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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 151
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.16. Audition des témoins: le témoin 151

Le Président : Le premier témoin, Monsieur le témoin 151 peut s’approcher. Un interprète ? Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe yombi ?

le témoin 151 : Nitwa le témoin 151.

L’Interprète : Je m’appelle le témoin 151.

Le Président : Quel est son âge ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 151 : Navukiye muri 1936.

L’Interprète : Je suis né en 1936.

Le Président : Quelle est sa profession ?

L’Interprète : Umwuga wawe ?

le témoin 151 : Ubu ngubu ndi umukonseye.

L’Interprète : Pour le moment, je suis conseiller communal.

Le Président : Quelle est sa commune de domicile ?

L’Interprète : Komine utuyemo ?

le témoin 151 : Ubu ngubu yabaye akarere ka Maraba.

L’Interprète : Maintenant, c’est devenu le district de Maraba.

Le Président : Connaissait-il les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Waba wari uzi abaregwa cyangwa se bamwe mu baregwa mbere y’ukwezi kwa kane 1994 ?

le témoin 151 : Mubambwiye.

L’Interprète : Sauf si vous me les communiquez.

Le Président : Les accusés sont Vincent NTEZIMANA, ici.

L’Interprète : Bari hariya. Vincent NTEZIMANA,

le témoin 151 : We simuzi.

L’Interprète : Celui-là, je ne le connais pas.

Le Président : Il ne le connaît pas. Alphonse HIGANIRO.

L’Interprète : Alphonse HIGANIRO,

le témoin 151 : Nawe simuzi.

L’Interprète : Non plus, je ne le connais pas.

Le Président : MUKANGANGO Consolata.

L’Interprète : MUKANGANGO Consolata,

le témoin 151 : We ndamuzi.

Le Président : Sœur Gertrude.

L’Interprète : Celle-là, je la connais.

Le Président : Oui. Et MUKABUTERA,

L’Interprète : Na MUKABUTERA,

Le Président : Sœur Marie Kizito ?

L’Interprète : Akaba ari mama Maria Kizito.

le témoin 151 : Ndamuzi nawe.

L’Interprète : Je la connais également.

Le Président : Bien. Est-il de la famille des accusés ou des personnes qui réclament des dommages et intérêts aux accusés ?

L’Interprète : Hari icyo upfana n’abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?

le témoin 151 : Ntabo.

L’Interprète : Non, personne.

Le Président : Il n’est pas sous contrat de travail avec les accusés ou les personnes qui demandent des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Ntabwo ukorera umurimo abaregwa cyangwa se abaregera indishyi, nta murimo ubakorera ?

le témoin 151 : Oya ntawe nkorera.

L’Interprète : Non, je n’ai aucun travail de ceux-là.

Le Président : Voulez-vous bien l’inviter à lever la main droite et à prononcer le serment de témoin ?

L’Interprète : Uzamure ikiganza cy’iburyo urahire indahiro y’abatanga ubuhamya.

le témoin 151 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango nta n’umususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Merci. Vous pouvez vous asseoir à côté de lui. Monsieur le témoin 151, vous êtes conseiller communal actuellement ?

L’Interprète : Ubu ngubu uri umujyanama wa komine ?

le témoin 151 : Ubu ndiwe rwose.

L’Interprète : Oui, effectivement, maintenant, je le suis.

Le Président : Etiez-vous déjà conseiller communal en 1994 ?

L’Interprète : No 94 nabwo wari umukonseye wa komine ?

le témoin 151 : Icyo gihe nari ndiwe.

L’Interprète : Oui, à cette époque-là, je l’étais.

Le Président : De quelle commune ?

le témoin 151 : Muri komine yari Huye.

L’Interprète : Dans ce qui était alors la commune de Huye.

Le Président : Pouvez-vous nous parler de ce dont vous avez été témoin en ce qui concerne les faits qui se sont déroulés au mois d’avril et au mois de mai 1994, au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Wavuga ibyo wiboneye mu kwezi kwa kane no mu kwezi kwa gatanu kwa 94, mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?

le témoin 151 : Ibyo nzi byo mu kwezi kwa kane,

L’Interprète : Ce que je sais concernant le mois d’avril,

le témoin 151 : Muri 94,

L’Interprète : En 1994,

le témoin 151 : Habaye ubwicanyi.

L’Interprète : Il y a eu des massacres.

le témoin 151 : Bahicira abantu kuri 22.

L’Interprète : On y a tué des gens le 22.

Le Président : Etiez-vous, personnellement, présent lors de ces massacres du 22 avril ?

L’Interprète : Wowe ubwawe wari uhibereye muri ubwo bwicanyi bwo 22 z’ukwa kane ?

le témoin 151 : Icyo gihe ntabwo nagiyeyo.

L’Interprète : A ce moment-là, je ne me suis pas rendu.

Le Président : Quand vous êtes-vous rendu sur les lieux de ces massacres ?

