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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 133 et commentaires de défense
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.28. Audition des témoins: le témoin 133

Le Président : Monsieur l’huissier, vous pouvez faire approcher Madame le témoin 133. Vous souhaitez un interprète, Madame ? Madame, souhaitez-vous un interprète ? Oui ? Voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe yombi ?

L’Interprète : le témoin 133.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

L’Interprète : 31 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

L’Interprète : Ukora iki ?

le témoin 133 : Ndiga.

L’Interprète : Je suis étudiante.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ?

L’Interprète : Utuye mu yihe commune ?

le témoin 133 : Huye.

L’Interprète : Commune de Huye.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Waruzi abaregwa cyangwa bamwe muribo mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?

le témoin 133 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Etes-vous de la famille des accusés ou des personnes qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Hari icyo upfana n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?

le témoin 133 : Ntacyo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Travaillez-vous, sous un lien de contrat d’emploi, pour les accusés ou pour ceux qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Waba ukorera abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?

L’Interprète : Non.

le témoin 133 : Oya.

Le Président : Je vais vous demander de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment de témoin.

L’Interprète : Akaboko k’iburyo…

le témoin 133 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir tous deux. Madame, depuis quand faites-vous partie de la communauté de Sovu ? Parlez bien fort dans le micro.

L’Interprète : Uri mu bubikira bw’i Sovu kuva ryari ?

le témoin 133 : Ku itariki 30 z’ukwa gatandatu 94.

Le Président : Parlez bien fort dans le micro.

le témoin 133 : Ku itariki 30 z’ukwa gatandatu 94.

L’Interprète : Depuis le 30 juin 1994.

Le Président : Connaissez-vous Gaspard RUSANGANWA ?

le témoin 133 : Ndamuzi.

L’Interprète : Je le connais.

Le Président : Vous êtes-vous réfugiée chez Gaspard RUSANGANWA ?

L’Interprète : Waba warahungiye kwa Gaspard RUSANGANWA ?

le témoin 133 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : A quelle époque ?

L’Interprète : Ryari ?

le témoin 133 : Ku itariki 26 z’ukwa gatanu.

L’Interprète : Le 26 mai.

Le Président : 1994 ?

le témoin 133 : Oui.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Qui vous a mis en contact avec la communauté de Sovu ? S’agit-il de Gaspard RUSANGANWA ?

L’Interprète : Ninde waguhuje n’ikibikira cy’i Sovu ?

Le Président : S’agit-il de Gaspard RUSANGANWA ?

L’Interprète : Ni Gaspard RUSANGANWA wabahuje ?

le témoin 133 : Hari ababikira bashakaga guhunga, bashakaga guhungisha,

L’Interprète : Il y a des sœurs qui voulaient fuir.

Immaculée le témoin 133 : Sœur Gertrude, niwe washakaga kubahungisha

L’Interprète : C’est sœur Gertrude qui voulait les faire fuir,

le témoin 133 : Nanjye baza kuntwara ngo tuzahungane.

L’Interprète : Elles sont venues me chercher également pour que je puisse fuir en même temps qu’elles.

Le Président : Vous avez fui avec les religieuses à la fin du mois de juin 1994 ?

L’Interprète : Wahunganye n’ababikira mu kwezi kwa gatandatu gushira 94 ?

le témoin 133 : Twavuye muri communauté ku itariki ya mbere y’ukwa karindwi.

L’Interprète : Nous sommes parties de la communauté le 1er juillet 1994.

Le Président : Avez-vous reçu un voile pour pouvoir fuir ?

L’Interprète : Bakwambitse ivala kugirango ushobore guhunga ?

le témoin 133 : Bararinyambitse.

L’Interprète : Oui, on me l’a fait porter.

Le Président : Qui vous a donné ce voile ?

L’Interprète : Ninde wariguhaye ?

le témoin 133 : Sœur Gertrude.

L’Interprète : Sœur Gertrude.

Le Président : Comment sœur Gertrude vous connaissait-elle ?

L’Interprète : Sœur Gertrude yari akuzi ate ?

le témoin 133 : Yari yarambonye kwa Gaspard.

