8.6.20. Audition des témoins: le témoin 75
Le Président : Madame le témoin 75
Scholastique peut approcher. Monsieur l’interprète, voulez-vous bien demander
au témoin quels sont ses nom et prénom.
L’Interprète : Amazina
yawe yombi ?
le témoin 75 : le témoin 75.
Le Président : Quel est son
âge ?
L’Interprète : Imyaka yawe ?
le témoin 75 : 57 ans.
Le Président : Quelle est
sa profession ?
L’Interprète : Umwuga
wawe ?
le témoin 75 : Religieuse
Le Président : Quelle est
sa commune de résidence ?
le témoin 75 : Commune
de Huye.
Le Président : Connaissait-elle
les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?
L’Interprète : Wari uzi abaregwa
cyangwa se bamwe muribo, mbere y’ukwezi kwa kane, 94 ?
le témoin 75 : Yee,
narimbazi.
L’Interprète : Oui, je les connaissais.
Le Président : Elle connaissait
les quatre accusés ou uniquement sœur Gertrude et sœur Maria Kizito ?
L’Interprète : Wari uzi abaregwa
uko ari bane cyangwa se sœur Gertrude na sœur Maria Kizito gusa ?
le témoin 75 : Nzi
sœur Gertrude na soeur Maria Kizito gusa.
L’Interprète : Je connais uniquement
sœur Gertrude et sœur Marie Kizito.
Le Président : Est-elle de
la famille des accusés ou de la famille des personnes qui réclament des dommages
et intérêts aux accusés ?
L’Interprète : Waba ufitanye isano
yo mu muryango y’abaregera indishyi cyangwa se abaregera indishyi ? Hari icyo mupfana ?
le témoin 75 : Abaregwa,
ce sont mes consoeurs.
L’Interprète : Les accusées sont
mes consœurs.
Le Président : Oui, mais
vous n’êtes pas de leur famille ?
L’Interprète : Ariko ntabwo uri
mu muryango wabo ?
le témoin 75 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Est-elle au
service, travaille-t-elle sous un lien de contrat d’emploi pour les accusés
ou les personnes qui réclament des dommages et intérêts aux accusés ?
L’Interprète : Waba ukorera akazi
uhemberwa n’abaregwa cyangwa se abaregera indishyi ? Uri
umukozi wabo ?
le témoin 75 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Voulez-vous
bien l’inviter à lever la main droite et à prêter le serment de témoin ?
L’Interprète : Zamura ikiganza
cy’iburyo noneho urahire iyo ndahiro.
le témoin 75 : Ndahiriye
kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.
L’Interprète :Je jure de parler
sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Vous
pouvez vous asseoir tous deux. Madame, vous étiez membre de la communauté de
Sovu depuis 1970 ?
L’Interprète : Uri mu muryango
w’ababikira b’i Sovu kuva muri 1970 ?
le témoin 75 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : En avril 1994,
vous exerciez dans ce monastère, semble-t-il, les fonctions de responsable de
l’hôtellerie ?
L’Interprète : Mu kwa kane kwa
94 waba warakoraga umurimo w’umuntu ushinzwe hôtellerie muri icyo kigo ?
le témoin 75 : Yego.
L’Interprète : C’est correct.
Le Président : Aviez-vous,
aux mois d’avril et mai 1994, des membres de votre famille qui résidaient au
monastère et, si oui, quels étaient les membres de votre famille qui y résidaient ?
L’Interprète : Mu kwezi kwa kane
94, hari abantu bo muryango wawe babaga mu kigo cy’ababikira ? Niba se
baba bahari, baba ari bande ?
le témoin 75 : Hari
ma nièce witwaga Chantal USABYEMARIA,
L’Interprète : Il y avait ma nièce
du nom de Chantal USABYEMARIA,
le témoin 75 : Ni
akana ke, Crispin BUTERA Arnaud, wari ufite umwaka n’igice.
L’Interprète : Son bébé, Crispin
BUTERA Arnaud, âgé d’une année et demie.
Le Président : Ces deux personnes
ont-elles été tuées durant les événements survenus au monastère ou à proximité
du monastère de Sovu ?
L’Interprète : Abo bantu baba
bariciwe mu kigo cyangwa se hafi yacyo ?
le témoin 75 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : A partir de
quel moment des réfugiés sont-ils arrivés au couvent de Sovu ?
L’Interprète : Impunzi zatangiye
kuva mu kigo cy’i Sovu kuva ryali ?
le témoin 75 : Zatangiye
kuza ku itariki 17 z’ukwa kane.
L’Interprète : Ils ont commencé
à arriver le 17 avril.
Le Président : Il semble
que le 17 avril, les gens soient repartis dans la soirée, chez eux, qu’ils ne
soient pas restés au couvent ?
L’Interprète : Hari ubwo se kuri
iyo tariki ya 17 ku mugoroba, abantu batashye iwabo ntibarare mu kigo ?
le témoin 75 : Baragiye,
bageze aho baragaruka nimugoroba.
L’Interprète : Ils sont partis,
mais pour revenir le soir.
Le Président : Il y avait
également dans le couvent des personnes qui étaient en séminaire, en session ?
L’Interprète : Hari n’abantu bari
muri icyo kigo, muri session, bahugurwa ?
le témoin 75 : Yee,
bari bahari.
L’Interprète : Oui, il y en avait.
Le Président : Il semble
qu’à partir du 18 avril, de très nombreux réfugiés sont arrivés au monastère ?
L’Interprète : Guhera kuri 18,
haba haraje noneho abantu benshi cyane bahungiye mu kigo ?
le témoin 75 : Yego.
Kuri 18, 19, 20, 21, haje abantu benshi cyane.
L’Interprète : Oui, le 18, le
19, le 20 et le 21, de très nombreuses personnes sont arrivées.
Le Président : Ces personnes
ont-elles pu, à un moment, pénétrer dans l’enceinte, dans la clôture du monastère ?
L’Interprète : Abo bantu hari
ubwo binjiye mu kigo bwacyo, mo imbere mu kigo cy’ababikira ?
le témoin 75 : Izo
mpunzi ?
L’Interprète : Yee, izo mpunzi.
Hari ubwo zinjiye muri monastère ubwayo mo imbere ?
le témoin 75 : Yee,
binjiyemo.
L’Interprète : Oui, ils sont entrés.
Le Président : N’y a-t-il
pas eu une intervention de militaires pour faire évacuer les personnes qui se
trouvaient dans la clôture du monastère et les rassembler au centre de santé
qui dépendait du monastère ?
L’Interprète : Nta basirikare
baba baraje ngo bavane abo bantu muri monastère babajyane muri centre de santé
nayo yari ishinzwe iyo monastère ?
le témoin 75 : Yego,
baraje babavanamo,
L’Interprète : Oui, ils sont venus
et ils ont évacué,
L’Interprète : Mais pas tout le
monde,
le témoin 75 : Twasigaranye
abo mu miryango yacu n’abakozi bacu,
L’Interprète : Nous sommes restés
avec les membres de nos familles,
le témoin 75 : Nabo
mu masesiyo na séminaire.
L’Interprète : Ainsi que nos employés,
ainsi que ceux-là qui suivaient leur session et séminaire.
Le Président : Le témoin,
Madame, savez-vous suite à quelle intervention ces militaires sont venus au
monastère pour regrouper les réfugiés au centre de santé ?
L’Interprète : Waba uzi icyatumye
abasirikare baza, kugirango bavane abo bantu muri monastère babajyane muri centre
de santé ?
le témoin 75 : Ni
uko sœur Gertrude atashakaga ko baguma aho ngaho,
L’Interprète : C’est parce que
sœur Gertrude ne voulait pas qu’ils restent là-bas.
le témoin 75 : Ababwiye
kugenda baranga,
L’Interprète : Quand elle leur
a dit de partir, ils ont refusé.
le témoin 75 : Hanyuma
ajya kuzana abasirikare ngo babajyane.
L’Interprète : Et puis, elle
est allée amener les militaires pour qu’ils les évacuent.
Le Président : S’est-elle
rendue seule chez les militaires pour cette évacuation ou était-elle accompagnée
d’une autre personne ?
L’Interprète : Ubwo yagiye wenyine
gushaka abasirikare cyangwa se yajyanye n’undi muntu ?
le témoin 75 : Yajyanye
n’undi muntu.
L’Interprète : Elle est partie
avec une autre personne.
Le Président : Il s’agissait
de qui ?
L’Interprète : Yaba yarinde ?
le témoin 75 : Yajyanye
n’umubikira Maria Kizito,
L’Interprète : Elle est partie
avec une sœur, sœur Marie Kizito.
Le Président : N’y avait-il
pas encore une autre personne ?
L’Interprète : Nta wundi muntu
baba barajyanye ?
le témoin 75 : Bagiye
nka kabiri. Limwe yajyanye na sœur Maria Kizito,
L’Interprète : Elle est partie
plus ou moins deux fois. La première fois, elle est partie avec sœur Marie Kizito.
le témoin 75 : Ubundi
yajyanye na Gaspard RUSANGANWA ;
L’Interprète : La deuxième
fois, elle est partie avec Gaspard RUSANGANWA.
Le Président : N’y a-t-il
pas une personne qui participait au séminaire qui les aurait accompagnées à
Butare ?
L’Interprète : Nta muntu wari
muri séminaire waba yarabaherekeje bakajyana i Butare ?
le témoin 75 : Ntabwo
namubonye.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
vue.
Le Président : Il semble
que le 18 avril 1994, dans la soirée ou dans la nuit, il a plu assez fort ?
L’Interprète : Arakeka ko ku mugoroba
wa 18 cyangwa se mu ijoro ry’uwo munsi, imvura yaguye ari nyinshi cyane.
le témoin 75 : Yee,
haguye imvura nyinshi cyane uwo munsi.
L’Interprète : Oui, la pluie est
tombée abondamment ce jour-là.
Le Président : Les réfugiés
ont-ils pu se mettre à l’abri ?
L’Interprète : Impunzi zaba zarabashije
kugama ?
le témoin 75 : Ntabwo
zabashije kugama, zaranyagiwe.
L’Interprète : Non, ils n’ont
pas pu se mettre à l’abri, ils ont été trempés par la pluie.
Le Président : Il semble
pourtant que quelqu’un a fait ouvrir une petite pièce, au moins une petite pièce
du monastère ?
L’Interprète : Barakeka ko ariko
ko, byibura hari umuntu waba yarakinguye akumba kamwe ?
le témoin 75 : Ako kumba,
nijye wagakinguye.
L’Interprète : Cette chambrette,
c’est moi qui l’ai ouverte.
le témoin 75 : Yari
chapelle twita Oratoire St Benoît.
L’Interprète : C’était une chapelle
qui portait le nom d’Oratoire Saint-Benoît. Comme je travaillais à l’hôtellerie,
le témoin 75 : Nari
mfite urufunguzo rwaho,
L’Interprète : J’avais une clé
de là,
le témoin 75 : Ko
ariho abashyitsi basengeraga.
L’Interprète : Car c’est là-bas
où les visiteurs priaient.
le témoin 75 : Nahagaze
hejuru muri étage,
L’Interprète : Je me suis tenue
debout en haut à l’étage,
Scholastique le témoin 75 : Mpamagara
umukozi twakoranaga witwa Augustin MPAMBARA,
L’Interprète : J’ai appelé notre
employé du nom de Augustin MPAMBARA,
L’Interprète : Je lui ai donné
la clé pour qu’il leur ouvre la porte.
Le Président : Savez-vous
si les réfugiés qui se trouvaient au centre de santé ont reçu de la nourriture
le 18, le 19, le 20, le 21 avril, de la nourriture provenant du monastère ou
du centre de santé ?
L’Interprète : Waba uzi niba impunzi
zarahawe ibiryo, haba kuri 18 haba kuri 19 haba kuri 20 se, ibiryo zaba zarahawe
na monastère cyangwa se na centre de santé ?
le témoin 75 : Ntabwo
muri monastère, nta biryo babahaye,
L’Interprète : Au monastère, on
n’a pas donné de la nourriture,
le témoin 75 : Kuri
centre de santé ho ntabwo mbizi.
L’Interprète : Au centre de santé,
je l’ignore.
Le Président : Y avait-il
des stocks de nourriture au couvent, qui auraient pu être distribués ?
L’Interprète : Hari amastoki y’ibyo
kurya yari muri couvent, yashoboraga kuba yaratanzwe ?
le témoin 75 : Kuba
yaratanzwe, cyangwa… ?
L’Interprète : Yashoboraga kuba
yaratanzwe. Yari ihari yashoboraga gutangwaho ?
le témoin 75 : Yee,
twari dufite umuceri,
L’Interprète : Nous avions du
riz,
le témoin 75 : Ibishyimbo,
L’Interprète : Des haricots,
le témoin 75 : Twari
dufite na macaroni.
L’Interprète : Nous avions aussi
des macaronis.
le témoin 75 : Twashoboraga
kubagaburira.
Le Président : Quelqu’un
s’est-il opposé à la distribution de cette nourriture ?
L’Interprète : Hari umuntu wanze
ko ibyo biryo bitangwa ?
le témoin 75 : Abo
twari dufite mu rugo twarabagabuliraga,
L’Interprète : Ceux qui étaient
avec nous au couvent, nous les nourrissions,
le témoin 75 : Ni
ukuvuga abari muri session na séminaire,
L’Interprète : C’est-à-dire ceux
qui suivaient les sessions et les séminaires,
le témoin 75 : Ni
abakozi bari mu rugo rwacu,
L’Interprète : Des employés qui
étaient dans notre couvent,
le témoin 75 : Ni
abantu bo muri familles zacu.
L’Interprète : Ainsi que les membres
de nos familles respectives.
le témoin 75 : Cyeretse
abo kuri dispensaire.
L’Interprète : Hormis ceux du
dispensaire.
Le Président : Y a-t-il
eu une interdiction de distribuer de la nourriture aux personnes qui étaient
au dispensaire ?
L’Interprète : Hari umuntu wababujije
guha ibiryo abantu bari kuri dispensaire ?
le témoin 75 : Uwagombaga
kubitanga, kuduha uburenganzira,
L’Interprète : La personne qui
devait la distribuer nous donnait l’autorisation,
le témoin 75 : Ni
supérieure w’urugo.
L’Interprète : C’est la supérieure
de la maison.
le témoin 75 : Ariko
ntacyo yatubwiye.
L’Interprète : Mais elle ne nous
a rien dit.
Le Président : Le 22 avril,
a eu lieu une très importante contre le centre de santé,
L’Interprète : Kuri 22 hari igitero
kinini cyane cyateye centre de santé,
Le Président : Avez-vous
vu ce qui se passait dans ce centre de santé ?
L’Interprète : Waba warabonye
ibyabaye muri iyo centre de santé ?
le témoin 75 : Narabibonye
nari muri hôtellerie.
L’Interprète : Je l’ai vu, j’étais
à l’hôtellerie.
le témoin 75 : Nabonye
amazu ashya,
L’Interprète : J’ai vu les maisons
brûler,
le témoin 75 : Inzu
yacumbikwagamo n’abakoraga muri dispensaire,
L’Interprète : La maison dans
laquelle logeaient les travailleurs du dispensaire,
le témoin 75 : Bayitwikishije
essence.
L’Interprète : A été brûlée par
de l’essence.
le témoin 75 : Twabonaga
umwotsi ucumba,
L’Interprète : Nous voyions la
fumée monter,
le témoin 75 : Twumvaga
induru z’abantu,
L’Interprète : Nous entendions
les cris des personnes,
le témoin 75 : Na
za grenades n’imbunda.
L’Interprète : Des bruits, des
grenades et des fusils,
le témoin 75 : Yee.
L’Interprète : Voilà.
Le Président : Avez-vous
vu les chefs des miliciens qui attaquaient ?
L’Interprète : Waba warabonye
abashefu, abayobozi b’Interahamwe zateraga ?
Scholastique le témoin 75 : Umuntu
wakundaga kwigaragaza, ni uwitwa Emmanuel REKERAHO.
L’Interprète : La personne qui
se faisait le plus voir ,c’était un certain Emmanuel REKERAHO.
Le Président : Cet Emmanuel
REKERAHO, était-il secondé ou accompagné par d’autres personnes que vous connaissiez ?
L’Interprète : Uwo muntu Emmanuel
yaba se yaragaragiwe cyangwa se yafashwa n’abandi bantu mwaba mwari muzi ?
Scholastique le témoin 75 : Yee.
Yakundaga kugendana n’uwitwa Gaspard RUSANGANWA.
L’Interprète : Oui, il avait
l’habitude d’être accompagné d’un certain Gaspard RUSANGANWA.
Le Président : Connaissez-vous
le témoin 151 ?
L’Interprète : Waba waruzi le témoin 151
Yohani Baptista ?
le témoin 75 : Yee.
Yari conseiller wa secteur yacu.
L’Interprète : Oui, il était conseiller
de notre secteur.
Le Président : Ce Jean-Baptiste
le témoin 151, accompagnait-il REKERAHO lors de l’attaque du 22 avril ?
L’Interprète : Uwo le témoin 151
yari kumwe na REKERAHO muri icyo gitero cyo 22 z’ukwa kane ?
le témoin 75 : Ntabwo
namubonye.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
vu.
Le Président : Avez-vous
vu le témoin 151 à un autre moment que l’attaque du 22 avril ?
L’Interprète : Hari undi munsi
waba warabonye le témoin 151 atari kuri uwo munsi w’itariki 22 z’ukwa
kane ?
le témoin 75 : Ntabwo
namubonye.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
vu.
Le Président : A aucun moment ?
L’Interprète : Nta na rimwe wamubonye ?
Le Président : Dans les jours
qui ont suivi l’attaque, par exemple ?
L’Interprète : Yenda nko mu minsi
yakurikiye igitero ?
le témoin 75 : Umunsi
namubonye,
L’Interprète : Le jour où je l’ai
vu,
le témoin 75 : Ni
kuri 23,
L’Interprète : C’était le 23,
le témoin 75 : Nari
nasigaye mu rugo abandi babikira bahunze.
L’Interprète : J’étais restée
au couvent alors que d’autres sœurs s’étaient réfugiées.
le témoin 75 : Nibwo
yazanye na REKERAHO,
L’Interprète : C’est à ce moment-là
qu’il est venu, en compagnie de REKERAHO,
le témoin 75 : N’abagendarames
babiri.
L’Interprète : Ainsi que de deux
gendarmes.
le témoin 75 : Mvuze
abagendarmes ariko ubundi ni aba gardes du corps du président.
L’Interprète : J’ai parlé de gendarmes
mais, en fait, ce sont des gardes du corps du président. Les G.P.
Le Président : Le 22 avril,
le jour de la grosse attaque sur le centre de santé, avez-vous vu des religieuses
quitter le monastère pour se rendre au centre de santé ?
L’Interprète : Kuri uwo munsi
wa 22 w’ukwezi kwa kane, uwo munsi w’ibitero, hari ababikira wabonye bava muri
monastère bajya muri centre de santé ?
le témoin 75 : Ntabwo
nababonye.
L’Interprète : Je ne les ai pas
vues.
Le Président : Personne ?
Vous n’avez vu aucune religieuse quitter le couvent ?
L’Interprète : Nta mubikira n’umwe
wabonye ava mu kigo ?
le témoin 75 : Ntawe
nabonye.
L’Interprète : Je n’ai vu personne.
