8.6.5. Audition des témoins: le témoin 38
Le Président : Monsieur l’interprète,
voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?
L’Interprète : amazina yawe ?
le témoin 38 : le témoin 38.
L’Interprète : Elle s’appelle
le témoin 38.
Le Président : Quel âge a-t-elle ?
L’Interprète : Ufite imyaka
ingahe ?
le témoin 38 : 41.
L’Interprète : 41 ans
Le Président : Quelle est
sa profession ?
L’Interprète : Ukora iki ?
le témoin 38 : Ndi umuhinzi.
L’Interprète : Agricultrice.
Le Président : Quelle est
sa commune de résidence ?
L’Interprète : Utuye muri
komine yihe ?
le témoin 38 : Huye.
L’Interprète : Elle habite
à Huye.
Le Président : Connaissait-elle,
avant le mois d'avril 1994, certains des accusés : sœur Gertrude,
sœur Kizito, Monsieur NTEZIMANA ou Monsieur HIGANIRO ? Est-ce qu’elle en
connaissait certains ?
L’Interprète : Muri bariya
uko ari bane, hari abo waruzi mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?
le témoin 38 : Nari mbazi
gusa i Sovu kuri monastère yabo.
L’Interprète : Urashaka kuvuga
ababikira ?
le témoin 38 : Ababikira
nibo narinzi naho abagabo simbazi.
L’Interprète : Je connaissais
de vue les deux sœurs dans leur monastère de Sovu.
Le Président : Est-ce qu’elle
est de la famille des accusés ou des parties civiles, de ceux qui réclament
de l’argent aux accusés ?
L’Interprète : Hari
icyo upfana n’abaregwa cyangwa n’abaregera indishyi ?
le témoin 38 : Hm ?
L’Interprète : Hari icyo
upfana n’abaregwa, hari isano ufitanye nabo ?
L’Interprète : Non.
Le Président : Elle ne travaille
pas pour les accusés ou les parties civiles ?
L’Interprète : Ari abaregwa
cyangwa abaregera indishyi, hari abo ukorera muribo ?
le témoin 38 : Hm ?
L’Interprète : Hari abo ukorera,
niba ukorera abaregwa cyangwa abaregera indishyi.
le témoin 38 : Njyewe
ntabo nkorera, ndikorera.
L’Interprète : Je travaille
pour… à mon propre compte.
Le Président : Voulez-vous
bien l’inviter à lever la main droite et prononcer le serment de témoin. Si
elle ne sait pas lire, vous voudrez bien lui lire et le traduire ensuite ?
L’Interprète : Zamura akaboko
k’iburyo, uzi gusoma ?
le témoin 38 : Yego. Ndahiriye
kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.
L’Interprète : Je jure de
parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Vous voulez
bien vous asseoir tous les deux. Invitez le témoin à bien parler dans le micro
pour qu’on comprenne bien ce qu’elle dit.
L’Interprète : Uvuge neza
muri micro kugirango bumve neza icyo uvuga. Ntuvuge vuba vuba kugirango nshobore
gusobanura ibyo uvuga.
le témoin 38 : Hm.
Le Président : Le témoin
habite-t-il toujours, Madame habite-t-elle toujours sur la colline de Sovu ?
L’Interprète : Uracyatuye
kuri komine ya Sovu ?
le témoin 38 : Ntuye muri
komine Huye.
L’Interprète : J’habite dans
la commune de Huye.
Le Président : Au mois d’avril
1994, est-ce qu’elle habitait sur la commune ou déjà à la commune de Huye ?
L’Interprète : Mu kwezi kwa
kane 94, warutuye muri komine ya Huye mbere, cyangwa nyuma.
le témoin 38 : Nari mpatuye.
Navukiye Huye, niho ntuye.
L’Interprète : Je suis née
à Huye et j’y habite jusqu’à présent.
Le Président : Est-elle partie
à un moment donné, elle-même, elle ou elle et sa famille se réfugier au centre
de santé ou au couvent de Sovu ?
L’Interprète : Hari ubwo,
ubwawe cyangwa n’umuryango wawe mwahungiye muri centre de santé ya Sovu ?
le témoin 38 : Umuryango
wanjye niwo wahahungiye.
L’Interprète : C’est ma famille
qui s’y est réfugiée.
Le Président : Est-ce qu’elle
se souvient de la date à laquelle sa famille est partie se réfugier ?
L’Interprète : Uribuka itariki
umuryango wawe wahahungiye ?
le témoin 38 : Abambere
bahageze kuri 17,
L’Interprète : Les premiers
y sont arrivés le 17.
le témoin 38 : Abandi
bahagera kuri 18.
L’Interprète : Les autres
sont arrivés le 18.
Le Président : Se souvient-elle
du moment où les réfugiés ont commencé à être tués à Sovu ?
L’Interprète : Uribuka igihe
impunzi zatangiriye kwicwa i Sovu ?
le témoin 38 : Ndabyibuka.
L’Interprète : Je m’en souviens.
Le Président : Etait-ce déjà
le 21 avril 1994 ? Ou peut-être même déjà avant ?
L’Interprète : Ni itariki
21 za kane 94 ? Cyangwa mbere ?
le témoin 38 : Hari kuri
22.
L’Interprète : C’était le
22 avril.
Le Président : Le 22 avril ?
L’Interprète : Oui.
Le Président : Mais avant
ça, est-ce qu’il n’y a pas déjà eu quelqu’un qui a été tué par une grenade ?
L’Interprète : Mbere yaho,
nta muntu wigeze wicwa na grenade ?
le témoin 38 : Hari uwapfuye
kuri 18.
L’Interprète : Il y a quelqu’un
qui est mort le 18.
Le Président : Se souvient-elle
de la personne qui a jeté la grenade ?
L’Interprète : Uribuka umuntu
wateye grenade ?
le témoin 38 : Uretse
ko bamuvuze, ariko apfa njye nari nkiri hepfo ntabwo narindi kumwe nabo. Abandi
nibo babivuze.
L’Interprète : A part que
j’ai entendu parler de lui parce que la personne mourait, moi, je n’étais pas
avec eux, avec le groupe, j’étais un peu plus bas. Ce sont les autres qui en
ont parlé.
Le Président : Est-ce qu’elle
n’a pas vu qui a donné la grenade à celui qui l’a lancée ?
L’Interprète : Ntabwo wabonye
uwahaye grenade uwo nguwo wayiteye ?
le témoin 38 : Abo barikumwe
n’uwapfuye bamanutse bavuga ko uwayitanze ari REKERAHO.
L’Interprète : Ceux qui étaient
en compagnie de la personne qui a été tuée sont venus en disant que c’est REKERAHO
qui l’avaient remise.
Le Président : Les tueries
ont commencées le 22. Est-ce qu’elle a été témoin de qui dirigeait la tuerie,
le 22 ?
L’Interprète : Ubwicanyi
bwatangiye ku itariki ya 22. Ushobora kuba warabonye uwayoboraga ubwicanyi ?
Icyo gihe kuri iyo tariki ya 22 ?
le témoin 38 : REKERAHO
Emmanuel,
L’Interprète : Il s’agit
de REKERAHO Emmanuel,
le témoin 38 : Na RUSANGANWA
Gaspard,
L’Interprète : RUSANGANWA
Gaspard,
le témoin 38 : NDAYISABA
Yonas.
L’Interprète : NDAYISABA
Jonas,
le témoin 38 : Na
bariya babikira, Gertruda na mama Kizito bamanukanye bombi.
L’Interprète : Et les deux
sœurs, Gertrude et Kizito, qui étaient en leur compagnie.
Le Président : A-t-elle vu
les deux religieuses donner des ordres pour tuer ?
L’Interprète : Wabonye
bariya babikira bombi batanga amategeko yo kwica ?
le témoin 38 : Oya. Ariko mfite ukundi nabibonye.
L’Interprète : Non. Mais
j’ai ma façon par laquelle je l’ai vu.
Le Président : Peut-elle
préciser le jour, si c’est possible, hein, et l’heure à laquelle elle aurait
vu les deux sœurs avec REKERAHO et les autres ?
L’Interprète : Ushobora guhamya
niba bishoboka, isaha n’umunsi waba warabonye bariya babikira bari kumwe na
REKERAHO ?
le témoin 38 : Isaha sinshobora
kuyibuka neza nari mfite ibibazo byinshi,
L’Interprète : L’heure, je
ne peux pas me souvenir exactement de l’heure parce que j’avais beaucoup de
préoccupations.
le témoin 38 : Uretse
ko navuga uko nabibonye mbese.
L’Interprète : A part que
je ne peux relater que la façon dont je l’ai vu.
