8.6.8. Audition des témoins: le témoin 79
Le Président : Monsieur l’interprète,
voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?
L’Interprète : Vuga amazina yawe
yombi.
le témoin 79 : le témoin
Veneranda.
L’Interprète : le témoin 79.
Le Président : Quel est son
âge ?
L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?
le témoin 79 : 53.
L’Interprète : 53 ans.
Le Président : Quelle est
sa profession ?
L’Interprète : Umwuga wawe ?
Icyo ukora ?
le témoin 79 : Umuhinzi
kwa KAREKEZI Emmanuel.
L’Interprète : Umwuga, umwuga
wawe.
le témoin 79 : Ndi
umuhinzi njyewe.
L’Interprète : Cultivatrice.
Le Président : Quelle est
sa commune de résidence ?
L’Interprète : Komine
utuyemo ?
le témoin 79 : Ni
Huye, muri sekteri ya Sovu.
L’Interprète : Commune de Huye,
secteur Sovu.
Le Président : Connaissait-elle
les accusés avant le mois d’avril 1994 ?
L’Interprète : Abaregwa wari ubazi
mbere y’ukwezi kwa kane muri 94 ?
le témoin 79 : Abo
ndega, ndabazi.
L’Interprète : Ceux que j’accuse,
je les connais.
Le Président : Sœur Kizito
et sœur Gertrude ?
L’Interprète : Kizito na Gertruda ?
le témoin 79 : Ni
Kizito na Gertruda, nibo ndega.
L’Interprète : Oui, c’est Kizito
et Gertrude que j’accuse.
Le Président : Est-elle de
la famille des accusés, ou des gens qui réclament des dommages et intérêts aux
accusés ?
L’Interprète : Hari isano ufitanye
mu muryango n’abaregwa cyangwa se isano ufitanye mu muryango n’abaregera indishyi ?
le témoin 79 : Isano ?
L’Interprète : Isano, icyo mupfana
mu muryango.
le témoin 79 : Ku
baregera indishyi ?
L’Interprète : Cyangwa n’abaregwa.
le témoin 79 : Abaregera
indishyi dufite icyo dupfana.
L’Interprète : Oui, j’ai une relation
avec ceux qui demandent des dommages et intérêts.
Le Président : Oui, elle
est quoi ?
L’Interprète : Mupfana iki ?
le témoin 79
: Abaregera indishyi, abana, ndi nyina wabo.
L’Interprète : Je suis la mère
des enfants qui réclament des dommages et intérêts.
Le Président : Ca ne pose
de toute façon pas de problème, la parenté avec les parties civiles. Est-ce
qu’elle travaille pour les accusés ou pour les parties civiles, ceux qui réclament
des dommages et intérêts, pour ses enfants, j’imagine ? Un contrat de travail,
hein, un contrat de travail ?
L’Interprète : Hari akazi ukorera
abo baregwa, cyangwa se abaregera indishyi, akazi ubakorera baguhembera ?
le témoin 79 : Abaregera
indishyi, akazi mbakorera, cyereka kubahingira mbagaburira, n’abana banjye nta
kindi.
L’Interprète : A part que ceux
qui demandent des dommages et intérêts sont mes enfants, alors je cultive pour
les nourrir.
Le Président : Bien,
voulez-vous bien l’inviter à lever la main droite,
L’Interprète : Zamura ikiganza
cy’iburyo,
Le Président : Et à
prêter le serment de témoin,
L’Interprète : Noneho
urahire indahiro y’abatanga ubuhamya, ndibubisubiremo.
Le Président : Vous
pouvez lui lire, si elle ne sait pas lire, hein.
L’Interprète : Ndahiriye kuvuga
ukuri gusa,
le témoin 79 : Ndahiye
kuvuga ukuri gusa,
L’Interprète : Nta rwango,
le témoin 79 : Nta
rwango mfite, nta rwango,
L’Interprète : Nta mususu.
le témoin 79 : Nta
mususu.
L’Interprète : Je jure de parler
sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Je vous remercie,
vous pouvez vous asseoir près du témoin. Madame, pouvez-vous expliquer à quelle
date vous êtes allée vous réfugier au monastère de Sovu ?
L’Interprète : Wasobonura
igihe, itariki wahungiriyeho mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?
le témoin 79 : Aho
nzi ni ku itariki 8.
L’Interprète : Je me suis réfugiée
le 8 avril.
Le Président : Le 8 ou le
18 ?
le témoin 79 : Ndumva
ko ari itariki 8, niyo nibuka, niba aribyo mu matariki, sinzi…
L’Interprète : Elle dit :
« Moi, je ne sais pas lire, j’apprends qu’il s’agit du 8, c’est ce que
je me rappelle, je ne sais pas si c’est ça ».
Le Président : Avec qui a-t-elle
été se réfugier, de sa famille en tout cas ?
L’Interprète : Mu muryango wawe
mwahunganye na nde ?
le témoin 79 : Nahunganye
n’abana n’umugabo.
L’Interprète : Je me suis réfugiée
avec les enfants et mon mari.
Le Président : Combien y
avait-il d’enfants ?
L’Interprète : Hari abana bangahe ?
le témoin 79 : Nari
mfite abana 9.
L’Interprète : J’avais 9 enfants.
Le Président : A Sovu, quels
sont les membres de sa famille qui ont été tués ?
L’Interprète : Abantu bo mu muryango
wawe biciye i Sovu n’abahe ?
le témoin 79 : Ni
57 mu muryango wanjye.
L’Interprète : 57 membres de ma
famille.
Le Président : Son mari a-t-il
été tué ?
L’Interprète : Umugabo wawe yarishwe ?
le témoin 79 : Yarishwe
nawe azize itsemba z’ubwoko.
