8.6.30. Audition des témoins: le témoin 70
Le Président : Alors, Madame
le témoin 70. Madame, vous souhaitez un interprète ?
le témoin 70 : Oui.
Le Président : Voulez-vous
bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?
L’Interprète : Amazina yawe ?
L’Interprète : le témoin 70.
Le Président : Quel âge avez-vous ?
le témoin 70 : Ufite
imyaka ingahe ?
le témoin 70 : 48.
L’Interprète : 48 ans.
Le Président : Quelle est
votre profession ?
L’Interprète : Umwuga wawe ?
L’Interprète : Je suis religieuse.
le témoin 70 : Ndi
umubikira.
Le Président : Quelle est
votre commune de résidence ?
L’Interprète : Utuye muri
komine yihe ?
le témoin 70 : Maraba.
L’Interprète : Commune Maraba.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés, avant le mois d’avril 1994 ?
L’Interprète : Wari uzi abaregwa
cyangwa bamwe muribo, mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?
Le Président : Connaissez-vous
Monsieur NTEZIMANA ?
L’Interprète : Wari uzi Bwana
NTEZIMANA,
le témoin 70 : Ntabwo
narimuzi.
L’Interprète : Je ne le connaissais
pas.
Le Président : Connaissiez-vous
Monsieur Alphonse HIGANIRO ?
L’Interprète : Wari uzi Bwana
Alphonse HIGANIRO ?
le témoin 70 : Ntabwo
narimuzi ariko narinzi izina rye, nanamuboneraga kure.
L’Interprète : Je ne le connaissais
pas personnellement, mais je connaissais son nom et puis, je le voyais de loin.
Le Président : Connaissiez-vous
sœur Gertrude et sœur Maria Kizito ?
L’Interprète : Wari uzi sœur
Gertrude na sœur Maria Kizito ?
le témoin 70 : Narimbazi
kuko twabanye.
L’Interprète : Je les connaissais
parce que nous avons vécu ensemble.
Le Président : Etes-vous
de la famille des accusés, ou de la famille de ceux qui leur réclament des dommages
et intérêts ?
L’Interprète : Haricyo upfana
n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?
le témoin 70 : Bose
ntacyo dupfana uretse ko bose ari abanyarwanda n’abanyarwandakazi.
L’Interprète : Nous n’avons
pas de lien de parenté, à part qu’ils sont tous Rwandais et Rwandaises.
Le Président : Travaillez-vous
sous un lien de contrat d’emploi pour les accusés, ou pour ceux qui leur réclament
des dommages et intérêts ?
L’Interprète : Waba ukorera
abaregwa cyangwa abaregera indishyi, baguhemba ?
le témoin 70 : Ubundi
n’uko abahano aribo bampamagaye, nkaba nitabye. Ubucamanza bwa hano nibwo bwantumiye,
none nitabye.
L’Interprète : [Inaudible]
Le Président : Etes-vous
la domestique des accusées, ou la domestique de ceux qui réclament des dommages
et intérêts ?
L’Interprète : Icyo
yashakaga kuvuga, arabaza niba haricyo ubakorera, bakuriha. Nta mulimo ubakorera ?
le témoin 70 : Bariye,
ababikira twabanaga muri communauté imwe, nta wundi murimo numva mbakorera.
L’Interprète : Non, il n’y
a pas… je ne travaille pas pour elles, c’est parce qu’on a vécu ensemble dans
la même communauté, c’est tout.
Le Président : Alors, voulez-vous
bien lever la main droite, et prononcer le serment de témoin ?
L’Interprète : Ushobora kuzamura
akaboko k’iburyo, ugasoma ibi ?
le témoin 70 : Ndahiriye
kuvuga ukuri, ukuri gusa, nta rwango nta mususu.
L’Interprète : Je jure de
parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Vous pouvez
vous asseoir, tous les deux. Madame, au mois d’avril 1994, vous vous trouviez
au couvent Saint-Benoît, à Kigufi.
