pour les Interahamwe. Là, je ne suis pas sûr.

Non Identifié : Une sorte de travail de nettoyeur ?

Innocent NKUYUBWATSI : Pour le cas de nettoyage dont on parle, ça, c’était dans la SORWAL interne, à l’intérieur de l’usine. Mais je ne sais pas s’il s’agissait de nettoyage jusque-là. Parce que, un : il pouvait y avoir [Inaudible] pouvait avoir de l’essence, nettoyage pour nettoyer des machines et nettoyage pour dire autre chose. Mais ce sens jusqu’alors, comme je n’étais pas quelqu’un à qui on envoyait cette lettre, je ne savais pas de quoi [Inaudible]. Mais nous n’avons rien vu de l’ordre relatif à ce petit papier-là, de nettoyage.

Non Identifié : Vous étiez où, il y a quelques jours ?

Innocent NKUYUBWATSI : Moi ? Depuis quand ?

Non Identifié : Au moins avant de venir ici, vous étiez où ?

Innocent NKUYUBWATSI : J’étais à Kigali. J’étais à Kigali, je travaille là-bas depuis le mois de septembre. J’étais enseignant à l’école…

Le Président : Peut-être allumez un instant, Monsieur l’huissier, pendant que vous préparez la seconde cassette.

Le Président : Monsieur HABIMANA ! Monsieur l’Interprète, voulez-vous bien demander à Monsieur HABIMANA si la personne qu’on a vue avec sa chemise rouge, lors de cette interview, est bien NKUYUBWATSI Innocent qu’il a interrogé en mars 2001 ?

L’Interprète : Uriya muntu tubonye wari wambaye ishati y’umutuku, niwe NKUYUBWATSI Innocent wabajije mu kwezi kwa gatatu 2001 ?

le témoin 31 : Niwe.

L’Interprète : C’est bien lui.

Le Président : Et la personne que l’on voit au début du reportage dans un bureau avec ses papiers et ses chiffres, de qui s’agit-il ?

L’Interprète : Umuntu twabonye uri mu biro warufite impapuro na rapports ze ninde ?

le témoin 31 : C’est le procureur de la République auprès du tribunal de 1ère instance de Butare.

Le Président : Et est-il habituel au Rwanda de permettre à des personnes qui sont accusées ou inculpées d’avoir des contacts avec la presse pour donner des interviews ?

L’Interprète : Birasanzwe kugirango abantu baciriwe urubanza cyangwa se baregwa bahuye n’abanyamakuru babaha ibiganiro, icyo n’ikintu gisanzwe kiba mu Rwanda ?

le témoin 31 : Bisanzwe bibaho, ngirango mu binyamakuru bimwe na bimwe muzabona nabambaye imyenda y’iroza babafotoye baganiriye n’abantu.

L’Interprète : Ca se fait habituellement, puisque vous verrez même dans la presse des personnes qu’on a photographiées, qui portent même leur uniforme de couleur rose.

Le Président : Est-ce le procureur qui organise les interviews ?

L’Interprète : Ibyo biganiro, procureur ubwe niwe ubitegura ?

le témoin 31 : Non, biterwa n’umutegetsi babisabye, hari…

L’Interprète : Ca dépend de l’autorité à qui on l’a demandé,

le témoin 31 : Hari igihe banyura kuri ministre w’ubutabera bakajya gusura amagereza,

L’Interprète : Des fois, on passe par le ministre de la justice et on visite les prisons,

le témoin 31 : Hari igihe banyura kuri ministre w’umutekano mu gihugu, utegeka amaprizo muri rusange bakajya gusura abanyururu,

L’Interprète : Des fois, on passe par le ministre de la sécurité nationale qui a dans ses attributions les prisons et aussi pour visiter les prisons à travers le pays,

le témoin 31 : Hari igihe bashobora kujyana na procureur général auprès de la Cour suprême cyangwa procureur général pour la Cour d’appel,

L’Interprète : Des fois, ils peuvent être accompagnés par le procureur général près la Cour suprême et le procureur général près la Cour d’appel,

le témoin 31 : Bashobora kuba bari kumwe n’abantu bo muri za Croix rouge bareba ibibazo biri mu magereza,

L’Interprète : Des fois ils peuvent être accompagnés par les agents de la Croix rouge qui veulent se rendre compte des problèmes dans les prisons, des problèmes relatifs notamment aux maladies, à leur santé.

le témoin 31 : Bashobora no kuvugana n’abanyamakuru mu gihe cy’urubanza, baje gusura nk’urubanza nkuru nguru,

L’Interprète : Ils peuvent même s’entretenir avec les journalistes lors des procès quand ils sont venus assister à des procès comme celui-ci,

le témoin 31 : Bon, n’igihe cyose bakeneye abanyururu, kugirango ibyabo bimenwe, cyane cyane.

L’Interprète : Et chaque fois qu’ils veulent s’entretenir avec les prisonniers et se rendre compte de leur situation d’une manière générale.

le témoin 31 : Nkeka yuko ko kuri NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Je pense qu’en ce qui concerne NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Ubutabera bwo mu Rwanda na parquet ya Butare by’umwihariko,

L’Interprète : L’appareil judiciaire au Rwanda d’une manière générale et le parquet de Butare en particulier,

le témoin 31 : Kuko twari tubonye abanyamakuru bo mu Bubiligi bafite ibyangombwa,

L’Interprète : Etant donné que nous venions de voir les journalistes de la Belgique accrédités légalement,

le témoin 31 : Avec les pièces…

L’Interprète : Enfin, avec les pièces requises,

le témoin 31 : Tubakiriye, badusobanuriye yuko baje gufata amafoto kugirango bazafashe urukiko.

L’Interprète : Quand nous les avons reçus, j’ai entendu qu’ils venaient prendre des photos afin d’aider le tribunal.

le témoin 31 : Twabohereje kugirango bavugane na NKUYUBWATSI kugirango icyo bifuje cyafasha urukiko tutakibangamira kandi natwe turi urushinjacyaha.

L’Interprète : Alors, nous leur avons donné des facilités pour qu’ils s’entretiennent avec NKUYUBWATSI étant donné qu’ils cherchaient à servir le tribunal alors que même nous faisions le même travail.

le témoin 31 : Ca va.

L’Interprète : Bon ça va, c’est tout.

Le Président : Bien. La 2ème cassette est prête ? Est-ce que ces journalistes vous ont dit qu’ils étaient là pour aider le tribunal belge ?

L’Interprète : Abanyamakuru bakubwiye ko baraho kugirango bafashe urukiko rw’Ububiligi ?

le témoin 31 : Bon, pratiquement, jye nta entretien nigeze ngirana nabo,

L’Interprète : Pratiquement, je n’ai eu aucun entretien avec eux,

le témoin 31 : Ariko iyo bageze mu Rwanda babanza kunyura muri ministère y’ubutabera no mu zindi nzego zirebana n’ubutabera,

L’Interprète : Mais, une fois arrivés au Rwanda, ils passent d’abord par le ministère de la justice et d’autres instances s’occupant de la justice,

le témoin 31 : Icyo gihe rero, abadukuriye batumenyesha yuko abo bantu ari ngombwa ko tubaha kanaka kugirango bafacilite ubutabera bw’iwabo.

L’Interprète : Alors les responsables hiérarchiques nous demandent de leur donner accès à telle ou telle personne pour connaître la justice de chez eux.

Le Président : On est prêt ? On va passer le deuxième reportage alors. Il y a des courants d’air ici. Il y a des courants d’air ici.

[Deuxième reportage]

Le Président : Bien. Monsieur HABIMANA, je vais vous demander de reprendre place à la table des témoins avec l’interprète. Compte tenu de l’heure qu’il est déjà maintenant, je suggère que nous suspendions l’audience et que nous reprenions après que vous ayez pu prendre comme nous un repas. Vous… donc, il est 12 h 45, on reprendrait l’audience à 13 h 45. On va vous servir un repas comme à nous,

le témoin 31 : Murakoze.

Le Président : Et vous aurez donc, à ce moment-là, l’ occasion de faire part des différences qu’il pouvait y avoir entre ce que vous avez entendu ce matin et ce que vous aviez entendu dans votre bureau ou à la prison lorsque vous avez interrogé Monsieur NKUYUBWATSI.

L’Interprète : Ubwo nyine, nuguhagarika kugera saa munani ibuzeho iminota 15, noneho tugarutse, ukaza kuvug’aho binyuraniye nibyo waba warumvishe. Ikibazo, waba warigeze wumva mu biro byawe, NKUYUBWATSI ?

le témoin 31 : Mwumva mu biro byanjye ?

L’Interprète : Umuhamagara mu biro byawe ngo mukore enquête.

le témoin 31 : Naramuhamagaye.

L’Interprète : Oui, je l’ai convoqué.

Le Président : Donc, si vous voulez bien, on va suspendre maintenant l’audition. On se retrouve dans une heure pour votre témoignage, la suite de votre témoignage.

L’Interprète : Turahagaritse, tukaza guhura ahangaha nyuma y’isaaha imwe. Kugirango ukomeze témoignage yawe.

Le Président : On revient dans une heure.

[Suspension d’audience]

Le Président : Nous allons donc poursuivre l’audition du témoin. Monsieur HABIMANA vous avez pu voir ce matin deux reportages au cours desquels Monsieur NKUYUBWATSI Innocent a été interviewé par des journalistes belges présents au Rwanda. Je vous avais également signalé ce matin que votre présence ici était essentielle en ce qui concernait ce que vous aviez recueilli de la bouche de Monsieur NKUYUBWATSI, lorsque vous l’avez interrogé au mois de mai ou mars, pardon, 2001, le 22 mars 2001. Pouvez-vous, Monsieur HABIMANA, résumer le contenu de la déclaration de Monsieur NKUYUBWATSI et essentiellement en ce qui concerne les accusations qu’il porte sur deux des personnes ici présentes, à savoir Monsieur Vincent NTEZIMANA et Monsieur Alphonse HIGANIRO.

L’Interprète : Urebye ibyo NKUYUBWATSI yatubwiye mu idosiye ya NTEZIMANA na HIGANIRO,

L’Interprète : En fait, ce que Monsieur NKUYUBWATSI nous a dit dans le dossier impliquant NTEZIMANA et HIGANIRO,

le témoin 31 : Ndahera kuri NTEZIMANA.

L’Interprète : Je commence par NTEZIMANA.

le témoin 31 : Yatubwiye yuko, mu gihe cy’itsembabwoko n’itsembatsemba,

L’Interprète : Il nous a dit qu’ au cours du génocide et du massacre,

le témoin 31 : Aricyo gihe yashoboye kumenya NTEZIMANA.

L’Interprète : Que c’est à cette époque qu’il a fait connaissance de NIZEYIMANA.

le témoin 31 : Atubwira yuko yamumenye kubera yuko NTEZIMANA ari inshuti ya NIZEYIMANA kandi NIZEYIMANA akaba ariwe wazanye NKUYUBWATSI i Butare,

L’Interprète : Il nous a dit qu’il le connaissait plus, que NIZEYIMANA était ami de NTEZIMANA, que c’était NTEZIMANA qui avait amené NKUYUBWATSI dans la ville de Butare.

le témoin 31 : Mvuze ko yamuzanye i Butare kuko ngo ku itariki ya 8/2/93,

L’Interprète : Je dis qu’il l'a amené à Butare puisqu’il se pourrait que le 8 février 93,

le témoin 31 : Nubwo mu gace kw’iwabo wa NKUYUBWATSI mu Ruhengeri ingabo z’Urwanda zatsimburwaga n’ingabo za FPR Inkotanyi,

L’Interprète : Alors que dans sa région d’origine de Ruhengeri, les Forces armées rwandaises venaient d’être repoussées de cette région par l’armée du FPR Inkotanyi,

le témoin 31 : NKUYUBWATSI yahungiye i Kigali,

L’Interprète : Les réfugiés à Kigali,

le témoin 31 : Hanyuma NIZEYIMANA amukurayo kugirango amushakire imibereho i Butare kuko yari impunzi.

L’Interprète : Et NIZEYIMANA l’a alors pris, amené à Butare, pour lui chercher une façon de vivre, étant donné qu’il était réfugié.

le témoin 31 : Nukonguko yamutunze, amushakir’akazi no muri SORWAL.

L’Interprète : C’est ainsi qu’il l’a nourri et puis il l’a hébergé et cherché du travail à la SORWAL.

le témoin 31 : Ubwo rero mu gihe cya génocide kubera yuko NIZEYIMANA yari inshuti ya NTEZIMANA ?

L’Interprète : Alors, pendant le génocide, vu que c’était l’ami de NIZEYIMANA,

le témoin 31 : NKUYUBWATSI yageze igihe, cyanga se yabanye na NIZEYIMANA na NTEZIMANA,

L’Interprète : Il fut un temps où alors, il fut un moment où NIZEYIMANA a vécu avec NTEZIMANA,

le témoin 31 : Muri déclarations ze yivugira yuko mbere, akimara guhembwa umushahara wa mbere yabahaye ikirahure bose,

L’Interprète : Dans ses propres déclarations, lui-même reconnaît que lors de son premier salaire, il lui a donné tous les deux un verre,

le témoin 31 : Babaga ihene,

L’Interprète : Qu’on a abattu une chèvre,

le témoin 31 : Barasangira,

L’Interprète : Qu’on l’a partagée,

le témoin 31 : Ubwo icyo gihe cyo na Alphonse HIGANIRO yarahari,

L’Interprète : Et à ce moment, Alphonse HIGANIRO était aussi présent.

le témoin 31 : Noneho rero muri génocide, hari ukuntu NIZEYIMANA yari umucapitaine ukomeye cyane muri ESO,

L’Interprète : Pendant le génocide, il se fut que NIZEYIMANA ou le capitaine qui avait de l’autorité à l’ESO,

le témoin 31 : NTEZIMANA nawe akaba ari umwalimu muri université, wasaga naho afitemo ijambo cyane,

L’Interprète : Et que NTEZIMANA était un professeur à l’université qui apparemment avait un pouvoir,

le témoin 31 : Akaba kandi n’ububasha yarafite akenshi yarabugereranyaga n’abaturuka mu gace k’iwabo bitaga Akazu,

L’Interprète : Et que ce pouvoir avait, entre autre, comme origine le fait qu’il était originaire d’une région où il y avait l’Akazu, la petite maison, la maisonnette,

le témoin 31 : Ariko ibyo ngibyo mvuze nyuma nabikuye mu yandi ma témoignages.

L’Interprète : Mais ce que je viens de dire, je l’ai recueilli d’autres témoignages.

le témoin 31 : NTEZIMANA Vincent,

L’Interprète : NTEZIMANA Vincent,

le témoin 31 : Ubwo yabaye ngombwa ko abana na NIZEYIMANA muri ibyo bihe kugirango bagire icyo bahuza kuri idéologies zabo bahuriyeho.

L’Interprète : A été obligé de vivre ensemble pendant cette période-là, avec NIZEYIMANA, pour qu’ils puissent coordonner leurs idéologies.

le témoin 31 : NKUYUBWATSI akavuga yuko NTEZIMANA Vincent yararaga kwa NIZEYIMANA,

L’Interprète : Selon NKUYUBWATSI, NTEZIMANA Vincent passait les nuits chez NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Mu gitondo n’umunsi wose akaba aribwo agera mu rugo, aribwo ajya kureba ibyarwa,

L’Interprète : Et qu’il rentrait chez lui pour voir les problèmes de là-bas le matin et la journée,

le témoin 31 : Aho hantu rero yararaga kwa NIZEYIMANA, akaba yarahabanaga na murumuna we wiga université,

L’Interprète : Là où il passait, chez NTEZIMANA, il passait la nuit chez son petit frère qui faisait l’université,

le témoin 31 : Hari murumuna wa le témoin 118 witwaga MUKIMBIRi ?

L’Interprète : Il y avait le petit frère du témoin 118, MUKIMBIRI,

le témoin 31 : Hari Longin le témoin 118,

L’Interprète : Il y avait Longin le témoin 118,

le témoin 31 : Hari nabandi bantu, nk’abasirikare benshi ni NIZEYIMANA wabazanaga,

L’Interprète : Il y avait aussi d’autres personnes, dont beaucoup de militaires amenés par NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Hari mushiki wa NKUYUBWATSI ubwe,

L’Interprète : Il y avait la propre sœur de NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Hari uwo bita le témoin 142,

L’Interprète : Il y avait le nommé le témoin 142,

le témoin 31 : NKUYUBWATSI akavuga ko igihe kimwe baje kuba benshi,

le témoin 31 : Mu rugo bakabura aho barara.

L’Interprète : A un certain moment, ils ont été nombreux,et qu’il n’y avait plus de place dans cette maison pour passer la nuit.

le témoin 31 : Bikaba ngombwa yuko NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Il a été nécessaire que NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Ajya ajya kurara kwa NTEZIMANA Vincent.

L’Interprète : Passe les nuits chez NTEZIMANA Vincent.

le témoin 31 : Nyuma, na le témoin 118 na le témoin 142, iyo abantu babaga benshi kwa NIZEYIMANA byabaga ngombwa ko bajya kurara kwa NTEZIMANA Vincent.

L’Interprète : Par après, le témoin 118 et le témoin 142, quand il y avait beaucoup de personnes, ils étaient obligés de passer la nuit chez NTEZIMANA Vincent.

le témoin 31 : Nuko rero NTEZIMANA Vincent,

L’Interprète : Ainsi, NTEZIMANA Vincent,

le témoin 31 : Akabana na NIZEYIMANA,

L’Interprète : Vivait avec NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Hafi buri gihe.

L’Interprète : Presque tout le temps.

le témoin 31 : Ubwo rero NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Et alors, NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Kubera ko yabaga kwa NTEZIMANA,

L’Interprète : Vu qu’il vivait chez NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Akaba kandi yabaga ari kumwe nabo mu ma salons kwa NIZEYIMANA,

L’Interprète : Et que le gros de son temps, il le passait avec lui dans le salon avec NTEZIMANA,

le témoin 31 : Ubundi bakaba bari kumwe kwa NTEZIMANA.

L’Interprète : Et qu’ils se retrouvaient aussi ensemble chez NIZEYIMANA.

le témoin 31 : Ikintu cya mbere NKUYUBWATSI yatubwiye,

L’Interprète : La première chose que NKUYUBWATSI nous a dite,

le témoin 31 : Nuko NTEZIMANA Vincent,

L’Interprète : C’est que NTEZIMANA Vincent,

le témoin 31 : Itsembabwoko n’itsembatsemba i Butare.

L’Interprète : Etait parmi les planificateurs du génocide et des massacres à Butare.

Le Président : Excusez-moi de vous interrompre. Pour une meilleure compréhension, comme les noms sont très proches, NIZEYIMANA et NTEZIMANA, le témoin pourrait-il parler lorsqu’il s’agit du militaire du capitaine, ce serait peut-être plus facile pour qu’on comprenne et peut-être simplement de Vincent, en ce qui concerne Monsieur NTEZIMANA, de manière à ce qu’il n’y ait pas trop de troubles dans nos esprits et de confusion entre les deux personnes.

L’Interprète : Uzajye ukoresha izina capitaine gusa cyangwa se Vincent gusa, kubera ko amazina yegeranye cyane, kugirango bibashe gusobanuka, bitivanga.

le témoin 31 : Murakoze.

L’Interprète : Merci.

le témoin 31 : Navugaga yuko,

L’Interprète : Je disais que,

le témoin 31 : NKUYUBWATSI kubwe,

L’Interprète : Monsieur NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Yatubwiye yuko Vincent,

L’Interprète : Il nous a dit que Vincent,

le témoin 31 : Yari mu bantu bateguye itsembabwoko n’itsembatsemba i Butare.

