8.6.2. Audition des témoins : le témoin 44
Le Greffier : La Cour.
Le Président : L'audience est
reprise, vous pouvez vous asseoir et les accusés peuvent prendre place. Madame
le témoin 44 est de retour ? Nous avions deux témoins, en début d’après-midi,
qui ne se sont pas présentés : le témoin 119 et le témoin 53. le témoin 119
Eugène ayant fait parvenir un courrier signalant qu’il était à l’étranger, et
le témoin 53 n’ayant pas pu être joint parce qu’il est radié d’office, depuis
1996. Les parties renoncent-elles aux auditions de ces deux témoins ?
Alors, on peut faire approcher Madame le témoin 44. Vous vous exprimez et vous
comprenez bien le français, Madame ? Ou vous voulez vous exprimer en
français, ou vous préférez avoir un interprète ?
le témoin 44 : En kinyarwanda.
Le Président : Bien, donc un
interprète… Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin quels
sont ses nom et prénom ?
L’Interprète : Amazina yawe yombi ?
le témoin 44 : Nitwa le témoin 44.
L’Interprète : le témoin 44.
Le Président : Ce n’est pas
Marie-Bernard ?
le témoin 44 : Izina
nitwaga ndi mu babikira ni Marie-Bernard.
L’Interprète : Le nom qu’elle
portait quand elle faisait encore partie de la communauté religieuse était
Marie-Bernard.
Le Président : Quel âge a le
témoin ?
L’Interprète : Ufite imyaka
ingahe ?
le témoin 44 : 41.
L’Interprète : 41 ans.
Le Président : Quelle est sa
profession ?
L’Interprète :
Umwuga wawe ?
le témoin 44 :
Ndikorera.
L’Interprète : Une profession
libérale.
Le Président : Quelle est sa commune
de domicile ou de résidence ?
L’Interprète : N’iyihe Komine
utuyemo ?
le témoin 44 : Ubundi
byari Nyarugenge ariko byarahindutse, hasigaye ari Nyamirambo.
L’Interprète : Nyamirambo, avec
les changements actuels.
Le Président : Au Rwanda ?
le témoin 44 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Le témoin
connaissait-elle les accusés ou certains des accusés, avant le mois d'avril
1994 ?
L’Interprète : Wari uzi
abaregwa cyangwa se bamwe mu baregwa mbere y’ukwezi kwa kane kwa 94 ?
le témoin 44 : Ndabazi
babiri kuko twarabanye.
L’Interprète : Oui, j’en
connais deux, puisque nous vivions ensemble.
Le Président : Il s’agit de
sœur Gertrude et sœur Marie-Kizito ?
le témoin 44 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Est-elle de la
famille des accusés ?
L’Interprète : Ufitanye isano
mu muryango w’abaregwa ?
le témoin 44 :
Isano… ?
L’Interprète : Isano
y’umuryango.
le témoin 44 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Elle est partie
civile constituée ?
L’Interprète :
Uregera indishyi ? Uri mu baregera indishyi ?
le témoin 44 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Est-ce qu’elle
travaille pour les accusés ?
L’Interprète : Hari umurimo
ufite uwo ukorera mu baregwa ?
le témoin 44 : Umurimo ?
L’Interprète : Yego,
umurimo w’akazi gasanzwe, ko bagukoresha, umukozi wabo bahemba, mu baregwa.
le témoin 44 : Njyewe
kubahemba se ?
L’Interprète : Baguhemba,
ubakorera umwuga w’umurimo, akazi gasanzwe.
le témoin 44 :
Abaregwa ?
L’Interprète : Abaregwa niba
bagukoresha mu kazi gasanzwe.
le témoin 44 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Elle ne
travaille pas pour d’autres parties civiles ?
L’Interprète : Nta bandi waba
ukorera akazi mu baregera indishyi ?
le témoin 44 : Oya,
njyewe ndikorera kuri compte yanjye.
L’Interprète : Non, moi, je
travaille pour mon propre compte.
Le Président : Bien. Alors,
vous voulez bien lui expliquer que comme elle est partie civile constituée,
elle sera entendue sans serment, elle ne doit pas prêter serment.
L’Interprète : Ngo ubwo uri mu
baregera indishyi ukaba waramaze kubikora ntabwo uribuze kumvwa umaze kurahira,
urumvwa gusa nk’umuntu gusa uzanye ubuhamya bwe.
Le Président : Vous pouvez
l’inviter à s’asseoir et vous asseoir à côté d’elle. Voulez-vous bien lui
demander si, en avril 1994, elle faisait bien partie de la communauté des
religieuses de Sovu ?
L’Interprète : Mu kwezi
kwa kane kwa 94, wari mu muryango w’ababikira b’i Sovu ?
le témoin 44 : Yego.
Nari ndi mu muryango w’ababikira b’i Sovu.
L’Interprète : Oui, je faisais
partie de la communauté des religieuses de Sovu.
Le Président : Quel était son
statut ? Est-ce qu’elle était novice déjà ou aurait-elle un autre
statut ?
L’Interprète : Wari uhari
nk’umunovise cyangwa se wari mu rundi rwego ?
le témoin 44 : Oya
nari naramaze gukora amasezerano arangiza, professe solennelle.
L’Interprète : Non, j’avais
déjà fait mes promesses solennelles.
Le Président : Bien. Est-ce
que, dans le couvent, elle avait un rôle, une fonction particulière ?
L’Interprète : Mu kigo
cy’ababikira, mu muryango wari uhafitemo umurimo wihariye, inshingano zawe
bwite warushinzwe.
le témoin 44 : Ubundi
ntawe ugira umurimo we yihariye, ntawagiraga umurimo we yihariye, bagendaga
bahindura umuntu bakurikije uko umwaka ushize.
L’Interprète : Normalement,
personne n’avait des attributions précises, particulières, puisqu’on les
attribuait et on les modifiait après chaque année.
Le Président : Est-ce qu’en
avril 1994, elle avait un rôle particulier, une attribution particulière ?
L’Interprète : Mu kwezi kwa
kane kwa 94, hari inshingano wari ufite zihariye ?
le témoin 44 : Oui.
Nakoraga muri atelier ikora amahostiya.
L’Interprète : Oui, je
travaillais dans l’atelier qui fabriquait les hosties.
Le Président : C’est cela. A
partir de quelle date, des réfugiés sont-ils arrivés au couvent de Sovu ?
L’Interprète : Impunzi
zatangiye kuza mu kigo cy’i Sovu kuva ku yihe tariki ?
le témoin 44 : Kuva ku
itariki ya 17.
L’Interprète : A partir du 17.
Le Président : Est-ce qu’il n’y
avait pas déjà à l’intérieur du couvent, d’une part, des personnes qui
suivaient un séminaire ?
L’Interprète : Nta bandi
bantu bari mu kigo mbere, bari mu mahugurwa ?
le témoin 44 : Bari
bahari.
L’Interprète : Si, il y en
avait.
Le Président : Et, est-ce qu’il
n’y avait pas, peut-être déjà aussi, à l’intérieur du couvent, des membres des
familles des religieuses ?
L’Interprète : Mu kigo ubwaho,
nta bantu bari bahari bo mu muryango wo mu babikira ?
le témoin 44 : Harimo
abantu babiri.
L’Interprète : Oui, il y avait
deux personnes.
le témoin 44 : Njye
nashakaga kuvuga amazina yabo.
L’Interprète : Est-ce que je
peux dire leurs noms ?
Le Président : Oui.
le témoin 44 : Cyarimo umudamu
witwaga Chantal, madamu wa BUTERA Charles,
L’Interprète : Oui, il y avait
une dame du prénom de Chantal, l’épouse de BUTERA Charles,
le témoin 44 : Nièce de
Scholastique wa BUTERA Charles. BUTERA Charles, c’est le neveu de sœur
Scholastique.
L’Interprète : BUTERA Charles,
étant le père de sœur Sholastique.
le témoin 44 : Son
neveu.
L’Interprète : Etant le neveu
de sœur Scholastique.
le témoin 44 : Aussi,
mbere y’itariki 17, halimo musaza wanjye wahahungiye kuri 15. Avuye i Kigali,
aje n’amaguru.
L’Interprète : Avant cette
date, il y avait aussi mon propre frère, qui s’y était réfugié le 15 avril, et
il venait de Kigali, à pied.
Le Président : Lorsque les
réfugiés ont commencé à arriver des collines, hein, les réfugiés venant des collines,
les 17 et le 18 avril 1994, quelle a été l’attitude de sœur Gertrude ?
L’Interprète : Ubwo impunzi
zatangiraga kuza ku itariki ya 17 na 18 ziva mu misozi aho, imyitwarire ya sœur
Gertrude yari imeze ite ? Yari myitwarire ki ?
le témoin 44 : Ku
itariki ya 17 impunzi zimaze kuza, bari bakiri bakeya, ku italiki ya 18, igihe
se impunzi zatangiye kuba nyinshi.
L’Interprète : Le 17, au début
de leur arrivée, les réfugiés étaient encore peu nombreux. Le 18, leur nombre a
commencé à s’accroître.
le témoin 44 : Hanyuma
nyuma yo kuri uwo munsi wo ku itariki ya 18, ajya i Butare, kubwira abasirikare
ko impunzi zaje.
L’Interprète : Alors, à
cette date, le 18, elle s’est rendue à Butare, annoncer aux militaires,
l’arrivée des réfugiés.
Le Président : Oui, quel a été
le résultat de cette démarche ?
L’Interprète : Urwo rugendo
rwakurikiwe n’iki ?
le témoin 44 : Urwo
rugendo aruvuyemo, yaraje aratubwira, abasilikare ko bamubajije nimba abo bantu
abazi bose.
L’Interprète : Après son
retour, elle nous a dit que les militaires lui avaient demandé si elle
connaissait tous ces réfugiés.
le témoin 44 : Hanyuma
asubiza ko, asubiza abo basirikare ko impunzi atabazi bose.
L’Interprète : Et qu’elle avait
répondu à ces militaires qu’elle ne connaissait pas tous ces réfugiés.
le témoin 44 : Nabo
baramubwira bati : « Nimba utabazi ntubareke binjira, kuko hashobora
kuba harimo abafite intwaro cyangwa hihishemo Inkotanyi ».
L’Interprète : Alors, les
militaires lui avaient dit que si elle ne connaissait pas tous ces réfugiés,
qu’elle ne devait pas les laisser entrer, puisqu’il pourrait y avoir parmi eux,
des personnes armées ou alors des Inkotanyi.
le témoin 44 : Nkomeze ?
Le Président : Oui, que s’est
il passé alors ?
le témoin 44 : Ubwo
umugoroba warageze, bukeye bwaho, haje kugwa imvura nyinshi cyane,
L’Interprète : Ce fut
alors le soir et puis, le lendemain, il a plu abondamment,
le témoin 44 : Hanyuma
nkuko bari babimubwiye ntabwo yongeye gukingura kiriziya, yarakinze impunzi
ziguma hanze ziranyagirwa.
L’Interprète : Alors, suivant
ce que les militaires lui avaient dit, elle n’a plus ouvert l’église, elle l’a
fermée, et puis les réfugiés sont restés dehors, sous la pluie.
le témoin 44 : Harimo abana batoya bariraga,
n’abandi bakuru,
L’Interprète : Il y avait,
parmi ces réfugiés, des petits enfants qui pleuraient et d’autres adultes,
le témoin 44 : Basaba ko
babakingurira bakugama, ariko ntabwo yabyemeye.
L’Interprète : Qui demandaient
qu’on leur ouvre, qu’ils se mettent à l’abri, ce qu’elle n’a pas accepté.
le témoin 44 : Ndibuka
umunovise umwe witwaga Mathilda, yararize cyane abonye banze kugamisha impunzi,
L’Interprète : Je me souviens
d’une novice qui se prénommait Mathilde, qui a beaucoup pleuré face à ce refus
d’ouverture de la porte aux refugiés,
le témoin 44 : Hanyuma
aravuga ati : « Ese koko nimba yari Kristu wari uje gusaba ngo
umwugamishe, ntabwo mwakingura ? »
L’Interprète : Elle a
dit : « Et si c’était le Christ qui venait demander abri, vous
n’auriez pas ouvert ? ».
le témoin 44 : Icyo gihe
Gertruda ntacyo yashubije, yamurebye nabi, ariko ntabwo yigeze akingurira
impunzi ngo zugame.
L’Interprète : Gertrude n’a
rien répondu, elle lui a adressé un mauvais regard,, mais elle n’a pas ouvert
la porte aux réfugiés pour qu’ils se mettent à l’abri.
le témoin 44 : Ubwo uko
iminsi yahitaga igakomeza, niko ubuzima bw’impunzi bwarushagaho kubaho nabi,
L’Interprète : Au fur et à
mesure que les jours avançaient, la situation des réfugiés se détériorait.
le témoin 44 : Ntabwo
bari bafite ibyo barya,
L’Interprète : Ils n’avaient ni
nourriture,
le témoin 44 : Ndibuka
ko hari umugabo w’i Butare Lawuriyani NTEZIMANA wabazaniye umuceri,
L’Interprète : Je me souviens qu’il
y a un homme de Butare, qui s’appelle le témoin 110, qui leur a apporté du
riz.
le témoin 44 : Yazanye
imifuka 12 ariko impunzi ntabwo bigeze bayiziha ngo zirye.
L’Interprète : Il a apporté
avec lui 12 sacs de riz, mais ce riz n’a jamais été distribué aux réfugiés pour
qu’ils mangent.
Le Président : Est-ce que sœur
Gertrude n’a pas expliqué pourquoi elle ne distribuait pas le riz ? Est-ce
qu’elle n’a pas expliqué que, si elle donnait la clé qui permettait d’aller
dans le magasin où se trouvait le riz, elle pouvait être considérée comme une
complice des Inkotanyi ?
L’Interprète : Ntabwo yigeze
mama Gertrude abasobanurira impamvu atatanze uwo muceri, ko iyo ajya gutanga
urufunguzo yari gufatwa nk’inkoyanyi, nk’ikitso cy’Inkotanyi ?
le témoin 44 : Oya
ntabwo yadusobanuriye bazaga gusa gusaba urufunguzo bakarubura.
L’Interprète : Elle ne nous a
rien expliqué. Ils venaient chercher la clé et ne la trouvaient pas.
Le Président : Que s’est-il
passé entre le 18 avril et le 22 avril ? Est-ce que les Interahamwe
étaient déjà présents à partir du 18 avril ?
L’Interprète : Byagenze
bite hagati ya 18 na 22 z’ukwa kane ? Interahamwe zari zihari kuva kuri
18 ?
le témoin 44 : Ntabwo
Interahamwe zahazaga buri munsi, hari umupolisi warindaga izo mpunzi,
L’Interprète : Les Interahamwe
ne venaient pas tous les jours, il y avait un agent policier qui gardait ces
réfugiés.
le témoin 44 : Ahubwo
umubikira witwa Kizito, niwe wazamukaga, agasanga Interahamwe aho zabaga ziri.
L’Interprète : Par contre,
c’est une sœur du nom de Kizito qui montait, qui rejoignait les Interahamwe, là
où ils étaient.
le témoin 44 : Kizito
rero ukuntu twashoboraga kumubona asanga Interahamwe, twari turi muri étage ya
hôtellerie,
L’Interprète : La façon dont
nous voyions Kizito se rendre là où se trouvaient les Interahamwe, c’est que
nous étions dans un étage de l’hôtellerie,
le témoin 44 :
Tukarebera mu idirishya tukabona ko Kizito yazamutse agasanga Interahamwe,
L’Interprète : Et, à travers la
fenêtre, on voyait que Kizito était montée vers les Interahamwe.
le témoin 44 : Njyewe
ubwanjye nigeze kubaza Kizito ibintu bitarakomera, bataratangira kwica,
ndamubaza nti : « Ese ni kuki ukunda gusanga Interahamwe
kenshi ? ».
L’Interprète : Personnellement,
quand les choses n’étaient pas encore graves, quand les tueries n’avaient pas
commencé, personnellement, j’ai demandé à Kizito : « Pourquoi tu vas
souvent voir les Interahamwe ? ».
le témoin 44 : Kizito
yanshubije ko agenda kureba interahamwe ngo azisabe imbabazi ngo ntibazice
impunzi. Ariko ntabwo ariko
byagenze.
L’Interprète : Kizito m’a alors
dit qu’elle allait voir les Interahamwe pour implorer leur pitié pour qu’ils ne
viennent pas tuer les réfugiés, mais ce n’est pas ce qui s’est produit par la
suite.
le témoin 44 : Kizito
rero yasohokaga kenshi, kuva intambara, kuva impunzi ziza, kenshi cyane yabaga
ari hamwe n’Interahamwe cyangwa hamwe na REKERAHO,
L’Interprète : Ainsi, Kizito
sortait souvent, trop souvent, voir les Interahamwe, trop souvent, elle était
avec les Interahamwe ou alors avec REKERAHO,
Le Président : Mais Kizito
expliquait que c’était pour implorer la pitié des Interahamwe ?
L’Interprète : Ngo Kizito
yavuze ko ari ugusaba imbabazi Interahamwe ?
le témoin 44 : Kizito
nuko njyewe yanshubije, ariko ntabwo ariko byagenze kuko abantu bose barapfuye.
L’Interprète : Kizito, c’est
cela qu’elle m’a dit mais ce n’est pas ce qui s’est passé, puisque tout le
monde est mort.
Le Président : Est-ce que
Kizito avait, par rapport aux autres sœurs de la communauté, une raison un peu
plus particulière que les autres, d’aller voir les Interahamwe ?
L’Interprète : Ugereranyije
n’abandi babikira bo mu kigo, Kizito hari impamvu yari afite y’umwihariko
yatumaga ajya kureba Interahamwe we ?
le témoin 44 : Kizito
icyatumaga agenda cyane, hari ku musozi w’iwabo. Kizito ubundi avuka i Sovu.
L’Interprète : Ce qui poussait
Kizito à s’y rendre souvent, c’est que c’était sur sa colline, Kizito,
normalement, est originaire de Sovu.
le témoin 44 : Nta
n’undi mubikira wigeze atinyuka gusohoka, kuko twari dufite ubwoba bwinshi.
L’Interprète : Et aucune autre
sœur n’a osé se rendre dehors car nous avions énormément peur.
le témoin 44 : Kizito
rero yagendaga kenshi kuko yasangaga, yasangaga abantu azi kurusha abandi bandi
bahasanzwe.
L’Interprète : Alors,
Kizito sortait souvent puisqu’elle allait vers des personnes qu’elle
connaissait mieux que d’autres personnes du couvent.
Le Président : Est-ce que,
parmi les Interahamwe, elle en connaissait certains très bien ?
le témoin 44 :
Ngo ? Ntabwo numvishe neza cyane.
L’Interprète : Ngo bamwe mu
Nterahamwe bari bamuzi neza
le témoin 44 : Bari
bamuzi cyane kuko bari abo ku musozi w’iwabo kandi harimo na basaza be babiri
bari bari mu Nterahamwe.
L’Interprète : Oui, elle les
connaissait bien puisqu’ils étaient de sa colline d’origine, et puis, parmi
eux, il y avait deux de ses frères qui faisaient partie des Interahamwe.
Le Président : Est-ce que
Kizito a dit au témoin que deux de ses frères étaient parmi les
Interahamwe ?
L’Interprète : Kizito
yarakubwiye ko babiri muri basaza be bari mu Nterahamwe ?
le témoin 44 : Ntabwo
njyewe yabimbwiye ariko njye ntungutse mvuye mu Rwanda, nahuye na musaza wa
Kizito.
L’Interprète : Elle ne me l’a
pas dit personnellement, mais à mon retour d’exil, j’ai rencontré un frère de
Kizito.
le témoin 44 : Yambwiye
ko umudamu we ngo bamwishe, mubajije igituma bamwishe ambwira ko nawe
bamutwaraga kuri barrière ku ngufu. Ni musaza wa Kizito wabimbwiye nsubiye mu
Rwanda muri 95.