L’Interprète : Oui, lui aussi,
il a été tué à cause du génocide.
Le Président : Combien de
ses enfants ont été tués ?
L’Interprète : Abana bawe bishwe
ni bangahe ?
le témoin 79 : Abapfuye
ni batandatu.
L’Interprète : Ceux qui sont morts
sont au nombre de 6.
Le Président : Se souvient-elle
si elle a pu rentrer dans le monastère lui-même, dans le couvent ?
L’Interprète : Uribuka niba ubwawe
warigeze winjira mu kigo cy’ababikira imbere ?
le témoin 79 : Ndabyibuka
ko nakinjiye imbere, mbere ya kiriziya.
L’Interprète : Je me souviens
que j’ai pu entrer dedans, devant l’église.
Le Président : Se souvient-elle
si elle a dû se rendre, à un moment donné, au centre de santé ?
L’Interprète : Uribuka niba warigeze
ujya ku ivuriro ?
le témoin 79 : Ndibuka
yuko ku ivuriro ariho batumanuye, ariho twahungiye.
L’Interprète : Je me souviens
qu’ils nous ont amenés au centre de santé, que c’est là-bas où nous nous sommes
réfugiés.
Le Président : Est-ce qu’elle
se souvient de qui a pris la décision de les envoyer au centre de santé ?
L’Interprète : Uribuka umuntu
wafashe icyemezo cyo kubohereza ku ivuriro ?
le témoin 79 : Ndibuka
umuntu wafashe icyemezo cyo kutwohereza ku ivuriro, uwo bitaga mama Kizito.
L’Interprète : Je me souviens
que la personne qui a pris la décision de nous envoyer au centre de santé, c’est
celle qu’on appelait sœur Kizito.
Le Président : Des militaires
sont-ils intervenus pour l’obliger à aller au centre de santé ?
L’Interprète : Hari abasirikare
baje kugirango babahatire kujya ku ivuriro ?
le témoin 79 : Babazanye
ari benshi mu modoka.
L’Interprète : Ils les ont amenés
en grand nombre dans un véhicule.
Le Président : Se souvient-elle
si, lorsqu’elle était… pendant le temps où elle était réfugiée au couvent et
au centre de santé, si elle a reçu de la nourriture de la part du couvent ?
L’Interprète : Uribuka niba, igihe
mwari mwarahungiye mu babikira, cyangwa se igihe mwari ku ivuriro hari ibiryo
mwahawe n’ikigo cy’ababikira ?
le témoin 79 : Nta
nakimwe, habe n’amazi yo kunwa.
L’Interprète : Non, même pas de
l’eau pour boire.
Le Président : Sait-elle
pourquoi elle n’a pas reçu de nourriture et pas reçu d’eau ?
L’Interprète : Waba uzi icyatumye
udahabwa ibyo kurya, ntuhabwe n’amazi ?
le témoin 79 : Ni
uko bari abatutsi. Njyewe nuko nari umututsi, nicyo cyatumye ntabona amazi yo
kunwa.
L’Interprète : C’est parce que
j’étais Tutsi, c’est pour cela que je n’ai pas reçu de l’eau à boire.
Le Président : Est-ce qu’elle
sait qui a pris la décision de ne pas donner à manger et à boire ?
L’Interprète : Uzi uwafashe ikemezo
cyo kubima ibiryo n’amazi ?
le témoin 79 : Ni
Gertruda na Kizito.
L’Interprète : Sœurs Gertrude
et Kizito.
Le Président : Lorsque le
centre de santé a été attaqué, est-ce qu’elle a reconnu qui donnait les ordres
de l’attaque ?
L’Interprète : Ubwo ivuriro ryaterwaga,
waba waramenye uwatanze amategeko yo gutera ivuriro ?
le témoin 79 : Abatanga
amategeko yo gutera ivuriro bari Gertruda, REKERAHO na Kizito.
L’Interprète : Les personnes qui
ont donné l’ordre d’attaquer le centre de santé, c’étaient Gertrude, REKERAHO
et Kizito.
Le Président : Est-ce qu’il
y avait, parmi les chefs, un certain le témoin 151 ?
L’Interprète : Mu bayobozi harimo
uwitwa le témoin 151 ?
le témoin 79 : Muri
icyo gitero, mu bayobozi bo muri icyo gitero bayobora, ntawe nabonye, ntabwo
mbizi sinigeze mubona njyewe.
L’Interprète : Parmi les chefs
de cette attaque, il n’y avait pas le témoin 151, je ne l’ai pas vu moi-même, je ne
sais pas.
Le Président : Est-ce qu’elle
a vu, parmi les chefs ou parmi les attaquants, Gaspard RUSANGANWA ?
L’Interprète : Mu bayobozi b’icyo
gitero cyangwa se mu bari bakirimo ubwabo, waba warabonyemo Gaspard RUSANGANWA ?
le témoin 79 : Ni
nawe ngombwa wari ufite n’impapuro, ariwe Kizito yazohererezaga.
L’Interprète : C’est lui-même
la clé de ça, puisque c’est lui qui avait les papiers, c’est lui qui recevait
ces papiers des mains de Kizito.
Le Président : C’était quoi,
les papiers ?
L’Interprète : Izo mpapuro zari
bwoko ki, zari mpapuro ki ?
le témoin 79 : N’izari
zanditsweho abatutsi bagombaga gupfa.
L’Interprète : Ce sont les papiers
sur lesquels étaient écrits les noms des Tutsi qui devaient mourir.
Le Président : Est-ce qu’on
n’avait pas fait remplir les papiers en disant que c’était pour obtenir de la
nourriture ?