L’Interprète : Ni ryari wagiriye aho hantu bari biciye abantu ?

le témoin 151 : Nagiyeyo kuri 23,

L’Interprète : Je m’y suis rendu le 23,

le témoin 151 : Aho tujya kubashyingura.

L’Interprète : Lorsque nous sommes allés les enterrer.

Le Président : Pouvez-vous expliquer, relater, votre journée du 23 avril 1994 ?

L’Interprète : Ushobora gusobanura, ukavuga uko byagenze, ibyo wakoze kuri uwo munsi wa 23 ?

le témoin 151 : Nshobora kubivuga.

L’Interprète : Je peux le dire.

Le Président : Je vous invite à raconter cette journée.

L’Interprète : Ngo bivuge.

le témoin 151 : Ubwo kuri uwo munsi kuri 23,

L’Interprète : Ce jour-là du 23,

le témoin 151 : Mu gitondo hafi yo mu ma saa tatu,

L’Interprète : Le matin, vers 9h,

le témoin 151 : Umugabo witwa REKERAHO,

L’Interprète : Un homme du nom de REKERAHO,

le témoin 151 : Yaje iwanjye afite ambulance yo ku kigo.

L’Interprète : Est venu chez moi, à bord d’une ambulance du centre.

le témoin 151 : Arambwira ngo ninze jye guhamba ingabo zanjye.

L’Interprète : Il m’a dit que je vienne enterrer mes sujets.

le témoin 151 : Anshyiramo aranjyana.

L’Interprète : Il m’a fait monter là-dedans, et m’a amené.

le témoin 151 : Ngezemo, ngeze aho ngaho,

L’Interprète : Une fois arrivé là-bas,

le témoin 151 : Nsaga imirambo irarandagaye mu ishyamba no mu  mihanda aho ngaho.

L’Interprète : J’ai trouvé les cadavres dispersés dans le bois et dans les routes, là-bas.

le témoin 151 : Ubwo rero, REKERAHO asubirayo n’iyo ambulance,

L’Interprète : Alors, REKERAHO est retourné avec cette ambulance.

le témoin 151 : Asubirayo ajya gufata abantu baza kwirirwa bayitunda.

L’Interprète : Il est allé amener des gens qui devaient toute la journée transporter ces corps.

le témoin 151 : Ubwo rero buri kanya buri kanya akajya agenda  azana abantu,

L’Interprète : A chaque moment, il partait ramener les gens,

le témoin 151 : Noneho tukajya tubashyira no mu byobo aho.

L’Interprète : Et nous, on les transportait, on les mettait dans les fosses où on les mettait là-bas.

le témoin 151 : Ariko abenshi bari bambaye ubusa, abandi bari bahiye,

L’Interprète : Mais beaucoup d’entre-eux étaient nus et d’autres avaient brûlé,

le témoin 151 : Babatwitse n’amagrenade, abandi babicije imbunda n’abandi babicije imipanga.

L’Interprète : Brûlé par les grenades, brûlé par les fusils et d’autres qui avaient été découpés par des machettes.

Le Président : A la fin de la journée du 23 avril, vous êtes-vous rendu au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Ku mugoroba wo kuri uwo munsi wa 23, waba waragiye mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 151 : Oya. Ahubwo rero, hafi mu ma saa saba,

L’Interprète : Non. Mais par contre, vers 13h,

le témoin 151 : Nibwo REKERAHO yadusanze aho twateruraga  iyo mirambo,

L’Interprète : C’est à ce moment-là que REKERAHO nous a rejoints, là où nous transportions ces corps

le témoin 151 : Ambwira ko tuzamukana.

L’Interprète : Et qu’il m’a dit que je devais monter avec lui.

le témoin 151 : Bon. Nzamukana nawe,

L’Interprète : Je suis monté avec lui.

le témoin 151 : Ndagenda ngeze imbere y’umuryango w’ikigo cy’ababikira,

L’Interprète : Je suis parti, et une fois arrivés devant le portail, avec le portail du couvent des sœurs, en compagnie de REKERAHO,

le témoin 151 : Dusanga mama Kizito ahagaze ku muryango.

L’Interprète : Nous avons trouvé sœur Kizito qui était devant le portail.

le témoin 151 : Ari kumwe n’umugabo witwa RUSANGANWA.

L’Interprète : Elle était avec un homme du nom de RUSANGANWA.

Le Président : Le témoin est-il, êtes-vous formel pour dire que cela se passait le 23 avril, à 13h ?

L’Interprète : Urahamya ko ibyo byabaye kuri 23 z’ukwezi kwa kane isaa saba?

le témoin 151 : Oya, ndavuga tuzamuka tujyayo.

L’Interprète : Je dis : « Quand nous montions vers là-bas ».

Le Président : Oui. Est-ce bien le 23 avril, vers 13h, que montant au couvent avec REKERAHO, vous avez trouvé au couvent sœur Kizito avec Gaspard RUSANGANWA ?