L’Interprète : Il m’a dit que
sa femme avait été assassinée. Quand je lui ai demandé la raison de cet
assassinat, il m’a dit que sa femme aussi était emmenée à des barrières.
le témoin 44 : Son frère
était emmené à la barrière, par force.
Le Président : Que s’est-il
passé le 22 avril ?
L’Interprète :
Kuri 22 byagenze bite ?
le témoin 44 : Kuri 22 hari mu gitondo,
L’Interprète : Au matin du 22,
le témoin 44 : Nagiye kumva
numva amasasu aravuze,
L’Interprète : J’ai entendu des
éclatements, des tirs.
le témoin 44 :
Narazamutse aho nari ndi ndahava nsanga abandi babikira aho bari bari, bariho
basenga.
L’Interprète : Je suis partie
de là où j’étais, puis, j’ai rejoint les autres religieuses qui priaient.
le témoin 44 : Nyuma
naje kubona abantu benshi cyane bafite intwaro, bambaye amakoma, bavuza ingoma,
L’Interprète : Après, j’ai vu
une foule de plusieurs personnes habillées en feuilles de bananeraie et qui battaient
des tambours,
le témoin 44 : Bagendaga
bavuza induru cyane,
L’Interprète : Et qui criaient
beaucoup,
le témoin 44 : Bamanuka
bajya aho impunzi zari ziri kuri centre de santé,
L’Interprète : Qui descendaient
en direction de là où étaient des réfugiés, au centre de santé.
le témoin 44 : Ubwo
batangiye kurasa kuva mu gitondo cya kare,
L’Interprète : Ils ont commencé
à tirer très tôt le matin,
le témoin 44 : Hanyuma
bikomeza umunsi wose.
L’Interprète : Et ça s’est
poursuivi toute la journée.
le témoin 44 : Twageze
igihe tugira ubwoba bwinshi,
L’Interprète : Nous avons été
saisis d’une grande frayeur,
le témoin 44 : Hanyuma
turamanuka tujya, dusanga abo bashyitsi bari baraje muri session yo muri
hôtellerie
L’Interprète : Et nous avons
rejoint des visiteurs qui étaient en session à l’hôtellerie.
le témoin 44 : Bakomeza
kurasa cyane, uko bakubise isasu, umuntu akagwa hasi kubera ubwoba, bakubita
isasu abandi bakaryama ku ntebe,
L’Interprète : Des tirs ont continué.
A chaque tir nous tombions par terre à cause de la peur, et d’autres tombaient
sur les bancs.
le témoin 44 : Bakomeza
kurasa umunsi wose, bigejeje nko mu masaa… nyuma ya saa sita ntabwo nibuka
isaha neza,
L’Interprète : Ils ont tiré
toute la journée, puis, à une heure dont je ne me rappelle plus, de
l’après-midi,
le témoin 44 : Hanyuma
Kizito na Gertrude barasohotse baragenda,
L’Interprète : Kizito et
Gertrude sont sorties et sont parties.
le témoin 44 : Ntabwo
nzi ahantu bagiye mu by’ukuri ariko baragiye baratinda,
L’Interprète : Je ne sais pas
où elles sont allées, toujours est-il qu’elles ont fait longtemps, là-bas.
le témoin 44 : Baragarutse,
Gertruda ubwe agarutse yaratubwiye ngo yabonye ko impunzi zapfuye ariko ntabwo
abantu bapfuye bose.
L’Interprète : A son retour,
Gertrude nous a dit, personnellement, qu’elle a vu que les réfugiés étaient
assassinés, mais que tout le monde n’était pas mort.
le témoin 44 : Noheho
aravuga ati : « Hari umuntu umbwiye ko ejo bazica ababikira ».
L’Interprète : Alors, elle nous
a dit que quelqu’un venait de lui dire que le lendemain, on viendrait tuer les
religieuses.
le témoin 44 :
Aratubwira ngo buri muntu afate utuntu dukeya tuzagerageze guhunga bukeye.
L’Interprète : Elle nous a
alors conseillé de prendre un peu de nos effets personnels pour que nous
puissions préparer la fuite.
le témoin 44 : Umunsi wo
kuri 22 n’uko wagenze. Twagize ibibazo by’imbunda, uwageragezaga kwihisha,
abapolisi babaga bafite imbunda bari hirya no hino banyanyagiye, bakamurasa
akagwa aho ngaho. Niko byagenze.
L’Interprète : La journée du 22
s’est ainsi passée. Quiconque essayait de s’enfuir, recevait des balles de la part
des militaires qui guettaient là-bas et… c’est ainsi que la journée du 22 s’est
déroulée.
le témoin 44 : Ubwo rero
igihe Gertruda yatubwiraga ko yabonye ko impunzi bapfuye ariko ntibapfe bose,
njye namenye ko igihe basohokaga, yenda yari yagiye kureba uko ubwicanyi
bwagendaga.
L’Interprète : Alors, quand
Gertrude nous a dit que les réfugiés avaient été assassinés mais que tout le
monde n’était pas mort, j’ai conclu qu’elle était partie voir comment se
déroulaient les tueries.
Le Président : Est-ce que le
témoin sait quelles étaient les personnes qui dirigeaient les
Interahamwe ?
L’Interprète : Waba uzi abantu
bayoboraga Interahamwe ?
le témoin 44 : Umuntu
mukuru wayoboraga Interahamwe, yitwaga Emmanuel REKERAHO,
L’Interprète : Oui. Le chef
principal qui dirigeait les Interahamwe, s’appelait Emmanuel REKERAHO.
le témoin 44 : Agafashwa n’undi witwaga Gaspard
RUSANGANWA,
L’Interprète : Il était
épaulé par un autre qui s’appelait Gaspard RUSANGANWA,
le témoin 44 : Abandi,
n’abandi bari bahari ariko ntabwo nari nzi amazina yabo, ariko abo nibo
nashoboye kumenya.
L’Interprète : Il y avait
d’autres dont je ne connaissais pas les noms, sauf ces deux-là, que j’ai pu
identifier.
Le Président : Est-ce que,
éventuellement, parmi les Interahamwe et parmi les chefs des Interahamwe, se
trouvait le conseiller le témoin 151 ?
L’Interprète : Mu bakuru
b’Interahamwe harimo conseiller witwaga le témoin 151 ?
le témoin 44 : Njyewe
le témoin 151 ntabwo mubyo ukuri, ntabwo narimuzi,
L’Interprète : Personnellement,
je ne connaissais pas le témoin 151,
le témoin 44 : Wenda
yashoboraga kuba arimo ariko ntabwo namubonye, ntanubwo narimuzi.
L’Interprète : Peut-être qu’il faisait
partie, en tout cas, je ne l’ai pas vu et ne le connaissais pas.
le témoin 44 : Ubwo rero
ku itariki ya 23 mu gitondo, twaragiye, twarazindutse cyane dufata minibus.
L’Interprète : Ainsi le
lendemain, le 23 avril au matin, nous sommes parties, nous avons pris le bus.
le témoin 44 : Bus yari
itwawe na Gertruda, na Kizito twari turi kumwe muri convoi ya mbere,
L’Interprète : Le bus était
conduit par Gertrude et Kizito qui étaient également avec nous, dans le premier
convoi.
le témoin 44 : Twari
duherekejwe n’umupolisi waturindaga.
L’Interprète : Nous étions
escortées par un agent de police qui nous gardait.
le témoin 44 : Turagenda
tunyura kwa bourgmestre witwaga RUREMESHA Jonathan,
L’Interprète : Nous sommes
passées par le bourgmestre d’alors, du nom de RUREMESHA Jonathan,
le témoin 44 : Ubwo twaragiye dusanga aracyaryamye,
baramutegereza arabyuka.
L’Interprète : A notre
arrivée, il était encore au lit, et nous avons attendu qu’il se réveille
le témoin 44 : Noneho
abyutse araduherekeza tujya kuri paroisse ya Ngoma.
L’Interprète : Après, il nous a
accompagnées jusqu’à la paroisse de Ngoma.
le témoin 44 : Amaze
kutugeza kuri paroisse ya Ngoma, we yasubiye i Sovu gutwara indi groupe yasigaye.
Ariko, ariko hari ikintu kimwe nari nibagiwe gusobanura,
L’Interprète : Après notre
arrivée à la paroisse de Ngoma, lui, il est retourné à Sovu, conduire des
personnes qui étaient restées là-bas. Mais j’avais oublié de dire une chose.
le témoin 44 : Icyo nari
nibagiwe kuvuga ni uko tugenda muri groupe ya mbere, hari uwo sœur Scholastique
wasabye Gertruda ngo ajyane umudamu witwaga Chantal hamwe n’akana ke,
L’Interprète : Ce que j’avais
oublié de dire, c’est qu’avant notre départ, dans le premier convoi, sœur
Scholastique a demandé à Gertrude de prendre une dame du nom de Chantal, et son
bébé.
le témoin 44 : Hanyuma
Gertruda aramubwira ati : « Nta muntu wundi njyana uretse
ababikira ».
L’Interprète : Et Gertrude a
répondu qu’elle n’allait prendre personne d’autre que des religieuses.
le témoin 44 : Noneho
bourgmestre agarutse gutwara abandi babikira baraje badusanga muri paroisse ya
Ngoma.
L’Interprète : Après, le
bourgmestre a ramené d’autres religieuses qui nous ont trouvées à la paroisse
de Ngoma.
le témoin 44 : Bamaze
kwinjira, ubwo hashize umwanya mutoya Interahamwe zirinjira, zinjirana
n’udushoka,
L’Interprète : Après un
petit moment, après leur arrivée, les Interahamwe sont entrés, armés de petites
haches.
le témoin 44 : Noneho
Interahamwe imwe iratubwira ngo : « Umugambi wacu dufite ni uwo kwica
abatutsi »,
L’Interprète : Un des
Interahamwe nous a dit : « Nous, notre objectif est de tuer les
Tutsi »,
le témoin 44 : Ngo
« Wo kwica abatutsi, ngo ni uwo kwica abatutsi bose kuburyo hatazasigara
n’imbuto ».
L’Interprète : « De tuer
tous les Tutsi, sans laisser aucun survivant ».
le témoin 44 : Noneho
aratubwira ati, aratubwira na none ngo : « Uru Rwanda nta mwanya
murufitemo ».
L’Interprète : Il nous a dit
que nous n’avions aucune place au Rwanda.
le témoin 44 : Noneho
twabonye bikomeza, i Ngoma bari bafite ibibazo nabo, nta mazi bari bafite,
L’Interprète : Alors,
quand nous avons vu que ça continuait et qu’à Ngoma, ils avaient aussi leurs
problèmes, notamment le manque d’eau,
le témoin 44 :
Interahamwe zinjira zongera zisohoka, rimwe bakaziha amafaranga zikagenda
zikongera zikinjira,
L’Interprète : Et que les
Interahamwe sortaient puis, revenaient, des fois on leur donnait de l’argent, mais
ils partaient et revenaient,
le témoin 44 : Hanyuma
nibwo twasabye rero nibishoboka, ngo dusubire i Sovu kuko twabonaga ko
igisigaye ari ugupfa, ngo tujye gupfira i Sovu.
L’Interprète : Alors, nous
avons demandé si c’était possible que nous soyions ramenées à Sovu, puisqu’il
n’y avait plus de possibilité, que nous allions mourir à Sovu.
le témoin 44 : Gertruda
yaterefonye aba GP nimba ari aba GP nimba ari abasirikare sinzi, ubwoko bwabo,
ariko…
L’Interprète : Gertrude a
téléphoné aux GP, si ce sont les GP, ou alors aux militaires, je ne connais pas
leur groupe.
le témoin 44 : Hanyuma
bukeye ku itariki 24, baje kudutahana badusubiza i Sovu.
L’Interprète : Alors, le
lendemain, ils sont venus et nous ont ramenées à Sovu.
le témoin 44 : Twageze i
Sovu kuri 24 nimugoroba,
L’Interprète : Nous sommes
arrivées à Sovu, le 24 au soir,
le témoin 44 : Tuhageze,
yego… kuko nabwo dutaha twagiye muri groupes ebyiri,
L’Interprète : En rentrant, nous
avons également été réparties en deux groupes.
le témoin 44 : Tuhageze,
dusanga chef w’Interahamwe arahari.
L’Interprète : A notre arrivée,
nous avons trouvé, présent, le chef des Interahamwe.
le témoin 44 : Hanyuma
ijambo yabwiye Gertruda, yaramubwiye ngo : « Wanyiciye
programme ! ».
L’Interprète : Ce qu’il a
dit à Gertrude : « Tu m’as gâché mon programme ! ».
le témoin 44 : Noneho
aravuga ati : « Ubu burije tuzagaruka ejo ».
L’Interprète : Il a alors
ajouté : « Il fait maintenant sombre, je reviens demain ».
le témoin 44 : Bukeye ku
itariki ya 25,
L’Interprète : Le lendemain, le
25,
le témoin 44 : Mu gitondo,
L’Interprète : Le matin,
le témoin 44 : Njyewe nali
muri hôtellerie, narikumwe n’abashyitsi bari baraduhungiyeho, akenshi
twakundaga kuba turi kumwe nabo tureba uko ibintu bigenda.
L’Interprète : Personnellement,
j’étais à l’hôtellerie avec des visiteurs qui avaient fui vers nous, qui
s’étaient réfugiés vers nous.
le témoin 44 : Noneho
mbona REKERAHO araje, yicaranye na Gertruda muri salle ya hôtellerie.
L’Interprète : J’ai vu REKERAHO
venir et s’asseoir avec Gertrude, dans une salle de l’hôtellerie.
le témoin 44 : Ibyo
bavuganye ntabwo mbizi, ariko icyo nabonye nuko yatubwiye ngo nitumanure abantu
bose bari aho ngaho tubashyire muri grand parloir ngo hari icyo ashaka
kubabwira.
L’Interprète : Je ne sais pas
ce qu’ils se sont dit, ce que je sais c’est qu’il nous a dit d’amener tout le
monde qui était là, de rassembler tout le monde qui était là, dans le parloir,
et qu’il avait quelque chose à leur dire.
le témoin 44 : Ubwo rero
ngeze muri parloir, afata ijambo arababwira ati : « Turashaka ko
musohoka muri monastère ».
L’Interprète : Au parloir, il
leur a dit : « Je veux que vous sortiez du monastère ».
le témoin 44 : Yakundaga
kwensisita ku ijambo avuga ngo batazasenya monastère.
L’Interprète : Le mot sur
lequel elle insistait souvent, c’était : « Qu’on ne détruise pas le
monastère ».
le témoin 44 : Ubwo
impunzi kuko zari zarabonye ubwicanyi bwo kuri 22 bagize ubwoba baramubaza
bati : « Ese uradusohora, turajya hehe ? Baratwica ».
L’Interprète : Comme les
réfugiés avaient assisté aux massacres du 22, ils ont eu peur et lui, a
dit : « Tu nous fais sortir pour aller où ? On va nous
massacrer ».
le témoin 44 : Hanyuma
yarababwiye ngo REKERAHO ari bubahe urupapuro, ngo abataha mu maprefecture ya
kure, ngo REKERAHO arabaha urupapuro rubajyana muri préfecture yabo.
L’Interprète : Elle leur a dit
que REKERAHO allait leur donner un papier, ceux qui rentrent dans les
préfectures éloignées, qu’ils allaient recevoir un papier de REKERAHO, leur
permettant de rejoindre leurs préfectures respectives.
le témoin 44 : Noneho abavukaga
i Sovu baravuga bati : « Ese ko twe amazu yacu bayasenye, twe turajya
hehe ? ».
L’Interprète : Ceux qui étaient
originaires de Sovu lui ont dit : « Voyez, nos maisons ont été
détruites, nous allons où, maintenant ? ».
le témoin 44 : Arababwira
ati mwebwe muragenda, abaturanyi banyu barabakira.
L’Interprète : Elle leur a dit
que les voisins allaient les accueillir.
le témoin 44 : Ubwo
twebwe twumvaga ko ari kubashinyagurira, ko ari kugirango basohoke bave muri monastère
ariko bo twari tuzi ko bahita babica.
L’Interprète : Alors nous, nous
voyions que c’était une façon de les narguer, et qu’ils allaient sortir du
monastère, mais pour être tués par la suite.
le témoin 44 :
Twaragiye, ubwo ababikira bamwe basigaye mu nzu, twe dusohokana n’abashyitsi
bacu turabakompanya kugera imbere ya hôtellerie,
L’Interprète : Ils sont
sortis, certaines religieuses sont restées à l’intérieur de la maison. Quant à
nous, nous avons accompagné nos visiteurs jusque devant l’hôtellerie.
le témoin 44 : Tugeze
hanze REKERAHO nibwo yatangiye kubacamo amagroupe atatu.
L’Interprète : Une fois dehors,
REKERAHO a commencé à les mettre en trois groupes.
le témoin 44 : Aravuga
ati : « Groupe y’abantu baturutse mu maprefecture ya kure mujye
ukwanyu ».
L’Interprète : Il a mis, d’un
côté, un groupe de ceux qui venaient des préfectures éloignées,
le témoin 44 : Indi
groupe y’abo i Sovu,
L’Interprète : Le second
groupe était constitué des originaires de Sovu,
le témoin 44 : Iyindi
ikaba iya famille y’ababikira.
L’Interprète : Le troisième
groupe était composé des membres de familles de religieuses.
le témoin 44 :
Bamaze kubashyira mu magroupe atatu, amagroupe abiri yahise ayasohora, ayajyana
imbere ya grille.
L’Interprète : Les groupes
ainsi répartis, il a sorti deux d’entre eux qu’il a mis devant la grille.
Bernadette le témoin 44 : Hanyuma
ubwo nyuma barabajyanye, babajyana mu ishyamba hirya bahita, bahise babica.
L’Interprète : Alors, ceux-là
ont été emmenés dans un bois à côté, et ont été immédiatement exécutés,
le témoin 44 : Noheho
rero aratubwira ngo tuzamuke, tujya muri salle ya hôtellerie, abari bafite,
ababikira bose bari bafite abashyitsi aho, twari turi ababikira nka barindwi,
ati muze hari icyo nshaka kubabwira.
L’Interprète : Elle nous a dit
de remonter à l’hôtellerie, toutes les religieuses là, qui avaient des
visiteurs, nous étions à peu près au nombre de sept, elle nous a rassemblées,
nous disant qu’elle avait à nous dire,
le témoin 44 : Na
Gertruda twari turi kumwe nawe.
L’Interprète : Gertrude était
avec nous.
le témoin 44 : REKERAHO
noneho aratubwira ati : « Njyewe mfite ububasha bwo kwica abo
bantu banyu, mfite n’ububasha bwo kubakiza ».
L’Interprète : Alors, REKERAHO
nous a dit : « Moi, j’ai le pouvoir de tuer ces gens-là, comme j’ai
le pouvoir de les sauver ».
le témoin 44 : Noneho
aratubwira ati ariko ubu, ntabwo nshaka kubica.
L’Interprète : Il a
ajouté : « Mais, pour le moment, je ne veux pas les tuer ».
le témoin 44 : Arongera
arabareba, arabitegereza, aravuga ati ndabona ari abasaza n’abakecuru, ati
kandi ntabize barimo, ati ndabona ntawe uzategeka igihugu ubarimo.
L’Interprète : Alors, il les
a regardés encore une fois, et il
a dit : « Bon, je vois, ce sont des vieillards et des vieilles, je ne
vois pas, parmi eux, des personnes instruites, je ne vois pas un possible
dirigeant ».
le témoin 44 : Noneho
amaze kutubwira ayo magambo, aratubwira ati : « Mameya wanyu
nimb’abyemeye mushobora kubashyira, kubasubiza mu nzu, mukabaha ibyo barya,
ubundi tukazareba mu minsi iri imbere, wenda intambara ishobora
kuzashira ».