L’Interprète : Ntabwo
mukwandikisha izo mpapuro, ntabwo bazandikishaga bavuga yuko ari ukugirango
batange ibiryo ?
le témoin 79 : Oya,
kwandikisha izo mpapuro, wari umubare wo kuzuza, wo kumenya umubare w’abagomba
gupfa.
L’Interprète : Non. C’était une
façon de connaître le nombre de ceux qui devaient mourir.
Le Président : Est-ce qu’elle
s’est réfugiée avec son mari et ses enfants dans le garage du centre de santé ?
L’Interprète : Wowe ubwawe n’umugabo
wawe, n’abana bawe, mwahungiye mu igaraji aho bashyiraga imodoka, mu ivuriro ?
le témoin 79 : Twese
niho twari turi n’abana bose.
L’Interprète : Oui, nous tous,
nous étions dedans, et tous les enfants.
Le Président : Qu’est-ce
qui s’est passé au garage ?
L’Interprète : Mu igaraji byagenze
bite, habaye iki ?
le témoin 79 : Mu
igaraji harimo abantu benshi.
L’Interprète : Au garage, il y
avait plusieurs personnes.
le témoin 79 : Ubwo
muri iryo garaji harimo abantu benshi,
L’Interprète : Alors, dans ce
garage, il y avait beaucoup de gens,
le témoin 79 : Ubwo
Kizito aza kumanuka na Gertruda,
L’Interprète : Alors, Kizito est
descendue, elle et Gertrude,
le témoin 79 : Ubwo
bamaze kumanuka baza kureba ahantu, hari ahantu mu igaraji harimo akantu k’akenge
gatoya,
L’Interprète : Après qu’elles
aient descendu, elles sont venues voir dans le garage, là où il y avait une
petite brèche,
le témoin 79 : Ubwo
baza kuvuga bati : « Nyamara hano n’ubwo twavugaga ngo za nzoka zashize
ziracyarimo ! ».
L’Interprète : Et elles ont dit
alors que nous disions, à tort, que ces serpents sont finis, et ils sont
toujours dedans.
le témoin 79 : Ubwo
nibwo bazamutse bagasubira ku kiriziya.
L’Interprète : Alors, à ce moment-là,
elles ont monté pour retourner en haut à l’église.
le témoin 79 : Ubwo
bageze ku kiriziya, mu kanya gato baba baramanutse.
L’Interprète : Après leur arrivée
à l’église et après un bref instant, elles sont revenues.
le témoin 79 : Ubwo
baba bafite ubujerikane bahamagara umuhungu BYOMBOKA,
L’Interprète : Alors, à ce moment-là,
elles avaient des petits jerricanes et elles ont appelé un garçon du nom de
BYOMBOKA,
le témoin 79 : Ubwo
basukayo lisansi baba barahatwitse.
L’Interprète : Alors, elles ont
versé de l’essence et ainsi elles ont incendié.
le témoin 79 : Ubwo
muri iryo garaji havuyemo umwana Seraphina MUKAMANA.
L’Interprète : Alors, de ce garage
est sortie une enfant du nom du témoin 71.
le témoin 79 : Aho
aba ariho bamukubita ntampungano y’umwanzi hano mu gahanga, ishoka hano inyuma
y’umutwe,
L’Interprète : A sa sortie, on
lui a assené un coup de gourdin au front et puis un coup de hache du côté derrière
de la tête.
le témoin 79 : Ubwo
uwo mwana amaze kuvamo, ubwo akaba arapfuye mu kanya gato agwa mu ntumbi aho
barasa mu kigo imbere. Hari undi mfite wari uri mu kigo imbere na none ku mbuga
bari barashe amasasu hano,
L’Interprète : Alors, cet enfant-là
est tombé morte, et puis, il y avait un autre qui était à la cour, et qui avait
reçu des balles au bras,
le témoin 79 : Ubwo
hano, ararashwe hano gutya,
L’Interprète : Il a encore reçu
des balles au niveau des épaules,
Veneranda le témoin : Ubwo
birarangiye, umugabo umaze kubakuramo,
L’Interprète : Après les deux,
le témoin 79 : Ubwo
hashize iminsi haza kuza ikintu cy’ihumure,
L’Interprète : Les jours passèrent,
et il y a eu une sorte d’accalmie.
Veneranda le témoin : Bavuga bati : « Ihumure rirabonetse
nimwu-namure icumu ».
L’Interprète : Alors, on a dit :
« Maintenant, la paix revient, cessez les tueries ».
le témoin 79 : Ubwo
nza kujyana na Gaspari RUSANGANWA, araza asanga aho nzingamiye,
L’Interprète : Alors, je suis
partie avec Gaspard RUSANGANWA qui m’a trouvée là, où je ne pouvais plus bouger.
le témoin 79 : Ubwo
nari nambaye ubusa,
L’Interprète : A ce moment-là,
j’étais nue.
le témoin 79 : Ubwo
nza kumubwira nti : « Wansabiye Gertruda na Kizito imyenda yanjye
iri mu ivalisi iri iwabo twabitsemo, MPAMBARA yahashyize ? ».
L’Interprète : Je lui ai dit alors :
« Est-ce que tu ne peux pas demander mes habits à Kizito et Gertrude, mes
habits qui se trouvent dans ma valise que MPAMBARA y a laissée ? ».
le témoin 79 : Ubwo
aza kumbwira ati : « Ngwino bajye kuyigusabira ».
L’Interprète : Alors, il m’a dit :
« Viens, qu’on te les demande ».
le témoin 79 : Ubwo
maze kumugera imbere ya Kizito,
L’Interprète : Alors, quand je
suis arrivée en face de Kizito,
le témoin 79 : Ubwo
aza kubwira RUSANGANWA ati : « Iki kintu uzanye hano ni igiki ? ».
