8.6.25. Audition des témoins: le témoin 78
Le Président : Encore un
témoin, avant une pause ? Oui ? Madame le témoin… Encore un avant une
pause ? Bon, s’il faut aller jusqu’à 6h et demi, ça irait ? 6h 6h
et demi. Non, non, on se dit que si on va à ce rythme-là, on les aura peut-être
bien tous entendus. Alors, Madame le témoin 78 ? Vous souhaitez
un interprète, Madame ? Oui ? Voulez-vous bien demander au témoin
quels sont ses nom et prénom ?
le témoin 78 : le témoin 78.
L’Interprète : le témoin 78.
Le Président : Quel âge avez-vous ?
L’Interprète : Ufite imyaka
ingahe ?
le témoin 78 : 43.
L’Interprète : 43 ans.
Le Président : Quelle est
votre profession ?
L’Interprète : Umwuga wawe ?
le témoin 78 : Nd’uwihay’Imana.
L’Interprète : Religieuse.
Le Président : Quelle est
votre commune de résidence ?
L’Interprète : La commune
de Huye.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?
L’Interprète : Waruzi abaregwa
cyangwa bamwe muribo mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?
le témoin 78 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Il s’agit
uniquement de sœur Gertrude et de sœur Maria-Kizito ?
L’Interprète : N’ababikira
sœur Gertrude na sœur Maria-Kizito bonyine ?
le témoin 78 : Ndabazi.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Etes-vous
de la famille des accusés ou de la famille des personnes qui leur réclament
des dommages et intérêts ?
L’Interprète : Har’icyo upfana
n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?
le témoin 78 : Icyo
mpfana nabaregwa nuko ndi umukristu, ari abavandimwe banjye mu kwemera.
L’Interprète : Mis à part
qu’elle est chrétienne, ce sont ses sœurs par la religion, c’est tout.
Le Président : D’accord.
Travaillez-vous sous les liens d’un contrat d’emploi pour les accusés, ou pour
ceux qui leur réclament des dommages et intérêts ?
L’Interprète : Har’icyo ukorera
abaregwa cyangw’abaregera indishyi ? Akazi, niba bakuriha.akazi… ?
le témoin 78 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Voulez-vous
bien lever la main droite et prononcer le serment de témoin ?
L’Interprète : Ngaho kazamure,
le témoin 78 : Ndahiriye
kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.
L’Interprète : Je jure de
parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
L’Interprète : Uvuge buhoro
kugirango ntagira icyo nibagirwa.
Le Président : Vous pouvez
vous asseoir, tous les deux. Madame, depuis quand faisiez-vous partie de la
communauté de Sovu ?
L’Interprète : Kuva ryari
uri umubikira muri communauté ya Sovu ?
le témoin 78 : Kw’italiki
ya 23 za cumi na kumwe 87.
L’Interprète : Depuis le
24 novembre 1987.
Le Président : Je vais vous
demander, Madame, de parler bien fort dans le micro pour qu’on vous entende
bien. Aviez-vous une fonction particulière dans cette communauté, au mois d’avril
1994 ?
L’Interprète : Hari akazi
kihariwe warufite mur’icyo kigo mu kwezi kwa kane 94 ?
le témoin 78 : Nari
mu noviciat.
L’Interprète : J’étais novice.
Le Président : Saviez-vous
que des réfugiés ont été, à un moment donné, le 18 avril 1994, rassemblés au
centre de santé dépendant du couvent ?
L’Interprète : Hari ubwo
waruzi ko igihe kimwe kw’italiki ya 18 z’ukwezi kwa kane 94, impunzi zaba zarakoranyirijwe
muri centre de santé, yategekagwa na couvent ? N’ikigo ?
le témoin 78 : Nzi
ko hari kuri 17z’ukwa kane.
L’Interprète : Je sais que
c’était le 17 avril.
Le Président : Savez-vous
pourquoi on les a rassemblés là ?
L’Interprète : Uz’impamvu
yatumye babateraniriz’ahongaho ?
le témoin 78 : Ntabwo
narinyizi ariko bari baduhungiyeho.