Le Président : Est-ce que
c’était bien le 22 avril le jour des tueries ?
L’Interprète : Byari ku italiki
ya 22, umunsi ubwicanyi bwatangiriyeho ?
le témoin 38 : Ni kuri
22.
L’Interprète : Oui, c’était
le 22.
Le Président : Alors, ce
jour-là, sans pouvoir préciser l’heure, qu’a-t-elle vu que Gertrude et Kizito,
que sœur Gertrude et sœur Kizito faisaient ?
L’Interprète : Uwo munsi,
nubwo udashobora kuvuga isaaha iyariyo, wabonye iki sœur Gertrude na sœur Kizito
bakoze ?
le témoin 38 : Ubwo njye
naringiye kuri centre de santé kureba umukecuru wanjye wari uhari n’abana be,
L’nterprète : Umukecuru,
uravuga nyoko ?
le témoin 38 :
Mama wanjye n’abana be.
L’Interprète : Je me rendais
à ce moment au centre de santé pour voir ma mère qui était avec ses enfants.
le témoin 38 : Nyuma haje
kuzamuka REKERAHO Emmanuel,
L’Interprète : REKERAHO est
venu en sens inverse en montant,
le témoin 38 : Ari kumwe
na RUSANGANWA Gaspari,
L’Interprète : En compagnie
de RUSANGANWA Gaspard,
le témoin 38 : NDAYISABA
Yonasi,
L’Interprète : NDAYISABA
Jonas.
le témoin 38 : Basanga
abantu benshi bari bapfuye aho ku kibuga kuri centre de santé,
L’Interprète : Et ils ont
trouvé, euh… des gens déjà qui étaient morts dans la cour du centre de santé,
le témoin 38 : Abandi
bari bakicwa.
L’Interprète : Les autres,
on était en train de tuer les autres.
le témoin 38 : Hari abandi
bari bihishe mu igaraji babikagamo imodoka ya centre de santé,
L’Interprète : Il y a d’autres
qui étaient cachés dans le garage du centre de santé où ils rangeaient leurs
véhicules.
le témoin 38 : REKERAHO
yabwiye abicanyi ngo nibapfumure urukuta barebe abarimo mu igaraji abo aribo.
L’Interprète : REKERAHO a
donné l’ordre aux assassins de, de percer le mur pour voir s’il y avait des
gens qui étaient cachés là-dedans.
le témoin 38 : Abwira
abandi ngo nibasigare batora imishakari, byumye, araje.
L’Interprète : Et il a dit
aux autres de ramasser les herbes sèches,
le témoin 38 : Ubwo
yarazamutse ajya mu kigo cy’ababikira ruguru.
L’Interprète : Et il a continué,
il s’est rendu au couvent.
le témoin 38 : Nyuma
hashize akanya aba amanukanye, yamanutse ariko na RUSANGANWA na Yonasi na bariya
babikira babiri bombi, mama Gertruda na mama Kizito.
L’Interprète : Après un moment,
il est revenu en compagnie de RUSANGANWA Gaspard et de NDAYISABA Jonas et de
les deux sœurs Gertrude et Kizito.
le témoin 38 : Ababikira
bafite utujerikani tubiri duto turimo essence.
L’Interprète : Les sœurs
portaient deux petits jerricanes pleins d’essence.
le témoin 38 : REKERAHO
yabwiye uwitwa BYOMBOKA,
L’Interprète : REKERAHO a
dit à un certain BYOMBOKA,
le témoin 38 : Ngo nazane
ibishakari bashyire aho yari yatoboye, ugana mu igaraji.
L’Interprète : Qu’il apporte
de l’herbe sèche et qu’il la mette dans le trou qu’il avait fait dans le garage.
le témoin 38 : Ubwo bariya
babikira uwo bashoboye guha utwo tujerikani sinamwitegereje neza, hari mu bantu
benshi cyane, kandi nari mfite n’ibibazo nanjye nirukanka mva mu nzira ngo batahansanga.
L’Interprète : Les sœurs
ont remis les jerricanes, je ne sais pas exactement à qui, parce que moi, j’étais
préoccupée et je voulais sauver ma peau, parce que j’avais peur qu’on me trouve
sur place.
le témoin 38 : Essence
bayisutse ku bishakari bahita bakongeza batwikiramo abantu mu igaraji.
L’Interprète : Ils ont versé
de l’essence sur l’herbe sèche et ils ont immédiatement mis le feu et ils ont
incendié le garage, et les gens étaient dedans.
le témoin 38 : Ibindi
bishakari babishyize ku muryango w’igaraji, naho barongera barahatwika.
L’Interprète : Ils avaient
mis d’autres herbes sèches à l’entrée, donc à la porte du garage, qu’ils ont
aussi, l’herbe a aussi été incendiée, ils ont mis du feu.
le témoin 38 : Ubwo abari
mu igaraji bagerageje guca urugi ngo birwaneho yuko basohoka, nabo hanze nabo
barabakubitaga,
L’Interprète : Ceux qui étaient
à l’intérieur du garage, ils ont essayé de défoncer la porte pour pouvoir sortir.
le témoin 38 : Ubwo
abashoboye gusohokamo bose bagiye, bamwe barahiye, abandi babakubitaga impiri
bakabatsinda ahongaho.
L’Interprète : Ceux qui ont
pu sortir du garage, bon, ils sont sortis mais certains étaient brûlés, les
autres recevaient des coups de massue et ils mourraient sur place.
le témoin 38 : Ntabashoboye
mbega kuvamo ari bazima.
L’Interprète : En fait, il
n’y a personne qui s’en est sorti indemne, vivant.
le témoin 38 : Ubwo haje
kujyamo undi mugabo w’umwicanyi, duturanye neza hafi y’iwacu, ajya gusahura
no kwica abari mu igaraji,
L’Interprète : Il y a eu
aussi un autre assassin qui était mon voisin…
Uwo mwari muturanye nawe yinjiye mu igaraji… ?
le témoin 38 : Yego, ajya
kwica, witwa NSANZURWIMO Yohani.
L’Interprète : NSANZURWIMO
Yohani qui était son voisin, qui était aussi non seulement un voleur mais aussi
assassin, est entré dans le garage aussi pour tuer les gens.
le témoin 38 : Ubwo yinjiyemo,
kubera wa muriro, ahita ashya ikote, ashya no mu mugongo, asohokamo yiruka agana
aho ndi,
L’Interprète : En entrant
dans le garage à cause du feu qui avait été mis là, il a pris feu par son veston,
il a été brûlé au dos et il est revenu en courant vers, à ma direction.
le témoin 38 : Mbonye
ko aje yirukanka ansanga, nanjye ngira ubwoba ko ashobora kunyica, nanjye mpita
nirukanka muhunga njya kwihish’ahandi.
L’Interprète : Et j’ai eu
peur qu’il venait pour tuer aussi. Je me suis aussi enfuie. Je me suis cachée
quelque part d’autre.
le témoin 38 : Ubwo
nyuma ibyakurikiyeho bindi sinaje kubimenya,
L’Interprète : Ce qui a suivi,
je n’ai pas su,
le témoin 38 : Kuko n’abavandimwe
banjye bahise bagwamo gutyo, ntawe nongeye kubona mubo tuva indimwe, n’le témoin 133
wanjye.
L’Interprète : Parce que
toute ma famille a péri là-dedans. Je n’ai plus revu personne.
Le Président : Le témoin
vient de parler de deux bidons d’essence ?
L’Interprète : Umaze kuvuga
ko bari bafite ijerikani ebyiri za essence ?
le témoin 38 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Sait-elle
préciser si c’étaient des petits bidons ou des grands bidons ? 10 litres ?
20 litres ? 5 litres ?
le témoin 38 : Utujerikani
duto, dutwaye nka litiro 5.
L’Interprète : C’étaient
des petits jerricanes d’environ 5 litres.
Le Président : A-t-elle vu
la couleur des jerricanes ?
L’Interprète : Wabonye uko
ijerikani zasaga ?
le témoin 38 : Twari umwera,
ibyo byose aho njye nari nirukanse ko nari naguye bankubise, ubwo nubitse sinigeze
nita kureba amabara nirukanse, ariko nyuma ngarutse nibwo utwo tujerikani nibwo
twari umwera. Ndumva nibuka ko twari umwera.
L’Interprète : Elle se souvient
que ces jerricanes étaient de couleur blanche parce qu’elle avait reçu un coup,
elle était tombée. Au début, elle ne pouvait pas bien distinguer, mais après,
elle s’est rendu compte que c’était de couleur blanche.
Le Président : Elle est bien
sûre d’avoir vu sœur Kizito et sœur Gertrude porter elles-mêmes les bidons d’essence ?