L’Interprète : Elle a dit à RUSANGANWA :
« Cette chose-là que tu amènes ici, c’est quoi ? ».
le témoin 79 : Ubwo
ati : « Iki ngiki si ikitso ? ».
L’Interprète : Elle
a dit : « Est-ce que cette chose-là n’est pas complice ? ».
le témoin 79 : Ubwo
nibwo yavuze ati : « Hamagara MVOKA aze akice ». Kizito yaravuze
ngo nahamagare MVOKA aze akice.
L’Interprète : Alors, Kizito a
dit qu’on appelle MVOKA pour qu’il vienne me tuer.
le témoin 79 : Ubwo
abwira Gasipari ati : « Wowe uri umusazi ».
L’Interprète : Alors, elle a dit
à Gaspard : « Toi, tu es fou ».
le témoin 79 :
Ubwo, amaze kubwira Gasipari,
L’Interprète : Après avoir dit
ça à Gaspard,
le témoin 79 : Ubwo
nibwo yamubwiye ati : « Ibyo aribyo byose genda unshakire REKERAHO,
L’Interprète : Elle lui a dit :
« De toutes les façons, va me chercher REKERAHO,
le témoin 79 : Aze
ankize, ankuriremo biriya bikoko biri mu nzu by’inzoka ».
L’Interprète : Qu’il vienne dégager
ces bêtes, ces serpents qui se trouvent dans cette maison ».
le témoin 79 : Ubwo
nibwo yamaze kubakuramo,
L’Interprète : Ainsi, après les
avoir fait sortir,
le témoin 79 : Ndibagiwe
ariko mumbabarire, ndibagiwe gato,
L’Interprète : J’ai un petit trou
de mémoire, excusez-moi.
le témoin 79 : Ubwo
nibwo batumye kuri REKERAHO,
L’Interprète : Alors, on a envoyé
chercher REKERAHO.
Veneranda le témoin : Ubwo
nibwo bakuyemo umugabo SEBUHIN-YORI, bakuramo umugabo Siriro.
L’Interprète : Alors, on a fait
sortir un homme du nom de SEBUHINYORI et un homme du nom de Cyrille.
Veneranda le témoin : Ubwo
hakaba harimo n’umugabo MUNYAKA-YANZA na MPAMBARA, bose bari abakozi le témoin 2,
L’Interprète : Parmi
ces personnes-là, il y avait MPAMBARA et MUNYAKAYANZA qui étaient leurs ouvriers.
le témoin 79 : Ubwo
abo bantu barabara numva yuko ngo bari abantu 80,
L’Interprète : Alors, les gens
furent comptés et j’ai appris qu’ils étaient au nombre de 80,
le témoin 79 : Ibyo
nabashije kubona ni ibyo.
L’Interprète : Ce que j’ai pu
voir, c’est ça.
Le Président : A-t-elle vu,
de ses yeux vu, sœur Kizito et sœur Gertrude apporter de l’essence ?
L’Interprète : Wowe ubwawe, mu
maso yawe wiboneye Kizito na Gertruda bazanye lisansi ?
le témoin 79 : Narabiboneye
ku maso yanjye, hari ku manwa.
L’Interprète : Je les ai vues
de mes propres yeux, il faisait jour.
Le Président : Toutes les
deux ?
L’Interprète : Bombi uko ari babiri ?
le témoin 79 : Narabiboneye,
hari ku manwa, izuba ryaravaga.
L’Interprète : Je les ai vues
moi-même, c’était la journée, le soleil brillait.
Le Président : Se souvient-elle
de la couleur des bidons dans lesquels l’essence se trouvait ?
L’Interprète : Uribuka amabara
y’ubujerikani lisansi yarimo ?
le témoin 79 : Mu
by’ukuri, urabona, imbere baratemaga, inyuma baratemaga, mu kuboko baratemaga,
mu buryo baratemaga. Ntabwo numva, nibuka uko isa, ko yera cyangwa itera. Icyo
nzi n’ubujerikani 2.
L’Interprète : En réalité, on
découpait les gens à gauche, on découpait les gens à droite, on découpait les
gens devant, on découpait les gens derrière, on découpait sur les bras, on découpait
partout. Je ne me souviens pas si c’étaient des petits jerricanes blancs ou
pas. Tout ce que je me souviens c’est que c’étaient des petits jerricanes.
Le Président : Est-ce que
Gertrude, sœur Gertrude et sœur Kizito ont versé elles mêmes l’essence ou, est-ce
qu’elles l’ont donnée à quelqu’un qui a versé l’essence ?
L’Interprète : Gertruda na Kizito
bo ubwabo bisukiye lisansi cyangwa se bayihaye undi muntu ngo ayisuke ?
le témoin 79 : Gertruda…
bo bisukiye lisansi bayi…
L’Interprète : Oui, elles ont
versé elles-mêmes.
le témoin 79 : Bisukiye
lisansi BYOMBOKA niwe wazanye igishangari cy’inturusu.
L’Interprète : Elles ont versé
elles-mêmes car BYOMBOKA, c’est lui qui a amené une branche sèche d’eucalyptus.
Le Président : A-t-elle été
interrogée plusieurs fois à propos de ce qui s’était passé à Sovu ?
L’Interprète : Hari ubwo abantu
bakubajije inshuro nyinshi ku byabereye i Sovu ?
Veneranda le témoin : Barambajije,
Kuva intambara irangira barambajije.
L’Interprète : Oui, on m’a interrogée
depuis la fin de la guerre, on m’a interrogée.
Le Président : A-t-elle toujours
dit la même chose ?