L’Interprète : Après nous avoir
dit ces mots, il nous a dit : « Si votre mère supérieure est d’accord,
vous pouvez les rentrer encore dans la maison, peut-être que la guerre va
prendre fin ».
le témoin 44 : Nyuma
y’ayo magambo, REKERAHO yarongeye aratubwira ati : « Ikibemeza ko
ibyo mbabwira ari ukuri kandi ntazagaruka,ikibemeza yuko ibyo mbabwira ari
ukuri, ntabwo nzagaruka hano kuhashaka abantu ngo mbice ».
L’Interprète : REKERAHO nous a
dit… a ajouté : « Ce qui vous confirme que ce que je vous dis, est
vrai, c’est que je ne reviendrai jamais ici, chercher ces personnes pour les
tuer ».
le témoin 44 : Nyuma
yaho ubwo abantu twarababwiye koko barazamuka basubira aho bari bari.
L’Interprète : Alors,
effectivement par après, nous avons dit à ces personnes de monter, de retourner
là où elles étaient avant.
le témoin 44 : Bukeye bwaho
njye ku itariki ya 26, Gertruda ubwe arampamagara.
L’Interprète : Le lendemain, le
26, Gertrude, en personne, m’a appelée.
le témoin 44 :
Arampamagara arambwira ati : « Sohora abo bantu bawe ».
L’Interprète : Elle m’a dit de
faire sortir tous mes gens.
le témoin 44 : Noneho
ndamubwira nti : « Ese ndabasohora mbajyana hehe ko REKERAHO, chef
w’Interahamwe wicaga ko yababonye kandi ko abazi tutabahishe, igituma umbwira
kubasohora n’iki ? ».
L’Interprète : Alors, je lui
dis : « Pourquoi tu me dis que je dois les sortir ? Pourtant
REKERAHO, le chef des Interahamwe les connaît bien, il sait qu’ils sont ici,
pourquoi dois-je les sortir ? ».
le témoin 44 : Nawe rero
ibyo aravuga ati : « Nimba mudashaka gusohora abo bantu banyu,
murashaka kunyicisha cyangwa murashaka ko basenya monastère ».
L’Interprète : Alors, elle a
continué, en disant : « Si vous ne voulez pas sortir ces gens… vos
gens, c’est que vous voulez me faire tuer, ou alors, vous voulez qu’on détruise
le monastère ».
le témoin 44 : Ubwo kuva
kuri iyo tariki byarakomeje, umunsi ku munsi, aliko tubaho muri ibyo bihe
by’akababaro.
L’Interprète : Après cette
date, ça a continué ainsi, jour après jour et nous, on continuait dans notre
situation de tristesse.
le témoin 44 : Haba aho
muhuriye nawe akakubwira ngo : « Sohora abo bantu, ngo batazasenya
monastère », igihe cyose akicara ari amagambo amwe asubiramo.
L’Interprète : Chaque fois que
tu la croisais, elle te disait : « Sors tes gens, qu’on ne détruise
pas le monastère » ; elle répétait toujours les mêmes mots.
le témoin 44 : Hanyuma
njyewe umunsi umwe namubwiye ko sinshobora gushobora gusohora abavandimwe
banjye ngo babatemagure ndeba, kugirango amatafari yubatse monastère
adasenyuka.
L’Interprète : Alors, un jour,
je lui ai dit que je ne peux pas sortir mes frères et sœurs, qu’on les taillade
sous mes yeux pour que les briques de ce monastère ne soient pas détruites.
le témoin 44 :
Byaratinze, uko iminsi ishira indi igataha Gertruda ariko twese atugendamo atubuza
amahoro ngo nidusohore abo bantu bacu, biratinda bigera ku itariki 5 z’ukwezi
kwa 5, aliko yanditse ibaruwa iteye agahinda itarikwiye kwandikwa n’umuntu
wihaye Imana.
L’Interprète : Cela a continué
ainsi et sous cette tension, jusqu’au 5 mai, quand elle a écrit une triste
lettre, une lettre qui n’est pas digne d’une religieuse.
le témoin 44 : Ubwo iyo
lettre rero yandikiraga bourgmestre wa Komine Huye,
L’Interprète : La lettre était
adressée au bourgmestre de la commune de Huye,
le témoin 44 : Agaha
copie préfet, préfet wa préfecture Butare,
L’Interprète : Avec ampliation,
au préfet de la préfecture de Butare,
le témoin 44 : Agaha
copie commandant wa place wa Butare.
L’Interprète : Ainsi qu’au
commandant de place de Butare.
le témoin 44 : Monsieur
le président, je vous demande de montrer cette lettre si c’est possible.
Le Président : Cette lettre
figure dans le dossier.
L’Interprète : Ngo ilettre iri
muri dossier.
Le Président : Est-ce que
vous aviez vu cette lettre ? Vous personnellement, aviez-vous vu, ce
jour-là, la lettre ?
L’Interprète : Ngo uwo munsi,
wowe ubwawe wabonye iyo baruwa ?
le témoin 44 : Iyo
baruwa njye ntabwo nayibonye, twahunze ntayibonye, ariko nari narayumvise ko
yanditswe.
L’Interprète : Cette lettre,
je ne l’avais pas personnellement vue avant notre fuite, mais j’avais entendu
parler de son existence, qu’elle avait été écrite.
Le Président : Je voudrais
revenir un petit instant au 25 avril.
L’Interprète : Aragira ngo
mugaruke kuli 25,
Le Président : Le témoin a
expliqué qu’il y avait eu une réunion où sœur Gertrude avait expliqué que les
réfugiés devaient sortir.
le témoin 44 :
Wasobanuye ko hari inama yari yarabaye, sœur Gertrude akaba yari yaravuze ko
impunzi zagombaga kuhava.
Le Président : Y a-t-il un
autre Interahamwe que REKERAHO qui est venu à l’intérieur du couvent, ce
jour-là ?
L’Interprète : Hari iyindi
Nterahamwe itari REKERAHO yinjiye muri couvent uwo munsi ?
le témoin 44 : Nta nimwe
yigeze yinjira. Kuva intambara itera kugeza duhunga tuvuye i Sovu, nta bitero
by’Interahamwe byigeze bitera Sovu, uretse amadate : kuli 22,
L’Interprète : Non, personne
d’autre n’est entré depuis le début jusqu’à notre fuite de Sovu, sauf les dates
du 22,
le témoin 44 : Na 25
ariho REKERAHO wenyine niwe wari uhari abandi b’Interahamwe bari inyuma ya
grille.
L’Interprète : Et du 25, mais
REKERAHO, seul, était là-bas présent, les autres Interahamwe étaient de l’autre
côté, derrière la grille.
Le Président : Est-ce que le 25
avril, soit REKERAHO, soit peut-être des militaires, ont visité les chambres
pour faire sortir les personnes qui s’y cachaient ?
L’Interprète : Kuri 20… nko mu
matariki REKERAHO cyangwa se abasirikare binjiye mu byumba kugirango baze
gusohora abantu bari bahihishe ?
le témoin 44 : Yego, ku
itariki ya 25,
L’Interprète : Oui, le 25,
le témoin 44 : Oya,
ntabwo baje. Binjiyemo le 6. Ariko kuri 25 ntabaje ubwo.
L’Interprète : Ils ne sont pas
venus, ils sont venus le 5 mai,
le témoin 44 : Le 6.
L’Interprète : Le 6, ils sont
venus le 6 mai, le 25, ils ne sont pas entrés.
Le Président : Donc le 25, ni
les militaires, ni REKERAHO, n’ont visité les chambres…
L’Interprète : Ngo kuri 25,
Le Président : …ou les autres
locaux, à l’intérieur du monastère ?
le témoin 44 : Non.
Ntabyabayeho.
L’Interprète : Non, ça n’a pas
existé.
Le Président : Donc, les
personnes se sont présentées,
le témoin 44 :
Baratubwiye…
Le Président : A la demande de
sœur Gertrude ?
le témoin 44 : Oui, à la
demande de sœur Gertrude, niwe watubwiye ngo tubamanure, tubashyire muri salle
hasi, bababwire icyo bagomba kubabwira, turabamanura bose, n’ababikira bose
twari turi kumwe nabo.
L’Interprète : Oui, à la
demande de sœur Gertrude qui nous avait dit de les descendre jusqu’à la salle,
en bas, euh… puisqu’elle avait à leur dire. Alors, nous, les avons descendus
avec toutes les personnes qui étaient avec eux.
Le Président : Est-ce que,
parmi ces gens, certains se seraient proposés de partir pour que les sœurs ne soient
pas tuées ?
L’Interprète : Ngo muri abo
bantu hari ubwabo bashatse kwijyana, bo ubwabo ngo bagende kugirango ababikira
baticwa ?
le témoin 44 : Ku
itariki 25 ?
L’Interprète : Vous parlez du
25 ?
Le Président : Oui, le 25.
Est-ce que, parmi les gens présents le 25, certains auraient dit :
« Eh bien, pour éviter que les sœurs ne soient tuées, nous allons
partir ? ».
L’Interprète : Ngo kuri 25 hari
abavuze ngo : « Kugirango ababikira baticwa tugiye
kugenda ? ».
le témoin 44 : Nta
byabayeho.
L’Interprète : Non, ça n’a pas
existé. Le Président : Lorsque les
personnes… lorsque REKERAHO a parlé à sœur Scholastique, au témoin lui-même,
semble-t-il, à Theresa et Fortunata de ce que lui, en tout cas, si sœur
Gertrude était d’accord pour que les membres de familles restent dans le
monastère, lui ne viendrait plus pour les tuer, est-ce que sœur Gertrude était
présente à ce moment-là ?
le témoin 44 : Oui, elle
était présente.
Le Président : Parce que, dans
la déclaration qui a été faite lors de la commission rogatoire, le témoin a dit
que Gertrude n’était pas présente à ce moment-là.
L’Interprète : Ni ukubera ko,
ubwo bazaga kukubaza bwa mbere ngo wavuze ko sœur Gertrude atari ahari.
le témoin 44 : Oya,
ahubwo kereka nimba abanditse aribo bashobora kuba baribeshye, ariko ntitwari
turi kumwe.
L’Interprète : Non, sauf si
ceux qui ont écrit le témoignage se sont trompés, sinon moi, j’ai dit que nous
étions avec sœur Gertrude.
Le Président : Bien. Donc, si
nous avons maintenant suivi le 26, 27, 28, 29, 30 avril, on arrive au 5 mai. Si
j’ai bien compris le témoin, tous les jours, sœur Gertrude demandait aux
religieuses qui avaient des membres de leurs familles dans le couvent, de faire
sortir ces gens ?
le témoin 44 : C’est
cela.
Le Président : Le 5 mai, elle
écrit une lettre au bourgmestre de Huye, qu’est-ce qui va se passer le 6
mai ?
L’Interprète : Ngo ku itariki
ya 5 yandikira ibarwa bourgmestre wa Huye no kuya 6 byagenze bite ? Habaye
iki ?
le témoin 44 : Ku ya 6
mu gitondo,
L’Interprète : Le 6 au matin,
le témoin 44 : Twagiye
gusenga nkuko bisanzwe.
L’Interprète : Nous sommes allées
prier comme d’habitude.
le témoin 44 : Turangije
gusenga, Gertruda twumva aravuze, aravuga ngo : « Mbere y’Imana
ishobora byose…
L’Interprète : Et après la
prière Gertrude nous a dit : « Devant Dieu tout puissant…
le témoin 44 : …nongeye
gusaba ababikira bafite abantu le témoin 2 hano ko babasohora…
L’Interprète : …je prie toutes
les religieuses qui ont les membres de leur famille ici, qu’elles les fassent
sortir…
le témoin 44 : …nimba
batabikoze, njye ndabikora ku ngufu za Leta, nubwo sinjye wateje
intambara ».
L’Interprète : …si elles ne
veulent pas le faire, je vais le faire suivant le pouvoir de l’Etat puisque ce
n’est pas moi qui ai provoqué cette guerre ».
le témoin 44 : Amaze
kuvuga ayo magambo yarasohotse.
L’Interprète : Après avoir dit
ça, elle est sortie.
le témoin 44 : Aragenda
afata imodoka ntoya yari ihari ya VW,
L’Interprète : Elle a pris une
petite voiture qui est était là, de marque Volkswagen,
le témoin 44 : Ajyana na
Gaspard RUSANGANWA birirwayo umunsi wose, bagarutse nko mu masaa munani, saa
munani gutyo.
L’Interprète : Elle est partie
avec Gaspard RUSANGANWA, ils ont passé la journée dehors, là-bas, et ils sont
revenus vers 14-15h00.
le témoin 44 : Noneho
Gertruda, mu kugaruka kwabo, baje mbere,
L’Interprète : A leur retour,
ils sont venus avant,
le témoin 44 : Hashize
umwanya mutoya kuko natwe igihe cyose twabaga turi muri hôtellerie dukurikira
ibibera aho ngaho, hashize umwanya mutoya twongera kubona tubona Interahamwe
zagose monastère, nkuko byabaye kuri 22.
L’Interprète : Après un court
moment, comme nous suivions, de l’hôtellerie, tout se qui se passait, nous
avons vu que le monastère était encerclé par les Interahamwe, comme cela
s’était produit au 22.
le témoin 44 : Hashize
umwanya muto, tubona imodoka ya bourgmestre iraje, yari kumwe n’abapolisi
babiri.
L’Interprète : Après un autre
court moment, nous avons vu arriver le véhicule du bourgmestre, escorté par
deux agents de police.
le témoin 44 : Bageze
aho ngaho Kizito azamukana abapolisi babiri, abajyana mu machambre y’abashyitsi
bacu, niwe wabamanuye hamwe n’abapolisi.
L’Interprète : Après leur
arrivée, Kizito est montée dans les chambres où étaient nos visiteurs, alors,
c’est elle qui les a fait sortir, Kizito avec deux policiers.
le témoin 44 : Noneho
bageze hasi, hari umubikira wabwiye bourgmestre amwinginga ngo abo bantu
abababarire, undi aramusubiza ngo : « Amazi yarenze
inkombe ! », un proverbe rwandais…
L’Interprète : Alors, quand ils
étaient en bas, il y a une religieuse qui a imploré la pitié du bourgmestre qui
a alors dit que c’était trop tard. Là, il a cité un proverbe rwandais qui dit
que, si je paraphrase, qui dit que « L’eau est sortie de son
thalweg », donc, que c’était trop tard, que le fleuve est sorti de son
lit.
le témoin 44 : Noheho
bourgmestre kubera ko harimo abana bato, abana batoya b’abakobwa babiri,
yaravuze ngo nimba Gertruda abyemeye, abambike voile nk’ababikira, bagumane
n’ababikira.
L’Interprète : Comme il y
avait, parmi eux, deux jeunes filles, alors, le bourgmestre a dit que si
Gertrude était d’accord, qu’on leur fasse porter le voile à l’instar des
religieuses, qu’elles restent là comme d’autres religieuses.
le témoin 44 : Ibyo
ngibyo amaze kubivuga yarabyanze aravuga ngo nta… yongeye gusubiramo ko nta
mpunzi ashaka uretse ababikira gusa, ngo abantu bose nabajyane.
L’Interprète : Mais après, elle
a refusé, elle a dit qu’elle le répète, qu’elle ne veut rester qu’avec les
religieuses, que le bourgmestre parte avec tout le monde.
le témoin 44 : Ubwo
bourgmestre yabwiye impunzi yuko aba kure bogomba kugenda, aba hafi nabo
bagataha iwabo.
L’Interprète : Le bourgmestre a
alors dit aux réfugiés que ceux qui venaient de loin devaient partir, et que
ceux qui étaient du voisinage devaient aussi rentrer chez eux.
le témoin 44 : Abo baturukaga kure yabasize muri camionette,
L’Interprète : Il a fait monter
dans une camionette, ceux qui venaient de loin.
le témoin 44 : Arabajyana,
ntabwo tuzi n’urupfu rwabo, ntabwo tuzi n’amagufa yabo kugeza n’uno munota, aho
bayashyize.
L’Interprète : Il les a pris
avec lui et nous ignorions ce qui concerne leur mort, même maintenant, nous ne
savons pas où leurs ossements se trouvent, où ils les ont mis.
le témoin 44 : Hanyuma
ababyeyi ba Fortunata, umubikira witwaga Fortunata yari afiteyo papa we na mama
we, babatemaguye imbere ya hôtellerie, imbere ya kiriziya.
L’Interprète : Concernant
les parents de Fortunata, il y avait une religieuse du nom de Fortunata, qui
avait les parents là-bas, on les a tailladés devant l’hôtellerie… devant
l’église.
le témoin 44 : Hanyuma
barumuna be babiri n’akana kamwe, hamwe na mama wa Régine na turumuna twe
tubiri,
L’Interprète : Quand ses deux
sœurs…
le témoin 44 : Harimo
Régine,
L’Interprète : Régine,
le témoin 44 : Bamaze
kubona ko batemaguye ababyeyi ba Fortunata, bakase mu rutoki batangira
kwihisha.
L’Interprète : Donc, de Régine,
quand elles avaient vu la manière dont on avait coupé en morceaux les parents
de Fortunata, elles se sont enfuies dans la bananeraie d’à côté, et ont
commencé à se cacher là-bas.
le témoin 44 : Batangiye
kwihishahisha, bafite ubwoba bwinshi, noneho babwira umupolisi wari uri aho
ngaho ngo abarase n’amasasu.
L’Interprète : Elles ont
commencé à se cacher, très effrayées, elles ont dit à l’agent de police qui
était là, de tirer sur elles.
le témoin 44 : Ariko
umupolisi yarabikoze ariko abaka amafaranga, ariko arabarasa.
L’Interprète : Le policier l’a
fait, mais après leur avoir demandé de l’argent, mais il l’a fait.
le témoin 44 : Kuva
nyuma y’urupfu rw’abo bantu bose, birangiye byose, Gertruda ubwe yafashe
imfunguzo za monastère, arafunga, avuga ko nta muntu uzongera kwinjira atari we
umukinguriye.
L’Interprète : Après la mort de
toutes ces personnes, Gertrude en personne a pris les clés du monastère, a
fermé et ordonné que personne d’autre n’entre si ce n’est que sur son
autorisation.
le témoin 44 : Nyuma
y’ibyo byose habaye icyo nakwita nka … un silence de mort, ikintu ki… umuntu
atashoboraga kuvugana n’undi,
L’Interprète : Après tout cela,
est devenu ce que je pourrais qualifier, « un silence de mort », en
tout cas, une situation pendant laquelle personne ne pouvait parler à personne.
le témoin 44 : Nta muntu
washoboraga kuvugana n’undi, ubwo Regina we byageze n’igihe abura umwuka,
arwara ikintu kimeze nk’ihahamuka, abura umwuka ntiyashobora no guhumeka.
L’Interprète : Par après,
Régine quant à elle, a été comme traumatisée, elle a perdu son souffle, elle ne
pouvait même plus respirer.
le témoin 44 : Hanyuma,
ibyakomeje gukurikiraho, Kizito niwe wajyaga aza rimwe na rimwe, akavuga
ati : « Ku mugoroba haraza igitero, ejo hazaza igitero », ibintu
byo kudutera ubwoba gusa, ariko ubundi ntabwo twigeze kwongera kubona igitero
kigaruka i Sovu,
L’Interprète : Par après, c’est
Kizito qui venait de temps en temps nous dire : « Bon, demain, il y
aura une attaque, il y aura une attaque », des propos qui avaient pour
objectif de nous faire peur, mais en réalité, aucune autre attaque n’est venue
à Sovu.
le témoin 44 : Twakomeje
kubaho dutyo kugeza ukwezi kwa 6 kurangiye.