L’Interprète : Elle m’avait vue chez Gaspard.

Le Président : Sœur Gertrude venait donc chez Gaspard ?

L’Interprète : Sœur Gertrude yazaga kwa Gaspard rero ?

Immaculée le témoin 133 : Namubonyeyo rimwe kuko ntakundaga gusohoka nari nihishe.

L’Interprète : Oui, je l’y ai vue une seule fois parce que je n’aimais pas sortir, j’étais cachée.

Le Président : Y avait-il quelqu’un d’autre que vous qui était caché chez Gaspard ?

L’Interprète : Usibye wowe, hari undi muntu wari wihishe kwa Gaspard ?

le témoin 133 : Yarahari, w’umubikira.

L’Interprète : Oui, il y en avait, une autre sœur.

Le Président : Qui s’appelait comment ?

L’Interprète : Witwaga nde ?

le témoin 133 : Hermelinda.

L’Interprète : Hermelinda.

Le Président : Savez-vous si Gaspard et Gertrude se voyaient souvent ?

L’Interprète : Uzi niba Gertruda na Gaspard barahuraga kenshi ?

le témoin 133 : Ntabwo nigeze mbimenya uretse ubwo rimwe namubonye.

L’Interprète : Je ne le sais pas, je ne l’ai jamais su à part la seule fois-là que je l’ai vue.

Le Président : Pendant les massacres qui ont eu lieu à Sovu et dans la région de Butare, Gaspard circulait-il librement ?

L’Interprète : Mu bwicanyi bwabaye i Sovu no mu mugi w’i Butare, Gaspard yatemberaga nta bwoba ?

le témoin 133 : Ubwicanyi bwabaye ndi ahantu kwa mukuru wanjye, i Gihindamuyaga, ntabwo namubonye.

L’Interprète : Les massacres ont eu lieu alors que je me trouvais chez ma grande sœur à Gihindamuyaga ; je ne l’ai pas vu.

Le Président : Connaissez-vous Emmanuel REKERAHO ?

L’Interprète : Uzi Emmanuel REKERAHO,

le témoin 133 : Numvaga izina rye gusa, namubonye duhunga.

L’Interprète : J’entendais parler de lui tout simplement ; je l’ai vu lorsque nous fuyions.

Le Président : Quelle était sa réputation ?

L’Interprète : Bamuvugagaho iki ?

le témoin 133 : Bavugaga ko ari umukuru w’Interahamwe.

L’Interprète : On disait qu’il était le chef des Interhamwe.

Le Président : Vous n’avez pas été étonnée qu’il soit là, lui, le chef des Interhamwe, pour l’évacuation des religieuses ?

L’Interprète : Ntabwo watangajwe nuko ari umukuru w’Interahamwe waje guhungisha ababikira ?

le témoin 133 : Ntabwo narimuzi icyo gihe, ntabwo narinzi ko ariwe.

L’Interprète : Je ne le connaissais pas à ce moment. Lors de notre fuite, je ne savais pas qu’il s’agissait de lui.

Le Président : Lors de cette fuite, avez-vous pu voir s’il avait de bons contacts avec sœur Gertrude ?

L’Interprète : Icyo gihe muhunga, waba warabonye imibanire ye myiza na sœur Gertrude ?

Immaculée MUBYEYI : Icyo gihe niyo narinkigera muri groupe y’ababikira, ntabwo nigeze mbona uko bavugana.

L’Interprète : Je venais de rejoindre le groupe des sœurs à ce moment ; je n’ai pas pu constater de quelle façon ils s’entretenaient.

Le Président : Savez-vous si REKERAHO avait des contacts avec Gaspard ?

L’Interprète : Uzi niba REKERAHO na Gaspard barahuraga ?

le témoin 133 : Ntabyo nigeze mbona. Burya nahoraga nihishe.

L’Interprète : J’étais tout le temps cachée, je n’ai jamais rien vu de tel.

Le Président : Bien. Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, est-ce que le témoin pourrait nous décrire l’intérieur de la maison de Gaspard, s’il vous plaît ? Je veux dire, c’est plutôt la question de la disposition des pièces et de la dimension générale du bâtiment qui m’intéressent et qui, je pense, sont susceptibles d’intéresser les jurés.