Le Président : Le 23 avril,
l’ensemble de la communauté sauve trois religieuses qui ont quitté Sovu pour
se rendre à Butare,
L’Interprète : Kuri 23 ababikira
bose usibye batatu bavuye i Sovu bajya i Butare,
Le Président : Mais ne sont
arrivées cependant qu’à la paroisse de Ngoma.
L’Interprète : Ariko aho babashije
kugera gusa ni kuri paroisse ya Ngoma.
le témoin 75 : Yee,
niko byagenze.
L’Interprète : Oui, ça s’est passé
ainsi.
Le Président : Vous-même,
vous n’avez pas quitté le couvent. Vous êtes restée ?
L’Interprète : Wowe ubwawe ntabwo
wavuye muri couvent, warasigaye ?
le témoin 75 : Njye
narasigaye.
L’Interprète : Oui, je suis restée.
Le Président : Il semble
que soient restées également avec vous, sœur Bénédicte et sœur Fortunata.
L’Interprète : Ngo arakeka ko
waba warasigaranye na sœur Bénédicte na sœur Fortunata.
le témoin 75 : Yee,
niko byagenze.
L’Interprète : Oui, ça s’est passé
ainsi.
Le Président : Ce sont bien
les trois seules qui sont restées au couvent ?
L’Interprète : Abo batatu nibo
babikira basigaye mu kigo ?
le témoin 75
: Yee nuko byagenze.
L’Interprète : Oui, ça s’est passé
ainsi.
Le Président : Sœur Maria
Kizito a bien quitté le couvent avec les autres religieuses ?
L’Interprète : Mama Kizito yavuye
mu kigo, ajyana n’abandi babikira ?
le témoin 75 : Yego,
barajyanye.
L’Interprète : Oui, elle est partie
avec.
Le Président : Pouvez-vous
expliquer pourquoi vous n’avez pas voulu, vous, sœur Bénédicte et sœur Fortunata,
pourquoi n’avez-vous pas voulu quitter le couvent ?
L’Interprète : Ushobora gusobanura
impamvu wowe, kimwe na mama Bénédicte kimwe na mama Fortunata mutashatse kuva
mu kigo ?
le témoin 75 : Nuko
twari tuhafite abantu bo mu miryango yacu.
L’Interprète : C’est parce que
nous y avions de la famille.
le témoin 75 : Twanze
kubasiga twemera gupfana nabo niba baje kutwica.
L’Interprète : Nous n’avons pas
voulu laisser les membres de nos familles et nous avons préféré mourir avec
eux, si on venait nous tuer.
Le Président : Avez-vous
demandé, ou bien, d’autres ont-ils demandé que les membres des familles des
sœurs soient emmenés de Sovu en même temps que les sœurs ?
L’Interprète : Hari ubwo mwara…
cyangwa se mwarasabye abandi bo miryango yanyu baraho bavanwa i Sovu bakajyanwa
hamwe n’abandi babikira ?
le témoin 75 : Yee.
Nabisabye mère Gertrude, ko ma nièce Chantal n’akana ke twabajyana,
L’Interprète : Oui, je l’ai demandé
à mère Gertrude, je lui ai demandé que ma nièce Chantal ainsi que son bébé,
puissent être pris avec nous,
le témoin 75 : Arambwira
ngo n’ababikira ajyana gusa, nta bandi.
L’Interprète : Elle m’a répondu
qu’elle ne prend que les sœurs et personne d’autre.
Le Président : Le 23 avril,
alors que les autres religieuses, sauf Bénédicte, Fortunata et vous-même, sont
parties, avez-vous reçu la visite de REKERAHO et d’autres personnes ?
L’Interprète : Kuri 23 ubwo abandi
babikira bari bagiye usibye wowe, Fortunata na Bénédicte, hari ubwo REKERAHO
yabasuye ? N’abandi bantu yenda ?
le témoin 75 : Ababikira
bamaze kugenda,
L’Interprète : Après le départ
des sœurs,
le témoin 75
: Bajyanwe na sœur Gertrude,
L’Interprète : Conduites par sœur Gertrude,
le témoin 75 : Aherekejwe
n’umupolisi waturindaga,
L’Interprète : Escortées par un
policier qui nous gardait,
le témoin 75 : Nyuma
haje bourgmestre wa komine Huye,
L’Interprète : Par après, est
venu le bourgmestre de la commune de Huye,
le témoin 75 : Aje
gutwara ababikira basigaye,
L’Interprète : Qui venait évacuer
les sœurs qui étaient restées,
le témoin 75 : Kuko
iyo minibus yari ntoya ku babikira bose.
L’Interprète : Car le minibus
était petit et ne suffisait pas pour toutes les sœurs.
le témoin 75 : Yaraje
arambaza,
L’Interprète : Il est venu et
m’a demandé,
le témoin 75 : Ngo
yumvise ko njyewe nsigara.
L’Interprète : Qu’il a entendu
que moi, je restais.
le témoin 75 : Naramubwiye
ngo nibyo,
L’Interprète : Je lui ai dit que
c’est vrai,
le témoin 75 : Ko
ntasiga impunzi,
L’Interprète : Que je n’abandonnais
pas les réfugiés,
le témoin 75 : Kuko
harimo n’umuryango wanjye.
L’Interprète : Car, il y a parmi
eux, les membres de ma famille.
le témoin 75 : Yarambwiye
ngo nimbajyane mu nzu nkinge,
L’Interprète : Il m’a dit de les
mettre à l’intérieur de la maison,
le témoin 75 : Amadirishya
n’impunzi,
L’Interprète : Et de fermer les
fenêtres et les portes,
L’Interprète : Et que je les laisse
dedans.
le témoin 75 : Hanyuma
bigeze mu masaa tanu,
L’Interprète : Après, ensuite
vers 11h,
le témoin 75 : Mbona
REKERAHO araje,
L’Interprète : J’ai vu venir REKERAHO,
le témoin 75 : Na
ba GP babiri.
L’Interprète : Et deux GP.
le témoin 75
: Arambwira ngo : « Ababikira
bagiye he ? ».
L’Interprète : Il m’a dit :
« Où sont allées les sœurs ? ».
le témoin 75 : Mubwira
yuko bahunze,
L’Interprète : Je lui ai dit qu’elles
s’étaient réfugiées.
le témoin 75 : Arambwira
ngo : « Na sœur Mariya Kizito na sœur Gertrude bagiye ? ».
L’Interprète : Il m’a demandé :
« Est-ce que sœur Marie Kizito et sœur Gertrude sont aussi parties ? ».
le témoin 75 : Ndamubwira
ngo yego.
L’Interprète : Je lui ai dit que
c’est vrai.
le témoin 75 : Mbona
ararakaye. Ngo : « Bampemukiye ».
L’Interprète : Je l’ai vu se fâcher :
« Elles m’ont trahi ».
le témoin 75 : Hanyuma
arambwira ngo hano azi ko hari impunzi,
L’Interprète : Après, il m’a dit
qu’ici résident des réfugiés,
le témoin 75 : Ngo
arashaka kuzibona.
L’Interprète : Et qu’il voulait
les voir.
le témoin 75 : Narababwiye
barasohoka,
L’Interprète : Je leur ai dit
de sortir,
le témoin 75 : Arababara
abashyira ku murongo,
L’Interprète : Il les a comptés
et alignés,
le témoin 75 : Agenda
ababaza icyabazanye aho ngaho,
L’Interprète : En leur demandant
la raison qui les avait amenés là-bas.
le témoin 75 : Bamwe
bati twaje gusura ababikira,
L’Interprète : Les uns disaient :
« Nous sommes venus rendre visite aux sœurs »,
le témoin 75 : Abandi
bati turi abakozi dukora hano,
L’Interprète : D’autres disaient : « Nous,
nous sommes des employés, nous travaillons ici »,
le témoin 75 : Abandi
bati turi mu mahugurwa,
L’Interprète : D’autres disaient :
« Nous, nous sommes dans nos sessions »,
le témoin 75 : Abandi
bati turi impunzi.
L’Interprète : D’autres disaient :
« Nous, nous sommes des réfugiés ».
le témoin 75 : Yanyatse
urupapuro, kugirango yandike akurikije catégories zabo.
L’Interprète : Il m’a demandé
un papier pour qu’il écrive suivant les catégories de ces personnes.
le témoin 75 : Yansabye
kwandika, ngo arumva atashobora kwandika.
L’Interprète : Il m’a demandé
d’écrire puisqu’il voyait qu’il n’était pas en mesure d’écrire.
le témoin 75 : Arangije
arambwira ngo nimbasubize mu nzu,
L’Interprète : Après, il m’a dit
de les retourner à l’intérieur de la maison,
le témoin 75 : Ngo
niba bafite icyo barya, ngo mbagaburire.
L’Interprète : Que s’il y avait
à manger, que je leur donne à manger.
le témoin 75 : Hanyuma,
aragenda.
L’Interprète : Et puis, il est
parti.
Le Président : Avec quel
véhicule REKERAHO circulait-il ?
L’Interprète : REKERAHO yagendaga
mu yihe modoka ?
le témoin 75 : Yatwaraga
ambulance ya dispensaire yacu.
L’Interprète : Il conduisait l’ambulance
de notre dispensaire.
Le Président : Savez-vous
depuis quelle date Monsieur REKERAHO disposait de cette ambulance ?
L’Interprète : Waba uzi igihe
yatangiriye gutwara iyo modoka, iyo ambulance ?
le témoin 75 : Nabonye
ayirimo gusa sinzi igihe yayifatiye.
L’Interprète : Je l’ai vu dedans,
je ne sais pas depuis quand il l’avait prise.
Le Président : Le 24 avril,
s’est-il passé quelque chose de particulier ?
L’Interprète : Kuri 24 hari ikintu
kidasanzwe cyaba cyarabaye ?
le témoin 75
: Ntacyo, usibye ko ku mugoroba, REKERAHO,
L’Interprète : Non, rien, à part
que le soir, REKERAHO,
le témoin 75 : Yaje
n’ababikira,
L’Interprète : Est venu en compagnie
des sœurs,
le témoin 75 : Na
ba GP,
L’Interprète : Et des GP,
le témoin 75 : Abataruye
aho bari bahungiye, i Ngoma.
L’Interprète : Qu’il ramenait
de là où elles s’étaient réfugiées à Ngoma.
Le Président : Donc, REKERAHO,
si j’ai bien compris ce que vous venez de dire, est arrivé en même temps que
les sœurs qui revenaient de Ngoma ?
L’Interprète : Niba yumvishe neza
icyo wavuze, REKERAHO yaziye igihe kimwe, yaje ari kumwe n’ababikira bari baturutse
i Ngoma ?
le témoin 75 : Umupolisi
yaraje arambwira ngo : « Ababikira baraje ».
L’Interprète : Oui, le policier
est venu me dire : « Les sœurs arrivent ».
le témoin 75 : Nkinguye
urugi rwa grille,
L’Interprète : Et quand j’ai ouvert
la porte de la grille,
le témoin 75 : Nabonye
bazanye bose.
L’Interprète : Je les ai vus venir
ensemble.
le témoin 75 : REKERAHO
yari muri ambulance,
L’Interprète : REKERAHO était
à bord de l’ambulance,
le témoin 75 : Ababikira
bari muri minibus yacu,
L’Interprète : Les sœurs
étaient dans notre minibus,
le témoin 75 : Na
ba GP.
L’Interprète : Ainsi que des GP.
le témoin 75 : Sinzi
niba baravanye i Ngoma cyangwa niba barahuriye nawe mu nzira.
L’Interprète : Je ne sais pas
s’ils sont venus ensemble à partir de Ngoma, ou s’ils se sont croisés en cours
de route.
Le Président : Avez-vous
éventuellement entendu à ce moment-là que REKERAHO faisait des reproches à sœur
Gertrude ou à sœur Maria Kizito ?
L’Interprète : Icyo gihe waba
warumvishe REKERAHO arimo agaya Gertrude cyangwa se Mariya Kizito ?
le témoin 75 : Ntabyo
numvise.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
entendu.
Le Président : Avez-vous
vu éventuellement que REKERAHO donnait une gifle à sœur Kizito ?
L’Interprète : Waba warabonye
REKERAHO akubita urushyi Kizito ?
le témoin 75 : Oya,
ntabwo nabibonye.
L’Interprète : Non, je ne l’ai
pas vu.
Le Président : Que s’est-il
passé alors le 25 avril ?
L’Interprète : Kuri
25 habaye iki ? Mu kwezi kwa kane.
Scholastique le témoin 75 : Kuri
25, REKERAHO yaragarutse mu masaha ya mugitondo,
L’Interprète : Le 25, REKERAHO
est revenu dans les heures du matin,
le témoin 75 : Avuga
ko ashaka sœur Gertrude.
L’Interprète : Il a dit qu’il
voulait voir sœur Gertrude.
le témoin 75 : Yaragiye
baravugana,
L’Interprète : Il est parti. Ils
se sont entretenus,
le témoin 75 : Hanyuma
sœur Gertrude aza kubwira abashyitsi, mu mashambure aho bari bari hose n’impunzi,
L’Interprète : Sœur Gertrude a
dit aux visiteurs partout où ils se trouvaient dans les chambres, y compris
les réfugiés,
le témoin 75 : Kuko
hari muri étage, ngo nibamanuke,
L’Interprète : Vu qu’ils étaient
dans l’étage, elle leur a dit de descendre.
le témoin 75 : N’abari
muri cave ngo nibazamuke.
L’Interprète : A ceux qui étaient
dans les caves, elle leur a dit de monter.
le témoin 75 : Aduteranyiriza,
twebwe n’impunzi, muri grand parloir,
L’Interprète : Elle nous a assemblés,
nous-mêmes et les réfugiés, dans le grand parloir,
le témoin 75 : Arababwira
ngo nibagende bajye iwabo,
L’Interprète : Elle leur a dit
d’aller chez eux,
le témoin 75 : Kugirango
Interahamwe zitaza kudusenyera inzu,
L’Interprète : Pour que les Interahamwe
ne viennent pas détruire notre maison,
le témoin 75 : Zikica
n’ababikira.
L’Interprète : Et ne tuent pas
les sœurs.
le témoin 75 : Impunzi
zarasohotse,
L’Interprète : Les réfugiés sont
sortis,
le témoin 75 : Bageze
hanze,
L’Interprète : Une fois dehors,
le témoin 75 : REKERAHO
agenda ababaza amaran-gamuntu yabo.
L’Interprète : REKERAHO leur a
demandé leur carte d’identité.
le témoin 75 : Uwo
asanze ari umututsi akamwohereza hanze,
L’Interprète : Il faisait sortir
toute personne qu’il trouvait Tutsi.
le témoin 75 : Abaca
mu muryango w’urugi rwa grille,
L’Interprète : Il les faisait
sortir par la porte où il y avait la porte de la grille,
le témoin 75 : Hanyuma
abahutu akabasiga iruhande.
L’Interprète : Les Hutu, il les
laissait de côté.
le témoin 75 : Ubwo
ngubwo yaretse abari bafite amarangamuntu y’abahutu,
L’Interprète : Alors, il a épargné
ceux qui avaient des cartes d’identité de Hutu.
le témoin 75 : Ababyeyi
bacu nabo arabareka, imiryango yacu,
L’Interprète : Il a épargné également
les membres de nos familles,
le témoin 75 : N’abari
mu ma séminaires b’abatutsi.
L’Interprète : Ainsi que les Tutsi
qui étaient en session, en séminaire.
le témoin 75 : Abandi
yarabajyanye barabica.
L’Interprète : Les autres, il
les a emmenés et on les a tués.
Le Président : Y a-t-il eu
une intervention de sœur Gertrude à propos d’enfants, ce jour-là ?
L’Interprète : Hari icyo Gertrude
yaba yarakoze cyerekeye abana uwo munsi ?
le témoin 75 : Ntacyo
yakoze, ahubwo abana bagendaga barira,
L’Interprète : Elle n’a rien fait,
mais les enfants partaient en pleurant,
le témoin 75 : Bakamufata
amakanzu,
L’Interprète : Et prenaient sa
robe,
le témoin 75 : Bakamwinginga
ngo muntu w’Imana watubabariye,
L’Interprète : La suppliaient :
« Personne de Dieu, aie pitié de nous ».
le témoin 75 : Akababwira
ngo nibagende bajyane n’iwabo.
L’Interprète : Elle leur disait :
« Partez, rejoignez vos parents, partez avec vos parents ».
le témoin 75 : Nta
mwana yababariye.
L’Interprète : Elle n’a épargné
aucun enfant.
Le Président : Parmi les
personnes qui ont dû quitter le couvent ce jour-là, n’y avait-il pas une cousine
de sœur Théonile ?
L’Interprète : Mu bantu bagiye
uwo munsi, birukanwe uwo munsi, ntabwo harimo mubyara wa sœur Tewonila ?
Le Président : Une jeune fille qui était blessée ?
L’Interprète : Umwana w’umukobwa
wari warakomeretse ?
le témoin 75 : Yee,
uwo mwana ndamuzi,
L’Interprète : Oui, cette enfant,
je la connais.
le témoin 75 : Ni
nanjye wamwakiriye kuri 23,
L’Interprète : C’est moi-même
qui l’avais reçue, le 23,
le témoin 75 : Yari
yakomeretse cyane,
L’Interprète : Elle était gravement
blessée,
le témoin 75 : Naramujyanye
mu cyumba ndamwuhagira,
L’Interprète : Je l’ai mise dans
la chambre et je l’ai lavée,
le témoin 75 : Muha
n’indi myenda myiza.
L’Interprète : Je lui ai donné
d’autres habits convenables.
L’Interprète : Yari arwaye cyane.
L’Interprète : Elle était gravement
malade.
le témoin 75 : Aho
ababikira baziye,
L’Interprète : Au retour des sœurs,
le témoin 75 :Sœur Scholastique
akajya amuvura amupfuka ibisebe,
L’Interprète : Sœur Scholastique
l’a soignée, a pansé ses plaies.
le témoin 75 : Bamujyanye
kumwica yaratangiye gufata agatege.
L’Interprète : Alors, elle a commencé
à se remettre quand on est parti la tuer.
Le Président : Il semble
que REKERAHO, lorsqu’il a fait son tri le 25 avril, a dit quelque chose à propos
des parents des sœurs qui étaient encore dans le couvent ?
L’Interprète : Ubwo REKERAHO yazaga
kujonjora kuri 20 na… hari icyo yavuze ku miryango y’ababikira bari mu kigo ?
le témoin 75 : Yee.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Vous souvenez-vous
de ce qu’il a dit ?
L’Interprète : Waba wibuka icyo
yavuze ?
le témoin 75 : Yarabuze
ngo yishe cyane bihagije,
L’Interprète : Il a dit :
« J’ai suffisamment tué,
le témoin 75 : Ngo :
« Aba ngaba nimubarekere aha ngaha,
L’Interprète : Ceux-là, vous les
laissez ici,
le témoin 75 : Ntabwo
mbica »,
L’Interprète : Je ne vais pas
les tuer,
le témoin 75 : N’intambara
igiye kurangira ».
L’Interprète : Et en plus, la
guerre va bientôt prendre fin,
le témoin 75 : Ngo :
« Sibo bazagarura ingoma ya gitutsi mu Rwanda ».
L’Interprète : Ce ne sont pas
eux qui vont ramener ici, la monarchie Tutsi au Rwanda ».
Le Président : Sœur Gertrude
a-t-elle entendu ce que REKERAHO disait à propos des membres des familles ?
L’Interprète : Sœur Gertrude yaba
yarumvishe ibyo REKERAHO yavugaga byerekeye imiryango y’ababikira ?
le témoin 75 : Yee,
yarabimenye.
