8.6.28. Audition des témoins: le témoin 133
Le Président : Monsieur l’huissier,
vous pouvez faire approcher Madame le témoin 133. Vous souhaitez un interprète,
Madame ? Madame, souhaitez-vous un interprète ? Oui ? Voulez-vous
bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?
L’Interprète : Amazina yawe
yombi ?
L’Interprète : le témoin 133.
Le Président : Quel âge avez-vous ?
L’Interprète : Ufite imyaka
ingahe ?
L’Interprète : 31 ans.
Le Président : Quelle est
votre profession ?
L’Interprète : Ukora iki ?
le témoin 133 : Ndiga.
L’Interprète : Je suis étudiante.
Le Président : Quelle est
votre commune de résidence ?
L’Interprète : Utuye mu yihe
commune ?
le témoin 133 : Huye.
L’Interprète : Commune de
Huye.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?
L’Interprète : Waruzi abaregwa
cyangwa bamwe muribo mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?
le témoin 133 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Etes-vous
de la famille des accusés ou des personnes qui leur réclament des dommages et
intérêts ?
L’Interprète : Hari icyo
upfana n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?
le témoin 133 : Ntacyo.
L’Interprète : Non.
Le Président : Travaillez-vous,
sous un lien de contrat d’emploi, pour les accusés ou pour ceux qui leur réclament
des dommages et intérêts ?
L’Interprète : Waba ukorera
abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?
L’Interprète : Non.
le témoin 133 : Oya.
Le Président : Je vais vous
demander de bien vouloir lever la main droite et de prêter le serment de témoin.
L’Interprète : Akaboko k’iburyo…
le témoin 133 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa,
nta rwango, nta mususu.
L’Interprète : Je jure de
parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Vous
pouvez vous asseoir tous deux. Madame, depuis quand faites-vous partie de la
communauté de Sovu ? Parlez bien fort dans le micro.
L’Interprète : Uri mu bubikira
bw’i Sovu kuva ryari ?
le témoin 133 : Ku itariki 30 z’ukwa gatandatu
94.
Le Président : Parlez
bien fort dans le micro.
le témoin 133 : Ku itariki 30 z’ukwa gatandatu
94.
L’Interprète : Depuis le
30 juin 1994.
Le Président : Connaissez-vous
Gaspard RUSANGANWA ?
le témoin 133 : Ndamuzi.
L’Interprète : Je le connais.
Le Président : Vous êtes-vous
réfugiée chez Gaspard RUSANGANWA ?
L’Interprète : Waba warahungiye
kwa Gaspard RUSANGANWA ?
le témoin 133 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : A quelle époque ?
L’Interprète : Ryari ?
le témoin 133 : Ku itariki 26 z’ukwa gatanu.
L’Interprète : Le 26 mai.
Le Président : 1994 ?
le témoin 133 : Oui.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Qui vous a
mis en contact avec la communauté de Sovu ? S’agit-il de Gaspard RUSANGANWA ?
L’Interprète : Ninde waguhuje
n’ikibikira cy’i Sovu ?
Le Président : S’agit-il
de Gaspard RUSANGANWA ?
L’Interprète : Ni Gaspard
RUSANGANWA wabahuje ?
le témoin 133 : Hari ababikira bashakaga guhunga,
bashakaga guhungisha,
L’Interprète : Il y a des
sœurs qui voulaient fuir.
Immaculée le témoin 133 : Sœur Gertrude, niwe washakaga kubahungisha
L’Interprète : C’est sœur
Gertrude qui voulait les faire fuir,
le témoin 133 : Nanjye baza kuntwara ngo tuzahungane.
L’Interprète : Elles sont
venues me chercher également pour que je puisse fuir en même temps qu’elles.
Le Président : Vous avez
fui avec les religieuses à la fin du mois de juin 1994 ?
L’Interprète : Wahunganye
n’ababikira mu kwezi kwa gatandatu gushira 94 ?
le témoin 133 : Twavuye muri communauté ku
itariki ya mbere y’ukwa karindwi.
L’Interprète : Nous sommes
parties de la communauté le 1er juillet 1994.
Le Président : Avez-vous
reçu un voile pour pouvoir fuir ?
L’Interprète : Bakwambitse
ivala kugirango ushobore guhunga ?
le témoin 133 : Bararinyambitse.
L’Interprète : Oui, on me
l’a fait porter.
Le Président : Qui vous a
donné ce voile ?