L’Interprète : Ngo ni ukuri ko ubwo nyine, ubwo mwazamukaga mugana ku kigo cy’ababikira, hafi ya saba, mwabonye Kizito kuri iyo tariki, ari kumwe na RUSANGANWA ?

le témoin 151 : Ubwo niho REKERAHO yarabasize.

L’Interprète : Oui, c’est là-bas que REKERAHO venait de les laisser.

Le Président : Que s’est-il passé alors au couvent de Sovu ce jour-là, avec REKERAHO, sœur Kizito, RUSANGANWA ?

L’Interprète : Ubwo kuri uwo munsi byagenze bite mu kigo cy’ababikira, na REKERAHO, Kizito na RUSANGANWA ?

le témoin 151 : REKERAHO yarabanje abwira Kizito,

L’Interprète : REKERAHO a dit d’abord à Kizito,

le témoin 151 : Ngo namuhe alcool yo gukaraba amaraso,

L’Interprète : Qu’elle lui donne l’alcool pour qu’il se lave le sang,

le témoin 151 : Yo mu icupa.

L’Interprète : L’alcool dans une bouteille.

le témoin 151 : Amaze kuyikaraba,

L’Interprète : Après s’être lavé avec cet alcool,

le témoin 151 : Nibwo Kizito yamubajije : « Wowe se ntushaka icyo kunwa ? ».

L’Interprète : C’est à ce moment-là que Kizito lui a demandé : « Est-ce que tu n’as pas besoin de quelque chose à boire ? ».

Jean-Baptiste le témoin 151 : Nibwo REKERAHO amubwiye ko ashaka amata.

L’Interprète : C’est à ce moment-là que REKERAHO lui a dit qu’il avait besoin de lait.

le témoin 151 : Aragenda azana agacupa k’amata,

L’Interprète : Elle est partie pour venir avec un petit pot de lait.

le témoin 151 : Amusukira ibikombe bibiri.

L’Interprète : Elle lui a versé deux gobelets.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Azanira RUSANGANWA icupa rimwe rya Primus.

L’Interprète : Elle a aussi amené une bouteille de bière Primus à RUSANGANWA.

le témoin 151 : Ubwo turayisangira.

L’Interprète : Et nous avons partagé la bière.

le témoin 151 : Ubwo noneho RUSANGANWA ahita abwira Kizito,

L’Interprète : Alors, REKERAHO a dit immédiatement à sœur Kizito,

le témoin 151 : Yuko amukorera indi liste y’abantu bari muri icyo kigo.

L’Interprète : Qu’elle lui fasse une autre liste des personnes qui étaient dans son couvent.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Ubwo ndongera nsubira hepfo aho twahambaga.

L’Interprète : Alors, quant à moi, je suis retourné en bas, là où nous enterrions les gens.

Le Président : Le témoin connaît-il, parmi les religieuses du couvent de Sovu, sœur Scholastique, sœur Bénédicte et sœur Fortunata ?

L’Interprète : Mu babikira b’i Sovu, uzi neza mama Scholastika, Bénédicte na Fortunata ?

le témoin 151 : Ndabazi.

L’Interprète : Je les connais.

Le Président : Etes-vous certain que le 23 avril après-midi, c’est sœur Kizito que vous avez rencontrée au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Uzi neza, nta shiti, ko mu ma saa sita yo ku itariki ya 23 z’ukwa kane, ari mama Kizito wabonye mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?

le témoin 151 : Nta bandi bajyaga ahagaragara, niwe wari uhagaze ku muryango.

L’Interprète : Non, personne d’autre n’allait dehors, c’est elle qui était, qui se tenait debout devant la porte.

Le Président : D’après de nombreux témoignages, le 23 avril 1994, sœur Kizito ne se trouvait pas au couvent de Sovu. Comment se fait-il alors que vous l’y auriez rencontrée ?

L’Interprète : Nkuko abantu benshi babyemeza, kuri 23 z’ukwezi kwa kane, mama Kizito ntabwo yari mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu. Ngo bishoboka bite ko waba warahamubonye ?

le témoin 151 : Ariwe watuzaniye byeri akazanira n’ayo mata REKERAHO ?

L’Interprète : Alors que c’est elle qui nous a apporté cette bière et qui a apporté ce lait à REKERAHO.

Le Président : Vous êtes-vous rendu avant les massacres, vous êtes-vous déjà rendu au couvent de Sovu avec REKERAHO ?

L’Interprète : Mbere yuko ubwicanyi buba, hari ubundi wari warigeze kujya muri icyo kigo ?

Le Président : Avec REKERAHO.

L’Interprète : Uri kumwe na REKERAHO mujyanye ?

le témoin 151 : Njyewe na REKERAHO  ?

L’Interprète : Yee.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Kuko icyo kigo cyari muri segiteri nari nshinzwe,

L’Interprète : Vu que ce couvent était dans le secteur dont la responsabilité m’incombait,

le témoin 151 : Urumva ko nahagendaga rero.