L’Interprète : Urahamya ko
wabonye sœur Gertrude na sœur Kizito batwaye ubwabo izo bido za essence ?
le témoin 38 : Mbabona
kuva kuri monastère kugera kw’igaraji bari babufite mu ntoki ubwabo.
L’Interprète : Du monastère
jusqu’au garage, elles les portaient elles-mêmes.
Le Président : Les tueries
au centre de santé ont-elles duré plusieurs jours ?
L’Interprète : Ubwicanyi
muri centre de santé ya Sovu bwafashe iminsi myinshi ?
le témoin 38 : Uretse
ko impunzi arizo zahamaze iminsi myinshi, ariko batangira kwicana kuwa gatanu
nyine, abandi bagendaga babica buke, ntabo bongeye kwica kuwa gatandatu, uretse
kugenda ba…, bongera bajya kwica aho kugera kuri komine.
L’nterprète : A part que
ce sont les réfugiés qui sont restés plus longtemps, les tueries qui ont commencé
le vendredi,
Kuwa gatanu ?
le témoin 38 : Kuwa gatanu
niho nasize bahica, ubundi mpita bwakeye bajya kwica kuri komine hakurya.
L’Interprète : Donc, les
tueries qui ont commencés vendredi, ce jour-là, je suis partie, je me suis réfugiée
ailleurs, et les tueries ont continué mais le jours suivant, donc samedi, ils
sont allés tuer les gens vers la commune.
L’Interprète : Nibyo ?
Bahavuye bajya kwica kuri komine, kuwa gatandatu ?
le témoin 38 : Kuwa gatandatu
batangiye kujya kwica kuri komine, cyereka nka bake bake basigaye i Sovu, batabonye
bagombaga guhwanwa n’abahanga.
L’Interprète : Donc, le samedi,
ils sont allés tuer, les tueries ont continuées vers la commune sauf les quelques
personnes qui étaient restées sur place, à Sovu, que les assassins ont achevées.
Le Président : Le témoin
a dit tout à l’heure qu’elle avait perdu les membres de sa famille à Sovu. Peut-elle
préciser de qui il s’agissait ?
L’Interprète : Wavuze ko
umuryango wawe waguye i Sovu, ushobora kuvuga abo aribo, ushobora guhamya abo
aribo ?
le témoin 38 : Hari umukecuru
wanjye,
L’Interprète : Ma mère,
le témoin 38 : Na barumuna
banjye babiri,
L’Interprète : Mes deux petits
frères,
le témoin 38 : N’akana
ka musaza wanjye,
L’Interprète : Euh… un enfant
de mon frère,
le témoin 38 : N’umukecuru
wavaga indimwe na mama,
L’Interprète : Yari mukuru
cyangwa yari muto ?
le témoin 38 : Yari murumuna
wa mama.
L’nterprète : Euh… la petite
sœur à ma mère,
le témoin 38 : N’umugabo
we,
L’Interprète : Son mari,
le témoin 38 :
N’abana be n’abuzukuru be.
L’Interprète : Ses enfants
et ses petits-enfants.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions à poser au témoin ? Monsieur le 8ème juré ?
Le 8e Juré : Monsieur
le président pourriez-vous demander au témoin si elle connaît un certain NYUNDO ?
Le Président : Le témoin
connaît-elle un certain NYUNDO ?
L’Interprète : Uzi umuntu
witwa NYUNDO ?
le témoin 38 : Ndamuzi.
L’Interprète : Je le connais.
Le 8e Juré : Pourrait-elle
en dire…
Le Président : Le NYUNDO
en question, était-il présent lors des massacres et a-t-elle vu éventuellement
NYUNDO jouer un rôle particulier, le 22 avril 1994 ?
L’Interprète : Umunsi ubwicanyi
butangira ku italiki 22 mu kwezi kwa kane 94, NYUNDO yari mu bicanyi ?
Niba yari ahari, ushobora kuvuga icyo yaba yarakoze muri ubwo bwicanyi ?
le témoin 38 : Sinavuga
ngo yishe Runaka Runaka ariko mu bitero byajyaga i Sovu yabigendagamo.
L’Interprète : Je ne dirais
pas qu’il a tué telle ou telle personne, mais toutes les attaques qui se produisaient
à Sovu, il en faisait partie.
Le 8e Juré : Parce
que ce matin on nous a dit que Monsieur NYUNDO a été sur l’ordre de Monsieur
REKERAHO pour chercher de l’essence. C’est ce qui a été dit ce matin.
Le Président : Le témoin
aurait-il vu Monsieur NYUNDO aller chercher de l’essence auprès des sœurs
? Ou au couvent ?
L’Interprète : Ushobora kuba
warabonye NYUNDO ajya gushaka essence mu babikira ?
le témoin 38 : Abo nabonye
nabo navuze ariko we namubonyemo.
L’Interprète : Non. Ceux
que j’ai vus, ce sont ceux dont j’ai parlé mais eux ne faisaient pas partie
de ceux-là.
Le Président : Je tiens à
signaler à Madame et Messieurs les jurés qu’ils ne doivent pas s’étonner d’entendre
parfois des choses contradictoires dans des témoignages, hein. Même dans un
dossier banal, ça arrive. Donc, ne vous étonnez pas que vous puissez entendre
parler parfois du nom d’une personne et puis que quelqu’un d’autre vous parle
d’une autre personne, vous dise que un tel faisait telle action et qu’une telle
faisait telle action et que dans un autre témoignage ce soit l’inverse qui soit
déclaré. Ne vous en étonnez pas. Le problème c’est qu’au moment de votre délibération
vous devrez faire un tri là-dedans.
Le 10e Juré : Madame, avez-vous vu REKERAHO au volant de l’ambulance
avant les massacres du 22 avril, de l’ambulance du couvent ?
L’Interprète : Waba
warabonye REKERAHO atwaye imodoka ya ambulance, mbere y’italiki ya 22 aho ubwicanyi
bwatangiye ?
le témoin 38 : Ku minsi
yose impunzi zari zarahungiye i Sovu, imodoka basa nabiyimwegurira niyo yakoreshaga,
niyo yagenderagamo.
L’Interprète : Depuis que
les réfugiés avaient trouvé refuge à Sovu, on avait donné à REKERAHO le véhicule
et il s’en servait depuis.
le témoin 38 : Hanyuma
aho hose, n’ubwicanyi yagumye ayifite kugeza mu kwezi kwa karindwi.
L’Interprète : Et même après
les tueries, il a gardé le véhicule jusqu’au mois de juillet.
Me. de CLETY : Connaissiez-vous
un certain le témoin 151 ?
L’Interprète : Waruzi umuntu
witwa le témoin 151 ?
le témoin 38 : Nari muzi
yari conseiller wa segteri Sovu ubwicanyi bwabereyemo.
L’Interprète : Je le connaissais.
Il était conseiller du secteur Sovu, là où les massacres ont eu lieu.
Me. de CLETY : Et est-ce
que vous l’avez vu sur place, le 22 ?
L’Interprète : Wamubonye
aho wari uri kw’italiki ya 22 ?
le témoin 38 : Kuko njye
nakunze kwihishahisha hirya no hino ahongaho hafi, i Sovu nyine, nakunze kuguma
kwihishahisha hirya no hino, ubundi uwo munsi wo 22, ntabwo nigeze mubona aza
i Sovu.
L’Interprète : Je… quand
les massacres ont commencés, je me suis cachée ici et là dans Sovu, mais je
ne l’ai pas vu le jour du massacre.
Le Président : Y avait-il
beaucoup d’attaquants le 22 ?
L’Interprète : Har’igitero
cy’abantu benshi kw’italiki ya 22 ?
le témoin 38 : Hari igitero
cy’abantu benshi ku buryo baturutse mu masegiteri 3,
L’Interprète : Il y avait
beaucoup d’attaquants qui venaient de trois secteurs différents.
le témoin 38 : Ni abari
baturutse hakurya muri segteri Mbazi.
L’Interprète : Il y a ceux
qui venaient de la commune de Mbazi
le témoin 38 : Bari bagosereye
aho impunzi zose zari ziri. Bari benshi cyane.
L’Interprète : Ils avaient
encerclé là où se trouvaient les réfugiés. Ils étaient très nombreux.
Le Président : Dans ceux
que le témoin aurait vu tuer, en train de tuer des réfugiés, y avait-il des
militaires qui utilisaient leur fusil pour tuer ?