L’Interprète : Ninde wariguhaye ?
le témoin 133 : Sœur Gertrude.
L’Interprète : Sœur Gertrude.
Le Président : Comment sœur
Gertrude vous connaissait-elle ?
L’Interprète : Sœur Gertrude
yari akuzi ate ?
le témoin 133 : Yari yarambonye kwa Gaspard.
L’Interprète : Elle m’avait
vue chez Gaspard.
Le Président : Sœur Gertrude
venait donc chez Gaspard ?
L’Interprète : Sœur Gertrude
yazaga kwa Gaspard rero ?
Immaculée le témoin 133 : Namubonyeyo rimwe kuko
ntakundaga gusohoka nari nihishe.
L’Interprète : Oui, je l’y
ai vue une seule fois parce que je n’aimais pas sortir, j’étais cachée.
Le Président : Y avait-il
quelqu’un d’autre que vous qui était caché chez Gaspard ?
L’Interprète : Usibye wowe,
hari undi muntu wari wihishe kwa Gaspard ?
le témoin 133 : Yarahari, w’umubikira.
L’Interprète : Oui, il y
en avait, une autre sœur.
Le Président : Qui s’appelait
comment ?
L’Interprète : Witwaga nde ?
le témoin 133 : Hermelinda.
L’Interprète : Hermelinda.
Le Président : Savez-vous
si Gaspard et Gertrude se voyaient souvent ?
L’Interprète : Uzi niba Gertruda
na Gaspard barahuraga kenshi ?
le témoin 133 : Ntabwo nigeze mbimenya uretse
ubwo rimwe namubonye.
L’Interprète : Je ne le sais
pas, je ne l’ai jamais su à part la seule fois-là que je l’ai vue.
Le Président : Pendant les
massacres qui ont eu lieu à Sovu et dans la région de Butare, Gaspard circulait-il
librement ?
L’Interprète : Mu bwicanyi
bwabaye i Sovu no mu mugi w’i Butare, Gaspard yatemberaga nta bwoba ?
le témoin 133 : Ubwicanyi bwabaye ndi ahantu
kwa mukuru wanjye, i Gihindamuyaga, ntabwo namubonye.
L’Interprète : Les massacres
ont eu lieu alors que je me trouvais chez ma grande sœur à Gihindamuyaga ;
je ne l’ai pas vu.
Le Président : Connaissez-vous
Emmanuel REKERAHO ?
L’Interprète : Uzi Emmanuel
REKERAHO,
le témoin 133 : Numvaga izina rye gusa, namubonye
duhunga.
L’Interprète : J’entendais
parler de lui tout simplement ; je l’ai vu lorsque nous fuyions.
Le Président : Quelle était
sa réputation ?
L’Interprète : Bamuvugagaho
iki ?
le témoin 133 : Bavugaga ko ari umukuru w’Interahamwe.
L’Interprète : On disait
qu’il était le chef des Interhamwe.
Le Président : Vous n’avez
pas été étonnée qu’il soit là, lui, le chef des Interhamwe, pour l’évacuation
des religieuses ?
L’Interprète : Ntabwo
watangajwe nuko ari umukuru w’Interahamwe waje guhungisha ababikira ?
le témoin 133 : Ntabwo narimuzi icyo gihe,
ntabwo narinzi ko ariwe.
L’Interprète : Je ne le connaissais
pas à ce moment. Lors de notre fuite, je ne savais pas qu’il s’agissait de lui.
Le Président : Lors de cette
fuite, avez-vous pu voir s’il avait de bons contacts avec sœur Gertrude ?
L’Interprète : Icyo gihe
muhunga, waba warabonye imibanire ye myiza na sœur Gertrude ?
Immaculée MUBYEYI : Icyo gihe niyo narinkigera
muri groupe y’ababikira, ntabwo nigeze mbona uko bavugana.
L’Interprète : Je venais
de rejoindre le groupe des sœurs à ce moment ; je n’ai pas pu constater
de quelle façon ils s’entretenaient.
Le Président : Savez-vous
si REKERAHO avait des contacts avec Gaspard ?
L’Interprète : Uzi niba REKERAHO
na Gaspard barahuraga ?
le témoin 133 : Ntabyo nigeze mbona. Burya
nahoraga nihishe.