L’Interprète : Oui, elle a pris
connaissance.
Le Président : Entre le 25
avril et le 6 mai 1994, y a-t-il eu des attaques des Interahamwe, contre le
couvent ?
L’Interprète : Hagati ya 25 z’ukwa
kane n’itariki ya 6 z’ukwa gatanu, hari ubwo Interahamwe zongeye gutera ikigo ?
Scholastique le témoin 75 : Ntayo,
ngiye kuhagaruka, REKERAHO yaravuze ngo ntibazagaruka, nawe ntiyagarutse.
L’Interprète : Non, personne n’est
revenu. REKERAHO lui-même avait dit qu’il n’allait pas revenir et lui-même,
n’est pas revenu.
Le Président : Et pendant
ce temps, que faisait sœur Gertrude ?
L’Interprète : Hagati aho sœur
Gertruda yakoraga iki we ?
le témoin 75 : Ntabwo
yishimiye ko ababyeyi bacu bahaguma.
L’Interprète : Elle n’a pas été
contente du fait que nos parents restaient là-bas.
le témoin 75 : Yakomeje
kudutotera, twebwe abari bafite imiryango aho ngaho,
L’Interprète : Elle a continué
à nous menacer, nous qui avions de la famille là-bas,
le témoin 75 : Atubwira
amanwa n’ijoro,
L’Interprète : Nous disant jour
et nuit,
le témoin 75 : Ngo
nidusohore abo bantu, REKERAHO yaratubeshye,
L’Interprète : De faire sortir
ces gens-là, que REKERAHO nous avait menti,
le témoin 75 : Tukamubwira
duti nabareke REKERAHO azaze abivaniremo,
L’Interprète : Et nous, nous disions
qu’elle les laisse pour que REKERAHO vienne lui-même les prendre,
le témoin 75 : Kugeza
ku itariki ya 6 z’ukwa gatanu, aho babajyanye bakajya kubica.
L’Interprète : Jusqu’au 6 mai,
quand on les a pris pour les tuer.
Le Président : Que s’est-il
passé le 6 mai ?
L’Interprète : Ku itariki ya 6
z’ukwa gatanu byagenze bite ?
le témoin 75 : Ku
itariki ya 6 z’ukwa gatanu,
L’Interprète : Le 6 mai,
le témoin 75 : Tuvuye
mu masengesho ya mugitondo ya Rode,
L’Interprète : Après la prière
matinale,
le témoin 75 : Ariko
tukiri mu kiriziya,
L’Interprète : Mais alors que
nous étions encore dans l’église,
le témoin 75 : Sœur
Gertrude yaba yaravuze isengesho ryo gutanga impunzi.
L’Interprète : Sœur Gertrude aurait
prononcé une prière de livrer les réfugiés.
le témoin 75 : Njye
ntabwo naryumvise kuko nari nsohotse, ngiye guha icyayi abashyitsi,
L’Interprète : Moi-même, je ne
l’ai pas entendue puisque je venais de sortir pour donner du thé aux visiteurs,
le témoin 75 : Ariko
abandi babikira barabimbwiye, bansanze mu gikoni.
L’Interprète : Mais d’autres sœurs
qui m’ont rejointe dans la cuisine me l’ont dit.
Scholastique le témoin 75 : Hanyuma
yafashe imodoka, ajyanye na Gaspard RUSANGANWA,
L’Interprète : Après, elle a pris
la voiture en compagnie de Gaspard RUSANGANWA,
le témoin 75 : Sinarinzi
aho bagiye ariko.
L’Interprète : Je ne savais pas
où ils se rendaient.
le témoin 75 : Nongeye
kubona mu ma saa cyenda,
L’Interprète : Ce que j’ai revu
par après, c’était vers 15h,
le témoin 75 : Numvise
Interahamwe zikikije ikigo cyacu,
L’Interprète : J’ai entendu les
Interahamwe encercler notre couvent,
le témoin 75 : Icyo
gihe ariko jyewe numvaga ntameze neza, nari ndyamye.
L’Interprète : Mais à ce moment-là
je ne me sentais pas bien, j’étais au lit.
le témoin 75 : Haza
sœur Staphanie,
L’Interprète : Sœur Stéphanie
est venue,
le témoin 75 : Akomanga
ku rugi rw’ishambure yanjye,
L’Interprète : Elle a frappé sur
la porte de ma chambre.
le témoin 75 : Arambwira
ati ma nièce Chantal aranshaka,
L’Interprète : Elle m’a dit que
ma nièce, Chantal, voulait me voir,
le témoin 75 : Ko
nari mbitse indangamuntu ye,
L’Interprète : Que je gardais
sa carte d’identité.
le témoin 75 : Ngo
mushyire indanga muntu ye.
L’Interprète : Que je lui apporte
sa carte d’identité.
le témoin 75 : Naragiye
muri hôtellerie nsanga,
L’Interprète : Je suis allée à
l’hôtellerie et j’ai trouvé,
le témoin 75 : Mbona
abantu barasohoka,
L’Interprète : J’ai vu les gens
sortir,
le témoin 75 : N’abapolisi
babasohora mu nzu.
L’Interprète : Des policiers qui
les faisaient sortir de la maison.
Scholastique le témoin 75 : Chantal
arambwira ngo umubikira Kizito yababwiye ngo nibasohoke,
L’Interprète : Chantal m’a dit
que sœur Kizito leur avait dit de sortir,
L’Interprète : Ainsi que les policiers.
le témoin 75 : Basohora
abantu babakubita,
le témoin 75 : Chantal
yabimbwiye arira, avuga ngo : « Urabeho tugiye gupfa ».
L’Interprète : Ils ont sorti les
gens en les tabassant. Chantal me l’a dit en pleurant, elle a dit : « Adieu,
je vais mourir ».
le témoin 75 : Ubwo
twarasohotse,
L’Interprète : A ce moment-là,
nous sommes sortis.
le témoin 75 : Excusez-moi.
le témoin 75 : …(pleurs)… Abandi bari bageze hanze kare.
L’Interprète : D’autres étaient,,
depuis déjà un certain temps dehors.
le témoin 75 : Hari
bourgmestre wa komine Huye,
L’Interprète : Il y avait entre
autres, le bourgmestre de la commune de Huye.
le témoin 75 : Yari
mu modoka ya komine ya kamyoneti.
L’Interprète : Il était dans une
camionnette qui appartenait à la commune.
le témoin 75 : Abwira
impunzi, yavuyemo akoresha akanama impunzi.
L’Interprète : Il est descendu
de la camionnette et a fait une petite réunion aux réfugiés.
le témoin 75 : Twese
twari aho.
L’Interprète : Nous tous étions
là-bas.
le témoin 75 : Arababwira
ngo nibatahe bajye iwabo,
L’Interprète : Il leur a dit de
rentrer et de retourner chez eux,
le témoin 75 : Bakamubwira
ngo : « Ko amazu bayasenye kandi bakaba bica abantu, turajya he ? ».
L’Interprète : Et eux, lui demandaient :
« Puisqu’on a détruit nos maisons et qu’on est en train de tuer les gens,
où allons-nous ? ».
le témoin 75 : Ngo :
« Nimugende, abaturage barabubakira ».
L’Interprète : Il leur a dit :
« Allez, les voisins vont vous construire les maisons ».
le témoin 75 : Abajyaga
mu makomine yakure y’i Maraba,
L’Interprète : Ceux qui allaient
dans les communes éloignées de Maraba,
le témoin 75 : Baramubwira
bati : « Ko hariho za bariyeri turanyuraho dute ? Se nimuduhe
agapapuro k’inzira ».
L’Interprète : Lui ont dit :
« Il y a des barrières, comment allons-nous passer sauf alors si vous
nous donnez un papier nous laissant passer ».
le témoin 75 : Yafashe
agapapuro akuye mu mufuka, yandikaho gusa ngo : « Barahita ».
L’Interprète : Il a pris de sa
poche un petit papier sur lequel elle a écrit uniquement qu’ils passent.
le témoin 75 : Ubwo,
abandi bo mu miryango yacu bavuye za Kigali, za Byumba n’abari mu ma séminaires,
L’Interprète : Alors à ce moment-là,
les membres de nos familles qui étaient venus de Kigali, Byumba, d’autres qui
étaient en séminaire,
le témoin 75 : Baravuga
bati : « Tuzanyura he ko iwacu ari kure, hakaba hari za bariyeri ? ».
L’Interprète : Ont dit :
« Nous allons passer par vous. Chez nous, c’est loin et puis, il y a des
barrières ».
le témoin 75 : Aravuga
ngo arabajyana i Butare kuri préfécture,
L’Interprète : Il a dit qu’il
allait les prendre et les amener à Butare à la préfecture,
le témoin 75 : Ngo
abashyire préfet, azabatahure.
L’Interprète : Qu’il allait les
mettre entre les mains du préfet qui allait les faire rentrer.
le témoin 75 : Ubwo,
aba hafi bahise bagenda n’amaguru.
L’Interprète : A ce moment-là,
ceux qui ne venaient pas de loin sont immédiatement partis à pied.
le témoin 75 : Umusaza
witwa Siriro, se wa sœur Fortunata,
L’Interprète : Un vieux, du nom
de Cyrille, père de sœur Fortunata,
le témoin 75
: Na mama we witwaga Valeriya NYIRAKIMONYO,
L’Interprète : Ainsi que sa mère,
Valérie NYIRAKIMONYO,
le témoin 75 : Babiciye
haruguru ya monastère yacu.
L’Interprète : Ont été tués en
haut de notre monastère.
le témoin 75 : Hanyuma
papa wa sœur Bernadette,
L’Interprète : Le père de sœur
Bernadette,
le témoin 75 : Uwitwaga
Simewoni,
L’Interprète : Qui s’appelait
Siméon,
le témoin 75
: Na musaza we witwaga Gédéon,
L’Interprète : Ainsi que Gédéon,
son frère,
le témoin 75 : Babiciye
mu nzira bajya i Maraba.
L’Interprète : Ont été tués en
cours de route, alors qu’ils se rendaient à Maraba.
le témoin 75 : Hanyuma
mama wa sœur Régine,
L’Interprète : Après, la mère
de sœur Régine,
le témoin 75 : N’abana
be babili,
L’Interprète : Ainsi que deux
de ses enfants,
le témoin 75 : Na
barumuna ba Fortunata,
L’Interprète : Ainsi que les petites
sœurs de Fortunata,
le témoin 75 : N’akana
kamwe ka murumuna we witwa Odetta,
L’Interprète : Un petit neveu
qui était fils de sa sœur…
L’Interprète : Yitwaga nde ?
le témoin 75 : Nyina ?
L’Interprète : Mushiki wa murumuna
wande ?
le témoin 75 : Wa
sœur Fortunata.
L’Interprète : De la petite sœur
de sœur Fortunata,
le témoin 75 : Babiciye
mu gikari cyacu cy’ababikira mu rukeke.
L’Interprète : Ont été tués dans
notre cour intérieure, la cour intérieure des sœurs.
le témoin 75 : Hanyuma,
abo mu miryango yacu,
L’Interprète : Après, les membres
de nos familles,
le témoin 75 : N’abandi
bari baturutse kure,
L’Interprète : Et d’autres qui
étaient venus loin,
le témoin 75 : Bourgmestre
yabajyanye muri kamyoneti ye,
L’Interprète : Le bourgmestre
les a pris dans sa camionnette,
le témoin 75 : Ntituzi
aho yabatsinze.
L’Interprète : Je ne sais pas
où il les a massacrés.
Le Président : Pouvez-vous
préciser qui a tué, à l’intérieur de la cour du monastère, la maman de sœur
Régine, les deux filles de sœur Régine, les sœurs de sœur Fortunata et une nièce ?
Les six personnes ont été tuées dans la cour du monastère, par qui ont-elles
été tuées ?
L’Interprète : Abantu batandatu
biciwe mu kigo imbere cy’ababikira, ninde wabishe, waba umuzi ?
le témoin 75 : Ukuntu
byagenze,
L’Interprète :Les choses se sont
passées ainsi,
le témoin 75 : Babonye
bishe umusaza Cyrillo,
L’Interprète : Ils ont vu qu’on
venait de tuer le vieux Cyrille,
le témoin 75 : Koko
bo bari abagore n’abakobwa,
L’Interprète : Elles étaient uniquement
des femmes, des jeunes filles, des filles,
le témoin 75 : Banga
yuko Interahamwe zibica nabi,
L’Interprète : Elles n’ont pas
voulu que les Interahamwe les tuent d’une mort atroce,
le témoin 75 : Bagarutse
mu kigo,
L’Interprète : Sont revenues au
couvent,
le témoin 75 : Babwira
umupolisi warindaga monastère,
L’Interprète : Elles ont dit au
policier qui gardait le monastère,
le témoin 75 : Izina
rye ndarizi, yitwaga Xavier.
L’Interprète : Je connais son
nom, il s’appelait Xavier.
le témoin 75 : Baramubwira
ngo nabarase bapfe neza vuba,
L’Interprète : Elles lui ont dit
qu’il tire sur elles, qu’elles meurent rapidement d’une belle mort,
le témoin 75 : Arababwira
ngo cyereka nibamuha amafaranga kuko amasasu aragurwa.
L’Interprète : Il leur a dit :
« Sauf si vous me donnez de l’argent, car les balles, ça s’achète ».
le témoin 75 : Baramubwira
ngo mbese, turaguha angahe ?
L’Interprète : Elles lui ont demandé :
« Combien te faut-il ? ».
le témoin 75 : Arababwira
ngo nibamuhe 10.000.
L’Interprète : Il a demandé 10.000
francs.
le témoin 75 : Baramubwira
ngo bafite 7.000 gusa.
L’Interprète : Elles ont dit qu’elles
n’avaient que 7.000.
le témoin 75 : Arababwira
ngo nibayamuhe, ngo asigaye ababikira, abakobwa le témoin 2 bazayamwishyura.
le témoin 75 : Il
a dit : « Bon, donnez-moi ça. Le solde, les sœurs, donc vos filles
vont rembourser ».
le témoin 75 : Yarabarashe
bose, arabarangiza.
L’Interprète : Il a tiré sur toutes,
il les a terminées.
le témoin 75 : Aragenda
ajya kuzana Interahamwe,
L’Interprète : Et puis, il est
allé ramener les Interahamwe,
le témoin 75 : Ngo
zimenye ko bapfuye.
L’Interprète : Pour qu’ils constatent
leur mort.
le témoin 75 : Baraza
babacuhuza imyenda, inkweto, amasaha…,
L’Interprète : Ils sont venus
et ils les ont dépouillés de leurs habits, souliers, montres…
le témoin 75 : Basiga
bambaye ubusa.
L’Interprète : Et les ont laissés
nus.
le témoin 75 : Hanyuma
sœur Régine na sœur Fortunata,
L’Interprète : Sœur Régine et
sœur Fortunata, par après,
le témoin 75 : Basaba
umuzamu wabo ngo nabarenzeho agataka.
L’Interprète : Ont demandé à notre
veilleur qu’il mette un peu de terre sur eux. Ca s’est terminé ainsi.
le témoin 75 : Birangira
bityo.
Le Président : Après le 6
mai,
L’Interprète : Nyuma y’itariki
ya 6,
Le Président : Y a-t-il
eu encore des visites de REKERAHO ou des Interahamwe au couvent ?
L’Interprète : REKERAHO cyangwa
Interahamwe baba baragarutse mu kigo ?
le témoin 75 : Nta
baje.
L’Interprète : Ils ne sont pas
venus.
Le Président : Sauf, je crois,
au moment où les sœurs ont été évacuées du couvent. Je crois que REKERAHO est
venu,
L’Interprète : Cyeretse ubwo ababikira
bavanwa mu kigo,
Le Président : Pour cette
évacuation ?
L’Interprète : Arakeka ko REKERAHO
yaje kugirango babajyane, babavane mu kigo.
le témoin 75 : Nuko
yarabisabwe na Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI,
L’Interprète : C’était seulement
à la demande de, c’est que c’était seulement à la demande de Monseigneur Jean-Baptiste
GAHAMANYI,
le témoin 75
: Washakaga kuduhungisha.
L’Interprète : Qui voulait nous
faire évacuer.
le témoin 75 : Niwe
wamubwiye ngo naze kutujyana.
L’Interprète : C’est lui qui lui
a dit de venir nous chercher.
le témoin 75
: Ngo atujyane i Butare kuri évêché.
L’Interprète : Pour qu’il nous amène à Butare, à l’évêché.
Le Président : Sœur Gertrude
a-t-elle, après le 6 mai et jusqu’à l’évacuation, été attentionnée avec les
religieuses qui avaient perdu des membres de leur famille ?
L’Interprète : Sœur Gertrude,
nyuma y’icyo gihe, hari icyo yakoreye kiza cyagukiye ababikira bari babuze ababo
muri ibyo ?
le témoin 75 : Mu
buhe buryo ?
L’Interprète : De quelle façon ?
Le Président : Oh, je ne
sais pas, en parlant avec elles, en essayant de les consoler…
L’Interprète : Abavugisha, abakubita
ingabo mu bitugu,
Le Président : Ou de leur
faire comprendre pourquoi elle avait peut-être été obligée de faire des choses
qu’elle ne voulait pas faire.
L’Interprète : Abasobanurira se
yenda ko ibintu yaba yarakoze atifuzaga gukora…
le témoin 75 : Ntacyo
yatubwiye, ahubwo…
L’Interprète : Elle ne nous a
rien dit, mais par contre,
le témoin 75 : Wabonaga
yaraturakariye cyane,
L’Interprète : On voyait qu’elle
était très fâchée envers nous.
le témoin 75 : Nuwashakaga
kumuvugisha, akamubwira nabi,
L’Interprète : Elle parlait mal
à quiconque voulait lui adresser la parole.
le témoin 75 : Elle
était agressive, c’est ça que je veux dire.
L’Interprète : Qu’elle était agressive
envers quiconque voulait lui adresser la parole.
Le Président : Y a-t-il eu,
au moment de l’élection de sœur Gertrude comme prieure du monastère, des tensions
dans la communauté ?
L’Interprète : Mu gihe cy’amatorwa
ya sœur Gertrude, kugirango ayobore ikigo, hari umwuka mubi wagaragaye mu kigo ?
le témoin 75 : Nta
mwuka mubi wagaragaye.
L’Interprète : Non, pas de tension
qui a été constatée.
Le Président : Et après les
événements d’avril et mai, y a-t-il eu des tensions dans la communauté ?
L’Interprète : Hanyuma y’ibyabaye
mu kwa kane n’ukwa gatanu, hari umwuka mubi wagaragaye mu kigo ?
le témoin 75 : Ntawo
twahise duhunga.
L’Interprète : Non, nous nous
sommes réfugiées immédiatement.
Le Président : N’avez-vous
pas quitté la Belgique avant les autres religieuses de Sovu qui étaient venues
à Maredret ?
L’Interprète : Ntabwo wavuye mu
Bubiligi mbere y’abandi babikira bari i Maredret ?
le témoin 75 : Yee,
namazeyo amezi atatu gusa, abandi umwaka, imyaka ibiri.
L’Interprète : Oui, j’y ai passé
seulement trois mois, d’autres y ont passé une année, deux ans.
Le Président : Aviez-vous
l’autorisation de sœur Gertrude pour retourner au Rwanda ?