L’Interprète : Je ne le savais
pas, mais ils avaient trouvé refuge auprès de nous.
Le Président : Savez-vous
qui a décidé de les rassembler au centre de santé ?
L’Interprète : Uzi uwaba
yarategetse ko babateraniriza muri centre de santé ?
le témoin 78 : Ntabwo
nzi uwabitegetse.
L’Interprète : Je ne sais
pas qui a donné l’ordre.
Le Président : Savez-vous
comment était organisée la distribution de nourriture au centre de santé ?
L’Interprète : Uzi uburyo
bagaburaga, batangaga ibiryo muriyo centre de santé ?
le témoin 78 : Ntabwo
mbizi kuko ntasohokaga.
L’Interprète : Je ne le sais
pas, parce que je ne sortais pas.
Le Président : Le 22 avril,
une attaque a eu lieu contre le centre de santé, avez-vous vu cette attaque ?
L’Interprète : Har’igitero
cyabaye kw’italiki ya 22 z’ukwezi kwa kane, waba warabonye icyo gitero ?
le témoin 78 : Nari
muri monastère, numva urusaku rw’imbunda.
L’Interprète : Je me trouvais
au monastère… j’ai entendu les crépitements des fusils.
Le Président : Savez-vous
si des religieuses ont quitté la clôture du couvent, ce jour-là, pour se rendre
au centre de santé ?
L’Interprète : Uzi niba hari
ababikira basohotse mu kigo uwo munsi, bajya kuri centre de santé ?
le témoin 78 : Ntabwo
mbizi, kuko twari hejuru dusenga.
L’Interprète : Je ne le sais
pas parce que nous nous trouvions au-dessus, à l’étage, en train de prier.
Le Président : Le soir, sœur
Gertrude vous a-t-elle averti que le lendemain, ce serait votre tour de mourir ?
L’Interprète : Har’igihe
nimugoroba sœur Gertrude yababwiye ko namwe muzapfa bukeye ?
le témoin 78 : Yatubwiye
ko dushobora guhunga, ngo kubukeye aritwe bazica.
L’Interprète : Elle nous
a dit que nous devions chercher un… nous enfuir parce que c’était notre tour,
le lendemain.
Le Président : Savez-vous
s’il était question que d’autres personnes que les religieuses prennent la fuite
du couvent ?
L’Interprète : Usibye ababikira,
waruzi ko hari abandi bantu bashoboraga guhunga bavuye mu kigo cy’ababikira ?
Le Président : Par exemple,
le personnel ; par exemple, les personnes en séminaire
L’Interprète : Ku rugero,
nk’abahakoraga , urundi rugero, nk’abari baje kuhifungira cyangwa bari muri
séminaire,
Le Président : Par exemple,
les membres des familles des sœurs ?
L’Interprète : Urundi rugero,
nk’imiryango y’ababikira ?
le témoin 78 : Imiryango
y’ababikira narinzi ko ihari, ariko twabanje kugenda turi ababikira.
L’Interprète : Je savais
que les familles des sœurs s’y trouvaient, mais nous sommes parties, en tant
que sœurs, en premier lieu.
Le Président : Etes-vous
partie le 23, dans le premier convoi ou dans le second ?
L’Interprète : Wajyanye n’abambere
kw’italiki ya 23, cyangw’abagiye mu gice cya kabiri ?
le témoin 78 : Nagiye
muba mbere.
L’Interprète : Je suis partie
parmi les premières.
Le Président : Dans la paroisse
de Ngoma où vous aviez trouvé refuge, y a-t-il eu des menaces de la part de
miliciens Interahamwe ?
L’Interprète : Aho mwari
mwahungiye muri paroisse y’i Ngoma, hari ubwo Interahamwe zigeze kubadurumbanya ?
le témoin 78 : Zarahadusanze,
aruko haje ababikira bandi bari basigaye inyuma, bazanye na bourgmestre.
L’Interprète : Ils nous y
ont trouvées parce qu’il y avait d’autres sœurs qui étaient restées en arrière
et qui sont venues en compagnie du bourgmestre.