L’Interprète : Mu kwezi kwa
kane kwa 94, wari mu kibikira cy’i Kigufi ?
le témoin 70 : Niho
narindi.
L’Interprète : Oui, je m’y
trouvais.
Le Président : C’est avant
cela que vous avez fait la connaissance de sœur Gertrude et de sœur Marie-Kizito ?
L’Interprète : Ni mbere y’icyo
gihe waba waramenyanye na sœur Gertrude na sœur Kizito ?
L’Interprète : Oui, c’est
bien avant ça, parce que j’ai vécu avec elles bien avant, quand je commençais
à vivre à Sovu.
Le Président : Que pouvez-vous
dire de la personnalité de sœur Gertrude et de la personnalité de sœur Kizito ?
L’Interprète : Wavuga iki
ku byerekeye imyitware ya sœur Gertrude na sœur Kizito ?
le témoin 70 : Kuri
sœur Gertruda,
L’Interprète : A propos de
sœur Gertrude,
le témoin 70 : Nshobora
kugira icyo mvuga kuko twabanye ari imbere yanjye,
L’Interprète : Je peux dire
quelque chose parce que nous avons vécu ensemble et elle était devant moi.
le témoin 70 : Naho
Maria-Kizito yari umunovise, tabwo twakundaga kuvugana no kubonana.
L’Interprète : Quant à Marie-Kizito,
elle était novice et on ne se parlait pas souvent, on ne se voyait pas fréquemment.
Le Président : Alors, que
pouvez-vous dire de sœur Gertrude ?
L’Interprète : Kuri sœur
Gertrude, wamuvugaho iki ?
le témoin 70 : Mama
Gertruda twabanage muri communauté. Yari umuntu ugerageza gukurikiza amategeko
yo mu muryango.
L’Interprète : Sœur Gertrude,
nous vivions ensemble dans la même communauté, c’est quelqu’un qui avait le
souci de respecter les règles de la communauté.
le témoin 70 : Iyo
umuntu yabaga yakosheje,
L’Interprète : Si quelqu’un
avait commis une faute,
le témoin 70 : Ntabwo
yabyihanganiraga, yashobora nko kumutonganya,
L’Interprète : Elle ne pouvait
pas le supporter, et elle était capable de l’enguirlander,
le témoin 70 : Ariko
yaba abonye yibeshye akasaba umuntu imbabazi, yihereyeho.
L’Interprète : Mais, si elle
se rendait compte que c’est elle qui avait eu tort, elle présentait ses excuses
à la personne… on peut donner un exemple en commençant par soi-même…
le témoin 70 : Ndumva
nta kindi navuga.
L’Interprète : Je pense que
je n’ai rien d’autre à ajouter.
Le Président : En ce qui
concerne les événements qui sont arrivés au début du mois d’avril 1994, au couvent
de Kigufi,
L’Interprète : Ibyabaye mu
kwezi kwa kane 94, mu kibikira cy’i Kigufi,
Le Président : Le président
le témoin 32 a été tué le 6 avril 1994,
L’Interprète : Prezida le témoin 32
yishwe ku itariki ya 6 y’ukwezi kwa kane muri 94,
Le Président : Votre couvent
a-t-il été attaqué dès le lendemain, le 7 avril, ou seulement le surlendemain,
le 8 avril ?
L’Interprète : Bukeye bwaho,
ikigo cyanyu, cyaratewe ku itariki ya 7 cyangwa se ku munsi wakurigira ku itariki
ya 18, mu kwezi kwa kane ?
le témoin 70 : Ntabwo
amatariki nyazi neza,
L’Interprète : Je ne suis
pas certaine des dates.
le témoin 70 : Icyo
nzi n’uko yamaze gupfa,
L’Interprète : Ce que je
sais c’est qu’après sa mort,
le témoin 70 : Twari
dutuye hafi ya diocèse ya Nyundo,
L’Interprète : Nous habitions
tout près du diocèse de Nyundo,
le témoin 70 : Twumva
bavuze ko bagiye bica abapadiri n’ababikira n’abandi bantu.