L’Interprète : Nous sommes
restées dans cette situation jusque fin juin.
le témoin 44 : Hanyuma
ku itariki ya 30 nimugoroba,
L’Interprète : Alors, au soir
du 30,
le témoin 44 : Yego,
kuko Gaspard yarafite, Gaspard RUSANGANWA yari afite umwana yahishe w’umukobwa,
witwaga le témoin 133,
L’Interprète : Comme Gaspard avait
caché une jeune fille du nom du témoin 133,
le témoin 44 : Yamuzanye
ku mugoroba, amushyira hamwe… Gertrude amushyira hamwe n’ababikira, amwambika
voile noneho,
L’Interprète : Il l’a emmenée
le soir, alors, Gertrude l’a mise parmi les sœurs, et l’a fait porter le voile
cette fois-ci,
le témoin 44 : Oui,
comme… ibyo atari yarashoboye gukorera abamuhungiyeho ariko nibura icyo gihe ho
yarabikoze.
L’Interprète : Ce qu’elle
n’avait pas fait à celles qui s’étaient réfugiées vers elle, au moins cette
fois-ci, elle l’a fait.
le témoin 44 : Noneho
uwo mwana twashoboye guhungana, tujyana kwa Musenyeri, ku itariki ya mbere
y’ukwa karindwi.
L’Interprète : Alors, nous
avons pu nous enfuir avec cette jeune fille jusqu’à l’évêché, en date du 1er
juillet.
le témoin 44 : Tugeze
kwa Musenyeri, twasanze kwa Musenyeri ari hatoya, bamwe, igroupe imwe ijya muri
ICA.
L’Interprète : Comme nous
avions nous-mêmes, nous nous sommes nous-mêmes rendu compte qu’il n’y avait pas
assez de place à l’évêché, on nous a réparties en deux groupes, et un groupe a
été hébergé à l’ICA,
le témoin 44 : Nanjye
nari muri groupe yari iri kuri ICA.
L’Interprète : Moi-même, je
faisais partie du groupe qui se trouvait à l’ICA.
le témoin 44 : Muri icyo
gihe, tuhamaze nk’iminsi ibiri, nibwo twumvise, eh ! ikindi nibagiwe
kuvuga ni uko mu guhunga kwacu, ni REKERAHO ubwe waje kudutwara. REKERAHO niwe
waje kudutwara atuvana i Sovu atujyana kwa Musenyeri.
L’Interprète : Lors de notre
fuite, c’est REKERAHO, j’avais oublié de dire que c’est REKERAHO qui est venu,
en personne, nous conduire à l’évêché.
le témoin 44 : Noneho
batubwira ko abafaransa bazaza guhungisha Musenyeri, ko natwe dushobora
guhungana nabo,
L’Interprète : Alors après deux
jours, a peu près deux jours, à l’ICA, on nous a dit que les Français allaient
venir évacuer l’évêque, et que nous avions la possibilité d’être évacuées avec
lui.
le témoin 44 : Ubwo muri
icyo gihe rero batubwiye ko hariho possibilités ebyiri, ko bamwe bashobora guhunga
bajya i Burundi cyangwa abandi bagahunga bajya ku Gikongoro, ko umuntu ashobora
guhitamo aho ashaka.
L’Interprète : Et à ce
moment-là, ils nous ont dit qu’il y avait deux possibilités, et que certains
pouvaient s’exiler vers le Burundi, d’autres, prendre la direction de
Gikongoro, que c’était à chacun de choisir.
le témoin 44 : Abagiye,
abanyuze inzira ijya i Burundi, ababikira 9 bose baguye mu nzira, ababikira 9.
L’Interprète : Parmi ceux
qui sont, ceux qui ont pris la direction du Burundi, 9 religieuses ont été
assassinées en cours de route.
le témoin 44 : Hanyuma
twe twagiye ahitwa i Murambi, niho twaraye, tuhamara ibyumweru nka bibiri,
L’Interprète : Quant à nous,
nous sommes allées à un lieu-dit, Murambi, où nous avons passé à peu près deux
semaines.
le témoin 44 : Hanyuma tujya muri Zaïre ahitwa i Muresa.
L’Interprète : Peu après, nous
sommes allées au Zaïre, à l’endroit dit Muresa.
le témoin 44 : Hanyuma
tunyura kuri Goma.
L’Interprète : Nous sommes
passées par Goma, par après.
le témoin 44 : Icyo gihe
cyose twabaga turi kumwe n’abasirikare b’abafransa bari baraje muri Turquoise.
L’Interprète : Mais, durant
tout ce temps-là, nous étions avec des militaires français qui étaient là-bas,
dans le cadre de l’Opération Turquoise.
le témoin 44 : Ubwo
twarakomeje urugendo, turahunga, tunyura muri Centrafrica,
L’Interprète : Alors, nous
avons continué notre exil en passant par la République Centrafricaine,
le témoin 44 : Naho
twahamaze ibyumweru bibiri.
L’Interprète : Où nous avons
passé également deux semaines.
le témoin 44 : Hanyuma
tujya mu Bufransa ahitwa Ejoual,
L’Interprète : Après, nous
sommes allées à Ejoual, en France,
le témoin 44 : Aho
tuhamara icyumweru.
L’Interprète : Nous avons fait
une semaine.
le témoin 44 : Hanyuma
tujya rero i Maredret aho ababikira bacu bari baraturutse,
L’Interprète : Après, nous
sommes allées à Maredret, à la maison mère de notre congrégation,
le témoin 44 : Twahageze
wenda mu matariki, sinibuka neza ariko ni hagati ya 16 na 18 gutyo.
L’Interprète : Je ne me
souviens plus des dates, mais c’est entre le 15 et le 18.
Le Président : Entre le 25
avril, quand REKERAHO vient chercher une partie des réfugiés, il laisse les
membres de la famille des sœurs, au monastère. Est-ce que, le 26, le 27, le 28,
le 29, le 30, le 1er mai, le 2 mai, le 3 mai, le 4 mai, le 5 mai, est-ce qu’il
y avait des Interahamwe qui entouraient encore le monastère, et qui venaient
demander à voir les derniers réfugiés qui se trouvaient dans le
monastère ?
le témoin 44 : Nta
Nterahamwe yongeye kugaruka mu kigo n’umunsi umwe kuko, iyo baza bashaka
kutwica, natwe baba baratwishe nta ntwaro twari dufite zo kubarwanya.
L’Interprète : Aucun
Interahamwe n’est venu dans notre établissement car s’ils étaient là, ils
auraient pu nous tuer, nous n’avions aucune arme pour les combattre.
Le Président : Après le 6
mai, ils ne sont plus venus non plus ?
L’Interprète : Nyuma yo ku
itariki ya 6 z’ukwa gatanu nabwo ntibagarutse ?
le témoin 44 : Nyuma
y’itariki ya 6 nabwo ntabaje, uretse Kizito, we wenyine, wavugaga ngo hazaza
igitero, ariko njyewe personnellement ntabo nigeze mbona baza.
L’Interprète : Non, après le 6,
ils ne sont pas venus non plus. A part Kizito qui disait : « Il
y aura des attaques, il y aura des attaques », mais personnellement, je ne
les ai pas vu venir.
Le Président : Le 6 mai,
lorsque les derniers réfugiés ont été remis au bourgmestre de Huye, après
qu’ils aient été, certains tués par les Interahamwe, à la sortie du monastère,
que d’autres qui avaient essayé de s’enfuir seront tués par des militaires ou
par des policiers, qu’est-ce qu’elle a fait, sœur Gertrude ?
L’Interprète : Nyuma y’itariki
ya 6, nyuma y’aho…
Le Président : Est-ce qu’elle
n’est pas allée au lit en disant qu’elle était malade ?
L’Interprète : Gertrude yakoze
iki, ntabwo yagiye ku buriri avuga ngo ararwaye ?
le témoin 44 : Yafashe
imfunguzo arafunga,
L’Interprète : Elle a pris les
clés, et elle a fermé,
le témoin 44 : Avuga ko
nta muntu uzongera kwinjira muri monastère atari we umuhaye uruhusa.
L’Interprète : Elle a dit que
personne d’autre ne pouvait plus entrer au monastère sans son autorisation.
Le Président : Est-ce qu’elle a
dit qu’elle était malade ?
L’Interprète : Yavuze ko
arwaye ? Ko yararwaye ?
le témoin 44 : Ibyo
kuvuga ko yararwaye ntabyo numvise avuga, gusa kuba yaragiye mu cyumba
akakinga, twe twabonaga ko ari uburyo bwo kudashaka kubona abantu kuko yaramaze
kubahemukira no kwicisha abantu bacu.
L’Interprète : Quant à sa
maladie, je n’ai pas entendu parler mais, le fait qu’elle s’est enfermée dans
la chambre, c’était un signe qu’elle ne voulait plus croiser les gens, vu ce
qu’elle venait de leur faire, et qu’elle venait de faire assassiner nos gens.
Le Président : Quels sont
les membres de la famille du témoin qui sont morts à Sovu ?
L’Interprète : Abantu bawe
baguye i Sovu ?
le témoin 44 : Abantu
banjye, ni basaza banjye babiri.
L’Interprète : Parmi les
membres de ma famille, deux de mes frères.
le témoin 44 : Arabaza
familles zose, abantu bose ?
L’Interprète : Abawe ?
le témoin 44 : Abanjye
ni babiri.
L’Interprète : Les membres de
ma famille sont au nombre de deux.
Le Président : Deux
frères ?
L’Interprète : Basaza bawe
babiri ?
le témoin 44 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Le témoin est
retourné à Sovu, a quitté Maredret en cachette ?
L’Interprète : Ngo wavuye
Maredret rwihishwa usubira Sovu ?
le témoin 44 : Ntabwo
nagiye en cachette,
L’Interprète : Je ne suis
pas partie en cachette,
le témoin 44 : Ahubwo
nasabye uruhusa rwo gusubira i Rwanda.
L’Interprète : J’ai
demandé l’autorisation de retourner au Rwanda.
le témoin 44 : Nyuma
yibyo Gertruda yari amaze kudukorera, numvaga ntakeneye no kumureba kuko nari
mbabaye cyane.
L’Interprète : Après ce que
Gertrude venait de nous faire, j’étais triste, je n’avais plus envie de la
voir.
le témoin 44 : Njyewe
rero nasabye uruhushya rwo gusubira mu Rwanda, ariko bararunyima.
L’Interprète : Alors, j’ai
demandé, quant à moi, l’autorisation de retourner au Rwanda, mais elle m’a été
refusée.
le témoin 44 : Nabisabye
Gertruda ubwe,
L’Interprète : L’autorisation,
je l’ai demandée à Gertrude elle-même,
le témoin 44 : Narusabye
abbé président wo kuri uwo muryango wose, congrégation yose.
L’Interprète : J’ai demandé
aussi à l’abbé président, responsable de toute la congrégation.
le témoin 44 : Twageze
igihe badukoresha inama, badusaba conditions enye, dushoboye kuzuzuza ko twajya
mu Rwanda.
L’Interprète : Par après,
on s’est entretenu avec lui, on nous a posé quatre conditions que nous devions
remplir pour notre retour au Rwanda.
le témoin 44 : Condition
ya mbere, yari ukuvuga ngo tugomba kugira umuntu utwakira,
L’Interprète : La première
condition c’était qu’il fallait qu’il y ait quelqu’un pour nous accueillir,
le témoin 44 : Condition
ya kabiri, kwari ukuvuga ngo tugomba kugira umutekano,
L’Interprète : La deuxième
condition concernait notre sécurité,
le témoin 44 : Condition
ya gatatu, ndumva baratubwiraga ngo tugomba kugira ibidutunga financièrement,
L’Interprète : Si je me
souviens bien, la troisième condition c’était qu’il fallait que nous ayons des
moyens de subsistance,
le témoin 44 : Hanyuma
condition ya kane, yari permission ya Gertruda kandi njye nabonaga ko
itashobokaga.
L’Interprète : La quatrième
condition était l’autorisation de Gertrude qui, à mes yeux, était impossible.
le témoin 44 : Hanyuma
abbé président tuvugana, njye namubwiyeko nifuza gusubirayo, cyangwa
bakanshakira communauté naba ndimo,
L’Interprète : Lors de notre
entretien, j’avais dit que… j’avais dit à l’abbé président que je souhaitais y
retourner et s’il fallait, qu’il devait me trouver une communauté d’accueil.
le témoin 44 : Hanyuma
nandikiye ibaruwa Musenyeri w’i Butare, GAHAMANYI,
L’Interprète : Alors, j’ai
adressé une lettre à l’évêque de Butare, Monseigneur GAHAMANYI,
le témoin 44 : Namusabaga
ko twajyayo bakatwakira, yarabyemeye kandi yaranshubije, ibaruwa nayeretse abbé
président.
L’Interprète : Je lui ai… il
m’a répondu favorablement, sa lettre de réponse, je l’ai montrée à l’abbé
président.
le témoin 44 : Hanyuma
abbé président twabonaniye i Clairiland, mubwira yuko mwereka ibaruwa ya
Musenyeri GAHAMANYI ivuga ko nituza azatwakira kandi azadufasha muri byose.
L’Interprète : A Clairiland,
j’ai montré à l’abbé président, la lettre de Monseigneur… de l’évêque, de
Monseigneur GAHAMANYI qui acceptait de nous recevoir, et de subvenir à nos
besoins.
le témoin 44 : Hanyuma
Abbé président yarambwiye ngo nimbona amafaranga yo gutaha, ya ticket,
nzagende. Nuko yanshubije.
L’Interprète : Alors, l’abbé
président m’a répondu que si j’arrivais à réunir les frais de voyage, je
pouvais partir. Telle est la réponse qu’il m’a donnée.
le témoin 44 : Turi
Clairiland abbé président yagerageje guterefona Gertruda aramubwira ngo
nifuzaga ko mubona nongere musabe permission yo kugenda, ambwira ko tudashobora
kubonana, mbere y’ukwezi kwa mbere.
L’Interprète : A Clairiland… de
Clairiland, l’abbé président a téléphoné à Gertrude et lui a dit que je
désirais la voir encore une fois et lui demander son autorisation. Elle a
répondu qu’elle ne pouvait pas être disponible avant le mois de janvier.
le témoin 44 : Maze
kumva ko… kandi ubwo twari tukiri mu kwezi kwa 12, maze kumva ko adashobora
kunyakira, kandi nari maze gusezera abbé président, kandi twari twarakoze
amanama menshi asaba gutaha,
L’Interprète : Alors, comme
nous étions en décembre et que je voyais qu’elle ne voulait pas me recevoir, et
que nous avions fait beaucoup de réunions à ce sujet, j’ai dit à l’abbé
président,
le témoin 44 : Namubwiye
yuko noneho ko nzataha, ambwiye ngo nimbona iticket nzatahe, noneho nanjye
nasigaye nshakisha uburyo nabona iyo ticket. Nagize Imana mbona abagiraneza
barandihira ndataha.
L’Interprète : Je lui ai dit
que j’allais rentrer puisqu’il avait dit que, si je trouvais les frais de
voyage, je pouvais rentrer. Alors, j’ai eu la chance de trouver des
bienfaiteurs qui m’ont aidée, j’ai trouvé les frais de déplacement et je suis
rentrée.
Le Président : A son retour au
Rwanda, le témoin a-t-il reçu la visite du père COMBLAIN ?
L’Interprète : Ugeze mu Rwanda,
umupadiri witwa COMBLAIN yigeze agusura ?
le témoin 44 :
Yaransuye.
L’Interprète : Oui, il m’a
rendu visite.
Le Président : Que voulait le
père COMBLAIN ?
L’Interprète : Yashakaga iki
icyo gihe ?
le témoin 44 : Père COMBLAIN
yaraje turaganira, noneho arambwira ati : « Muri Belgique hari
amagambo avuga ko ari Gertruda yaba yarakoze ubwicanyi ».
L’Interprète : Il est venu,
nous nous sommes entretenus, il m’a dit qu’en Belgique, la rumeur court comme
quoi Gertrude aurait trempé dans les massacres.
le témoin 44 : Noneho
arambaza ati : « Ese ibyo ngibyo waba ubizi ? ».
L’Interprète : Il m’a demandé
si j’étais informée de ça,
le témoin 44 : Njyewe ntabwo
nashatse muri icyo gihe kumubwiza ukuri, naramwihoreye, ariko arambwira noneho
ngo,
L’Interprète : A ce moment là,
je n’ai pas voulu lui dire la vérité, je l’ai laissé mais… il a ajouté,
le témoin 44 : Noneho
arambwira ati : « Nimba ibyo bintu waba ubizi, ndashaka ko usinya
ilettre, ukandika ilettre ivuga ko sœur Gertrude ari innocente, ko nta bwicanyi
yigeze ajyamo ».
L’Interprète : Alors, il m’a
dit que si j’étais au courant de ça, je pouvais écrire une lettre et la signer,
comme quoi sœur Gertrude était innocente, qu’elle n’a pas trempé dans les
massacres.
le témoin 44 : Noneho
njye naramubwiye nti : « Ese ibyo aribyo byose ko uje kunsaba ngo
nandike lettre ivuga ko Gertruda ari innocente, ko twahungiye mu Bubiligi
tukabasanga, ko utigeze udusura ngo umenye n’ibibazo twagize muri
génocide ? ».
L’Interprète : Alors, je lui ai
dit : « Comment se fait-il que vous ne nous avez jamais rendu visite
lors de notre séjour en Belgique, et que maintenant, vous venez me demander une
lettre prouvant l’innocence de Gertrude, alors que vous savez les problèmes et
les difficultés que nous avons rencontrés pendant le génocide ? ».
le témoin 44 : Hanyuma
ati : « Ibyo aribyo byose, ntabwo ari byiza ko umubikira avugwaho
génocide, kuko tugomba gukoresha ibishoboka byose urwo rupapuro rukandikwa,
cyangwa mukagaruka muri Belgique ».
L’Interprète : Il m’a dit que
de toutes les façons, ce n’était pas bien que cette religieuse soit accusée de
génocide, que nous devons faire tout notre possible pour que ce papier soit
trouvé, ou alors, que vous veniez en Belgique.
le témoin 44 : Kugirango
dukore inama hamwe hanyuma ibyo bibazo birangire.
L’Interprète : Pour que nous
fassions une réunion afin de mettre fin à ces problèmes.
le témoin 44 : Njye rero
naramubwiye nti : « Birababaje cyane ko ubabajwe n’ibya
Gertruda, ariko ukaba wibagirwa abantu bacu bapfuye, ureke ukuri kuzajye
ahagaragara ».
L’Interprète : Alors, je lui ai
dit que c’est vraiment triste qu’il oublie nos personnes qui ont été tuées, pour
se préoccuper du cas de Gertrude, que c’était mieux que la vérité éclate au
grand jour.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions à poser au témoin ? Monsieur le 12e juré ?
Le 12e Juré : Monsieur
le président, pourriez-vous poser, demander au témoin si, finalement, le
monastère a été attaqué ?
Le Président : Le
monastère lui-même, a-t-il été, à un moment quelconque, attaqué ?
L’Interprète : Monastère
ubwacyo, hari ubwo igihe kimwe kigeze giterwa ?
le témoin 44 : Monastère
ntabwo yigeze iterwa n’umunsi umwe.
L’Interprète : Le monastère n’a
été attaqué à aucun jour.
Le Président : Oui ?
Le 12e Juré : Le
témoin peut-il expliquer ou a-t-il des informations sur ce qui s’est passé au
centre de santé ?
Le Président : Le témoin a-t-il
vu ce qui s’est passé au centre de santé ?
L’Interprète : Waba warabonye
ibyabaye kuri centre de santé ?
le témoin 44 : Mu gihe
cy’ubwicanyi ntabwo nabibonaga kuko,
Le Président : Le 22 avril,
hein… le 22 avril. Le témoin a-t-il vu ce qui s’y passait ?
L’Interprète : Kuri 22.
le témoin 44 : Kuri 22,
ntabwo nabibonaga n’amaso kuko centre de santé iri hirya gatoya, uri muri
monastère ntabwo ahabona neza.