L’Interprète : Est parmi les planificateurs du génocide et des massacres à Butare.

le témoin 31 : Yabitubwiye akurikije ko,

L’Interprète : Il nous a dit, se basant sur le fait que,

le témoin 31 : Haba mu salon yo kwa capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Que ce soit au salon du capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Haba muri salon yo kwa Vincent,

L’Interprète : Que ce soit au salon de Vincent,

le témoin 31 : Iyo yabaga atashye,

L’Interprète : Quand il rentrait,

le témoin 31 : Yababwiraga yuko avuye mu manama,

L’Interprète : Il leur disait qu’il venait de participer à des réunions,

le témoin 31 : Amanama ngo y’impuzashyaka, ashyigikiye gouvernement,

L’Interprète : Des réunions d’un groupe des partis pro-gouvernementaux,

le témoin 31 : Gouvernement y’abatabazi,

L’Interprète : Le gouvernement intérimaire,

le témoin 31 : Akavuga yuko ngo barimo no gutegura rapport yo kugirango boherereze gouvernement,

L’Interprète : Et qu’il disait qu’il préparait le rapport qui devait être envoyé au gouvernement,

le témoin 31 : Kugirango bayigendereho bahangane n’umwanzi,

L’Interprète : Pour que le gouvernement puisse se baser et combattre l’ennemi.

le témoin 31 : Uwo mwanzi bitaga inyenzi,

L’Interprète : L’ennemi qu’on appelait Inyenzi, cafard.

le témoin 31 : Akongera akavuga yuko,

L’Interprète : Il ajoutait que,

le témoin 31 : Yazaga ababwira amanama yo muri université,

L’Interprète : Quand il est rentré, il leur relatait des réunions tenues à l’université,

le témoin 31 : Inama zari zibereyeho gushyigikira gouvernement y’abatabazi,

L’Interprète : Des réunions qui avaient pour objectif leur soutien au gouvernement intérimaire,

le témoin 31 : No gushaka uburyo bahangana n’ Inkotanyi.

L’Interprète : Voir comment combattre l’ennemi.

le témoin 31 : Ubundi buryo yamubonaga ategura umugambi wa génocide

L’Interprète : Il le voyait aussi d’un autre angle, dans cette logique de planification du génocide,

Bonaventure HABIMANA : N’uburyo iyo bashakaga kwica yashyikiranaga na capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : C’est le fait que, quand il voulait tuer, il s’entretenait avec le capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Bakiha gahunda yo gukorwa,

L’Interprète : Et qu’il se donnait un plan de ce qu’il fallait faire,

le témoin 31 : Bakafata abasirikare,

L’Interprète : Et qu’il prenait des militaires,

le témoin 31 : Bakuye muri ESO kubera ko NIZEYIMANA yahakoraga,

L’Interprète : Il prenait des militaires de l’ESO, étant donné que NIZEYIMANA y avait de l’autorité,

le témoin 31 : Bakabatuma gutsotsoba icyo gikorwa.

L’Interprète : Et qu’on les envoyait mettre en pratique cette action.

le témoin 31 : Ikindi NKUYUBWATSI yatubwiye,

L’Interprète : Une autre chose que NKUYUBWATSI nous a dit,

le témoin 31 : Yatubwiye planing bakoreshaga bajya guhiga abantu,

L’Interprète : Il nous a parlé du plan qu’ils utilisaient en chassant les gens,

le témoin 31 : Nashakaga kuvuva imipanga, imipanga bakoreshaga kugirango bajye guhiga abantu.

L’Interprète : Il voulait parler de la planification de la chasse à l’homme.

le témoin 31 : Wabireba ugasanga,

L’Interprète : Et quand tu observes bien,

le témoin 31 : Nkurikije ibyo yatubwiye,

L’Interprète : Suivant ce qu’il nous a déclaré,

le témoin 31 : Ugasanga nka capitaire NIZEYIMANA yarashinzwe kuzana imbaraga z’abasirikare,

L’Interprète : Tu trouves que le rôle du capitaine NIZEYIMANA, c’était d’apporter la force militaire,

le témoin 31 : NTEZIMANA nawe agashinga kwerekana abantu bagomba kwicwa.

L’Interprète : Tandis que NTEZIMANA devait montrer les personnes qu’il fallait tuer.

le témoin 31 : Nkurikije ibyo NKUYUBWATSI yatubwiye,

L’Interprète : Suivant ce que NKUYUBWATSI nous a dit,

le témoin 31 : Usanga NTEZIMANA Vincent,

L’Interprète : Tu trouves que NTEZIMANA Vincent,

le témoin 31 : Mu bantu yerekanaga,

L’Interprète : Parmi les gens qu’il pointait du doigt,

le témoin 31 : Bose yaberekanaga,

L’Interprète : Il les montrait,

le témoin 31 : Adakurikije amoko,

L’Interprète : Yakurikizaga abo akeka ko bashyigikiye Inkotanyi.

L’Interprète : Pas suivant les ethnies, mais suivant ce qu’il croyait soutenir les Inkotanyi.

le témoin 31 : Cyangwa se abo akeka yuko batitabiye gushyigikira leta y’abatabazi ?

L’Interprète : Ou alors, ceux qu’il croyait ne pas soutenir convenablement le gouvernement intérimaire,

le témoin 31 : Cyangwa abatari mu murongo wo kwicana.

L’Interprète : Ou alors, qui ne suivaient pas la ligne de tuer.

le témoin 31 : Yaduhaye urugero,

L’Interprète : Il nous a donné comme exemple,

le témoin 31 : Rw’abasirikare 6 cyangwa 7 gutyo yohereje kwa Docteur le témoin 9,

L’Interprète : Ces militaires ou alors envoyés chez le Docteur Emmanuel.

le témoin 31 : Hari n’urundi rugo ntibuka,

L’Interprète : Il nous a parlé d’une autre famille que j’oublie,

le témoin 31 : Kugirango babice.

L’Interprète : Où il a envoyé pour qu’il les tue.

le témoin 31 : Avuga gusa ko bashyigikiye inyenzi,

L’Interprète : Il disait tout simplement qu’il soutenait les Inyenzi,

le témoin 31 : Ariko bakaba bari abahutu.

L’Interprète : Et pourtant, c’étaient des Hutu.

le témoin 31 : Muri make, ku kibazo cya NTEZIMANA Vincent,

L’Interprète : En un mot, pour ce qui concerne l’affaire NTEZIMANA Vincent,

le témoin 31 : Njya kurangiza kumubaza,

L’Interprète : A la fin de l’interrogatoire,

le témoin 31 : Namubajije kubwe ahantu yumvaa bamutumye kujya kwica ari kumwe n’abandi,

L’Interprète : Je lui ai demandé quand on l’a envoyé tuer en compagnie des autres,

le témoin 31 : N’ahandi hantu abandi bagiye kwica we atariho,

L’Interprète : Et d’autres endroits ou d’autres sont allés tuer sans sa présence,

le témoin 31 : Ariko batumwe na capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Mais sous ordre du capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Cyangwa professeur Vincent.

L’Interprète : Ou du professeur Vincent.

le témoin 31 : Aho yambwiye yagiye,

L’Interprète : Là, il m’a dit que cette personne m’a rendu,

le témoin 31 : Yambwiye ko yagiye ku muprofeseri, sinibuka niba ari umuprofeseri, yagiye k’uwitwa Jérôme,

L’Interprète : Il m’a dit qu’il s’est rendu chez un professeur, je ne sais pas si c’est un professeur, en tout cas, un certain Jérôme,

le témoin 31 : Jérôme ngo akaba yarafite akabati keza cyane,

L’Interprète : Que Jérôme avait une jolie armoire,

le témoin 31 : NKUYUBWATSI akavuga yuko,

L’Interprète : NKUYUBWATSI disait que,

le témoin 31 : Yajyanye n’abasirikare,

L’Interprète : Il est parti avec des militaires,

le témoin 31 : Bagiye kwica urwo rugo,

L’Interprète : Qu’ils allaient tuer cette famille,

le témoin 31 : N’abarwihishemo bose,

L’Interprète : Et ainsi que tous ceux qui s’y cachaient,

le témoin 31 : Ngo bari hagati ya 10 na 20.

L’Interprète : Qui donne un nombre entre 10 et 20.

le témoin 31 : We ngo akagira ishingano zo kuzana ako kabati kari keza cyane.

L’Interprète : Et lui avait pour mission d’emmener cette armoire qui était très jolie.

le témoin 31 : Akavuga ko bagiye bakabica,

L’Interprète : Et dès qu’ils sont partis, qu’ils les ont tués,

le témoin 31 : Ariko akabati bakakabura, bakagaruka.

L’Interprète : Mais qu’ils n’ont pas pu trouver l’armoire qu’ils sont rentrés.

le témoin 31 : Ahandi hantu yatubwiye bagiye kwica,

L’Interprète : Un autre endroit qu'il nous a désigné où ils sont partis tuer,

le témoin 31 : Ni ku mugabo witwa KAYITANI warutuye Evêché.

L’Interprète : C’est chez un certain Gaétan, qui habitait près de l’Evêché.

le témoin 31 : Ngo babahaye yuko nibamubura bigarukira.

L’Interprète : Il dit qu’ils avaient comme consigne, s’ils ne le trouvaient pas, de revenir.

le témoin 31 : Bamubuze,

L’Interprète : Ils ne l’ont pas trouvé,

le témoin 31 : Ngo baragaruka,

L’Interprète : Ils seraient revenus,

le témoin 31 : Babitangaho rapport kwa NTEZIMANA na NIZEYIMANA,

L’Interprète : Et qu’ils ont donné ce rapport à NIZEYIMANA et NTEZIMANA,

le témoin 31 : Hanyuma ngo ari ku kazi,

L’Interprète : Au moment où il était au travail,

le témoin 31 : Capitaine NIZEYIMANA aza kumutelefona,

L’Interprète : Le capitaine NIZEYIMANA lui a téléphoné,

le témoin 31 : Amubwira ngo aze,

L’Interprète : Pour lui dire de venir,

le témoin 31 : Kumufasha gusagata ibintu byari kwa KAYITANI.

L’Interprète : Venir l’aider piller les objets qui étaient chez Gaétan.

le témoin 31 : Aje ngo asanga amaze gupfa,

L’Interprète : Quand il est venu, il a trouvé qu’il venait de mourir,

le témoin 31 : Amaraso yuzuye inzu,

L’Interprète : Que le sang remplissait toute la maison,

le témoin 31 : Ibintu byari biraho babipakira mu kamyoneti barabitwara.

L’Interprète : Ils ont chargé les objets qui étaient là-bas, dans une camionnette et les ont pris.

le témoin 31 : Atubwira ko hari ahandi hantu babatumye kwica,

L’Interprète : Il nous a dit qu’il y a un autre endroit où on les a envoyés tuer,

le témoin 31 : Bagiye basangayo abantu benshi,

L’Interprète : Et qu’une fois arrivés là-bas, ils ont trouvé beaucoup de gens,

le témoin 31 : Barangije kubica.

L’Interprète : Déjà tués.

le témoin 31 : Hari ikindi yatubwiye,

L’Interprète : Une autre chose qu’il nous a dite,

le témoin 31 : Yatubwiye ku bakobwa babiri b’ababoyi babaga kwa… bari kwa NIZEYIMANA ?

L’Interprète : Il nous a parlé à propos de deux filles qui étaient chez NIZEYIMANA, qui étaient chez NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Bukeye baza kwa Vincent,

L’Interprète : Et qui, le lendemain, sont venues chez Vincent,

le témoin 31 : Mbese habaye encombrement mu nzu,

L’Interprète : Et alors, qu’il y a eu un encombrement dans la maison,

le témoin 31 : Yo kwa NIZEYIMANA,

L’Interprète : La maison du capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Hanyuma babohereza kwa NTEZIMANA,

L’Interprète : Qu’on les a renvoyées chez NTEZIMANA,

le témoin 31 : Aho hantu rero ngo niho NTEZIMANA na NIZEYIMANA,

L’Interprète : Et c’est à ce lieu-là, chez Vincent, c’est là où Vincent NTEZIMANA,

le témoin 31 : Ngo babwiye umusirikare Bwana NKUYUBWATSI,

L’Interprète : On dit à un militaire,

le témoin 31 : Ngo bajye kwica abo bana,

L’Interprète : Qu’on aille tuer ces enfants,

le témoin 31 : Kubera yuko ngo bamenye ibanga rya génocide.

L’Interprète : Car ils avaient divulgué le secret du génocide.

le témoin 31 : Ngo bavuze ko barimo kwica bagazagata ibintu by’abantu,

L’Interprète : Ils avaient dit qu’on pillait et qu’on tuait les objets des gens,

le témoin 31 : Abana barabatwaye,

L’Interprète : On a pris ces enfants,

le témoin 31 : Barasira munsi y’urugo rwo kwa NTEZIMANA,

L’Interprète : On les a fusillés sous la maison de NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Barataha,

L’Interprète : Ils sont rentrés,

le témoin 31 : Ariko ngo hari umwe utari wanogorotse,

L’Interprète : Mais il y en avait une qui n’était pas complètement morte,

le témoin 31 : Arakururuka,

L’Interprète : Elle a rampé,

le témoin 31 : Agaruka mu rugo kwa NTEZIMANA.

L’Interprète : Pour revenir dans l’enclos de NIZEYIMANA.

le témoin 31 : NKUYUBWATSI ambwira ko yasubiye ku kazi atazi ko yahageze,

L’Interprète : NKUYUBWATSI me dit qu’il est retourné au travail, ne sachant pas que la fille était revenue là-bas,

le témoin 31 : Ntiyarazi ko atanapfuye.

L’Interprète : Qu’il ne savait même pas si elle n’était pas morte.

le témoin 31 : Ari ku kazi yumva baramutelefonye,

L’Interprète : Alors qu’il était au travail, il est arrivé qu’on lui a téléphoné,

le témoin 31 : Baramubwira bati : « Kuki mwica abantu ntibapfe ? ».

L’Interprète : On lui a dit : « Pourquoi vous ne tuez pas les gens qui ne m’aiment pas ? ».

le témoin 31 : Aravuga ati : « Hari umwana wakururutse aza ahangaha ».

L’Interprète : On lui a dit qu’il y a une enfant qui a rampé jusqu’ici,

le témoin 31 : Ngo aze ahamagare wa musirikare aze amwice.

L’Interprète : Qu’il appelle son militaire qu’il vienne l’achever,

le témoin 31 : Namubura, nawe aze ubwe amurase.

L’Interprète : Et que s’il ne le trouve pas, qu’il vienne lui-même la fusiller.

le témoin 31 : Yaramubuze,

L’Interprète : Il ne l’a pas trouvé,

le témoin 31 : Kuko yari umusirikare ngo wo muri ESO adashobora kumwidantifiya.

L’Interprète : Car il ne pouvait pas identifier,

le témoin 31 : Araza,

L’Interprète : Il est venu,

le témoin 31 : Afata imbunda, aramurasa.

L’Interprète : Il a pris le fusil et l’a fusillée,

le témoin 31 : Aramwica quoi.

L’Interprète : Et il l’a tuée.

le témoin 31 : Ibindi NKUYUBWATSI atubwira,

L’Interprète : Autre chose que NKUYUBWATSI nous dit,

le témoin 31 : Ni uburyo yarari kwa NTEZIMANA.

L’Interprète : C’est la façon qu’il a été chez NIZEYIMANA.

le témoin 31 : Hanyuma NIZEYIMANA na NTEZIMANA ? Vincent NTEZIMANA na capitaine NIZEYIMANA bo icyo gihe, bari kwa capitaine NIZEYIMANA

L’Interprète : A ce moment, Vincent NTEZIMANA et le capitaine NIZEYIMANA ont été chez le capitaine, 

le témoin 31 : Hanyuma batuma umusirikare ngo ajye kwa KARENZI kwica.

L’Interprète : Ils ont envoyé le militaire qu’il aille tuer chez KARENZI.

le témoin 31 : Ageze kwa Vincent,

L’Interprète : Une fois arrivés chez Vincent,

le témoin 31 : Ayoboza NKUYUBWATSI kwa KARENZI.

L’Interprète : Il a demandé à… de lui montrer l’habitation de KARENZI.

le témoin 31 : Hanyuma NKUYUBWATSI avuga ko atahazi,

L’Interprète : NKUYUBWATSI a dit qu’il ne savait pas où était cette habitation.

le témoin 31 : Umusirikare aragenda, ageze mu nzira,

L’Interprète : Il est parti. En cours de route,

le témoin 31 : Ahura n’umuntu,

L’Interprète : Il a rencontré une personne,

le témoin 31 : Amuyobora kwa KARENZI ;

L’Interprète : Qui lui a montré chez KARENZI ;

le témoin 31 : Ageze kwa KARENZI arasa umugore we,

L’Interprète : Arrivé chez KARENZI, il a fusillé sa femme,

le témoin 31 : Akemeza yuko,

L’Interprète : Et il confirme que,

le témoin 31 : Ari nawe ari n’uwo musirikare wagiye kurasa KARENZI,

L’Interprète : C’est le même militaire qui est allé fusiller KARENZI,

le témoin 31 : Hafi ya hôtel Faucon.

L’Interprète : Près de l’hôtel Faucon.

le témoin 31 : Kubwa NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Selon NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Atubwira yuko,

L’Interprète : Il nous dit que,

le témoin 31 : NIZEYIMANA,

L’Interprète : NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Na NTEZIMANA,

L’Interprète : Et NTEZIMANA,

le témoin 31 : Bari aba planificateurs kandi bafite imbaraga,

L’Interprète : Etaient des planificateurs, ils avaient le pouvoir,

le témoin 31 : Bafite imbaraga, la force.

L’Interprète : La force,

In

 le témoin 31 : Akaba rero kuri we,

L’Interprète : Et que selon lui,

le témoin 31 : Ku bwicanyi bwo kw’i Taba,

L’Interprète : Les tueries de Taba,

le témoin 31 : Ariho bari babuyoboye, aribo bombi bari babuyobotse.

L’Interprète : C’est de là qu’ils les dirigeaient.

Bonaventure HABIMANA : Akambwira ko yafatiranyaga na NIZEYIMANA,

L’Interprète : Il me dit qu’ils s’aidaient, survenaient en aide,

le témoin 31 : Hanyuma mu buryo bwo kwiyambaza, bagafatanya mu buryo bwo gutegura no gupanga,

L’Interprète : Qu’ils collaboraient, et qu’ils collaboraient dans la préparation et la planification,

le témoin 31 : Mu buryo bwo gufatikanya,

L’Interprète : De la collaboration,

le témoin 31 : Auteur et co-auteur.

L’Interprète : Et qu’il était co-auteur,

le témoin 31 : Mu buryo bumwe na bumwe ugasanga umwe agiye mu gikorwa undi aramufashije,

L’Interprète : Et que dans une situation, il était auteur et co-auteur,

le témoin 31 : Ubundi bategura igikorwa bagafashwamo n’abasirikare,

L’Interprète : Ou alors, quand il préparait une action pour les militaires,

le témoin 31 : Na NKUYUBWATSI.

L’Interprète : Ainsi que NKUYUBWATSI.

le témoin 31 : NKUYUBWATSI akavuga ko ariwe mucivil warimo wenyine,

L’Interprète : NKUKUBWATSI dit qu’il était le seul civil du groupe,

le témoin 31 : Akavuga yuko, kubera ko yari yarakoze igisirikare,

L’Interprète : Il dit que comme il avait été militaire,

le témoin 31 : Bamwizeragaho kuba yashoboragukorana n’abandi basirikare.