L’Interprète : Vous comprenez que je m’y rendais régulièrement.

le témoin 151 : Na REKERAHO kandi nawe yarahagendaga kuko…

Le Président : Vous souvenez-vous d’y avoir été…

L’Interprète : REKERAHO s’y rendait aussi car…

Le Président : Oui.

L’Interprète : Car…

Le Président : Qu’il poursuive. REKERAHO s’y rendait aussi, pourquoi ?

L’Interprète : Kuki REKERAHO we yajyagayo ?

le témoin 151 : Impamvu zamujyanaga njye sinzizi.

L’Interprète : Les raisons qui l’amenaient là-bas, moi, je ne les connais pas.

Le Président : Vous souvenez-vous y avoir été le 9 avril avec REKERAHO ?

L’Interprète : Waba wibuka ko wagiyeyo ku itariki ya 9 z’ukwa kane uri kumwe na REKERAHO ?

le témoin 151 : Ndakubwira ko nahanyuraga njyewe nta kundi, nahanyuraga ariyo nzira injyana no kuri komine nahategekaga aho ngaho.

L’Interprète : Je vous dis que je m’y rendais régulièrement, que c’était d’ailleurs sur ma route qui m’amenait au bureau communal qui était mon autorité.

Le Président : Vous souvenez-vous avoir été au couvent de Sovu avec REKERAHO pour annoncer la mort du président le témoin 32 ?

L’Interprète : Uribuka ko waba waragiye mu kigo ujyanye na REKERAHO mugiye kuvuga, ko president le témoin 32 yapfuye ?

le témoin 151 : Oya si uko byagenze.

L’Interprète : Non, ça ne s’est pas passé comme cela.

le témoin 151 : REKERAHO yaje iwanjye mu gitondo,

L’Interprète : REKERAHO est venu chez moi le matin,

Jean-Baptiste le témoin 151 : Ambwira ko agiye gushaka uwitwa RUSANGANWA.

L’Interprète : Et après son arrivée, il a dit qu’il allait chercher un certain RUSANGANWA.

le témoin 151 : Kuko RUSANGANWA atururanye n’icyo kigo cy’ababikira.

L’Interprète : Car RUSANGANWA est voisin à ce couvent des sœurs.

Le Président : Que s’est-il passé ensuite ?

L’Interprète : Ubwo nyuma byaje gukomeza bite ?

Jean-Baptiste le témoin 151 : Oya, kuko nyuma yinjiye mu kigo icyo yavuganye n’ababikira sinkizi.

L’Interprète : Non, parce qu’après, il est entré dans le couvent des sœurs. Ce qu’il a dit aux sœurs, moi, je ne le sais pas.

le témoin 151 : Noneho yahise afata ambulance na RUSANGANWA bajyana mu mugi i Butare.

L’Interprète : Après, il a pris l’ambulance avec RUSANGANWA et ils sont partis ensemble dans la ville de Butare.

le témoin 151 : Kuko njye nizamukiye mu giturage.

L’Interprète : Quant à moi, je suis retourné dans la campagne.

Le Président : Vous souvenez-vous depuis quand REKERAHO utilisait l’ambulance du centre de santé de Sovu ?

L’Interprète : Uribuka igihe REKERAHO yatangiye gukoresha ambulance y’ivuriro ry’i Sovu ?

le témoin 151 : Igihe bayimuhereye sinkizi, kuko nabonaga ayitwara.

L’Interprète : Quand on la lui a donnée ? Moi, je ne le sais pas, je le voyais seulement conduire.

le témoin 151 : Kuko icyo nibuka, ni uko twebwe bamaze kuyiduha nk’imfashanyo,

L’Interprète : Ce que je me souviens c’est que quand on nous l’a donnée comme un don,

le témoin 151 :  umukuru wa mouvement le témoin 31,

L’Interprète : Don du secrétaire, c’est lui qui était alors secrétaire général du MRND, le témoin 31,

le témoin 151 : Icyo gihe nasabwe na komine, komine noneho [Inaudible] ikigo cya monastère.

L’Interprète : C’était sur demande de la commune, et alors, la commune l’a donnée aussi au monastère des sœurs.

le témoin 151 : Cyokora bagirana amasezerano na komine,

L’Interprète : Mais alors, il y a eu une convention avec la commune.

le témoin 151 : Bavuga yuko bazajya bayikoresha, ariko amategeko ayigenga bakajya bayajyana muri… bakajya bayageza ku nama ya komine.

L’Interprète : On disait que la convention précisait qu’elles allaient l’utiliser, mais concernant sa gestion, ça devait être reporté au conseil communal.

le témoin 151 : Nyuma rero ukuntu baje kuyitanga, inama ya komine ntacyo yaribiziho.

L’Interprète : Mais la façon dont on l’a donnée, nous autres du conseil communal, on ne savait rien.

Le Président : Mais à partir de quand REKERAHO conduisait-il l’ambulance ?

L’Interprète : Ni ukuva ryari REKERAHO ubwe yatwaraga iyo modoka ? Iyo ambulance ?

le témoin 151 : Yayikoreshaga no muri za meeting z’amashyaka n’ibindi.

