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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 78
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.25. Audition des témoins: le témoin 78

Le Président : Encore un témoin, avant une pause ? Oui ? Madame le témoin… Encore un avant une pause ? Bon, s’il faut aller jusqu’à 6h et demi, ça irait ? 6h ­ 6h et demi. Non, non, on se dit que si on va à ce rythme-là, on les aura peut-être bien tous entendus. Alors, Madame le témoin 78 ? Vous souhaitez un interprète, Madame ? Oui ? Voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

le témoin 78 : le témoin 78.

L’Interprète : le témoin 78.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 78 : 43.

L’Interprète : 43 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

L’Interprète : Umwuga wawe ?

le témoin 78 : Nd’uwihay’Imana.

L’Interprète : Religieuse.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ?

L’Interprète : La commune de Huye.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Waruzi abaregwa cyangwa bamwe muribo mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?

le témoin 78 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Il s’agit uniquement de sœur Gertrude et de sœur Maria-Kizito ?

L’Interprète : N’ababikira sœur Gertrude na sœur Maria-Kizito bonyine ?

le témoin 78 : Ndabazi.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Etes-vous de la famille des accusés ou de la famille des personnes qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Har’icyo upfana n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?

le témoin 78 : Icyo mpfana nabaregwa nuko ndi umukristu, ari abavandimwe banjye mu kwemera.

L’Interprète : Mis à part qu’elle est chrétienne, ce sont ses sœurs par la religion, c’est tout.

Le Président : D’accord. Travaillez-vous sous les liens d’un contrat d’emploi pour les accusés, ou pour ceux qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Har’icyo ukorera abaregwa cyangw’abaregera indishyi ? Akazi, niba bakuriha.akazi… ?

le témoin 78 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Voulez-vous bien lever la main droite et prononcer le serment de témoin ?

L’Interprète : Ngaho kazamure,

le témoin 78 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

L’Interprète : Uvuge buhoro kugirango ntagira icyo nibagirwa.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir, tous les deux. Madame, depuis quand faisiez-vous partie de la communauté de Sovu ?

L’Interprète : Kuva ryari uri umubikira muri communauté ya Sovu ?

le témoin 78 : Kw’italiki ya 23 za cumi na kumwe 87.

L’Interprète : Depuis le 24 novembre 1987.

Le Président : Je vais vous demander, Madame, de parler bien fort dans le micro pour qu’on vous entende bien. Aviez-vous une fonction particulière dans cette communauté, au mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Hari akazi kihariwe warufite mur’icyo kigo mu kwezi kwa kane 94 ?

le témoin 78 : Nari mu noviciat.

L’Interprète : J’étais novice.

Le Président : Saviez-vous que des réfugiés ont été, à un moment donné, le 18 avril 1994, rassemblés au centre de santé dépendant du couvent ?

L’Interprète : Hari ubwo waruzi ko igihe kimwe kw’italiki ya 18 z’ukwezi kwa kane 94, impunzi zaba zarakoranyirijwe muri centre de santé, yategekagwa na couvent ? N’ikigo ?

le témoin 78 : Nzi ko hari kuri 17z’ukwa kane.

L’Interprète : Je sais que c’était le 17 avril.

Le Président : Savez-vous pourquoi on les a rassemblés là ?

L’Interprète : Uz’impamvu yatumye babateraniriz’ahongaho ?

le témoin 78 : Ntabwo narinyizi ariko bari baduhungiyeho.

L’Interprète : Je ne le savais pas, mais ils avaient trouvé refuge auprès de nous.

Le Président : Savez-vous qui a décidé de les rassembler au centre de santé ?

L’Interprète : Uzi uwaba yarategetse ko babateraniriza muri centre de santé ?

le témoin 78 : Ntabwo nzi uwabitegetse.

L’Interprète : Je ne sais pas qui a donné l’ordre.

Le Président : Savez-vous comment était organisée la distribution de nourriture au centre de santé ?

L’Interprète : Uzi uburyo bagaburaga, batangaga ibiryo muriyo centre de santé ?

le témoin 78 : Ntabwo mbizi kuko ntasohokaga.

L’Interprète : Je ne le sais pas, parce que je ne sortais pas.

Le Président : Le 22 avril, une attaque a eu lieu contre le centre de santé, avez-vous vu cette attaque ?

L’Interprète : Har’igitero cyabaye kw’italiki ya 22 z’ukwezi kwa kane, waba warabonye icyo gitero ?

le témoin 78 : Nari muri monastère, numva urusaku rw’imbunda.