[Interruption d’enregistrement]
L’Interprète : Ninde ababikira,
icyo gitero cy’abamiliciens ?
le témoin 78 : Babanje
gusohora umusaserdoti twari hamwe dusenga, agaruka abwira mama Gertruda ko basab’amafaranga.
Namubonye atang’amafaranga kugirango batatwica.
L’Interprète : Ils ont fait
sortir en premier lieu, je ne sais pas si on dit ça, un sacerdoce qui priait
avec nous et, quand il est revenu, on lui a réclamé de l’argent pour qu’on ne
le tue pas et j’ai vu sœur Gertrude donner cet argent pour qu’il ait la vie
sauve.
Le Président : Le lendemain,
le 24 avril, vous êtes revenues au couvent ?
L’Interprète : Bukeye, kw’italiki
ya 24, mwagarutse mu kigo ?
le témoin 78 : Twaragarutse
nimugoroba.
L’Interprète : Nous sommes
revenues le soir.
Le Président : Avez-vous
vu des miliciens ou le chef des miliciens, à votre retour au couvent ?
L’Interprète : Waba warabonye
ba miliciens cyangwa umutware wabo, mugarutse mu kigo ?
le témoin 78 : Tugarutse,
kugirango tunyure kuri bariyeri twari duherekejwe n’abasirikare, tugeze kuri
monasteri twasanze urugi runini rukinze, tuguma inyuma.
L’Interprète : Lorsqu’en
revenant… pour pouvoir passer la barrière, nous étions accompagnés des militaires
et, lorsque nous sommes arrivés au couvent, nous avons trouvé le grand portail
fermé et nous sommes restées derrière le portail.
Le Président : Avez-vous
vu des miliciens ou le chef des miliciens ?
L’Interprète : Waba waraboye
aba miliciens cyangwa umutware wabo ?
le témoin 78 : Numvise
imodoka, batera induru, ariko, abasirikare twari hamwe bavuga ko bagiye kubabaza,
sinababonye batugeraho.
L’Interprète : Lorsqu’ils
ont entendu le véhicule, nous les avons entendus également crier mais les militaires
qui nous accompagnaient nous ont dit qu’ils allaient les empêcher de venir et
ils ne sont jamais venus jusqu’à nous.
Le Président : Connaissez-vous
Emmanuel REKERAHO ?
L’Interprète : Emmanuel REKERAHO
uramuzi ?
le témoin 78 : Ntabwo
muzi ariko naramwumvaga aje.
L’Interprète : Je ne le connais
pas, mais je l’entendais lorsqu’il venait.
Le Président : Vous ne l’avez
jamais vu ?
L’Interprète : Ntabwo wigeze
umubona na limwe ?
le témoin 78 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Lorsque vous
êtes rentrés au couvent le 24 avril, les religieuses qui étaient restées au
couvent, sœur Scholastique, sœur Bénédicte et sœur Fortunata ont-elles dit ce
qui s’était passé pendant votre absence ?
L’Interprète : Igihe mwagarutse
mu kigo kw’italiki ya 24 z’ukwezi kwa kane, ababikira 3 bari basigaye mu kigo :
sœur Scholastique, sœur Bénédicte na sœur Fortunata, bababwiye ibyabaye igihe
mwari mudahari ?
le témoin 78 : Tutarinjira,
abasirikare batubwiraga ko bajya kutwereka aho impunzi dufite muri monasteri
ziri.
L’Interprète : Avant d’entrer,
les militaires nous disaient qu’ils allaient nous montrer où se trouvaient
les réfugiés que nous avions au sein du monastère.
Le Président : Sœur Scholastique
n’a-t-elle pas dit que des miliciens ou le chef des miliciens étaient venus
pour faire une liste des réfugiés ?
L’Interprète : Ntabwo sœur
Scholastique yigeze ababwira ko aba miliciens cyangwa umutware wabo yaba yaje
gukora liste y’impunzi ?
le témoin 78 : Tumaze
kwinjira naramubajije, kubera ko nyine bari batubwiye aho bari, atubwira ko
REKERAHO yaje gukora iyo liste.