L’Interprète : Ubwo wahaba
mu bicanyi, wababonye bica abantu, bica impunzi, muri abo harimo abasirikare
bicishaga imbunda zabo abantu ?
le témoin 38 : Harimo
abapolisi n’abasirikare baje, ari abagendarme bari bambaye ingofero muri [Inaudible]
sinzi niba ari abarabu cyangwa hari aho bari bavuye handi, bari batandatu, baje
bashorera…
L’Interprète : Il y avait,
parmi eux, il y avait des policiers. Les autres, je ne sais pas si c’était des
gendarmes, ils portaient des bérets rouges. Ils étaient au nombre de 6.
le témoin 38 : Baje ikigoroba
hafi nko mu masaa kumi n’imwe,
L’Interprète : Ils sont venus
vers 17h.
le témoin 38 : Bashorera
abandi bantu bari basigaye batari bahwanye nyine.
L’Interprète : Et ils ont
amené les gens qui n’étaient pas encore complètement morts.
le témoin 38 : Nuko bageze
hepfo gato kuri kaburimbo barongera barabagarura.
L’Interprète : Et arrivés
un peu plus bas, là où il y avait la route goudronnée, ils sont revenus sur
leurs pas, ils sont revenus avec eux.
le témoin 38 : Noneho
rero aho ngaho nahise mbona aho njya kwihisha, sinongeye kugaruka.
L’Interprète : Après ça,
je suis, j’ai trouvé un refuge. Je ne suis plus jamais revenue sur les lieux.
Le Président : D’autres questions ?
Maître JASPIS.
Me. JASPIS : Monsieur le président, est-ce que vous pouvez demander
au témoin si le nom de RANGIRA lui évoque quelqu’un de précis ? Monsieur
RANGIRA ? S’il vous plaît.
Le Président : Le témoin
connaît-il RANGIRA ?
L’Interprète : Hari icyo
izina rya RANGIRA rikwibutsa ? Hari icyo rikubwiye ?
le témoin 38 : Riranyibutsa
urupfu rwe. Yapfuye kuri 18,
L’Interprète : Le nom me
rappelle la mort de RANGIRA, qui est mort
le 18.
le témoin 38 : Hari mu
masaa yine, hagati ya saa yine na saa tanu.
L’Interprète : C’était entre
10h et 11h.
le témoin 38 : Aribwo
bateraga iyo grenade ya mbere itanzwe na REKERAHO, ihita imuhitana,
L’Interprète : C’est au moment
où ils ont lancé la première grenade que REKERAHO avait donnée et il a été la
première victime.
le témoin 38 : Ariko ntiyahise
apfa neza ngo arangire yikubise hasi,
L’Interprète : Il n’est pas
mort sur le coup. Il est juste tombé.
le témoin 38 : Hanyuma
undi muntu wundi wamuguye imbere,
L’Interprète : Il y a quelqu’un
d’autre qui est tombé devant lui.
le témoin 38 : Ubwo abicanyi
bahise basabarangira aho aguye, bahita bamuhwanya n’icyuma,
L’Interprète : Et en ce moment,
les assassins ils ont trouvé, ils ont trouvé RANGIRA où il était tombé et puis,
ils l’on achevé à coups de couteau.
le témoin 38 : Uwo wundi
waruguye imbere ye we ntabwo yagombaga kwicwa kuko we baramwandaje baramuhagurutsa,
arataha.
L’Interprète : Celui qui
était tombé devant RANGIRA, lui, il n’a pas été tué. Ils l’on pris, ils l’ont
amené chez lui.
le témoin 38 : Ubwo abagabo
n’abasore bari bagiye kurwana ku ngo zabo ruguru aho bakoreraga ibitero mu gacentre
gahari kitwa kuri douane,
L’Interprète : Les jeunes
et les hommes étaient, s’étaient rendus auprès de leurs maisons pour monter
la garde. Et ils se rassemblaient à un endroit qu’on appelait… le petit centre
qu’on appelle « le centre douane »,
le témoin 38 : Kari hagati
muri segteri Sovu.
L’Interprète : Qui se trouve
au centre du secteur Sovu.
le témoin 38 : Ubwo
abitwaga nyine bahise babonako [Inaudible] batoranya amoko,
L’Interprète : Ceux qui fuyaient
se sont rendus compte, se sont rendu compte qu’on était en train de sélectionner
les gens selon leurs ethnies, leur ethnie.
le témoin 38 : Bahise
biruka basanga abagore n’abana aho twari turi kuri centre.
L’Interprète : Ils sont allés
en courant. Et ils ont trouvé les femmes et les enfants où ils se trouvaient
au centre.
le témoin 38 : Nuko dutegereza
nyine urupfu, nta kindi.
L’Interprète : Nous n’attendions
plus que la mort. Et rien d’autre.
Le Président : D’autres questions ?
Me. JASPIS : Monsieur le président,
est-ce que le témoin connaît le nom de Monsieur BYOMBOKO s’il vous plaît ?
Le Président : BYOMBOKO.
Ca vous dit quelque chose, Madame ?
L’Interprète : Izina rya
BYOMBOKO, hari icyo rikubwiye ?
le témoin 38 : Rinyibutsa
REKERAHO ajya mu babikira kubabwira ngo batore inkwi araje, niwe watoye ibishari
byo kutwika abantu bari mu igaraji.
L’Interprète : Le nom BYOMBOKO
me rappelle le nom de la personne à qui REKERAHO a dit d’aller ramasser de l’herbe
sèche lorsqu’il s’est rendu chez les sœurs, et REKERAHO lui a dit de s’en occuper,
qu’il revenait. Donc, il a apporté de l’herbe sèche au garage.
Le Président : Une autre
question ? Oui, Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Et le nom de
Gérard KABILIGI ?
L’Interprète : Izina rya
Gérard KABILIGI,
le témoin 38 : Gérard
KABILIGI yari umukozi wo mu babikira,
L’Interprète : Gérard KABILIGI
était employé chez les sœurs.
le témoin 38 : Sinzi ahantu
bamuvanye mu igaraji ririmo rishya,
L’Interprète : Je ne sais
d’où ils l’on sorti pendant que le garage brûlait.
le témoin 38 : Bamusutse
essence mbona yirukanse agurumana, amanuka hepfo mu ishyamba. Baramutwika.
L’Interprète : Ils lui ont
versé de l’essence dessus et puis ils l’ont, ils ont mis du feu et je l’ai vu
descendre la forêt comme une torche. Il brûlait.
Le Président : Oui ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, est-ce que le témoin aurait revu l’une ou l’autre religieuse une
fois que les choses se sont un peu apaisées, un peu calmées.
L’Interprète : Hari ubwo
waba warabonye umwe mu babikira, amarorerwa arangiye ? Agabanutse ?
le témoin 38 : Ababikira
bandi babaga i Sovu se ?
L’Interprète : Elle demande
s’il s’agit des autres sœurs qui habitaient Sovu ou bien s’il s’agit de celles-ci ?
Le Président : Celles-ci
ou des autres, qui habitaient Sovu, bien sûr.
L’Interprète : Ari aba ngaba
cyangwa abandi bari batuye i Sovu ?
le témoin 38 : Kereka
umwalimu umwe w’umukobwa witwa KAMPIRE,
L’Interprète : A part une
dont je me souviens très bien du nom de KAMPIRE,
le témoin 38 : Yaje ari
kuwa kane,
L’Interprète : Celle-ci est
venue, c’était jeudi, un jeudi,
le témoin 38 : 21,
L’Interprète : Le 21.
le témoin 38 : Aratubwira
ngo Bikira Mariya amudutumyeho, ngo adusengere.
L’Interprète : Elle nous
a dit qu’elle était envoyée auprès d’elle par la Sainte Vierge.
le témoin 38 : Ubwo
njye nahise njya kureba umwana, nari ntaramureba aho ari,
L’nterprète : Umwana wawe ?
le témoin 38 : Hm.
L’Interprète : Mais je suis
allée directement, je me suis rendu là où se trouvait mon enfant.
le témoin 38 : Ngarutse
nsanga arimo arasengana n’abandi bana bajyaga basengana mbere bari mu rungano
banganaga,
L’Interprète : Et à mon retour,
je l’ai trouvée en train de prier en compagnie des autres enfants de son âge
avec lesquels elle avait l’habitude de prier.
le témoin 38 : Ababwira
ngo Bikira Mariya yamutumye ngo baze basengane kandi ngo azapfane nabo, azapfa
mbere yabo.
L’Interprète : Et elle disait
que la Sainte Vierge l’avait envoyée auprès d’elle pour prier ensemble et qu’ils
allaient mourir tous ensemble.
le témoin 38 : Nyuma kandi
koko, grenade ya mbere bateye yahise imuhitana.
L’Interprète : Et elle
avait dit qu’elle allait mourir avant. Et effectivement, la première grenade
qu’on leur a lancée, elle a été la première à être tuée.
