8.6.37. Audition des témoins: le témoin 46
Le Président : Madame, quels
sont vos nom et prénom ?
le témoin 46 : Je m’appelle Agnès
NIYRAMISAGO.
Le Président : Et vous êtes
l’épouse de Monsieur le témoin ?
le témoin 46 : C’est bien ça.
Le Président : Quel âge avez-vous,
Madame ?
le témoin 46 : J’ai 24 ans.
Le Président : Quelle est
votre profession ?
le témoin 46 : Je suis femme
de ménage.
Le Président : Quelle est
votre commune de domicile ?
le témoin 46 : Anderlecht.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?
le témoin 46 : Je connaissais
les deux sœurs.
Le Président : Oui. Etes-vous
de la famille des accusés ou de la famille des parties civiles ?
le témoin 46 : Euh… je connais
particulièrement les deux sœurs mais pas spécialement leur famille.
Le Président : Vous n’êtes
pas membre de leur famille ?
le témoin 46 : Non, pas du tout.
Le Président : Vous n’êtes
pas apparentée avec les religieuses ?
le témoin 46 : Non.
Le Président : Vous ne travaillez
pas non plus sous un lien de contrat de travail pour les accusés ou pour les
parties civiles ?
le témoin 46 : Non, pas du tout.
Le Président : Je vais vous
demander, Madame, de bien vouloir lever la main droite et de prononcer le serment
de témoin.
le témoin 46 : Je jure de parler
sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Je vous remercie.
Asseyez-vous, Madame. Je n’ai pas trouvé de déclaration dans le dossier, il
n’y en avait pas, je crois. Euh… Madame, vous êtes, je suppose, d’origine rwandaise ?
le témoin 46 : Bien sûr.
Le Président : Résidiez-vous
à Sovu, ou dans la région de Sovu, en avril 1994 ?
le témoin 46 : Non.
Le Président : Vous n’êtes
pas de cette région-là ?
le témoin 46 : Pas du tout.
Le Président : Avez-vous
connu les événements qui se sont déroulés au Rwanda à partir du 6 avril
1994 ?
le témoin 46 : Non, j’ai quitté
trois mois avant.
Le Président : Donc, vous
n’avez pas vécu ces événements ?
le témoin 46 : Non. Je les ai
vécus à distance.
Le Président : Alors, vous
avez dit tout à l’heure que vous connaissiez les deux religieuses. Comment et
quand avez-vous fait leur connaissance ?
le témoin 46 : Oh, c’était vers…
dans les années 1990, et je les ai connues dans leur couvent parce que j’ai
ma sœur qui est dans le même couvent.
Le Président : C’est ça.
En rendant éventuellement visite à votre sœur, vous avez connu les autres sœurs ?
le témoin 46 : Oui, et particulièrement
les deux.
Le Président : Des contacts
que vous avez eus à l’époque et que vous avez, je suppose, encore eus par la
suite, quand elles sont venues en Belgique, avec elles, des contacts que vous
avez pu avoir avec sœur Gertrude et avec sœur Maria Kizito, comment décririez-vous
leur personnalité ?
le témoin 46 : Oh, je les décrirais
tous les deux, deux sœurs qui m’ont… enfin, c’est les deux sœurs que je suis
vraiment bien attachée, c’est des gens qui sont agréables, qui aiment la vie,
qui aiment les autres, qui sont dévouées pour les autres. Voilà.
Le Président : Vous avez
éventuellement quelques petits exemples de dévouement pour les autres ?
le témoin 46 : Ben, je dirais
en particulier d’aider dans une personne qui est dans des difficultés morales,
les aider, pour que la personne puisse tenir plus fort, et être là à chaque
instant, s’ils peuvent, pour quelqu’un d’autre qui a besoin d’aide.
Le Président : Vous ont-elles
parlé des faits qui leur sont reprochés ?
le témoin 46 : On en a parlé
comme tout le monde. Je pense que tout le monde le sait. On a assez entendu
ce qui s’est passé… mais voilà.
Le Président : Ca vous étonne
qu’on leur reproche de tels faits ?
le témoin 46 : Oui, pour moi,
oui. Pour moi, c’est des personnes que… pour moi, ils sont incapables de faire
ce qu’on leur accuse.
Le Président : Votre sœur,
c’est donc, je crois, sœur Béata ?
le témoin 46 : C’est bien ça,
oui.