L’Interprète : Wari ufife uruhusa
rwa sœur Gertrude rwo gusubira mu Rwanda ?
le témoin 75 : Naramwandikiye,
ndabimubwira, ndanamuterefona,
L’Interprète : Je lui ai écrit,
je lui ai dit et puis,je lui ai téléphoné.
le témoin 75 : Ukuntu
byagenze,
L’Interprète : Ca s’est passé
ainsi,
le témoin 75 : Tumaze
kugera i Maredret,
L’Interprète : Après notre arrivée
à Maredret,
le témoin 75 : Tumaze
kuruhuka,
L’Interprète : Après nous être
reposées,
le témoin 75 : Twumvise
ko mu Rwanda hari amahoro.
L’Interprète : Nous avons entendu que la paix était revenue au Rwanda.
Scholastique le témoin 75 : Mu
kwezi kwa… sinzi niba ari ukwa munani cyangwa ukwa cyenda, mu kwezi kwa cyenda
ngirango,
L’Interprète : Au mois d’août
ou septembre, je crois,
le témoin 75 : Twagize
visite canonique ya père abbé-président Célestin CULLEN,
L’Interprète : Nous avons reçu
une visite canonique du père Célestin CULLEN.
le témoin 75 : Akagenda
abonana n’umubikira umwe umwe.
L’Interprète : Il s’entretenait
avec toutes les sœurs, mais une à une.
le témoin 75 : Hazamo
ikibazo cyo gushaka gusubira mu Rwanda benshi bifuzaga.
L’Interprète : Alors, il a été
constaté que le retour au Rwanda était souhaité par la majorité.
le témoin 75 : Ariko
jye sinarindi murabo, numvaga nshaka gukomeza nkigumira ino nkaruhuka.
L’Interprète : Mais moi, je ne
figurais pas parmi ceux-là qui voulaient retourner, je voulais rester ici et
me reposer.
le témoin 75 : Ariko
sœur Bénédicte,
L’Interprète : Mais sœur Bénédicte,
le témoin 75 : Na
sœur Marie-Bernard,
L’Interprète : Ainsi que sœur
Marie-Bernard,
le témoin 75 : Bifuzaga
gusubira mu Rwanda cyane.
L’Interprète : Souhaitaient beaucoup
retourner au Rwanda.
le témoin 75 : Twabibwiye
abbé-président, duti : « Ikibazo cyo gusubira mu Rwanda kirihutirwa ».
L’Interprète : Nous l’avons dit
au père abbé président, nous lui avons dit : « La question du retour
au Rwanda est urgente ».
le témoin 75 : Aratubwira
ngo ni byiza,
L’Interprète : Il nous a répondu
que c’était bien,
le témoin 75 : Ariko
ngo tuzabanze tumenye ibintu bine. Quatre conditions.
L’Interprète : Mais qu’il fallait
d’abord que quatre conditions soient remplies.
Scholastique le témoin 75 : Ubwa
mbere, ngo tuzamenye uzishingira ubuzima bwacu nitugerayo,
L’Interprète : La première était
de bien connaître la personne qui allait s’occuper de notre survie, une fois
arrivées là-bas,
le témoin 75 : Akaducumbikira,
L’Interprète : Qui allait nous
loger,
le témoin 75 : Akadushakira
sécurité,
L’Interprète : Qui allait assurer
notre sécurité,
le témoin 75 : Hanyuma
tukaba dufite ko Monseigneur évêque ashaka ko twaza,
Le Président : Et il
fallait aussi que Monsieur l’évêque souhaite notre retour,
le témoin 75 : Hanyuma
icya kane, tukaba dufite autorisation ya mère supérieure.
L’Interprète : Et quatrièmement,
il fallait que nous ayons l’autorisation de notre mère supérieure.
le témoin 75 : Twakomeje
kubisaba, tubona sœur Gertrude atabishaka,
L’Interprète : Nous l’avons demandée
à plusieurs reprises mais nous avons constaté que sœur Gertrude ne le voulait
pas.
le témoin 75
: rimwe twakoze inama,
L’Interprète : Et un jour, nous
avons fait une réunion,
le témoin 75 : Ababikira
bavuga ko bashaka kujya mu Rwanda byanze bikunze,
L’Interprète : Abo babikira ?
le témoin 75 : Ababikira
bari babiri : sœur Marie-Bernard na sœur…
L’Interprète : Ces deux sœurs,
sœur Marie-Bernard et sœur…
le témoin 75 : Bavuga
ko bashaka kujya mu Rwanda,
L’Interprète : Ont dit qu’elles
voulaient absolument retourner au Rwanda,
le témoin 75 : Nanjye
nsaga ari igitekerezo kiza,
L’Interprète : Et moi, j’ai vu
que c’était une bonne idée,
le témoin 75 : Kuko
dukomeje gutinda, ibintu byacu bazabitanga.
L’Interprète : Car, au fur et
à mesure que nous traînions, nos biens risquaient d’être donnés à d’autres.
le témoin 75 : Dusohotse,
mbwira sœur Gertrude nti bariya bantu bafite raison,
L’Interprète : Une fois d’ailleurs,
j’ai dit à sœur Gertrude : « Ces gens-là ont raison ».
le témoin 75 : Arantonganya
cyane,
L’Interprète : Elle m’a beaucoup
grondée,
le témoin 75 : Arambwira
ngo nta bwenge ngira,
L’Interprète : Elle m’a dit que
j’étais idiote,
le témoin 75 : Ngo
nta kujya mu Rwanda ubu ngubu,
L’Interprète : Et pas question
d’aller au Rwanda pour le moment.
le témoin 75 : : Naramwihoreye,
L’Interprète : Je l’ai laissée,
le témoin 75 : Hanyuma
mfata igitekerezo cyuko nanjye ubwanjye noneho nagenda.
L’Interprète : Et puis, une idée
m’est venue que moi-même je devais rentrer, de partir.
le témoin 75 : Ubundi
nongera guhura na père abbé-président,
L’Interprète : Après, j’ai rencontré
encore une fois le père abbé président,
le témoin 75 : Ndabimubwira,
L’Interprète : Je le lui ai dit,
le témoin 75 : Arambwira
ngo ni byiza ko twasubira iwacu.
L’Interprète : Il m’a dit que
le retour chez nous était appréciable.
le témoin 75
: Ko habanza kugenda bake,
L’Interprète : Que d’abord un
petit nombre devait partir,
le témoin 75 : Hanyuma
abandi bakazabasanga.
L’Interprète : Et que d’autres
allaient suivre.
le témoin 75 : Mbonye
rero sœur Gertrude atabishaka,
L’Interprète : Quand j’ai vu que
sœur Gertrude n’était pas de cet avis,
le témoin 75 : Kandi
byihutirwa,
L’Interprète : Alors que c’était
pressant,
le témoin 75 : Hanyuma
nkora uko nshoboye, nshaka inshuti nari mfite i Bruseli,
L’Interprète : Alors, j’ai fait
mon possible, j’ai cherché les amis, frères, parents, ici à Bruxelles,
le témoin 75 : Bamfasha
gushaka passeport no kubona billet d’avion.
L’Interprète : Pour qu’ils m’aident
à trouver mon passeport ainsi qu’un billet d’avion.
le témoin 75 : Ubwo
nandikiye sœur Gertrude.
L’Interprète : J’ai alors écrit
à sœur Gertrude.
le témoin 75 : Nti :
« Ngize igitekerezo cyo kujya mu Rwanda,
L’Interprète : Je lui ai dit :
« Moi j’ai une idée de rentrer au Rwanda,
le témoin 75 : Kuko,
abaguma hano muri Belgique, abantu bo mu Rwanda baraduseka.
L’Interprète : Car celles qui
restent ici en Belgique, nous autres qui restons ici en Belgique, les gens qui
sont au Rwanda se moquent de nous.
le témoin 75 : Bakavuga
ngo twihaye ibiryo ntitwihaye imana.
L’Interprète : Ils ont dit que
nous nous sommes consacrées à la nourriture et que nous ne nous sommes pas consacrées
à Dieu.
le témoin 75 : Ko
tugomba kuza tukafatanya n’abandi ubukene,
L’Interprète : Que nous devons
retourner et partager, avec d’autres, la misère,
le témoin 75 : Kugeza
igihe amahoro, kugeza igihe Urwanda ruzongerera kumera neza ».
L’Interprète : Jusqu’à ce que
le Rwanda retrouvera sa bonne situation ».
le témoin 75 : Ntabwo
yanshubije.
L’Interprète : Elle ne m’a pas
répondu.
le témoin 75 : Hanyuma
twanditse ibaruwa, njye na Marie-Bernard tumaze gufata décision yo gutaha,
L’Interprète : Alors, après la
prise de la décision de retour, sœur Bernard et moi, avons rédigé une lettre,
le témoin 75 : Na
son assistant père abbé Nicolas wa Maredsous,
L’Interprète : Destinée au père
abbé président, ainsi que son assistant, le père abbé Nicolas de Maredsous,
le témoin 75 : Na
mère abbesse wa Maredret,
L’Interprète : Ainsi que la mère
de Maredret,
le témoin 75 : Mère
abbesse.
L’Interprète : Ainsi que la mère
abbesse de Maredret,
le témoin 75 : Na
mère Gertrude.
L’Interprète : Ainsi qu’à mère
Gertrude.
le témoin 75 : Hanyuma
ibaruwa tuyishyira mu iposta turi i Bruseli tubibabwira,
L’Interprète : Alors, nous avons
posté cette lettre de Bruxelles, les informant de ça, informant de notre retour
au Rwanda,
le témoin 75 : Ko
tugiye mu Rwanda,
L’Interprète : Informant de notre
retour au Rwanda,
le témoin 75 : Kureba
uko bimeze.
L’Interprète : Voir comment les
choses se passaient.
le témoin 75 : Nidusanga
nta mahoro ahari tuzagaruka,
L’Interprète : Si nous trouvons
qu’il n’y a pas de paix là-bas, nous allions revenir,
le témoin 75 : Nidusanga
hari amahoro,
L’Interprète : Et que si nous
trouvons la paix là-bas,
le témoin 75 : Tuzagumayo
twubake, hanyuma namwe muze.
L’Interprète : Nous allions rester,
reconstruire, et puis, les inviter à nous rejoindre aussi.
le témoin 75 : Twarababwiye
duti : « Tugiye kubaka igihugu na Kiriziya yacu y’Urwanda.
L’Interprète : Nous avons dit
que nous allions reconstruire le pays et notre église du Rwanda.
le témoin 75 : Twarababwiye
duti tugiye kubaka nka za numa zo mu bwato za Noé,
L’Interprète : Nous avons dit
que nous partions comme les colombes de l’Arche de Noé, que nous ne partions
pas comme des corbeaux.
le témoin 75 : Nta
gisubizo twabonye.
L’Interprète : Aucune réponse
ne nous est parvenue.
le témoin 75 : Hanyuma
twafashe indege turigendera,
L’Interprète : Nous avons pris
l’avion et… parties,
le témoin 75 : Hari
ku itariki 30 z’ukwezi z’uka cumi kwa kumwe,
L’Interprète : C’était alors le
30 novembre,
le témoin 75 : 94.
L’Interprète : 94.
le témoin 75 : Tugeze
mu Rwanda,
L’Interprète : Arrivées au Rwanda,
le témoin 75 : Twagiye
kwa Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI, i Butare.
L’Interprète : Nous nous sommes
rendues chez Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI à Butare.
le témoin 75 : Araducumbikira,
aratwishimira.
L’Interprète : Il nous a hébergées,
il a été content de nous voir.
le témoin 75 : Kuko
twari dufitiye akamaro diocèse yacu ya Butare.
L’Interprète : Car nous étions
utiles à notre diocèse de Butare.
le témoin 75 : Nitwe
twakoraga hostiya twahaga mu Rwanda hose,
L’Interprète : C’est nous qui
fabriquions pour tout le Rwanda, les hosties.
le témoin 75 : Igihe
tutari duhari bari barazibuze,
L’Interprète : En notre absence,
il en avait manqué.
le témoin 75 : Twari
dufite hôtellerie abantu bazamo kwiherera,
L’Interprète : Nous avions l’hôtellerie
dans laquelle nous recevions les gens en retraite,
le témoin 75 : Dufite
na dispensaire tuvuriramo abantu,
L’Interprète : Nous avions un
dispensaire qui soignait les gens,
le témoin 75 : Na
centre social twigirishirizagamo abantu gusoma no kwandika,
L’Interprète : Ainsi qu’un centre
social pour le développement, dans lequel nous « alphabétions » les
gens qui étaient analphabètes,
le témoin 75 : Na
foyer social.
L’Interprète : Ainsi qu’un foyer
social.
le témoin 75 : Ibyo
rero byari byashimishije Monseigneur GAHAMANYI,
L’Interprète : Alors, tout ça
a réjoui Monseigneur Jean-Baptiste GAHAMANYI,
Scholastique le témoin 75 : Aratubwira
ati : « Ndabaha imodoka, mujye kureba ikigo cyanyu ».
L’Interprète : Il nous a dit :
« Je mets à votre disposition un véhicule, comme ça vous allez voir votre
couvent ».
le témoin 75 : Tuva
i Butare tuya i Sovu,
L’Interprète : Nous avons quitté
Butare et nous nous sommes rendues à Sovu,
le témoin 75
: Ngo turebe uko hameze.
L’Interprète : Pour voir l’état
des lieux.
le témoin 75 : Dusanga
harimo abana b’imfubyi bari mu muryango witwa Terre des Hommes,
L’Interprète : Nous y avons trouvé
des enfants orphelins de l’ONG, Terre des Hommes.
le témoin 75 : Abafaransa
babareraga,
L’Interprète : Les Français alors,
qui les éduquaient,
le témoin 75 : Duhurira
imbere y’umuryango wa kiriziya i Sovu.
L’Interprète : Nous les avons
croisés en face de la porte de l’église à Sovu.
le témoin 75 : Baratubwira
ngo : « Ni wowe sœur Scholastique na sœur Marie-Bernard ? ».
L’Interprète : Ils nous ont dit :
« C’est toi, sœur Scholastique et sœur Marie-Bernard ? ».
le témoin 75 : Turababaza
ngo : « Mbese mutuzi he ? ».
L’Interprète : Nous leur avons
dit : « Comment vous nous connaissez ? Où vous nous avez vues ? ».
le témoin 75 : Baratubwira
bati hari fax ivuye i Maredret, ivuga ko tutagomba kwinjira muri monastère.
L’Interprète : Ils nous ont dit
qu’il y avait un fax qui venait de Maredret comme quoi nous ne devions pas entrer
dans le monastère.
le témoin 75 : Batangazwa
no kubona abakozi badukoreraga baza kuturamutsa batwishimiye,
L’Interprète : Alors, ils ont
été étonnés du fait que les gens qui travaillaient pour eux sont venus tout
joyeux, nous saluer,
le témoin 75 : Kuko
abenshi n’abakoraga mu kigo cyacu.
L’Interprète : Car beaucoup, c’étaient
des gens qui travaillaient dans notre couvent.
le témoin 75 : Harimo
uwitwa Jean-Népomucène wari umuntu wakoraga muri lessive,
L’Interprète : Il y avait notamment
un certain Jean-Népomucène qui travaillait au niveau de la lessive.
le témoin 75 : N’undi
witwa Edouard wakoraga muri cuisine,
L’Interprète : Il y avait un autre,
Edouard, qui travaillait à la cuisine,
le témoin 75 : N’umushumba
wacu witwaga Cassien.
L’Interprète : Ansi que Cassien
qui gardait nos bêtes.
le témoin 75 : Barishima
ngo turagarutse, bari bazi ko twapfuye.
L’Interprète : Ils se sont réjouis
de notre retour, ils avaient pensé que nous étions mortes.
le témoin 75 : Abo
bafaransa babibonye, baratangara,
L’Interprète : Quand les Français
ont vu cette scène, ils ont été étonnés.
le témoin 75 : Ngo :
« Mbese murabazi ? ».
L’Interprète : Ils ont dit :
« Vous les connaissez ? ».
le témoin 75 : Ngo :
« Yee, n’ababyeyi bacu, turabishimiye ».
L’Interprète : Ils ont dit :
« Oui, ce sont nos parents, nous sommes contents d’eux? ».
le témoin 75 : Baratubwira
ngo niba turi aba hano, ngo nitugende turebe inzu yacu.
L’Interprète : Et alors ils ont
dit : « Si vous êtes de la maison, allez voir votre couvent ».
le témoin 75 : Tuti :
« Turashimishwa no kureba mu hostiya cyane cyane, ko dushaka gukora.
L’Interprète : Nous avons dit :
« Nous voulons d’abord voir la fabrique des hosties car nous voulons travailler.
le témoin 75 : Turebe
na bibliothèque ko hari agatabo kakirimo ».
L’Interprète : On veut voir aussi
s’il y a encore un livre au niveau de la bibliothèque ».
le témoin 75 : Badutembereza
mu kigo, dusanga ibintu byarangiritse byinshi,
L’Interprète : On nous a promenées
à travers le couvent et nous avons vu que beaucoup de choses avaient été endommagées.
le témoin 75 : Dusanga
ibyuma bya hostiya biracyahari.
L’Interprète : Mais nous avons
vu que le matériel de fabrique des hosties était encore là.
le témoin 75 : Hanyuma
tuvuga ko tuzagaruka kubisana.
L’Interprète : Alors, nous avons
dit que nous allions revenir le réparer.
le témoin 75 : Baravuga
ngo tuzagaruke, baduha umunsi tuzagarukiraho.
L’Interprète : Ils nous ont fixé
un jour pour notre retour.
le témoin 75 : Tugeze
kwa Musenyeri turabimubwira.
L’Interprète : Une fois arrivées
à l’évêché, nous avons raconté tout ça à l’évêque.
le témoin 75 : Ku
munsi twavuganye turagaruka tuzanye na mécanicien.
L’Interprète : Au jour convenu,
nous sommes revenues en compagnie d’un mécanicien.
le témoin 75 : Noneho
dusanga ba bafaransa bagiye,
L’Interprète : Nous avons trouvé
que les Français venaient de partir,
le témoin 75 : Bashyizeho
bariyeri, ngo ntitwinjiremo muri monastère.
L’Interprète : Qu’ils avaient
dressé une barrière nous interdisant d’entrer au monastère.
le témoin 75 : Umuzamu
aratubwira ngo : « Mumbabarire, basize bambwiye ngo ntimugaruke muri
iki kigo ».
L’Interprète : Le gardien nous
a dit : « Excusez-moi, ils m’ont interdit de vous laisser entrer dans
ce couvent ».
le témoin 75 : Ubwo
twahise dusubira kuri évêché i Butare.
L’Interprète : Alors, nous sommes
retournées à l’évêché à Butare.
le témoin 75 : Tubwira
Monseigneur GAHAMANYI ko batwirukanye, ngo ntituze mu kigo.
L’Interprète : Nous avons dit
à Monseigneur GAHAMANYI qu’on nous avait chassées, qu’on nous avait interdit
d’entrer dans le couvent.
le témoin 75 : Yahise
yandikira abo bafaransa,
L’Interprète : Il a immédiatement
écrit une lettre à ces Français,
le témoin 75 : Ababwira
ngo ntibagomba kutubuza kuza gukorera kiriziya y’Urwanda mu kigo cyacu.
L’Interprète : Il leur a dit qu’ils
n’avaient pas le droit de nous laisser travailler pour l’église du Rwanda, dans
notre couvent.
le témoin 75 : Ubwo
bahise bamuzanira ibaruwa ya sœur Gertrude,
L’Interprète : Immédiatement,
on lui a amené une lettre de sœur Gertrude,
Scholastique le témoin 75 : Ivuga
ngo twebwe twikuye mu muryango, ntitugomba kuwugarukamo, ngo turi abantu babi.