L’Interprète : Lorsque nous
sommes entrés au monastère, je lui ai demandé, et elle m’a dit qu’effectivement
REKERAHO était venu dresser cette liste parce qu’il savait où se trouvaient
les réfugiés.
Le Président : Le lendemain,
le 25 avril, donc le lendemain du retour au couvent, y a-t-il eu une réunion
dans le grand parloir du monastère ?
L’Interprète : Mugarutse
bukeye kw’italiki ya 25, hariho inama yaba yarabereye mu cyumba kinini, muri
monastère ?
le témoin 78 : Nari
mu kiriziya ntabwo mbizi.
L’Interprète : Je me trouvais
à l’église à ce moment, je ne sais pas.
Le Président : Vous n’avez
pas assisté à cette réunion ?
L’Interprète : Ntabwo wagiye
muriyo nama ?
le témoin 78 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Vous ne savez
donc pas ce qu’il s’y est dit ?
L’Interprète : Ntabwo uzi
icyahavugiwe ?
le témoin 78 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Et vous ne
savez pas non plus ce qui s’est passé après cette réunion ?
L’Interprète : Ntabwo uzi
n’icyabaye nyuma y’iyo nama ?
le témoin 78 : Bambwiye
ko impunzi zisohotse, REKERAHO aje kuzitwara.
L’Interprète : On m’a dit
que les réfugiés allaient sortir parce que REKERAHO était venu les chercher.
Le Président : Avez-vous
vu le départ des réfugiés ?
L’Interprète : Wabonye impunzi
zigenda ?
le témoin 78 : Nasohotse
mu kiriziya,
L’Interprète : Je suis sortie
de l’église,
le témoin 78 : Nihuta
ngana kuri grand parloir,
L’Interprète : Et je me dirigeais
en toute hâte vers ce grand parloir,
le témoin 78 : Mbabona
basohoka.
L’Interprète : Je les ai
vu sortir.
Le Président : Savez-vous
quand les familles des sœurs ont quitté le couvent ?
L’Interprète : Uz’igihe imiryango
y’ababikira baviriye mu kigo ?
le témoin 78 : Nzi
ko hari hashize iminsi ariko sinibuka italiki.
L’Interprète : Je sais que
c’était après quelques jours, mais je ne me souviens plus de la date.
Le Président : Savez-vous
qui a organisé le départ des familles des sœurs ?
L’Interprète : Uzi uwateguye
ukugenda kw’ababyeyi b’ababikira ?
le témoin 78 : Ntabwo
nzi uwabiteguye, numvise bagiye.
L’Interprète : Je ne sais
pas qui l’a préparé, mais je l’ai entendu dire juste après leur départ.
Le Président : Qu’est-ce
que vous avez entendu dire à ce sujet-là ?
L’Interprète : Wumvise bavuga
iki ku byerekeye urugendo rwabo ? Ukugenda kwabo ?
le témoin 78 : Nari
ahantu ndodera, ntera ipasi,
L’Interprète : J’étais en
train de repasser dans l’atelier de couture,
le témoin 78 : Umubikira
umwe witwa Theonilla witabye Imana, araz’arambwir’ati : « Batwaye
ababyeyi b’ababikira ».
L’Interprète : Une certaine
religieuse du nom de Théonille, qui est décédée, est venue me dire qu’on était
en train d’emmener les familles des sœurs.
Le Président : Avez-vous
entendu des coups de fusil ce jour-là ?
L’Interprète : Wumvise imbunda
uwo munsi ?
le témoin 78 : Narazumvise.
L’Interprète : Je les ai
entendus.
Le Président : D’où vous
étiez, saviez-vous voir la bananeraie ?
L’Interprète : Aho waruri
ahongaho, washoboraga kubona urutoki ?
le témoin 78 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Savez-vous
si sœur Kizito quittait parfois le couvent ?
L’Interprète : Uzi niba limwe
na limwe sœur Kizito yarasohokaga akava mu kigo ?
le témoin 78 : Icyo
nzi nuko nyuma, impunzi zarapfuye, bazaga gukomanga, imodoka bari bafite, ambulance
yari yaratwaye REKERAHO, iyo yazaga namenyaga ko ariwe uje.