Le Président : Euh… vous
connaissez l’opinion de votre sœur Béata à propos du comportement de sœur Gertrude
et de sœur Marie Kizito pendant le génocide au Rwanda ?
le témoin 46 : Là, je ne pourrais
pas dire à sa place puisque j’étais pas avec elle, mais je peux dire qu’elle
les apprécie tous les deux. Je pense que c’est dans mon cas aussi, elle les
aime bien, elle sait que c’est deux sœurs qui vivent comme tout le monde, qui
sont, qui aiment la vie et qui aiment aider les autres. Je pense qu’elle dirait
ça si elle était ici.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions à poser au témoin ? Monsieur le 6e juré ?
Le 6e Juré : Euh…
pour… le témoin n’a pas rencontré les autres sœurs qui étaient au couvent ?
Le Président : Avez-vous
rencontré… ici en Belgique, Monsieur le 6e juré ?
Le 6e Juré : Ici
en Belgique, oui.
Le Président : Avez-vous
rencontré ici en Belgique d’autres religieuses venant de Sovu ?
le témoin 46 : Bien sûr, ici.
Le Président : Avez-vous
éventuellement reçu de la part d’autres sœurs de la communauté de Sovu une version
différente des faits que celles données par sœur Gertrude et sœur Marie Kizito ?
le témoin 46 : Mais, disons que
moi j’étais mal déplacée puisque c’est une communauté, donc, moi je ne rentre
pas dans leurs discussions. Mais on n’a jamais vraiment abordé le sujet, quoi,
mais je les ai vues, éventuellement.
Le Président : Elles ne se
sont pas confiées à vous ?
le témoin 46 : Non.
Le Président : Vous n’avez
pas reçu des confidences qui n’allaient pas toutes dans le même sens ?
le témoin 46 : Mais, disons qu’il
y a des sœurs qui sont indignées comme moi je suis ici, mais je veux dire, il
n’y en a pas un qui, qu’on a vraiment véritablement parlé de leurs problèmes.
Eventuellement, ma sœur, mais les autres…
Le Président : Une autre
question ? Monsieur l’avocat général ?
L’Avocat Général : La sœur
du témoin, c’est bien sœur le témoin 137 ?
le témoin 46 : C’est bien ça.
L’Avocat Général : Mais qui était
sœur à Kigufi, pas à Sovu ?
le témoin 46 : C’est bien ça.
Elle a quand même vécu une partie à Sovu, je précise.
Le Président : Oui, mais
pas pendant les événements d’avril-mai ?
le témoin 46 : Je ne crois pas.
Moi, je n’y étais pas personnellement mais je crois qu’elle était à Kigufi.
Le Président : Maître FERMON ?
Me. FERMON : Monsieur le
président, le témoin a dit, il y a quelques instants, qu’elle connaissait particulièrement,
plus particulièrement sœur Gertrude et sœur Kizito, est-ce que cela vaut pour
la période, je dirais, du début des années 1990, où elle les connaît au Rwanda
ou est-ce que ça vaut pour la période en Belgique, après ?
le témoin 46 : Je les ai connues
une partie au Rwanda, et puis, ça a continué ici en Belgique. Quand je les ai
vues, la première fois, ici en Belgique, en 1995, et ça a continué.
Le Président : Oui. Est-ce
que vous savez expliquer pourquoi vous connaissiez particulièrement sœur Gertrude
et sœur Maria Kizito par rapport aux autres et votre sœur, sœur Béata,
bien sûr ?
le témoin 46 : Je dirais que
Kizito vivait à Kigufi, donc, forcément moi j’allais voir ma sœur et je la voyais.
C’est une sœur que j’ai su m’attacher, parce que c’était une sœur qui aimait
vivre par rapport aux autres, pour moi. Sœur Gertrude, elle est proche de ma
sœur, donc, par rapport à ça je l’ai connue grâce à ma sœur, et c’est comme
ça que je me suis attachée à elle.
Le Président : Plus à ces
trois religieuses, dont votre sœur que par rapport aux autres religieuses ?
le témoin 46 : Bien sûr.
Le Président : D’autres questions ?
Pas d’autres questions ? Les parties sont d’accord pour que le témoin se
retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous venez de faire ?
Persistez-vous dans ces déclarations ?
le témoin 46 : Oui.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage, Madame. Vous pouvez disposer librement de votre
temps.
le témoin 46 : Merci.
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