L’Interprète : Le 22 avril, je ne
l’ai pas vu de mes propres yeux, car le centre de santé est un peu à l’écart,
celui qui est dedans, celui qui est au monastère ne peut pas voir du côté du
monastère.
le témoin 44 : Gusa
nabonaga nk’abantu bavuye kuri centre de santé birukanka wenda, bakaza bamwe,
nabonye babiri baguye imbere ya monastère.
L’Interprète : Seulement, je
voyais des personnes qui quittaient, qui fuyaient le centre de santé en
courant, j’en ai vu notamment deux qui sont tombés devant le monastère.
Le Président : Le témoin a-t-il
vu l’incendie du garage du centre de santé ?
L’Interprète : Wabonye itwikwa
ry’igaraji ya centre de santé ?
le témoin 44 : Ntabwo
umwanya wo gutwika nabibonye kuko ntahageze, ariko nyuma yaho naje kubona yuko
igaraji yatwitswe.
L’Interprète : Non, je ne l’ai
pas vu, puisque je ne m’y suis pas rendue, mais par après, j’ai vu que le
garage avait été incendié.
Le Président : Le témoin a-t-il
éventuellement vu quelqu’un du couvent, ou extérieur au couvent, apporter de
l’essence au centre de santé ?
L’Interprète : Waba warabonye
umuntu wo muri couvent cyangwa se utari uwo muri couvent ajyanye lisansi kuri
centre de santé ?
le témoin 44 : Ntawe
nabonye ajyanye essence, icyo nabonye n’uko ku italiki 22, sœurs Gertrude na
Kizito basohotse, ariko ntabwo nakurikiranye ibyo bagiye gukora.
L’Interprète : Non, je n’ai vu
personne apporter de l’essence, tout ce que j’ai vu, c’est que le 22, sœurs
Gertrude et Kizito sont allées dehors, sont sorties, mais je ne sais pas ce
qu’elles sont allées faire.
Le Président : Bien. Y a-t-il
d’autres questions ? Monsieur le 6e juré ?
Le 6e Juré :
Monsieur le président, vous pouvez demander si elle sait quand elle n’a plus vu
l’ambulance ? Quelle date ?
Le Président : Est-ce que le
témoin se rappelle de l’ambulance du centre de santé ?
L’Interprète : Waba wibuka
ambulance ya centre de santé ?
le témoin 44 : Ambulance
ya centre de santé ndayibuka, kuko mu gihe cya génocide nabonaga REKERAHO
ayigendamo, ariko sinibuka neza umunsi baba barayimuhereye.
L’Interprète : Oui, je me
souviens bien de l’ambulance du centre de santé, car, pendant le génocide, je
voyais REKERAHO voyager à son bord, mais je ne me souviens pas du jour auquel
on la lui a donnée.
Le Président : Elle ne sait
plus, le témoin ne sait plus si c’était avant le 22 avril ou si c’est seulement
à partir du 22 avril ?
L’Interprète : Ntabwo wibuka
niba byari mbere yo kuri 22 cyangwa se niba ari uguhera kuri 22 ?
le témoin 44 : Ntabwo
mbyibuka neza.
L’Interprète : Je ne me
souviens pas bien.
le témoin 44 : Gusa icyo
nzi ni uko ambulance REKERAHO yayigendagamo ariko ntabwo nibuka neza umunsi
yaba yarayiboneye.
L’Interprète : Ce que je
sais, c’est que REKERAHO se déplaçait à son bord, mais je ne sais pas le jour
où il l’a acquise.
Le Président : Oui ?
Le 6e Juré :
Juste une deuxième question. Les sacs de riz, c’étaient des sacs de combien de
kilos ?
Le Président : Les sacs de riz
que le témoin 110 aurait apportés pour les… pour la nourriture pour les
réfugiés, c’étaient des gros sacs, c’étaient des sacs de combien, de quel
poids ?
L’Interprète : Imifuka
y’umuceri le témoin 110 yazanye yari imifuka minini, yari imifuka ifite
nk’ibiro bingahe ?
le témoin 44 : Nk’ibiro
nka 50.
L’Interprète : A peu près 50
Kg.
Le Président : Il y avait
combien de sacs ?
L’Interprète : Hari imifuka
ingahe ?
le témoin 44 : Il y
avait 12 sacs.
Le Président : C’est ça, 12
sacs. Une autre question ? Ou d’autres questions ? Monsieur le 3e
juré.
Le 3e Juré :
Monsieur le président, pouvez-vous demander au témoin si au sein de la
congrégation religieuse, il aurait pu y avoir une autre sœur qui ressemblait à
sœur Kizito ?
Le Président : Dans les
religieuses de Sovu, y avait-il une ou plusieurs autres sœurs qui ressemblaient
ou qui pourraient ressembler à sœur Kizito ?
L’Interprète : Mu babikira b’i
Sovu haba hari umubikira umwe cyangwa se ababikira benshi basaga cyangwa se
benda gusa na sœur Kizito ?
le témoin 44 : Nta, nta
mubikira usa na Kizito rwose.
L’Interprète : Non, il n’y
avait aucune religieuse qui ressemblait à sœur Kizito.
Le Président : Quand le témoin
a dit que c’est Kizito qu’elle a vue le 22 avril, aller vers les Interahamwe,
elle ne se trompe pas ?
L’Interprète : Iyo uvuga ko ari
Kizito wabonye usanga Interahamwe ntabwo wibeshya ?
le témoin 44 : Oya
ntabwo nibeshya kuko Kizito ndamuzi, n’abandi nari mbazi,
L’Interprète : Non, je ne me
trompe pas puisque Kizito, je la connais et d’autres, je les connaissais.
le témoin 44 : Kandi,
ikindi nakongeraho ni uko nta muntu n’umwe, kw’italiki ya 22, hagati muri ayo
masasu wari gutinyuka gusohoka atari Kizito na Gertruda. Hagombaga gusohoka
umuntu ufitanye ibanga rikomeye n’Interahamwe.
L’Interprète : Ce que je
pourrais ajouter c’est que, ce jour-là du 22, personne d’autre ne pouvait
s’aventurer à travers ces balles qui sifflaient si ce n’étaient que Kizito et
sœur Gertrude qui avaient un secret, une confidence, en tout cas, un lien avec
ces Interahamwe.
Le Président : Le témoin a-t-il
déjà vu sœur Gertrude ou sœur Kizito avec REKERAHO, avant le 22 avril ?
L’Interprète : Mbere yo kuri 22
z’ukwa kane, hari ubwo wari warigeze ubona sœur Gertrude cyangwa Kizito bari
kumwe na REKERAHO ?
le témoin 44 : Njyewe
ntabwo nababonye nimba, njye REKERAHO, ubundi muri make namumenye mu gihe cya
génocide.
L’Interprète : Personnellement,
je ne les avais pas vus, mais, je vous dirais que REKERAHO, je l’ai connu
pendant la période du génocide.
le témoin 44 : Kuko
hakundaga kuza abantu benshi muri monastère, umubikira akakira abashyitsi,
ntabwo wakurikiranaga ngo umenye nimba haje naka, buri muntu yiyokipaga
abashyitsi be.
L’Interprète : Vu que plusieurs
visiteurs venaient au monastère et que chaque religieuse accueillait ses
visiteurs, on ne s’occupait pas des visiteurs des autres.
le témoin 44 : Niba yaba
yaraje bakaganira, ibyo ntabwo nabihamya kuko ntabwo nabibonye.
L’Interprète : S’il était venu
auparavant et qu’ils s’étaient entretenus, je ne pourrais pas l’affirmer,
puisque je ne l’ai pas vu.
Le Président : Le témoin sait-il
si sœur Gertrude et sœur Kizito se rendaient parfois chez Gaspard
RUSAGANWA ?
L’Interprète : Waba uzi yuko
sœur Gertrude na sœur Kizito bajyaga bajya kwa Gaspard RUSANGANWA ?
le témoin 44 : Gertruda... Kizito we rwose namubonaga agenda mu Nterahamwe, kuko wabaga
uri muri hôtellerie, ukarebera mu idirishya
L’Interprète : Oui, en réalité,
Kizito, je la voyais qui allait là où se trouvaient les Interahamwe car,
lorsque nous étions à l’hôtellerie, nous la voyions monter.
le témoin 44 : Hanyuma
sœur Gertruda nawe namubonye inshuro nyinshi, wabaga uri muri hôtellerie
ukarebera mu rugi, hari akugi
kasohokaga, kakajya kwa Gaspari.
L’Interprète : Quant à sœur
Gertrude, je l’ai vue à plusieurs reprises,
le témoin 44 : Plusieurs
fois rwose ! Yagendagayo kenshi cyane.
L’Interprète : Car de
l’hôtellerie, il y a une porte, une petite porte à travers laquelle il était
possible de la voir se rendre chez Gaspard.
Le Président : Dans la maison
de Gaspard ?
L’Interprète : Mu
nzu ya Gaspard mu rugo rwe ?
le témoin 44 : Mu nzu ya Gaspard. N’undi muntu wese
washaka gushira wenda amakenga ashobora kuvizita Sovu tukamwereka aho Gertrude
yanyuraga ajya kwa Gaspard.
L’Interprète : Oui, chez Gaspard,
à la maison de Gaspard. Quiquonque aurait un doute, pourrait visiter Sovu et de
là, nous pouvons lui montrer la porte à travers laquelle nous voyions Gertrude
se rendre chez Gaspard.
Le Président
: Bien. D’autres questions ?
Monsieur le 2e juré suppléant.
Le 2e Juré :
Monsieur le président, donc, c’est au niveau des fournitures d’eau au moment
des événements. On a parlé qu’il n’y avait plus d’eau. Est-ce qu’il y avait des
réserves ?
Le Président : Est-ce qu’il y
avait de problèmes d’approvisionnement en eau, au moment des événements ?
L’Interprète : Mwigeze mugira
ikibazo cy’amazi ubwo ibintu byabaga ?
le témoin 44 : Ubundi i
Sovu, nta kibazo cy’amazi kihaba, kuko amazi ari ayo bizaniye ubwabo bayakura
ku musozi witwa Huye, nta nubwo bayishyura.
L’Interprète : Non, normalement
Sovu n’avait pas de problème d’eau vu qu’ils ont fait les canalisations
eux-mêmes du mont Huye, c’est une eau qu’on ne paie même pas,
le témoin 44 : Nta
n’ikibazo k’ibiryo twari dufite kuko hari stock zihagije,
L’Interprète : Il n’y avait
même pas de problème de nourriture puisque le stock était important.
le témoin 44 : Ahubwo
ikibazo cy’amazi navuze wenda twakibonye i Ngoma mu bapadiri aho twahungiye
kuri 23.
L’Interprète : Par contre, le
problème que nous avons rencontré, nous l’avons rencontré à Ngoma, là où nous
nous étions réfugiées le 23.
le témoin 44 : Naho
ubundi i Sovu ntabwo hajya habura amazi n’umunsi umwe.
L’Interprète : Sinon, à Sovu,
l’eau ne manque jamais.
Le 2e Juré : Y
a-t-il eu un recensement qui a été effectué à la demande de Gertrude, sœur
Gertrude ?
L’Interprète : Hari ubwo
impunzi zigeze zibarwa bisabwe na sœur Gertrude ?
le témoin 44 : Impunzi,
uko nigeze kumva, ibyo nabyumvanye Kizito,
L’Interprète : Quant aux
réfugiés, ce que j’ai entendu de Kizito,
le témoin 44 : Yaravuze
ngo, ngo agiye kubarura impunzi ngo bazabasabire imfashanyo.
L’Interprète : Elle a dit
qu’elle allait recenser les réfugiés pour qu’on puisse leur demander de
l’assistance.
le témoin 44 : Ibyo ni
Kizito ubwe wabimbwiye rwose, avuga ko agiye gusa kubarura impunzi
bakazabasabira imfashanyo. Ariko ntabwo nabihagazeho ari kubabarura, ariko
Kizito yarabivuze ko yababaruye.
L’Interprète : Ça, c’est Kizito
qui me l’a dit elle-même, qu’elle allait faire un recensement des réfugiés pour
qu’on demande de l’aide pour eux, mais personnellement, je ne l’ai pas vu
recenser.
Le Président : D’autres
questions ? Monsieur l’avocat général ?
L’Avocat Général : Je vous
remercie, Monsieur le président. Le témoin peut-il confirmer que donc, à partir
du 25 avril, lorsque REKERAHO est venu chercher une partie des personnes qui se
trouvaient donc, au monastère, sauf donc, les familles des sœurs Tutsi, que
chaque nuit, sœur Gertrude venait frapper aux portes pour demander à ses sœurs
de livrer leurs familles ?
L’Interprète : Wakwemeza ko
kuva kuri 25, ubwo REKERAHO yaza agatwara impunzi zose usibye abo umuryango
w’ababikira, buri mugoroba, sœur Gertrude yazaga gukomanga ku nzugi avuga ngo
basohore abantu bahari ?
le témoin 44 : Rwose
njyewe yarabinkoze hafi ya muri munsi, n’aho duhuriye hose akabimbwira, waba
uri muri chambre ukumva arakomanze, ngo musohore abantu banyu ngo batazasenya
monastère. Icyo gihe iteka yakundaga kuvuga icyo kintu : « Ngo
batazasenya monastère. Wagerageza kujya kumureba ngo mubivugane nawe akakubwira
nabi, ukamwihorera, ukigendera ».
L’Interprète : Oui, elle me l’a
fait presque chaque soir, et chaque fois qu’on la croisait, elle disait :
« Qu’on ne détruise pas le monastère, qu’on ne détruise pas le
monastère ». Et quand je suis allée la voir pour qu’on discute ce
problème, elle me tenait des propos désobligeants et… j’ai dû laisser.
L’Avocat Général : Lorsqu’alors,
le 6 mai, elle vous a encore une fois dit de livrer ces familles et que vous
avez refusé, vous pouvez confirmer qu’elle a dit qu’elle allait alors le faire
elle-même par la force ?
le témoin 44 : Oui, par
la force, yabivuze mu kiriziya, ababikira bose bari bahari, bashobora kuzabisubiramo.
L’Interprète : Oui, par la
force, oui, elle l’a dit à l’église, à toutes les religieuses.
le témoin 44 : Yabivuze
à haute voix, abivuga, amaze gusenga ngo : « Imbere y’Imana ishobora
byose », abivuga cyane, buri wese yarabyumvise. Cyereka nibashaka
kubeshya, ariko ubundi yarabivuze.
L’Interprète : Oui, elle l’a
dit à haute voix à l’église, toutes les religieuses qui étaient présentes
là-bas pourraient le dire, sauf si elle veulent mentir, elle l’a dit à haute
voix, après la prière, après avoir dit : « Au nom de Dieu, tout
puissant ».
L’Avocat Général : Si j’ai
bien compris le témoin, tout à l’heure, le témoin a dit qu’on avait quand même
autorisé à une jeune fille qui a été sauvée de prendre le voile, et cette jeune
fille avait été emmenée par Monsieur Gaspard RUSANGANWA, c’est exact ?
le témoin 44 : Oui. Uwo
mukobwa yihishe kwa Gaspard RUSANGANWA, sinzi itariki yahagereye, ariko yageze
i Sovu kw’italiki ya 30 z’ukwezi kwa 6, nimugoroba cyane, mu gitondo bamuha
voile nk’ababikira turahungana, na nubu aracyari i Sovu yahise yinjira.
L’Interprète : Oui, cette
fille-là s’était cachée chez REKERAHO, je ne sais pas quand elle était arrivée
chez lui. En tout cas, quand elle est venue à Sovu le 30, le 30 juin, on lui a
fait porter un voile, même actuellement elle vit à Sovu, elle a rejoint la
congrégation.
L’Avocat Général : Mais
alors, quelques jours auparavant, lorsque REKERAHO avait lui-même proposé que
certaines personnes puissent prendre le voile pour être sauvées, sœur Gertrude,
à ce moment-là, l’a refusé ?
le témoin 44 : Ntabwo
ari REKERAHO wabivuze ni bourgmestre wabivuze.
L’Interprète : Ce n’est
pas REKERAHO qui l’a dit, c’est le bourgmestre qui l’a dit.
le témoin 44 :
Bourgmestre wa komine Huye yarabisabye, abana babili, harimo uwitwaga Aline
n’undi witwaga Candali, arabisaba ngo babambike voile, nibura bashobore
kuzarokoka, aliko Gertruda yarabyanze.
L’Interprète : Oui, le
bourgmestre de la commune de Huye l’a demandé, il y avait des jeunes filles du
nom de Aline et Candali, pour qu’on leur donne le voile afin de les sauver,
mais sœur Gertrude a refusé.
L’Avocat Général : Est-ce
que l’intéressée vit toujours sur la colline de Sovu.
L’Interprète : Ngo uwo muntu
aracyaba ku musozi wa Sovu ?
le témoin 44 :
Uwuhe ?
L’Interprète : Quelle
intéressée ?
L’Avocat Général : Non, le
témoin, je veux dire.
L’Interprète : Wowe
ubwawe ?
le témoin 44 : Oya,
njyewe mba i Kigali.
L’Interprète : Non, moi, je vis
à Kigali.
Le Président : D’autres
questions ? Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Merci,
Monsieur le président. Trois questions. Je suis peut-être la seule à ne pas
avoir bien compris ce que le témoin nous a dit au sujet des frères de Madame
MUKABUTERA. Est-ce qu’il y aurait moyen, soit que le témoin répète, soit
qu’elle précise dans quelles circonstances elle a appris quoi exactement au
sujet de ces frères, durant le génocide ? Et éventuellement, peut-elle
nous indiquer le nom ou l’identité plus complète en tout cas, de ces
personnes ? Et où elles se trouvaient durant le génocide ? S’il vous
plaît.
Le Président : Le témoin
sait-il donner des précisions en ce qui concerne les frères de sœur Kizito, qui
auraient participé au génocide ?
L’Interprète : Washobora
gutanga ibisobanuro birambuye ku
birebana na basaza ba sœur Kizito bagize uruhare muri génocide ?
le témoin 44 : Oya nta
bisobanuro natanga birenze, abasaza be, nzimo uwitwa Tharcisse, irindi zina rye
ntabwo ndizi, n’undi izina rye sindizi, ariko visages zabo ndazizi. Umwe twahuye
nyuma y’intambara ushoboye kumbwira ibyo nababwiye.
L’Interprète : Je ne peux pas
fournir plus de précisions concernant ses frères, en tout cas, l’un d’entre eux
se prénomme Tharcisse, l’autre, je ne connais pas comment il s’appelle. Un de
ses frères, je l’ai croisé après le génocide, et il m’a dit ce que je vous ai
dit.
Le Président : Qu’est-ce qu’il
vous a expliqué, Tharcisse ?
L’Interprète : Tharcisse ngo
yakubwiye iki, yagusobanuriye ibihe ?
le témoin 44 : Tharcisse
yambwiye ko abantu, ngo umudamu we yapfuye,
L’Interprète : Tharcisse m’a
dit que…
le témoin 44 : Nimba ari
umudamu we wapfuye cyangwa ngo mugenzi we, ariko avuga ko nawe ngo bamuzanaga
kuri barrière, ndamubwira nti kuki… utamugira… aravuga ngo nuko nawe bamuzanaga
kuri bariyeri ku ngufu… Twahuriye i Butare, njyewe ntashye mu Rwanda nabaye
muli évêché,
L’Interprète : Oui, Tharcisse,
je l’ai croisé à Butare, à mon retour au Rwanda je vivais à l’évêché,
le témoin 44 : Noneho
avuga ko bamujyanye kuri bariyeri ku ngufu. Ni uko yambwiye.
L’Interprète : Il m’a dit qu’on
l’avait emmené de force aux barrières, c’est ce qu’il m’a dit.
Le Président : Oui, une autre
question Maître JASPIS.
Me. JASPIS : Oui, Monsieur
le président. Est-ce que le témoin peut nous renseigner sur ceci : y
avait-il des enfants parmi les familles des sœurs ou les employés du couvent,
qui sont restés un certain temps encore après le 22, dans le bâtiment ?
S’il vous plaît.