L’Interprète : On lui faisait confiance, qu’il pouvait travailler avec d’autres militaires.

le témoin 31 : Hanyuma ariko,

L’Interprète : Mais que,

le témoin 31 : Kubera ko hari équipe y’abasirikare ishinzwe gufata abasivili bafite imbunda bambaye igisivile.

L’Interprète : Vu qu’il y avait une équipe de militaires chargée d’identifier, d’arrêter les civils armés,

le témoin 31 : Biba ngombwa yuko,

L’Interprète : Il a été nécessaire que,

le témoin 31 : Capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Le capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Yaba yarazaniye NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Aurait apporté à NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Uniformes za gisirikare,

L’Interprète : L’uniforme militaire,

le témoin 31 : Akaba arizo yambaraga bari muri opération yo kwica.

L’Interprète : Et que c’est cet uniforme qu’il portait lorsqu’il était dans une opération de tuerie,

le témoin 31 : Ndetse no mu kazi ka SORWAL, iyo yabaga aherekeje amamodoka yabo cyangwa araho bagiye, akagend’abyambaye.

L’Interprète : Il portait cet uniforme à la SORWAL quand, notamment, il escortait les véhicules de la SORWAL,

le témoin 31 : Ndibuka mubyo yatubwiye,

L’Interprète : Je me souviens que, parmi ce qu’il nous a dit,

le témoin 31 : Capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Que le capitaine NIZEYIMANA,

Bonaventure HABIMANA : Ntaho yaracyubahira ubuyobozi bwa gisirikare,

L’Interprète : Ne respectait plus l’autorité militaire, l’autorité militaire,

le témoin 31 : Ubuyobozi bwari buyobowe n’umucolonel witwaga le témoin 151,

L’Interprète : L’assurait alors par un colonel le témoin 151,

le témoin 31 : Nibyo yakoraga ntiyabaga yabimubajije,

L’Interprète : Et que même ce qu’il faisait ne devait pas d’abord demander l’autorisation de celui-là,

le témoin 31 : Ku buryo iyo…

L’Interprète : De telle sorte que,

le témoin 31 : Abasirikare ba NIZEYIMANA bakubitanaga n’aba le témoin 151,

L’Interprète : Quand les militaires de NIZEYIMANA, qui incluaient NKUYUBWATSI, croisaient ceux du témoin 151,

le témoin 31 : Bagiraga ubwoba,

L’Interprète : Prenaient peur,

le témoin 31 : Barabatinyaga,

L’Interprète : Les craignaient,

le témoin 31 : Bakirukanka rimwe na rimwe,

L’Interprète : Et qu’ils s’enfuyaient des fois,

le témoin 31 : Bakavuga bati : « Turamutse duhuye, baramutse bagize uwo bafatamo nka NKUYUBWATSI bazi,

L’Interprète : Et disant que s’ils parvenaient à attraper NKUYUBWATSI qu’ils connaissaient,

le témoin 31 : Kuko uwo mucolonel le témoin 151 yarazi NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Etant donné que le témoin 151 connaissait NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Akaba yarazi ko aba kwa NIZEYIMANA,

L’Interprète : Et qu’il savait bien, qu’il savait qu’il vivait chez NTEZIMANA,

le témoin 31 : Bakekaga ko babafashe,

L’Interprète : Il pensait que s’ils les attrapaient,

le témoin 31 : Bari kumenya ko ari NIZEYIMANA ufite akandi gace k’abasirikare bakoresha,

L’Interprète : Ils allaient se rendre compte que NIZEYIMANA avait un autre groupe de militaires sous ses ordres,

le témoin 31 : Akaba yatinya ibihano bya gisirikare,

L’Interprète : Et qu’il craignait les sanctions militaires,

le témoin 31 : Yuko atagendera kuri ordres z’abantu bakuru.

L’Interprète : S’il ne suit pas les ordres de la hiérarchie.

le témoin 31 : Aho yampaye urugero nk’igihe bajya kwa KAYITANI,

L’Interprète : A ce sujet, il m’a donné l’exemple qu’ils se sont rendus chez Gaétan,

le témoin 31 : Ko bagezeyo,

L’Interprète : Qu’une fois arrivés là-bas,

le témoin 31 : Bagasatirana n’abasirikare ba le témoin 151.

L’Interprète : Ils en sont venus aux mains avec les militaires du témoin 151,

le témoin 31 : Bakubitanye nabo,

L’Interprète : Et qu’ils avaient croisé,

le témoin 31 : Bashaka kurasana,

L’Interprète : Et qu’ils ont failli se tirer dessus mutuellement,

le témoin 31 : Noneho NKUYUBWATSI nabo basirikare bavuye kwa NIZEYIMANA,

L’Interprète : Et NKUYUBWATSI et ses militaires qui venaient de NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Babona ko bikomeye barirukanka.

L’Interprète : Ont vu que c’était grave et ils ont pris fuite.

le témoin 31 : Bageze kwa capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Arrivés chez le capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Bavuga ko bakubitanye n’abasirikare ba le témoin 151 benda kurwana.

L’Interprète : Ils ont dit qu’ils avaient croisé les militaires du témoin 151, qu’ils ont failli se battre.

le témoin 31 : Noneho NIZEYIMANA aravuga ati, colonel le témoin 151 aje kureba hano yenda yakumenya,

L’Interprète : Alors, NIZEYIMANA lui a dit : « Si le colonel le témoin 151 venait voir ici et qu’il te trouvait ici,

le témoin 31 : Azahita avuga ko nari nakohereje kwica abantu, nangwa nari nakohereje mu mirimo ya gisirikare.

L’Interprète : Il dit que je t’avais envoyé tuer des gens alors que je t’avais envoyé dans des opérations… ».

le témoin 31 : Yavuze yuko, le témoin 151 yavuga yuko nakohereje kwica, wambaye ibya gisirikare kandi utari umusirikare.

L’Interprète : Il se corrige. Il a dit que MUVUNI dirait qu’il était envoyé tué en uniforme militaire,

le témoin 31 : NIZEYIMANA ubwo afata umwanzuro,

L’Interprète : NIZEYIMANA alors a compris la décision,

le témoin 31 : Yo kumuhungiriza kwa Paul le témoin 40,

L’Interprète : De réfugier chez le témoin 40,

le témoin 31 : Wo guhungisha NKUYUBWATSI kwa le témoin 40,

L’Interprète : De réfugier chez Jean Paul le témoin 40,

le témoin 31 : Kugirango colonel le témoin 151 aramutse ahaje,

L’Interprète : Pour que si le colonel arrivait,

le témoin 31 : Ataba yahamusanga, akamwidentifiya.

L’Interprète : Ne trouvait pas et ne l’identifie pas.

le témoin 31 : Urundi rugero yampaye,

L’Interprète : Et l’autre exemple qu’il m’a fourni,

le témoin 31 : Ni… information abasirikare bavuye kurasa kwa Docteur le témoin bahaye NIZEYIMANA,

L’Interprète : C’est une information que les militaires qui venaient tirer des balles chez le Docteur le témoin qu’ils ont donné à NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Ko bagezeyo,

L’Interprète : Qu’une fois arrivés là-bas,

le témoin 31 : Batangiye kurasa,

L’Interprète : Ils ont commencé à tirer,

le témoin 31 : Ngo bumva agasasu gahise hejuru,

L’Interprète : Et qu’ils ont vu une balle qui traversait dessus,

le témoin 31 : Bakeka ko hari indi force iri hirya ishaka kubarasa,

L’Interprète : Ils ont pensé qu’il y avait une autre force qui était à côté, qui voulait tirer sur eux,

le témoin 31 : Ngo barazamuka bahunga,

L’Interprète : Et qu’ils sont montés en fuyant,

le témoin 31 : Bageze mu rugo bavuga uko byagenze.

L’Interprète : Une fois arrivés à la maison, ils ont raconté ce qui s’est passé.

le témoin 31 : Ubwo akemeza yuko,

L’Interprète : Il affirme que,

le témoin 31 : Kuri we,

L’Interprète : Selon lui,

le témoin 31 : Aricyo cyakijije Docteur le témoin,

L’Interprète : C’est cela qui a sauvé le Docteur le témoin,

le témoin 31 : N’umuryango we.

L’Interprète : Et sa famille.

le témoin 31 : Kuri NTEZIMANA rero, kuri Vincent,

L’Interprète : Pour ce qui concerne Vincent,

le témoin 31 : Muri makeya,

L’Interprète : En un mot,

le témoin 31 : Avuga yuko,

L’Interprète : Il dit que,

le témoin 31 : Imiryango yose y’abarimu ba université n’indi miryango bari baturanye kw’i Taba,

L’Interprète : Toutes les familles des professeurs de l’université, ainsi que toutes les familles qui étaient son voisin, ses voisines à Taba,

le témoin 31 : Cyane cyane imiryango y’abacivili yarihari yose,

L’Interprète : Surtout toutes les familles des civils qui étaient là-bas,

le témoin 31 : Niwe wageragezaga kuvuga umusivile uko yitwara,

L’Interprète : C’est lui qui décrivait le comportement et qu’il soutient l’ennemi Inyenzi-Inkotanyi,

le témoin 31 : Hanyuma akaba ariwe utanga uburyo bavuga bati Kanaka napfe, Kanaka napfe,

L’Interprète : Et c’est lui qui planifiait : tel mourra, tel doit mourir,

le témoin 31 : Ati Kanaka yaradusize ntitukimubonye,

L’Interprète : Quand untel nous a échappé, nous n’allons plus le voir, la voir,

le témoin 31 : Afatanyije na NIZEYIMANA ?

L’Interprète : Et ainsi, en collaboration du capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Bagatuma n’abajya kwica iyo miryango.

L’Interprète : Qui envoyait les gens tuer ces familles.

le témoin 31 : NKUYUBWATSI yatwibukije yuko,

L’Interprète : NKUYUBWATSI nous a rappelé que,

le témoin 31 : NKUYUBWATSI yatubwiye yuko, igihe kimwe bavuye kwa NTEZIMANA,

L’Interprète : Une fois qu’il est rentré chez… kwa nde ?

le témoin 31 : Bavuye kwa Vincent bagiye kwa capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Pour aller chez le capitaine,

le témoin 31 : Bahingutse kuri barrière,

L’Interprète : Ils sont arrivés à une barrière,

le témoin 31 : Iyo barrière, abari kuri barrière bari bafashe umusore,

L’Interprète : Et des gens qui étaient à cette barrière avaient attrapé un jeune homme,

le témoin 31 : Umusore bari bamufashe barimo kureba ibyangobwa bye, bibaza aho ava naho ajya,

L’Interprète : Ils entraient pour vérifier les pièces d’identité de ce jeune homme et demander d’où il venait et où il allait.

le témoin 31 : Ngo barahageze nabo barahagarara,

L’Interprète : Arrivés là-bas, ils se sont arrêtés,

le témoin 31 : Bari kumwe na le témoin 118, bari kumwe na Yohani-Maria le témoin 142,

L’Interprète : Ils étaient avec chez Jean-Marie VALLOIS,

le témoin 31 : NTEZIMANA Vicenti,

le témoin 31 : (Afata indangamuntu y’uwo musore) ayihereza NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Vincent a pris la carte d’identité de ce jeune homme-là,

le témoin 31 : Arongera aravuga ati turebe ko yambaye amapantalo abiri kuko Inkotanyi zambara amapantalo abiri,

L’Interprète : Et il ajouté de vérifier qu’il ne porte pas deux pantalons, vu que les Inkotany portent d’habitude

le témoin 31 : Basanze rero ngo afite ipantalo yind’imbere,

L’Interprète :

le témoin 31 : Abwira NKUYUBWATSI ati mpereza indanga muntu y’iyi nyenzi, ariyimuha, arangije arababwira ati : « Kandi se ko mureba, murabona atari inyenzi, murabona ko ari inyenzi, ko yambaye amapantaro abiri ? ».

L’Interprète : « Cet Inyenzi et puis vous-même vous ne voyez pas que c’est un Inyenzi : il porte deux pantalons… ? ».

Bonaventure HABIMANA : Hanyuma ubwongubwo aravuga ati : « Mutegereje iki kindi…

L’Interprète : Il a ajouté « Qu’est-ce que vous attendez d’autre…

le témoin 31 : Ati : « …Ntimubona ko ari Inyenzi ? ».

L’Interprète : …Vous ne voyez pas que c’est un Inyenzi ? ».

le témoin 31 : Hanyuma ubwo baragiye,

L’Interprète : Et après, ils sont partis,

le témoin 31 : Basiga bamukubita cyane,

L’Interprète : Ils l’ont laissé, alors qu’on le tabassait fort,

le témoin 31 : Hanyuma ngo baje kugaruka bagarutse kwa Vincent,

L’Interprète : Aller-retour chez Vincent,

le témoin 31 : Bavuye kwa captaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : De chez le capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Basanga ngo yarangije kwicwa.

L’Interprète : Ils ont trouvé qu’il avait déjà été tué.

le témoin 31 : Ubwo yatubwiye yuko,

L’Interprète : Et alors, il nous a dit que,

le témoin 31 : Mu manama y’impuzashyaka bagiraga ashyigikiye Leta y’abatabazi,

L’Interprète : Parmi ces réunions de la coalition des partis politiques qui soutenaient le gouvernement intérimaire,

le témoin 31 : Abarimu ba université yibutse ngo bahoraga muri ayo manama,

L’Interprète : Les professeurs d’université se rencontraient dans ces réunions,

le témoin 31 : Ngo yibutse uwitwa le témoin 93,

L’Interprète : Et parmi eux, il s’est souvenu,

le témoin 31 : Mbibutse ko nawe afungiwe i Butare,

L’Interprète : Je vous rappelle que celui-là est aussi incarcéré à Butare,

le témoin 31 : Akaba kandi ngo yarumvaga n’uwitwa Damiyani,

L’Interprète : Il entendait aussi parler d’un certain Damien,

le témoin 31 : Nawe ufungiye i Butare, ubu urimo uburana,

L’Interprète : Lui aussi est arrêté à Butare, son procès est en cours,

le témoin 31 : Nkabibutsa na none yuko,

L’Interprète : Je vous rappellerai également que,

le témoin 31 : Amaze kutubwira ko bari bafatanyije na le témoin 93,

L’Interprète : Quand il nous a dit qu’ils ont collaboré avec le témoin 93,

le témoin 31 : Nagiye kureba mu dossier ya le témoin 93 ko nabonamo NTEZIMANA Vincent,

L’Interprète : Je suis allé vérifier dans le dossier du témoin 93 si je pouvais trouver le nom de NTEZIMANA Vincent,

le témoin 31 : Nsanga inyandiko-mvugo isa niyo nakuye mu yindi dossier ya le témoin 129,

L’Interprète : Et j’ai trouvé que le procès-verbal semblable à celui que j’avais trouvé dans un autre dossier du témoin 129,

le témoin 31 : Ivuga yuko,

L’Interprète : Précisant que,

le témoin 31 : NTEZIMANA Visenti yajyanye n’abasirikare ku witwa NDUWUMWE,

L’Interprète : NTEZIMANA Vincent est allé en compagnie de militaires chez un certain NDUWUMWE Victor,

le témoin 31 : Ngo baharasa umwana n’umugore.

L’Interprète : Et qu’ils avaient tiré sur un enfant et une femme.

le témoin 31 : Muri make, ibyo yagiye ambwira kuri NTEZIMANA Vincent, harimo n’ibinindi,

L’Interprète : En un mot, ce qu’il m’a dit sur Vincent NTEZIMANA et d’autres,

le témoin 31 : Byose bijya bikubiye ahongaho.

L’Interprète : D’autres qui tournent autour de ça.

le témoin 31 : Tugarutse kuri Alphonse HIGANIRO,

L’Interprète : Revenant sur Alphonse HIGANIRO,

le témoin 31 : Wari inshuti ya NTEZIMANA Vincent,

L’Interprète : Qui était ami de NTEZIMANA Vincent,

le témoin 31 : Akaba inshuti ya capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Qui était ami du capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Byatumye NIZEYIMANA, igihe yahamagaraga NKUYUBWATSI amuzana i Butare, mu gihe yaramaze guhunga aho Inkotanyi zafashe,

L’Interprète : Ce qui a fait que quand NIZEYIMANA venait de fuir à Butare, NKUYUBWATSI, qui venait de là où les Inkotanyi,

L’Interprète : Qui étaient déplacés de guerre,

le témoin 31 : Amugejeje i Butare yagiye kumusabira akazi muri SORWAL,

L’Interprète : Une fois qu’il l’avait amené à Butare, il est allé lui demander du travail à la SORWAL,

le témoin 31 : Kubera ubucuti yarafitanye na Alphonse HIGANIRO,

L’Interprète : A cause de l’amitié qui le liait à Alphonse HIGANIRO,

le témoin 31 : We avuga ko atateganyije kukabona,

L’Interprète : Il a dit que ça n’a pas pris longtemps pour trouver ce travail,

le témoin 31 : Ndetse we kubwe, akaba yarazamukaga vuba kubera yuko bari baziranye.

L’Interprète : Et qu’en promotion, puisqu’ils se connaissaient.

le témoin 31 : Akavuga yuko,

L’Interprète : Il ajoute que,

le témoin 31 : Ku mushahara we wambere, yafashe umushahara we ntiyagira ikindi awukoresha,

L’Interprète : Il n’a rien fait d’autre de son premier salaire,

le témoin 31 : Yaguze inzoga, agura n’ihene,

L’Interprète : Qu’il a acheté la bière et la chèvre,

le témoin 31 : Arabiteguza,

L’Interprète : Qu’il a fait préparé,

Bonaventure HABIMANA : Ajya gushimira abamuhaye akazi n’abamugegejeyo,

L’Interprète : Qu’il est allé remercier ceux qui lui avaient donné du travail et ceux qui l’avaient introduit,

le témoin 31 : Bitya bagira umusangiro wa kivandimwe,

L’Interprète : Ils ont partagé en frères,

le témoin 31 : Hari Alphonse HIGANIRO,

L’Interprète : Il y avait alors Alphonse,

le témoin 31 : Wari directeur général we,

L’Interprète : Qui était son directeur général,

le témoin 31 : Hari capitaine NIZEYIMANA wamusabiye akazi kandi banabanye mbere,

L’Interprète : Il y avait le capitaine qui lui avait cherché ce travail et qui l’avait hébergé avant,

le témoin 31 : Hari na Vicenti NTEZIMANA wari inshuti yabo bose.

L’Interprète : Il y avait aussi Vincent NTEZIMANA qui était leur ami commun.

le témoin 31 : NKUYUBWATSI yatubwiye yuko akigera muri SORWAL yasanze yarangaje abandi bantu b’Interahamwe benshi,

L’Interprète : NKUYUBWATSI nous a dit qu’à son arrivée à la SORWAL, il a trouvé qu’on avait engagé,

le témoin 31 : Interahamwe zayoborwaga na prezida w’Interahamwe muri Mbazi witwaga Deo,

L’Interprète : Desquels il y avait le président dans la commune de Mbazi

le témoin 31 : Abo bantu bakaba baraho bakora akazi muri za cartouches,

L’Interprète : Et que ces gens faisaient là-bas du travail dans des cartouches,

le témoin 31 : Ngo wari umurimo wo gupfuka ibibiriti.

L’Interprète : Ce travail-là consistait à emballer les allumettes.

le témoin 31 : Hanyuma bakaba bakoraga ari 20,

L’Interprète : Ils y travaillaient au nombre de 20,

le témoin 31 : Bayoborwa n’umuyobozi w’Interahamwe muri komine Mbazi iri hafi y’umugi aho,

L’Interprète : Dirigés par le chef de la commune de Mbazi, qui est non loin de la ville,

le témoin 31 : Witwa Deo.