L’Interprète : Icyo gihe cyose
wabazwaga wagendaga usubira mu bintu bimwe ?
le témoin 79
: Hari ibyo navugaga bitari byo,
L’Interprète : Il y en a que je
disais qui n’était pas vrai.
le témoin 79 :
Hari ibyo navugaga biri byo,
L’Interprète : Il y en a que je
disais qui était vrai.
le témoin 79 : Hari
nibyo navugaga nkabona, nkavuga nti bariya ni nk’abaza kunshuhurira yenda ni
ukumvugisha ibintu nka bene ibyo ngibyo. Kandi nk’abashaka kundiza.
L’Interprète : Je disais qu’il
y a aussi que je disais, en me disant que ces gens-là sont des personnes qui
viennent me narguer en quelque sorte, qui viennent seulement pour me faire pleurer
uniquement.
Le Président : Et aujourd’hui,
ce qu’elle dit, c’est la vérité vraie ?
L’Interprète : Ibyo uvuga ubu
ngubu byo ni ukuri nya kuri.
le témoin 79 : Ni
ibyange niboneye n’amaso ku giti cyange.
L’Interprète : C’est ce que j’ai
vu moi-même de mes yeux, de mes propres yeux.
Le Président : Ce n’est donc
pas quelque chose que quelqu’un d’autre lui a raconté ?
L’Interprète : Ni ukuvuga ko atari
ibintu undi muntu yaba yarakubwiye ?
le témoin 79 : Ntawabinyongoreye,
nijye wabyiboneye ku maso yanjye.
L’Interprète : Personne ne me
l’a murmuré, c’est moi-même qui l’ai vu de mes propres yeux.
Le Président : Y a-t-il des
questions à poser au témoin ?
Me. de CLETY : Au moment,
Madame, de la scène qui se passe avec la sœur Marie Kizito et où elle fait appeler
REKERAHO, vous n’avez pas été jusqu’à dire ce qui s’est passé après et comment
vous avez survécu, comment vous vous en êtes sortie vivante ?
L’Interprète : Ubwo Kizito, byabaga
icyo gihe, ubwo Kizito yahamagazaga REKERAHO, ntabwo wasobanuye neza uko byaje
kukugendekera n’uburyo warokotsemo.
le témoin 79 : Icyo
gihe yahamagazaga REKERAHO, njyewe naseseye ahantu mu rugandi rwo haruguru ya
centre de santé, niho naseseye jyewe mu rugo, mu kigo, urugo nyine rwubatse.
L’Interprète : A ce moment-là,
moi, je me suis faufilée à travers une clôture du centre de santé.
Le Président : N’était-ce
pas plutôt au couvent que ça se passait ?
L’Interprète : Ntabwo ubwo se
ahubwo byabereye mu kigo cy’ababikira ?
le témoin 79 : Byari
kuri centre. Ibyo navuze n’ibyo kuri centre, nibyo mvuga.
L’Interprète : C’était au centre,
ce que je suis en train de dire, et c’est ce qui s’est passé au centre.
Le Président : D’autres questions ?
Maître JASPIS.
Me. JASPIS : Je vous remercie,
Monsieur le président. Je pense que nous sommes tous assez frappés par les difficultés
d’expression du témoin et surtout par le fait qu’elle fait assez difficilement
les liens entre les différentes séquences de ce qui s’est passé, sur plusieurs
jours et même sur une journée. Est-ce que le témoin pourrait nous préciser un
petit peu davantage le nombre de personnes qui l’ont déjà interrogée sur ces
événements, et si elle avait conscience de qui étaient ces personnes ?
Qui est-ce qui est passé si souvent à Sovu depuis la fin de la guerre ?
Qui lui, leur a posé toutes ces questions ? Quelle conscience en avait-elle ?
Enfin, vous le reformulerez certainement beaucoup mieux que moi, si vous voulez
bien.
Le Président : Le témoin
a déjà dit qu’elle avait été interrogée de multiples fois depuis la fin de la
guerre, hein.
Me. JASPIS : Si vous le souhaitez,
je peux vous préciser le sens de ma question, Monsieur le président. J’ai le
sentiment, à travers ce qu’on nous a dit hier et ce qu’on entend maintenant,
qu’il y a une confusion totale pour les témoins, entre les journalistes, les
représentants d’ONG, les représentants du TPIR, les représentants des juridictions
rwandaises, des juridictions étrangères et qu’il y a là un phénomène sur lequel
il faudra revenir d’ailleurs peut-être plus en détail à l’avenir, qu’il serait
peut-être intéressant de connaître un peu plus concrètement pour le jury.
Le Président : Madame, lorsque
les gens venaient vous interroger depuis la fin de la guerre, saviez-vous qui
étaient ces gens ?
L’Interprète : Ubwo abantu bazaga
kukubaza kuva intambara yarangira, abo bantu bakubazaga waba uzi abo aribo ?
le témoin 79 : Mubyo
ukuri, bantu bazaga icyo gihe intambara irangira, abantu bakunze kumbaza harimo
abanyarwanda,
L’Interprète : En fait, les gens
qui n’ont pas cessé de venir m’interroger depuis la fin de la guerre, parmi
ces personnes, étaient des Rwandais,
le témoin 79 : Ariko
abantu benshi bagumye kumbaza njyewe nabonaga ari abazungu.
L’Interprète : Mais surtout des
personnes qui m’ont beaucoup interrogée c’étaient surtout des blancs.
le témoin 79 : No
kuri parquet i Butare barambazaga, iwacu Butare muri Huye.
L’Interprète : Même au parquet
à Huye, à Butare, chez nous, on m’a souvent interrogée.
le témoin 79 : No
kuri parquet hose, amadosiye yanjye hose ntaho atari.
L’Interprète : Au parquet, partout,
mes dossiers se trouvent partout.
Le Président : Autre question ?
Oui, Maître JASPIS.