L’Interprète : Ce que
je sais, c’est que, juste après la mort des réfugiés, j’entendais l’ambulance
que conduisait REKERAHO. Il venait sonner et je savais qu’il s’agissait bien
de lui qui venait.
Le Président : Et sœur Kizito
parlait avec lui ?
L’Interprète : Yaganiraga
na sœur Kizito ?
le témoin 78 : Ntabwo
nzi ko baganiraga, nuko yakomangaga ahantu akitaba, kugir’arebe icyo ashaka.
L’Interprète : Je ne
sais pas s’ils causaient mais REKERAHO avait un endroit auquel il tapait et
puis, elle répondait et elle allait voir de quoi il s’agissait, ce qu’il voulait.
Le Président : Vous connaissez
RUSANGANWA Gaspard ?
L’Interprète : Waruzi
uwitwa RUSANGANWA Gaspard ?
le témoin 78 : Nari
muzi kuko yaratuye kuri monasteri.
L’Interprète : Je le connaissais,
parce qu’il habitait au monastère.
le témoin 78 : Ku
ruhande rwa monasteri.
L’Interprète : A côté du
monastère.
Le Président : Venait-il
dans le monastère ?
L’Interprète : Yazaga muri
monastère ?
le témoin 78 : Ntabwo
namubonaga kenshi.
L’Interprète : Je ne l’y
voyais pas souvent.
Le Président : Et lorsqu’il
venait, c’était pour travailler au monastère, ou bien c’était pour rencontrer,
par exemple, sœur Kizito ou sœur Gertrude ?
L’Interprète : Icyo gihe
yazaga, yazaga arukuhakora cyangwa se aruguhura na sœur Kizito cyangwa na sœur
Gertrude ?
le témoin 78 : Muzi
mbere y’intambara, aza kutwigisha indirimbo, yabisabwe na mère Marie-Jeanne
wari supérieure icyo gihe.
L’Interprète : Je le connaissais
avant la guerre lorsqu’il venait nous apprendre à chanter, à la demande de sœur
Marie-Jeanne qui était supérieure à l’époque.
Le Président : Y a-t-il des
questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, est-ce que le témoin pourrait nous donner une indication sur la perception
qu’elle a eue du rôle de Stéphanie, sœur Stéphanie, durant les événements, s’il
vous plaît ?
Le Président : Pendant les
événements d’avril et mai 1994, sœur Stéphanie a-t-elle joué un rôle particulier ?
L’Interprète : Mu gihe cy’amarorerwa
yo muri 94, mu kwezi kwa kane, sœur Stéphanie yaba yarakoze ikintu kihariwe ?
Séraphine le témoin : Icyo
nibuka nuko yaherekeje mama Gertruda, agiye kuzan’ababikira bari basigaye i
Ngoma.
L’Interprète : Ce dont
je me souviens, c’est qu’elle a raccompagné sœur Gertrude, au moment où elle
s’est rendue à Ngoma pour ramener les sœurs qui y étaient restées.
Le Président : D’autres questions ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, le témoin a signé une déclaration qui n’est pas datée. Par déduction,
elle doit dater de février, mars ou avril 1995. C’est une lettre assez longue
adressée au père abbé Célestin CULLEN, président de la Congrégation de l’Annonciation, c’est une lettre
dans laquelle elle décrit les événements comme elle… enfin, elle les décrit.
Puis-je vous demander de lui poser la question de savoir qui a dactylographié
ce courrier et dans quel contexte il a été rédigé, s’il vous plaît ?
Le Président : Vous vous
souvenez avoir écrit au père CULLEN,
L’Interprète : Uribuka niba
warigeze wandikira ibaruwa umupadiri witwa CULLEN ?
Le Président : A propos des
événements survenus à Sovu ?
L’Interprète : Ku byabaye
i Sovu ?
le témoin 78 : Ndabyibuka
ko namwandikiye ndi Hermeton, muri Belgique.
L’Interprète : Elle se souvient
qu’elle lui a écrit lorsqu’elle était en Belgique, à Hermeton.