L’Interprète : Qui disait que
nous-mêmes, nous étions de mauvaises personnes et que nous étions chassées nous-mêmes
de la communauté, que nous ne devions plus y revenir.
le témoin 75 : Ubwo
Monseigneur GAHAMANYI byaramurakaje,
L’Interprète : Alors, ça a fâché
Monsieur GAHAMANYI,
le témoin 75 : Ahita
avuga ko Terre des Hommes yavamo,
L’Interprète : Il a immédiatement
dit que Terre des Hommes devait quitter,
le témoin 75 : Ko
yabaha ahandi hantu ku Gisagara bakazahakorera,
L’Interprète : Qu’il pouvait leur
donner un autre lieu de travail à Gisagara où ils pouvaient continuer leurs
activités,
le témoin 75 : Bakajyanayo
abo bana.
L’Interprète : Qu’ils pouvaient
y amener aussi ces enfants.
le témoin 75 : Hagati
aho rero, habaye nyine inyandiko za Monseigneur GAHAMANYI niza sœur Gertrude,
niza Abbesse.
L’Interprète : Entre-temps, il
y a eu échange épistolaire entre Monseigneur GAHAMANYI et sœur Gertrude, mère
abbesse …
le témoin 75 : Pas mère
abbesse …Ahubwo abbé-président.
L’Interprète : Non, pas mère abbesse,
mais plutôt père abbé et président.
le témoin 75 : Ibintu
bigenda bityo rero,
L’Interprète : Alors, les choses
se sont poursuivies ainsi,
le témoin 75 : Kugeza
igihe basanze ko twajya mu kigo cyacu,
L’Interprète : Jusqu’à ce qu’on
a trouvé que c’était nécessaire que nous, on retourne dans notre couvent.
Le Président : Après votre
retour au Rwanda, avez-vous eu la visite d’un religieux qui avait pour mission
de vous faire faire certaines déclarations à l’égard de sœur Gertrude ?
L’Interprète : Mugeze mu Rwanda,
hari umuntu wihaye Imana wigeze abasura, abasaba kugira ibintu mwandika bifite
icyo birebanaho na sœur Gertrude ?
le témoin 75 : Yee,
ni umupadiri witwa COMBLAIN André.
L’Interprète : Oui, c’était un
prêtre du nom de COMBLAIN André.
le témoin 75 : Yaje
muri 95.
L’Interprète : Il est venu en
1995.
le témoin 75 : Ndibuka
n’itariki ko hari kuri 15 z’ukwa munani.
L’Interprète : Je me souviens
même de la date, que c’était un 15 août.
le témoin 75 : Aratubwira
ngo atumwe na père abbé-président wacu,
L’Interprète : Il nous a dit qu’il
venait de la part de notre père abbé président,
le témoin 75 : Ariko
ntabwo ari uwo muri ordre yacu,
L’Interprète : Mais il n’est pas
de notre ordre,
le témoin 75 : Ni
père missionnaire d’Afrique,
L’Interprète : C’est plutôt un
père missionnaire d’Afrique,
le témoin 75 : Naho
twebwe turi les bénédictins.
L’Interprète : Tandis que nous,
on est des bénédictines.
Le Président : Quelle était
la mission du père COMBLAIN auprès de vous ?
L’Interprète : Uwo mupadiri COMBLAIN
yagenzwaga n’iki iwanyu ?
le témoin 75 : Yaratubwiye
ngo,
L’Interprète : Il nous a dit que,
le témoin 75 : Bamutumye
kutubaza ibintu bibiri.
L’Interprète : On l’avait envoyé
nous demander deux choses :
le témoin 75 : Ngo
twareze sœur Gertrude ko yagize ubwicanyi,
L’Interprète : Que nous avions
accusé sœur Gertrude de participation aux massacres,
le témoin 75 : Ko
twagiye tudafite uruhusa rwa ba supérieures bacu,
L’Interprète : Que nous étions
parties sans l’autorisation de nos supérieurs hiérarchiques,
le témoin 75 : Noneho,
nitwisobanure.
L’Interprète : Qu’alors, nous
avions à nous expliquer.
le témoin 75 : Twaramubwiye
duti,
L’Interprète : Nous lui avons
dit,
le témoin 75 : Ko
tutareze sœur Gertrude.
L’Interprète : Que nous n’avions
pas accusé sœur Gertrude.
le témoin 75 : Aratwemeza,
atwereka n’ikinyamakuru cyitwa « Solidarité »,
L’Interprète : Il nous a confirmé
ça et nous a même montré un journal « Solidarité »,
le témoin 75 : Ou
bien « Solitaire », je ne me souviens plus.
L’Interprète : Ou bien alors,
« Solitaire », je ne me souviens plus.
le témoin 75 : Turamubwira
tuti : « Icyo kinyamakuru sitwe twacyanditse ».
le témoin 75 : Nous
lui avons dit : « C’est pas nous qui avons écrit ce journal ».
le témoin 75 : Aravuga
ngo nitwe twababwiye.
L’Interprète : Il a dit :
« Mais c’est vous qui avez donné des informations ».
le témoin 75 : Duti :
« Twereke preuves »,
L’Interprète : Nous avons alors
demandé la preuve,
le témoin 75 : Ntiyayibona.
L’Interprète : Ce qu’il n’a pas
trouvé.
le témoin 75 : Aratubwira
ngo niba ataribyo, ngo noneho nitwandike ibarohwa,
L’Interprète : Il a dit alors :
« Si tel n’est pas le cas, écrivez une lettre,
le témoin 75 : Ivuga
yuko, sœur Gertrude ari umwera.
L’Interprète : Disant que sœur
Gertrude est innocente ».
Scholastique le témoin 75 : Turavuga
duti : « Ntabwo twavuguruza ikinyamakuru kitari icyacu ».
L’Interprète : Nous avons dit :
« Nous ne pouvons pas faire un démenti pour un journal qui n’est pas notre
journal ».
le témoin 75 : Duti :
« Uzajye kubaza abo bantu aho byaturutse »,
L’Interprète : Nous avons dit :
« Va demander à ces gens-là, l’origine,
le témoin 75 : Ukore
enquête,
le témoin 75 : Umugire
umwera.
L’Interprète : Fais ton enquête
et innocente-la ».
le témoin 75 : Hanyuma,
ku byerekeye ko nta ruhusa dufite,
L’Interprète : Pour ce qui concerne
notre départ non autorisé,
le témoin 75 : Twamweretse
ibaruwa twanditse yo kubamenyesha ko twaje.
L’Interprète : Nous lui avons
montré une lettre que nous avions écrite, annonçant notre départ.
le témoin 75 : Hari
umubikira witwa mère Marie-Jeanne wari fondatrice wacu,
L’Interprète : Il y avait une
sœur du nom de mère Marie-Jeanne qui était notre fondatrice,
le témoin 75 : Yari
yatwandikiye atubwira yuko nta makosa bakitubonaho, ko tugomba gusubira muri
monastère yacu.
L’Interprète : Elle nous avait
écrit qu’on ne constate plus de manquement à notre égard et que nous pouvions
retourner dans notre monastère.
le témoin 75 : Ko
tugomba gusubiramo tugakora ibikorwa uko bikwiye.
L’Interprète : Que nous pouvions
retourner là-bas et continuer les activités comme il le faut.
le témoin 75 : Duti :
« Icyo ngicyo cyarakemutse ».
L’Interprète : Nous avons dit :
« Là, c’est réglé, ce point est réglé ».
le témoin 75 : Tumwereka
ibaruwa, arabyemera.
L’Interprète : Nous lui avons
montré la lettre, il a été d’accord.
le témoin 75 : Akomeza
kujya kuri icyo, cyo kuvuga ngo nitwandike ibaruwa.
L’Interprète : Il a insisté sur
la rédaction de cette lettre.
le témoin 75 : Nageze
aho, mbona harimo ibintu bitumvikana neza.
L’Interprète : Et après, moi j’ai
constaté qu’il y avait des choses qui clochaient.
le témoin 75 : Nibwira
mbega ko atatumwa n’abakuru bacu,
L’Interprète : Je me suis dit
qu’il n’était pas envoyé par nos supérieurs,
le témoin 75 : Kuko,
ntibari batwandikiye cyangwa ngo baduterefone.
L’Interprète : Car il ne nous
avait pas écrit ni téléphoné.
Scholastique le témoin 75 : Naramubwiye nti : « Wowe twakwakiriye,
utubwiza amagambo,
L’Interprète : Je lui ai dit :
« Nous t’avons reçu, alors que tu nous parlais uniquement verbalement,
le témoin 75 : Natwe
twakubwiye mu magambo.
L’Interprète : Nous aussi, nous
t’avons parlé verbalement.
le témoin 75 : Uzagende,
ubwbwire mu magambo,
L’Interprète : Va leur répondre
également verbalement ».
Scholastique le témoin 75 : Naho,
inyandiko isubiza indi nyandiko, amagambo agasubizwa amagambo ».
L’Interprète : Tandis qu’un écrit
répond à un écrit, la suite réservée aux paroles, c’est aussi des paroles.
le témoin 75 : Nongeraho
nti, ndamubwira na none :
L’Interprète : Je lui ai dit :
« En plus,
le témoin 75
: « Mbisabwe na none na ba supérieures banjye,
L’Interprète : Si c’est à la demande
de mes supérieurs,
le témoin 75 : Mfite
ukuntu nakwisobanura ».
L’Interprète : Je vois comment
m’expliquer ».
le témoin 75 : Ubwo
yahise agenda.
L’Interprète : Il est parti alors.
le témoin 75 : Mu
mezi make aragaruka, ngirango ni nko mu kwezi kwa cumi,
L’Interprète : En peu de mois,
je pense peut-être au mois d’octobre,
le témoin 75 : Aragaruka.
L’Interprète : Il est revenu.
le témoin 75 : Azana
impapuro nyinshi.
L’Interprète : Avec beaucoup de
papiers.
L’Interprète : Il m’a dit :
« Cette fois-ci, ils ont écrit et lis pour comprendre et puis, écris une
lettre,
le témoin 75 : Yo
kugira umwera sœur Gertrude ».
L’Interprète : Innocentant sœur
Gertrude ».
le témoin 75 : Ibipapuro
ndabifashe,
L’Interprète : J’ai pris les papiers,
le témoin 75 : Ndavuga
nti reka mbisome nitonze kuko byari byinshi,
L’Interprète : J’ai dit : « Ils
sont nombreux, donne-moi le temps de les lire attentivement.
le témoin 75 : Nzabigusubiza
ejo cyangwa mu yindi mins’kurikiraho mbanze mbyige neza.
L’Interprète : Je vais te les
remettre demain, ou alors, dans les jours qui vont suivre, pour mieux les examiner.
le témoin 75 : Njye
niga point par point,
L’Interprète : Pour que je puisse
examiner point par point,
le témoin 75 : Hanyuma,
nzabandikire mbasubize ».
L’Interprète : Et puis, je vais
leur écrire et répondre ».
le témoin 75 : Ubwo
yaranze,
L’Interprète : Il a refusé.
le témoin 75 : Arambwira
ngo ntabwo yabinsigira.
L’Interprète : Il m’a dit :
« Je ne peux pas te les laisser ».
le témoin 75 : Yongeraho
ngo ko atari jye bandikiye, ko ari ibye bwite.
L’Interprète : Il a ajouté que
ce n’était pas à moi que les écrits étaient adressés mais que c’étaient ses
propres écrits. Que c’était destiné à lui seul.
le témoin 75 : Nti :
« Noneho ubwo ari ibyawe bigumane, nanjye ntacyo nanditse ».
L’Interprète : Je lui ai dit :
« Comme c’est à toi, garde-les, moi non plus, je n’écris rien ».
le témoin 75 : Ubwo
yahise agenda.
L’Interprète : Il est reparti
aussitôt.
le témoin 75 : Noneho
bukeye, agiye gutaha,
L’Interprète : Le lendemain, avant
son départ du Rwanda,
le témoin 75 : Ataha,
ajya… kuko bari bafite inzu i Butare,
L’Interprète : Vu qu’il avait
une habitation à Butare,
le témoin 75 : Asubiye
i Kigali,
L’Interprète : A son retour à
Kigali,
le témoin 75 : Asanga
ahantu hari bariyeri y’abasirikare,
L’Interprète : Il a trouvé une
barrière des militaires,
le témoin 75 : Baramusaka,
L’Interprète : On l’a fouillé,
le témoin 75 : Bamusangana
bya bipapuro, n’ibindi,
L’Interprète : On a trouvé sur
lui, ces papiers-là et d’autres,
le témoin 75 : Sinzi
icyarimo,
L’Interprète : Je ne sais pas
ce qui était dedans,
le témoin 75 : Numva
ngo baramufunze. Nuko birangira bityo.
L’Interprète : J’ai appris qu’on
l’avait arrêté. Voilà, ça s’est passé ainsi.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions à poser au témoin ?
Me. CUYKENS : Le véhicule
utilisé par REKERAHO était-il rangé habituellement au centre de santé, ou au
monastère ?
L’Interprète : Imodoka yakoreshwaga
na REKERAHO, ubusanzwe yararaga muri centre de santé, cyangwa muri monastère ?
le témoin 75 : Mbere
yuko REKERAHO ayitwara ?
L’Interprète : Avant que REKERAHO
ne le prenne ?
Me. CUYKENS : Oui.
L’Interprète : Yego.
le témoin 75 : Yari
mu igaraji rya dispensaire.
L’Interprète : Avant que REKERAHO
ne le prenne, il était au garage du dispensaire.
Me. CUYKENS : Et qui disposait
des clés de ce véhicule ?
L’Interprète : Imfunguzo z’iyo
modoka zagiraga nde ?
le témoin 75 : Zagirwaga
n’umubikira wakoraga muri dispensaire.
L’Interprète : Elles étaient disposées
par une sœur qui travaillait au dispensaire.
le témoin 75 : Ariko
kuko atari umubikira wacu mu kigo, yajyaga gutaha, akazisiga mu kigo.
L’Interprète : Mais, comme ce
n’était pas une sœur de notre ordre, de notre couvent, quand elle allait partir,
elle les laissait dans le couvent.
Le Président : Oui, Maître
JASPIS ?
Me. JASPIS : Je vous remercie,
Monsieur le président. Est-ce que le témoin se souvient, je le dis parce qu’elle
en a parlé dans sa déclaration en octobre 1995, des paroles qu’aurait prononcées
sœur Gertrude lorsque le témoin 110 a amené le riz au couvent, s’il vous
plaît ?
Le Président : Vous souvenez-vous
de ce que sœur Gertrude aurait déclaré lorsque le témoin 110 a amené des
sacs de riz au couvent ?
L’Interprète : Waba wibuka ibyo
sœur Gertrude yavuze ubwo Lauriyani NTEZIMANA yazanaga imifuka irimo umuceri
mu kigo ?
le témoin 75 : Uwo
muceri bari bawuzaniye impunzi, niko Laurien yari yavuze.
L’Interprète : Ce riz était destiné
aux réfugiés, c’est ce que Laurien avait dit.
le témoin 75 : Ariko
sœur Gertrude yavuze ko atawubaha,
le témoin 75 : Mais
sœur Gertrude a dit qu’elle n’allait pas le leur distribuer,
le témoin 75 : Kugirango
Interahamwe zitabona ko ari icyitso cy’Inkotanyi.
L’Interprète : Pour que les Interahamwe
ne voient pas qu’elle était complice des Inkotanyi.
Le Président : D’autres questions ?
Oui ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, est-ce que le témoin pourrait nous éclairer quant au rôle et à l’attitude
respective de sœur Kizito et de sœur Stéphanie durant l’ensemble des événements,
s’il vous plaît ?
Le Président : Durant les
événements d’avril et mai 1994, sœur Kizito et sœur Stéphanie, ont-elles eu
une attitude particulière ?
L’Interprète : Mu byabaye mu kwezi
kwa kane n’ukwa gatanu 94, hari ukuntu kudasanzwe sœur Kizito na sœur Stéphanie
bitwaye ?
le témoin 75 : Sœur
Stéphanie ntacyo nzi ko yitwayeho,
L’Interprète : Je n’ai rien vu
de sœur Stéphanie,
le témoin 75 : Ariko
sœur Kizito kuko yari uwo kuri uwo musozi,
L’Interprète : Mais comme sœur
Kizito était originaire de cette colline,
le témoin 75 : Yarazwi
cyane n’abantu baho n’Interahamwe,
L’Interprète : Qu’elle était très
connue par des gens de là-bas et des Interahamwe,
le témoin 75 : Yakundaga
kuvugana nabo,
L’Interprète : Elle avait l’habitude
de parler avec eux, souvent,
le témoin 75 : Akajyana
na REKERAHO,
L’Interprète : Et qu’elle partait
avec REKERAHO,
le témoin 75 : Bakumvikana,
L’Interprète : Donc, eux, s’entendaient
bien.
le témoin 75 : Ubundi
atemesha ibihuru kuri monastère hose,
L’Interprète : Et puis, elle a
fait couper les brousses partout, au monastère, aux environs du monastère,
le témoin 75 : Kugirango
bashake abantu bihishemo.
L’Interprète : Pour qu’on y cherche
les gens qui s’y étaient cachés,
le témoin 75
: Babavumburemo bakagenda bakabica.
L’Interprète : Pour quand ils
les trouvaient là-bas, ils allaient les tuer.
le témoin 75 : No
mu nzu hose yaragendaga agasaka,
L’Interprète : Elle fouillait
partout dans la maison,
le témoin 75 : Ngo
asohore abantu abatange.
L’Interprète : Pour qu’elle fasse
sortir les gens et les livre.
Le Président : Oui ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, au sujet de Gaspard RUSANGANWA, le voisin, le témoin nous a souvent
dit que souvent, elle a associé Gaspard au bourgmestre. Est-ce qu’il était possible
d’imaginer que Gaspard pouvait, comment, je devrais le formuler dans l’autre
sens. Est-ce qu’il était évident que Gaspard était un complice des Interahamwe
ou est-ce qu’on pouvait s’imaginer que c’était quelqu’un de bonne volonté, qui
pouvait jouer un rôle positif ? Vous allez mieux le dire que moi.
Le Président : Qu’avez-vous
constaté, comme pouvant être le rôle de Gaspard RUSANGANWA durant les événements ?
L’Interprète : Ku bwawe, uruhare
rwa Gaspard RUSANGANWA mu byabaye, rwaba ruteye rute ?
le témoin 75 : Pascal
RUSANGANWA nawe yari Interahamwe. Yakoranaga cyane na REKERAHO.
L’Interprète : Gaspard RUSANGANWA
était, lui aussi, un Interahamwe. Il était souvent collaborateur de REKERAHO.
Le Président : Une autre
question ?
Me. JASPIS : J’ai encore
deux petites questions, Monsieur le président. Le témoin a-t-il le sentiment
qu’on aurait pu abriter un nombre de personnes plus important dans le couvent,
vu l’importance des bâtiments ? Est-ce que les bâtiments permettaient d’abriter
plus de monde ?
Le Président : Les bâtiments
du monastère permettaient-ils d’accueillir plus de monde que ceux qui s’y trouvaient ?
L’Interprète : Amazu y’ikigo uko
yanganaga, yashoboraga gucumbikira abantu barenze abari bahari ?
le témoin 75 : Yee,
byarashobokaga.