L’Interprète : Je me trouvais au monastère… j’ai entendu les crépitements des fusils.

Le Président : Savez-vous si des religieuses ont quitté la clôture du couvent, ce jour-là, pour se rendre au centre de santé ?

L’Interprète : Uzi niba hari ababikira basohotse mu kigo uwo munsi, bajya kuri centre de santé ?

le témoin 78 : Ntabwo mbizi, kuko twari hejuru dusenga.

L’Interprète : Je ne le sais pas parce que nous nous trouvions au-dessus, à l’étage, en train de prier.

Le Président : Le soir, sœur Gertrude vous a-t-elle averti que le lendemain, ce serait votre tour de mourir ?

L’Interprète : Har’igihe nimugoroba sœur Gertrude yababwiye ko namwe muzapfa bukeye ?

le témoin 78 : Yatubwiye ko dushobora guhunga, ngo kubukeye aritwe bazica.

L’Interprète : Elle nous a dit que nous devions chercher un… nous enfuir parce que c’était notre tour, le lendemain.

Le Président : Savez-vous s’il était question que d’autres personnes que les religieuses prennent la fuite du couvent ?

L’Interprète : Usibye ababikira, waruzi ko hari abandi bantu bashoboraga guhunga bavuye mu kigo cy’ababikira ?

Le Président : Par exemple, le personnel ; par exemple, les personnes en séminaire

L’Interprète : Ku rugero, nk’abahakoraga , urundi rugero, nk’abari baje kuhifungira cyangwa bari muri séminaire,

Le Président : Par exemple, les membres des familles des sœurs ?

L’Interprète : Urundi rugero, nk’imiryango y’ababikira ?

le témoin 78 : Imiryango y’ababikira narinzi ko ihari, ariko twabanje kugenda turi ababikira.

L’Interprète : Je savais que les familles des sœurs s’y trouvaient, mais nous sommes parties, en tant que sœurs, en premier lieu.

Le Président : Etes-vous partie le 23, dans le premier convoi ou dans le second ?

L’Interprète : Wajyanye n’abambere kw’italiki ya 23, cyangw’abagiye mu gice cya kabiri ?

le témoin 78 : Nagiye muba mbere.

L’Interprète : Je suis partie parmi les premières.

Le Président : Dans la paroisse de Ngoma où vous aviez trouvé refuge, y a-t-il eu des menaces de la part de miliciens Interahamwe ?

L’Interprète : Aho mwari mwahungiye muri paroisse y’i Ngoma, hari ubwo Interahamwe zigeze kubadurumbanya ?

le témoin 78 : Zarahadusanze, aruko haje ababikira bandi bari basigaye inyuma, bazanye na bourgmestre.

L’Interprète : Ils nous y ont trouvées parce qu’il y avait d’autres sœurs qui étaient restées en arrière et qui sont venues en compagnie du bourgmestre.

[Interruption d’enregistrement]

L’Interprète : Ninde ababikira, icyo gitero cy’abamiliciens ?

le témoin 78 : Babanje gusohora umusaserdoti twari hamwe dusenga, agaruka abwira mama Gertruda ko basab’amafaranga. Namubonye atang’amafaranga kugirango batatwica.

L’Interprète : Ils ont fait sortir en premier lieu, je ne sais pas si on dit ça, un sacerdoce qui priait avec nous et, quand il est revenu, on lui a réclamé de l’argent pour qu’on ne le tue pas et j’ai vu sœur Gertrude donner cet argent pour qu’il ait la vie sauve.

Le Président : Le lendemain, le 24 avril, vous êtes revenues au couvent ?

L’Interprète : Bukeye, kw’italiki ya 24, mwagarutse mu kigo ?

le témoin 78 : Twaragarutse nimugoroba.

L’Interprète : Nous sommes revenues le soir.

Le Président : Avez-vous vu des miliciens ou le chef des miliciens, à votre retour au couvent ?

L’Interprète : Waba warabonye ba miliciens cyangwa umutware wabo, mugarutse mu kigo ?

le témoin 78 : Tugarutse, kugirango tunyure kuri bariyeri twari duherekejwe n’abasirikare, tugeze kuri monasteri twasanze urugi runini rukinze, tuguma inyuma.

L’Interprète : Lorsqu’en revenant… pour pouvoir passer la barrière, nous étions accompagnés des militaires et, lorsque nous sommes arrivés au couvent, nous avons trouvé le grand portail fermé et nous sommes restées derrière le portail.