L’Interprète : Du nom de Déo.

le témoin 31 : Muri iyo minsi yangaje n’umuserija w’umusirikare witwa MUHUTU,

L’Interprète : Dans ce jour-là, il a engagé un autre militaire du nom de MUHUTU, un sergent,

le témoin 31 : Hanyuma amushakira pistolet,

L’Interprète : Il lui a cherché un pistolet,

le témoin 31 : Amushyira ahongaho nk’ushinzwe sécurité,

L’Interprète : Il a mis, attaqué l’agent de sécurité,

le témoin 31 : Akajya anamuherekeza, bakabana no mu rugo gutyo,

L’Interprète : Et qu’il escortait qui vivait avec lui à la maison,

le témoin 31 : Kubwa NKUYUBWATSI rero,

L’Interprète :

le témoin 31 : Akatubwira yuko Alphonse HIGANIRO,

L’Interprète : Il nous dit qu’Alphonse HIGANIRO,

le témoin 31 : Yari umuntu ukomeye cyane muri MRND ku rwego rw’igihugu,

L’Interprète : Etait un homme très important dans le MRND au niveau national,

le témoin 31 : Wari mu bayobozi bayo mu gihugu,

L’Interprète : Qu’il était parmi les plus hauts responsables au niveau national,

le témoin 31 : Akaba yarafite ibitekerezo bya extrémisme hutu,

L’Interprète : Et qu’il avait une idéologie extrémisme Hutu,

le témoin 31 : Yatumye hari umusekereteri umwe yashakaga kwirukanisha, avuga ati : « Abona amabanga yanjye muri fax, akayajyana muri PL », izina ndaryibagiwe,

L’Interprète : Qui a fait qu’il avait une secrétaire qu’il a failli renvoyer qui disait qu’elle recevait les fax et qu’elle allait communiquer les secrets au PL,

le témoin 31 : Parti libéral.

L’Interprète : Le Parti libéral,

le témoin 31 : Ni parti yavugaga ko irimo abatutsi,

L’Interprète : Le parti qui est, lui, composé des Tutsi,

le témoin 31 : Akongera akagaragaza yuko,

L’Interprète : Et il explique que,

le témoin 31 : Igihe k’itsembabwoko n’itsembatsemba,

L’Interprète : Pendant la période du génocide, du massacre,

le témoin 31 : Ubwo abatutsi batari bagishobora kugera ku kazi,

L’Interprète : Au moment où il était devenu impossible aux Tutsi d’arriver au travail,

le témoin 31 : Yandikiye directeur technique witwaga Martini,

L’Interprète : Il a écrit une lettre à son directeur technique qui s’appelait Martin,

le témoin 31 : Amubwira yuko abo bantu bataza ku kazi, batongera kubahemba kubera yuko atari abakozi.

L’Interprète : Lui disant que ces gens qui ne venaient plus au travail, qu’on arrête leur salaire puisque ce n’était plus des agents.

le témoin 31 : Ikindi kintu yatubwiye kuri Alphonse HIGANIRO,

L’Interprète : Une autre chose qu’il nous a dite concernant HIGANIRO,

le témoin 31 : Nuko le témoin 32, bamaze kumurasa indege ikagwa,

L’Interprète : C’est que quand on a tiré sur le témoin 32 et que l’avion a été descendu,

le témoin 31 : Alphonse HIGANIRO abimenye yaje kwa capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Quand Alphonse HIGANIRO l’a appris, il est venu chez le capitaine,

le témoin 31 : Ahahurira na Vincent NTEZIMANA,

L’Interprète : Et qu’il y a rencontré Vincent NTEZIMANA,

le témoin 31 : Batangira gusangira ikirahure cy’ikiriyo,

L’Interprète : Qu’on a commencé à partager un verre de deuil,

le témoin 31 : NKUYUBWATSI akavuga ko nawe yaraho muri salon,

L’Interprète : Et que NKUYUBWATSI dit que lui-même était présent au salon,

le témoin 31 : Ko basangiraga batamuhezaga,

L’Interprète : Qu’on partageait, qu’on ne le mettait pas à l’écart,

le témoin 31 : Baza kubona telefone ivuye i Kigali y’umu capitaine witwa KABERA wari garde du corps wa prezida le témoin 32 ?

L’Interprète : Qu’alors, le téléphone a sonné de Kigali du capitaine du nom… qui était garde du corps du président le témoin 32 ?

le témoin 31 : Hanyuma telefone yakirwa na capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Alors, le téléphone fut pris par le capitaine NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Amaze kuyakira, arababwira ati : « Capitaine KABERA aranterefonye…

L’Interprète : Alors, après la communication il a dit : « Le capitaine vient de me téléphoner…

le témoin 31 : …Amaze kunterefona ambwira ko indege y’le témoin 133 yaguye…

L’Interprète : …Il m’a dit que l’avion du père vient d’être descendu…

le témoin 31 : …Ko nta kindi, ari abatutsi bayigushije…

L’Interprète : …Qu’il n’y a pas à chercher ailleurs, que c’étaient des Tutsi qui venaient de l’abattre…

le témoin 31 : …Ko i Kigali batangiye nabo kubica, bivanja babica, babafata, kugirango bataza nabo kugira icyo babatwara ».

L’Interprète : Que à Kigali ils avaient commencé à les tuer, à les prendre pour que eux aussi subissent problèmes ».

le témoin 31 : Hanyuma, ubwo ngubwo NIZEYIMANA yavuze ibyo yumvise kuri telefone,

L’Interprète : Et alors, NIZEYIMANA a raconté ce qu’il venait d’entendre au téléphone,

le témoin 31 : Alphonse HIGANIRO ahita ababwira ati : « None se twe dukore iki, kuki twebwe tutatangira kugira icyo dukora ? ».

L’Interprète : Alphonse HIGANIRO lui a dit aussitôt : « Et nous, qu’est-ce que nous faisons, pourquoi on ne commence pas à dire quelque chose ? ».

le témoin 31 : Ko ino ahangaha hari akarere karimo abantu benshi bashyigikiye Inkotanyi kandi karimo abatutsi benshi».

L’Interprète : Vous voyez, ici c’est une région qui soutient les Inkotanyi et qui compte beaucoup de Tutsi.

le témoin 31 : Akavuga yuko icyo gihe mu minsi micye, we n’umuryango we bajyanye na cortège yarijyanye colonel, sinsi niba yarari colonel, yajyanye n’uwarugiye kuba chef d’état major witwa le témoin 27,

L’Interprète : Il a dit qu’à cette époque lui et sa famille sont partis dans un cortège qui prenait le colonel, je ne sais pas si c’était un colonel qui allait devenir le chef d’état major du nom du témoin 27,

le témoin 31 : N’uwari président w’inteko ishinga amategeko, bari bagiye kugira président,

L’Interprète : Ainsi que celui qui était président de l’Assemblée nationale qui allait devenir président,

le témoin 31 : Ajya i Kigali gutyo.

L’Interprète : Et il est parti à Kigali de cette façon.

le témoin 31 : Ajya mu kiriyo cya sebukwe wari waguye mu ndege ya le témoin 32,

L’Interprète : Il est allé au deuil de son beau-père qui était mort dans l’avion du témoin 32,

le témoin 31 : Ko uwo sebukwe yari muganga wihariye wa président le témoin 32 bari bajyanye Dar es-Salaam mu nama,

L’Interprète : Parce que comme son beau-père était également médecin du président le témoin 32, était parti à Dar es-Salaam dans une réunion au sommet,

le témoin 31 : Yitwa AKINGENEYE,

L’Interprète : Il s’appelle AKINGENEYE,

le témoin 31 : Akomeza ikiriyo, ubwo yahavuye ajya ku Gisenyi.

L’Interprète : Il a continué le deuil, il aurait quitté pour aller à Gisenyi,

le témoin 31 : Igihe kimwe rero,

L’Interprète : Et à un certain moment,

le témoin 31 : NKUYUBWATSI na le témoin 40 bagiye ngo kugurisha ikamyoneti Daihatsu y’ibibiriti ku Gisenyi.

L’Interprète : NUKUBWATSI et Jean-Paul le témoin 40 sont allés à Gisenyi vendre des boites d’allumettes qui étaient dans une camionnette.

le témoin 31 : Bamaze kubigurisha ngo bajya kwa HIGANIRO Alphonse,

L’Interprète : Après la vente, ils se sont rendus chez HIGANIRO Alphonse.

le témoin 31 : Bagezeyo, ngo bamuha igice kinini cy’amafaranga bari bakuye muri ibyo bibiriti.

L’Interprète : Arrivés chez lui, on lui a donné une grande partie de l’argent fruit de la vente de ces allumettes.

le témoin 31 : Bamaze kukimuha,

L’Interprète : Après lui avoir donné cette partie,

le témoin 31 : Bari aho ngaho,

L’Interprète : Alors qu’ils étaient encore là,

le témoin 31 : Nibwo ngo yabaganiriye, imodoka zizanwa n’Interahamwe zikuye i Kigali.

L’Interprète : C’est à ce moment qu’il leur a parlé de véhicules qui étaient là, amenés de Kigali.

le témoin 31 : Avuga nk’umuntu w’umudiplomate wa CPGL,

L’Interprète : Lui parlait en qualité d’un diplomate de la CPGL,

le témoin 31 : Ko izo modoka azambutsa, akazijyana i Goma, bakazigurisha ku buryo bworoshye.

L’Interprète : Qu’il faisait traverser ce véhicule et le vendre sans difficultés à Ngoma.

le témoin 31 : Ni nukonguko ngo yagurishije imodoka ya SORWAL, Ford Forana,

L’Interprète : C’est ainsi qu’il a aussi vendu un véhicule de marque Sorana de la SORWAL, véhicule de marque Forana de la SORWAL,

le témoin 31 : Amaze kuyigurisha, amafaranga ayashyira ku mufuka, yiyizira mu Bubiligi.

L’Interprète : Qu’il a pris cet argent après la vente pour venir en Belgique.

le témoin 31 : Ubwo umugore yari yaraje mbere.

L’Interprète : Son épouse était venue avant.

le témoin 31 : Hari icyo ntari navuze kuri Vincent,

L’Interprète : Il y a une chose que je n’avais pas dite de Vincent,

le témoin 31 : Yatubwiye uburyo muri génocide,

L’Interprète : Il nous a dit la façon pendant le génocide,

le témoin 31 : Ariko i Butare bataratangira kwicana,

L’Interprète : Mais alors que les tueries n’avaient pas encore commencé à Butare,

le témoin 31 : Yafashe camion y’umugore wari umaze guhungira i Burundi.

L’Interprète : La façon dont il a pris un camion d’une femme qui venait de se réfugier au Burundi.

le témoin 31 : Izina riri muri dossier, sindyibuka,

L’Interprète : Le nom se trouve dans le dossier, j’ai oublié.

le témoin 31 : Ngo yari yuzuye amakaziye,

L’Interprète : Le camion était rempli de caisses

le témoin 31 : Amakaziye y’inzoga za BRALIRWA,

L’Interprète : De bières,

le témoin 31 : Uwo mugore yari yayishyizemo agirango azajye kurangura, génocide itangira bataragenda.

L’Interprète : La femme avait changé pensant qu’elle allait chercher de la bière à la BRALIRWA, et puis le génocide a commencé.

le témoin 31 : NTEZIMANA Vincent, amakaziye aragenda ayagurisha iwabo, ahantu bita i Ngororero,

L’Interprète : NTEZIMANA a alors pris ces caisses pour aller les vendre chez lui à un endroit dit.

le témoin 31 : Ni sous-préfecture iraho muri Gisenyi.

L’Interprète : C’est une sous-préfecture qui se trouvait là-bas à Gisenyi.

le témoin 31 : Ngo amaze kuyagurisha, agura ibirayi noneho abizana i Butare.

L’Interprète : Après la vente, il a alors acheté les pommes de terre qu’il a amenées à Butare.

le témoin 31 : Amafaranga avuyemo, ayagabana na NIZEYIMANA.

L’Interprète : L’argent qu’il a trouvé de cette vente, il a été partagé entre lui et NIZEYIMANA.

le témoin 31 : Akavuga yuko,

L’Interprète : Il ajoute que,

le témoin 31 : Avuye aho ngaho i Ngororero nibwo yabwiye abantu b’i Butare ngo bari bataratangira kwicana,

L’Interprète : Après son retour, il a dit à la population, aux gens qu’ils n’avaient pas encore commencé à tuer,

le témoin 31 : Yabwiye abantu bari kwa NIZEYIMANA mu rugo,

le témoin 31 : Il a dit alors chez NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Na NKUYUBWATSI ngo yarahari,

L’Interprète : Et NKUYUBWATSI était présent,

le témoin 31 : Avuga ati : « Iwacu, kwicana, ibintu byo kwica inyenzi, kwica iki, bigeze kure »,

L’Interprète : Chez nous, il disait : « Chez nous, le fait de tuer les Ingenzi peut tuer ceci déjà à un niveau avancé…

le témoin 31 : Ati : « …Ino ahangaha ntakirakorwa ».

L’Interprète : …Ici, je ne comprends pas la raison pour laquelle rien n’a été fait ».

le témoin 31 : Hanyuma akavuga yuko yari umuntu wakundaga kubaha informations z’ubwicanyi zo muri université na he hose.

L’Interprète : Il dit que c’est lui la personne qui leur fournissait des informations concernant les tueries.

le témoin 31 : Yambwiye ibintu byinshi cyane kuko namubajije pages 19 yose.

L’Interprète : Il m’a dit beaucoup de choses, car l’interrogatoire s’étend sur 19 pages.

le témoin 31 : Abimbwira, birumvikana, nari mfite n’andi madosiye cyane cyane ntereta,

L’Interprète : Il m’a dit… vous comprenez, j’ai aussi d’autres dossiers que je traite,

le témoin 31 : Ntabwo nabasha kubisubiramo byose.

L’Interprète : Je ne pourrai pas le répéter dans son entièreté.

le témoin 31 : Muranyexcusa, ibyo ntavuze, nshobora mu bibazo wenda bari bumbaze.

L’Interprète : Vous allez m’excuser, ce que je n’ai pas dit que je pourrai le dire dans les réponses aux questions posées.

le témoin 31 : Murakoze.

L’Interprète : Je vous remercie.

Le Président : Bien, y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître CARLIER ?

Me. CARLIER : Merci, Monsieur le président. Le témoin peut-il dire s’il y a eu un autre interrogatoire de Innocent NKUYUBWATSI que celui du 22 mars 2001 ?

Le Président : Monsieur HABIMANA, nous avons reçu dans le dossier l’interrogatoire que vous avez fait de Monsieur NKUYUBWATSI, le 22 mars 2001. Existe-t-il éventuellement un autre interrogatoire que vous auriez fait à une autre date ?

le témoin 31 : Ubundi, ntabwo namubajije umunsi umwe.

L’Interprète : En fait, je ne l’ai pas interrogé en un seul jour.

le témoin 31 : Nkuko, abakora enquête barabizi bigenda,

L’Interprète : Comme le savent ceux qui font des enquêtes,

le témoin 31 : Uburyo bwo kwegera umuntu bwonyine burakomeye.

L’Interprète : Le fait de la prochaine personne interrogée, c’est déjà difficile.

le témoin 31 : Cyane cyane ku muntu wakoze icyaha nk’icya génocide kitazima, kiba aho ngaho kiri ku muntu.

L’Interprète : Surtout une personne qui a commis un crime comme le génocide qui ne s’éteint jamais, qui continue toujours à peser sur la personne.

le témoin 31 : Nagize umunsi nibura wo kumwimenyesha,

L’Interprète : J’ai eu au moins un jour de me faire connaître à lui,

le témoin 31 : Muri uwo munsi, nibwo namwibukije yuko twize ku kigo kimwe kuko yize inyuma yanjye cyane, nari imbere ye,

L’Interprète : Ce jour-là, c’est à ce jour-là que je lui ai dit que nous avons fréquenté le même établissement qui était loin cet établissement,

Bonaventure HABIMANA : Kugirango yibuke ko hari ubucuti twagiranye, yekunyishisha ambwize ukuri.

L’Interprète : Car pour qu’il se rappelle qu’on a eu une amitié dans le temps, qu’il ait confiance en moi, qu’il me dise la vérité.

le témoin 31 : Nageze n’igihe cyo kumusobanurira mu mategeko y’Urwanda, icyo bita kwirega no kwemera icyaha,

L’Interprète : J’ai eu aussi l’occasion de lui expliquer, selon la loi rwandaise, la notion de plaidoirie de culpabilité,

le témoin 31 : Itegeko ngenga ryo muri 96 mu kwa munani,

le témoin 31 : Kugirango yumve ko niyemera icyaha, tukaganira neza, tuzagira uburyo tumugabanyiriza ibihano mu rukiko.

L’Interprète : La loi organique de 96 au mois d’août pour qu’il sache que s’il plaide coupable, il y a une possibilité de diminuer ses peines au niveau du tribunal.

le témoin 31 : Kugirango kandi mwumvishe ko iyo wemeye icyaha, ugerageza kutubwira ukuri kose kuri génocide, kugirango tukubabarire kubera ko wafashije ubutabera.

L’Interprète : C’était une façon aussi de lui dire que s’il plaide coupable, il dit toute la vérité concernant le génocide, pour que ces peines puissent être réduites, puisqu’il a aidé la justice.

le témoin 31 : Uwo munsi wose wabaye uwa prise de contact,

L’Interprète : Surtout, toute cette journée fut consacrée à la prise de contact,

le témoin 31 : Turamenyana, mujyana no kujya kurya,

L’Interprète : Nous nous sommes bien connus, je l’ai même invité à manger ensemble,

L’Interprète : Oya, ntabwo twasangiye. Namujyanye kurya muri restaurant hanyuma mujyana ahantu ho gufungirwa.

L’Interprète : Je l’ai emmené au restaurant et puis je l’ai emmené là où il devait être emprisonné.

le témoin 31 : Nibura atangira kubona ko nawe mwitayeho, nawe yemeza kunyumva ko atari ku mumenasa…

L’Interprète : Au moins, il a commencé à voir que je m’occupais de lui, que c’était pas une façon du menacer.

le témoin 31 : Inshuro ya kabiri, naramubajije kuri uwo munsi,

L’Interprète : La deuxième fois, ce jour là, je lui ai demandé,

le témoin 31 : Kubera ko nagendaga gahoro gahoro kugirango ambwize ukuri kandi no kumunaniza tugende twungurana ibitekerezo gahoro gahoro,

L’Interprète : Comme j’y allais étape par étape, afin de ne pas le fatiguer pour que nous puissions nous comprendre petit à petit,

le témoin 31 : Umunsi wa mbere warangije ntarangije kumubaza,

L’Interprète : A la fin de la première journée, je n’avais pas encore pu l’interroger,

le témoin 31 : Ngirango nari ndangije kubaza nka pages 10 gutyo.

L’Interprète : Je pensais que je venais d’interroger sur plus ou moins dix pages.

le témoin 31 : Mujyana aho yagombaga kuba afungiwe by’agateganyo,

L’Interprète : Je l’ai emmené là où il devait être emprisonné provisoirement, détenu provisoirement.

le témoin 31 : Hanyuma bukeye,

L’Interprète : Et le lendemain,

le témoin 31 : Imodoka iragenda, iramuzana, ndongera ndamubaza.