Le Président : Oui, une autre
question ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, je pense que le témoin n’a pas dû bien comprendre ma question, c’est
peut-être un problème de traduction. La personne dont elle vient de nous parler,
effectivement traverse le dossier et est une jeune fille Hutu qui est venue
au début des événements dire qu’en effet elle avait vu la Vierge, elle avait
été envoyée par la Vierge, etc. Ce que j’aurais voulu savoir c’est si après
le 22, le témoin a encore vu des religieuses au centre de santé ? Disons-le
plus simplement.
Le Président : Après le 22
avril, Madame a-t-elle encore vu des religieuses au centre de santé ?
L’Interprète : Hari abandi
babikira wigeze kubona nyuma y’icyo gihe kuri centre de santé ?
le témoin 38 : Nababwiye
haruguru ko nyuma ya… uwo munsi wa 22 nahise mbona aho njya kwihisha, mpita
ngenda, sinongeye gukurikirana amakuru, sinzi uko byagenze.
L’Interprète : Je vous ai
dit que le 22 j’ai eu, j’ai trouvé un endroit où me cacher, je suis partie et
je n’ai plus suivi les événements.
Le Président : Maître JASPIS,
je vous signale que le témoin vient de répondre qu’après le 22…
Me. JASPIS : Excusez-moi,
je…
Le Président : Vous avez
entendu malgré tout de l’autre oreille ? Une autre question ? Maître
VERGAUWEN.
Me. VERGAUWEN : Je voudrais… je vous remercie, Monsieur le président.
Je voudrais poser l’une ou l’autre question au témoin. Questions qui pourraient
évidemment apparaître comme des questions de détail au regard de sa souffrance,
mais qui me paraissent, malgré tout importantes. Le témoin a été entendu, sauf
erreur, le 8 octobre 1995 par Monsieur DELVAUX et elle a dit en réponse à une
question ceci, et je voudrais qu’elle, éventuellement qu’elle confirme ce qu’elle
a dit : « Avant que tous ces gens ne soient tués,
Gertrude est venue les voir et après qu’ils furent tués, elle est venue évaluer
le nombre de tués ». Peut-elle confirmer cela ?
Le Président : Vous allez
peut-être lui traduire… mot à mot… Lui expliquer que c’est une phrase qu’elle
aurait déclarée en 1995.
Me. VERGAUWEN : Le 8 octobre 1995.
Le Président : …quand elle
a été entendue, notamment, par la police rwandaise,
Me. VERGAUWEN : Accompagnée de Monsieur DELVAUX, oui.
Le Président : …accompagnée
d’un inspecteur de la police judiciaire de Bruxelles :
L’nterprète : Ku italiki
8 y’ukwezi kwa cumi 95, barakubajije, hari umuzungu witwaga DELVAUX, ari kumwe
n’abapolisi b’abanyarwanda. Umunsi bakubaza, hari icyo wavuze, agiye gusubiramo ?
Me. VERGAUWEN :
Je lis ?
Le Président : Je vais le
faire, merci. Elle aurait déclaré ceci :
L’nterprète : Waba waravuze
ibikurikira :
Le Président : « Avant que tous ces gens ne soient tués,
L’nterprète : « Mbere
yuko abantu bose bapfa,
Le Président : Gertrude est venue les voir,
L’nterprète :
Gertrude yaje kubareba,
Le Président : Et après qu’ils furent tués,
L’nterprète :
Bamaze kwicwa,
Le Président : Elle est venue évaluer le nombre de tués.
L’Interprète : Yaje kubara
abishwe uko bangana.
Le Président : J’ai vu tout cela ».
L’nterprète :
Ibyo byose narabyiboneye ».
le témoin 38 :
Bashobora kuba barabyumvise nabi kandi ntabwo
narinzi abambaza abo aribo, narimfite abo twaba tuganira, ntabwo nakurikiranye
niba aribyo bariya bambaza ntabwo namenye ibisobanuro bashaka, nari mfite abandi
mpora tuganira bandi.
L’Interprète : Il se pourrait
que ce que j’ai dit en ce moment ait été mal interprété parce que je parlais
à d’autres personnes qui étaient en ma compagnie.
le témoin 38 : Kandi nari
maze n’igihe ndwaye [Inaudible] bwo mu mutwe.
L’Interprète : Et je dois
vous dire que je suis restée un bon moment malade parce que j’avais été trop
nerveuse.
Me. VERGAUWEN : Donc, Monsieur le président, le témoin vient de
nous dire aujourd’hui que ce qu’elle a déclaré à l’époque est inexact à
cet égard ?
Le Président : Je n’ai pas
entendu ça. Mais…
Me. VERGAUWEN : Alors, demandez-lui,
si quand elle a déclaré : « Avant que tous ces
gens ne soient tués, Gertrude est venue les voir et après qu’ils furent tués,
elle est venue évaluer le nombre de tués ». Etait-ce exact ou inexact ?
Le Président : Quelle a été
selon le témoin et ce qu’a vu le témoin, le 22 avril, le comportement de sœur
Gertrude ?
L’Interprète : Barakubaza
ukuntu sœur Gertrude yaba yaritwaye kuri iyo tariki ya 22 z’ukwezi kwa kane.
le témoin 38 : Uko yitwaye
aho namuboneye nyine nibyo nababwiye haruguru, namubonye ari ubwo amanukanye
na REKERAHO, na RUSANGANWA na NDAYISABA bazanye nyine utwo tujerikani twa essence.
L’Interprète : Le comportement
dont je vous ai parlé plus haut de sœur Gertrude, c’est lorsque qu’elle était
en compagnie de REKERAHO,
Na nde ?
le témoin 38 : RUSANGANWA,
L’Interprète : RUSANGANWA,
le témoin 38 :
NDAYISABA,
L’Interprète :
NDAYISABA,
le témoin 38 :
Bazanye utwo tujerikani twa essence.
L’Interprète : Et lorsque
les deux sœurs portaient les deux jerricanes d’essence.
Le Président : Le 22 avril,
avant que les réfugiés du couvent ne soient tués, a-t-elle vu sœur Gertrude
venir au centre de santé ?
L’Interprète : Ku italiki
ya 22, mbere yuko impunzi zicwa, wabonye sœur Gertrude aza muri centre de santé ?
le témoin 38 : Mbere yaho
njye, aho mpagereye, naje kuba natatanye n’abana n’umuryango, ubonye kwirukanka
mu mashyamba hose mbashakisha, nta bundi namubonye mu minsi ya mbere ya 22.
Kuko sinagumye hamwe.
L’nterprète : Mbere ya 22
ntiwamubonye ?
le témoin 38 : Uretse
ko naje kumubona kuri 17, amanukanye nabari bahunze aza kuri centre de santé,
wenda cyakora yasubiye ruguru. Nanjye nzenguruka nshaka abana.
L’Interprète : Je l’ai vue
vers le 17. Elle se rendait vers le centre de santé et puis elle est remontée
vers le couvent. Mais moi, à ce moment, j’étais perturbée parce que je courais
à gauche et à droite à la recherche de mes enfants que j’avais perdus.
Le Président : Il faudrait
parler plus fort parce qu’on ne vous entend pas. Donc, c’est le 17…
Pardon ?
La personne qui vient de parler pourrait-elle se lever ? Il
n’y a pas beaucoup de courageux dans cette salle, hein ? Quand on ne les
identifie pas, ils sont forts, mais après, on ne les voit plus. Alors, la personne
qui vient de parler, je la prie de se lever et de quitter la salle. Quel courage
!
L’Interprète : Je répète ?
Le Président : Est-ce bien
le 17 avril que le témoin a vu sœur Gertrude se rendre au centre de santé ?
L’Interprète : Ni ku italiki
ya 17 wabonye sœur Gertrude ajya kuri centre de santé ?
le témoin 38 : Kuri
17, ku cyumweru, nibwo yamanukanye n’impunzi zari zahungiye ruguru kuri monastère,
L’Interprète : Le 17, dimanche
le 17 avril, elle est descendue en compagnie des réfugiés qui s’étaient, avaient
trouvé refuge, au départ, au monastère vers le centre de santé.
le témoin 38 : Nyuma aza
arikumwe na mama Kizito,
L’Interprète : Après, elle
était en compagnie de sœur Kizito.
le témoin 38 : Mbasiga
binjiye mu rugo nyine imbere muri centre de santé, ubwo nari ngishakisha abana,
ntarababona.