Le Président : Est-ce que,
parmi les réfugiés qui se trouvaient parmi les personnes étrangères au couvent,
les personnes, autres que les religieuses qui se trouvaient à l’intérieur du
couvent, y avait-il des enfants ?
L’Interprète : Mu bantu bandi
bari mu kigo batari ababikira, harimo abana ?
le témoin 44 : Barimo.
L’Interprète : Oui.
le témoin 44 : Hari
umudamu uwo Chantal wari ufite umuhungu witwa Crispin w’amezi 18,
L’Interprète : Oui, Chantal
avait un bébé du prénom de Crispin, âgé de 18 mois,
le témoin 44 : Hari
umudamu witwa Emma-Marie nawe wari ufite abana bane,
L’Interprète : Il y avait une
autre dame du nom de Emma-Marie, mère de quatre enfants.
Le Président : Une autre
question ? Oui ?
Me. JASPIS : La dernière,
Monsieur le président. Le témoin nous a fait part de son malaise une fois
qu’elle s’est retrouvée à Maredret et des circonstances par lesquelles elle a
été emmenée à quitter la Belgique pour regagner le Rwanda. Peut-elle donner un
peu plus de détails sur les raisons pour lesquelles elle n’a pas pu, ou elle
n’a pas souhaité, s’exprimer plus tôt, sur les accusations qu’elle porte à
l’encontre des deux religieuses, notamment durant le voyage qui a duré quand
même un certain nombre de semaines avant qu’elle ne regagne la Belgique, s’il
vous plaît ? Ou, à qui l’aurait-elle dit, d’ailleurs ?
Le Président : Le témoin
a-t-il, avant qu’elle ne soit entendue lors de la commission rogatoire au
Rwanda, a-t-elle, à un autre moment, porté des accusations contre sœur Gertrude
et sœur Kizito ?
L’Interprète : Mbere yo kuza
kubazwa mu Rwanda, hari ubundi wigeze urega sœur Gertrude cyangwa Kizito ?
le témoin 44 : Ibyo
narabikoze ariko ntabwo nabikoze nko kuregana, n’ubu ni ukubivuga nkuko umuntu
ashobora kubwira undi ariko ntabwo nabivuze nko kurega kuko tutari mu
bucamanza.
L’Interprète : Oui, je l’ai
fait, mais ce n’est pas comme on fait une plainte formelle, je l’ai dit comme
on peut dire ça à un ami, je l’ai dit comme ça puisque nous n’étions pas dans
un cadre judiciaire.
Le Président : A quelles
personnes et à quelle moment l’a-t-elle fait…
L’Interprète : Wabwiye nde
cyangwa se…
Le Président : Ce genre de
confidences à… L’Interprète : Wabibwiye nde
ibyo kandi wabimubwiye ryari ?
le témoin 44 :
Nabimubwiye mbere, ibyambayeho byose nabibwiye d’abord abantu nka batatu,
L’Interprète : Ce qui m’est
arrivé, je l’ai raconté à au moins trois personnes,
le témoin 44 : Abbé
président, umukuru wacu w’umuryango narabimubwiye ngirango turebe, ndebe ukuntu
ashobora kuregla problème ariko biranga,
L’Interprète : L’abbé président
responsable de notre congrégation afin de voir comment régler à l’amiable notre
problème, mais ça n’a pas eu de fruit.
Le Président : C’est l’abbé
CULLEN,
le témoin 44 : Oui.
Célestin. Sinzi niba ari hano.
L’Interprète : C’est plutôt
l’abbé Célestin, je ne sais pas s’il est là.
Le Président : C’est CULLEN,
oui ?
le témoin 44 : Oui.
Le Président : Un
néerlandais ?
le témoin 44 : Oui, un
néerlandais. Nongeye kubibwira…
Le Président : Et ça remonte à
quelle époque…
L’Interprète : Ibyo byabaye
ryari ?
Le Président : …ces confidences
à l’abbé CULLEN?
L’Interprète : Ngo wabwiye,
Padiri CULLEN wabimubwiye ryari ?
le témoin 44 : Ntabwo
nibuka itariki nabimubwiye ariko twari tumaze igihe gito, tugeze muri Belgique
yaje kudusura,
L’Interprète : Je ne me souviens
plus bien de la date exacte, mais c’était peu de temps après… puisqu’après
notre arrivée en Belgique, il nous a rendu visite,
le témoin 44 : Noneho
ndabimubwira.
L’Interprète : Et puis, je le
lui ai dit.
le témoin 44 : Undi
muntu nongeye kubibwira, n’umubikira witwaga mère Martine w’i Rixensart.
L’Interprète : Je l’ai dit
également à une sœur, mère Martine, de Rixensart.
le témoin 44 : Nawe
nabimubwiye nzi ko ari inshuti ya sœur Gertruda,
L’Interprète : Je le lui ai dit
puisque je savais bien que c’était une amie à sœur Gertrude,
le témoin 44 : Nagirango
wenda ashobore ku… nabona bikunda adushyire hamwe na Gertruda kuko twashakaga
iteka kubisubiramo Gertruda akabyanga,
L’Interprète : C’était pour
que…
le témoin 44 : Hanyuma
mbimubwira muri iyo cadre kugirango wenda nabishobora azaduhuze, ariko nabyo
ntabwo byashobotse.
L’Interprète : C’était pour
voir si elle pouvait jouer une médiation entre sœur Gertrude et moi-même, ce
qui, évidemment, n’a pas abouti à quoi que ce soit.
Le Président : Et quelle est la
troisième personne à laquelle elle aurait fait la confidence ?
L’Interprète : Uwa gatatu waba
warabibwiye ?
le témoin 44 : Uwa
gatatu ni umudamu witwa Marie-Claire.
L’Interprète : La troisième est
une dame du prénom de Marie-Claire.
Le Président : le témoin 20 ?
L’Interprète : Irindi zina rye
ni le témoin 20
le témoin 44 : Sinzi
niba yitwa le témoin 20 ariko,
L’Interprète : Je ne sais pas
si elle s’appelle le témoin 20,
Le Président : Madame
NOVAK ?
L’Interprète :
VAAK, Madame DEVAAK ?
Le Président : NOVAK, NOVAK.
le témoin 44 : Yego.
L’Interprète : Oui.
le témoin 44 :
Nabimubwiye kuko nawe ari umuntu nawe wabaye i Sovu imyaka ibiri, atwigisha
kandi yarazi situations zose z’i Sovu,
L’Interprète : Oui, je lui ai
dit, puisque…
le témoin 44 : Aho
yambarije uko byagenze mu ntambara, ndabimubwira nk’umuntu twabanye.
L’Interprète : Oui, je lui ai
dit puisqu’elle avait vécu à Sovu pendant deux ans, c’était notre institu…
inst… …trice, je lui disais en tant que quelqu’un qui avait vécu avec nous, et
qui connaissait la situation de Sovu.
Le Président : D’autres
questions ? Maître NKUBANYI.
Me. NKUBANYI : Oui,
Monsieur le président. Pourriez-vous demander au témoin si, à sa connaissance,
sœur Kizito avait un surnom particulier, et la signification de ce
surnom ?
Le Président : Sœur Kizito
avait-elle un surnom ?
L’Interprète : Sœur Kizito hari
izina ry’irihimbano yarafite ?
le témoin 44 : Izina
ry’irihimbano ntaryo nari nzi, nabisomye mu kinyamakuru,
L’Interprète : Son surnom, je
ne le connaissais pas, seulement, je l’ai lu dans un journal,
le témoin 44 : Nabisomye
mu kinyamakuru bandikagaho ngo yitwa Gapyisi. Ntabwo nzi umuntu warimuhimbye,
L’Interprète : J’ai lu dans un
journal qu’on la surnommait « Gapyisi », mais je ne sais pas qui lui
a donné ce surnom.
Le Président : Et ça veut dire
quoi, ce surnom ?
L’Interprète : Bivuga
iki ?
le témoin 44 : Un
animal.
Le Président : Une autre
question ? Maître RAMBOER ?
Me. RAMBOER : Oui,
Monsieur le président. J’ai quelques questions à poser. Je vais d’abord poser
quelques questions plus générales concernant, je dirais, le monastère et Sovu
et puis, des questions plus particulières concernant les faits eux-mêmes. Tout
d’abord, concernant le monastère à Sovu. J’aimerais qu’on pose la question sur
l’importance de ce monastère. Donc, on sait qu’il y avait 31 sœurs mais en
personnel, et aussi en terre ?
Le Président : Alors, dépendant
du monastère, est-ce qu’il y avait des… [Sonnerie GSM] …y avait-il des terres ?
L’Interprète : Hari isambu,
Le Président : Des
cultures ?
L’Interprète : Hari isambu,
imirima, ubuhinge byari i Sovu ? Bwa Sovu ubwayo ?
le témoin 44 : Yego.
Sovu hari imirima myinshi cyane, n’intoke, bananeraies, zirahari nyinshi.
L’Interprète : Oui, à
Sovu, il y a plusieurs plantations, notamment des bananeraies, il y en a
beaucoup.
Le Président : Ce sont des
plantations importantes ?
L’Interprète : Ubwo buhinge ni
bwinshi, ni bunini, bugari ?
le témoin 44 : Ni bugari
yuko byashoboraga gutunga ababikira, mubyerekeye légumes, batagombye guhaha.
L’Interprète : Oui, importantes
puisqu’elles pouvaient nourrir notamment les religieuses, en légumes, au lieu
d’aller en acheter au marché.
Le Président : Oui. Et y
avait-il du personnel qui travaillait au couvent ou à l’extérieur du couvent,
pour les religieuses ?
L’Interprète : Hari abakozi
bakoraga muri couvent ubwaho mu kigo cyangwa se hanze y’ikigo ariko bakorera
ababikira ?
le témoin 44 : Mu Kigo
hakoraga abakozi benshi bashobora kurenga nka 30.
L’Interprète : Oui, à
l’intérieur, les membres du personnel étaient nombreux, environ à 30,
le témoin 44 : Kuko
hari, bafite atelier ya hostiya, bakoreshaga nk’abakobwa barenga 12,
L’Interprète : Notamment, à
l’atelier des hosties qui employait plus de 12 filles.
le témoin 44 : Hari
imirima ishobora gukorwamo n’abantu nabo, kuko hari ferme, hari ibikorwa
byinshi cyane.
L’Interprète : Il y avait des
ouvriers à la plantation, il y avait une ferme, il y avait plusieurs activités.
Le Président : Oui. Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Oui.
A-t-elle une idée de combien d’ouvriers travaillaient à la ferme et dans les
plantations ?
Le Président : Vous avez une
idée de…
L’Interprète : Muri ferme cyangwa
se mu mirima yindi hari nk’abakozi bangahe ?
le témoin 44 : Rwose
batanduhije ntabwo nabaze ngo ndebe umubare wabo ariko icyo nzi n’uko abakozi
bose bakoraga i Sovu bari benshi kandi bose baguye i Sovu, nta n’umwe warokotse,
nicyo kintu nababwira.
L’Interprète : Je n’ai pas
compté pour connaître leur nombre exact. Ce que je pourrais vous dire, c’est
que tous ceux qui travaillaient à Sovu ont été assassinés à Sovu, et qu’il n’y
a eu aucun rescapé, je n’ai rien de plus à dire.
Le Président : Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Une autre
question concernant l’autorité de la sœur Gertrude. C’était donc sœur Gertrude
qui dirigeait l’ensemble, et de ces sœurs, et du personnel, ou est-ce qu’il y
avait d’autres personnes qui avaient une autorité sur le personnel ?
L’Interprète : Sœur Gertrude
niwe wategekaga ubwe ikigo cyose n’abo bakozi cyangwa se hari undi muntu
wategekag’abakozi ubwabo ?
le témoin 44 : Ubundi
sœur Gertrude bwa mbere yarashinzwe ababikira, aliko…
L’Interprète : Avant, sœur
Gertrude avait à sa charge les religieuses mais,
le témoin 44 : Ariko
ibyaba, buri mubikira akagenda agira aho akoresha, akamenya abakozi akoresha
abo aribo, aliko hakaba économe noneho ushinzwe abakozi bose.
L’Interprète : Alors,
chaque religieuse avait des employés sous sa responsabilité, et puis, il y
avait aussi l’économe général qui était la cheftaine de tout le personnel.
le témoin 44 : Ariko
icyabaga mu kigo cyose cyangwa yaba ari umukozi bashyiramo cyangwa iki, byose
byagombaga kunyura kuri supérieure.
L’Interprète : Mais tout ce qui
se passait à l’intérieur de l’établissement, que ce soit un engagement des
membres du personnel, tout cela devait passer par la mère supérieure.
Le Président : Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Une autre
question. C’était donc bien la mère supérieure qui gardait les clés, les clés
du magasin, les clés de l’endroit où se trouvait l’essence etc., ou il y avait
d’autres personnes qui disposaient de ces clés ?
Le Président : La sœur supérieure,
avait-elle toutes les clés, de tous les locaux ou bien les clés étaient-elles
réparties entre plusieurs religieuses, par exemple, en raison de leurs
fonctions particulières ?
L’Interprète : Mère supérieure
niwe warufite imfunguzo zose z’ikigo, cyangwa se hari imfunguzo zimwe na zimwe
zagendaga zigirwa n’ababikira aba n’aba, bitewe n’imirimo babaga
bashinzwe ?
le témoin 44 : Yego.
Imfunguzo ubundi buri mubikira yagiraga imfunguzo zikingura ahantu hakwiranye
n’ibyo akora, ariko iteka ryose habaga double.
L’Interprète : Oui, chaque
religieuse avait des clés qui concernaient son domaine de travail, mais il y
avait aussi des doubles de ces clés.
le témoin 44 : Les
doubles de clés zabaga zimanitse ahantu mu biro bya supérieure,
L’Interprète : Qui étaient,
quelque part, suspendues dans le bureau de la supérieure…
le témoin 44 : Ku buryo
yashoboraga kurukenera akaba yarufata akingura aho akeneye hose gukingura.
L’Interprète : …de telle sorte
qu’il lui était possible de les prendre et d’ouvrir là où elle voulait ouvrir.
Le Président : La clé des
magasins par exemple, c’était personnellement sœur Gertrude qui l’avait ?
Ou une autre religieuse ?
L’Interprète : Imfunguzo za
magasin ubwazo, ni sœur Gertrude wari uzifite cyangwa se n’uwundi mubikira ?
le témoin 44 : Umubikira
yagiraga imfunguzo aliko nababwiye ko habaga double y’imfunguzo zindi
zitakoraga, ku buryo yakenera kujya muri magasin atagombaga kujya gushaka
umubikira ngo amusabe imfunguzo.
L’Interprète : Chaque
religieuse avait les clés, mais il y avait aussi des doubles, de telle sorte
que si elle voulait aller notamment au magasin, elle n’avait pas besoin d’aller
les demander à la religieuse concernée.
le témoin 44 : Kandi izo
mfunguzo, doubles nyinshi zabaga ziri mu cyumba cya supérieure, niho
bazibikaga.
L’Interprète : Et la grande
partie des doubles de clés se trouvait chez la supérieure.
Le Président : Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Oui,
Monsieur le président, concernant donc, au moment où les réfugiés sont arrivés,
j’avais recueilli la plainte de Madame le témoin 44, et donc, dans cette plainte,
elle signalait entre autres que les réfugiés avaient été en quelque sorte
dépouillés de leurs provisions, qui avaient été enfermées dans le magasin. Dans
sa déclaration, aujourd’hui donc, elle n’a pas fait état de ce fait. Est-ce
qu’elle confirme ce fait ou est-ce qu’elle l’infirme ?
Le Président : Lorsque les
réfugiés sont arrivés au couvent ou au centre de santé, leur a-t-on retiré la
nourriture qu’ils avaient emmenée avec eux ?
L’Interprète : Ubwo impunzi
zavaga kuri centre bazatse ibiryo zari zazanye ?
le témoin 44 : Yego.
Ibiryo babishyize muri salle ya centre de santé babishyira hamwe.
L’Interprète : La nourriture a
été mise ensemble, dans une salle du centre de santé.
le témoin 44 : Noneho
bavuze ko bajya babakemurira uko babaga babikeneye.
L’Interprète : On a dit qu’on
allait leur ouvrir la porte au fur et à mesure que le besoin se faisait sentir.
le témoin 44 : Hanyuma
rero urufunguzo rwabitswe na Gertruda, aliko icyo gihe, hari igihe impunzi
zazaga kwaka urufunguzo ntibarubone…
[Interruption d’enregistrement]
L’Interprète : Alors, la clé a
été détenue par Gertrude et des fois les réfugiés venaient la demander, mais ne
la recevaient pas.
Le Président : Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Donc, la
nourriture des réfugiés a été saisie et plus distribuée aux réfugiés, si j’ai
bien compris.
Le Président : Nous avons
entendu la réponse.
Me. RAMBOER : Donc, il y a
encore des questions que je pose, concernant la proximité entre la sœur
Gertrude et Gaspard RUSANGANWA. Donc, le témoin a parlé du fait que Gaspard
RUSANGANWA était celui qui, ensemble avec REKERAHO, était le responsable des
massacres à Sovu.
Le Président : Oui, nous avons
bien entendu.
Me. RAMBOER : Oui,
Monsieur le président, mais donc, elle a vu ce fait, ou est-ce qu’elle le sait,
ou qu’est-ce qu’elle sait encore, concernant ce que les autres témoins ont dit,
que donc, le moine bénédictin en question, était un grand Interahamwe ?
Le Président : Le témoin
a-t-elle vu Gaspard diriger les Interahamwe.
L’Interprète : Wabonye Gaspard
ayoboye Interahamwe ?
le témoin 44 : Gaspard
yazaga kenshi mu kigo, kuko yari yarabaye umubenedictin niko navuga, kandi
aziranye na…
L’Interprète : Gaspard venait
souvent au couvent quand… je dirais qu’il avait été bénédictin, et puis, ils se
connaissaient.
le témoin 44 : Kandi
nababwiye ko ku itariki ya 6 umunsi abantu bacu bapfa ba famille ariwe wajyanye
na Gertruda,
L’Interprète : Et puis, je vous
ai dit que le 6 avril,
le témoin 44 : Bajya
muri VW,
L’Interprète : Quand nos
personnes sont venues, c’est lui qui était parti avec Gertrude dans la
Volkswagen.
Me. RAMBOER : Je suppose
que le 6 mai, que la personne euh… le témoin a vu…
Le Président : 6 mai, le 6 mai.
Quand elle a été chez le bourgmestre ?
L’Interprète : Uravuga ku
itariki ya 6.
le témoin 44 : Ku
itariki ya 6.
L’Interprète : Ubwo bajyaga kwa
bourgmestre ?
le témoin 44 : Yego.
L’Interprète : Oui, le 6 mai.
Me. RAMBOER : Si vous
permettez encore une question ? Alors, plus précisément sur les
contradictions qui existaient entre elle et sœur Gertrude, parce que, donc,
nous avons entendu qu’il y aurait des problèmes internes et que donc, le témoin
a déclaré ici, qu’en réalité, si le témoin, un autre témoin a déclaré ici, que
si, donc le témoin, Madame le témoin 44 a porté plainte ou accusé plutôt sœur
Gertrude, c’est parce qu’il y avait des problèmes internes à la communauté et
qu’elle avait contesté l’autorité de sœur Gertrude. Est-ce qu’elle a contesté
l’autorité de sœur Gertrude avant les faits ?
Le Président : Avant les
événements de Sovu, du mois d’avril et du mois de mai 1994, y avait-il un
problème dans la communauté ?
L’Interprète : Mbere y’ibyabaye
mu kwezi kwa kane n’ukwa gatanu kwa 94, hari ibibazo byari mu kigo ?
le témoin 44 : Ibibazo,
ushobora kunsobanurira ibibazo by’ubuhe bwoko ?
L’Interprète : Vous pouvez
m’éclaircir ? Les problèmes, de quelle sorte ?