L’Interprète : J’étais tout
le temps cachée, je n’ai jamais rien vu de tel.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, est-ce que le témoin pourrait nous décrire l’intérieur de la maison
de Gaspard, s’il vous plaît ? Je veux dire, c’est plutôt la question de
la disposition des pièces et de la dimension générale du bâtiment qui m’intéressent
et qui, je pense, sont susceptibles d’intéresser les jurés.
Le Président : Vous pouvez
décrire comment était composée la maison où vous étiez réfugiée ?
L’Interprète : Ushobora
gusobanura ukuntu aho waruhungiye hari hameze, mu nzu wahungiyemo, uko yarimeze ?
le témoin 133 : Iyo nzu yari inzu nini ifite
ibyumba byinshi.
L’Interprète : C’était
une grande maison qui avait beaucoup de chambres.
le témoin 133 : Njyewe nari mu cyumba kinini
kitegereye naho abantu bari bari.
L’Interprète : Et moi j’occupais
une chambre très éloignée des autres, qui n’était pas proche des autres chambres
où se trouvaient d’autres personnes.
Le Président : Y avait-il
plusieurs étages dans cette maison ?
L’Interprète : Hari étages
nyinshi muri iyo nzu ?
le témoin 133 : Nta étage yari ifite.
L’Interprète : Il n’y avait
pas d’étages.
Le Président : Combien de
chambres y avait-il ?
L’Interprète : Hari ibyumba
bingahe ?
le témoin 133 : Ntabwo nabibaze.
L’Interprète : Je ne les
ai pas comptées.
Le Président : Cette maison
était-elle située derrière le couvent ou était-elle à un autre endroit ?
L’Interprète : Iyo nzu yari
inyuma y’ikigo cyangwa yari ahandi hantu ?
le témoin 133 : Yariri inyuma y’ikigo.
L’Interprète : Derrière le
couvent.
Le Président : Une autre
question ? Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Est-ce
que le témoin pourrait nous confirmer qu’elle a déclaré le 22 décembre 1995 :
« A la question Gaspard recevait-il des visites
chez lui, je vous réponds que oui, il en recevait souvent mais je ne peux pas
vous dire qui il voyait car je restais alors cachée dans la chambre » ?
Le Président : Vous
confirmez avoir déclaré que Gaspard recevait souvent des visites chez lui mais
que vous ne saviez pas de qui il s’agissait parce que vous étiez cachée dans
la chambre ?
L’Interprète : Ushobora
guhamya ko wavuze ko Gaspard yagendererwaga cyane, ariko ko utazi abamugendereraga
abaribo ko wari wihishe mu cyumba ?
le témoin 133 : Ntabwo mbyibuka.
L’Interprète : Je ne m’en
souviens plus.
le témoin 133 : Ariko hazaga abantu ntabwo
nzi abaribo. Sinzi niba na Gaspard yarabaga ahari.
L’Interprète : Mais il venait
beaucoup de gens, il venait des gens, je ne sais pas de quels gens il s’agissait,
je ne sais pas si Gaspard était présent à ce moment.
Le Président : Une autre
question ?
Me. JASPIS : Une dernière
question, Monsieur le président, est-ce que le témoin peut confirmer qu’elle
a bien signé, le 13 avril 1995, une déclaration qui avait été dactylographiée
par mère Loïse, s’il vous plaît ?
Le Président : Vous souvenez-vous
avoir signé une attestation,
L’Interprète : Uribuka
niba hari urukaratasi rwa attestation waba warasinye,
Le Président : Lors
de votre séjour en Belgique ?
L’Interprète : Igihe
wari ino mu Bubiligi ?
le témoin 133 : Narayisinye.
L’Interprète : Oui, je l’ai
signée.
Le Président : Etait-ce vous
qui aviez dactylographié ce texte ?
L’Interprète : Ni wowe wiyandikiye
iyo texte ?
le témoin 133 : Ntabwo arijye wayanditse.
L’Interprète : Ce n’est pas
moi qui l’ai dactylographié.
Le Président : Etait-ce mère
Eloïse ou Loïse qui a dactylographié le texte ?
L’Interprète : Ni umubikira
witwa Loïse cyangwa Eloïse waba waranditse iyo texte ?
le témoin 133 : Yarayanditse ariko yayanditse
mbimubwiye. Kandi yandikakaga ibyo mvuga.
L’Interprète : C’est elle
qui l’a écrit, elle écrivait ce que je lui dictais, ce que je disais.
Le Président : Une autre
question ? Maître RAMBOER ?