L’Interprète : Et on a entendu
dire que les prêtres et les sœurs et d’autres personnes avaient été massacrés.
le témoin 70 : Il
y a une sœur qui était très âgée qui disait : « Les gens ne tuaient
pas facilement les religieux et les religieuses et maintenant on les a tués.
Qu’est-ce que les gens vont faire ? Où est-ce qu’ils vont aller ? ».
Icyo gihe,
L’Interprète : A ce moment,
le témoin 70 : Twari
dufite umuganga twari duturanye witwaga Benoît le témoin 123,
Le Président : Il y avait
un médecin voisin, du nom de Benoît le témoin 123 ?
le témoin 70 : Yari
yaje gusura umuntu wari iwacu wari waragize accident,
L’Interprète : Il était venu
soigner quelqu’un qui se trouvait chez nous, qui avait eu un accident.
le témoin 70 : Icyo
gihe ngo haje abasirikare kumutwara
L’Interprète : A ce moment,
il paraît qu’il y a des militaires qui sont venus le prendre,
le témoin 70 : Cyokora
sinababonye,
L’Interprète : Mais je ne
les ai pas vus,
Vérédiane le témoin 70 : Ariko
nagize ubwoba, hanyuma uwari Mameya w’urugo, wari umubikira w’umubiligikazi,
le témoin 70 : Mais
j’ai pris peur et celle qui était la sœur supérieure, une Belge,
le témoin 70 : Ngo
yaba yaratanze amafaranga ageze nko ku 80.000 ngo bamugarure.
L’Interprète : Il paraît
qu’elle aurait donné environ 80.000 FB pour qu’on fasse… qu’on ramène le médecin.
le témoin 70 : Icyo
gihe bamaze kumugarura yaraje, aba ari hamwe na wa mubyeyi yaramaze iminsi avura,
L’Interprète : Lorsqu’on
l’a ramené, il est resté auprès du malade qu’il soignait depuis un bon bout
de temps,
le témoin 70 : Ariko
atari ukumwitaho kubera ko nawe yumvaga afite ubwoba.
L’Interprète : Mais ce n’était
pas pour s’occuper de lui, mais c’est parce qu’il avait lui-même très peur.
le témoin 70 : Nyuma
twarabimuye, nyuma baje kuvuga ko umwana we, wa muganga, umwana mukuru w’imfura
witwa Olivier,
L’Interprète : On a dit après
que son fils aîné, du nom d’Olivier,
le témoin 70 : Yaje
i Kigufi,
L’Interprète : Est venu à
Kigufi,
le témoin 70 : Aravuga
ngo mama we bamupfukamishije,
L’Interprète : Et il a dit
qu’on avait fait agenouiller sa mère,
le témoin 70 : Ko
bamusabaga amafaranga,
L’Interprète : Et qu’on lui
demandait de l’argent,
Vérédiane le témoin 70 : Uwo
mwana yavuze ko yabaye nkuwishakisha kujya kuyazana, ahita aza iwacu kutubwira.
L’Interprète : Et ce garçon,
il a fait semblant d’aller chercher l’argent mais il s’est rendu immédiatement
au couvent et il est venu me le dire.
le témoin 70 : Hanyuma
yaraje, abibwiye ise,
L’Interprète : Lorsqu’il
est venu, et qu’il a raconté l’histoire à son père,
le témoin 70 : Twashatse
amafaranga turayamuha,
L’Interprète : Nous avons
cherché l’argent et nous le lui avons remis,
le témoin 70 : Cyokora
sinibuka umubare.
L’Interprète : Mais je ne
sais pas combien, je ne sais plus combien.
le témoin 70 : Nta
nubwo yayanze yose, ise yayagabanyijemo kabiri, amwe yarayanshubije kuko yari
yihebye.
L’Interprète : Il n’a pas
pris tout l’argent, son père l’a divisé en deux, et il m’a donné l’autre partie,
parce qu’il avait perdu tout espoir.
le témoin 70 : Hanyuma
uwo mwana yaragiye ajya mu rugo,
L’Interprète : L’enfant est
retourné à la maison,
le témoin 70 : Mu
masaa sita yuzuye bazana na mama we n’abandi bana, kuko bari bafite abana bane.