L’Interprète : Il l’utilisait même dans les meetings du parti, etc.

Le Président : Depuis quelle date ?

L’Interprète : Kuva ku yihe tariki ?

le témoin 151 : Itariki ntabwo nyizi ariko na mbere y’ubwicanyi yarayikoreshaga.

L’Interprète : La date, même avant les massacres des gens, il l’utilisait.

le témoin 151 : Ubwo se ayo matariki nigeze nyandika njyewe aho ngaho ?

L’Interprète : Mais, est-ce que vous croyez que moi, en ce qui concerne ça, j’ai noté les dates ?

Le Président : Vous êtes-vous rendu au couvent de Sovu, au mois de mai 1994 ?

L’Interprète : Wigeze ujya mu kigo cy’ababikira mu kwezi kwa gatanu 94 ?

le témoin 151 : Mbona naragiye ku itariki ya 6.

L’Interprète : Je m’y suis rendu le 6.

Le Président : Le 6 mai ?

le témoin 151 : Hum.

Le Président : Avec qui vous êtes-vous rendu le 6 mai au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Ku itariki ya 6 z’ukwezi kwa gatanu, wajyanye na nde mu kigo cy’ababikikra cy’i Sovu ?

le témoin 151 : Icyo gihe hari hamaze kugera abantu bo muri Croix-Rouge.

L’Interprète : A ce moment-là, venaient de s’installer les gens de la Croix-Rouge.

le témoin 151 : Noneho, uwitwa RUSANGANWA Gaspari,

L’Interprète : Un nommé RUSANGANWA Gaspard

le témoin 151 : Avuga ngo yuko azanye abantu ba Croix-Rouge

L’Interprète : A dit qu’il venait d’amener les gens de la Croix-Rouge,

le témoin 151 : Yuko bazatangira kuvurira no muri iryo vuriro bari bariciyemo abantu, abazaniye n’ihema.

L’Interprète : Qu’ils allaient commencer à soigner les gens dans ce centre de santé où on avait tué les gens, et ils venaient de leur amener même une tente.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Noneho abwira abari responsables b’amaselire,

L’Interprète : Il a dit alors à ceux qui étaient responsables de cellules,

le témoin 151 : Yuko bazaza kubakorera umuganda.

L’Interprète : Qu’ils viennent y faire un travail communautaire.

le témoin 151 : Nkomeze ? Hanyuma rero bahageze, aho gukora umuganda wo kubaka iryo hema, bajya gusaka ikigo cyabo.

L’Interprète : Après leur arrivée, au lieu de faire ce travail communautaire de construire, de monter cette tente, ils sont allés piller leur établissement.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Noneho ababikira bajya gutabaza bourgmestre RUREMESHA.

L’Interprète : Alors, les bourgmestres sont allés demander secours du bourgmestre RUREMESHA.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Noneho, RUREMESHA amaze kuza,

L’Interprète : Après l’arrivée de RUREMESHA,

le témoin 151 : Yohereza REKERAHO kuza kunkura imuhira.

L’Interprète : Il a envoyé REKERAHO venir me prendre de chez moi.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Mpageze, dusanga abantu bameze nkabasaze,

L’Interprète : A mon arrivée, nous avons trouvé les gens qui étaient comme fous,

le témoin 151 : Noneho REKERAHO agenda abakanga n’imbunda kugirango abanyanyagize,

L’Interprète : Et même REKERAHO leur faisait peur à l’aide d’un fusil pour les disperser.

le témoin 151 : Nyuma ibyo birangiye noneho abaturage basubirayo, bagenda bijojota,

L’Interprète : Après ça, la population est rentrée en bougonnant,

le témoin 151 : Ngo yuko bari baje kureba abandi babikira bari bahishe aho ngaho, ndavuga muri uko kwezi.

L’Interprète : Disant qu’il venait voir les sœurs qui étaient là,

le témoin 151 : Oya muri uko kwezi kwa gatanu.

L’Interprète : Qui étaient là, dans ce mois même de mai.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Ubwo rero bourgmestre RUREMESHA arabahamagara,

L’Interprète : Alors, le bourgmestre RUREMESHA les a appelés.

le témoin 151 : Noneho, abo muri Croix-Rouge n’abaturage,

L’Interprète : Il a appelé les gens de la Croix-Rouge et ces paysans,

le témoin 151 : Noneho ababwira yuko ibyo barimo atari byo.

L’Interprète : Et il leur a dit que ce qu’ils étaient en train de faire n’était pas correct.

le témoin 151 : Ndumva n’abo babikira bamwe bari bahagararanye n’abo ngabo bo muri Croix-Rouge.

L’Interprète : Je pense que même ces sœurs-là étaient là, parmi les gens de la Croix-Rouge.

le témoin 151 : Nyuma rero, RUREMESHA asiga ababwiye, aho bari bacumbitse,

L’Interprète : Alors, à son départ, RUREMESHA, avant son départ, RUREMESHA a dit, de là où il campait aux gens de la Croix-Rouge,

le témoin 151 : Yuko bamukorera amaliste yabo,

L’Interprète : Qu’ils lui fassent leur liste,

le témoin 151 : Noneho nkazayamushyira.