Le Président : Dans quelles
circonstances cette lettre a-t-elle été écrite ?
L’Interprète : Mu buhe buryo
iyo baruwa yanditswe ?
le témoin 78 : Namwandikiye
nshaka kumubwira uburyo twabayeho.
L’Interprète : Je lui ai
écrit en voulant lui expliquer la façon dont nous avons vécu.
Le Président : Quelqu’un
vous avait-il demandé d’écrire cette lettre ?
L’Interprète : Hari uwari
yabasabye kugirango mwandike iyo baruwa ?
le témoin 78 : Nari
nabitekereje, ariko nsaba umubikira aho nabaga ko byashoboka, aranyemerera.
L’Interprète : J’y avais
pensé mais je me suis adressée à la sœur chez qui je logeais, et elle a accepté.
Le Président : Qui a dactylographié
le texte de la lettre ?
L’Interprète : Ninde wayanditse
ku mashini, ninde wanditse ibiri mur’iriya baruwa, kw’imashini ?
le témoin 78 : Ni
sœur Loïse.
L’Interprète : Sœur Loïse.
Le Président : Une autre
question ? Maître NKUBANYI ?
Me. NKUBANYI : Oui, Monsieur
le président, est-ce que, à la connaissance du témoin, sœur Gertrude était considérée
par certains comme complice du FPR ?
Le Président : Avez-vous
entendu dire que sœur Gertrude aurait été considérée comme une complice du FPR ?
L’Interprète : Wigeze wumv’abantu
bavuga ko sœur Gertrude yar’ikitso cya FPR ?
le témoin 78 : Ntabwo
nabyumvise.
L’Interprète : Je n’ai jamais
entendu parler de ça.
Me. NKUBANYI : Autre question,
Monsieur le président, est-ce que, à la connaissance du témoin, sœur Gertrude
serait tombée malade dans les jours qui ont suivi le 6 mai 1994 ?
Le Président : Sœur Gertrude
est-elle tombée malade le 6 mai 1994, ou dans les jours qui ont suivi ?
L’Interprète : Kw’italiki
ya 6 y’ukwezi kwa gatanu 94 , sœur Gertrude yaba yararwaye, cyangwa mu
minsi yakurikiyeho, yaba yararwaye ?
le témoin 78 : Nibuka
ko yarwaye kuko namugemuliraga, ariko ntabwo nibuka italiki.
L’Interprète : Je me souviens
qu’elle était tombée malade parce que je lui ai apporté… j’allais la nuit, mais
je ne sais plus quelle date c’était.
Le Président : Une autre
question ? Maître VERGAUWEN ?
Me. VERGAUWEN : Simplement
une seule confirmation, Monsieur le président. Le témoin peut-il nous confirmer
qu’il est né en 1958 et qu’en avril 1994, il avait donc 36 ans ?
Le Président : Vous êtes
née en 1958 ?
L’Interprète : Wavutse muri
58 ?
le témoin 78 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Me. VERGAUWEN : Je vous remercie.
Le Président : Maître VANDERBECK ?
Me. VANDERBECK : Juste une
petite confirmation, Monsieur le président, par rapport à l’audition du témoin
en 1995 par Monsieur CORNET Marc, enquêteur de la PJ, est-ce que le témoin peut
nous dire, enfin, nous confirmer, pardon, qu’elle ait dit, concernant sœur Kizito :
« J’ignore quelles étaient ses relations avec les militaires
et les miliciens. Kizito ne sortait pas à l’extérieur du couvent ou, tout du
moins, je ne la voyais pas. Je sais juste qu’elle allait voir les personnes
qui se présentaient à la grille du couvent, du fait qu’elle était de la région
et qu’elle connaissait beaucoup de monde ».
Le Président : Savez-vous
si sœur Kizito sortait du couvent ?
L’Interprète : Uzi niba sœur
Kizito yarasohokaga mu kigo ?
le témoin 78 : Ntabwo
mbizi.
L’Interprète : Je ne sais
pas.