L’Interprète : Et, vers midi,
il est revenu en compagnie de sa mère et de quatre autres enfants, parce qu’ils
en avaient cinq,
le témoin 70 : Bari
bafite bane : Olivier na Sylvia, n’abandi bane.
L’Interprète : Olivier, Sylvie
et quatre autres.
Le Président : Ca fait six.
le témoin 70 : Bari
batandatu. Bose hamwe bari batandatu.
L’Interprète : Ils étaient
six.
le témoin 70 : Hanyuma
baraje,
L’Interprète : Ils sont venus,
le témoin 70 : Tubashyira
mu nzu twari tumaze kuzuza ikomeye,
L’Interprète : Nous les avons
placés dans une maison qu’on venait à peine de construire,
le témoin 70 : Nuko
turabafungurira,
L’Interprète : Nous leur
avons donné à manger,
le témoin 70 : Hanyuma
turakinga, njyewe ubwanjye narakinze n’imfunguzo urugi rwari inyuma.
L’Interprète : Et moi, personnellement,
j’ai fermé la porte en fer.
le témoin 70 : Hanguma
ndagaruka mu rugo rwacu,
L’Interprète : Et je suis
retournée au couvent,
le témoin 70 : Mu
masaa cumi n’imwe n’iminota 5,
L’Interprète : Et, vers 17h05,
le témoin 70 : Twagombaga
kujya mu misa nimugoroba,
L’Interprète : Nous avions
la messe le soir,
le témoin 70 : Nibeshye.
L’Interprète : Je me suis
trompée.
le témoin 70 : Mbere
y’iyo saaha, ndumva ari mu masaa cyenda, kuko yari yabonanye na muganga kare,
n’uwo mupadiri, nyuma uwo mupadiri yarambwiye ngo, uwo mupadiri witwa Yohani-Batista
le témoin,
L’Interprète : Je pense qu’il
était vers 15h00, ou plus tôt, parce que…
L’Interprète : Uravuga Olivier ?
le témoin 70 : Oya,
ni muganga. Benoît.
L’Interprète : Ninde wari
wabonanye na muganga ?
le témoin 70 : Muganga
Benoît, yari yasuranye na Yohani-Baptista, hanyuma barantuma ngo ninjye kumubazanira.
Njya kuzana Benoît.
L’Interprète : Je pense que
c’était vers 15h00, parce que le médecin avait rencontré, avait rendez-vous
avec le témoin 11, et qu’il m’a envoyé chercher le médecin.
L’Interprète : Nibyo ?
le témoin 70 : Nibyo.
L’Interprète : C’est ça.
le témoin 70 : Yaraje
baravugana,
L’Interprète : Il est venu
et ils se sont entretenus,
le témoin 70 : Bonyine.
L’Interprète : Seuls.
le témoin 70 : Nyuma
rero mbasubizayo, asanga umuryango we,
L’Interprète : Après, je
l’ai ramené auprès de sa famille,
le témoin 70 : Ndongera
ndakinga.
L’Interprète : J’ai refermé
la porte.
le témoin 70 : Nyuma
saa kumi n’imwe zirenzeho itanu,
L’Interprète : Et, à 17h05,
le témoin 70 : Bari
bavugije inzogera ngo tujye mu misa.
L’Interprète : La sonnerie
pour nous rendre à la messe a sonné.
le témoin 70 : Hanyuma,
L’Interprète : Après,
le témoin 70 : Twumvise
induru nyinshi,
L’Interprète : Nous avons
entendu beaucoup de cris,
le témoin 70 : Ubwo
naringiye kuzana, nazanye divayi yo gutegurira uwo mupadiri washakaga gusoma
misa ariko adashoboye kujya gusomera misa hamwe n’abandi.