L’Interprète : Et que je devais la lui porter.

le témoin 151 : Iyo liste barayimpaye,

L’Interprète : La liste m’a été donnée,

le témoin 151 : Liste yo muri Croix-Rouge ariko,

L’Interprète : La liste de la Croix-Rouge m’a été donnée.

le témoin 151 : Yari iriho abantu bageze kuri 126.

L’Interprète : Y figurait un nombre atteignant 126 personnes.

le témoin 151 : Mbonye haraje no gukurikira ko baje kugenda buhoro buhoro, uko bagiye simbizi.

L’Interprète : Par après, ils ont commencé à partir, petit à petit. La façon dont ils sont partis, je l’ignore.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître VERGAUWEN ?

Me. VERGAUWEN : Merci, Monsieur le président. Deux ou trois petites questions au témoin, si vous voulez bien, Monsieur le président. On ne va pas parler de date. Pourriez-vous demander au témoin si, à un quelconque moment, il a donné des ordres aux miliciens Interahamwe, en avril 1994 ?

Le Président : Avez-vous, au mois d’avril 1994, à quelque date que ce soit, donné des ordres à des miliciens Interahamwe ?

L’Interprète : Hari ubwo mu kwezi kwa kane 94, utiriwe wita ku matariki, umunsi wari uyu n’uyu, uwariwo wose, wigeze uha amabwiriza Interahamwe ?

le témoin 151 : Njyewe ?

L’Interprète : Moi ?

Le Président : Oui, vous.

L’Interprète : Non, non

le témoin 151 : Oya, [Inaudible] nazo rwose na [Inaudible]

L’Interprète : Non, non, pas du tout. Non, je n’avais même aucune relation avec eux.

Me. VERGAUWEN : Deuxième question, Monsieur le président. Est-ce que le témoin se souvient d’avoir assisté à une scène avec une cinquantaine d’Interahamwe et, en présence de RUSANGANWA, au massacre de trois jeunes hommes, massacre perpétré par REKERAHO avec une houe ?

Le Président : Vous souvenez-vous avoir assisté au massacre de trois jeunes hommes par REKERAHO au moyen d’une houe, alors qu’une cinquantaine d’Interahamwe étaient également présents ?

L’Interprète : Hari ubwo wigeze ubona abasore batatu bicwa na REKERAHO, abicishije isuka cyangwa ifuni ? Noneho hakaba hari n’izindi Nterahamwe zigera kuri 50 ?

le témoin 151 : Reka ibyo sinabibonye byo.

L’Interprète : Non, non, non, non. Moi, je n’ai pas vu ça.

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie, Monsieur le président.

Me. CUYKENS : Le 23, lorsque sœur Marie Kizito vient ouvrir le portail à Monsieur REKERAHO, y avait-il de nombreuses sœurs au couvent ? Quelques sœurs ? Ou Marie Kizito était-elle seule ?

L’Interprète : Kuri 23 ubwo wagendaga ugasanga Mariya Kizito w’umubikira ahagaze imbere y’umuryango, ku itariki ya 23, icyo gihe hari ababikira benshi mu kigo, hari ababikira bakeya cyangwa se hari ababikira bake cyane ?

le témoin 151 : Ababikira icyo gihe bagomba kuba bari mu kigo kuko ntabwo nigeze ninjiramo imbere.

L’Interprète : Moi, je ne suis pas entré dedans. Probablement que les sœurs étaient dans le couvent, à l’intérieur,

le témoin 151 : Kuko uriya mama Kizito niwe wari ushinzwe kwakira kwinjiza abashyitsi.

L’Interprète : Car mama Kizito, c’est elle qui était chargée de faire entrer, d’accueillir les visiteurs, de l’accueil des visiteurs.

Le Président : D’autres questions ? Monsieur l’avocat général ?

L’Avocat Général : Monsieur le président, le témoin fait état, à la page 25 de son témoignage, des trois frères de sœur Kizito et il donne d’ailleurs le nom de deux de ses frères. Est-ce qu’il savait ou est-ce qu’il peut nous répondre à la question de savoir si ses frères faisaient partie des milices Interahamwe ?

L’Interprète : Mu buhamya watanze ku nyandiko, muri iyo nyandiko, ku rupapuro rwa 25, uravuga ko hari basaza batatu ba Kizito, hari icyo ubavugaho, icyo ubazi ho ?

le témoin 151 : Icyo nzi n’uko afite basaza be batatu,

L’Interprète : Ce que je sais, c’est qu’elle a trois frères,

le témoin 151 : Afite uwitwa Tharcisse NGOBOKA,

L’Interprète : Un d’entre eux s’appelle Tharcisse NGOBOKA,

le témoin 151 : Akagira n’uwitwa SEKABWA François,

L’Interprète : Un autre s’appelle François SEKABWA,

le témoin 151 : N’uwitwa NKURUNZIZA,

L’Interprète : Et un autre du nom de NKURUNZIZA,

le témoin 151 : Abo nibo bahungu batatu.