L’Interprète : Et je cherchais
mes enfants parce que je ne les avais pas encore trouvés et en ce moment, je
les ai laissées, donc sœur Kizito et sœur Gertrude, à l’intérieur du centre
de santé.
le témoin 38 : Kuko uwo
munsi ntabwo naraye kuri centre de santé njye,
L’Interprète : Ce jour-là,
je n’ai pas passé la nuit au centre de santé.
le témoin 38 : Nahagarutse
kuri 18.
L’Interprète : Je suis retournée
le 18.
Le Président : Le 22, le
témoin a-t-elle vu sœur Kizito se rendre au centre de santé avant que les gens
ne commencent à être tués au centre de santé ?
L’Interprète : Ku itariki
ya 22, waba warabonye Kizito ajya muri centre de santé, mbere yuko impunzi zitangira
kwicwa ?
le témoin 38 : Ntabwo
ibyo nabibonye, sinarimbikurikiye, nari narabuze abana, mbashakisha hirya no
hino.
L’Interprète : Ca je n’ai
pas assisté à ça. Je n’ai pas vu ça parce que j’étais à la recherche de mes
enfants.
Le Président : Si j’ai bien
compris ce qu’a expliqué le témoin tout à l’heure, après les tueries du 22, elle a cherché à se cacher ?
L’Interprète : Niba yumvise
neza ibyo wavuze mu mwanya, nyuma y’itariki ya 22, ubwicanyi bwo ku itariki
yo 22, washatse aho wihisha ?
le témoin 38 : Yego, nibwo
nahise njya kwihisha uwo munsi, nyuma yaho ntabwo nasubiye i Sovu.
L’Interprète : Oui, ce jour-là
le 22 j’ai cherché un refuge et je ne suis plus retournée à Sovu après.
Le Président : Avant de chercher
et de trouver un refuge, aurait-elle vu sœur Gertrude venir au centre de santé
pour voir, pour compter les morts par exemple ?
L’Interprète : Mbere yuko
ubona urwihisho, waba warabonye uwo munsi sœur Gertrude aza kubara abapfuye
muri centre de santé ?
le témoin 38 : Aza kubabara ?
Abara abapfuye ?
L’Interprète : Yee.
le témoin 38 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Je crois que,
nous y arrivons de cette manière, Maître VERGAUWEN ?
Me. VERGAUWEN : Je vous remercie, Monsieur le président. Deuxième
question : le témoin a été entendu après, semble-t-il - je lis le
procès verbal - une ré-ouverture d’auditions réalisées par Monsieur Delvaux
et l’inspecteur rwandais. Et à cette occasion le témoin a déclaré : « J’ai
vu Kizito donnant à REKERAHO Emmanuel un bidon d’essence ». Donc
à l’époque, le 8 octobre 1995, le témoin, si j’ai bien compris, ne parle pas
de sœur Gertrude accompagnant sœur Kizito pour donner de l’essence, ça, c’est
une première question ; et deuxième question : elle parle, à l’époque,
d’un bidon d’essence. Je voudrais savoir, Monsieur le président, pourquoi est-ce
qu’il y a aujourd’hui une divergence quant à ces, quant à ces deux points.
Le Président : D’après le
procès-verbal, d’après la traduction, d’après la traduction figurant au dossier,
de la déclaration faite en Kinyarwanda, de Madame le témoin 38, lorsqu’elle parle
de l’épisode de l’essence, il est seulement question de sœur Kizito, en 1995,
il est seulement question de sœur Kizito et il est seulement question d’un bidon
d’essence.
L’Interprète : Mu kwezi kwa
munani 95, bakubaza mu nyandiko-mvugo, ibyo wasobanuye, icyo bashaka kukubaza
kuvuga : sœur Kizito, wavuze ko hari ijerikani imwe gusa ?
le témoin 38 : Hm.
L’Interprète : Elle dit qu’en
ce moment elle a parlé d’un seul jerricane.
Le Président : Un seul jerricane ?
Et seulement de sœur Kizito ?
L’Interprète : Na sœur Kizito
wenyine, nta wundi wavuze ?
le témoin 38 : Bashobora
wenda kuba baranyandikiye ibyo ntavuze, bakaba barumvise nabi kuko nari mfite
undi twarimo tuganira kuruhande, nabibabwiye kare, ndumva ntabikurikira neza
kuko hashize iminsi, sinakurikirana iyo dossier ntazi uko imeze.
L’Interprète : Il se pourrait
qu’on ait, il se pourrait qu’on ait mal entendu ou mal interprété mes déclarations
du moment. Comme je vous l’ai dit précédemment, il y avait quelqu’un avec qui
je parlais à ce moment.
le témoin 38 : Kandi ndumva
twarahuye, narimperekeje abantu twari turi kumwe tuganira nabo, nta handi nari
mfitanye ikiganiro na benabo bantu, kuko bo ntarinzi ibyo bakurikiranye, bashaka
kugeraho. Twari tumaze igihe tubazwa n’abantu benshi, noneho tukumva noneho
bagumya kudutinza, sinigeze nkurikirana ko [Inaudible] buherereye.
L’Interprète : Et en ce moment,
on était interrogé par plusieurs personnes à la fois. Parfois, il était difficile
de leur dire où se trouvait la vérité.
le témoin 38 : Ibyo mvuga
ubu ngubu, nibyo noneho nabonye ku mugaragaro, niboneye n’amaso.
L’Interprète : Ce que je
vous relate maintenant, c’est ce que j’ai vu, c’est ce à quoi j’ai assisté.
Me. VERGAUWEN : Je vous remercie.
Le Président : Il est bien
donc question de maintenant ce qu’elle a vu et ce qu’elle relate maintenant,
c’est bien que sœur Gertrude et sœur Kizito ont apporté chacune...
[Interruption d’enregistrement]
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président, dans ce fameux PV, il figure aussi que le témoin déclare que le
21, mais j’imagine que ça doit être le 22, ils ont tué les parents des sœurs
qui s’étaient réfugiés ici au centre de santé. Peut-elle confirmer que les parents
des sœurs ont été tués au centre de santé, le 22 avril ?
Le Président : Alors, le
témoin a-t-il vu, le 22 avril, que les parents des sœurs de Sovu étaient tués
au centre de santé ?
L’Interprète : Wahamya ko ku itariki
22, waba warabonye ababyeyi b’ababikira bari bahungiye muri centre de santé,
ariho biciwe ?
le témoin 38 : Ntabwo
babishe uwo munsi.
L’Interprète : Ils n’ont pas été
tués le même jour.
Le Président : Le témoin
a-t-il vu les parents des sœurs être tués ?
L’Interprète : Wabonye ababyeyi
b’ababikira bicwa ?
le témoin 38 : Nababwiye
ko kuri 22 aribwo nahavuye nkabona urwihisho bo bari bakiri mu kibikira, ntabwo
twigeze tujya no kuri centre de santé.
L’Interprète : Je vous ai dit
que j’ai trouvé un refuge le 22 et à ce moment, les parents des sœurs se trouvaient
encore au couvent, on n’était pas ensemble au centre de santé.
Le Président : Une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. Juste en dessous, elle déclare que : « Vers le 28 avril,
Kizito et Gertrude sont parties à la commune de Huye pour ramener deux militaires
qui ont tiré sur les gens qui s’étaient réfugiés au couvent ». Comment
le sait-elle ? Et elle continue en disant : « Je me trouvais
à la maison en entendant les tirs ». Alors, est-ce qu’elle a vu les sœurs
aller chercher les militaires ? Est-ce qu’elle a vu des militaires ?
Qu’est-ce qui lui permet d’affirmer cela ?
Le Président : Le témoin
vient de nous dire que le 22, après les tueries, elle a trouvé un refuge.
L’Interprète : Umaze kubabwira
ko ku italiki ya 22, abantu bamaze kwicwa wabonye aho wihisha.
le témoin 38 : Hum.
L’Interprète : Oui.
Le Président : A-t-elle vu,
vers le 28 avril - donc un peu moins d’une semaine après la tuerie - a-t-elle
vu sœur Gertrude et sœur Kizito aller chercher des militaires à la commune de
Huye ?
L’Interprète : Ku itariki 28 waba
warabonye sœur Gertrude na sœur Kizito bajya gushaka abasirikare kuri komine
ya Huye ?
le témoin 38 : Nababwiye
ko nyuma y’intambara 94-95 twabazwaga n’abantu benshi baturutse hirya no hino,
twageze aho tubona ari nko kudukinisha, tukajya tubabwira [inaudible] tubikuraho.
L’Interprète : Je vous ai dit
qu’après la guerre 1994-1995, on a été interrogé par plusieurs personnes. Finalement,
on a cru qu’il s’agissait d’un jeu et parfois, on leur déclarait ce qu’on voulait.
le témoin 38 : Bamwe ntitwabaga
tuzi n’ikibagenza.