Le Président : Avez-vous vu des miliciens ou le chef des miliciens ?

L’Interprète : Waba waraboye aba miliciens cyangwa umutware wabo ?

le témoin 78 : Numvise imodoka, batera induru, ariko, abasirikare twari hamwe bavuga ko bagiye kubabaza, sinababonye batugeraho.

L’Interprète : Lorsqu’ils ont entendu le véhicule, nous les avons entendus également crier mais les militaires qui nous accompagnaient nous ont dit qu’ils allaient les empêcher de venir et ils ne sont jamais venus jusqu’à nous.

Le Président : Connaissez-vous Emmanuel REKERAHO ?

L’Interprète : Emmanuel REKERAHO uramuzi ?

le témoin 78 : Ntabwo muzi ariko naramwumvaga aje.

L’Interprète : Je ne le connais pas, mais je l’entendais lorsqu’il venait.

Le Président : Vous ne l’avez jamais vu ?

L’Interprète : Ntabwo wigeze umubona na limwe ?

le témoin 78 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Lorsque vous êtes rentrés au couvent le 24 avril, les religieuses qui étaient restées au couvent, sœur Scholastique, sœur Bénédicte et sœur Fortunata ont-elles dit ce qui s’était passé pendant votre absence ?

L’Interprète : Igihe mwagarutse mu kigo kw’italiki ya 24 z’ukwezi kwa kane, ababikira 3 bari basigaye mu kigo : sœur Scholastique, sœur Bénédicte na sœur Fortunata, bababwiye ibyabaye igihe mwari mudahari ?

le témoin 78 : Tutarinjira, abasirikare batubwiraga ko bajya kutwereka aho impunzi dufite muri monasteri ziri.

L’Interprète : Avant d’entrer, les militaires nous disaient qu’ils allaient nous montrer où se trouvaient les réfugiés que nous avions au sein du monastère.

Le Président : Sœur Scholastique n’a-t-elle pas dit que des miliciens ou le chef des miliciens étaient venus pour faire une liste des réfugiés ?

L’Interprète : Ntabwo sœur Scholastique yigeze ababwira ko aba miliciens cyangwa umutware wabo yaba yaje gukora liste y’impunzi ?

le témoin 78 : Tumaze kwinjira naramubajije, kubera ko nyine bari batubwiye aho bari, atubwira ko REKERAHO yaje gukora iyo liste.

L’Interprète : Lorsque nous sommes entrés au monastère, je lui ai demandé, et elle m’a dit qu’effectivement REKERAHO était venu dresser cette liste parce qu’il savait où se trouvaient les réfugiés.

Le Président : Le lendemain, le 25 avril, donc le lendemain du retour au couvent, y a-t-il eu une réunion dans le grand parloir du monastère ?

L’Interprète : Mugarutse bukeye kw’italiki ya 25, hariho inama yaba yarabereye mu cyumba kinini, muri monastère ?

le témoin 78 : Nari mu kiriziya ntabwo mbizi.

L’Interprète : Je me trouvais à l’église à ce moment, je ne sais pas.

Le Président : Vous n’avez pas assisté à cette réunion ?

L’Interprète : Ntabwo wagiye muriyo nama ?

le témoin 78 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Vous ne savez donc pas ce qu’il s’y est dit ?

L’Interprète : Ntabwo uzi icyahavugiwe ?

le témoin 78 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Et vous ne savez pas non plus ce qui s’est passé après cette réunion ?

L’Interprète : Ntabwo uzi n’icyabaye nyuma y’iyo nama ?

le témoin 78 : Bambwiye ko impunzi zisohotse, REKERAHO aje kuzitwara.

L’Interprète : On m’a dit que les réfugiés allaient sortir parce que REKERAHO était venu les chercher.

Le Président : Avez-vous vu le départ des réfugiés ?

L’Interprète : Wabonye impunzi zigenda ?

le témoin 78 : Nasohotse mu kiriziya,

L’Interprète : Je suis sortie de l’église,

le témoin 78 : Nihuta ngana kuri grand parloir,

L’Interprète : Et je me dirigeais en toute hâte vers ce grand parloir,

le témoin 78 : Mbabona basohoka.

L’Interprète : Je les ai vu sortir.

Le Président : Savez-vous quand les familles des sœurs ont quitté le couvent ?

L’Interprète : Uz’igihe imiryango y’ababikira baviriye mu kigo ?

le témoin 78 : Nzi ko hari hashize iminsi ariko sinibuka italiki.