L’Interprète : Oui, c’était possible,
c’est vaste.
le témoin 75 : Bitavuze
ko umuntu wese yabona icyumba, ariko dushobora kubashyira no mu isale nini,
L’Interprète : Ce qui ne dit pas
que tout le monde pouvait avoir sa chambre, mais nous avions la possibilité
de les mettre, nous aurions pu avoir la possibilité de les mettre dans une grande
salle,
le témoin 75 : No
muri za caves,
L’Interprète : Dans les caves,
le témoin 75 : Muri
za ateliers,
L’Interprète : A l’atelier,
le témoin 75 : Ni
hani cyane.
L’Interprète : C’est vraiment
vaste.
Le Président : Une autre
question ?
Me. JASPIS : La dernière
question concerne cette question du voile dont on a déjà beaucoup parlé aussi.
Aline KAMANZI avait demandé à pouvoir porter un voile, ou sœur Bénédicte avait
proposé ou quelqu’un avait proposé qu’elle porte un voile, bien qu’elle ne fut
pas religieuse. Est-ce que d’autres jeunes filles auraient pu être sauvées,
d’autres qu’Aline, si on leur avait donné un voile ou bien ça ne concernait
qu’Aline ?
Le Président : Savez-vous
si on a distribué des voiles à des personnes qui, normalement, ne devaient pas
en porter ?
L’Interprète : Waba uzi ko hari
abantu bahaye amavara, batagombaga kuyambara ?
Scholastique le témoin 75 : Yee,
kuko REKERAHO yari yavuze ko badashobora kwica ababikira,
L’Interprète : Oui, étant donné
que REKERAHO avait dit qu’il ne pouvait pas tuer les sœurs,
le témoin 75 : Abana
batarabona amavala, bari ba postulantes,
L’Interprète : Des jeunes filles
qui étaient encore postulantes, qui n’étaient pas à un stade de porter des voiles,
le témoin 75 : Babatije
amavala ngo berekane ko ari ababikikra ntibabice.
L’Interprète : On leur a prêté
des voiles pour qu’elles paraissent comme des sœurs et ne soient pas tuées.
le témoin 75 : Bagiye
i Ngoma bagiye bayambaye,
le témoin 75 : Ni
igihe twahungaga tujya muri Zaïre,
L’Interprète : De même que lorsque
nous nous sommes enfuies vers le Zaïre,
le témoin 75 : Tugeze
n’ino aha ngaha,
L’Interprète : Même à notre arrivée,
ici,
le témoin 75 : Bari
bafite ayo mavala.
L’Interprète : Elles portaient
toujours ces voiles. Voilà.
Le Président : Quelqu’un
a-t-il demandé que d’autres que les postulantes reçoivent un voile ?
L’Interprète : Hari umuntu wasabye
ko abandi bakobwa batari ba postulantes nabo bahabwa ivala ?
le témoin 75 : Bourgmestre
wa comine Huye yarabivuze.
L’Interprète : Le bourgmestre
de la commune de Huye l’a dit.
le témoin 75 : Ati :
« Nkaba bana bato mubambitse amavala, kuko ababikira batabica,
L’Interprète : Il a dit :
« Si ces jeunes filles portaient des voiles,
le témoin 75 : Nabo
bashobora kubaho ».
L’Interprète : Elles pourraient
aussi survivre ».
Le Président : Quelqu’un
a-t-il refusé de donner un voile à d’autres jeunes filles que les postulantes ?
L’Interprète : Hari umuntu wanze
ko abandi bakobwa usibye ba postulantes bahabwa nabo amavala ?
le témoin 75 : Yee,
hari Aline, nièce wa sœur Bénédicte.
L’Interprète : Oui, il y a Aline,
nièce de sœur Bénédicte.
le témoin 75 : Sœur
Bénédicte yasabye sœur Gertrude ati : « Aline rwose, mwamwambika ivala
kuko yasabaga no kuzinjira iwacu,
L’Interprète : Alors, sœur Bénédicte
a demandé à sœur Gertrude : « Vous pouvez faire porter Aline un voile,
vu qu’elle-même aspirait à notre communauté,
le témoin 75 : Sœur
Gertrude yaranze, ngo : « Ntibagiye kudusenyera inzu no kutwica kubera
Aline ».
L’Interprète : Qu’on ne détruise
pas notre couvent et qu’on ne nous tue pas à cause d’Aline ».
Le Président : Maître
BEAUTHIER, et alors, Maître LARDINOIS.
Me. BEAUTHIER : Merci, Monsieur
le président. J’ai pour l’instant, quatre questions à poser. La première question
est un peu plus générale et je vais prendre l’ordre chronologique, si vous le
permettez. Le témoin pourrait-il nous expliquer si elle était candidate et qu’est-ce
que ça signifie, être candidate lors d’élections d’une mère supérieure ?
Le Président : Avez-vous,
Madame, été candidate à l’élection, comme mère supérieure du monastère de Sovu ?
L’Interprète : Wigeze wiyamamariza
kuba umuyobozi wa monastère y’i Sovu.
le témoin 75 : Ibyo
byo kwiyamamaza ntabwo muri vie religieuse bibamo.
L’Interprète : Quant aux candidatures
dans la vie religieuse, ça n’existe pas.
le témoin 75 : Abantu
bose baba bafite droit yo gutorwa,
L’Interprète : Tout le monde a
le droit d’être candidat,
le témoin 75 : Iyo
bafite imyaka itandatu y’amasezerano ya burundu.
L’Interprète : Quand elle a fait
déjà six ans de promesse finale, de vœux perpétuels.
Le Président : Lors
de l’élection de sœur Gertrude, avez-vous reçu, vous, des voix de certaines
de vos consoeurs ?
L’Interprète : Mu gihe sœur Gertrude
yatorwaga, wowe hari amajwi waba warahawe n’ababikira mwari kumwe ? Harimo
abagutoye ?
le témoin 75 : Ubundi
mu itorwa,
L’Interprète : Non. Au moment
de l’élection,
le témoin 75 : Ni
démocratie,Abantu bose baratorwa,
L’Interprète : C’est la démocratie,
le témoin 75 : Abantu
bose baratorwa.
L’Interprète : Tout le monde est
élu.
le témoin 75 : Bamwe
bakagira amajwi make, abandi menshi,
L’Interprète : Certains reçoivent
peu de voix,
le témoin 75 : Ugize
menshi niwe tugira supérieure wacu.
L’Interprète : D’autres en reçoivent
beaucoup. Celle qui reçoit un nombre plus élevé de voix, c’est celle-là qui
devient notre supérieure.
Me. BEAUTHIER : Je vous remercie,
Monsieur le président. La question plus précise. On est bien d’accord qu’on
se trouve, non pas dans une question de candidature avec des campagnes électorales
et qu’il n’y a pas de liste, mais qu’il y a une possibilité pour les sœurs,
sur un papier blanc, de remplir le nom de celle qu’elles estiment la plus à
même d’être mère supérieure. Je veux dire qu’il n’y a pas de candidature déclarée,
et chacun, j’imagine, sur du papier blanc, écrit le nom qu’il souhaite. Est-ce
que c’est bien comme ça que ça se passe ?
Le Président : Le vote se
passe-t-il de manière que chacune des religieuses qui sont dans les conditions
pour voter et pour être élues, reçoivent un document sur lequel elles mettent
le nom de celle qu’elles préfèrent ?
L’Interprète : Amatora uko agenda,
ni uko umuntu wese ushobora gutorwa cyangwa se gutora ahabwa urupapuro yandikaho
uwo yumva yaba mère supérieure ?
le témoin 75 : Baduha
liste,
L’Interprète : On nous donne une
liste,
le témoin 75 : Iriho
ababikira bose bagomba gutorwa.
L’Interprète : Sur laquelle figurent
toutes les religieuses pour pouvoir être élues.
le témoin 75 : Uwo
utoye ugashyira akamenyetso imbere ye.
L’Interprète : Alors, tu marques
un signe devant le nom de la personne que tu élis.
le témoin 75 : Uwo
udatoye ntugire icyo ushyiraho.
L’Interprète : Alors, celle que
tu n’élis pas, tu ne marques rien.
Le Président : Oui.
Me. BEAUTHIER : Je vous remercie.
Je vais terminer sur ce chapitre pour que tout le monde soit bien clair sur
ce point. Il n’y a donc pas, avant l’élection, de déclaration d’une sœur ou
d’une autre, une réunion où chacune exposerait un programme pour le monastère.
Ca se passe comme, j’imagine, on vient du dire, non pas sur un papier blanc,
je croyais que c’était sur un papier blanc, mais une liste de l’ensemble des
religieuses qui peuvent être élues, et on coche. Mais il n’y pas une information
ou une campagne avant cette élection ?
Le Président : Il n’y a pas
de campagne électorale ?
L’Interprète : Ibihe byo kwiyamamaza,
umuntu yiyamamaze, asobanure ibyo azakora, ntabwo bibaho mbere yo gutora ?
le témoin 75 : Reka,
reka. Ibyo iwacu ntabwo bibayo rwose.
L’Interprète : Non, non, pas du
tout, cela ne se fait pas chez nous.
le témoin 75 : N’ubundi
kuba supérieure n’akazi nk’akandi.
L’Interprète : Même le fait d’être
supérieure, c’est une fonction comme d’autres.
le témoin 75 : Ahubwo
birakomeye cyane,
L’Interprète : Mais par contre,
c’est une tâche difficile,
Scholastique le témoin 75 : Kuko
supérieure aba ari umubikira nk’abandi, agakora nkibyo dukora,
L’Interprète : Très difficile,
car la supérieure c’est une religieuse comme d’autres, elle fait ce que nous
faisons.
le témoin 75 : Ahubwo
agakora ibirenzeho kuko agomba kuba intangarugero muri byose.
L’Interprète : Par contre, elle
en fait plus, car elle doit être exemplaire en tout.
le témoin 75 : Nta
intérêt aba afite na buse,
L’Interprète : Aucun intérêt qu’elle
a,
le témoin 75 : Nta
mafaranga baduha se…
L’Interprète : On ne donne pas
l’argent, voyez-vous,
le témoin 75 : Nta
nzu batwubakira, nta ki ?
le témoin 75 : Iyo
umuntu agize ibyago, bimugwaho akaba supérieure.
L’Interprète : On ne nous construit
pas une maison, rien. Quand quelque… la malchance tombe sur elle, elle
devient supérieure.
le témoin 75 : Akabyemera
kugirango afashe communauté yamugiriye ikizere gusa, naho nta kindi.
L’Interprète : Elle accepte uniquement
pour aider la communauté qui lui a fait confiance, autrement, euh…
le témoin 75 : Ikindi
nakongeraho ni uko muri notre règle de St Benoît,
L’Interprète : Ce que j’ajouterai,
c’est que dans notre règlement de Saint-Benoît.
le témoin 75 : Règle
de Saint-Benoît.
Le Président : Règle ?
le témoin 75 : Hari
chapitres ebyiri avugaho uko umusuperieure agomba kumera,
L’Interprète : Règle de Saint-Benoît.
Il y a deux chapitres qui décrivent le comportement que devrait avoir une supérieure.
le témoin 75 : Ugasanga
ari charge ikomeye cyane.
L’Interprète : Et tu trouves que
c’est une lourde charge, très lourde.
le témoin 75 : Ntawayifuza,
bimuguyeho yabikora,
L’Interprète : Personne ne le
souhaiterait. Quand ça tombe sur lui, elle le ferait,
le témoin 75 : Ariko
sibyo kwifuza. Voilà.
L’Interprète : Mais ce n’est pas
une chose souhaitable. Voilà.
Me. BEAUTHIER : Monsieur
le président. Deuxième série de questions. Entre le moment où sœur Gertrude
a été élue supérieure et les événements du mois d’avril 1994, y a-t-il eu, à
un moment donné, un quelconque conflit entre sœur Gertrude et le témoin, et
à propos de quoi, éventuellement ?
Le Président : Y a-t-il eu
à un moment, depuis l’élection de sœur Gertrude comme supérieure, avant les
événements d’avril-mai 1994 à Sovu, y a-t-il eu un problème entre sœur Gertrude
et vous, un conflit ?
L’Interprète : Hagati yuko sœur
Gertrude atwara ubwo buyobozi, mbere yuko ibiba byabaye, hari ubwo, hari amakimbirane
yigeze agaragara hagati yawe na sœur Gertrude ?
le témoin 75 : Nta
kintu nigeze mpfa na sœur Gertrude, uko twahabanye.
L’Interprète : Aucun différend
ne m’a opposée à sœur Gertrude.
le témoin 75 : Ahubwo
nigeze kumufasha rimwe.
L’Interprète : Par contre, je
lui suis venue en aide, une fois.
le témoin 75 : Mugirira
impuhwe mu ntambara,
L’Interprète : J’ai eu pitié d’elle
pendant la guerre.
le témoin 75 : Hari
ku itariki 24 z’ukwezi kwa gatandatu,
L’Interprète : C’était le 24 juin,
le témoin 75 : Icyo
gihe hari hakiri Interahamwe, zica abantu mu nzira,
L’Interprète : C’était le 24 juin.
Il y avait encore les Interahamwe qui tuaient les gens en cours de route.
le témoin 75 : Haza
cardinal ETCHEGARAY
L’Interprète : Est venu alors,
le cardinal ETCHEGARAY,
le témoin 75 : Aje
gusura i Butare.
L’Interprète : Qui visitait Butare.
le témoin 75 : Bavuga
yuko imiryango y’abihaye Imana yose iri muri Butare,
L’Interprète : On a dit alors
que toutes les congrégations religieuses qui étaient à Butare,
le témoin 75 : Bajya
kureba [Inaudible] kumuramutsa.
L’Interprète : Aillent rencontrer,
saluer ETCHEGARAY.
le témoin 75 : Nibura
hakagenda n’abantu babiri muri communauté.
L’Interprète : Qu’au moins, partent
deux personnes par communauté.
le témoin 75 : Bakamusanga
i Save.
L’Interprète : Elles devaient
le rencontrer à Save.
Scholastique le témoin 75 : Yabajije
ababikira bose, uwo akozeho yanga ngo ntagiye gusohoka mu ntambara.
L’Interprète : Alors, sœur Gertrude
a demandé à toutes les sœurs. Toutes refusaient en disant : « On ne
peut pas sortir pendant la guerre ».
le témoin 75 : Kuko
ntiyagombaga kugenda wenyine, yagiraga ngo ashake umuherekeza.
L’Interprète : Etant donné qu’elle
ne voulait pas partir toute seule, il fallait quelqu’un pour l’accompagner.
le témoin 75 : Ndibuka
ko yabwiye sœur Julienne akanga.
L’Interprète : Je me souviens
qu’elle a proposé ça à sœur Julienne qui a refusé.
le témoin 75 : Akabaza
Liberata nawe akanga.
L’Interprète : Elle s’est adressée
à sœur Liberata qui, elle aussi, a refusé.
le témoin 75 : Hanyuma,
aza kubimbwira nanjye ubwange.
L’Interprète : Alors, elle me
l’a dit, à moi aussi, personnellement.
le témoin 75 : Arambwira
ati : « Rwose mbabarira umperekeze no kugenda njyenyine, abandi bose
banze.
L’Interprète : Elle m’a dit :
« Comprends-moi, viens, accompagne-moi, que je ne parte pas seule, toutes
les autres ont refusé ».
le témoin 75 : Ubwo
nari mfite carte yanditsemo Tutsi,
L’Interprète : Comme dans ma carte
d’identité figurait que j’étais Tutsi,
le témoin 75 : Nagomba
wenda gupfira mu nzira kuko bari bakica,
L’Interprète : Il y avait possibilité
que je meure en cours de route, comme on tuait toujours,
le témoin 75 : Ariko
naramubwiye nti : « Ndaguherekeza, nta kibazo ».
L’Interprète : Mais je lui ai
dit : « Je t’accompagne, il n’y a pas de problème ».
le témoin 75 : Naho
abanze, abo bari bafite ikarta yanditsemo Hutu.
L’Interprète : Par contre, celles-là
qui avaient refusé, c’était marqué dans leur carte d’identité « Hutu ».
le témoin 75 : Naramuherekeje
turagenda,
L’Interprète : Je l’ai accompagnée,
nous sommes parties,
le témoin 75 : Turagaruka
amahoro.
L’Interprète : Nous sommes revenues
en sécurité.
le témoin 75 : Ibyo
byerekana yuko rero Gertrude ntigeze mwanga, ahubwo ntacyo mpfa nawe.
L’Interprète : Ca montre que je
n’ai jamais haï sœur Gertrude et qu’il n’y a aucun différend qui m’oppose à
elle.
le témoin 75 : Parce
que j’ai risqué ma vie pour elle.
L’Interprète : Puisque j’ai risqué
ma vie pour rien.
le témoin 75 : Pour
elle.
L’Interprète : Pour elle. Puisque
j’ai risqué ma vie pour elle.
Le Président : Une autre
question ?
Me. BEAUTHIER : Oui, Monsieur
le président. Le témoin, dans ses déclarations et c’est bien compréhensible,
ne peut plus situer exactement le jour de l’arrivée de Laurien, je parle des
sacs de riz. C’est, soit le 18, soit le 19, et d’ailleurs Laurien lui-même ne
précise pas exactement dans une de ses déclarations la date, donc, le 18 ou
le 19, Laurien arrive avec 10 ou 12 sacs de riz. Première question : quand
Laurien arrive avec la nourriture, à qui s’adresse-t-il, et voit-il sœur Gertrude
et sœur Kizito ? Et, on l’a dit tout à l’heure, mais je voudrais une précision :
qu’est-ce qui se passe à ce moment-là, au niveau des clés ?
Le Président : Lorsque Laurien
NTEZIMANA a apporté du riz, qui a-t-il rencontré pour remettre le riz ?
L’Interprète : Ubwo le témoin 110
yazanaga umuceri, ninde bahuye kugirango amuhe uwo muceri ?
le témoin 75 : Nari
muri hôtellerie mbona Laurien araje,
L’Interprète : J’étais à l’hôtellerie
et j’ai vu Laurien venir,
le témoin 75 : Nagiye
kumusanganira,
L’Interprète : Je suis allée à
son encontre.
le témoin 75 : Arambwira
ati : « Nzanye umuceri wo guha impunzi… »,
L’Interprète : Il m’a dit :
« J’apporte du riz pour les réfugiés ».
le témoin 75 : Ndabimushimira.
L’Interprète : Je lui ai dit :
« Merci ».
le témoin 75 : Impunzi
zari zikiraho, bataratangira kuzica.
L’Interprète : Les réfugiés étaient
toujours là, on n’avait pas encore commencé à les tuer.
le témoin 75 : Nibo
nabwiye ngo nibapakurure uwo muceri bawushyire imbere ya Hôtellerie,
L’Interprète : C’est à ces réfugiés-là
que j’ai dit de décharger le riz, et qu’on le mette à la cour, en face de l’hôtellerie.
le témoin 75 : Kuko
Laurien yarihutaga ashaka kugemurira n’izindi mpunzi.
L’Interprète : Puisque Laurien
était pressé, il voulait apporter encore de la nourriture à d’autres réfugiés.
le témoin 75 : Ubwo
nagiye kubwira sœur Gertrude ko Laurien yatuzaniye umuceri w’impunzi.
L’Interprète : Alors, je suis
allée dire à sœur Gertrude que Laurien venait de nous apporter du riz destiné
aux réfugiés.
le témoin 75 : Ahamagara
sœur Kizito, bawuha abakozi, bajya kuwubika.
L’Interprète : Elle a appelé alors
sœur Kizito et on a donné ce riz aux ouvriers qui sont allés le stocker.
