assises rwanda 2001
recherche plan du site
Instruction d’audience V. Ntezimana Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience V. Ntezimana > Audition témoins > Lecture président attestation J.B. Seminega
1. N. Gasana 2. le témoin 9 3. le témoin 125 4. le témoin 134 5. le témoin 116 6. le témoin 61 7. le témoin 124 8. le témoin 50 9. le témoin 150 10. le témoin 73 11. le témoin 55 12. le témoin 100 et commentaires V. Ntezimana 13. le témoin 97 14. le témoin 104 15. H. Gallee 16. le témoin 84 17. le témoin 36 18. B. Van Custem et commentaires V. Ntezimana et E. Seminega 19. Lecture président attestation J.B. Seminega 20. le témoin 77 21. le témoin 10 22. le témoin 96 23. le témoin 42 24. R. Degni-Segui 25. le témoin 15 26. J. Léonard et commentaires partie civile et V. Ntezimana 27. J.P. Van Ypersele de Strihou 28. le témoin 118 29. le témoin 31, commentaires avocat général, partie civile, défense, audition interview I. Nkuyubwatzi 30. le témoin 108 31. le témoin 127 32. le témoin 109 33. le témoin 147 34. le témoin 105 35. le témoin 89
 

6.3.19. Lecture par le président de l’attestation de Jean-Bosco SEMINEGA

Le Président : Oui, non, ce n’est pas une audition par le juge d’instruction, c’est un pro justitia. Le juge d’instruction VANDERMEERSCH établit un procès-verbal, le 12 octobre 1995, dans lequel il expose qu’il a rencontré Monsieur Jean-Bosco SEMINEGA dans son bureau à Kigali, seul à seul. Il lui a soumis le compte-rendu de l’entretien qu’il avait eu avec Messieurs DELVAUX et de STEXHE. Après avoir relu et apporté quelques modifications manuscrites, Monsieur le témoin 150 confirme que ce compte- rendu reproduit fidèlement ses propos. Il confirme qu’il ne souhaite pas signer ce document par crainte de s’exposer. Le juge d’instruction joint à ce procès-verbal le compte rendu relu et corrigé par Monsieur le témoin 150 Jean-Bosco.

[Interruption d’enregistrement]

Le Président : …être entendu par les autorités judiciaires rwandaises dans le cadre de la présente affaire…

Non Identifié : On ne vous entend pas, Monsieur le président.

Le Président : Vous ne m’entendez pas, tiens. Alors, cette personne, Monsieur le témoin 150 nous informe qu’elle refuse, étant commerçant sur la place de Kigali, d’être entendue par les autorités judiciaires rwandaises dans le cadre de la présente enquête. Néanmoins, elle accepte de nous transmettre les informations suivantes.

« Monsieur le témoin 150 résidait bien dans la maison de Bénédicte le témoin 143, du 1er mars  jusqu’au 28 juin 1994, approximativement. De cette maison, il disposait d’une vue, à partir de son  jardin, sur l’entrée principale de l’immeuble occupé dans le quartier de Buye à Butare par Vincent NTEZIMANA. le témoin 150 a fréquenté l’UNR de 1984 à 1988, et plus précisément, la faculté des sciences économiques. C’est à cette époque qu’il a fait connaissance de Vincent NTEZIMANA, membre du corps enseignant de cette université. Après le 19 avril 1994, le témoin 150 était, comme beaucoup à Butare, confiné dans la propriété qu’il occupait, sans possibilités de sortir dans les quinze jours qui suivirent, à peu près. le témoin 150 confirme qu’en dehors des heures de couvre-feu, Vincent NTEZIMANA recevait souvent la visite d’un véhicule militaire de type Land Rover, conduit vraisemblablement par son ami, le capitaine Ildephonse NIZEYIMANA. Que ce soit avant ou pendant cette guerre, ces deux personnes ne se cachaient pas d’entretenir des relations d’amitié. le témoin 150 confirme que des gens armés, dont certains étaient revêtus d’uniforme militaire, logeaient chez lui. Au moins, je les voyais entrer et sortir (à propos de cette phrase, c’est le commentaire qu’il ajoute à la main).