L’Interprète : Je sais que c’était après quelques jours, mais je ne me souviens plus de la date.

Le Président : Savez-vous qui a organisé le départ des familles des sœurs ?

L’Interprète : Uzi uwateguye ukugenda kw’ababyeyi b’ababikira ?

le témoin 78 : Ntabwo nzi uwabiteguye, numvise bagiye.

L’Interprète : Je ne sais pas qui l’a préparé, mais je l’ai entendu dire juste après leur départ.

Le Président : Qu’est-ce que vous avez entendu dire à ce sujet-là ?

L’Interprète : Wumvise bavuga iki ku byerekeye urugendo rwabo ? Ukugenda kwabo ?

le témoin 78 : Nari ahantu ndodera, ntera ipasi,

L’Interprète : J’étais en train de repasser dans l’atelier de couture,

le témoin 78 : Umubikira umwe witwa Theonilla witabye Imana, araz’arambwir’ati : « Batwaye ababyeyi b’ababikira ».

L’Interprète : Une certaine religieuse du nom de Théonille, qui est décédée, est venue me dire qu’on était en train d’emmener les familles des sœurs.

Le Président : Avez-vous entendu des coups de fusil ce jour-là ?

L’Interprète : Wumvise imbunda uwo munsi ?

le témoin 78 : Narazumvise.

L’Interprète : Je les ai entendus.

Le Président : D’où vous étiez, saviez-vous voir la bananeraie ?

L’Interprète : Aho waruri ahongaho, washoboraga kubona urutoki ?

le témoin 78 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Savez-vous si sœur Kizito quittait parfois le couvent ?

L’Interprète : Uzi niba limwe na limwe sœur Kizito yarasohokaga akava mu kigo ?

le témoin 78 : Icyo nzi nuko nyuma, impunzi zarapfuye, bazaga gukomanga, imodoka bari bafite, ambulance yari yaratwaye REKERAHO, iyo yazaga namenyaga ko ariwe uje.

L’Interprète : Ce que je sais, c’est que, juste après la mort des réfugiés, j’entendais l’ambulance que conduisait REKERAHO. Il venait sonner et je savais qu’il s’agissait bien de lui qui venait.

Le Président : Et sœur Kizito parlait avec lui ?

L’Interprète : Yaganiraga na sœur Kizito ?

le témoin 78 : Ntabwo nzi ko baganiraga, nuko yakomangaga ahantu akitaba, kugir’arebe icyo ashaka.

L’Interprète : Je ne sais pas s’ils causaient mais REKERAHO avait un endroit auquel il tapait et puis, elle répondait et elle allait voir de quoi il s’agissait, ce qu’il voulait.

Le Président : Vous connaissez RUSANGANWA Gaspard ?

L’Interprète : Waruzi uwitwa RUSANGANWA Gaspard ?

le témoin 78 : Nari muzi kuko yaratuye kuri monasteri.

L’Interprète : Je le connaissais, parce qu’il habitait au monastère.

le témoin 78 : Ku ruhande rwa monasteri.

L’Interprète : A côté du monastère.

Le Président : Venait-il dans le monastère ?

L’Interprète : Yazaga muri monastère ?

le témoin 78 : Ntabwo namubonaga kenshi.

L’Interprète : Je ne l’y voyais pas souvent.

Le Président : Et lorsqu’il venait, c’était pour travailler au monastère, ou bien c’était pour rencontrer, par exemple, sœur Kizito ou sœur Gertrude ?

L’Interprète : Icyo gihe yazaga, yazaga arukuhakora cyangwa se aruguhura na sœur Kizito cyangwa na sœur Gertrude ?

le témoin 78 : Muzi mbere y’intambara, aza kutwigisha indirimbo, yabisabwe na mère Marie-Jeanne wari supérieure icyo gihe.

L’Interprète : Je le connaissais avant la guerre lorsqu’il venait nous apprendre à chanter, à la demande de sœur Marie-Jeanne qui était supérieure à l’époque.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, est-ce que le témoin pourrait nous donner une indication sur la perception qu’elle a eue du rôle de Stéphanie, sœur Stéphanie, durant les événements, s’il vous plaît ?

Le Président : Pendant les événements d’avril et mai 1994, sœur Stéphanie a-t-elle joué un rôle particulier ?

L’Interprète : Mu gihe cy’amarorerwa yo muri 94, mu kwezi kwa kane, sœur Stéphanie yaba yarakoze ikintu kihariwe ?

Séraphine le témoin : Icyo nibuka nuko yaherekeje mama Gertruda, agiye kuzan’ababikira bari basigaye i Ngoma.