L’Interprète : La voiture est allée le chercher et je l’ai interrogé encore une fois.

le témoin 31 : Ni ukuvuga rero ko muri make namubajije umunsi umwe, namubajije…

L’Interprète : C’est-à-dire que je ne l’ai pas interrogé en un jour, je l’ai interrogé…

Le Président : Oui mais, cet interrogatoire en deux jours fait l’objet d’un seul écrit, d’un seul procès-verbal écrit ?

L’Interprète : Ni ukuvuga ko ibyo bibazo, interrogatoire yamaze iminsi ibiri, ikubiye mu nyandiko imwe ?

le témoin 31 : Iyo interrogatoire yakozwe iminsi ibiri, ikubira mu nyandiko imwe,

L’Interprète : Cet interrogatoire qui a duré deux jours est contenu dans un seul document,

le témoin 31 : Cyokora na none akantu gatoya nakongeraho,

L’Interprète : Mais une petite chose que j’ajouterais,

le témoin 31 : Nuko namubajije kubera dossier narimfite i Butare,

L’Interprète : C’est que je l’ai interrogé à cause du dossier que j’avais à Butare,

le témoin 31 : Haramutse hari undi mugenzacyaha cyangwa umushinjacyaha waba warigeze amubaza, akohereza dossier hano,

L’Interprète : Que s’il y avait un autre officier de la police judiciaire… ?

le témoin 31 : Donc, un autre officier de la police judiciaire et officier du ministère public waba waramubajije,

L’Interprète : Qu’il l’aurait interrogé avant,

le témoin 31 : Wenda akaba yarohereje dossier hano,

L’Interprète : Et qui aurait envoyé le dossier ici, c’est-à-dire en Belgique,

le témoin 31 : Mukaba muyifite ntayifite.

L’Interprète : Et que vous l’aurez et que je ne l’ai pas,

le témoin 31 : Ntibyaba ari igitangaza.

L’Interprète : Ca ne serait pas étonnant.

Le Président : Nous ne disons pas que nous avons plus de documents que vous !

L’Interprète : Ntabwo bavuga ko bafite amadocuments aruta ayawe.

Le Président : De la connaissance de la pratique judiciaire qu’a le témoin, lorsque quelqu’un plaide coupable et qu’en plus il accuse d’autres personnes comme étant ses supérieurs dans l’organisation du génocide, est-ce que la peine est encore un peu plus petite que s’il s’accusait tout seul ?

L’Interprète : Bitewe nibyo uzi ku mikorere y’ubucamanza mu Rwanda, iyo umuntu yemeye icyaha, ndetse akavuga n’abandi bari bamuri hejuru mu gukora icyo cyaha, ibyo bituma igihano ahabwa kiba gitoya kurushaho ?

le témoin 31 : Biterwa n’icyaha icyo aricyo.

L’Interprète : Ca dépend du crime.

le témoin 31 : Ubundi twagiraga ibyaha iwacu twita « Les infractions du droit commun »,

L’Interprète : du droit commun. Avant nous,

le témoin 31 : Ibyaha bisanzwe,

L’Interprète : On avait des crimes, des crimes ordinaires,

le témoin 31 : Kubera rero iyo génocide yabaye,

L’Interprète : Mais à cause du génocide qui est survenu,

le témoin 31 : Itegeko ngenga ryo muri 96,

L’Interprète : La loi organique de 96,

le témoin 31 : Ryatumye dushyiraho, mu mategeko y’Urwanda,

L’Interprète : A fait que nous avons introduit dans la législation rwandaise,

le témoin 31 : Icyo bita ingeruko zihariye,

L’Interprète : Ce qu’on appelle les chambres spécialisées,

le témoin 31 : Zizita ku cyaha cya génocide gusa.

L’Interprète : Qui vont s’occuper uniquement du crime du génocide.

le témoin 31 : N’ukuvuga ko haraho byageze,

L’Interprète : C’est-à-dire qu’à un certain moment,

le témoin 31 : Kubera yuko génocide ikorwa, bayikora ntabwo, ubundi iyo umuntu akubise undi ako kanya cyangwa amwishe, duhita dukurikirana enquête tukabona ibimenyetso ako kanya.

L’Interprète : Comme on faisait des génocides, d’habitude quand quelqu’un frappe quelqu’un ou tue quelqu’un, immédiatement nous suivons, nous avons des preuves immédiates,

le témoin 31 : Tukamushyira mu rukiko tufite ibimenyetso tubonye ako kanya, agifite ibyo twafatiriye,

L’Interprète : Je l’emmenais au tribunal et des preuves palpables fraîches,

le témoin 31 : Des indices de culpabilité,

Le Président : Des indices… ?

le témoin 31 : Donc des indices de culpabilité, même des saisies comme ça,

Le Président : Oui ?

le témoin 31 : Muri génocide ho n’urundi rwego, ntabwo tuba tubifite, kuko n’ibintu byabaye mbere tudahari.

L’Interprète : Mais pendant le génocide, c’est un autre ordre puisque ce sont des choses qui se sont passées bien avant, au moment où nous n’étions pas là.

le témoin 31 : Ibimenyetso tubona byinshi, ni témoignages z’abantu,

L’Interprète : Les indices, ce sont des témoignages des gens,

le témoin 31 : Bikaturushya kuyigaho cyane kubera yuko ari ibintu baba barakoze, bavuga gutya, tukagerageza kubyigaho.

L’Interprète : Et c’est difficile de les analyser puisque ce sont des choses qui disent comme ça, d’examiner.

le témoin 31 : Niyo mpamvu habaye ngombwa yuko igihe kimwe, Leta y’Urwanda itekereza yuko, umuntu uzatubwira ukuri kuri génocide yarayikoze, yamara kwemera, akarega abandi,

L’Interprète : C’est ainsi qu’à un certain moment, nous avons l’Etat rwandais qui a décidé que si quelqu’un plaide coupable,

le témoin 31 : Yemera, akavuga abo bafatanyije, byose…

L’Interprète : Ceux qui ont collaboré avec lui et ce qu’il a vu,

le témoin 31 : Ko uwo muntu,

L’Interprète : Que cette personne-là,

le témoin 31 : Azagira uburyo akurikiranwa,

L’Interprète : Sera poursuivie d’une certaine façon,

le témoin 31 : Agafasha abanyarwanda n’ubutabera kumenya ibyabaye, kuko yarahari abyirebera,

L’Interprète : Et qu’il aide les Rwandais et la justice puisque ce qui s’est passé, il était témoin oculaire,

le témoin 31 : Hanyuma justice nayo ikagira ikintu cyo kuvuga iti : « Tuzamugabaniriza dukurikije urwego ariho »,

L’Interprète : Et la justice aussi considère qu’on va diminuer cette peine suivant la catégorie dans laquelle il se trouve,

le témoin 31 : Ku buryo,

L’Interprète : De telle sorte,

le témoin 31 : Mu mategeko ya génocide mu Rwanda tugira ubundi catégorie ya mbere n’iya kabiri niya gatatu n’iya kane.

L’Interprète : Que la loi du génocide au Rwanda, nous avons la première, la deuxième, la troisième, la quatrième catégorie.

le témoin 31 : Noneho, dukurikije catégorie arimo,

L’Interprète : Suivant la catégorie dans laquelle la personne se trouve,

le témoin 31 : Tukamugabanyiriza ibihano,

L’Interprète : Nous diminuons les peines,

le témoin 31 : Kugeza… tuvuge nkuw’imyaka 20 ukabona afunzweho imyaka 7 gusa,

L’Interprète : De telle sorte que, par exemple, celui qui devait purger vingt ans en fait sept seulement,

le témoin 31 : Biterwa n’uburyo yagerageje gufasha ubutabera, atubwira abagiye bakora génocide aho baherereye.

L’Interprète : Suivant la façon dont il nous a aidés, il a aidé la justice en indiquant où ceux qui ont fait le génocide se trouvent.

le témoin 31 : Merci.

L’Interprète : Je vous remercie.

Le Président : Oui, une autre question, Maître CARLIER ?

Me. CARLIER : Merci, Monsieur le président. Des questions alors sur les déclarations de Innocent NKUYUBWATSI. Est-ce que le témoin peut confirmer, comme il l’a dit il y a un instant, s’agissant de l’assassinat de la famille KARENZI, qu’un militaire se serait présenté à la maison de Monsieur Vincent NTEZIMANA, le matin vers 9 heures, pour demander où se trouvait la maison des KARENZI et que NKUYUBWATSI aurait répondu qu’il ne savait pas où se trouvait cette maison ?

Le Président : Le témoin a compris la question ?

L’Interprète : Wabyumvishe ?

le témoin 31 : Non.

L’Interprète : Il n’a pas compris.

Le Président : NKUYUBWATSI Innocent vous a-t-il bien déclaré, en ce qui concerne l’assassinat de la famille du professeur Pierre-Claver KARENZI, que, lui, NKUYUBWATSI se trouvait chez NTEZIMANA Vincent. Que vers 9-10 heures du matin, un militaire est arrivé à la maison de NTEZIMANA Vincent, venant de chez le capitaine NIZEYIMANA, envoyé par le capitaine NIZEYIMANA et Vincent NTEZIMANA ? Que ce militaire a demandé à NKUYUBWATSI où se trouvait la maison de KARENZI ?

le témoin 31 : Ikibazo n’ikihe ?

L’Interprète : Il dit : « Où est la question exactement ».

Le Président : Etait-ce bien cela que Innocent a déclaré sur HABIMANA

le témoin 31 : Murakoze.

L’Interprète : Merci.

le témoin 31 : Ikibazo cyizo déclarations, nkuko bakibajije,

L’Interprète : Merci. Pour ce qui concerne… pour la question qui concerne… pour ce qui concerne de la question qui concerne ces déclarations comme elle a été posée,

le témoin 31 : Njye mubyo namubajije, ntabwo nigeze mubaza amasaha,

L’Interprète : Dans ce que je lui ai demandé, je ne lui ai jamais demandé de préciser des heures,

le témoin 31 : Niba hari naho yayavuze sinibuka, ariko ndumva ari ntaho,

L’Interprète : Ni de préciser des heures et même s’il les a mentionnées quelque part, je ne me souviens pas mais à ma connaissance c’est nulle part,

le témoin 31 : Haramutse hahari nazongera nkabiverifiya kuko nkikora amaperereza kuri icyo kintu.

L’Interprète : Si les heures sont mentionnées, je pourrai le vérifier car je continue à faire des recherches à ce sujet.

Le Président : Ce n’est pas un problème d’heures vous savez !

L’Interprète : Ntabwo ari ikibazo cy’amasaha.

le témoin 31 : …

L’Interprète : C’est alors un problème de quoi ?

le témoin 31 : N’ikihe kibazo ?

L’Interprète : C’est quel problème ?

Le Président : Le problème est de savoir si Monsieur NKUYUBWATSI doit bien déclarer cela !

L’Interprète : Ikibazo ngo ni ukumenya niba NKUYUBWATSI ibyo yarabikubwiye.

le témoin 31 : Ah, niwe wabimbwiye.

L’Interprète : Ah oui, si c’est ça, c’est lui qui me l’a dit.

Le Président : Oui, Maître CARLIER ?

Me. CARLIER : S’agissant de l’assassinat d’un jeune homme à la barrière, est-ce que le témoin peut confirmer que Monsieur NKUYUBWATSI a dit avoir vu ce jeune homme mort, après, en revenant vers la barrière et donc que Monsieur NKUYUBWATSI Innocent n’a pas du tout participé à l’assassinat de ce jeune homme sur la barrière.

Le Président : Dans la déclaration que vous avez recueillie de Monsieur NKUYUBWTASI,

L’Interprète : Mubyo NKUYUBWATSI yakubwiye,

Le Président : Son explication à propos de ce meurtre d’un jeune homme est-elle bien, est-elle bien,

L’Interprète : Ibisobanuro atanga ku musore waguye kuri bariyeri,

Le Président : Qu’en revenant de chez le capitaine NIZEYIMANA,

L’Interprète : Ngo ko yaravuye kwa capitaine NIZEYIMANA,

Le Président : En passant à cette barrière,

L’Interprète : Akanyura kuri iyo bariyeri,

Le Président : Il avait constaté que le jeune homme avait été tué.

L’Interprète : Yabonye yuko uwo muntu yari yamaze kwicwa.

Le Président : Et que donc selon cette explication,

L’Interprète : Ngo kandi nkuko nyine bisobanuye bityo,

Le Président : NKUYUBWATSI n’avait pas participé à l’agression elle-même sur le jeune homme ?

L’Interprète : NKUYUBWATSI nta ruhari yari afite, atabaye mu kugirira nabi uwo musore ?

le témoin 31 : NKUYUBWATSI muri déclarations ze,

L’Interprète : Dans ses déclarations, NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Uruhare rwe ararwemera.

L’Interprète : Reconnaît son rôle.

le témoin 31 : Wenda ntabwo nzi niba yararwemeye nkuko rwakabaye kuko ndakiga ku buryo nareba niba yemera neza.

L’Interprète : Je ne sais pas s’il le reconnaît comme il le faudrait étant donné que je continue, le travail n’est pas encore conclu.

Le Président : La question est de savoir si c’est bien ça qu’il a déclaré jusqu’à présent.

L’Interprète : Ikibazo niba ibyo ngibyo aribyo yavuze kugera none.

le témoin 31 : Ibyo avuga kuri bariyeri ?

L’Interprète : En ce qui concerne la barrière.

Le Président : Oui ?

le témoin 31 : Kugera kuruyu munota, kubera yuko maze iminsi inaha sindongera kumubaza, ariko kugeza kuri uyu munota nibyo yemera.

L’Interprète : Jusqu’à maintenant, je viens de passer un temps ici, je ne l’ai pas encore interrogé, jusqu’à cette minute, c’est ça qu’il reconnaît.

Le Président : Maître CARLIER !

Me. CARLIER : S’agissant de l’assassinat de la famille NDUWUMWE dont le témoin a parlé tout à l’heure, est-ce qu’il pourrait préciser ce que NKUYUBWATSI Innocent a dit, quand a eu lieu cet assassinat, comment et qui a été tué ?

Le Président : Quelles ont été les indications fournies par Monsieur NKUYUBWATSI à propos du meurtre, de l’assassinat de toute ou partie de la famille de Victor NDUWUMWE ?

le témoin 31 : Icyo kibazo nakimubajijeho.

L’Interprète : Je lui ai posé des questions à ce sujet.

le témoin 31 : Ambwira yuko haraho abasirikare bajyag’adahari,

L’Interprète : Il m’a dit que quelquefois ils se rendaient quelque part,

le témoin 31 : Ku inshuro zose bajyanaga bitari ngombwa ko babaga bari kumwe, ko haraho atagiye.

L’Interprète : Que chaque fois qu’il partait ou ils allaient seuls sans lui à l’endroit où il ne s’est pas rendu.

le témoin 31 : Ambwira ko NDUWUMWE uwonguwo atamuzi,

L’Interprète : Il m’a dit que son [Inaudible], il ne le connaît pas,

le témoin 31 : Ko atamuzi, naho atuye atahazi.

L’Interprète : Il ne le connaît pas, il ne connaît même pas où il habite,

Le Président : Il ne sait donc rien de la manière dont des personnes auraient été tuées chez Victor NDUWUMWE ou à proximité de la maison de Victor.

L’Interprète : Ni ukuvuga ko ntacyo azi ku buryo abantu bapfuye mu rugo rwa NDUWUMWE cyangwa se hafi yaho ?

le témoin 31 : Nkimubaza, yambwiye ko hari ahantu harasiwe abantu nka hangahe, ariko atahazi.

L’Interprète : Quand je lui ai posé des questions pour la première fois, il y a des endroits, quand je lui ai posé des questions pour la première fois, il m’a dit qu’il y a des endroits où on a tiré sur les gens, il m’a cité l’un ou l’autre endroit mais que lui-même ne connaissait pas.

Le Président : Oui, Maître CARLIER ?

Me. CARLIER : Dernière question, Monsieur le président. Le témoin nous a dit poursuivre le travail. Est-ce qu’il peut confirmer qu’il n’y a plus d’audition de Monsieur NKUYUBWATSI depuis le 22 mars dernier ?

Le Président : Depuis le 22 mars 2001, avez-vous, vous-même ou un de vos collègues ou un officier de police judiciaire, procédé à une autre audition de Monsieur NKUYUBWATSI Innocent.

le témoin 31 : Cyeretse niba ari byabindi nabonye hano kuri écran kuko biriya sinjye wabimubajije,

L’Interprète : A part si c’est cela que j’ai vu ici à l’écran puisque ce n’est pas moi qui l’ai interrogé,

le témoin 31 : Cyangwa se niba ndi hano, kuko mu kazi kacu umukuru kuri njyewe ashobora nawe kumubaza agakora PV,

L’Interprète : Ou alors, lors de mon séjour ici, car dans notre travail mon supérieur peut aussi l’interroger et faire un procès-verbal.

le témoin 31 : Ah, ariko ndibutse,

L’Interprète : Oh, je me souviens,

le témoin 31 : Hari umushinjacyaha mugenzi wanjye ufite dossier y’undi muntu witwa Damiyani na… le témoin 93. Bon, il y a un substitut du procureur qui s’appelle Etienne que nous travaillons ensemble à Butare, qui a interrogé NKUYUBWATSI à propos de Docteur le témoin 93 et un autre Damien comme ça. Alors… il y a le substitut du procureur qui a interrogé NKUYUBWATSI alors du Docteur…

Le Président : Donc, un de vos collègues a interrogé Monsieur NKUYUBWATSI à propos d’un Bernard et d’un certain Damien ?

le témoin 31 : Oui, c’est un dossier qu’on a introduit au Tribunal de première instance à Butare, alors on profitait de NKUYUBWATSI parce qu’il connaissait des choses de Taba ; il y a un collègue qui l’a interrogé demandant s’il connaît le témoin 93, s’il connaît Damien, s’il connaît d’autres professeurs de l’université. Alors, parait-il que ce sont des témoignages. C’est un témoignage qui ne le concerne pas, il était témoin dans un autre dossier. Après avoir recevoir…

Le Président : Oui ?

Me. CARLIER : Je remercie le témoin pour ses explications en français. Parfait, Monsieur le président.

Le Président : Maître CUYKENS ?

Me. CUYKENS : Oui, Monsieur le président. Je vais essayer de faire court. Le témoin nous a expliqué un épisode que raconte Monsieur NKUYUBWATSI, à savoir que Monsieur HIGANIRO se serait rendu chez le capitaine NIZEYIMANA après avoir appris la mort du président et qu’il a reçu - le capitaine NIZEYIMANA - reçu un coup de fil d’un garde du corps du président. Est-ce qu’il peut nous confirmer que, d’après les déclarations de Monsieur NKUYUBWATSI, cet épisode se déroule le 6 avril 1994 ?

Le Président : Monsieur NKUYUBWATSI vous a parlé de cet épisode téléphonique du capitaine KABERA au capitaine NIZEYIMANA, en présence de Monsieur HIGANIRO, chez le capitaine NIZEYIMANA. Il s’agit bien d’un épisode qui se passe, selon NKUYUBWATSI, le 6 avril 1994. J’ai la traduction devant moi, mais la traduction n’est peut-être pas bonne ! De ce que Monsieur NKUYUBWATSI vous a dit, vous aurait-il déclaré - mais moi je ne connais, je parle bien moins le kinyarwanda que vous ne parlez le français - pendant le génocide, juste après que l’avion du président le témoin 32 soit abattu, HIGANIRO est venu chez NIZEYIMANA aux environs de 21 heures, le 6 avril 1994. La question de Maître CUYKENS est de savoir si Monsieur NKUYUBWATSI vous a bien dit qu’il s’agissait du 6 avril 1994.

le témoin 31 : Niko yambwiye.