Le Président : Y avait-il, par
exemple, un mouvement de contestation contre la prieure, sœur Gertrude ?
L’Interprète : Hari
ibibazo byo kutumvira cyangwa se kutemera ubutegetsi, ubuyobozi bwa sœur
Gertrude
le témoin 44 : Ibyo
ntabyo nigeze mbona kuko Gertruda nta myaka myinshi yarategetse, kandi…
L’Interprète : Non, je ne l’ai
pas vu, vu que ça ne faisait pas longtemps que Gertrude était à la tête de
l’établissement et puis…
le témoin 44 : Kandi
kugirango umuntu abe supérieure wa communauté agomba gutorwa n’ababikira,
L’Interprète : …et puis, pour
être supérieure d’une communauté, on doit être élue par les religieuses,
le témoin 44 : Igihe
rero bemeye kumutora ntabwo bagaruka ngo bamutere ibibazo. Bagomba kwakira
amategeko uko ameze, igihe cyazagera cyo guhindura wenda bagahindura.
L’Interprète : Alors, pour
autant qu’elles l’ont élue, elles n’ont plus à contester son autorité, elles
doivent respecter le règlement jusqu’aux prochaines élections.
Le Président : Donc, il n’y
avait pas, avant les événements, de contestation de l’autorité de sœur Gertrude ?
L’Interprète : Ni ukuvuga yuko
mbere y’uko ibyo biba, biriya biba, nta butegetsi bwa Gertrude, ntabwo bwigeze
buhungabana ?
le témoin 44 : Njyewe
ntabyo nigeze mbona ku giti cyanjye, nzi ko Gertruda, ubundi uko batora
supérieure nabibabwiye, ntawiyamamaza nta ki bashyiraho bakareba abafite wenda
igihe kigeze cyo kuba batorwa, uwo amajwi aguyeho menshi niwe uba supérieure.
Ababikira rero icyo gihe bagomba kumwumvira igihe cyose bakiri muri icyo kigo.
L’Interprète : Moi, je ne l’ai
pas vu, je vous ai dit comment on devient supérieure, il n’y a pas de
candidature qu’on donne, on voit si c’est le moment d’être élue, on élit, et
puis, celle qui est élue devient supérieure et d’autres lui obéissent.
Le Président : Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Oui,
Monsieur le président. Est-ce que, justement dans le cadre de cette règle,
donc, entre moines ou moniales bénédictines, quel est justement le contenu de
cette règle d’obéissance ?
Le Président : Quelle est la
règle d’obéissance, ça contient quoi ? C’est obéir à tout ?
L’Interprète : Kumvira no
kubaha umuyobozi…
Le Président : Tout ce que
décide la supérieure ?
L’Interprète : Kumvira
supérieure bivuga kumvira ibyo ategetse byose mu mategeko asanzwe ho ?
le témoin 44 : Ubundi
bivugako ugomba kumvira, ariko rero igihe agutegetse ibintu ubona bidashoboka,
ushobora kubyanga.
L’Interprète : Oui, on dit que
nous… on doit obéir, mais quand elle vous ordonne de faire ce que vous jugez
impossible, vous pouvez refuser.
Le Président : Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Est-ce que
c’est justement parce qu’elle se sentait trop poussée… donc, au nom de
l’obligation d’obéissance et que donc, on lui demandait de rentrer en Belgique,
est-ce que c’est pas la raison principale pourquoi que… elle avait quitté la
communauté, donc, que… elle avait entamé une procédure de laïcisation ?
Le Président : Qu’est-ce qui a
motivé le témoin à quitter les ordres ?
L’Interprète : Ni iki cyatumye
uva mu babikira ?
le témoin 44 : Ikintu
cyatumye mva mu babikira, navuye muri Belgique, ntegereza umwaka wose ndi i
Butare kwa Musenyeri,
L’Interprète : C’est qu’après
mon départ de la Belgique, j’ai attendu à l’évêché de Butare,
le témoin 44 : Icyo gihe
rero ntabwo communauté, nkurikije ibyo nabayemo, ntabwo yamfashije kurushaho
kwegera Imana, ahubwo…
L’Interprète : Alors,
compte tenu de ce qui m’est arrivé à la communauté, elle ne m’a pas aidée à
approcher Dieu, au contraire…
le témoin 44 : Ahubwo
nabonaga, badusabaga gusinya impapuro, batarebye ukuri aho guherereye, nkabona
ko nta bukristu burimo.
L’Interprète : Au contraire, on
nous demandait de signer des papiers sans voir… sans considérer la vérité, et
j’ai vu qu’il n’y avait rien de chrétienté là-dedans.
le témoin 44 : Hanyuma
rero aho kugirango, njye nararebye nsanga n’ibintu bihoraho kandi bitazagera
igihe bishira, kuko byavuye muri famille bénédictin, babihereza aba pères
blancs ngo babe aribo babyiyokipa, nageze igihe nibaza niba nimba le témoin 133
afite abana, igihe habayemo ibibazo ntashobore kubikemura, akagomba ikibazo
kugifata akagihereza iyindi famille, ubwo nabonaga ko byasaga nk’ibyabananiye
batangiye kubinyanyagiza, nahisemo gusezera.
L’Interprète : Alors, j’ai vu
que c’était un problème récurrent, surtout que le problème venait d’être
déplacé de la communauté des bénédictines, s’était déplacé chez les pères
blancs, alors que normalement, quand il y a un problème, le père doit régler ce
problème, à ce moment-là. Comme le père n’était plus en mesure de gérer ce
problème, j’ai vu qu’il n’y avait pas de solution, et je devais quitter la
communauté.
le témoin 44 : Ikindi
nakongeraho n’ubwo nakise wenda, n’ubwo navuye muri communauté, ntabwo ari
ukuvuga ngo umuntu yanze Imana, abantu nzi ko ari abantu, ariko Imana ibyo
yankoreye ni byinshi kandi ndabirokonesa ndayishimira, kandi nzi ko nshobora
kuyikorera n’ahandi nkakora byiza kurusha wenda nkuko naba muri communauté.
L’Interprète : C’est que je
n’abandonne pas Dieu pour autant, et que les hommes étant ce qu’ils sont, je
reconnais que Dieu m’a fait beaucoup de merveilles et je lui suis
reconnaissante.
Le Président : Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Monsieur le
président, donc, au moment qu’elle est rentrée en Belgique euh… pardon, au
Rwanda, le témoin n’a pas été le seul à rentrer, je crois qu’il y a encore - ou
bien tout de suite ou par après encore - eu trois autres membres de la
communauté qui sont rentrés au Rwanda. Est-ce qu’elle peut nous donner des
explications à ce sujet ?
Le Président : Quelles ont été
les autres personnes qui sont revenues au Rwanda, de la communauté ?
L’Interprète : Hari abandi
batashye mu Rwanda wo mu muryango wanyu ?
le témoin 44 : Ubundi
dutaha tuva muri Belgique tujya mu Rwanda twari babiri. Yari njyewe n’uwundi
mubikira witwa Scholastika,
L’Interprète : Nous étions à
deux quand nous avons quitté la Belgique pour le Rwanda, j’étais avec une sœur
du nom de Scholastique,
le témoin 44 : Ibibazo
twari twagerageje kubisobanura
n’ubwo bitumvikanye bwose ariko byabaye ngombwa ko dutaha.
L’Interprète : Nous avons
essayé d’expliquer, mais en vain, les problèmes qu’il y avait, puis, il a été
nécessaire que nous rentrions.
le témoin 44 : Abandi
baje nyuma yacu, n’uwitwa Régine, n’undi witwa Annonciata.
L’Interprète : Par après, sont
venues Régine et Annonciata.
le témoin 44 : Ubwo rero
Régine nawe ngirango azaza hano, mushobora kuzamwibariza impamvu yamukuyemo,
wenda azayibasobanurira.
L’Interprète : Je crois que
Régine viendra elle-même témoigner ici. Alors, vous pourrez lui demander les
raisons de son départ, elle vous expliquera,
le témoin 44 : Ariko,
icyi ingenzi navuga ni uko igihe cyose iyo communauté iza gufasha abantu,
ikadufata neza kandi ntishake guhengamira kuri Gertruda gusa kandi yibagiwe
ibibazo by’abana bari bato kuri we nka Regina, ntanumwe wazaga kuyivamo, bose
bari gukomeza.
L’Interprète : Mais, ce que je
vous dirais, si la communauté avait bien compris notre problème, au lieu de
prendre parti pour Gertrude qui avait fait du mal à des plus jeunes qu’elle,
comme Régine, personne d’entre nous n’aurait quitté la communauté.
Le Président : D’autres
questions ?
Me. RAMBOER : Oui,
Monsieur le président. On a parlé de pressions qui ont été exercées sur le témoin,
donc, après son retour au Rwanda. Est-ce qu’elle a eu connaissance d’autres
tentatives de pressions possibles, potentielles, qui ont été exercées,
depuis lors, aux autres témoins?
Le Président : Le témoin a-t-il
eu connaissance d’autres pressions que celles dont elle a parlé. Père COMBLAIN
qui était venu, est-ce qu’il y a eu d’autres pressions sur ce témoin-ci, ou sur
d’autres témoins ?
L’Interprète : Usibye ibya
padiri COMBLAIN wavuze, hari abantu baje kuguhatira nk’icyo wakora nyuma y’ibyo
wavuze ? Kuli wowe cyangwa se ku bandi ?
le témoin 44 : Undi
babwiye ni Scholastique nawe bamusabye kwandika nk’urwo rupapuro bansabye ariko
nawe ntabwo yabyemeye
L’Interprète : Oui, tel a
été aussi le cas à Scholastique. On lui a également demandé d’écrire le même
papier qu’on m’avait demandé d’écrire mais, elle aussi, a refusé du faire.
le témoin 44 : Abandi
bantu nahuye nabo, byaduteye ikibazo cyane tukimara kujya i Butare, banze ko
twinjira muri monastère.
L’Interprète : D’autres
personnes que j’ai rencontrées, ce qui nous a causé une grande difficulté à
notre arrivée à Butare, c’est qu’on nous a refusé d’entrer au monastère.
le témoin 44 : Gertruda
yavugaga ko monastère yahihaye abana bo muri « Terre des hommes » ko
tudafite uburenganzira bwo kwinjiramo,
L’Interprète : Gertrude
disait qu’elle avait donné le monastère aux enfants de « Terre des
hommes », que nous n’avions pas le droit d’y entrer.
le témoin 44 : Ubwo rero
rimwe, umunsi umwe twagiye twoherejwe na Musenyeri, tujyanye n’imodoka ye,
tugezeyo dusanga umudamu wakoraga yo,
L’Interprète : Alors, un jour,
nous sommes allées là-bas, envoyées par l’évêque, et dans la voiture de
l’évêque, là-bas, nous avons croisé une fille qui travaillait,
le témoin 44 : Twasanze
yabwiye abakozi gushyiraho barrieri, kugirango imodoka ya Musenyeri itinjira.
L’Interprète : Cette fille-là
qui travaillait avait dit aux ouvriers de dresser une barrière pour que la
voiture de l’évêque n’entre pas.
le témoin 44 : Ubwo rero
nyuma y’ibyo, l’évêque yanditse ibaruwa ibasaba yuko bagomba kuva muri
monastère kugirango imirimo ya hostiya ikomeze,
L’Interprète : Après, l’évêque
leur a dit de quitter le monastère pour que la fabrique des hosties puisse
continuer son fonctionnement.
le témoin 44 : Nyuma
yaho ibintu birakomera biba birebire. Abbé Nicolas w’i Maretsou yaje muri izo
nama.
L’Interprète : Après, la
situation s’est empirée et par exemple, l’abbé Nicolas de Maredsous a assisté à
ces réunions.
le témoin 44 : Hanyuma
bagerageza kubikemura, abana babaha igihe bazaviramo, natwe batubwira ko
dushobora gutangira tugakora, ariko byanyuze munzira ndende cyane.
L’Interprète : On a essayé
de résoudre ces problèmes-là, notamment fixer un délai à ces enfants pour
qu’ils évacuent les lieux. Ça a abouti, mais après plusieurs tracasseries.
Le Président : Autres
questions ?
Me. RAMBOER : Oui,
Monsieur le président. Ce n’est pas que des questions, en réalité je veux
revenir un peu en arrière, justement au tout début des événements. Donc, euh… le
18 avril, euh… donc, sœur Gertrude est partie pour Butare, euh… allée voir les
militaires à Butare, elle est revenue. Elle est revenue seule, elle est venue
avec des militaires, qu’est-ce qui s’est passé exactement à ce moment-là ?
le témoin 44 : Gertruda
ntabwo yazanye n’abasirikare, bo baje nyuma.
L’Interprète : Gertrude n’est
pas venue en même temps que les militaires ; ils sont venus après.
le témoin 44 : Kuko
bari, babaga bafite imodoka yabo.
L’Interprète : Car ils avaient
leur propre véhicule.
Le Président : Sont-ce les
militaires qui ont regroupé les réfugiés au centre de santé ?
L’Interprète : Abo ni
abasirikare bashyize, bakusanyije impunzi muri centre de santé ?
le témoin 44 : Hamwe
n’abapolisi.
L’Interprète : Oui, en compagnie
des policiers.
Le Président : A la demande de
sœur Gertrude ou de leur propre initiative ?
L’Interprète : Ari Gertrude
ubikoze cyangwa se aribo babyibwirije ?
le témoin 44 : Ntabwo
mbizi.
L’Interprète : Je ne sais pas.
Le Président : Une autre
question ?
Me. RAMBOER : Je vous
remercie, Monsieur le président.
Le Président : D’autres
questions ? Maître BEAUTHIER.
Me. BEAUTHIER : Une seule
question, Monsieur le président. J’imagine que dans la communauté, après les événements
du 22 avril, les sœurs n’étaient pas toutes sous le même diapason ; il y
avait des sœurs qui se taisaient, qui étaient tristes, c’est ce que le témoin a
dit, il y a d’autres sœurs qui, paraît-il, peut-elle le confirmer, se sont
réjouies ? Qu’a dit par exemple sœur Cécile, après le massacre du 22
avril ?
Le Président : Oui !
L’Interprète : Nyuma
y’ibyabaye ku itariki ya 26, ubwicanyi bwo kw’itariki ya 26 z’ukwa 4, hari
ababikira bicecekeye hakaba n’abandi bashimishijwe n’ubwo bwicanyi, wavuze ko watanga
nk’urugero rwa sœur Cécile ?
le témoin 44 : Oui, sœur
Cécile, ndabyibuka yabibwiye umubikira witwa Solange,
L’Interprète : Oui, je me
souviens, sœur Cécile l’a dit à une religieuse du nom de Solange,
le témoin 44 : Aravuga
ngo : « Ibikotanyi byose babyishe ».
L’Interprète : Elle lui a
dit : « Tous ces Inkotanyi ont été massacrés ».
le témoin 44 : Noneho
Solange nibwo yamubajije ati se, nabariya bana, harimo abaturanyi bose b’i
Sovu, ati nabo n’Inkotanyi ?
L’Interprète : Alors, sœur
Solange lui a demandé : « Et ces enfants-là dont nos voisins sont
aussi des Inkotanyi ? ».
le témoin 44 : Irindi
jambo Gertruda nawe yavuze ryerekanaga ko yishimye,
L’Interprète : Alors, un autre
mot qu’a prononcé Gertrude et prouvant sa réjouissance,
le témoin 44 : Yaravuze
ngo : « Abatutsi bari baracukuye ibyobo byo kurohamo abahutu »,
L’Interprète : Elle a
dit : « Les Tutsi avaient creusé des fosses dans lesquelles ils
allaient jeter les Hutu »,
le témoin 44 : Ngo none,
abahutu babatanze.
L’Interprète : Et maintenant,
les Hutu ont pris les devants.
le témoin 44 : Aho rero
ibyo yabivugaga ubona nawe yishimye ko bateguye ko bateguye umugambi mubi none
akaba aribo bawuguyemo.
L’Interprète : Visiblement, on
voyait qu’elle aussi, était contente que les autres avaient tendu un piège,
qu’ils venaient de… dans lequel ils venaient de tomber eux-mêmes…
[Interruption d’enregistrement]
Me. WAHIS : Je vous
remercie, Monsieur le président. Une première question au sujet du départ de la
paroisse de Ngoma, du 23 avril. Le témoin pourrait-elle nous confirmer, je
crois qu’elle l’a dit, je crois qu’elle faisait bien partie du premier convoi
ce jour-là ?
Le Président : Le témoin peut-il
confirmer qu’elle faisait partie du premier convoi qui a quitté Sovu le 23
avril, pour trouver refuge à Ngoma ?
L’Interprète : Wakwemeza ko
wari mu ya mbere, muri groupe ya mbere yavuye i Sovu ihungiye i Ngoma ?
le témoin 44 : Yego nari
muri groupe ya mbere alibwo Scholastique yasigaye i Sovu.
L’Interprète : Oui, je faisais
partie du premier convoi, mais sœur Scholastique était restée à Sovu.
le témoin 44 : Sœur
Scholastique yasigaye i Sovu, sœur Fortunata na Bénédicte, basigaye ari ababikira
batatu,
L’Interprète : Sœurs Fortunata
et Benedicte également, elles étaient à trois sœurs, à rester à Sovu.
le témoin 44 : Aribwo
rero Scholastique yasabye Gertruda ajyane n’uwo Chantal n’akana, akavuga ngo
nta muntu wundi ajyana, usibye ababikira gusa.
L’Interprète : Alors, c’est
dans ces circonstances que…
le témoin 44 :
Scholastique yaramusabye ngo ajyane na Chantal,
L’Interprète : …alors, c’est
dans ces circonstances que Scholastique a demandé à Gertrude de prendre aussi
Chantal et que Gertrude a refusé.
le témoin 44 : Yavuze ko
ajyana ababikira gusa nta bandi bantu agomba kujyana.
L’Interprète : Et qu’elle a
insisté sur le fait qu’elle ne prenait rien que des religieuses.
Le Président : Oui, une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, je vous
remercie, Monsieur le président. Le témoin nous a rappelé donc, que
lorsqu’elles étaient arrivées à la paroisse de Ngoma, des Interahamwe se sont
présentés et ont dit qu’ils voulaient tuer les Tutsi. Est-ce que le témoin
pourrait donner des précisions sur la manière dont on a réussi à repousser les
Interahamwe à ce moment-là ?
Le Président : Oui, le témoin
se souvient-il comment les Interahamwe, qui étaient venus menacer à la paroisse
de Ngoma, ont été repoussés ?
le témoin 44 : Bagendaga
padiri rimwe akabaha amafaranga,
L’Interprète : Des fois, le
prêtre leur donnait de l’argent,
le témoin 44 : Gertruda
rimwe nawe yatanze amafranga, cyangwa se kabiri simbyibuka neza, ariko nawe nzi
ko yatanze amafaranga
L’Interprète : Une fois ou
deux, je ne me souviens pas exactement, Gertrude a aussi donné de l’argent,
le témoin 44 : Hanyuma
Interahamwe ikagenda isohoka nyuma yaho hakinjira indi niyo mouvement twakomeje
kubamo iminsi yose.
L’Interprète : Alors, le
mouvement auquel nous assistions, c’est qu’un Interahamwe sortait et un autre
entrait, ainsi de suite.
Le Président : Oui, une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. Est-ce que le témoin a appris ce qui s’était passé à Sovu pendant
qu’elle était à Ngoma, c’est-à-dire le 23 et le 24 avril. Est-ce qu’elle a
appris quelque chose sur ce qui se serait passé au monastère de Sovu ?
Le Président : Trois
religieuses sont restées au monastère.
le témoin 44 : Oui.
Le Président : Ces trois
religieuses vous ont-elles appris quelque chose sur ce qui s’était passé au
monastère, le 23 et le 24, pendant que vous et d’autres étiez absentes ?
le témoin 44 :
Tugarutse, batubwiye ko REKERAHO yaje muri monastère.