L’Interprète : Ce dont je me souviens, c’est qu’elle a raccompagné sœur Gertrude, au moment où elle s’est rendue à Ngoma pour ramener les sœurs qui y étaient restées.

Le Président : D’autres questions ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, le témoin a signé une déclaration qui n’est pas datée. Par déduction, elle doit dater de février, mars ou avril 1995. C’est une lettre assez longue adressée au père abbé Célestin CULLEN, président de la Congrégation de l’Annonciation, c’est une lettre dans laquelle elle décrit les événements comme elle… enfin, elle les décrit. Puis-je vous demander de lui poser la question de savoir qui a dactylographié ce courrier et dans quel contexte il a été rédigé, s’il vous plaît ?

Le Président : Vous vous souvenez avoir écrit au père CULLEN,

L’Interprète : Uribuka niba warigeze wandikira ibaruwa umupadiri witwa CULLEN ?

Le Président : A propos des événements survenus à Sovu ?

L’Interprète : Ku byabaye i Sovu ?

le témoin 78 : Ndabyibuka ko namwandikiye ndi Hermeton, muri Belgique.

L’Interprète : Elle se souvient qu’elle lui a écrit lorsqu’elle était en Belgique, à Hermeton.

Le Président : Dans quelles circonstances cette lettre a-t-elle été écrite ?

L’Interprète : Mu buhe buryo iyo baruwa yanditswe ?

le témoin 78 : Namwandikiye nshaka kumubwira uburyo twabayeho.

L’Interprète : Je lui ai écrit en voulant lui expliquer la façon dont nous avons vécu.

Le Président : Quelqu’un vous avait-il demandé d’écrire cette lettre ?

L’Interprète : Hari uwari yabasabye kugirango mwandike iyo baruwa ?

le témoin 78 : Nari nabitekereje, ariko nsaba umubikira aho nabaga ko byashoboka, aranyemerera.

L’Interprète : J’y avais pensé mais je me suis adressée à la sœur chez qui je logeais, et elle a accepté.

Le Président : Qui a dactylographié le texte de la lettre ?

L’Interprète : Ninde wayanditse ku mashini, ninde wanditse ibiri mur’iriya baruwa, kw’imashini ?

le témoin 78 : Ni sœur Loïse.

L’Interprète : Sœur Loïse.

Le Président : Une autre question ? Maître NKUBANYI ?

Me. NKUBANYI : Oui, Monsieur le président, est-ce que, à la connaissance du témoin, sœur Gertrude était considérée par certains comme complice du FPR ?

Le Président : Avez-vous entendu dire que sœur Gertrude aurait été considérée comme une complice du FPR ?

L’Interprète : Wigeze wumv’abantu bavuga ko sœur Gertrude yar’ikitso cya FPR ?

le témoin 78 : Ntabwo nabyumvise.

L’Interprète : Je n’ai jamais entendu parler de ça.

Me. NKUBANYI : Autre question, Monsieur le président, est-ce que, à la connaissance du témoin, sœur Gertrude serait tombée malade dans les jours qui ont suivi le 6 mai 1994 ?

Le Président : Sœur Gertrude est-elle tombée malade le 6 mai 1994, ou dans les jours qui ont suivi ?

L’Interprète : Kw’italiki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu 94 , sœur Gertrude yaba yararwaye, cyangwa mu minsi yakurikiyeho, yaba yararwaye ?

le témoin 78 : Nibuka ko yarwaye kuko namugemuliraga, ariko ntabwo nibuka italiki.

L’Interprète : Je me souviens qu’elle était tombée malade parce que je lui ai apporté… j’allais la nuit, mais je ne sais plus quelle date c’était.

Le Président : Une autre question ? Maître VERGAUWEN ?

Me. VERGAUWEN : Simplement une seule confirmation, Monsieur le président. Le témoin peut-il nous confirmer qu’il est né en 1958 et qu’en avril 1994, il avait donc 36 ans ?

Le Président : Vous êtes née en 1958 ?

L’Interprète : Wavutse muri 58 ?

le témoin 78 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie.

Le Président : Maître VANDERBECK ?

Me. VANDERBECK : Juste une petite confirmation, Monsieur le président, par rapport à l’audition du témoin en 1995 par Monsieur CORNET Marc, enquêteur de la PJ, est-ce que le témoin peut nous dire, enfin, nous confirmer, pardon, qu’elle ait dit, concernant sœur Kizito : « J’ignore quelles étaient ses relations avec les militaires et les miliciens. Kizito ne sortait pas à l’extérieur du couvent ou, tout du moins, je ne la voyais pas. Je sais juste qu’elle allait voir les personnes qui se présentaient à la grille du couvent, du fait qu’elle était de la région et qu’elle connaissait beaucoup de monde ».