L’Interprète : J’avais préparé
le vin pour ce prêtre qui allait dire la messe parce qu’il ne pouvait pas la
dire en compagnie des autres prêtres,
le témoin 70 : Hanyuma
twumva induru iravuze, twumva baraduteye.
L’Interprète : Alors, nous
avons entendu les cris et puis, on a su qu’on était attaqué
le témoin 70 : Hanyuma
batema inzugi ebyiri,
L’Interprète : Ils ont défoncé
deux portes,
le témoin 70 : Bica
umukobwa waruhari witwaga Ancilla,
L’Interprète : Ils ont tué
une fille qui se trouvait là, du nom d’Ancille,
le témoin 70 : Nyuma
baza natwe kudushaka,
L’Interprète : Et après,
ils sont venus à notre recherche,
le témoin 70 : Bari
bishe n’umukozi wacu ariko.
L’Interprète : Ils avaient
tué aussi, entre-temps, un de nos employés.
le témoin 70
: Baraza, batemye urugi rumwe, bendaga kugera
aho turi,
L’Interprète : Lorsqu’ils
ont défoncé une porte qui était proche de là où nous nous trouvions,
le témoin 70 : Kuko
twumvise urusaku,
L’Interprète : En entendant
les cris,
le témoin 70 : Ababikira
bane, ndumva twari bane, twarahungiye muri salle de bain.
L’Interprète : Nous étions,
je pense, à quatre religieuses, nous nous sommes réfugiées dans une salle de
bain.
le témoin 70 : Umwe
wari ufite ka telefoni karasona,
L’Interprète : Une avait
un téléphone, qui a sonné,
Vérédiane le témoin 70 : Hanyuma
abari inyuma y’inzu baravuga ngo : « Murahamagara abasirikare se sibo
batwohereje ? ».
L’Interprète : Et ceux qui
se trouvaient derrière la maison ont dit : « Vous êtes en train
d’appeler les militaires, alors que ce sont eux qui nous ont envoyés ».
le témoin 70 : Noneho
mu kanya twumva twumva urusaku, twumva imiriri, imirindi,
L’Interprète : Après un moment,
nous avons entendu le bruit de pas.
le témoin 70 : Bari
bamenye ngo aho Benoît ari.
L’Interprète : Ils avaient
découvert la cachette de Benoît.
Vérédiane le témoin 70 : Ko batemaga
inzugi, umwana bari bambwiye ko bashobora kuba… ko ngo yavuze ngo ababikira
babagezeho kandi arijye bashakaga. Aravuga ngo ababikira babagezeho ngo ariwe
bashakaga, niwe wiranze aho ari.
L’Interprète : Je pense que
c’est le fils…
le témoin 70 : Benoît,
Benoît ni se, abahungu ni Olivier. Olivier yambwiye ko ashobor kuba yaravuze
ngo ababikira abagezeho kandi ariwe bashaka.
L’Interprète : Bashaka Olivier ?
le témoin 70 : Bashaka
Benoît.
L’Interprète : Olivier m’a
dit que les tueurs étaient arrivés auprès des sœurs, alors que c’est Benoît
qu’ils cherchaient.
le témoin 70 : Yaranze
aho ari, ngo yaravuze ngo : « Ni hano ».
L’Interprète : Il a indiqué
là où il se trouvait. Il a dit : « Je me trouve ici ».
le témoin 70 : Ndabyemera
kuko numvise ukuntu birukanka.
L’Interprète : Je crois à
cette version parce que je les ai entendus courir.
le témoin 70 : Ubwo
rero bajyanye, ngirango bagiye nko mu mangazini yacu, bahakura ibikoresho byose
n’inyundo n’iki…
L’Interprète : Je pense qu’ils
se sont rendus dans notre magasin où ils ont pris toutes sortes d’outils, les
marteaux et le reste.
le témoin 70 : Hanyuma
barabasohora babashyira hanze.
L’Interprète : Ils les ont
fait sortir,
le témoin 70 : Ntabwo
nabibonye,
L’Interprète : Je ne l’ai
pas vu,
le témoin 70 : Ariko
numvaga umwana umwe wavugaga,
L’Interprète : Mais j’entendais
un des enfants dire que,
le témoin 70 : Ko
biraza amasinde.