Me. JASPIS : Monsieur le
président, concernant les religieuses du couvent, est-ce que le témoin peut
un petit peu nous parler des relations qu’elle a eues avant la guerre, avec
les différentes religieuses du couvent et peut-être nous préciser qui elle connaît
un peu mieux ou qui elle connaît tout simplement, s’il vous plaît ?
Le Président : Avant la guerre,
avant les événements qui se sont passés à Sovu, le témoin se rendait-elle parfois
au couvent ?
L’Interprète : Mbere y’intambara,
mbere y’ibyabereye i Sovu, wajyaga ukunda kujya mu kigo cy’ababikira ?
le témoin 79 : Narahajyaga
cyane kuko hari n’umugabo wacu wahakoraga witwaga MPAMBARA,
L’Interprète : Oui, je m’y rendais
souvent étant donné qu’il y avait un beau-frère qui travaillait. Le frère de
mon mari qui travaillait, du nom de MPAMBARA.
Le Président : Parmi toutes
les religieuses du couvent, qui connaissait-elle particulièrement ?
L’Interprète : Mu babikira bo
muri icyo kigo, ni abahe wari uzi cyane kurusha abandi ?
le témoin 79 : Mu
babikira abantu narinzi cyane, hari umukobwa w’umubikira wari uhari wacu wa
Siriro NDANGA,
L’Interprète : Il y avait une
sœur qui est de notre famille, fille de Cyrille NDANGA,
le témoin 79 : Hari
n’undi mubikira wavukaga mu Busanza ariko sinibuka izina rye,
L’Interprète : Il y avait une
autre sœur originaire de Busanza mais dont je ne me souviens pas le nom.
Le Président : Connaissait-elle
bien sœur Kizito ?
L’Interprète : Kizito wari umuzi
cyane ?
le témoin 79 : Kizito
nari muzi cyane kuko, sinarimuzi cyane namumenyeye hariya mu kigo usibye ko
twari duturanye, duhana imbibi.
L’Interprète : Kizito, je ne la
connaissais pas, je l’ai connue là-bas au couvent, à part que nous sommes des
voisins proches. Leurs propriétés sont jumelées l’une à l’autre.
Le Président : Est-ce qu’elle
a des troubles de la mémoire depuis les événements ?
L’Interprète : Wakunze kujya wibagirwa
nk’ibintu kuva biriya byaba ?
le témoin 79 : Intambara
irangira se ?
L’Interprète : Yee, ukumva mu
mutwe uragira amazinda cyane ?
le témoin 79 : Kugira
amazinda cyane s’ikindi ni ukubera n’inkoni, baranankubise inkoni cyane hano
mu ntuza…, bigatuma ngira… sinibuke ibyo navuze.
L’Interprète : Ces trous de mémoire
n’ont rien d’autre, ils ont pour origine le fait qu’on m’a, que j’ai reçu beaucoup
de coups de bâton dans la tête, ce qui fait que je ne me rappelle pas beaucoup
ce que j’ai dit.
Le Président : Bien. Y a-t-il
d’autres questions ? Monsieur le 6e juré ?
Le 6e Juré : Merci,
Monsieur le président. Vous pouvez demander au témoin : quand ils ont incendié,
elle était à l’intérieur ou à l’extérieur ?
Le Président : Madame, au
moment de l’incendie du garage, étiez-vous dans le garage ou à l’extérieur du
garage ?
L’Interprète : Ubwo batwikaga
igaraji, aho babika imodoka, warimo imbere cyangwa wari hanze yaryo ?
le témoin 79 :
Nari mu kigo imbere. Mu kantu k’akumba k’akadirishya,
hagati y’intumbi.
L’Interprète : J’étais à l’intérieur
de l’établissement, dans une sorte de petite chambre où il y avait une petite
fenêtre, parmi des cadavres.
Le Président : Ce n’était
donc pas dans le garage ?
L’Interprète : Ni ukuvuga rero
ko utari mu igaraje imbere ?
le témoin 79 : Ntabwo
nari ndi mu igaraji njyewe.
L’Interprète : Non, moi, je n’étais
pas au garage.
Le Président : C’était dans
une pièce du centre de santé ?
L’Interprète : Ako kumba kari
ak’ivuriro ?
le témoin 79 : Kari
ak’ivuriro, niho narindi.
L’Interprète : Oui, la petite
pièce était du centre de santé, c’est là où j’étais.
Le Président : Une autre
question ? Maître WAHIS.
Me. WAHIS : Une confirmation,
Monsieur le président. Est-ce que le témoin pourrait confirmer la description
qu’elle a faite à Monsieur TREMBLAY, de REKERAHO, ce jour-là. Elle dit ceci,
en pages 9 et 10 : « C’était REKERAHO Emmanuel,
je l’ai reconnu car il est Hutu et il venait chez mon père avant la guerre.
Je l’identifie comme étant le chef du groupe car il était différent des autres.
Son visage était recouvert d’une peinture de couleur beige. Quant à ses vêtements,
ils étaient recouverts d’une écorce de bananier encore fraîche et de couleur
foncée, dans laquelle il avait fait une ouverture pour y passer sa tête et celle-ci
était recouverte d’une crête faite d’écorces de bananier séchées ».
Est-ce qu’elle peut confirmer qu’elle a bien fait cette déclaration devant Monsieur
TREMBLAY ? Est-ce qu’elle confirme que REKERAHO était habillé de la sorte ?
Le Président : Comment REKERAHO
était-il habillé lorsqu’elle l’a vu le jour de l’attaque contre le centre de
santé ?
L’Interprète : Umunsi batera ivuriro,
REKERAHO wamubonye yambaye ate ?
le témoin 79 : Yari
yambaye ibintu by’ubushorabe, bimeze nk’umuntu ugiye… sinzi ukuntu byari bimeze
mbega, afite n’ibitambaro bimwe bigize bitya…
L’Interprète : Il portait des
sortes de châles, des sortes de tissus comme des châles, je ne saurais pas dire
la façon dont ces châles-là étaient.