Le Président : Savez-vous
si elle se rendait à la porte d’entrée lorsqu’il y avait des visiteurs ?
L’Interprète : Uzi niba yarajyaga
ku rugi, aho binjiriraga, hari abashyitsi ?
le témoin 78 : Kubera
ko ntasohokaga, ntabwo mbizi.
L’Interprète : Parce que
je ne sortais pas, je ne suis pas au courant, je ne le sais pas.
Le Président : D’autres questions ?
Maître Clément de CLETY ?
Me. de CLETY : Une toute
petite question, Monsieur le président. Le témoin peut-il confirmer un bref
passage de sa déposition que je cite : « Je suis
à Sovu depuis sept années, je ne suis sortie qu’une seule fois du couvent pour
voir ma famille. Toutes les activités se déroulent au sein même de notre congrégation,
nous n’avons presque pas de contacts avec l’extérieur, nous vivons cloîtrées
comme l’exige notre ordre religieux » ?
Le Président : Est-il exact
que vous viviez cloîtrée, sans contacts ou presque sans contacts avec l’extérieur ?
L’Interprète : N’ibyo ukuri
ko mutasohokaga, ntabwo mwabonanaga n’abantu b’inyuma ?
le témoin 78 : Ntabwo
twasohokaga, kuko ubuzima bwacu, tukora byose imbere mu rugo, ntidusohoke.
L’Interprète : Elles ne sortaient
pas parce que dans leur ordre, elles font tout à l’intérieur, elles ne sortent
pas.
Le Président : Une autre
question ?
Non Identifié : En réalité,
Monsieur le président, ce n’est pas une question, mais j’aimerais qu’on me précise
une réponse qui m’a échappée, concernant l’ambulance, quand on a posé la question
sur sœur Kizito et l’extérieur, une réponse concernant l’ambulance et REKERAHO.
Le Président : Savez-vous
si Monsieur REKERAHO utilisait une ambulance ?
L’Interprète : Uzi niba REKERAHO
yarakoreshaga ambulance ?
le témoin 78 : Nzi
ko yazaga ariyo imuzanye. Aza muri monasteri, kuko numvaga ijwi ryayo.
L’Interprète : Je sais que
lorsqu’il venait au monastère, il était à bord de cette ambulance, parce que
j’entendais son vrombissement.
Le Président : Savez-vous
depuis quand Monsieur REKERAHO utilisait l’ambulance ?
L’Interprète : Uzi kuva ryali
REKERAHO yakoreshaga iyo ambulance ?
le témoin 78 : Ntabwo
nzi igihe ariko nzi ko yari yarayitwaye.
L’Interprète : Je ne sais
pas, je ne connais pas la date exacte mais je sais qu’il l’avait prise.
Le Président : Après les
massacres au centre de santé?
L’Interprète : Nyuma yuko
bishe abantu muri centre de santé ?
Le Président : Ou déjà avant ?
L’Interprète : Cyangwa mbere
y’ahongaho ?
L’Interprète : Je ne m’en
souviens pas.
Le Président : Une autre
question ? Plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord pour
que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous
avez faites ? Persistez-vous dans ces déclarations ?
L’Interprète : Urahamya kandi
uremeza ibyo wavuze uyu munsi ?
le témoin 78 : Ndabihamya.
L’Interprète : Je les confirme.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps, tout en
restant à la disposition de la Cour pour l’organisation de votre retour au Rwanda.
L’Interprète : Urukiko ruragushimiye
kandi ushobora gukora icyo ushaka, ariko rugusabye kuguma mu maboko yarwo, kugeza
igihe bagufashirije gusubira mu Rwanda.
le témoin 78 : Nanjye
ndarushimiye.
L’Interprète : Je vous remercie
également.
Le Président : Bien. Nous
allons suspendre l’audience. Nous la reprendrons à 5h20 et, comme il reste quatre
témoins, je vais vous demander peut-être, effectivement, de rester un peu plus
tard que 6h, de manière à ce que nous puissions entendre ces quatre témoins.
Vous êtes d’accord avec ça ? Bien. Donc, l’audience est suspendue, elle
reprend à 5h-20. |