L’Interprète : Ngo iki ?
le témoin 70 : Ko
biraza amasinde, birakomeye kubihindura. Ko barimo kubica, ibintu birakomeye.
L’Interprète : Bivuga iki ?
le témoin 70 : Urabona
umuntu wapfuye, baracukura, bakarundarunda utugufa. Njye ngirango yagombaga
kuba aricyo avuga, kuko yavugaga ngo biraza amasinde kandi wumva bariho babakubita.
L’Interprète : …Ca, c’est
très difficile à traduire… mais elle veut dire que la situation était devenue
très grave parce qu’elle les entendait, ces gens-là, les battre… battre ceux
qu’ils avaient fait sortir. « Kuraza amasinde », en kinyarwanda,
c’est un proverbe qui est très difficile à traduire. Ceux qui le savent peuvent…
elle-même, elle ne sait pas donner une autre version.
le témoin 70 : Birakomeye.
Le Président : Les gens qui
sont venus attaquer le couvent et qui étaient à la recherche de Benoît et de
sa famille,
L’Interprète : Abaje gutera
ikigo bashaka Benoît n’umuryango we,
Le Président : Disaient-ils
qu’ils étaient envoyés par Monsieur HIGANIRO ?
L’Interprète : Bavugaga ko
yari HIGANIRO wari ubohereje ?
le témoin 70 : Icyo
gihe nta muntu wari kuvuga ngo yoherejwe n’undi.
L’Interprète : A ce moment,
personne ne pouvait dire qu’il avait été envoyé par telle ou telle autre personne.
le témoin 70 : Bumvaga
ari akazi bagomba gukora ku manwa.
L’Interprète : Ils sentaient
que c’était le travail qu’ils devaient accomplir, pendant la journée.
le témoin 70 : Nta
kindi numvise bavuga kandi nari mfite ubwoba.
L’Interprète : Je ne les
ai pas entendu dire autre chose et j’avais très peur.
Le Président : Connaissez-vous
le témoin 3 et le témoin 12 ?
L’Interprète : Uzi le témoin 3
na le témoin 12,
le témoin 70 : Ndabazi,
n’abakozi bakoraga kuri uwo mugabo.
L’Interprète : Je les connais,
ce sont des gens qui travaillaient chez ce monsieur.
le témoin 70 : Bagira
n’ibipfano, uko wumva uko ari babili.
L’Interprète : Ils ont un
lien de parenté entre eux.
Le Président : Avez-vous
vu le témoin 3 et le témoin 12, parmi les assaillants du couvent ?
L’Interprète : Waba warabonye
le témoin 3 na le témoin 12 mu bateye ikigo ?
le témoin 70 : Nari
nifungiranye muri salle de bain,
L’Interprète : J’étais enfermée
dans la salle de bain,
le témoin 70 : Nta
kintu nabonye.
L’Interprète : Je n’ai rien
vu.
Le Président : Avez-vous
entendu la voix du témoin 3 ou du témoin 12, parmi ceux qui attaquaient le couvent ?
L’Interprète : Waba warumvise
ijwi rya le témoin 12 cyangwa rya le témoin 3 mu bateraga ikigo ?
le témoin 70 : Amajwi
yari menshi cyane,
L’Interprète : Les voix étaient
nombreuses,
le témoin 70 : N’umutima
wanjye wari wangiye mu mutwe, ntabwo nari ku...
L’Interprète : Et j’avais
très peur, mon cœur se trouvait à la place de mon cerveau, je ne pouvais rien
deviner.
Le Président : Savez-vous
à quel endroit les corps de Benoît et des membres de sa famille qui ont été
tués au couvent de Kigufi ont été enterrés ?