Le Président : Savez-vous si sœur Kizito sortait du couvent ?

L’Interprète : Uzi niba sœur Kizito yarasohokaga mu kigo ?

le témoin 78 : Ntabwo mbizi.

L’Interprète : Je ne sais pas.

Le Président : Savez-vous si elle se rendait à la porte d’entrée lorsqu’il y avait des visiteurs ?

L’Interprète : Uzi niba yarajyaga ku rugi, aho binjiriraga, hari abashyitsi ?

le témoin 78 : Kubera ko ntasohokaga, ntabwo mbizi.

L’Interprète : Parce que je ne sortais pas, je ne suis pas au courant, je ne le sais pas.

Le Président : D’autres questions ? Maître Clément de CLETY ?

Me. de CLETY : Une toute petite question, Monsieur le président. Le témoin peut-il confirmer un bref passage de sa déposition que je cite : « Je suis à Sovu depuis sept années, je ne suis sortie qu’une seule fois du couvent pour voir ma famille. Toutes les activités se déroulent au sein même de notre congrégation, nous n’avons presque pas de contacts avec l’extérieur, nous vivons cloîtrées comme l’exige notre ordre religieux » ?

Le Président : Est-il exact que vous viviez cloîtrée, sans contacts ou presque sans contacts avec l’extérieur ?

L’Interprète : N’ibyo ukuri ko mutasohokaga, ntabwo mwabonanaga n’abantu b’inyuma ?

le témoin 78 : Ntabwo twasohokaga, kuko ubuzima bwacu, tukora byose imbere mu rugo, ntidusohoke.

L’Interprète : Elles ne sortaient pas parce que dans leur ordre, elles font tout à l’intérieur, elles ne sortent pas.

Le Président : Une autre question ?

Non Identifié : En réalité, Monsieur le président, ce n’est pas une question, mais j’aimerais qu’on me précise une réponse qui m’a échappée, concernant l’ambulance, quand on a posé la question sur sœur Kizito et l’extérieur, une réponse concernant l’ambulance et REKERAHO.

Le Président : Savez-vous si Monsieur REKERAHO utilisait une ambulance ?

L’Interprète : Uzi niba REKERAHO yarakoreshaga ambulance ?

le témoin 78 : Nzi ko yazaga ariyo imuzanye. Aza muri monasteri, kuko numvaga ijwi ryayo.

L’Interprète : Je sais que lorsqu’il venait au monastère, il était à bord de cette ambulance, parce que j’entendais son vrombissement.

Le Président : Savez-vous depuis quand Monsieur REKERAHO utilisait l’ambulance ?

L’Interprète : Uzi kuva ryali REKERAHO yakoreshaga iyo ambulance ?

le témoin 78 : Ntabwo nzi igihe ariko nzi ko yari yarayitwaye.

L’Interprète : Je ne sais pas, je ne connais pas la date exacte mais je sais qu’il l’avait prise.

Le Président : Après les massacres au centre de santé?

L’Interprète : Nyuma yuko bishe abantu muri centre de santé ?

Le Président : Ou déjà avant ?

L’Interprète : Cyangwa mbere y’ahongaho ?

L’Interprète : Je ne m’en souviens pas.

Le Président : Une autre question ? Plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous avez faites ? Persistez-vous dans ces déclarations ?

L’Interprète : Urahamya kandi uremeza ibyo wavuze uyu munsi ?

le témoin 78 : Ndabihamya.

L’Interprète : Je les confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps, tout en restant à la disposition de la Cour pour l’organisation de votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye kandi ushobora gukora icyo ushaka, ariko rugusabye kuguma mu maboko yarwo, kugeza igihe bagufashirije gusubira mu Rwanda.

le témoin 78 : Nanjye ndarushimiye.

L’Interprète : Je vous remercie également.

Le Président : Bien. Nous allons suspendre l’audience. Nous la reprendrons à 5h20 et, comme il reste quatre témoins, je vais vous demander peut-être, effectivement, de rester un peu plus tard que 6h, de manière à ce que nous puissions entendre ces quatre témoins. Vous êtes d’accord avec ça ? Bien. Donc, l’audience est suspendue, elle reprend à 5h-20.