L’Interprète : Oui, c’est ce qu’il m’a dit.

Me. CUYKENS : Et alors, deuxième question. En page 8 de son audition, le témoin interrogé, Monsieur NKUYUBWATSI, sur une réunion qui a eu lieu entre Monsieur HIGANIRO et le directeur administratif de la SORWAL, le 29 d’un mois qu’il ne précise pas, et en page 9, le témoin a posé la question à Monsieur NKUYUBWATSI de savoir : « Est-ce que ce n’est pas le lendemain de cette réunion que le génocide a commencé à Butare ? ». Alors, d’après les informations du témoin, il y avait des raisons de penser que le génocide qui commence à Butare, commence le 30, soit du mois d’avril, soit du mois de mai, puisqu’il n’y a pas de date qui est précisée, enfin à la suite du passage de Monsieur HIGANIRO donc…

Le Président : Je vais vous relire ce que Monsieur NKUYUBWATSI, selon la traduction vous a déclaré : « Je me suis souvenu qu’en date du 29 d’un mois que j’ai oublié, en 1994, il - Monsieur HIGANIRO - est revenu à Butare pendant le génocide, en provenance de Gisenyi. Arrivé au travail, il a regardé un moment comment on travaillait. Il a pris les pièces comptables et celles du directeur administratif et financier qui justifient comment le travail avait été fait pendant son absence, et il est parti ». Vous posez une question à Monsieur NKUYUBWATSI, la question étant : « Il n’a pas tenu ce jour-là de réunion à l’usine ? ». La réponse de Monsieur NKUYUBWATSI : « Je ne m’en souviens pas ». Question de votre part à Monsieur NKUYUBWATSI : « Ce n’est pas le lendemain que le génocide a commencé à Butare ? ». Réponse de Monsieur NKUYUBWATSI : « Je ne me souviens pas très bien, mais le génocide a débuté pendant ces jours-là ». Est-ce bien cela que Monsieur NKUYUBWATSI vous a déclaré ? Monsieur HABIMANA est-ce bien cela que Monsieur NKUYUBWATSI vous a déclaré ?

le témoin 31 : Nibyo yatubwiye.

L’Interprète : Oui, c’est cela qu’il nous a dit.

Me. CUYKENS : Alors, dernière question, Monsieur le président. Tout à l’heure, lorsque vous lui avez posé la question de savoir s’il était fréquent que des journalistes puissent interroger des détenus, le témoin a répondu qu’il y avait manifestement une politique de collaboration pour aider la justice belge, il y a des directives officielles données. Est-ce que ces directives varient suivant qu’il s’agit de produire des témoins à charge ou à décharge ou bien… ?

Le Président : Quelles sont les directives qui existent ou qui existeraient ? En existe-t-il, d’abord, des directives, en ce qui concerne la possibilité pour des journalistes d’avoir des entretiens des personnes accusées ou suspectées d’avoir participé à des faits de génocide, ces directives sont-elles différentes, si ces directives existent, sont-elles différentes selon que la personne est aussi témoin à charge ou pourrait être témoin à décharge ?

L’Interprète : N’amabwiriza, niba hari amabwiriza abaho cyangwa atabaho, ahabwa abafunze bagiye kubonana n’abanyamakuru. Ayo mabwiriza se yaba ahinduka bitewe nuko umuntu ufunze agiye kubonana n’abanyamakuru ashinja cyangwa se ashinjwa ?

le témoin 31 : Murakoze.

L’Interprète : Je vous remercie.

le témoin 31 : Ubundi mu gihugu cyacu,

L’Interprète : Dans notre pays, normalement,

le témoin 31 : N’igihugu muri Leta zishize, abanyamakuru bari bafite ibibazo cyane byo kutisanzura ngo bavugane n’abantu.

L’Interprète : C’est un pays dans lequel, dans le passé, les journalistes avaient des problèmes de rencontrer de façon détendue des personnes,

le témoin 31 : Muri iki gihe rero iyo ikibazo kibaye usanga abanyamakuru bafite amatsiko yo kuza kukireba.

L’Interprète : Mais habituellement, s’il y a un fait survenu, on voit que les journalistes ont la curiosité de venir se rendre compte.

le témoin 31 : Ndumva ku kibazo cy’uru rubanza ruri mu Bubiligi, iwacu haraje abanyamakuru batandukanye, bo muri iki gihugu cyane cyane.

L’Interprète : Pour ce qui concerne ce procès en Belgique, je me souviens que chez nous, il y a eu beaucoup de journalistes venus de ce pays, même différents journalistes,

le témoin 31 : Barazaga, bakanyura muri gouvernement y’iwacu bagasaba uruhushya rwo kuza kureba aho bashaka,

L’Interprète : Ils venaient et passaient par le gouvernement de chez nous et demandaient l’autorisation de venir chercher ce qu’ils voulaient voir,

le témoin 31 : Tukabasaba igipapuro cya ministre y’ubutabera,

L’Interprète : Nous lui demandions l’autorisation à cet effet, fournie par le ministre de la justice,

le témoin 31 : Kugirango bavugane n’umufungwa, uwo ariwe wese.

L’Interprète : Pour qu’ils puissent s’entretenir avec n’importe quel prisonnier.

le témoin 31 : Ku bwacu rero, iyo baje kuvugana n’abafungwa, ntabwo tuvuga ngo arashinja cyanga arashinjura.

L’Interprète : Dans notre pratique, quand ils viennent s’entretenir avec les prisonniers, nous ne tenons pas compte que c’est un témoin à charge ou alors à décharge.

le témoin 31 : Iyo aje, n’ukumworohereza kugirango avugane n’umufungwa, ni biba ngombwa afate agafoto niba agakeneye, ibyo turabimworohereza.

L’Interprète : Quand le journaliste vient, nous, ce que nous faisons, c’est lui donner des facilités, lui fournir des facilités pour que lui, il puisse prendre une photo du prisonnier s’il le souhaite.

le témoin 31 : N’umuyobozi urahongaho, umutegetsi uraho wese, akaba yamufasha mu bintu birimo kumubangamira.

L’Interprète : Et même tout dirigeant, toute autorité qui se trouverait là-bas l’aide s’il y a une entrave de quelque sorte qu’elle soit.

le témoin 31 : Numva rero nta témoin à décharge bagomba baraje kureba, Leta ikamwimana ngo nuko afunze,

L’Interprète : A mon avis, il n’y a pas un témoin à décharge qu’on serait venu chercher, l’Etat aurait refusé de mettre à leur disposition même s’il est en prison.

le témoin 31 : Nkuko, nta témoin ushinja twigeze tubuza kuvugana n’abanyamakuru.

L’Interprète : Tout comme il n’y a aucun témoin à charge que nous avons refusé l’accès aux journalistes.

le témoin 31 : Je vous remercie.

Le Président : Peut-être que tout simplement le témoin à décharge n’intéresse pas les journalistes !

L’Interprète : Yenda hari nuko abashinjura batashimishije abanyamakuru.

Me. BEAUTHIER : Si vous lisiez les journaux, vous le sauriez !

Le Président : Ah mais moi, je m’interdis de lire les journaux pour ne pas être influencé ! Maître EVRARD ?

Me. EVRARD : Monsieur le président, vous avez évoqué tout à l’heure et le témoin l’a fait, la procédure typique de la loi organique de juillet 96 sur la répression du génocide. Je voudrais être plus précis peut-être, dans une question. Y a-t-il des traitements différents, notamment au niveau de la peine, lorsqu’une personne accepte la procédure d’aveu au stade de l’information, c’est-à-dire devant l’officier du ministère public ou lorsqu’elle le fait une fois que les poursuites sont entamées ? Première question. Et deuxième question : dans le cadre de Monsieur NKUYUBWATSI, sommes-nous au stade d’un mandat d’amener, d’un mandat d’arrêt ou de poursuites déjà existantes lorsqu’il est entendu le 22 mars 2001 ?

Le Président : Vous avez compris la double question ?

L’Interprète : Wumvise ibyo bibazo byombi uko ari bibiri ?

le témoin 31 : Nabyumvise.

L’Interprète : Oui, je les ai… les deux questions, je les ai comprises.

Le Président : Vous pouvez y répondre ?

L’Interprète : Wasubiza ?

le témoin 31 : Oui. Ubundi mu mategeko, itegeko ry’Urwanda, itegeko ngenga ryo muri 96,

L’Interprète : Normalement, suivant la loi organique de 96,

le témoin 31 : Rivuga yuko umuntu wemeye icyaha imbere y’umushinjacyaha,

L’Interprète : Elle précise que si on reconnaît la culpabilité au stade du ministère public, si on connaît la responsabilité,

le témoin 31 : Ubushinja cyaha bufite ishingano zo gukora réquisition, busaba ibihano bigabanyije.

L’Interprète : On doit alors faire la réquisition, demander des peines moindres.

le témoin 31 : Igihe yabikoze atabeshya kandi akabikora bigaragara ko yakoze mu rwego rwo kugirango afashe ubutabera,

L’Interprète : Et si alors, il l’a fait en toute vérité, visiblement pour aider la justice, et si au niveau, alors du tribunal,

le témoin 31 : Igihe ageze mu rukiko, akagaragaza yuko yashatse kwirega, akemera icyaha, hanyuma ubushinjacyaha ntibibyemere bikabyanga,

L’Interprète : S’il demande qu’il a voulu reconnaître la culpabilité mais que le ministère public ne l’a pas accepté cet aveu de culpabilité,

le témoin 31 : Cyangwa se akaba atarigeze amenyeshwa ibyiza byo kwirega no kwemera icyaha,

L’Interprète : Ou alors qu’il n’a jamais été porté à sa connaissance les avantages de reconnaître la culpabilité,

Bonaventure HABIMANA : Donc ubushinjacyaha butarigeze bubimusobanurira,

L’Interprète : Quand il démontre que le ministère public ne lui a jamais expliqué,

L’Interprète : Icyo gihe ashobora kubivuga mu rukiko, urukiko noneho rukamwemerera noneho kwiregeraho, rukamugabanyirizaho.

L’Interprète : Le tribunal peut alors lui donner la possibilité de reconnaître sa culpabilité là-bas et diminuer alors ses peines.

le témoin 31 : Ariko igihe yabisobanuriwe, ntiyemere ngo asabe ko yagabanyirizwa, igihe ubushinjacyaha bwamusobanuriye ibyiza byabwo ntiyemere ngo asabe kugabanirizwa,

L’Interprète : Mais alors, quand le ministère public lui a expliqué l’avantage de reconnaître la culpabilité et qu’il ne l’a jamais reconnue,

le témoin 31 : Icyo gihe, iyo abivuze mu rukiko biba ari imfabusa.

L’Interprète : Et que les explications lui ont été fournies, quand il le dit au tribunal, cela devient nul et non avenu.

le témoin 31 : N’ugufasha urukiko gusa ku bushake ariko ntabwo ariko abigira mu…

L’Interprète : Il aide le tribunal de son propre gré mais…

Le Président : Ca n’a pas d’influence ?

L’Interprète : Ca n’a pas d’influence sur la suite.

Le Président : Alors, la deuxième question était plus précisément : en ce qui concerne Monsieur NKUYUBWATSI, où en était-on le 22 mars 2001, c’était la reconnaissance de culpabilité devant le ministère public ou bien y avait-il déjà des poursuites engagées contre Monsieur NKUYUBWATSI devant le tribunal ?

le témoin 31 : OK. Bon, tujya kumubaza,

L’Interprète : Quand nous l’avons interrogé,

le témoin 31 : Twari tuzi ko NKUYUBWATSI yakoze génocide.

L’Interprète : Nous savions que NKUYUBWATSI avait participé au génocide.

le témoin 31 : Ibyo nabimenye aho ntangiriye gukora ku madosiye y’abicanye ku Itaba,

L’Interprète : Cela, je l’ai appris dès que j’ai commencé à travailler sur le dossier de ceux qui avaient tué les gens à Taba.

le témoin 31 : Bakambwira yuko hari umukapitene witwa NIZEYIMANA wafatanyaga n’umudocteur witwa NIZEYIMANA,

L’Interprète : Qu’on m’a appris alors qu’il y avait un capitaine du nom NIZEYIMANA qui a collaboré avec un Docteur du nom NTEZIMANA,

le témoin 31 : Bakaba baramaze abantu yaho batuye ku Itaba.

L’Interprète : Et qu’ils avaient exterminé les gens, là où ils habitaient, à Taba.

le témoin 31 : Bakavuga yuko hari umwana umwe waba ari mu Rwanda, ariko ahantu hatazwi, witwa NKUYUBWATSI kandi wabanaga nabo kandi bafatanyaga ibyo bintu byose.

L’Interprète : On disait qu’il y avait un jeune qui se trouvait à un endroit inconnu au Rwanda qui avait… qui collaborait avec eux dans tout cela,

le témoin 31 : Donc, akaba ari mu Rwanda ariko yarafataganyaga nabo kandi yarabagayo,

L’Interprète : Et qui vivait chez eux,

le témoin 31 : Kubera rero ko twumvaga NIZEYIMANA na NTEZIMANA, ko bavugaga abaturage, twumvaga ari abantu dukeneye kumenya k’ukuri kwabo twashakishagaho, twakurura umwana.

L’Interprète : Alors, comme NIZEYIMANA et NTEZIMANA sont des gens qui venaient souvent lorsque la population disait, alors nous avons cherché à retrouver ce jeune pour connaître cette vérité.

le témoin 31 : Ni kuri urwo rwego police yo ku Muhima yandangiye ngo agomba kuba akora mu ruganda rw’inkweto ruri i Kigali, ahantu bita Nyabugogo,

L’Interprète : C’est à ce moment-là que la brigade de Muhima m’a renseigné qu’il travaillait dans une fabrique de chaussures à un endroit.

le témoin 31 : Noneho nandika ku itariki 10 z’ukwa cumi na kumwe 2000, nandika mandat d’amener.

L’Interprète : Le 10 novembre 2000, j’ai alors écrit un mandat d’amener,

le témoin 31 : Ndayisinya, nyohereza i Kigali ngo bamushakishe aho hantu.

L’Interprète : Je l’ai signé et envoyé à Kigali pour qu’on le recherche là-bas.

le témoin 31 : Bamubonye bitinze, mbona baramunzaniye bamukuye ahantu yigishaga.

L’Interprète : On l’a trouvé plus tard et on me l’a amené en disant qu’on l’a pris de là où il enseignait.

le témoin 31 : Ubwo ngubwo bamunzaniye, ntangirakum-ubaza.

L’Interprète : Alors, on me l’a amené et j’ai commencé à l’interroger.

Le Président : Actuellement donc, il avait fait l’objet d’un mandat d’amener, on vous l’a amené ; son statut, c’est d’être détenu préventivement ?

le témoin 31 : Oui.

Le Président : Il n’y a pas de juge d’instruction au Rwanda ? Le ministère public donne les ordres pour la détention préventive ?

le témoin 31 : Oui.

Le Président : On n’avait pas entamé des poursuites autres que du chercher et du trouver ?

le témoin 31 : Non, c’est…

Le Président : La reconnaissance de culpabilité qu’il fait devant vous, le 22 mars 2001, ça le met dans la catégorie de ceux qui pourront bénéficier d’une peine moins importante ?

le témoin 31 : Oya, ntabwo ariko bimeze.

L’Interprète : Non, ce n’est pas ainsi que cela se présente.

le témoin 31 : Tumaze kumufata,

L’Interprète : Après l’avoir pris,

le témoin 31 : Twakiriye ukwirega kwe no kwemera icyaha,

L’Interprète : Nous avons accepté sa culpabilité, sa plaidoirie de culpabilité,

le témoin 31 : Ariko kubera ko nari mfite dossier byabaye ngombwa ko nanjye maze kuyohereza nanjye nza ino aha ngaha, kubera ko dossier arijye uyibitse mu biro byanjye,

L’Interprète : Etant donné que le dossier se trouve chez moi, dans mon bureau,

le témoin 31 : Kandi nkaba naraje muri uru rubanza,

L’Interprète : Et que je suis ici, dans ce procès,

le témoin 31 : Ntabwo ndasubirayo kugirango nongere nyanalize, mfate umwanzuro ko mugabanyiriza cyangwa ntamugabanyiriza.

L’Interprète : Je ne suis pas encore rentré là-bas pour examiner et prendre la décision que je diminue ou ne diminue pas ses peines.

Le Président : Théoriquement, est-ce qu’il se trouve dans les conditions pour essayer… de cette décision ?

le témoin 31 : Bon… muri iki gihe…

Le Président : Est-ce qu’il remplit les conditions légales pour avoir une décision de réduction de peine ?

L’Interprète : Yujuje ibisabwa n’amategeko kugirango abe yagabanyirizwa ibihano ?

le témoin 31 : Ubundi, ibintu bisabwa n’amategeko kugirango abe yagabanirizwa ibihano,

L’Interprète : Normalement, ce qui est requis par la loi pour que ces peines soient diminuées,

le témoin 31 : Ubwa mbere bituruka ku cyifuzo cy’umushinjacyaha,

L’Interprète : Ca vient d’abord de la proposition-avis du ministère public,

le témoin 31 : Ariko noneho biza gushimangirwa n’urukiko, nirwo rwonyine ruvuga ruti, kuko urukiko rushobora kuvuga ruti : « Ibyo  ubushinjacyaha bwaduhaye kuri NKUYUBWATSI nabyo, ntabwo tubyemeye kugirango tumugabanirize ».

L’Interprète : Mais c’est en fin de compte décidé par le tribunal car le tribunal peut nous dire ce que le ministère public nous propose de diminution de peine, et nous, on rejette.

le témoin 31 : Ni ukuvuga ko rero proposition nzayitanga nintaha,

L’Interprète : C’est-à-dire que la proposition, je vais la donner à mon retour,

le témoin 31 : Ubwo urukiko ruzambwira niba rubyemeye, cyangwa se ndebe niba nayitanga cyangwa ntayitanga.

L’Interprète : Le tribunal me dira et je verrai si je la donne la proposition ou si je ne la donne pa.

le témoin 31 : Kuko ngomba guha urukiko umwanzuro wanjye, narwo rukampa igisubizo.

L’Interprète : Car je dois d’abord donner au tribunal ma proposition,

le témoin 31 : Ma réquisition

L’Interprète : Ma réquisition. Le tribunal va me répondre.

Le Président : Oserais-je poser une question très impertinente ? Allez-vous attendre le résultat de ce procès pour faire votre proposition ?

L’Interprète : Uzategereza icyo ibi bizatanga kugirango ukore iyo réquisition ?

le témoin 31 : Icyo n’ikibazo cyiza.

L’Interprète : Ca, c’est une bonne question.

Bonaventure HABIMANA : Ndakeka yuko, ahubwo wambaza uti : « Urukiko nk’uru wigeze urubona ? ».

L’Interprète : Je pense plutôt qu’il vaudrait mieux que vous me demandiez : « Est-ce que vous avez, vous, une Cour comme celle-ci ? ».

le témoin 31 : La Cour d’assise, chez nous, n’existe pas. Alors, twe dufite amategeko dufite y’ubutabera,

L’Interprète : Nous, nous avons les lois que nous suivons de justice,

le témoin 31 : Ikintu cyose tubonye cyatubera ikimenyetso cyatuma dufata imyanzuro tugendeye ku mategeko yacu turayifata.

L’Interprète : Tout ce que nous avons pour nous amener à prendre décision suivant notre loi, nous prenons.

le témoin 31 : Kugirango, mvuze ko mutubereye kimwe mu kimenyetso nko twakorana ikimenyetso ahandi twakifashisha mu butabera, si ikibazo.