L’Interprète : Uzi aho imirambo
ya Benoît n’iyabo mu muryango we biciwe mu kigo, i Kigufi, baba barahambwe ?
le témoin 70 : Bambwiye
aho ariho,
L’Interprète : On m’a dit
l’endroit, on m’a indiqué l’endroit,
le témoin 70 : Ariko
kuko hari hafi y’ivuriro,
L’Interprète : Mais comme
c’était tout près du dispensaire,
Vérédiane le témoin 70 : Ntabwo
nari gutambuka ngo ngereyo nanjye nari mfite ubwoba,
L’Interprète : Je ne pouvais
pas m’y rendre parce que j’avais aussi très peur. Je restais à l’intérieur de
la maison et dans le potager, je ne me rendais nulle part ailleurs.
le témoin 70 : Nagumaga
mu nzu no mu mulima, muri potager, nta handi najyaga.
Le Président : Avez-vous
vu éventuellement que le témoin 3 et le témoin 12 pillaient la maison de Benoît ?
L’Interprète : Waba warabonye
le témoin 3 na le témoin 12 basahura inzu ya Benoît ?
le témoin 70 : Nshobora
kubibona gute se ntasohotse ?
L’Interprète : Comment je
pouvais le voir, alors que je ne sortais pas ?
Le Président : Y a-t-il des
questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Je vous remercie,
Monsieur le président.
Le Président : Le jury a
accepté de siéger jusqu’à 18h30, il est 31, je vous le signale…
Me. JASPIS : Avant, une toute
petite question.
Le Président : Mais oui,
je…
Me. JASPIS : Est-ce que le
témoin pourrait nous préciser si l’endroit où la famille le témoin 123 a été ensevelie,
se trouve entre le dispensaire et la maison de HIGANIRO ? Parce qu’on dit
toujours : « Près du dispensaire… », mais c’est un quadrilatère !
Le Président : Savez-vous
si l’endroit où les corps de la famille de Benoît et de sa famille sont enterrés,
se trouve entre le dispensaire et la maison, la villa de Monsieur HIGANIRO ?
L’Interprète : Waba uzi neza
niba aho Benoît n’umuryango we bashyinguwe, haba ari hagati ya dispensaire,
donc ivuriro n’inzu ya HIGANIRO ?
le témoin 70 : Hashobora
kuba ari hagati,
L’Interprète : Il se peut
que ce soit entre les deux,
le témoin 70 : Kuko
hagomba kuba hagomba kuba ari akarima k’ivuriro.
L’Interprète : Parce
que, à cet endroit, se trouve un petit champ qui appartient au dispensaire.
Le Président : Une autre
question ? Oui, Maître JASPIS.
Me. JASPIS : Monsieur le
président, je voudrais savoir si le témoin se trouvait bien au monastère de
Kigufi, début 1991 ?
Le Président : Vous trouviez-vous
au monastère de Kigufi au début de l’année 1991 ?
L’Interprète : Wari muri
monastère y’i Kigufi mu itangiriro ry’umwaka 91 ?
le témoin 70 : Nagiyeyo
mu kwezi kwa karindwi muri 92.
L’Interprète : J’y suis allée
au mois de juillet, en 1992.
Me. JASPIS : Donc, pas avant.
Il y avait une autre sœur Vérédiane, mais ce n’était pas elle qui se trouvait
là, début 1991. Voilà, c’est tout.
Le Président : Une autre
question ? Plus d’autres questions ? Les parties sont d’accord pour
que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous
avez faites ? Persistez-vous dans ces déclarations ?
L’Interprète : Urahamya kandi
uremeza ibyo umaze kuvuga ?
le témoin 70 : Ndabihamya
nkabyemeza, uko nabivuze ni uko mbizi.
L’Interprète : Je confirme,
comme je l’ai dit et comme je le sais.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps jusqu’à
votre retour au Rwanda.
L’Interprète : Urukiko ruragushimiye
kubera guhamya kwawe kandi ushobora kwigenga kugeza igihe uzasubirira mu Rwanda.
le témoin 70 : Murakoze.
L’Interprète : Je vous remercie.
Le Président : Bien. L’audience
est donc suspendue jusqu’à demain 9h00. Je vous souhaite une bonne soirée à
tous. |