Le Président : Vous pouvez décrire comment était composée la maison où vous étiez réfugiée ?

L’Interprète : Ushobora gusobanura ukuntu aho waruhungiye hari hameze, mu nzu wahungiyemo, uko yarimeze ?

le témoin 133 : Iyo nzu yari inzu nini ifite ibyumba byinshi.

L’Interprète : C’était une grande maison qui avait beaucoup de chambres.

le témoin 133 : Njyewe nari mu cyumba kinini kitegereye naho abantu bari bari.

L’Interprète : Et moi j’occupais une chambre très éloignée des autres, qui n’était pas proche des autres chambres où se trouvaient d’autres personnes.

Le Président : Y avait-il plusieurs étages dans cette maison ?

L’Interprète : Hari étages nyinshi muri iyo nzu ?

le témoin 133 : Nta étage yari ifite.

L’Interprète : Il n’y avait pas d’étages.

Le Président : Combien de chambres y avait-il ?

L’Interprète : Hari ibyumba bingahe ?

le témoin 133 : Ntabwo nabibaze.

L’Interprète : Je ne les ai pas comptées.

Le Président : Cette maison était-elle située derrière le couvent ou était-elle à un autre endroit ?

L’Interprète : Iyo nzu yari inyuma y’ikigo cyangwa yari ahandi hantu ?

le témoin 133 : Yariri inyuma y’ikigo.

L’Interprète : Derrière le couvent.

Le Président : Une autre question ? Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Est-ce que le témoin pourrait nous confirmer qu’elle a déclaré le 22 décembre 1995 : « A la question Gaspard recevait-il des visites chez lui, je vous réponds que oui, il en recevait souvent mais je ne peux pas vous dire qui il voyait car je restais alors cachée dans la chambre » ?

Le Président : Vous confirmez avoir déclaré que Gaspard recevait souvent des visites chez lui mais que vous ne saviez pas de qui il s’agissait parce que vous étiez cachée dans la chambre ?

L’Interprète : Ushobora guhamya ko wavuze ko Gaspard yagendererwaga cyane, ariko ko utazi abamugendereraga abaribo ko wari wihishe mu cyumba ?

le témoin 133 : Ntabwo mbyibuka.

L’Interprète : Je ne m’en souviens plus.

le témoin 133 : Ariko hazaga abantu ntabwo nzi abaribo. Sinzi niba na Gaspard yarabaga ahari.

L’Interprète : Mais il venait beaucoup de gens, il venait des gens, je ne sais pas de quels gens il s’agissait, je ne sais pas si Gaspard était présent à ce moment.

Le Président : Une autre question ?

Me. JASPIS : Une dernière question, Monsieur le président, est-ce que le témoin peut confirmer qu’elle a bien signé, le 13 avril 1995, une déclaration qui avait été dactylographiée par mère Loïse, s’il vous plaît ?

Le Président : Vous souvenez-vous avoir signé une attestation,

L’Interprète : Uribuka niba hari urukaratasi rwa attestation waba warasinye,

Le Président : Lors de votre séjour en Belgique ?

L’Interprète : Igihe wari ino mu Bubiligi ?

le témoin 133 : Narayisinye.

L’Interprète : Oui, je l’ai signée.

Le Président : Etait-ce vous qui aviez dactylographié ce texte ?

L’Interprète : Ni wowe wiyandikiye iyo texte ?

le témoin 133 : Ntabwo arijye wayanditse.

L’Interprète : Ce n’est pas moi qui l’ai dactylographié.

Le Président : Etait-ce mère Eloïse ou Loïse qui a dactylographié le texte ?

L’Interprète : Ni umubikira witwa Loïse cyangwa Eloïse waba waranditse iyo texte ?

le témoin 133 : Yarayanditse ariko yayanditse mbimubwiye. Kandi yandikakaga ibyo mvuga.

L’Interprète : C’est elle qui l’a écrit, elle écrivait ce que je lui dictais, ce que je disais.

Le Président : Une autre question ? Maître RAMBOER ?