Le Président : Ils l’ont
stocké dans les magasins du monastère ou dans les magasins du centre de santé ?
L’Interprète : Bawubitse muri
za magasins za monastère cyangwa iza centre de santé ?
le témoin 75 : Ni
muri monastère.
L’Interprète : C’est au monastère.
Le Président : Ces magasins,
étaient-ils fermés à clé ?
L’Interprète : Izo za magasins
zafungishwaga urufunguzo ?
le témoin 75 : Zafungishwaga
urufunguzo.
L’Interprète : Oui, ils étaient
fermés à clé.
Le Président : Qui avait
la clé de ces magasins ?
L’Interprète : Urwo rufunguzo
rwabikaga nde rw’izo za magasins ?
le témoin 75 : Rwabikwaga
na sœur Gertrude.
L’Interprète : C’est sœur Gertrude
qui la gardait.
Le Président : Une autre
question ?
Me. BEAUTHIER : Oui, Monsieur
le président, problème de la liste. Dans le dossier, on raisonne toujours en
termes de jours, 22, 23, 24. Le 22, si je vois bien, est un vendredi, le 23
est un samedi et le dimanche est un 24. Le samedi 23, sauf si je ne m’abuse,
le témoin a déclaré qu’effectivement REKERAHO était arrivé. Alors, je voudrais
qu’elle précise exactement le scénario de ce qui s’est passé, notamment à propos
de cette liste, sachant que, à différentes reprises, le témoin a parlé d’une
liste établie par qui ? Et qu’est-ce que REKERAHO en a fait à ce moment-là ?
Le Président : Pouvez-vous
préciser ce qui s’est passé le 23 avril, c’est le jour où la communauté a quitté
Sovu pour aller à Ngoma, sauf vous-même, sœur Bénédicte et sœur Fortunata ?
Que se passe-t-il avec REKERAHO ce jour-là ? REKERAHO a-t-il déjà, lorsqu’il
vient le 23 avril, REKERAHO a-t-il déjà une liste de réfugiés ?
L’Interprète : Wasobanura ku buryo
burambuye, ku itariki ya 26, ubwo ababikira bose bari bagiye usibye mwebwe batatu,
REKERAHO akaza, byagenze bite ? REKERAHO aza se yarafite i liste ikoze,
ayifite, ubwo yazaga ? Yaje ayizanye ?
le témoin 75 : Yee,
REKERAHO amaze kuhagera,
L’Interprète : Oui, REKERAHO,
quand il est arrivé,
le témoin 75 : Yarambwiye
ati : « Hano hari impunzi,
L’Interprète : Il m’a dit :
« Ici résident des réfugiés,
le témoin 75 : Ndabizi
neza,
L’Interprète : Je le sais parfaitement,
le témoin 75 : Kuko
sœur Gertrude na sœur Kizito bampaye liste.
L’Interprète : Car sœur Gertrude
et sœur Kizito m’ont donné une liste.
le témoin 75 : Bamwe
bapfuye ariko abandi barahari.
L’Interprète : Les uns sont morts,
mais les autres sont encore là ».
Le Président : A-t-il fait
une autre liste ce jour-là ?
L’Interprète : Hari iyindi liste
we yakoze uwo munsi ?
le témoin 75
: Yee, yarayikoze.
L’Interprète : Oui, il l’a faite.
le témoin 75 : Yandika
abantu, ababaza icyabazanye, agenda atoranyamo,
L’Interprète : Il écrivait les
gens en leur demandant la raison de leur arrivée là-bas, alors il triait,
le témoin 75 : Abo
mu miryango yacu,
L’Interprète : Ceux de nos familles,
le témoin 75 : Abakozi
bacu,
L’Interprète : Nos employés,
le témoin 75 : Abari
mu mahugurwa,
L’Interprète : Ceux qui étaient
en session,
le témoin 75 : N’impunzi.
L’Interprète : Et les réfugiés.
le témoin 75 : Ni
jyewe yasabye ngo nimbimwandikire.
L’Interprète : C’est à moi qu’il
a demandé de lui écrire cela.
le témoin 75 : Ariko
yarababazaga, akandicta.
L’Interprète : Mais il leur demandait
et puis, il me dictait.
Le Président : Lui avez-vous
remis cette liste que vous aviez écrite ?
L’Interprète : Iyo liste wamazi
kwandika, warayimuhaye ?
le témoin 75 : Yee,
narayimushubije.
L’Interprète : Oui, je la lui
ai remise.
Le Président : Est-il revenu
à un autre moment avec cette liste ?
L’Interprète : Hari ubwo yagarutse
agarukanye iyo liste ?
le témoin 75 : Ntabwo
nabonye ayifite.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
vu avec cette liste.
Le Président : Une autre
question ?
Me. BEAUTHIER : Monsieur
le président, c’est plutôt une précision, parce que je crois que c’est important.
Donc, on est bien d’accord, enfin, le témoin confirme bien que Monsieur REKERAHO
avait une liste et, qu’en fait, il l’a en quelque sorte complétée ? Est-ce
que c’est ça ? Et deuxième question : est-ce que REKERAHO pouvait
lire et écrire ?
Le Président : D’abord, je
crois que le témoin n’a pas répondu ça. Il a répondu qu’il existait deux listes.
Me. BEAUTHIER : C’est ça
que je voudrais savoir.
Le Président : Mais le témoin
a répondu à cette question. Il y en avait une, avant.
Me. BEAUTHIER : C’est ça.
Le Président : Et il y en
a une qui a été dressée ce jour-là.
Me. BEAUTHIER : C’est ça.
Je voulais savoir si on l’a complétée. REKERAHO pouvait-il…
Le Président : Selon vous,
Madame, REKERAHO savait-il lire et écrire ?
L’Interprète : Uko waba uzi ku
bwawe, REKERAHO yaba yarazi gusoma no kwandika ?
le témoin 75 : Ntabwo
mbizi. None se ko yanyandikishije, ubwo ntiyarabizi.
L’Interprète : Je ne le sais pas
étant donné qu’il m’a fait écrire, peut-être qu’il ne le savait pas.
Le Président : Une autre
question ?
Me. BEAUTHIER : Oui. Continuons
un petit peu plus loin au niveau des jours. Le témoin a dit à un moment donné
que, et c’est à la page 18 de l’interrogatoire de Monsieur TREMBLAY, le témoin
a dit ceci, que sœur Gertrude, à un moment donné, le 25 avril, avait été particulièrement
agressive avec elle, elle n’était pas contente, avait-elle dit, et elle avait
été agressive en disant - on est le 25 avril : « Les membres de votre
famille doivent partir absolument ». Et la même page, toujours la page
18, 25 avril, le témoin a déclaré ceci : « Sœur Gertrude, qui à chaque
instant, nous demandait de faire sortir les membres de nos familles ».
Que veut dire ce « à chaque instant » ? Et que voulait dire,
si elle peut l’expliciter, cette agressivité de partir absolument ?
Le Président : Pouvez-vous
être un peu plus précise lorsque vous avez expliqué à Monsieur TREMBLAY que
le 25 avril, sœur Gertrude était agressive en ce qui concerne le départ des
réfugiés et que vous avez également, semble-t-il, exposé que, à chaque instant,
elle demandait à ce que les familles des religieuses quittent le couvent ?
L’Interprète : Wasobanura kurushaho
ibyo watangarije Bwana TREMBAY, uvuga ko kuri 25 sœur Gertrude yavugaga cyane
avugana ubukana kurusha mbere, avuga ngo impunzi nizigende, ugasobanura igituma
uvuga ko ibyo bintu byabaga buri kanya ? Hato na hato.
Scholastique le témoin 75 : Ubwo
twamubwiye yuko REKERAHO, nako nawe yarabyumvaga, ko yemeye ko impunzi, imiryango
yacu yagumaho.
L’Interprète : Nous lui disions
à ce moment-là que REKERAHO avait accepté, ce qu’elle-même voyait, avait accepté
que les membres de nos familles restent là-bas.
le témoin 75 : Yaratubwiye
ngo REKERAHO aratubeshya,
L’Interprète : Elle nous a dit
que REKERAHO nous mentait,
le témoin 75 : Ngo
byanze bikunze,
L’Interprète : Que, absolument,
le témoin 75 : Impunzi
zigomba kuva mu kigo.
L’Interprète : Les réfugiés devaient
quitter le couvent.
le témoin 75 : Ibyo
kuvuga rero ngo buri kanya,
L’Interprète : Quant à la signification
de « chaque instant »,
le témoin 75 : Ni
uko kuva ku itariki 25,
L’Interprète : C’est que, depuis
le 25,
le témoin 75 : Kugeza
ku itariki 6 zo kwa gatanu,
L’Interprète : Jusqu’au 6 mai,
Scholastique le témoin 75 : Uko
yahuraga n’umubikira ufite abantu aho, yarabimubwiraga buri kanya.
L’Interprète : A chaque moment
qu’elle rencontrait une sœur qui avait de la famille là-bas, elle le lui répétait
à chaque instant.
Scholastique le témoin 75 : Akajya
no mubashyitsi akababwira ati : « Rwose mwasohotse mukav aha ?
Kugirango batadusenyera ? »
L’Interprète : Elle allait même
voir les visiteurs, elle leur disait : « Sortez de ce lieu pour qu’on
ne détruise pas notre couvent ».
L’Interprète : Kugeza igihe twajyaga
tujya guhura nawe tukamwihisha kugirango adatokomeza kubitubwira.
L’Interprète : Jusqu’à ce que
nous évitions de la rencontrer pour qu’elle ne nous le répète pas encore une
fois.
le témoin 75 : Yajyaga
ambwira njyewe ubwanjye ati :
L’Interprète : Elle me disait
à moi, personnellement :
le témoin 75 : « Wakohereje
Chanta n’uwo mwana bakajya mu bihuru ? ».
L’Interprète : « Pourquoi
tu ne renvoies pas dans les brousses, Chantal et l’enfant ? ».
le témoin 75 : Nkanga,
nkavuga ngo : « Tuzapfana, aha ngaha.
L’Interprète : Je refusais et
je disais : « Je mourrai avec eux ici.
le témoin 75 : Ntabwo
nakohereza umuntu mu gihuru na kariya kana ke ».
L’Interprète : Je ne veux pas envoyer
quelqu’un dans la brousse, avec son bébé qu’elle porte ».
Me. BEAUTHIER : Dernières questions
au pluriel, Monsieur le président. Au moment où, je m’excuse de revenir sur
ces événements, le témoin a parlé de Chantal, peut-elle bien confirmer, et pourquoi
sœur Kizito s’est-elle adressée à Chantal, que c’est sœur Kizito qui lui a dit
de sortir, pourquoi sœur Kizito, alors qu’elle n’est pas supérieure ?
Le Président : Est-ce bien
sœur Kizito qui a demandé à Chantal de sortir ?
L’Interprète : Ni Kizito ubwe
wabwiye Chantal ngo asohoke ?
le témoin 75 : Oya,
Kizizo yinjiranye n’abapolisi,
L’Interprète : Non, Kizito est
entrée en compagnie de policiers,
le témoin 75 : Bakuraga
abantu mu nzu.
L’Interprète : Qui faisaient sortir
les gens de la maison.
le témoin 75 : Abafasha
kubasohora.
L’Interprète : Elle les aidait
à les faire sortir.
Le Président : Savez-vous
pourquoi c’était sœur Kizito, en particulier, qui aidait les policiers à faire
sortir les réfugiés ?
L’Interprète : Waba uzi icyatumye
ari Kizito wafashaga abo bapolisi mu gusohora impunzi ?
le témoin 75 : Birashoboka
ko ari bourgmestre wenda wabimusabye, cyangwa se Gaspard.
L’Interprète : C’est possible
que ce soit le bourgmestre qui le lui avait demandé, ou alors Gaspard.
Le Président : D’autres questions ?
Me. BEAUTHIER : Dernière
question, Monsieur le président. Je vous demande de bien vouloir poser la question
au témoin, qui est la suivante. Par rapport aux événements qui se sont déroulés
depuis le mois d’avril, est-ce qu’elle a l’impression que son devoir d’obéissance
a été, à un moment donné, supplanté par son devoir d’être humain ?
Le Président : Avez-vous
le sentiment que, à certains moments de ces événements du mois d’avril, du mois
de mai, vos sentiments humains ont supplanté votre devoir d’obéissance ?
L’Interprète : Hari ubwo wowe
ubwawe, mu kwezi kwa kane n’ukwa gatanu kwa 94, imyumvire yawe, umutima nama
wawe nk’umuntu, hari ibyo wagutegetse ukora birenze ukumvira kwawe, kuri ubwo
buyobozi bw’ikigo ?
le témoin 75 : Nta
bintu nakoze birenze ukumvira bw’ikigo,
L’Interprète : Je n’ai rien fait
qui aurait supplanté l’obéissance et l’autorité,
le témoin 75 : Cyeretse
gusa ko nanze gusohora impunzi.
le témoin 75 : Sauf
le fait que j’ai refusé de faire sortir les réfugiés.
Le Président : Et le fait
de ne pas avoir accompagné les autres religieuses le 23 avril, n’était-ce pas
de la désobéissance ?
L’Interprète : Naho kuba utarajyanye
n’abandi babikira kuri 23 z’ukwa kane ? Ntabwo bwari uburyo bwo kutumvira ?
Scholastique le témoin 75 : Narabimusabye,
nasabye mère prieure ko nsigarana n’impunzi.
L’Interprète : Je lui ai demandé,
j’ai demandé à la mère prieure de rester avec les réfugiés.
le témoin 75 : Arambwira
ngo nimbikore uko mbyumva.
L’Interprète : Elle m’a dit de
faire ce que bon me semblait.
le témoin 75 : Byumvikana
ko anyemereye ariko sinasuzuguye rero.
L’Interprète : Ceci signifie qu’elle
m’a autorisé, alors je n’ai pas désobéi.
Le Président : Bien. Une
autre question ? Maître LARDINOIS ?
Me. LARDINOIS : Je vous remercie,
Monsieur le président. Pouvez-vous demander au témoin si sœur Gertrude aurait
été, à un moment quelconque des événements, accusée d’être une espionne du FPR ?
Le Président : Avez-vous
eu connaissance que, durant les événements, sœur Gertrude aurait été accusée
par quelqu’un d’être une espionne du FPR ou une complice des Inkotanyi?
L’Interprète : Muri ibyo bihe,
hari ubwo wigeze wumva hari abantu bavuga ko sœur Gertrude yaba anekera FPR
cyangwa se hari abantu bigeze kuvuga ko ari ikitso k’Inkotanyi ?
le témoin 75 : Ntabyo
numvise.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
entendu.
Me. LARDINOIS : Dernière
question, Monsieur le président. Pouvez-vous demander au témoin si, à sa connaissance,
le couvent, la communauté des sœurs, était particulièrement ciblé avant les
événements, dans les semaines qui ont précédé les événements, et au début des
événements, en raison de ce qu’il aurait été une communauté de sœurs Tutsi.
Le Président : Avez-vous
eu éventuellement connaissance de ce que le couvent de Sovu était visé par les
militaires, par les miliciens, par qui que ce soit, en raison de ce qu’il aurait
peut-être eu la réputation d’être favorable aux Tutsi ?
L’Interprète : Hari ubwo mbere
y’imbere y’ibyabaye wigeze kumva abantu bavuga, baba abasirikare, zaba Interahamwe
cyangwa se abandi, bashyira ikigo cy’i Sovu mu majwi, ko cyaba gishyigikiye
Abatutsi ?
le témoin 75 : Ntabyo
numvise.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
entendu.
Le Président : D’autres questions ?
Je suppose qu’il y a une série de questions ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président.
Le Président : Alors, je
suggère peut-être que nous interrompions l’audience un quart d’heure et que
nous la reprenions ensuite. Donc, nous suspendons l’audition du témoin et nous
la reprendrons à 11h35.
[Suspension d’audience]
Le Président : L’audience
est reprise. Vous pouvez vous asseoir. Les accusés peuvent prendre place. Le
témoin le témoin 75 peut revenir. Bien, Maître VERGAUWEN ?
Me. VERGAUWEN : Je vous remercie,
Monsieur le président. Première question : pourriez-vous demander au témoin
si, avant les faits d’avril 1994, sœur Gertrude aurait manifesté des opinions
ethniques particulières, au sein de la communauté ?
Le Président : Avant les
événements, Madame, d’avril 1994, sœur Gertrude aurait-elle, au sein de la communauté,
manifesté des sentiments ethnistes particuliers ?
L’Interprète : Avant ?
Le Président : Avant, oui.
L’Interprète : Mbere yuko biba
muri 94, wabonaga imyitwarire ya sœur Gertrude harimo ibintu bigaragaza ko yaba
aronda amoko ?
L’Interprète : Oya, ntabyarimo.
L’Interprète : Non.
Le Président : Oui, une autre
question ?
Me. VERGAUWEN : Je vous remercie,
Monsieur le président. Le témoin pourrait-elle nous confirmer que sœur Bénédicte
avait également des nièces qui s’étaient réfugiées au couvent pendant les
faits ?
Le Président : Sœur Bénédicte
avait-elle, elle aussi, des nièces qui s’étaient réfugiées au couvent ?
L’Interprète : Sœur ?
Le Président : Bénédicte.
L’Interprète : Bénédicte nawe
yari afite abisengeneza be bari muri icyo kigo ?
le témoin 75 : Yee,
hari sa nièce witwaga Aline KAMANZI,
L’Interprète : Oui, il y avait
une nièce à elle, du nom d’Aline KAMANZI.
le témoin 75 : Ni
umwana wa murumuna we.
L’Interprète : C’est une fille
de sa petite sœur à elle.
le témoin 75 : Yari
afite umwana wa mubyara we,
L’Interprète : Elle avait également
un enfant de son cousin,
le témoin 75 : Ni
umugore, yari afite abana bane,
L’Interprète : C’était une femme
mère, c’était une femme qui était avec quatre enfants,
le témoin 75 : Yitwaga
Emma-Maria le témoin 21.
L’Interprète : Elle s’appelait
Emma-Marie le témoin 21.
Le Président : Oui ?
Me. VERGAUWEN : Pourriez-vous,
Monsieur le président, demander au témoin une question par rapport à l’hôtellerie,
le témoin nous a rappelé qu’elle s’occupait de l’hôtellerie, pourriez-vous lui
demander de quelles pièces avait-elle les clés en tant que dirigeante de
l’hôtellerie ?
Le Président : En tant que
responsable de l’hôtellerie, vous disposiez des clés qui donnaient accès à quelles
parties ou à quelles pièces du bâtiment ?
le témoin 75 : Nkuko
wari umuyobozi wa hôtellerie, warufite imfunguzo ziganisha, zifungura ikihe
gipande cyangwa se ibihe byumba bya hôtellerie ?
le témoin 75 : Narimfite
imfunguzo z’amashambure 15 dufite,
L’Interprète : J’avais les clés
pour les 15 chambres que nous avons.
le témoin 75 : Mfite
n’urufunguzo rwa chapelle, aho ngaho nugamishije abantu.
L’Interprète : J’avais également
les clés de la chapelle, la même où j’ai abrité les gens.
Le Président : Oui ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président. Pourriez-vous demander au témoin si elle se souvient d’avoir été
entendue par des enquêteurs belges le 10 octobre 1995 ?
Le Président : Vous souvenez-vous
avoir été entendue, le 10 octobre 1995, par des enquêteurs venus de Belgique ?