L’Interprète : Ce sont là trois garçons.

le témoin 151 : Ariko ibyo bagendaga bakora simbizi.

L’Interprète : Mais ce qu’ils faisaient ici et là, moi, je l’ignore.

Le Président : Monsieur le sixième juré, vous vouliez poser une question ?

Le 6e Juré : Vous pouvez bien demander au témoin si c’est bien le 6 que les tentes de la Croix-Rouge sont venues ?

Le Président : Vous avez dit, tout à l’heure, que la Croix-Rouge installait des tentes au couvent de Sovu ou près du couvent de Sovu, le 6 mai 1994. Confirmez-vous cette date du 6 mai ?

L’Interprète : Wavuze ko abantu bo muri Croix-Rouge bazanye ihema bakarishyira mu kigo cyangwa se hafi y’ikigo cy’ababikira. Urahamya iyo tariki ya 6 z’ukwa gatanu, ko ariwo byabaye ?

le témoin 151 : Yee, kuko icyo gihe,

L’Interprète : Oui, car à ce moment-là,

le témoin 151 : Icyo gihe RUSANGANWA Gaspard,

L’Interprète : C’est à ce moment-là que RUSANGANWA Gaspard,

le témoin 151 : Avuga yuko ariwe wabazanye, bakaza bagashinga ihema.

L’Interprète : Disait que c’est lui qui les avait amenés et qu’ils avaient monté la tente.

le témoin 151 : Ariko ntibigeze barishinga, bazanwe no kuza gusahura gusa ikigo cy’ababikira.

L’Interprète : Mais en réalité, ils ne sont pas venus pour monter la tente, ils sont venus pour piller le couvent des sœurs.

Le Président : S’agissait-il bien de personnes de la Croix-Rouge, alors ?

L’Interprète : Ni ukuvuga ko abongabo uvuga ari abantu ba Croix-Rouge ?

le témoin 151 : Baribo rwose aho ngaho.

L’Interprète : Oui, c’étaient eux là-bas.

Le Président : Ce n’était pas plutôt des gens qui avaient déjà participé à des opérations le 22 et le 23 avril ?

L’Interprète : Ntabwo ari abantu bari bakoze ibyo byose kuri 22 na 23 z’ukwa kane ?

le témoin 151 : Oya, si abo ngabo rwose.

L’Interprète : Non, ce n’est pas là, sûrement pas.

le témoin 151 : Hari haje abantu baturuka za [inaudible] hose, sabako karere.

L’Interprète : Là c’étaient les gens qui étaient venus d’un peu partout, ce n’est pas les gens du voisinage.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Ndetse harimo nuwigeze kutubera bourgmestre,

L’Interprète : Parmi eux, figurait même un qui fut dans le temps notre bourgmestre,

le témoin 151 : Witwa le témoin 56,

L’Interprète : Du nom de le témoin 56.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Yatubereye na bourgmestre nyuma, Inkotanyi zimaze kubohoza igihugu.

L’Interprète : Il a été même notre bourgmestre après que les Inkotanyi aient pris le pays.

Le Président : Et votre ancien bourgmestre était membre de la Croix-Rouge ?

L’Interprète : Uwo muntu wigeze kuba bourgmestre wanyu, yari uwo mu muryango wa Croix-Rouge ?

le témoin 151 : Wa Croix-Rouge.

L’Interprète : De la Croix-Rouge.

Me. GILLET : Le 23 avril, à 9h, vous arrivez donc pour faire le déblaiement des corps et pour les enterrer. Je voudrais savoir si vous avez vu s’il y avait beaucoup de cadavres sur la route et s’il était possible de passer en voiture, je parle de la route qui passe à côté du centre de santé, enfin de la route ou du chemin ?

L’Interprète : Kuri 23 mu ma saa tatu, ubwo mwaje guterura imirambo no kujya kuyihamba, mwabonye imirambo myinshi. Hari imirambo yariri mu muhanda, ku buryo imodoka yashobora guhita hafi ya centre de santé ?

le témoin 151 : Niyo twabanje gukuramo, iyo ngiyo.

L’Interprète : Oui, ce sont ces cadavres-là que nous avons d’abord dégagés.

Jean-Baptiste le témoin 151 : Abo bagiye bicisha amahiri n’abo batanyaguje imipanga.

L’Interprète : Ceux-là qu’on avait tués par les massues et qu’on avait découpé par les machettes.

Me. GILLET : Ils étaient donc sur la route ?

L’Interprète : Ni ukuvuga ko bari mu muhanda ?

le témoin 151 : Mu muhanda hagati ahongaho.

L’Interprète : Oui, dans la route même.