Me. RAMBOER : Je crois savoir que le témoin a dû se cacher parce qu’elle avait une carte d’identité sur laquelle était mentionnée la mention de Tutsi. Est-ce que c’est bien exact ?

Le Président : Sur votre carte d’identité, était-il mentionné que vous étiez de l’ethnie Tutsi ?

L’Interprète : Ku ndangamuntu yawe, hari handitseho ko wari Umututsikazi ?

le témoin 133 : Byari byanditseho.

L’Interprète : Oui.

Me. RAMBOER : Est-ce qu’elle peut expliquer pourquoi Monsieur RUSANGANWA, qui était connu comme étant un extrémiste, acceptait de la cacher ? Quelle était sa relation avec Monsieur RUSANGANWA ?

Le Président : Savez-vous pourquoi Monsieur RUSANGANWA a accepté de vous cacher ?

L’Interprète : Uzi impamvu RUSANGANWA yemeye kuguhisha ?

le témoin 133 : RUSANGANWA yari umugabo wabo na mukuru wanjye.

L’Interprète : Hm ?

Immaculée le témoin 133 : RUSANGANWA yavaga inda imwe na muramu wanjye.

L’Interprète : RUSANGANWA était frère à mon beau-frère. C’était son beau-frère aussi.

Le Président : Le frère de Gaspard était le mari de votre sœur ?

L’Interprète : Mukuru wa Gaspard, yari umugabo wa mukuru wawe ?

le témoin 133 : Ni murumuna we, murumuna wa Gaspard yari umugabo wa mukuru wanjye.

L’Interprète : Le petit frère, le jeune frère à Gaspard était le mari de ma grande sœur.

Le Président : C’est ça. Une autre question ? Maître FERMON ?

Me. FERMON : Monsieur le président, je voudrais revenir à cette attestation du 13 avril 1995 dont le témoin vient de nous dire qu’elle a été établie sur base de ses propres dires et dactylographiée par mère Loïse. Dans cette attestation, elle dit que, elle déduit, je crois, de sa propre expérience, que cette expérience montre que mère Gertrude voulait sauver les autres laïcs si elle en avait eu la possibilité. Est-ce que le témoin dit cela sur base d’une connaissance d’autres initiatives concernant d’autres laïcs ?

Le Président : Savez-vous si sœur Gertrude a sauvé d’autres laïcs que vous ?

L’Interprète : Uzi niba sœur Gertrude yarakijije abandi bantu batihaye Imana usibye wowe.

le témoin 133 : Ntabwo mbizi, sinarimpari.

L’Interprète : Je ne sais pas parce que je n’étais pas présente.

Me. FERMON : Est-ce que le témoin peut alors expliquer, Monsieur le président, pourquoi elle dit que cela montre que Gertrude avait cette intention ? De quoi est-ce qu’elle déduit cela ?

Le Président : De quoi pouvez-vous déduire que sœur Gertrude avait l’intention de sauver d’autres laïcs que vous ?

L’Interprète : Ushobora gusobanura rero igituma uhamya ko sœur Gertruda yarafite ikifuzo cyo gukiza abandi bantu batihaye Imana nkawe ?

Immaculée le témoin 133 : Aho ntacyo nabivugaho, gusa nuko yanyakiriye, nta kintu nigeze mbona apfa nabo icyo gihe.

L’Interprète : Là, je ne peux rien dire là-dessus, elle m’a accueillie et à ce moment, je la voyais en bons termes avec eux.

Le Président : Bien. Une autre question ?

Me. FERMON : Oui, Monsieur le président, est-ce que c’est bien le témoin qui a rédigé ou qui a dicté le texte de cette attestation ?

Le Président : Le témoin a répondu à cette question. Y a-t-il une autre question ? Oui, Maître VERGAUWEN ?

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie Monsieur le président. Le témoin peut-il nous dire de quelle ethnie était sœur Hermelinda ?

Le Président : Savez-vous de quelle ethnie était sœur Hermelinda ?

L’Interprète : Uzi sœur Hermelinda icyo yaricyo ?

le témoin 133 : Ntabwo mbizi.

L’Interprète : Je ne sais pas.

Le Président : Lorsque vous avez été entendue par la police judiciaire, vous aviez expliqué qu’elle était Tutsi.