L’Interprète : A notre retour,
elles nous ont dit que REKERAHO était venu au monastère,
le témoin 44 : Yaraje,
abara abantu bose bari bahari,
L’Interprète : Il est venu, et
il a compté les personnes qui se trouvaient là-bas.
le témoin 44 : Ikindi na
none abantu bari bishe kuri 22 bose, niwo munsi babahambye, babacukuriye ibyobo
byo kubarundamo.
L’Interprète : Alors, c’est ce
jour-là où on a creusé les tombes où ils ont mis tous ceux qui avaient été
assassinés, les fosses dans lesquelles ils ont mis les personnes qui avaient
été assassinées le 22.
le témoin 44 : Ni
ukuvuga ko rero REKERAHO liste y’abantu bari banditsweho bose bari i Sovu bose
yari ayifite mu ntoki, niwe wari wabanditse, abaza amazina yabo babandika,
L’Interprète : C’est ce qui prouve
que REKERAHO avait la liste de toutes les personnes qui se trouvaient à Sovu,
le témoin 44 : Ni nacyo
cyatumaga rero igihe Gertruda yadusabaga kubasohora twamubwiraga ko REKERAHO
arabazi, nta kibazo biteye igihe cyose azashakira azaza kubatwara,
L’Interprète : Ce qui nous
poussait à dire à Gertrude que quand elle venait nous obliger de les faire
sortir, que REKERAHO les connaissait, et qu’il pouvait venir les prendre quand
il avait envie du faire,
le témoin 44 : Ni uko
byari bimeze.
L’Interprète : Et c’est ainsi
que la situation se déroulait.
Le Président : Une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, une
dernière question, Monsieur le président. Nous savons qu’il y a eu des
élections en juillet 1993 pour désigner la nouvelle prieure du couvent. Est-ce
que le témoin peut nous dire si sœur Scholastique s’était présentée comme
prieure à cette élection ?
Le Président : Sœur
Scholastique était-elle candidate prieure, en juillet 1993 ?
L’Interprète : Mu kwa karindwi
kwa 93 sœur Scholastique nawe yariyamamaje kuba mukuru w’ikigo ?
le témoin 44 : Muri
monastère nta muntu wiyamamaza.
L’Interprète : Au monastère,
personne ne présente sa candidature.
le témoin 44 : Baratora
ababikira, uwo amajwi menshi aguyeho niwe uba prieure. Ariko nta wiyamamaza
kuba prieure. Cyangwa kuba umukuru wa monastère.
L’Interprète : Il n’y a pas de
présentation de candidature, les religieuses élisent seulement, et puis, celle
qui obtient le plus grand nombre de voix, devient supérieure.
le témoin 44 : Haba hari
umukuru w’umuryango abikurikira, icyo gihe rero bakora uko formulaires zibisaba
byose, ubwo ugize amajwi menshi niwe uba utowe, abandi bose baka… bagakomeza
programme.
L’Interprète : Le responsable
de la congrégation supervise les élections, et celle qui obtient le plus grand
nombre de voix devient supérieure.
Le Président : Est-ce que sœur
Scholastique avait obtenu des voix ?
L’Interprète : Hari amajwi sœur
Scholastique yagize ?
le témoin 44 : Ariko se,
ibi bambaza hari aho bihuriye na génocide ubundi ?
L’Interprète : Est-ce que les
questions que vous me posez ont un rapport avec le génocide ?
Le Président : Pas vraiment,
mais cela peut expliquer peut-être certaines choses. Donc, est-ce que sœur
Scholastique avait reçu un certain nombre de voix ?
L’Interprète : Ngo oya ariko
hari aho byaba bihuriye, ngo sœur Scholastique hari amajwi yagize ?
le témoin 44 : Kuko,
nababwiye ibibazo twagize muri génocide n’impapuro zanditswe, ibyo byose
birahari. Ibyerekeye amatora n’abasuperieure numva rwose ari ibintu biri ku
ruhande.
L’Interprète : Je vous ai parlé
des problèmes que nous avons rencontrés pendant le génocide et ce qui concerne
les supérieures et les voix, c’est un peu à côté.
le témoin 44 : None se,
wenda nanjye nabaza ikibazo nti Gertruda hari uwaba yaramubwiye kwandika
urwandiko rutanga abantu, hari umubikira waba yarabimubwiye cyangwa
waramufashije kurwandika ?
L’Interprète : Moi-même, je
pourrais poser une question. La lettre que Gertrude a écrite, laquelle lettre
livrait les gens, est-ce qu’une religieuse lui a demandé de l’écrire ?
Le Président : Moi, je repose
la question. Sœur Scholastique a-t-elle reçu des voix lors des élections, en
juin 1993 ?
L’Interprète : Arakubaza
ikibazo : muri juillet 93, sœur Scholastique hari amajwi yagize ?
le témoin 44 :
Yarayagize.
L’Interprète : Oui, elle en a
eu.
Le Président : D’autres
questions ? Maître VANDERBECK.
Me. VANDERBECK : Je vous
remercie, Monsieur le président. Ma question sera assez simple. Le témoin a été
entendu deux fois, si je ne m’abuse ; la première fois en 1995, et dans sa
déposition, en 95, lors de la commission rogatoire, elle ne parle que très peu
de sœur Kizito, en ne disant que deux choses : qu’elle est originaire de
Sovu et que ses frères sont Interahamwe, et que sœur Kizito, après le 6 mai,
serait venue quelques fois les prévenir que des attaques imminentes risquaient
d’assaillir le couvent. En juillet 1997, par l’intermédiaire de ses deux
avocats, Maître BEAUTHIER et Maître FERMON, le témoin a déposé plainte avec
constitution de partie civile, entre les mains d’un juge d’instruction, contre
sœur Kizito et sœur Gertrude et commence sa plainte en ces termes :
« Les faits que je dénonce sont les suivants… », et sur les 5 pages
de plainte qui seront certifiées chez le notaire, elle ne dit, à propos de sœur
Kizito, qu’une seule chose : que sœur Kizito aurait porté au bourgmestre,
la lettre que sœur Gertrude avait écrite le 5 mai. Alors aujourd’hui, le témoin
nous dit trois choses fondamentales dont, deux pour la première fois. Elle nous
avait déjà parlé, au mois de novembre 1999, devant les enquêteurs du TPI, de ce
que sœur Kizito aurait quitté le 22 avril - c’est la première fois qu’elle en
parlait - en cours d’après-midi, le couvent, où toutes les sœurs étaient en
train de prier, sans savoir où elle était allée ; elle l’a confirmé, je
pense, aujourd’hui, et aujourd’hui, elle nous dit, de surcroît, deux choses
dont elle n’a jamais parlé ; la première étant - et j’ai pris des notes
pour éviter de me tromper - que sœur Kizito, le 6 mai, aurait accompagné les
militaires dans les chambres des sœurs, ou les deux seuls militaires ou les
deux policiers dans les chambres des sœurs, afin de faire sortir l’ensemble des
personnes qui s’y trouvaient.
Et deuxième chose qu’elle nous dit pour la première fois
aujourd’hui, que sœur Kizito lui aurait dit qu’elle avait procédé au
recensement des populations réfugiées avant le 22 avril, c’est-à-dire avant les
massacres, en vue de leur apporter une aide. Alors, la seule question que je me
pose, c’est pourquoi, alors que précisément c’est contre seule sœur Kizito,
qu’elle se constitue partie civile, elle ne fait jamais état, au mois de
juillet 1997, de ces deux ou trois accusations fondamentales à l’égard de sœur
Kizito.
Le Président : Pourquoi ne pas
avoir parlé avant aujourd’hui de certaines choses, comme le déplacement de sœur
Kizito, le 22 avril ?
L’Interprète : Kuki hari ibyo
utavuze mbere, nk’ibyerekeye aho Kizito yagiye kuri 22 z’ukwezi kwa kane ?
Le Président : Ou la
circonstance que sœur Kizito aurait accompagné des militaires le 6 mai pour
vérifier dans les chambres s’il ne s’y cachaient pas des réfugiés ?
L’Interprète : Cyangwa se ngo
kera ku itariki ya 6 z’ukwezi kwa gatanu sœur Kizito yajyanye, yagiye nko mu
machambre kwerekana abantu bari bihishe ?
le témoin 44 : Icyo
navuga, nababwira ni uko tuvuga, dusubiza ibintu dukurikije ibyo batubajije.
L’Interprète : Tout ce que je
vous dirais, c’est que nous répondons suivant les questions qui nous sont
posées.
le témoin 44 : Oui,
nabiriya nabivuze kubera ko, bitewe n’ikibazo ambajije nkakimusubiza,
L’Interprète : Ce que j’ai dit,
peut-être que je l’ai dit suite à une question qui venait de m’être posée, à
laquelle j’ai répondu.
le témoin 44 : Hari
n’indi déclaration nakoranye n’abantu bo muri… ni Arusha ?
L’Interprète : Oui. Il existe
une autre déclaration que j’ai faite avec le Tribunal international à Arusha.
le témoin 44 : Bitewe
nawe nuko nawe yambazaga ibibazo byinshi, icyo gihe nayo yabaye nini,
nkamusubizaga nkurikije ibibazo agendaga ambaza.
L’Interprète : Vu que
l’enquêteur, lui aussi, me posait plusieurs questions, la déclaration a été
longue, suivant les questions qu’il me posait au fur et à mesure.
le témoin 44 : Kandi
ikindi nakongeraho ni uko ibintu byabaye muri génocide, udashobora
kubitondekanya byose, ngo kuva ku itariki ya mbere kugeza ku itariki ya 30 hose
nta na kamwe wibagiwe, ariko iyo bakubajije ikibazo ugerageza kugenda ubyibuka
ugasubiza.
L’Interprète : Je dirais aussi
que ce qui s’est passé pendant le génocide ne peut pas être relaté
chronologiquement, de façon exhaustive, disant telle date un tel événement ou
un tel s’est produit, sans sauter un point. Et alors, je réponds suivant les questions
qu’on pose.
Le Président : Oui, d’autres
questions ?
Me. VANDERBECK : Oui,
Monsieur le président. Si je comprends bien, le témoin nous dit que toutes les
questions n’étaient pas posées, mais le 29 juillet, lorsqu’elle rédige sa plainte
avec ses deux conseils, il n’y a aucune question qui lui est posée, c’est elle
qui raconte.
Le Président : Oui, mais ça
nous avons bien compris.
Me. VANDERBECK : Et
qu’est-ce qu’elle nous dit ? On lui pose pas les questions, mais elle nous
dit : « Les policiers sont montés dans les chambres et ont fait
sortir, avec les fusils, les membres de nos familles ». Pourquoi est-ce
qu’aujourd’hui elle nous dit que c’est sœur Kizito qui est montée avec des
policiers, dans les chambres pour faire sortir les membres de famille ?
Le Président : Y a-t-il un
motif particulier qui vous fait apporter cette précision aujourd’hui ?
L’Interprète : Ngo ubushize
ntabwo… wari waravuze ko abasirikare aribo bagiye bafite imbunda bakura abantu mu byumba byabo, ubu
ngubu uravuga ko ari Kizito wabajyanye. Hari impamvu ituma ubivuga ubu
ngubu ?
le témoin 44 : Oya nta
mpamvu ituma mbivuga ubu, niba icyo gihe ntarabivuze ni uko wenda
batabimbajije.
L’Interprète : Aucun motif
particulier. Si, à l’époque, je ne l’ai pas dit comme tel, comme je le dis
aujourd’hui, c’est qu’on ne me l’a pas demandé.
Le Président : Une autre
question ?
Me. VANDERBECK : Oui,
Monsieur le président, une dernière question au témoin. Dans sa plainte,
toujours cette fameuse plainte du 29 juillet, ainsi d’ailleurs que dans ses
déclarations, et aujourd’hui encore, je pense, le témoin fait part
d’accusations, enfin, en tout cas, de choses peu agréables à l’adresse de sœur
Cécile. Je crois que c’est sur questions de son conseil qu’elle a d’ailleurs
confirmé ce qu’elle pensait de sœur Cécile. Elle dira également dans sa plainte
que sœur Cécile aurait refusé de soigner les blessés qui se trouvaient au
centre de santé. Alors, ma question est toute simple : elle ne dit pas un mot
sur sœur Kizito, ou si peu, et dépose plainte contre elle ; elle émet deux
accusations précises contre sœur Cécile, et elle ne dépose pas plainte contre
elle. Pourquoi ne pas avoir déposé plainte également contre sœur Cécile ?
Le Président : Pourquoi ne pas
avoir déposé plainte contre sœur Cécile ?
L’Interprète : Kuki utareze
sœur Cécile ?
le témoin 44 : Oya sœur
Cécile ntabwo mufite muri dossier kumurega kuko, nimba ataravuye abantu bari
kuri centre, ntabwo abantu bari kuri centre bose mbazi ku buryo nabaregera.
L’Interprète : Je ne peux pas
porter plainte contre sœur Cécile puisque si elle n’a pas soigné les personnes
qui étaient au centre, je ne connais pas tout le monde qui était au centre pour
que je porte plainte à leur place.
le témoin 44 : Ariko
ndavugira kuri basaza banjye baguye i Sovu kuko, nibo nshobora guporeza
plainte, ntaho ubundi Cécile muri bo, ntawe yimye umuti yarwaye.
L’Interprète : Je porte plainte
pour mes deux frères qui étaient à Sovu, car personne d’entre mes deux frères
n’a été refusé par Cécile, des médicaments, quand ils étaient malades.
le témoin 44 : Gusa niba
naravuze wenda ko sœur Cécile yanze, yanze kuvura abantu, nabivuze bambajije
situation ukuntu yari imeze, mvuga ko sœur Cécile atatangaga umuti kuko byageze
n’igihe aravuga ngo : « Ese barabaha imiti bazishyura
iki ? ».
L’Interprète : Si j’ai parlé de
sœur Cécile, c’était par rapport à la description de la situation générale,
puisque je me souviens, un jour elle a dit : « Si on leur donne des
médicaments, de quoi vont-ils payer les frais médicaux ? ».
Le Président : Une autre
question ? Maître WAHIS.
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. Dans sa déclaration en commission rogatoire, le témoin nous dit
que les Interahamwe avaient, jusqu’au 22 avril, encerclé le monastère et le
centre de santé, je suppose. Est-ce qu’elle peut nous préciser, si elle-même,
en sa qualité de sœur Tutsi, n’a plus pu, à partir du 18 avril, quitter le
monastère pour se rendre au centre de santé ou est-ce qu’elle pouvait circuler
librement et aller au centre de santé ?
le témoin 44 : Njye
ntabwo nashoboraga kujya kuri centre de santé, nabireberaga muri hôtellerie
hari étage, washoboraga kubona ibisirikira autour, ariko centre de santé ntabwo
uba uyibona neza.
L’Interprète : Il m’était
impossible de me rendre au centre de santé, je suivais la situation de
l’hôtellerie et on ne voit pas bien le centre de santé.
le témoin 44 : Ariko
Interahamwe zabaga zimanuka ziva kuri colline zigana kuri centre de santé,
twarazibonaga uko zamanukaga.
L’Interprète : Mais quand les
Interahamwe descendaient de la colline vers le centre de santé, nous les
voyions.
Le Président : Une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. En ce qui concerne le riz fourni par le témoin 110, le témoin
précise que Laurien a apporté le riz pour les réfugiés et l’a déposé au centre
de santé, qu’il l’a donné à sœur Gertrude qui l’a enfermé dans le magasin du
centre de santé. Alors, comment est-ce qu’elle le sait puisque, apparemment,
elle n’était pas au centre de santé ?
Le Président : Oui.
L’Interprète : Ntabwo wari kuri
centre de santé kandi ngo uravuga ko ubwo Laurien yazanaga umuceri yawujyanye
kuri centre de santé, noneho sœur Gertrude akawufungirana akajyana imfunguzo,
wabibonye ute utari kuri centre de santé ?
le témoin 44 :
Icyabimbwiye n’impunzi zawupakuruye, bari batarabica, impunzi zawupakuruye
ubwabo, bari bazi… bazaga gusaba urufunguzo hamwe n’ibindi bintu bari bafiteyo
kugirango bashobore kuwuteka urufunguzo ntibarubahe.
L’Interprète : Ceux qui me
l’ont appris, ce sont les réfugiés qui avaient déchargé le riz, ils n’avaient
pas encore été assassinés, alors, ils venaient chercher la clé qu’ils ne
recevaient pas.
Le Président : Une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. En ce qui concerne la journée du 22 avril, aujourd’hui le témoin
nous a dit qu’à un moment donné, sœur Kizito et sœur Gertrude sont sorties de
la salle dans laquelle se trouvaient les sœurs et les personnes réunies en
session, elle ne pouvait pas aujourd’hui préciser l’heure. Cependant, dans la
déclaration auprès du TPIR, elle est nettement plus précise, c’est une
déclaration du 4 décembre 98 et elle dit ceci : « Vers les 16h00 ou
17h00, j’ai vu sœur Kizito sortir de la salle où nous étions rassemblées pour
prier. Je ne sais pas où elle est allée, elle n’est pas revenue », etc.
Est-ce qu’elle peut nous confirmer aujourd’hui, que c’est bien vers 16h00 ou
17h00 que sœur Kizito est sortie de cette salle ?
le témoin 44 : Mais,
quand je dis « vers » ce n’est pas fixer la date… non, ce n’est pas
fixer l’heure.
Me. WAHIS : Donc moi, je
note vers 16 ou 17h00 et on en tirera ce qu’il faut. En ce qui concerne la
journée du 23 avril, Monsieur le président, le témoin nous dit qu’elle est
partie avec le premier convoi vers Ngoma en compagnie d’ailleurs de sœur
Kizito. Elle est plus précise dans ses déclarations, elle dit qu’elle a quitté
Sovu vers 6h00 du matin avec ce premier convoi. Est-ce qu’elle peut, dès lors,
confirmer que sœur Kizito est bien partie avec elle à partir de 6h00 du matin,
le 23 avril, et que sœur Kizito n’est revenue à Sovu que le 24 avril, dans la
soirée, en même temps que les autres sœurs ?
Le Président : Oui, pouvez-vous
confirmer cela ?
le témoin 44 : Vous
pouvez encore poser la question ?
Le Président : Est-ce que sœur
Kizito est partie le 23, vers 6h00 du matin, de Sovu pour Ngoma, avec
vous ?
L’Interprète : Mu
masaa kumi, kuri 23 mu ma saa…
le témoin 44 : Oui,
yego, yari ari kumwe natwe.
L’Interprète : Oui, elle était
avec nous.
Le Président : Est-ce qu’elle
est bien revenue le 24, dans la soirée, avec vous ?
L’Interprète : Mukaba
mwaragarukanye bukeye, kuri 24 ku mugoroba ?
le témoin 44 :
Twaragarukanye.
L’Interprète : Oui, nous sommes
revenues ensemble.
Le Président : Une autre
question ? Y a-t-il encore des questions ? Les parties sont-elles
d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, persistez-vous dans vos
déclarations ?
L’Interprète : Uremeza ibyo
umaze kuvuga ? Uracyabihamya ?
le témoin 44 :
Ndabihamya.
L’Interprète : Oui, je
confirme.
Le Président : Le témoin peut
disposer de son temps, mais doit administrativement rester à la disposition de
la Cour jusqu’à son retour au Rwanda.
L’Interprète : Ushobora
kwigendera ariko ukaba ukiri mu maboko y’ubucamanza ku birebana na za
formalités z’urugendo n’iki, kugeza igihe uzasubirira mu Rwanda.
le témoin 44 : Merci.
Le Président : La Cour la
remercie pour son témoignage.
L’Interprète : Urukiko
ruragushimiye.
le témoin 44 : Barakoze.
L’Interprète : Elle vous
remercie également.
Le Président : Bien, nous
allons suspendre l'audience un quart d’heure, nous en aurons certainement
aujourd’hui jusqu’à 18h30, tout ça à cause de la S.N.C.B. |