L’Interprète : Si je dis que vous pouvez nous être indice comme nous pouvons l’avoir ailleurs, nous pouvons prendre, suivre.

Le Président : Maître MONVILLE ?

Me. MONVILLE : Monsieur le président. Je voudrais peut-être poser une dernière question quant à cet aspect des choses qui est assez important mais, ai-je mal compris ou y a-t-il eu une première journée pour mettre en confiance Monsieur NKUYUBWATSI

Le Président : Non, nous avons tous compris ça !

Me. MONVILLE : Est-ce qu’à ce moment-là, il n’y a pas eu certaines choses qui ont été déjà signalées à l’attention de Monsieur NKUYUBWATSI même par rapport aux réquisitions futures et qui l’aient évidemment mis dans les meilleures conditions pour parler le lendemain.

Le Président : Lors de la première journée, la journée de contact avec Monsieur NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Umunsi wa mbere, ubwo mubonana na NKUYUBWATSI ngo mumenyane,

L’Interprète : Monsieur NKUYUBWATSI avait-il été averti à ce moment-là des possibilités qui étaient offertes par la procédure « je plaide coupable » ?

L’Interprète : Hari ubwo NKUYUBWATSI yabwiwe ibishoboka, ko yabona mu rwego rwo kwemera icyaha ?

le témoin 31 : Ubundi sinzi niba azi gukora enquête,

L’Interprète : Je ne sais pas s’il sait faire des enquêtes,

le témoin 31 : Niba, si c’est un techicien d’enquêteur techincien, ariko ubundi umuntu wese agira techique d’enquête akoresha kugirango yaporoshe umuntu umuntu ashaka kugira icyo akuraho.

L’Interprète : Mais tout un chacun a ses techniques qu’il utilise pour aboutir à ce qu’il veut aboutir, à ce à quoi il veut aboutir.

le témoin 31 : Umunsi wambere, njye numva ari préparations za enquêtes zanjye n’uburyo rwo kwaprosha umuntu techniquement,

L’Interprète : Le premier jour, c’est le jour de la préparation de mes enquêtes et d’aborder la personne techniquement,

le témoin 31 : Kugirango ntazabona informations zitarizo.

L’Interprète : Pour qu'il ne me fournisse pas des informations erronées.

le témoin 31 : Kubyerekeye kwirega no kwemera icyaha,

L’Interprète : Quant à la plaidoirie de culpabilité, la reconnaissance de la criminalité,

le témoin 31 : Ni ibintu dusobanurira umuntu iyo dutangiye, kugirango yumve yuko,

L’Interprète : Ce sont des choses que nous expliquons à la personne au début de l’interrogatoire, pour qu’il comprenne que,

le témoin 31 : Tutamuvukije uburenganzira bwe bwo kujya mu bandi bantu birega, bakemera icyaha.

L’Interprète : Ses devoirs sont respectés, qu’il est dans la catégorie de ceux qui reconnaissent la culpabilité.

le témoin 31 : Merci.

Le Président : Une autre question ?

Me. MONVILLE : Monsieur le président.

Le Président : C’était la dernière, aviez-vous dit !

Me. MONVILLE : S’il vous plait ?

Le Président : C’était la dernière !

Me. MONVILLE : Oui, mais je me trompe toujours. Ils sont allés au restaurant, est-ce que je peux synthétiser mon propos ?

Le Président : Non, savoir si ce sont des spaghettis qu’ils ont mangé non ! Je refuse de poser cette question !

Me. MONVILLE : Je voulais demander si, dans le menu, figurait la réduction de peine. Est-ce qu’on a parlé de cette question-là ?

Le Président : La réponse a été donnée, je crois.

Me. MONVILLE : Mais je ne l’ai pas entendue très clairement.

Le Président : Non, ça fait rire parce qu’ici, voyez-vous, en Belgique, dans une affaire extrêmement importante, un juge d’instruction a dû être déchargé d’un dossier parce qu’il était allé manger un spaghetti, non pas avec un futur accusé, mais avec les parties civiles dans le dossier. Et la Cour de cassation a dû considérer que ce juge d’instruction avait fait preuve de partialité et que donc il ne pouvait plus s’occuper du dossier.

le témoin 31 : Je peux répondre ?

Le Président : Non, non vous ne devez pas donner le menu, vous ne devez pas. Maître HIRSCH ?

Me. HIRSCH : Merci, Monsieur le président. Il faut dire tout de même que cette diminution de peine existe également dans notre droit, c’est la cause d’excuse de dénonciation, cela existe aussi en droit belge en matière de trafic de drogue, Monsieur le président.

Le Président : Ah oui, oui, oui !

Me. EVRARD : Notamment. Une toute petite question qui va dans le sens de celles qui ont déjà été posées. C’est plus une précision qu’une question. Le témoin a parlé de cette réunion qui aurait eu lieu chez le capitaine NIZEYIMANA, le 6 avril, suite à la chute de l’avion et la mort du président le témoin 32. Dans son procès-verbal d’audition, Innocent parle de la présence de Monsieur HIGANIRO à l’occasion de cette réunion ; lors de son exposé, le témoin a également parlé de la présence lors de cette réunion de Monsieur Vincent NTEZIMANA et dans les deux films que nous avons vus, Innocent en parle également. Donc, ma question est la suivante : est-ce que le témoin peut confirmer que Innocent lui a parlé de la présence, chez le capitaine NIZEYIMANA, le 6 avril dans la soirée, à la fois de la présence de Vincent NTEZIMANA, mais également de Monsieur HIGANIRO ?

Le Président : Vous avez compris le sens de la question ? Dans le procès-verbal, dans la traduction du procès-verbal que j’ai sous les yeux à propos de cette soirée du 6 avril 1994 qui se déroule chez le capitaine NIZEYIMANA, la question de la présence, bien sûr du capitaine NIZEYIMANA, la présence, on la suppose en tout cas, de Monsieur NKUYUBWATSI Innocent et de la présence de Monsieur Alphonse HIGANIRO ? Dans les extraits que nous avons vus, enfin pour une… dans les deux reportages qu’on a vus, Monsieur NKUYUBWATSI semble dire que ce soir-là se trouvait également présent chez le capitaine NIZEYIMANA, Monsieur Vincent NTEZIMANA ?

[Interruption d’enregistrement]

 

Le Président : Pour cette soirée du 6 avril 1994, de la présence chez le capitaine NIZEYIMANA de Monsieur Vincent NTEZIMANA.

le témoin 31 : Ah oui, yambwiye yuko,

L’Interprète : Lui, il m’a dit que,

le témoin 31 : Ntabwo yari inama, inama uko bayibajije,

L’Interprète : Ce n’était pas une réunion comme telle, tel que cela vient d’être dit dans la question,

le témoin 31 : Ahubwo bahuriye kwa NIZEYIMANA, bagirango,

L’Interprète : Mais ils se sont retrouvés chez NIZEYIMANA,

le témoin 31 : Baganire ku bintu bibaye, bakora n’ikiriyo muri  iryo joro,

L’Interprète : Pour qu’ils puissent parler de ce qui venait de survenir et qu’ils ont fait un deuil dans cette nuit,

le témoin 31 : Hanyuma rero, akavuga yuko hari NKUYUBWATSI,

L’Interprète : Et alors, il dit qu’il y avait NKUYUBWATSI,

le témoin 31 : Alphonse HIGANIRO,

L’Interprète : Alphonse HIGANIRO,

le témoin 31 : Vincent NTEZIMANA,

L’Interprète : Vincent NTEZIMANA

le témoin 31 : Bien sûr na NIZEYIMANA Ildefons.

L’Interprète : Et bien sûr Ildephonse NIZEYIMANA.

Le Président : Maître HIRSCH ?

Me. HIRSCH : Une deuxième petite question, Monsieur le président. Monsieur HIGANIRO nous a parlé de son amitié pour le préfet de Butare, qui était donc un préfet Tutsi qui a été tué. Innocent, dans son audition par le témoin, fait état d’un événement, le préfet s’était apparemment rendu chez Monsieur HIGANIRO avec sa fille, est-ce que le témoin se rappelle de ce que le Innocent lui a dit à cet égard ?

Le Président : Je vais aider votre mémoire parce que vous, tous vos dossiers

le témoin 31 : J’ai compris.

Le Président : Vous avez bon souvenir de cet épisode ?

le témoin 31 : Oui, oui. Bon, que je parle en français, même si j’ai le français très faible, je vais essayer.

Le Président : Je vous dit qu’il est bien plus fort que notre kinyarwanda.

le témoin 31 : Alors, je me souviens, j’ai posé la question. Pendant le PV d’audition de Monsieur Innocent NKUYUBWATSI, je lui ai posé la question à un moment, il m’a dit : « Alphonse HIGANIRO était extrémiste, donc il haïssait les Tutsi ». Je me souviens, il a reçu la visite du préfet de Butare qui était Tutsi, alors, comme on partageait les verres ­ donc, ils étaient tous, toutes les autorités de la région ­ alors, comme on partageait les verres, le préfet a rigolé, il a montré son enfant et il a dit : « Tiens, ça, c’est un Tutsi, si on présente l’enfant comme ça, est-ce que si on dit : Tutsi, on ment ? », donc, on causait, on rigolait comme ça. Alors, NKUYUBWATSI a dit… quand le préfet rigolait comme ça, Alphonse HIGANIRO a dit : « Pas avec les problèmes de Tutsi, si vous continuez à parler des Tutsi, cela va vous causer des problèmes ». C’est ce qu’il a dit, et il a dit au préfet. Alors, le préfet, après, il est rentré, il m’a dit qu’après son départ, Alphonse HIGANIRO a dit à son gardien, il a dit : « Si je veux pas qu’il y ait un autre Tutsi qui entre ici, il ne faut pas qu’un Tutsi entre ici… », ce qu’il a dit à propos de NKUYUBWATSI.

Le Président : Maître EVRARD ?

Me. EVRARD : Merci, Monsieur le président. A propos de cette réunion qui rassemble apparemment Monsieur HIGANIRO, le préfet, des membres de sa famille et Monsieur NKUYUBWATSI, peut-on demander au témoin où a eu lieu cette réunion et je ne vois nulle part que lui a été posée la question de savoir comment se fait-il que Monsieur NKUYUBWATSI, qui est un employé de la SORWAL, se trouve être à une réunion qui, si elle a un caractère public, je peux comprendre sa présence, mais si elle a un caractère privé, comment ce monsieur se trouve t-il en présence du préfet, de sa famille et de Monsieur HIGANIRO, dont on sait par ailleurs qu’ils sont amis ?

Le Président : Selon ce que vous a expliqué Monsieur NKUYUBWATSI, cette… pas cette réunion, mais cette rencontre entre le préfet, la fille du préfet, Monsieur HIGANIRO, se passe chez Monsieur HIGANIRO ?

le témoin 31 : C’est ça la question ?

Le Président : Oui.

le témoin 31 : Ntabwo ari inama. Kuko iyo umuntu avuze réunion, visite est différente d’une réunion. Kwari ukuza kumusura gusa,

L’Interprète : C’est une visite différente d’une réunion. C’est seulement une visite de courtoisie.

le témoin 31 : Alors, uwo mwana yari akana gatoya,

L’Interprète : Alors, cet enfant était un petit enfant.

le témoin 31 : Aravuga ati : « Umva ko abantu babeshya, aka si agatutsi ? ».

Le Président : Ca se passait bien dans la maison de Monsieur HIGANIRO ?

le témoin 31 : Yari yagiye gusura HIGANIRO iwe mu rugo ?

L’Interprète : Il était allé rendre visite à HIGANIRO, chez lui, à la maison.

Le Président : Est-ce que Monsieur NKUYUBWATSI vous a expliqué comment lui, qui n’était qu’un employé de la SORWAL, pouvait se rendre comme ça, prendre un verre chez Monsieur HIGANIRO ?

L’Interprète : We NKUYUBWATSI wari umukozi usanzwe muri SORWAL, yakubwiye uburyo yari aho ngaho kwa HIGANIRO ?

le témoin 31 : NKUYUBWATSI, kubera ko yazanwe na NIZEYIMANA, kubera ko NIZEYIMANA ariwe wamuzanye muri SORWAL,

L’Interprète : NKUYUBWTASI, vu que c’est NIZEYIMANA qui l’avait introduit à la SORWAL,

le témoin 31 : Kandi NIZEYIMANA yari afitanye affinité na NKUYUBWATSI ikomeye cyane yambwiye,

L’Interprète : Et que NIZEYIMANA avait une grande affinité avec NKUYUBWTASI, tel qu’il me l’a expliqué,

le témoin 31 : Affinité yo mu mateka ya NZEYIMANA ubwe,

L’Interprète : Affinités qui concernent le passé de NIZEYIMAMA même,

le témoin 31 : Yahise nawe, umwana uzamutse akajya kuri niveau yabo kuko, urumva no ku munsi wambere yahembwe uko kwezi kwose yakubaguriye icyo kunwa no kurya.

L’Interprète : Il a été comme un enfant monté jusqu’à leur niveau, vous avez compris que même le premier jour de son salaire, il lui a acheté à manger.

le témoin 31 : Ni ukuvuga ko guhera icyo gihe, yajyaga ahantu hose muri izo ngo ntakwijena, bagasangira.

L’Interprète : C’est-à-dire qu’à ce moment-là, il allait partout dans ces familles comme partager.

Le Président : Une autre question ? Maître BEAUTHIER ?

Me. BEAUTHIER : Monsieur le président, à la plaidoirie nous ne ferons ni un cours de droit belge ni un cours de droit international, mais nous devrons aborder le droit rwandais aussi. Je ne connais pas le droit rwandais sur le bout des ongles, mais je voudrais poser une question au témoin, très précise. Le fait pour Innocent d’avoir, pas collaboré, d’avoir fait des aveux à la justice rwandaise, lui permettrait-il d’avoir une exonération dans le cadre d’un autre dossier, pendant Arusha ou pendant éventuellement la Cour d’assises de Bruxelles ? En d’autres termes, est-ce que le droit rwandais a prévu une diminution, une exonération de peine si Monsieur Innocent dénonce Monsieur NTEZIMANA qui a un procès, ici, aux assises de Bruxelles ? Je demande la question au témoin, nous verrons alors en plaidoirie évidemment comment y répondre aussi, mais je voudrais être éclairé par le témoin aujourd’hui.

Le Président : Le droit rwandais prévoit-il,

L’Interprète : Amategeko y’Urwanda ateganya ko,

Le Président : Une réduction de peine particulière,

L’Interprète : Hari uburyo budasanzwe bwo kugabanyirizwa icyaha,

Le Président : Pour celui qui est accusé,

L’Interprète : Ku muntu waba ushinjwa,

Le Président : Et qui dénonce quelqu’un d’autre dont le procès a lieu en Belgique ?

L’Interprète : Nawe, akaba ashinja undi muntu urimo uburanishirizwa mu Bubiligi ?

Le Président : La loi de 1996, soyons clairs, quelqu’un accusé de génocide au Rwanda, qui va faire l’objet de poursuite devant un tribunal rwandais pour des faits de génocide, la loi rwandaise prévoit-elle que cette personne-là aura une peine moins forte s’il dénonce quelqu’un dont le procès n’aura pas lieu au Rwanda, mais dont le procès aura lieu ou a lieu en Belgique, en France, en Italie, la Belgique étant simplement un exemple dans cette énumération ?

le témoin 31 : Murakoze. Ubundi iryo tegeko rijya kujyaho,

L’Interprète : Normalement, quand cette loi a été introduite,

le témoin 31 : Hari ikibazo mu banyarwanda ubwacyo, bwo kugirango bamenye génocide, bamenye abakoze génocide.

L’Interprète : Il y avait un problème à l’intérieur du Rwanda même pour l’identification de ceux qui ont participé au génocide

le témoin 31 : Yabikora, akaba ari mu Rwanda, akaba ari muri Arusha cyangwa akaba ari mu Bufaransa cyangwa mu Bubiligi cyangwa ahandi,

L’Interprète : Qu’il ait joué un rôle, qu’il se trouve au Rwanda, à Arusha, en Belgique, en France ou ailleurs,

le témoin 31 : Ariko nibura ukuri kubyo yakoze bikamenyekana,

L’Interprète : Qu’au moins la vérité sur ces actes soit connue,

le témoin 31 : Bifite icyo bimara ku butabera muri rusange kuko byose ari kimwe,

L’Interprète : Ca fait, ça a un apport à la justice puisque partout elle est la même,

le témoin 31 : Bikagira nicyo bizatumarira muri politike twafashe y’ubumwe n’ubwiyunge,

L’Interprète : Et ça a aussi un apport dans la politique d’unité et de réconciliation que nous avons entreprise,

le témoin 31 : Cyane cyane ko ubutabera buciye mu kuri, bizatuma abanyarwanda bamenya ukuri ku byabaye kandi bakiyunga.

L’Interprète : Surtout qu’une véritable justice permettra au Rwanda de connaître ce qui s’est passé, de se réconcilier.

le témoin 31 : Niyo mpamvu rero urukiko, rwaba Cour d’Arusha cyangwa rwaba Cour d’assises de Belgique,

L’Interprète : C’est ainsi que le tribunal, que ce soit le tribunal d’Arusha ou la Cour d’assises de Belgique,

le témoin 31 : Rwemeye yuko iyo volonté twakoze yo gutanga ibyo bimenyetso,

L’Interprète : S’il accepte que cette volonté que nous avons eue de leur fournir des indices,

le témoin 31 : Ntabwo la justice yo mu Rwanda yakwanga, kuko icyo ireba nuko ukuri kuri génocide bugaragara.

L’Interprète : Ce n’est pas la justice rwandaise qui refuserait puisque son objectif, c’est que la vérité sur ce qui s’est passé au Rwanda soit révélée.

le témoin 31 : Merci.

Me. BEAUTHIER : Je n’ai pas une réponse à ma question, je ferai une recherche, Monsieur le président.

L’Interprète : Ngo ntabwo ari igisubizo abonye, ngo azakora ubushakashatsi.

Le Président : Maître EVRARD ?

Me. EVRARD : Monsieur le président, un très bref commentaire.

Le Président : Après le témoignage alors, si vous voulez bien.

Me. EVRARD : Simplement pour signaler, c’est un point qui s’adresse maintenant à tous les avocats ici qui ont eu l’occasion d’aller plaider dans les procédures au Rwanda, devant les chambres spécialisées vous diront que lorsqu’on entame cette procédure d’aveux, il y a une condition obligatoire qui est celle de dénoncer tous les faits et tous les complices des faits. Je crois que cela répond à la question.

Le Président : Monsieur HABIMANA, pour cette procédure qui permet d’obtenir une réduction de peine,

L’Interprète : Muri ibyongibyo byo gutuma umuntu agabanyirizwa ibihano,

Le Président : La loi prévoit-elle,

L’Interprète : Itegeko hari ubwo ribiteganya

Le Président : Que non seulement, on doit reconnaître ce qu’on a fait soi-même,

L’Interprète : Ko umuntu atagomba kwemera ibyo yakoze ubwe,

Le Président : Mais qu’il faut que les aveux soient complets,

L’Interprète : Ko ahubwo ibyo umuntu yemera biba byuzuye,

Le Président : Qu’ils soient sincères,

L’Interprète : Ko biba biciye mu kuri,

Le Président : Et que donc, ils impliquent aussi que l’on dénonce ceux avec qui on a agit.

L’Interprète : Kandi ko ibyo ngibyo bigomba kuvuga n’abandi bantu bakoranye ?

le témoin 31 : Ikibazo ?