Le Président : Est-ce qu’à
un moment donné elle a vu REKERAHO habillé avec des feuilles de bananier ou
des écorces de bananier ?
L’Interprète : Hari ubwo wigeze
ubona REKERAHO yambaye amakoma ?
Le Président : Des écorces
de bananiers ?
le témoin 79 : Yari
ayambaye. Mu gitero ayobora. Ayobora igitero yari ayafite ayambaye.
L’Interprète : Oui, il portait,
quand il dirigeait l’attaque, il les portait.
Le Président : Une autre
question ? Plus de questions ? Maître RAMBOER se tâte.
Me. RAMBOER : Monsieur le
président, c’est surtout au moment que la décision a été prise de chasser les
réfugiés qui étaient à l’intérieur du couvent, vers le centre de santé. Elle
a donné des précisions concernant l’attitude de sœur Gertrude à ce moment-là.
Est-ce que le témoin peut nous expliquer un peu plus en détail l’attitude de
sœur Gertrude et les paroles qu’elle a eues, très dures, vis-à-vis des
réfugiés qui se trouvaient à ce moment dans le centre, euh, pardon, dans le
couvent, dans la cour du couvent ?
Le Président : Quand les
réfugiés, qui étaient au couvent, ont été expulsés vers le centre de santé,
se souvient-elle si sœur Gertrude ou sœur Kizito ou une autre religieuse a dit
quelque chose ?
L’Interprète : Ubwo impunzi zirukanwaga
zivanwa mu kigo cy’ababikira zijyanwa mu ivuriro, waba wibuka niba mama Gertruda,
mama Kizito cyangwa se umubikira wundi hari ikintu yaba yaravuze ?
le témoin 79 : Impunzi
kugirango zigende zijve mu kigo, zijye mu ivuriro ?
L’Interprète : Yee.
le témoin 79 : Yaradukoranyije
adushyira hamwe,
L’Interprète : Elle nous a rassemblés,
elle nous a mis ensemble.
le témoin 79 : Twari
imbere ya Kiriziya,
L’Interprète : Nous étions en
face de l’église.
le témoin 79 : Aza
kuvuga, nkatwe twari dufite abana ati, kuki abantu barimo benshi bihuguraga,
L’Interprète : Elle nous a dit
s’adresser surtout à nous qui avions des enfants, qu’il y avait beaucoup de
personnes qui faisaient leur session,
le témoin 79 : Muri
abo bantu barimo bihugura baravuga bati : « Bariya bantu bafite abana
baradutera umwanda ».
L’Interprète : Et que ces gens-là
qui faisaient leur session se plaignaient du fait que des personnes qui avaient
des enfants apportaient la saleté.
le témoin 79 : Hanyuma
aza kudushyira imbere ya Kiriziya, baraturunda badushyira hamwe, hari n’abasirikare
n’aba GP,
L’Interprète : Alors, elle nous
a mis ensemble devant l’église et il y avait aussi des militaires et les GP,
le témoin 79 : Hanyuma
aza kutubwira ngo turebemo abantu bazi ubwenge bize,
L’Interprète : Elle nous a dit
alors, de trier parmi nous, des gens qui étaient intelligents, des gens qui
avaient fait des études,
le témoin 79 : Hanyuma
baze kureba nk’umwana wize afate buri rugo agende arubarura,
L’Interprète : Elle a alors dit
qu’on désigne par exemple un jeune qui a fait des études, qu’il recense chaque
famille.
le témoin 79 : Hanyuma
baza kutubarura muri selire Kigarama na selire Karuhayi.
L’Interprète : On nous a alors
recensés, nous, originaires de la cellule de Kigarama et de la cellule Ruhayi.
le témoin 79 : Hanyuma
bamaze kutubara basanga turi 3.500.
L’Interprète : Après le recensement,
on a trouvé que nous étions au nombre de 3.500.
le témoin 79 : Hanyuma
baza kuvuga bati : « Turaza kubafasha ».
L’Interprète : On a dit alors :
« Nous allons vous donner de l’assis-tance ».
le témoin 79 : Hanyuma
icyo badufashije n’abasirikare baje baturuka hirya baturuka hino ngo baraturinda.
L’Interprète : Alors, l’assistance
que nous avons reçue était des militaires qui sont venus de partout, soi-disant
pour nous protéger.
Le Président : Lorsqu’elle
dit que c’est elle qui a dit, elle qui a dit ceci, c’est qui, elle ?
L’Interprète : Uwo wabivugaga
ninde ibyo byose. Uvuga uti yaravuze ngo yaravuze ninde ? Uravuga ngo yaravuze
yaravuze ariko ntuvuga izina ry’uwabivugaga. Iryo zina ni iryande wabivugaga ?
le témoin 79 : Icyo
babivuga hari Kizito na REKERAHO ;
L’Interprète : Alors, à ce moment,
quand ils disaient ça, il y avait Kizito et REKERAHO.
le témoin 79 : Cyokora
muri icyo gihe, Kizito niwe wavuze ati : « Nimubabare, nimugende mwibare,
turabafasha ».
L’Interprète : A ce moment-là,
c’est Kizito qui a dit : « Allez vous compter, nous allons vous donner
assistance ».
Le Président : C’est Kizito
aussi qui a dit que les enfants faisaient beaucoup de saletés ?
L’Interprète : Ni na Kizito wavuze
ko abana bakururaga umwanda ?
le témoin 79 : Niwe
wavugaga ko abana bari bari aho ngaho bateye umwanda,
L’Interprète : C’est elle qui
disait que les enfants qui étaient là provoquaient la saleté,
le témoin 79 : Ni
abarimo bariho bihugura.