Innocent NKUYUBWATSI, qui travaillait à l’usine allumettière, la SORWAL, y logeait également. le témoin 150 fait remarquer que ce dernier circulait très facilement, après le 19 avril 1994, durant les massacres à Butare. C’est d’ailleurs par l’intermédiaire de cette dernière personne que le témoin 150 a eu l’occasion de s’approvisionner une fois durant cette période. le témoin 150 a vu rentrer des hommes et des femmes dans la maison de NTEZIMANA. le témoin 150 ne peut préciser si deux jeunes filles y résidaient en permanence. Début juin, la rumeur lui a rapporté qu’une femme aurait été tuée chez NTEZIMANA. Innocent NKUYUBWATSI aurait, selon le témoin 150, continué à résider chez NTEZIMANA jusqu’à la fin juin, époque de la chute de Butare entre les mains du FPR. Revenant à la période suivant le 19 avril 1994 à Butare, le témoin 150 a été convoqué, comme les autres habitants, à une réunion du secteur du quartier de Buye où il résidait à l’époque. le témoin 150 a alors constaté que Vincent NTEZIMANA faisait partie du comité de sécurité de ce même quartier. Il y fut question de l’organisation des patrouilles de nuit et des barrages auxquels devaient participer ces mêmes habitants. Vincent NTEZIMANA était chef d’une des équipes qui procédaient à des rondes durant la nuit, ainsi que la journée. Monsieur le témoin 150 a demandé d’être relevé de l’obligation de participer à des rondes car il hébergeait beaucoup de gens chez lui, sans disposer d’un boy pour le travail domestique.

Bien qu’officiellement le témoin 150 devait participer aux rondes, il en était pratiquement exempté. Le chef de la sécurité de ce quartier de Buye était le témoin 93 (là, il a barré ami de Vincent NTEZIMANA pour remplacer par professeur à la faculté d’agronomie). le témoin 150 précise que plus ou moins trois jours après cette réunion, il a fait l’objet d’une fouille de sa maison par des militaires, probablement envoyés par le comité de sécurité de ce quartier de Buye, pour y chercher des Inyenzi. Après cette fouille, Vincent NTEZIMANA est passé chez le témoin 150 quelques jours plus tard, dans la matinée. Il semblait chercher quelqu’un qui se cachait chez lui. C’était la seule et unique fois qu’il s’est présenté chez lui depuis le 19 avril. La façon dont il se comportait amène Monsieur le témoin 150 à considérer que Vincent NTEZIMANA avait choisi le camp extrémiste pendant le génocide et les massacres collectifs dans le secteur de Butare. Il en prend pour preuve le fait que Vincent NTEZIMANA logeait des gens bien et d’autres qui ne l’étaient pas, parfois à la demande du capitaine NIZEYIMANA. Comme personnes fréquentables, il cite Monsieur Jean-Marie Vianney le témoin 142, métissé, résidant actuellement à Kigali, il travaille actuellement chez PETRORWANDA où il exerce des fonctions de cadre supérieur (n° de tél. : …).

Par contre, Innocent NKUYUBWATSI ne l’était pas, car il aurait dit qu’il aurait participé au massacre de la famille KARENZI et il voulait prendre les biens qui se trouvaient dans l’immeuble KARENZI. Il n’était pas content, car le comité de sécurité, dont faisaient partie le témoin 93 et Vincent NTEZIMANA, n’était pas d’accord. le témoin 150 estime que le capitaine Hildefons NIZEYIMANA (ou IZEYIMANA ) est celui qui a organisé les massacres à Butare. le témoin 150 estime que s’il avait eu un ami tel que NIZEYIMANA, il aurait pris ses distances avec celui-ci ».

L’autre document qui figure au dossier, c’est le même, mais sans les annotations manuscrites. C’est exactement le même texte. Alors, il y en a peut-être encore ailleurs. Je crois qu’il y a encore, effectivement, une autre audition, mais sur laquelle je ne retombe pas, dans laquelle il dit ne pas avoir été… avoir fait l’objet de menaces, si mes souvenirs sont bons. Vous en avez peut-être encore d’autres, mais alors, lisez-les vous-même.

Non Identifié : Non, non, il y en a une deuxième, c’est tout.

Le Président : La deuxième, c’est la même que celle que je viens de lire mais sans les annotations manuscrites.

Non Identifié : Il y a une déclaration où il dit qu’il n’a pas été l’objet de menaces.

Le Président : Oui, si c’est ça, bon. De menaces de la part du témoin 142 Vianney. Bien, y a-t-il d’autres choses ou des commentaires avant que nous n’entendions le témoin ? Ah oui, il n’est pas repris dedans puisqu’il n’était pas cité comme témoin.