Me. RAMBOER : Je crois savoir
que le témoin a dû se cacher parce qu’elle avait une carte d’identité sur laquelle
était mentionnée la mention de Tutsi. Est-ce que c’est bien exact ?
Le Président : Sur votre
carte d’identité, était-il mentionné que vous étiez de l’ethnie Tutsi ?
L’Interprète : Ku ndangamuntu
yawe, hari handitseho ko wari Umututsikazi ?
le témoin 133 : Byari byanditseho.
L’Interprète : Oui.
Me. RAMBOER : Est-ce
qu’elle peut expliquer pourquoi Monsieur RUSANGANWA, qui était connu comme étant
un extrémiste, acceptait de la cacher ? Quelle était sa relation avec Monsieur
RUSANGANWA ?
Le Président : Savez-vous
pourquoi Monsieur RUSANGANWA a accepté de vous cacher ?
L’Interprète : Uzi impamvu
RUSANGANWA yemeye kuguhisha ?
le témoin 133 : RUSANGANWA yari umugabo wabo
na mukuru wanjye.
L’Interprète : Hm ?
Immaculée le témoin 133 : RUSANGANWA yavaga inda
imwe na muramu wanjye.
L’Interprète : RUSANGANWA
était frère à mon beau-frère. C’était son beau-frère aussi.
Le Président : Le frère de
Gaspard était le mari de votre sœur ?
L’Interprète : Mukuru wa
Gaspard, yari umugabo wa mukuru wawe ?
le témoin 133 : Ni murumuna we, murumuna wa
Gaspard yari umugabo wa mukuru wanjye.
L’Interprète : Le petit frère,
le jeune frère à Gaspard était le mari de ma grande sœur.
Le Président : C’est ça.
Une autre question ? Maître FERMON ?
Me. FERMON : Monsieur le
président, je voudrais revenir à cette attestation du 13 avril 1995 dont
le témoin vient de nous dire qu’elle a été établie sur base de ses propres dires
et dactylographiée par mère Loïse. Dans cette attestation, elle dit que, elle
déduit, je crois, de sa propre expérience, que cette expérience montre que mère
Gertrude voulait sauver les autres laïcs si elle en avait eu la possibilité.
Est-ce que le témoin dit cela sur base d’une connaissance d’autres initiatives
concernant d’autres laïcs ?
Le Président : Savez-vous
si sœur Gertrude a sauvé d’autres laïcs que vous ?
L’Interprète : Uzi niba sœur
Gertrude yarakijije abandi bantu batihaye Imana usibye wowe.
le témoin 133 : Ntabwo mbizi, sinarimpari.
L’Interprète : Je ne sais
pas parce que je n’étais pas présente.
Me. FERMON : Est-ce que le
témoin peut alors expliquer, Monsieur le président, pourquoi elle dit que cela
montre que Gertrude avait cette intention ? De quoi est-ce qu’elle déduit
cela ?
Le Président : De quoi pouvez-vous
déduire que sœur Gertrude avait l’intention de sauver d’autres laïcs que vous ?
L’Interprète : Ushobora gusobanura
rero igituma uhamya ko sœur Gertruda yarafite ikifuzo cyo gukiza abandi bantu
batihaye Imana nkawe ?
Immaculée le témoin 133 : Aho ntacyo nabivugaho,
gusa nuko yanyakiriye, nta kintu nigeze mbona apfa nabo icyo gihe.
L’Interprète : Là, je ne
peux rien dire là-dessus, elle m’a accueillie et à ce moment, je la voyais en
bons termes avec eux.
Le Président : Bien. Une
autre question ?
Me. FERMON : Oui, Monsieur
le président, est-ce que c’est bien le témoin qui a rédigé ou qui a dicté le
texte de cette attestation ?
Le Président : Le témoin
a répondu à cette question. Y a-t-il une autre question ? Oui, Maître VERGAUWEN ?
Me. VERGAUWEN : Je vous remercie
Monsieur le président. Le témoin peut-il nous dire de quelle ethnie était sœur
Hermelinda ?
Le Président : Savez-vous
de quelle ethnie était sœur Hermelinda ?
L’Interprète : Uzi sœur Hermelinda
icyo yaricyo ?
le témoin 133 : Ntabwo mbizi.
L’Interprète : Je ne sais
pas.
Le Président : Lorsque vous
avez été entendue par la police judiciaire, vous aviez expliqué qu’elle était
Tutsi.