L’Interprète : Igihe abapererezi bo muri police judiciaire bakubajije, wavuze ko yari Umututsikazi.

Immaculée le témoin 133 : Bambajije ko yari yihishe, nkeka ko yari yihishe… icyo gihe uwari yihishe numvaga ko nta kindi yihishe. Ariko ntabwo narinzi ubwoko bwe.

L’Interprète : C’est parce que quand on m’a parlé d’elle à ce moment et comme elle était cachée, j’ai pensé que toute personne qui était cachée à cette époque était Tutsi, mais c’était une simple déduction.

Le Président : Une autre question ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président, peut-elle également confirmer qu’après s’être réfugiée chez sa grande sœur à Gihindamuyaga, elle s’est rendue ensuite sur la colline de Sovu et ça s’est passé début juin 1994, lorsqu’elle s’est rendue sur la colline de Sovu ?

Le Président : Vous êtes-vous rendue sur la colline de Sovu au début du mois de juin 1994 ?

L’Interprète : Hari ubwo wagiye i Sovu mu kwezi kwa gatandatu gutangira 94 ?

Immaculée le témoin 133 : Icyo gihe babimbarije ntibuka itariki neza, nagiye kwa Gaspard icyo gihe. Fin mai.

L’Interprète : Lorsqu’on me l’a demandé à cette époque, je ne me souvenais pas très bien de la date, mais je me suis rendue chez Gaspard fin mai.

le témoin 133 : Kandi Gaspard yari atuye i Sovu.

L’Interprète : Parce que Gaspard habitait à Sovu.

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie

L’Interprète : Une autre question ? Maître VANDERBECK ?

Me. VANDERBECK : Une seule petite question, Monsieur le président. Le témoin nous a dit qu’elle avait rencontré sœur Gertrude chez Gaspard à une occasion, peut-elle nous dire si sœur Gertrude était venue seule ou accompagnée ?

Le Président : Lorsque vous avez rencontré sœur Gertrude chez Gaspard, était-elle seule ou accompagnée de quelqu’un d’autre ?

L’Interprète : Igihe uhurira na sœur Gertrude kwa Gaspard, yari wenyine cyangwa yari kumwe nundi muntu ?

le témoin 133 : Yari wenyine.

L’Interprète : Elle était seule.

Le Président : Une autre question ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous venez de faire ? Persistez-vous dans ces déclarations ?

L’Interprète : Urahamya kandi uremeza ibyo umaze kuvuga ?

le témoin 133 : Ndabihamya.

L’Interprète : Je confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps tout en restant à la disposition de la Cour jusqu’à votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye kandi ushobora gukora icyo ushaka, ariko ukaguma mu maboko yarwo kugeza igihe ruzagufasha gusubira i Rwanda.

le témoin 133 : Murakoze.

L’Interprète : Merci.

[Interruption d’enregistrement]

Le Président : Maître VERGAUWEN ?

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président, j’aurais voulu faire un bref petit commentaire sur le témoignage.

Le Président : Oui.

Me. VERGAUWEN : Pour être bien précis au sujet de l’attestation du témoin du 13 avril 1995, je voudrais simplement relire ce qui figure dans cette attestation signée par le témoin : « A mon avis, moi qui n’étais pas au monastère ni avant ni pendant les événements, je pense que le fait d’avoir accepté de me recevoir alors que c’était risqué montre que mère Gertrude voulait sauver les autres laïcs si elle en avait eu la possibilité ». Le témoin fait donc bien dans cette attestation et à l’audience ici référence à une réflexion qu’elle s’est faite elle-même. Et autre précision, à l’attention de Maître RAMBOER qui fait parfois, je pense, des affirmations dangereuses, j’affirme que toutes les attestations - et en tout cas je ne vais pas m’avancer plus loin aujourd’hui parce que je n’ai pas les éléments -, toutes les attestations datées du 13 avril 1995 ont été jointes à la demande d’asile de sœur Gertrude et figuraient donc dans cette demande d’asile avant toutes les procédures judiciaires qui ont été entamées plus tard. C’est la précision que je souhaitais apporter.

Le Président : Bien.