Me. GILLET : Est-ce qu’il était possible de passer en voiture sur le chemin avant qu’ils fassent le déblaiement ?

L’Interprète : Mutari mwakuraho iyo imirambo, imodoka yashoboraga guhita imirambo igihari ?

le témoin 151 : REKERAHO yagendaga akwepamo hagati na ambulance ye.

L’Interprète : Non, REKERAHO essayait de contourner les cadavres dans la route avec son ambulance.

Me. GILLET : Est-ce qu’il y avait, parmi ces corps sur la route, des personnes qui étaient encore vivantes ?

L’Interprète : Muri iyo mirambo yari mu muhanda, harimo abantu bari bagihumeka ?

le témoin 151 : Nta numwe njyewe nahasanze.

L’Interprète : Non, je n’ai trouvé personne.

Me. GILLET : J’ai encore une petite question qui n’a rien à voir. Je voudrais savoir si le témoin a un fils qui aurait combattu parmi les Interahamwe ?

L’Interprète : Waba ufite umuhungu warwanye mu Nterahamwe ?

le témoin 151 : Njyewe ?

L’Interprète : Moi ?

Me. GILLET : Oui.

le témoin 151 : Njyewe ntawe.

L’Interprète : Non ! Moi, non !

Me. GILLET : Non !

L’Interprète : Oya ?

le témoin 151 :

L’Interprète : Non, non, non, non, aucun.

Me. GILLET : Vous avez des fils ?

L’Interprète : Ufite abana b’abahungu ?

le témoin 151 : Ndabafite.

L’Interprète : Oui, j’en ai.

le témoin 151 : Ndabafite bane.

L’Interprète : J’en ai quatre.

Me. GILLET : D’accord, merci.

Le Président : D’autres questions ? Madame le douzième juré suppléant.

Le 12e  Juré suppléant : J’aurais voulu demander au témoin, Monsieur le président, s’il avait reçu de l’argent pour enterrer ces corps et éventuellement de qui ?

Le Président : Avez-vous reçu de l’argent pour enterrer les corps des cadavres du centre de santé de Sovu ?

L’Interprète : Hari ubwo mwahawe amafaranga kugirango mubashe guhambisha abantu bari ku ivuriro ry’i Sovu ?

le témoin 151 : Nta mafaranga yatanzwe.

L’Interprète : Non, pas d’argent donné.

Le Président : REKERAHO n’a pas distribué de l’argent à ceux qui enterraient ? REKERAHO n’a-t-il pas distribué de l’argent à ceux qui enterraient les cadavres ?

L’Interprète : Ntabwo REKERAHO yagiye aha amafaranga abahambaga imirambo.

le témoin 151 : Ntabyo nabonye.

L’Interprète : Moi, je n’ai pas vu.

Le Président : D’autres questions. Maître WAHIS ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président. Je voudrais revenir précédemment à une réunion du 12 avril 1994 à Murunyinya, réunion politique au cours de laquelle le bourgmestre a pris la parole. Est-ce qu’il y avait une ou des bénédictines présentes à cette réunion ?

Le Président : Y avait-il, lors d’une réunion qui s’est tenue le 12 avril 1994, à la demande du bourgmestre, des bénédictines présentes, des sœurs de Sovu présentes à cette réunion ?

L’Interprète : Mu nama bourgmestre yakoresheje ku itariki ya 12 z’ukwa kane, hari ababikira b’i Sovu bari bayirimo ?

le témoin 151 : Ntabwo narebye neza, icyokora yaravugaga, ngo niyo kugarura amahoro.

L’Interprète : Je n’ai pas bien regardé, mais lui, il disait que c’était une réunion visant le retour de la paix.

Le Président : Avez-vous vu des sœurs bénédictines à cette réunion ?

L’Interprète : Hari ababikira b’ababenedictine wabonye muri iyo nama ?

le témoin 151 : Hari haje abantu benshi ntabwo nashoboye gukemuza ngo ndebe aho ngaho.

L’Interprète : Il y avait plusieurs personnes qui assistaient. Moi je n’ai pas pu observer là-bas.

Le Président : Une autre question ? Les parties n’ont plus de questions à poser ? Sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Monsieur le témoin 151, confirmez-vous, persistez-vous dans les déclarations que vous venez de faire aujourd’hui ?

L’Interprète : Uremeza ukanahamya ibyo umaze kuvuga none ?

le témoin 151 : Ndabyemeza, ndabivugisha ukuri nkuko nabivuze mu ndahiro.

L’Interprète : Je le confirme, je le dis en toute vérité, comme je l’ai dit dans le serment.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps, mais vous devez rester à la disposition de la Cour pour organiser votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Urukiko rugushimiye ibyo warubwiye, rugasaba ariko ko rwakubona igihe cyose, mu gihe urwego rwo gutegura ibyo urugendo rwawe rusubira mu Rwanda.

le témoin 151 : Ye. Nanjye ndabashimiye.

L’Interprète : Moi aussi, je vous remercie et puis j’espère que je continuerai à collaborer avec vous.