L’Interprète : Parce qu’on ne
savait même pas quels étaient les objectifs de certains d’entre eux.
le témoin 38 : Byinshi
hari ibyo twababeshyaga, ntitubabwize ukuri, ibyo mbabwirira aha nibyo by’ukuri
nahagazeho, nabonye.
L’Interprète : Pour cette raison,
on ne leur disait pas toute la vérité. Mais ce que je vous dis ici, c’est la
pure vérité.
Le Président : Alors, puisqu’elle
va nous dire la pure vérité, puisque le jeu est fini maintenant, a-t-elle vu,
à un moment, sœur Kizito et sœur Gertrude aller chercher et éventuellement revenir
avec des militaires ?
L’Interprète : Ubu ngubu ko ugiye
kutubwiza ukuri, waba warabonye sœur Gertrude na sœur Kizito bajya gushaka abasirikare
cyangwa bagarukana n’abasirikare ?
le témoin 38 : Aho nababonye
kubyo nahagazeho mbabwira, nkuko maze kubivuga, ni kuri 19 kuwa kabiri.
L’Interprète : Ce dont j’ai été
témoin, comme je viens de vous le dire, c’était le 19.
le témoin 38 : Nabwo hagiye
sœur Gertrude ajyanye n’umwe mu bantu bari bahari mubahugurwa,
L’Interprète : Ce que j’ai vu
le mardi 19, c’est sœur Gertrude partir en compagnie…
N’umwe cyangwa babiri ?
le témoin 38 : Ni umwe
bajyanye mu ivatire y’igikara, mu bari bahari mu bahugurwa, ntazi aho baturutse.
L’Interprète : Ceux qui étaient
au séminaire, parmi ceux qui assistaient au séminaire, je ne connais pas l’origine,
il y en a un parmi les personnes qui est parti en compagnie de sœur Kizito,
le témoin 38 : Oya, sœur
Gertrude.
L’Interprète : Sœur Gertrude,
le témoin 38 : Bagiye
bavuze ngo bagiye guhamagara abasirikare,
L’Interprète : Ils ont dit qu’ils
allaient appeler les militaires,
le témoin 38 : Nyuma yaje
kugaruka we, ariko n’uwo mugabo bajyanye mu modoka.
L’Interprète : Après elle est
revenue en compagnie de cet homme avec qui elle était partie en voiture.
le témoin 38 : Abasirikare
bo baje nyuma y’imodoka yabo.
L’Interprète : Les militaires
sont venus après, ils suivaient leur véhicule.
le témoin 38 : Bo badusanze
mu kigo ruguru,
L’Interprète : Les militaires
nous ont trouvés au couvent,
le témoin 38 : Bavuga
ko bagiye kudukoresha inama mbese, ngo tugende dushyire ibintu byacu kuri centre
de santé, twari twazamukanye.
L’Interprète : Ils nous ont conseillé
d’aller déposer nos affaires au centre de santé et qu’ils allaient nous réunir.
le témoin 38 : Twicara
imbere ya kiriziya,
L’Interprète : Nous nous sommes
assis devant l’église,
le témoin 38 :
Ngo badukoreshe inama,
L’Interprète : Sous prétexte qu’ils
allaient nous réunir,
le témoin 38 : Noneho
rero baratubwira ngo tumanuke dusubire kuri centre de santé.
L’Interprète : Et ils nous ont
dit après de regagner le centre de santé.
le témoin 38 : Ababikira
bigumiye mu kigo cyabo.
L’Interprète : Les sœurs sont
restées dans leur couvent,
le témoin 38 : Twebwe
twasubiye kuri centre de santé nyine, aho twari turi.
L’Interprète : Et nous, nous sommes
retournés au centre de santé où nous nous trouvions auparavant.
Le Président : Une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. Dans sa déclaration, le témoin précise qu’elle s’est rendue au
centre de santé le 19 pour faire soigner son enfant et dans sa déclaration,
dans la deuxième page, elle rappelait que le 22 aussi, en fait, elle se rendait
au centre de santé pour faire soigner son enfant. Alors, est-ce qu’il y avait
effectivement des soins qui étaient prodigués au centre de santé à cette époque,
à ce moment-là, 19 et 22 ?
Le Président : Le 19 avril,
y avait-il des soins qui étaient donnés au centre de santé ?
L’Interprète : Ku itariki ya 19,
bavuraga abantu kuri centre de santé ?
le témoin 38 : Nshobora
kuba naribeshye itariki, umwana namuvuje kuri 18 kuwa mbere.
L’Interprète : Là, il se peut
que je me sois trompée parce que j’ai fait soigner l’enfant le lundi 18.
Le Président : Lundi 18.
Est-elle allée à un autre moment encore pour faire soigner l’enfant ?
L’Interprète : Hari ubundi, hari
iyindi tariki waba waragiye kuvurishaho umwana ?
Jeanne le témoin 38 :
Ubwo nyine nta yindi, kuko ubwo intambara, abantu bari batangiye guhunga
ari benshi, n’ubwo kwari kubasayidira, n’ikinini kimwe gusa natse, barimo bagihunga,
barimo baterura ibintu.
L’Interprète : Après, ce n’était
plus possible parce que les gens fuyaient de toute part et quand on donnait
un médicament pour l’enfant, c’était un seul comprimé. Il n’était plus possible
du faire soigner.
le témoin 38 : Nuko noneho
niwo munsi RANGIRA yapfuriyeho, bamaze kubona ko umwe atangiye gupfa, bamuteye
grenade, byose byahise bihagarara.
L’Interprète : C’est le jour où
RANGIRA a trouvé la mort. A cause de la peur, tout s’est arrêté, plus rien n’a
fonctionné.
Le Président : Une autre
question ? Maître VANDERBECK.
Me. VANDERBECK : Une dernière
question, Monsieur le président, je vous remercie. Juste encore une question
par rapport à une confirmation au regard de la déclaration que le témoin a faite
en 1995. Peut-elle nous confirmer que dans la dernière partie de sa déclaration,
avant la réouverture de son audition, elle commence la phrase en disant ceci :
« J’accuse Gertrude et Kizito d’avoir fait tuer les
parents des sœurs, leurs voisins et même les gens qui faisaient leur stage au
couvent. Autre chose, en fuyant vers le Zaïre, elle a choisi les sœurs qui l’ont
accompagnée et qui sont toujours en vie. Toutes les autres (9) qui ont fui vers
Bujumbura ont été tuées alors que c’était elle la sœur doyenne ».
En d’autres termes, est-ce qu’elle peut confirmer qu’elle accuse sœur Gertrude
d’avoir fait un choix parmi les sœurs de sa communauté et d’en avoir sacrifiées
9 ?
Le Président : Le témoin
a-t-il été témoin du choix qu’aurait fait sœur Gertrude au moment de l’évacuation
du couvent entre les sœurs qui devaient encore vivre et celles qui allaient
mourir ?
L’Interprète : Waba wahamya ko
sœur Gertrude yaba yaratoranyije mu babikira, abagombaga kwicwa n’abagombaga
kubaho ?
le témoin 38 : Nkuko nabibabwiye
haruguru, nari ndimo mbazwa n’abandi bantu benshi kandi [Inaudible] no kutubaza
iminsi yose,
L’Interprète : Comme je vous l’ai
dit plus haut, j’ai été interrogée par plusieurs personnes chaque jour.
le témoin 38 : Bashobora
kuba, abo bantu bambazaga barumvishe nabi, ahubwo ibyo nakomeze kubibazwa n’abandi
twari turi kumwe.
L’Interprète : Il se pourrait
que ceux qui m’ont interrogé aient mal interprété ou mal compris mes propos,
mais ce sont les autres qui étaient en ma compagnie qui me posaient des questions
pareilles.
Le Président : Donc, elle
n’a pas été témoin du choix qu’aurait fait sœur Gertrude entre les sœurs qui
allaient fuir avec elle et celles qui allaient fuir d’un autre côté ?
L’Interprète : Ntabwo ushobora
guhamya rero ko sœur Gertrude yaba yaratoranyije ababikira bagombaga guhungana
nawe, n’abandi bagombaga guhungira mu bundi buryo ?
le témoin 38 : Ibyo ntabwo
mbihamya kuko sinabihagazeho.
L’Interprète : Je ne peux pas
l’affirmer, parce que je n’étais pas témoin.
Le Président : Une autre
question ? Maître NKUBANYI.
Me. NKUBANYI : Merci, Monsieur
le président. Pourriez-vous demander au témoin si, avant le massacre du 22 avril,
si elle-même et les autres réfugiés ont pu avoir accès facilement à la nourriture
et ont pu s’abriter contre la pluie ?