L’Interprète : Ikibazo : Niba itegeko risaba niba umuntu atemera gusa icyo yakoze, ahubwo agomba kubyemera byose uko bingana, akemera n’uburyo byakozwemo kandi akavuga nabo babikoranye, kandi akabivuga mu kuri.

le témoin 31 : Itegeko uko ribivuga,

L’Interprète : Oui, ce que la loi prévoit,

le témoin 31 : Ni uko umuntu yemera, icyo nicyo cya mbere,

L’Interprète : C’est que la personne reconnaisse la culpabilité, ça c’est la première chose,

le témoin 31 : Akatubwira abo bafatanyije icyaha,

L’Interprète : Qu’il dénonce ceux qui ont collaboré avec lui,

le témoin 31 : Ndetse akatubwira n’abo batafatanyije ariko yabonye bagikora,

L’Interprète : Et qu’aussi, il dénonce ceux qui n’ont pas collaboré avec lui, mais qu’il a vu commettre des crimes,

le témoin 31 : Akabitubwira kandi mu buryo bufatika burimo ukuri,

L’Interprète : Qu’il le dise de façon palpable et en vérité,

le témoin 31 : Icyo gihe rero ubushinjacyaha kuko n’ubundi nibwo buba bwakoze enquête,

L’Interprète : A ce moment-là le ministère public, étant donné que c’est lui qui menait des enquêtes,

le témoin 31 : Nibwo bufata umwanzuro wo kuvuga buti : « Uyu muntu yatubereye honnête…

L’Interprète : C’est lui qui prend la décision de dire : « Cette personne a été honnête…

le témoin 31 : …Arashaka gufasha ubutabera…

L’Interprète : …Il veut aider la justice…

le témoin 31 : …Akwiye kugabanirizwa ibihano bijyanye n’uko amategeko abiteganya ».

L’Interprète : …Il mérite que ses peines soient réduites selon ce que prévoit la loi ».

Le Président : Une autre question ?

Me. EVRARD : Monsieur le président, une dernière question.

Le Président : Disons une avant-dernière, par mesure de précaution.

Me. EVRARD : En ce qui me concerne, ce sera une dernière. Dans le procès-verbal d’audition du prévenu, le témoin a d’abord demandé à Monsieur NKUYUBWATSI de décliner son identité entière et je vois qu’il a mentionné : « Je suis né - je cite - de parents paysans, cultivateurs, riches en vivres ». Peut-on demander au témoin ce que signifie cette expression. Si je pose la question, Monsieur le président, c’est parce que je voudrais qu’on pose aussi la question…

Le Président : Vous voyez que c’était l’avant-dernière !

Me. EVRARD : …elle est liée, qui est celle de savoir si le fait de posséder des propriétés et des biens peut influencer quelqu’un dans ce qu’il est amené à déclarer, en termes de culpabilité.

Le Président : Première question,

L’Interprète : Ikibazo cya mbere,

Le Président : Cette déclaration à propos de son identité : « Je suis né de cultivateurs, paysans, riches en vivres »,

L’Interprète : Ikibazo cya mbere, aravuga ati : « Nabyawe n’ababyeyi b’abaturage bakungaye ku biribwa »,

Le Président : Ca correspond à quoi, comme notion ?

L’Interprète : Ibyo bije bite, bisobanura iki ?

le témoin 31 : Kuri icyo kibazo,

L’Interprète : A cette question,

le témoin 31 : Il y a une technique d’enquête,

L’Interprète : Ca relève des techniques d’enquête,

le témoin 31 : Agumye gusoma inyandiko yambaza n’indi technique d’enquête nakoreshe hagati na hagati,

L’Interprète : S’il poursuit la lecture du PV, il pourra me poser des questions, ici, au milieu, ici et là, sur les techniques que j’ai utilisées,

le témoin 31 : Kandi ntizihura kuri buri wese.

L’Interprète : Et puis, les techniques ne sont pas les mêmes à toutes personnes

le témoin 31 : Iyo ubonye umuntu wibaza : yavugana na HIGANIRO ate, yavuganaga na NTEZIMANA ate,

L’Interprète : Tu vois une personne qui demande comment est-ce qu’il parlait avec, il s’entretenait avec HIGANIRO, comment il s’entretenait avec NTEZIMANA,

le témoin 31 : Byatumye muri techniques zanjye mubaza nibura umwirondo we bwite, ku buryo bwe bwite,

L’Interprète : C’est ainsi que dans ma technique, je lui ai demandé de décliner sa propre identité, selon lui-même,

le témoin 31 : Ntiyatangazwa n’uko nakongera kumubaza, nkamubaza ku bundi buryo kandi nabwo bunyavantaja.

L’Interprète : Ne vous étonnez pas si je l’interroge d’une autre manière, mais qui m’avantage.

Le Président : Est-ce que ce type a une influence sur la manière dont on va plaider coupable ou pas coupable, en fonction des parents qui sont riches ? Est-ce que cela a une influence ?

L’Interprète : Bene nkibyo bijyana n’ababyeyi…

Le Président : Plaider coupable ou pas coupable ?

L’Interprète : N’ababyeyi b’abakungu cyangwa bakize, haricyo bimara…

Le Président : Les pas coupables riches et les pas coupables pauvres, il y a une différence ?

le témoin 31 : Bon, ahongaho,

L’Interprète : A ce sujet,

le témoin 31 : Nagirango mbabwire ko kwemera icyaha ntaho bihuriye nibyo namubajije.

L’Interprète : A ce sujet, je voudrais vous dire que la reconnaissance de culpabilité n’a pas de rapport avec ceci, même que je lui ai demandé.

le témoin 31 : Ni technique d’enquête un peu psychologique que j’ai tenté pour avoir localisé, donc le prévenir dans le milieu, soit héréditairement dans le milieu où il a vécu, nuko, ni technique d’enquête nakoresheje, psychologique kugirango nibura mumenye.

L’Interprète : Donc, le prévenu, dans le milieu, c’est une technique d’enquêtes déjà utilisée pour qu’au moins je puisse le connaître,

le témoin 31 : Niyemera anambeshya cyangwa niyanga kwemera, ariko ngende njera  kuri situation ye.

L’Interprète : Que si on connaît, il refuse de reconnaître la culpabilité, je puisse juger.

le témoin 31 : Bitumye mena ibanga ry’uko nkora. Techniques d’enquête zanjye à moi…

L’Interprète : Ca m’amène à divulguer les divers secrets de mon travail… comment mon travail, mes techniques à moi !

Le Président : D’autres questions ? Plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Monsieur HABIMANA, confirmez-vous les déclarations que vous avez faites aujourd’hui et persistez-vous dans les déclarations que vous avez faites aujourd’hui ?

L’Interprète : Uremeza ugahamya ibyo wavuze uyu munsi ?

le témoin 31 : Ndabyemeza.

L’Interprète : Oui, je confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous devez encore rester, enfin, vous pouvez aujourd’hui disposer de votre temps, mais vous devrez rester administrativement à la disposition de la Cour pour que l’organisation de votre retour au Rwanda soit administrativement couverte.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye, ruvuga ko ushobora kwigendera, ukikoreshereza igihe cyawe uko ushaka, ariko uzaboneka igihe cyose rwagukenera, kugirango gatunganywe cyane ibyo urugendo rwawe rwo gusubira mu Rwanda.

Le Président : Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas prendre l’avion demain.

L’Interprète : Ariko ibyo ntabwo bivuga ko ejo udashobora gufata indege.

le témoin 31 : OK.

[Interruption d’enregistrement]

Le Président : Monsieur l’avocat général, vous souhaitez faire un commentaire, oui ?

L’Avocat Général : Oui, je voudrais faire un bref commentaire parce que bon, je n’aime pas la façon dont on semble insinuer ici que les déclarations de Monsieur NKUYUBWATSI sont des déclarations qui sont uniquement faites dans le but d’obtenir une réduction de peine. D’ailleurs, Maître HIRSCH l’a signalé, le Rwanda n’est pas le seul pays où ça existe, ça existe en Belgique, en matière de stupéfiants, en d’autres matières aussi. La nouvelle loi sur les organisations criminelles prévoit que les personnes qui dénoncent les autres bénéficient d’une réduction de peine et certaines dispositions vont même plus loin : les personnes qui dénoncent avant les poursuites bénéficient d’une immunité de poursuite. Première remarque. Alors, deuxième remarque : il est peut-être quand même important de souligner que Monsieur REKERAHO, lui, a fait des déclarations à l’encontre des deux sœurs, et que Monsieur REKARAHO, lui, n’a pas bénéficié d’une réduction de peine, Monsieur REKERAHO est condamné à mort et son appel est rejeté.

Le Président : Maître WAHIS ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président, juste une petite précision. Monsieur REKERAHO n’a jamais sollicité la procédure d’aveu et obligatoirement, il n’a jamais pu bénéficier de la réduction de peine automatique de la procédure d’aveux. Pourquoi ? Parce que Monsieur REKERAHO a contesté certaines des préventions qui étaient à sa charge.

Le Président : Allez-y.

Me. WAHIS : …les personnes au Rwanda et qui sont poursuivies et qui sont classées dans la première catégorie. Comme le témoin nous a expliqué, plusieurs catégories, la première étant celle des personnes ayant commis les faits les plus graves, notamment des crimes intentionnels particulièrement odieux, ces personnes-là ne bénéficient de toutes façons pas de réduction de peine, qu’il y ait aveu ou pas. On y reviendra peut-être un peu plus tard.

Le Président : Maître CUYKENS ? Maître BELAMRI ?

Me. BELAMRI : Peut-être pour clore cette question et quelles que soient les dispositions de la loi rwandaise, il semble utile de vous lire le très bref passage de cassette de Monsieur Innocent NKUYUBWATSI qui a été coupé au moment où la cassette a montré certains signes de fatigue, pour voir quelle était sa compréhension des choses. « Quand vous refusez de dire la vérité, des fois, vous pouvez passer même sept ans tout en cherchant, tout en faisant des enquêtes sur terrain, mais quand vous acceptez, vous facilitez même le tribunal, vous facilitez même le procès et si possible, quand vous avez avoué avant, il y a lieu de demander pardon et puis on diminue la peine si j’ose le dire ». Je vous remercie, Monsieur le président.

Le Président : Plus de commentaire ? Si, encore un.

Me. CARLIER : Deux types de commentaires, Monsieur le président.

Le Président : Je vous en prie, Maître CARLIER.

Me. CARLIER : Un premier commentaire qui est de demander de bien vouloir acter une déclaration de la défense de Monsieur NTEZIMANA au procès-verbal, compte tenu de cette difficulté qu’on a rencontrée avec les cassettes et l’audition d’un autre témoin. Cette déclaration serait très brève, elle est la suivante, Monsieur le président : la défense de Vincent NTEZIMANA, après la projection de deux reportages vidéo réalisés au Rwanda par des journalistes belges, doit émettre les plus expresses réserves devant l’impossibilité d’entendre le témoin interrogé dans ces vidéos : Innocent NKUYUBWATSI. Je souhaiterais que ceci soit acté au procès-verbal, Monsieur le président.

Le Président : Il n’y a pas de difficultés. Vous avez le texte, Monsieur le greffier ?

Me. CARLIER : Je peux le rédiger pour la facilité de Monsieur le greffier, très volontiers.

Le Président : Non, mais… ou le répéter de manière à ce que Monsieur le greffier puisse en prendre note.

Me. CARLIER : « La défense de Vincent NTEZIMANA, après la projection de deux reportages vidéo réalisés par des journalistes belges au Rwanda doit émettre les plus expresses réserves devant l’impossibilité d’entendre le témoin interrogé dans ces reportages, d’entendre le témoin interrogé dans ces reportages : NKUYUBWATSI Innocent ».

Le Président : Vous voulez dire d’entendre à l’audience.

Me. CARLIER : D’entendre ici, devant la Cour d’assises, le témoin NKUYUBWATSI Innocent. Le deuxième ordre de remarque, Monsieur le président, c’est que nous devons bien faire avec les moyens du bord, ne pouvant pas interroger l’intéressé, et je vais relever alors simplement parmi d’autres, cinq contradictions importantes entre différentes versions de ce témoin. Nous avons vu deux cassettes vidéo, première RTBF, deuxième RTL. Il y a encore une autre version, qui sont les déclarations faites devant le témoin que l’on a entendu, déclarations qui s’échelonnent du 22 mars au 29 mars, à la fin de ce procès-verbal. Et il y a une quatrième version, qui est celle qui a été publiée, il ne faut pas lire la presse, mais elle existe comme média télévisuel, dans Le Soir du 12 avril 2001.

Le Président : Il y en a une dont la Cour n’a pas connaissance, n’est-ce pas ?

Me. CARLIER : Il est tout à fait possible de déposer pour la Cour cette quatrième version, qui se trouve dans Le Soir du 12 avril.

Le Président : J’aimerais en tout cas, dans la mesure où elle ne figure pas, que vous n’y fassiez pas allusion maintenant à cette quatrième version.

Me. CARLIER : Si vous le souhaitez, Monsieur le président, je peux la déposer directement. Monsieur l’huissier !

Le Président : Il n’y a plus d’huissier, si ? Si, si ! Bien, donc cette pièce est déposée ? Il faut la déposer. Cette pièce est déposée au dossier. Vous voudrez bien, Monsieur l’huissier ou Monsieur le greffier, en faire des photocopies pour les distribuer aux autres parties.

Me. CARLIER : Cinq remarques. Il y a souvent des versions différentes, on peut comprendre ça, mais pas quand cela touche à des choses fondamentales, et il y en plusieures, j’en retiens simplement cinq. A propos de l’assassinat de la jeune fille chez Monsieur Vincent NTEZIMANA - qui a parlé lui-même de ces faits, de cet assassinat devant ses yeux - il y a donc d’abord, avant l’assassinat de la jeune fille, l’assassinat des deux filles ou la tentative pour une des deux, puisqu’il y en a une des deux qui revient. A propos de ces deux filles, dans la cassette RTBF, la première qu’on a vue, Innocent NKUYUBWATSI déclare, à propos de qui a tué ces deux filles : « La fillette, tout au début, avait été tuée par les militaires qui vivaient chez NTEZIMANA et puis, la fille - il me semble, c’est en pages 3 et 4 puisqu’on a la reproduction dans le dossier - et puis, la fille, il me semble les militaires, ils l’ont prise, ils sont allés la tuer, je ne sais pas, ici, en bas ». Les militaires ont tué cette autre jeune fille. Dans la cassette RTL, la deuxième que l’on a vue, il ne déclare plus que ce sont les militaires qui ont tué cette jeune fille, il dit, je cite, c’est à la page deux dans la retranscription : « Ils m’ont envoyé tuer les deux filles, nous les avons tuées à coups de balle », soit lui avec les militaires.

Deuxième constat à propos de l’assassinat de la deuxième jeune fille, celle qui revient chez Vincent NTEZIMANA, trois points : quand cela se passe, qui fait quoi et comment cela se passe ? Quand ça se passe ? Dans la cassette RTBF, la première que nous avons vue, Innocent NKUYUBWATSI dit : « C’était juste le matin. Moi, j’étais parti déjà au travail », ce qu’il dit également dans la deuxième cassette que l’on a vue. Il dit : « J’étais parti au travail ». Dans sa déclaration devant le témoin que l’on vient d’entendre, il dit : « Vers 10 h 30, on m’a rappelé au travail » et dans sa déclaration dans la pièce déposée au journal Le Soir - je ne sais pas d’ailleurs si c’est à cause du fait que c’est le journal Le Soir - il dit ceci : « J’étais au travail à la SORWAL quand on m’a téléphoné pour me dire de venir l’achever, c’était vers le soir ». On sait que quand le soir tombe, il y a une forte différence avec le matin et le jour, au Rwanda.

Qui le contacte à la SORWAL pour venir achever cette jeune fille ? Dans la première cassette, cassette RTBF, il dit : « Le lendemain, j’ai sonné. Moi, NKUYUBWATSI Innocent, j’ai sonné à la maison de NIZEYIMANA Ildephonse, le capitaine, il m’a dit de venir ». En changeant un peu, mais c’est pas important, il dit la même chose dans la cassette RTL, mais dans l’audition devant le témoin qu’on vient d’entendre, il dit : « NTEZIMANA Vincent a téléphoné et m’a dit de venir achever la jeune fille ».

Troisièmement : comment cette jeune fille est-elle assassinée ? Dans la cassette RTBF, il dit : « Ildephonse NIZEYIMANA ­ donc, le capitaine - m’a dit : « Toi, tu prends l’arme et tu vas tuer la fille. Alors, quand je suis venu sur ordre, tout de suite, je l’ai tuée avec l’arme ».

Dans la déclaration devant le témoin que l’on vient d’entendre, il dit : « Je suis allé la tuer en la fusillant, je l’ai achevée par balles ». Dans la cassette RTL-tvi, il dit ceci : « J’ai tenté de la tuer encore par coups de balles, ça n’a pas été possible. Après une sortie de balle, on m’a défendu, on m’a obligé de tuer par coups de baïonnette, un coup de couteau ». Et dans la déclaration au journal Le Soir, il parle également de coups de baïonnette et de coups de couteau, et non pas d’avoir achevé par balles.

Dernier constat - le cinquième après le premier et ces trois constats sur l’assassinat de la jeune fille ­ un seul constat parmi beaucoup sur l’assassinat de la famille KARENZI. Dans la cassette RTL, on aura remarqué qu’il fait une confusion totale et qu’on doit le rappeler à l’ordre pour dire : « Non, non, c’est pas Gaétan dont vous parlez, c’est KARENZI », soit ce n’est pas très important peut-être et dans la cassette RTBF, la première que nous avons vue, il dit ceci, donc : « Le militaire est monté après être venu chez NTEZIMANA demander où était la maison de KARENZI », il ajoute : « Le militaire est monté tout de suite, comme ça, quand il est arrivé là-bas, il me semble qu’il y avait des enfants qui étaient partis au marché, qui étaient allés au marché - les enfants KARENZI ­ alors, ces enfants venaient d’être tués juste à côté de l’hôtel Faucon ». Il y a là quelque chose de très important quand ce témoin Innocent NKUYUBWATSI dit : « Les enfants étaient partis au marché ».

Il y a une seule personne qui dit cela, une seule, et nous l’avons entendue ici, c’est le témoin 134 qui a écrit dans son cahier d’écolier qu’effectivement, pour tromper les militaires qui venaient pour tuer la famille, Monsieur KARENZI, pour sauver les enfants qui étaient cachés dans le plafond, a dit : « Les enfants sont partis au marché ». Comment Innocent NKUYUBWATSI sait d’un militaire que les enfants seraient partis au marché s’il n’était pas avec ces militaires pour tuer. Ce sont les seules contractions parmi d’autres que je souhaite relever à ce stade-ci, Monsieur le président.

Le Président : Allez-y, Maître MONVILLE.

Me. MONVILLE : Je voudrais simplement demander que l’on acte les mêmes réserves à l’égard de Monsieur HIGANIRO que celles qui ont été exprimées à l’égard de Monsieur NTEZIMANA, si cela pouvait être acté.

Le Président : Ce sont exactement les mêmes ?

Me. MONVILLE : Exactement les mêmes, je trouve qu’elles ont été excellemment dictées par Maître CARLIER.

Le Président : Donc, la défense de Monsieur HIGANIRO et la défense de Monsieur NTEZIMANA, plus de commentaire ? Alors 16 h 21. Nous reprenons à 16 h 45 et nous n’allons pas au-delà de 18 heures aujourd’hui. Il y a trois témoins de l’étranger à entendre.