L’Interprète : Ainsi que ceux
qui suivaient leur session.
le témoin 79 :
Ndumva ibyo nibuka aribyo.
L’Interprète : Mais ce dont je
me souviens, c’est cela.
Le Président : Maître VERGAUWEN ?
D’autres questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin
se retire ? Voulez-vous bien, Monsieur l’interprète, demander au témoin
si elle confirme ses déclarations d’aujourd’hui ?
L’Interprète : Urahamya ukemeza
ibyo wavuze none ?
le témoin 79 : Ndabihamya
rwose. Cyane.
L’Interprète : Oui, je le confirme
beaucoup.
Le Président : Vous pouvez
lui dire que la Cour la remercie pour son témoignage
L’Interprète : Urukiko ruragushimiye
ibyo urubwiye,
Le Président : Qu’elle
doit, qu’elle peut évidemment se retirer maintenant mais qu’elle doit rester,
pour les problèmes administratifs, à la disposition de la Cour, jusqu’à son
retour au Rwanda.
L’Interprète : Waba wigendeye
ariko ukaba wabonekera igihe cyose Urukiko rwagukenera mu gutunganya iby’urugendo,
kugeza igihe uzasubirira mu Rwanda.
le témoin 79 : Barakoze.
L’Interprète : Je vous remercie.
Le Président : Oui, Maître
WAHIS.
Me. WAHIS : Monsieur le président,
pouvez-vous m’autoriser à un commentaire. Nous n’avons pas posé de questions
en réservant la lecture, peut-être avec votre autorisation, des autres versions
de ce témoin concernant le 22 avril à maintenant, après son départ.
Le Président : Je vous suggère,
non pas de les lire, mais de relever éventuellement les contradictions que vous
y trouvez.
Me. WAHIS : Monsieur le président,
dans la version faite devant le TPIR, le témoin a déclaré qu’elle avait aperçu
deux sœurs, une qui suivait la première et qui remettait des allumettes à BYOMBOKA,
sans qu’il soit à aucun moment question d’essence. C’est à la page 13 de son
audition, c’est donc une longue audition, dans les premières pages, pour les
événements qui précèdent le 22 avril, elle parle de sœur Gertrude, elle parle
de sœur Kizito. En page 15, il est expressément stipulé ceci : « Le témoin, aux termes de cette déposition, nous fait part
qu’elle ne pourrait pas reconnaître les deux sœurs qu’elle a vu se joindre au
groupe de REKERAHO et RUSANGANWA parce qu’elle n’avait pas l’habitude de fréquenter
le monastère ». Elle ne peut pas reconnaître les deux sœurs qui
étaient là le 22 avril alors qu’avant, elle parle explicitement de sœur Gertrude
et sœur Kizito dans son audition.
Dans l’audition commission rogatoire le 8 octobre, on ne parle que
de Kizito. Cette fois-ci, elle a vu Kizito avec un galon d’essence, dit-elle,
il n’est pas question de sœur Gertrude. Dans sa toute première déclaration auprès
d’African Rights : « J’assistais seulement, j’ai
vu sœur Kizito avec des petits bidons de 7 litres remplis d’essence. Elle les
distribuait aux criminels, elle ne les versait pas sur le garage. Ils versaient
de l’essence sur la maison et ils allumaient le feu. Kizito était toujours là
et elle a donné plusieurs bidons d’essence ». Et il n’est pas question
de sœur Gertrude. Voilà toutes les contradictions de ces trois déclarations.
Le Président : Il y en a
encore une quatrième. Il y en a encore une quatrième auprès de Monsieur HABIMANA
Bonaventure où, à la question de savoir si maman Gertrude et maman Kizito
avaient eu une part de responsabilité, elle a répondu : « Elles en
avaient, elles ont donné l’essence pour qu’on brûle vivantes de nombreuses personnes
qui se trouvaient dans le garage. J’ai vu tout cela parce que j’étais présente ».
Une autre responsabilité proviendrait de ce qu’elles faisaient sortir les gens
qui avaient trouvé refuge dans leurs maisons en les livrant aux tueurs. Maître
JASPIS ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, est-ce que je pourrais vous demander, en vertu de votre pouvoir discrétionnaire,
de bien vouloir rajouter ce témoin sur la liste des personnes qui sont examinées
par le médecin légiste aujourd’hui, s’il vous plaît ? Mais c’est ce matin
que ça a lieu. Le témoin est présent, dans les bâtiments, je pense que…
Le Président : Vous pensez
que j’ai le temps de quitter l’audience, d’aller faire un réquisitoire, vous
pensez que j’ai le temps ?
Me. JASPIS : Non, je ne pense…
Le Président : Alors, je
fais ça et pendant ce temps-là, on n’entend pas de témoins.
Me. JASPIS : Monsieur le
président, je préfère vous le demander maintenant, j’aurais pu vous le demander
tout à l’heure.
Le Président : Vous auriez
pu effectivement le demander avant.
Me. JASPIS : Je pourrais
vous le demander tout à l’heure, à la suspension mais je préfère vous le demander
maintenant pour que vous puissiez…
Le Président : Mais vous
me le demanderez à la suspension. Si j’ai le temps de rédiger le réquisitoire,
je le ferai. Si je n’ai pas le temps, elle sera vue demain.
Me. JASPIS : Ah, mais c’est
parfait. Je ne demande pas spécialement que ça ait lieu aujourd’hui, je vous
remercie.
Le Président : Mais faites-moi
une demande écrite.
Me. JASPIS : D’accord.
Le Président : Y a-t-il un
autre commentaire ? Alors, peut-on faire venir le témoin suivant le témoin 138
Solange ? |