L’Interprète : Igihe abapererezi
bo muri police judiciaire bakubajije, wavuze ko yari Umututsikazi.
Immaculée le témoin 133 : Bambajije ko yari yihishe,
nkeka ko yari yihishe… icyo gihe uwari yihishe numvaga ko nta kindi yihishe.
Ariko ntabwo narinzi ubwoko bwe.
L’Interprète : C’est parce
que quand on m’a parlé d’elle à ce moment et comme elle était cachée, j’ai pensé
que toute personne qui était cachée à cette époque était Tutsi, mais c’était
une simple déduction.
Le Président : Une autre
question ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président, peut-elle également confirmer qu’après s’être réfugiée chez sa
grande sœur à Gihindamuyaga, elle s’est rendue ensuite sur la colline de Sovu
et ça s’est passé début juin 1994, lorsqu’elle s’est rendue sur la colline de
Sovu ?
Le Président : Vous êtes-vous
rendue sur la colline de Sovu au début du mois de juin 1994 ?
L’Interprète : Hari
ubwo wagiye i Sovu mu kwezi kwa gatandatu gutangira 94 ?
Immaculée le témoin 133 : Icyo gihe babimbarije
ntibuka itariki neza, nagiye kwa Gaspard icyo gihe. Fin mai.
L’Interprète : Lorsqu’on
me l’a demandé à cette époque, je ne me souvenais pas très bien de la date,
mais je me suis rendue chez Gaspard fin mai.
le témoin 133 : Kandi Gaspard yari atuye i
Sovu.
L’Interprète : Parce que
Gaspard habitait à Sovu.
Me. VERGAUWEN : Je vous remercie
L’Interprète : Une autre
question ? Maître VANDERBECK ?
Me. VANDERBECK : Une seule
petite question, Monsieur le président. Le témoin nous a dit qu’elle avait rencontré
sœur Gertrude chez Gaspard à une occasion, peut-elle nous dire si sœur Gertrude
était venue seule ou accompagnée ?
Le Président : Lorsque
vous avez rencontré sœur Gertrude chez Gaspard, était-elle seule ou accompagnée
de quelqu’un d’autre ?
L’Interprète : Igihe uhurira
na sœur Gertrude kwa Gaspard, yari wenyine cyangwa yari kumwe nundi muntu ?
le témoin 133 : Yari wenyine.
L’Interprète : Elle était
seule.
Le Président : Une autre
question ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ?
Madame, confirmez-vous les déclarations que vous venez de faire ? Persistez-vous
dans ces déclarations ?
L’Interprète : Urahamya kandi
uremeza ibyo umaze kuvuga ?
le témoin 133 : Ndabihamya.
L’Interprète : Je confirme.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps tout en
restant à la disposition de la Cour jusqu’à votre retour au Rwanda.
L’Interprète : Urukiko
ruragushimiye kandi ushobora gukora icyo ushaka, ariko ukaguma mu maboko yarwo
kugeza igihe ruzagufasha gusubira i Rwanda.
le témoin 133 : Murakoze.
L’Interprète : Merci.
[Interruption d’enregistrement]
Le Président : Maître VERGAUWEN ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président, j’aurais voulu faire un bref petit commentaire sur le témoignage.
Le Président : Oui.
Me. VERGAUWEN : Pour être
bien précis au sujet de l’attestation du témoin du 13 avril 1995, je voudrais
simplement relire ce qui figure dans cette attestation signée par le témoin :
« A mon avis, moi qui n’étais pas au monastère ni avant
ni pendant les événements, je pense que le fait d’avoir accepté de me recevoir
alors que c’était risqué montre que mère Gertrude voulait sauver les autres
laïcs si elle en avait eu la possibilité ». Le témoin fait donc
bien dans cette attestation et à l’audience ici référence à une réflexion qu’elle
s’est faite elle-même. Et autre précision, à l’attention de Maître RAMBOER qui
fait parfois, je pense, des affirmations dangereuses, j’affirme que toutes les
attestations - et en tout cas je ne vais pas m’avancer plus loin aujourd’hui
parce que je n’ai pas les éléments -, toutes les attestations datées du 13 avril
1995 ont été jointes à la demande d’asile de sœur Gertrude et figuraient donc
dans cette demande d’asile avant toutes les procédures judiciaires qui ont été
entamées plus tard. C’est la précision que je souhaitais apporter.
Le Président : Bien. |