Le Président : Avant le 22
avril, le témoin a-t-il vu une distribution de nourriture aux réfugiés ?
L’Interprète : Mbere y’itariki
22, waba warabonye baha impunzi ibiryo ?
le témoin 38 :
Ntabyo nigeze mbona.
L’Interprète : Ca, je n’ai pas
vu.
Le Président : A-t-elle éventuellement
entendu des réfugiés se plaindre de ce qu’ils ne recevaient pas de nourriture ?
L’Interprète : Wumvise impunzi
zivuga ko zitabonaga ibiryo ?
le témoin 38 : Nabashije
kuharara mu ijoro ryo kuri 18, bafite abana barira, ntacyo bigeze baha n’abana,
ntacyo bigeze babaha.
L’Interprète : J’y ai passé la
nuit du 18, les enfants pleuraient parce qu’ils n’avaient rien reçu à manger.
le témoin 38 : Ntibabanugamishije
n’ubwo imvura yagwaga.
L’Interprète : On ne les a même
pas abrités alors qu’il pleuvait.
Le Président : La nuit du
18, il a plu ?
L’Interprète : Ku itariki, ijoro
y’italiki 18 imvura yaraguye ?
le témoin 38 : Nyinshi
cyane, ibanyagirira hanze, n’abana, n’abagore, bose.
L’Interprète : Il a abondamment
plu. Tout le monde, les enfants, les femmes sont restés sous la pluie et ils
ont été mouillés.
le témoin 38 : Uretse
sœur Scholastique wabwiye umukozi we MPAMBARA niwe washoboye gufungura akumba
gato, bugamyemo badakwirwamo.
L’Interprète : A part sœur Scholastique
qui a dit à un de ses employés du nom de MPAMBARA d’ouvrir une petite chambre,
les quelques enfants ont pu trouver refuge.
le témoin 38 : Akumba
kari hasi muri cave, gato batashoboye gukwirwamo.
L’Interprète : C’était une petite
chambre qui se trouvait à la cave et tout le monde n’a pas pu prendre place.
Le Président : A ce moment-là,
les réfugiés se trouvaient près du couvent ?
L’Interprète : Icyo gihe impunzi
zari iruhande rw’ikigo cy’ababikira ?
Le Président : Ceux qui voulaient
se mettre à l’abri, ils étaient prêts du couvent ?
L’Interprète : Abashakaga kugama,
bari iruhande rw’ikigo cy’ababikira ?
le témoin 38 : Nababwiye
kare ko, ubwo kuri 18 ku wambere aribwo bateye grenade RANGIRA,
L’Interprète : Je vous ai dit
que lundi 18, on a lancé la grenade qui a tué RANGIRA,
le témoin 38 : Impunzi
zagize ubwoba zirukanka zigana ku kigo cy’ababikira,
L’Interprète : Les réfugiés ont
pris peur, ils se sont réfugiés vers le couvent,
le témoin 38 : Iryo joro
ryo kuwa mbere niho baraye.
L’Interprète : Et ils y ont passé
cette nuit du lundi.
le témoin 38 : Aribwo
abo basirikare yazanye kuwa kabiri babahavanaga ngo babakoresha inama, basubira
kuri centre de santé.
L’Interprète : Et ce sont les
militaires qui les avaient fait venir le mardi qui leur ont donné l’ordre de
rejoindre le centre de santé.
Me. NKUBANYI : Dernière question,
Monsieur le président. Pourriez-vous demander au témoin si elle connaît des
membres de la famille de sœur Kizito, et entre autres ses deux frères ?
Eventuellement, si elle les connaît, alors leur participation éventuelle ?
Le Président : Est-ce que
le témoin sait si sœur Kizito a des frères ?
L’Interprète : Uzi niba sœur Kizito
afite basaza be ?
le témoin 38 : Arabafite
uretse ko ntabazi amazina ko batuye muri secteur Sovu, ni hanini, njyewe ntuye
muri secteur Hima, n’ubu bariho
L’Interprète : Elle a deux frères.
A part qu’ils habitent dans le secteur de Sovu,
L’Interprète : Wowe ni muri
secteur Nkima ?
le témoin 38 : Ni muri
Nkima ariko nari nahungiye Sovu.
L’Interprète : Et moi, j’habite
dans le secteur Nkima, mais ils sont vivants jusqu’à présent ; ils sont
là.
Le Président : A-t-elle vu,
le 22 avril, les frères de sœur Kizito parmi les Interahamwe ou les attaquants
du centre de santé ?
L’Interprète : Kuriyo tariki 22
waba warabonye basaza ba sœur Kizito mu Nterahamwe cyangwa mu bateye centre
de santé ?
Le Président : Vu, de ses
yeux vu, hein ?
le témoin 38 : Bari abantu
benshi cyane abo ntabo nabonyemo, bari benshi ntashobora gusobanura, ntabo nabonye.
L’Interprète : Il y avait tellement
de monde que je ne peux pas vous dire, je ne les ai pas vus.
Le Président : Une autre
question ? Maître RAMBOER.
Me. RAMBOER : Oui, Monsieur
le président. Sœur Kizito était originaire de Sovu et c’est d’ailleurs ainsi
qu’elle explique qu’elle était tout le temps dehors au moment que les réfugiés
se trouvaient à l’extérieur du couvent et que…
Le Président : Je ne pense
pas que le témoin ait parlé de ça.
Me. RAMBOER : Oui. Pardon ?
Le Président : Je ne pense
pas que le témoin ait parlé de ceci, hein.
Me. RAMBOER : Non, mais ma
question est la suivante : est-ce que, à part sœur Kizito, est-ce qu’il
y avait encore des autres sœurs du couvent de Sovu qui étaient originaires de
la commune de Sovu ?
Le Président : Parmi les
sœurs du couvent de Sovu, à part sœur Kizito, y en avait-il une ou plusieurs
autres qui étaient originaires de la colline de Sovu ou de Huye ?
L’Interprète : Usibye sœur Kizito,
mu bandi babikira bo mu kigo cy’i Sovu, hari abandi nabo kavukire iwabo ari
i Sovu ?
le témoin 38 : Hari harimo,
uwo nzimo, yari umwe.
L’Interprète : Celle que je connaissais
parmi elles, il n’y en avait qu’une seule.
Le Président : C’était seulement
sœur Kizito ?
L’Interprète : Ni sœur Kizito
wenyine ?
le témoin 38 : Oya, harimo
undi, umwe nawe wavukaga i Sovu bari babiri bavuka i Sovu.
L’Interprète : Il y avait une
autre aussi originaire de Sovu.
Le Président : Oui, c’était
qui ?
L’Interprète : Yari inde ?
le témoin 38 : Simwibuka,
uwo nibuka yitwaga Cyiriro. Yari umukobwa wo kwa Cyiriro.
L’Interprète : Je ne me souviens
pas de son nom, mais je me souviens du nom de son père, il s’appelait Cyrille.
le témoin 38 : Yarapfuye
nawe.
L’Interprète : Il est mort.
Le Président : Bien. Une
autre question ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se
retire ? Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander au témoin si
elle confirme les déclarations qu’elle a faites aujourd’hui ?
L’Interprète : Uhamije ibyo wavuze,
ibyo umaze kuvuga uyu munsi ?
le témoin 38 : Ibyo mvuze
uno munsi ni ukuri, ndabyemera.
L’Interprète : Je confirme ma
déclaration d’aujourd’hui.
Le Président : Alors, vous
pouvez lui dire qu’elle peut disposer de son temps mais qu’elle doit rester
à la disposition de la Cour pour des problèmes administratifs jusqu’à son retour
au Rwanda.
L’Interprète : Ngo ushobora gukora
uko ushaka, ariko ugomba kuguma mu maboko y’ubucamanza kugera igihe usubiriye
mu Rwanda.
le témoin 38 : Yego.
L’Interprète : Elle accepte.
Le Président : Alors, nous
avons encore MUKABANZA. On va interrompre une demi-heure. 4h45, 5h30, 5h45,
6h15. On en fait encore venir deux ? Bien, vous êtes prêts à travailler
un peu plus tard aujourd’hui ? On ne fera pas venir les quatre qui sont
encore prévus, hein, ce n’est pas possible. Donc, Madame MUKABANZA Domitille
est encore là. Je vais demander au service de police de bien vouloir aller rechercher,
lorsque l’audition de Madame MUKABANZA Domitille sera en cours, d’aller rechercher
à l’école royale militaire le témoin 101 et le témoin 71 de manière
à ce que nous les entendions encore ce soir. Les autres, nous les reporterons
à demain. Donc, l’audience, nous allons la suspendre maintenant un quart d’heure,
on la reprend à 4h45. |