L’Interprète : Waba wibuka ko
ku itariki ya 10 mu kwezi kwa cumi muri 95, wabajijwe n’abantu bari baturutse
mu bubiligi ?
le témoin 75 : Sinumva
neza.
L’Interprète : Waba wibuka ko
ku itariki 10 z’ukwa cumi 95 wabajijwe n’abantu bari baturutse mu Bubiligi ?
L’Interprète : C’est bien 1995 ?
Le Président : Oui, le 10
octobre 1995, avez-vous été entendue par Monsieur Kibibi KAMANZI, à la demande
du juge d’instruction belge ?
L’Interprète : Waba kuri iyo tariki
warabajijwe n’umuntu witwa Kibibi KAMANZI bisabwe n’umushinjacyaha wo mu bubiligi ?
W’umubiligi ?
le témoin 75 : Ndumva
ntabyibuka neza.
L’Interprète : Je ne me souviens
pas bien.
Le Président : Il y avait,
apparemment, le substitut du procureur du Roi de Bruxelles qui était présent
lors de cette audition.
le témoin 75 : Na
substitut w’Umwami w’Ububiligi i Bruseli wari uhari.
L’Interprète : Hari abantu benshi
bambazaga, ndumva abo bantu ntbibuka bose.
L’Interprète : J’ai été entendue
par plusieurs personnes et je ne me rappelle pas de qui exactement, je ne me
rappelle pas de leur entièreté.
Le Président : Oui, une autre
question ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président. Le témoin nous a rappelé ce matin l’épisode de la pluie, et elle
nous a rappelé donc qu’elle avait ouvert la porte de la petite chapelle pour
permettre à des réfugiés de s’héberger. Ma question est la suivante : Pourquoi
le témoin n’a-t-elle pas parlé de cet événement de la pluie, lors de son audition
de 1995 ?
Le Président : Pourquoi n’avez-vous
pas parlé de cet événement de la pluie lorsque vous avez été entendue en 1995 ?
L’Interprète : Kuki ntacyo wavuze
ku byerekeye ibyicyo gihe imvura yagwaga, ubwo wabazwaga mu kwezi kwa cumi kwa
95 ?
le témoin 75 : Ntabwo
umuntu yibuka ibintu byose bimwe,
L’Interprète : On ne peut pas
se souvenir de toutes les choses en même temps. Quand on te pose des questions,
le témoin 75 : Iyo
bakubajije, uvuga ibyo wibuka gusa.
L’Interprète : Tu réponds sur
ce que tu te rappelles uniquement.
le témoin 75 : Nubu
nuko mwabivuze, nkabyibuka.
L’Interprète : C’est maintenant
que vous l’avez mentionné, que ça m’est revenu en tête.
Le Président : Une autre
question ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président. Si je comprends bien, au sujet de l’épisode du riz, le témoin
nous a déclaré ce matin qu’elle était allée à la rencontre de Monsieur Laurien
NTEZIMANA quand il avait apporté le riz. Pourriez-vous, dès lors, lui demander
pour quelle raison, et c’est le motif pour lequel je faisais allusion à
cette audition, du mois d’octobre 1995, pour quelle raison le témoin a-t-elle
déclaré dans cette audition ceci, je cite : « Je
me trouvais à l’hôtellerie, je les ai vus en bas, Laurien a été accueilli par
mère Gertrude et sœur Marie Kizito ».
Le Président : Pourquoi n’avez-vous
pas donné exactement la même explication aujourd’hui, en ce qui concerne l’arrivée
du témoin 110 avec le riz ? Aujourd’hui, vous dites que vous êtes
allée l’accueillir, alors qu’en octobre 1995, vous auriez déclaré, selon le
procès-verbal, que vous avez vu que Laurien était accueilli par mère Gertrude
et sœur Kizito ?
L’Interprète : Kuki wanyuranyije,
mbere, uyu munsi wavuze ko wagiye kwakira Laurien, naho mbere mu kwezi kwa cumi
kwa 95, wari waravuze ko wabonye Laurien ari kumwe na mère supérieure, na Kizito ?
le témoin 75 : Birashoboka
yuko niyexprimye nabi mu gifaransa,
L’Interprète : C’est possible
que je me suis mal exprimée en français,
le témoin 75 : Nashatse
kuvuga yuko sœur yakiriye umuceri wenda ndabivanga ariko si uko.
L’Interprète : J’avais voulu dire
que j’ai remis à sœur Gertrude, ce riz, et qu’elle l’a reçu.
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président. J’en viens maintenant à la liste. Si j’ai bien compris, il y aurait
donc eu deux listes, et lorsque Monsieur REKERAHO est venu le 23 avril, il aurait
eu une liste déjà à ce moment-là, et une deuxième liste aurait été établie.
Pourriez-vous demander au témoin si la deuxième liste concernait bien les réfugiés
qui se trouvaient au monastère ?
Le Président : La liste qui
a été dressée le 23 avril, à la demande de Monsieur REKERAHO, concernait-elle
bien les réfugiés se trouvant à l’intérieur du monastère ?
L’Interprète : Iliste yakozwe
ku itariki ya 23, isabwe na REKERAHO, yari iy’abantu barimo imbere, zari iz’impunzi
zarimo imbere muri monastère ?
le témoin 75 : Nizarimo
imbere muri monastère,
L’Interprète : Oui, il s’agissait
des réfugiés qui étaient à l’intérieur du monastère,
le témoin 75 : Kuko
iyo yari yakoze mbere,
L’Interprète : Car la liste qu’il
avait dressée avant,
le témoin 75 : Yar’iyabose,
L’Interprète : Concernait tout
le monde,
le témoin 75 : Abo
kuri monastère nabo kuri dispensaire.
L’Interprète : Ceux du monastère
comme ceux du dispensaire.
le témoin 75 : Abonye
abari hanze bapfuye, ashaka kumenya abo dusigaranye.
L’Interprète : Alors, quand il
a constaté que ceux qui étaient à l’extérieur étaient morts, il a cherché à
savoir ceux qui restaient encore avec nous.
Le Président : Oui ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président, le témoin pourrait-elle nous dire où se trouvait la sœur Ermélinda
pendant les faits, si elle le sait ?
Le Président : Les faits,
euh ?
Me. VERGAUWEN : Pendant la
période d’avril à juin 1994.
Le Président : Saviez-vous
où se trouvait sœur Ermélinda du mois d’avril au mois de juin 1994 ?
L’Interprète : Waba uzi aho mama
Hermelinda yari ari hagati y’ukwezi kwa kane n’ukwezi kwa gatandatu 94 ?
le témoin 75 : Yari
muri monastère.
L’Interprète : Elle était au monastère.
Le Président : Oui ?
Une autre question ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président. Le témoin pourrait-elle nous confirmer ce qu’elle a déclaré ce
matin au sujet de la période où elle se trouvait en Belgique ? Si j’ai
bien compris, toujours au départ, c’est-à-dire, je pense, vers le mois de septembre-octobre
1994, elle personnellement, n’avait pas l’intention de revenir au Rwanda, mais
elle souhaitait se reposer en Belgique et c’est quand elle a appris que sœur
Marie-Bernard et sœur Régine, je crois, voulaient retourner, qu’elle a changé
d’avis à ce moment-là. Est-ce que j’ai bien compris en disant cela ?
Le Président : Est-il exact
que lorsque vous êtes arrivée en Belgique, vous n’aviez pas, vous-même, l’intention
de repartir tout de suite au Rwanda, que vous souhaitiez d’abord vous reposer
en Belgique ?
L’Interprète : Ni ukuri ko aho
wazaga mu Bubiligi utifuzaga guhita usubira mu Rwanda, ariko ko wabanzaga guhama
mu Bubiligi gakeya ngo uruhuke ?
le témoin 75 : Yee,
narabyifuzaga, nkumva namara mbega nk’imyaka ibiri itatu,
L’Interprète : Oui, c’est vrai,
je l’ai souhaité, je souhaitais passer deux, trois ans,
le témoin 75 : Ariko
mbonye bikomeje gutinda,
L’Interprète : Mais quand j’ai
vu que ça traînaillait,
le témoin 75 : Kandi
nta wundi muntu mbona ubyihutisha,
L’Interprète : Alors que je ne
voyais personne d’autre qui hâtait,
le témoin 75 : Nashatse
kujyayo ngo ngaruze ibyacu byo gutakara.
L’Interprète : J’ai voulu m’y
rendre pour être en possession de nos biens qui risquaient d’être dispersés.
le témoin 75 : Ntegurira
nabazankurikira basigaye hano.
L’Interprète : C’était aussi pour
préparer le retour des autres qui étaient restés ici.
Le Président : Oui ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président, le témoin nous a parlé de sa rencontre avec le père COMBLAIN,
pourriez-vous lui demander si elle n’a jamais porté aucune accusation contre
sœur Gertrude avant cette rencontre avec le père COMBLAIN ?
Le Président : Avez-vous,
avant votre rencontre avec le père COMBLAIN en 1995, au Rwanda, porté des accusations
contre sœur Gertrude ?
L’Interprète : Mbere yuko uhura
na padiri COMBLAIN muri 95 muhuriye mu Rwanda, hari ibirego wigeze ugira byerekeye
sœur Gertrude ?
le témoin 75 : Urebye,
nta birego nigeze ngira,
L’Interprète : En fait, je n’ai
pas eu d’accusation,
le témoin 75 : Kuko
yavugaga ngo twabivugiye i Bruseli.
L’Interprète : Puisque COMBLAIN
disait que nous l’avions dit à Bruxelles
le témoin 75 : Icyo
navuze ni enquête abantu bambajije, ndi mu RWANDA, ariko nabyo si ikirego, ntabwo…
L’Interprète : Ce que j’ai dit,
c’est durant l’enquête, l’interrogatoire que les gens m’ont soumis quand j’étais
au Rwanda, mais, là aussi, il ne s’agit pas d’une accusation.
le témoin 75 : Icyo
nita ikirego, ni umuntu ujya mu rukiko, akarega umuntu.
L’Interprète : Ce que j’appelle
accusation, c’est quand quelqu’un se rend au tribunal et porte plainte contre
une autre personne.
le témoin 75 : Ibyo
sinabikoze.
L’Interprète : Cela, moi je ne
l’ai pas fait.
Le Président : Oui ?
Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur
le président, le témoin nous a rappelé tout à l’heure que, lorsqu’elle était
retournée au couvent de Sovu, lorsqu’elle est rentrée au Rwanda, elle aurait
rencontré des ouvriers, dont un certain Cassien. S’agit-il de Cassien NSANZIMFURA ?
Le Président : L’ouvrier
que vous avez rencontré lors de votre retour au Rwanda, est-il Cassien NSANZIMFURA?
L’Interprète : Umukozi mwahuye
ubwo wasubiraga mu Rwanda, yaba ari Kasiyani NSANZIMFURA ?
le témoin 75 : Yee,
niwe, yari umushumba wacu.
L’Interprète : Oui, c’est lui,
il gardait notre bétail.
Le Président : Oui ?
Me. VERGAUWEN : Une dernière
question, Monsieur le président. Je reviens un tout petit peu en arrière. Lorsque
le bourgmestre est revenu le 23 avril et qu’il a rencontré le témoin, est-ce
que c’est bien le bourgmestre qui lui aurait dit à ce moment-là, de faire rentrer
les réfugiés dans le monastère et de fermer toutes les portes et de les cacher,
si j’ai bien compris ?
Le Président : Lorsque la
communauté a quitté Sovu pour se rendre à Ngoma, le bourgmestre est revenu dans
la journée du 23 avril, afin d’évacuer les sœurs qui n’avaient pas pu prendre
place dans le premier voyage. Est-ce bien le bourgmestre qui vous a demandé
de laisser les réfugiés à l’intérieur du monastère et de fermer les portes ?
L’Interprète : Ubwo abandi babikira
bari bagiye i Ngoma noneho bourgmestre akaza kugaruka gutwara abari basigaye
inyuma batabashije kugenda mu modoka ya mbere, bourgmestre ubwe, niwe wagusabye
gusubiza impunzi mo imbere mu kigo, noneho ngo ufunge imiryango yose ?
le témoin 75 : Niwe
wabinsabye.
L’Interprète : C’est lui qui me
l’a demandé.
le témoin 75 : Ntacyo
namubajije.
L’Interprète : Je ne lui avais
pas demandé quoi que ce soit avant qu’il me le demande.
Le Président : Oui ?
Non Identifié : [inaudible]
Le Président : Il a demandé
avant qu’on ne demande quoi que ce soit. Une autre question ? Maître VANDERBECK ?
Me. VANDERBECK : Je vous
remercie, Monsieur le président. Je souhaiterais revenir sur un point précis
du témoignage de sœur Scholastique, sur question d’un conseil d’une partie civile,
par rapport aux activités particulières qu’aurait pu avoir sœur Kizito durant
les événements. Le témoin nous a dit qu’elle avait l’habitude de partir avec
Monsieur REKERAHO avec qui elle s’entendait bien et d’aller aux alentours du
monastère pour fuir les maisons et chercher des gens qui s’y cachaient. Bien
qu’elle n’en ait dit mot devant les enquêteurs de Monsieur VANDERMEERSCH en
1995, il me semble que dans sa très longue déclaration devant Monsieur TREMBLAY
en 1999, le témoin évoquait également que sœur Kizito allait avec des miliciens
sur la colline, pour montrer les cachettes dans les buissons où se trouvaient
les Tutsi. Alors, ma question est assez simple, Monsieur le président :
comment le témoin savait-elle cela ? Est-ce qu’elle était elle-même avec
les Interahamwe ou est-ce qu’elle accompagnait sœur Kizito lorsqu’elle se rendait
sur les collines, ou est-ce qu’elle était dans le couvent ?
Le Président : Lorsque vous
avez expliqué quel avait pu être le rôle de sœur Kizito durant les événements,
avez-vous été, vous-même, témoin oculaire, donc avoir vu les déplacements de
sœur Kizito ?
L’Interprète : Wowe ubwawe iyo
uvuga ibyo sœur Kizito yakoze mu byabaga, wowe ubwawe waba wariboneye, n’amaso
yawe, aho sœur Kizito yerekezaga, ingendo yajyagamo ?
le témoin 75 : Aho
muri monastère, hafite amazu ya étages,
L’Interprète : Là, au monastère,
nous avons des maisons en étages,
le témoin 75 : Umuntu
aba areba ahantu hose.
L’Interprète : Et de là, on voit
partout.
le témoin 75 : Kandi
amashambure dutuyemo ari muri étage.
L’Interprète : Et puis, les chambres
dans lesquelles nous vivons, se trouvent à l’étage
le témoin 75 : Namubonaga
rero agenda, aho mu mirima yacu ari kumwe n’Interahamwe,
L’Interprète : Je la voyais alors
se déplacer, là-bas, dans nos champs, en compagnie des Interahamwe,
le témoin 75 : Batema
ibihuru. Abereka aho batema ibihuru.
L’Interprète : Et qu’elle leur
montrait là où il fallait couper les buissons.
Le Président : Une autre
question ?
Me. VANDERBECK : Est-ce qu’elle
veut nous parler de la fenêtre du clocher. Je ne vois pas du tout de quel bâtiment
elle nous parle par rapport à l’endroit où elle se situait ?
Le Président : Vous pouvez
situer les endroits où se situaient les pièces où vous étiez dans ce monastère ?
L’Interprète : Wasobanura neza
igipande cyaho ibyumba byanyu byari birimo aho ngaho muri monastère ?
le témoin 75 : Hari
igipande kireba inyuma mu gikari, ari naho dutuye,
L’Interprète : Il y a une partie
qui a une vue derrière dans la cour, et c’est là-bas où nous vivons.
le témoin 75 : Umuntu
aba areba hose mu ishyamba ryacu, no mu mirima.
L’Interprète : De là, on voit
partout, on a une vue partout, sur notre bois et dans les champs.
le témoin 75 : Hari
igice cyo muri hôtellerie, nacyo ni muri étage,
L’Interprète : Une autre partie
de l’hôtellerie, c’est aussi à l’étage,
le témoin 75 : Umuntu
aba areba ahagana hanze no kuri dispensaire n’ahandi mu ishyamba.
L’Interprète : De là, on voit
en direction du dehors, notamment au dispensaire et ailleurs.
Le Président : Une autre
question ? Maître WAHIS ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. Le témoin pourrait-il nous dire si elle a vu Emmanuel REKERAHO
au couvent, avant le 6 avril 1994 ?
Le Président : Avant le 6,
hein, avant le 6 avril, avez-vous vu REKERAHO au monastère, avant le 6 avril
1994, le 6 avril étant la date à laquelle l’avion transportant le président
le témoin 32 a été abattu.
L’Interprète : Ku itariki ya 6
z’ukwa kane, itariki indege yari itwaye le témoin 32 yarashwe, mbere y’iyo tariki
ya 6 y’ukwa kane, hari ubwo wigeze ubona REKERAHO Emmanuel mu kigo, muri couvent ?
le témoin 75 : Ni
ukuvuga iki ?
L’Interprète : Qu’est-ce que ça
signifie ?
Le Président : Avez-vous
vu, avant le 6 avril, est-ce que Monsieur REKERAHO était déjà venu rendre visite
au monastère ?
L’Interprète : Hari ubwo mbere
y’itariki z’ukwa kane, REKERAHO yigeze agenderera, umubona agenderera ikigo
mbere y’iyo tariki ?
le témoin 75 : Ntabwo
namubonye.
L’Interprète : Je ne l’ai pas
vu.
Le Président : Quand l’avez-vous
vu au monastère pour la première fois ?
L’Interprète : Ni ryari wamubonye
muri monastère ubwa mbere ?
le témoin 75 : Ntabwo
nzi niba mwambajije ko yaraje kugira nabi cyangwa iki…
L’Interprète : Je ne sais pas
si vous me posez des questions concernant quand il est venu mal agir, ou quoi ?
Le Président : Même pour
bien agir, peut-être qu’il est venu aussi pour bien agir ?
L’Interprète : Nubwo yenda yaba
yaraje gukora neza, ko yenda yaba yaraje azanwe n’ibikorwa byiza.
le témoin 75 : REKERAHO
ubundi ni umuturage w’i Sovu.
L’Interprète : Normalement, REKERAHO
est un habitant de Sovu.
le témoin 75 : Numvaga
bavuga ngo atuye muri cellule yitwa Gako, simpazi.
L’Interprète : J’entendais dire
qu’il habitait la cellule de Gako, je ne connais pas.
le témoin 75 : Yari
umushoferi wa organisme yitwa FAO.
L’Interprète : Il était chauffeur
de l’organisme FAO.
le témoin 75 : Yajyaga
azana abantu baje mu mahugurwa, i Sovu. Séminaire.
L’Interprète : Il a mené des gens
qui venaient pour des sessions à Sovu, les séminaires à Sovu,
le témoin 75 : Yari
ahazi rero.
L’Interprète : Il connaissait
bien la place, il fréquentait la place.
le témoin 75 : Yarahagendaga.
le témoin 75 : N’abantu
be bivuzaga kuri dispensaire yacu. Nawe kandi.
L’Interprète : Même ses gens,
ainsi que lui-même, se faisaient soigner à notre dispensaire.
Le Président : Oui, une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. Concernant les événements du 6 mai, le témoin pourrait-il confirmer,
qu’interrogé le 10 octobre, il a déclaré : « Les policiers ont été
dans les chambres chasser les gens » et qu’interrogé le 25 janvier 1999,
il ait été encore beaucoup plus précis, et je vais lui demander de confirmer
ce qu’il a dit, en page 22 de l’audition TPIR : « J’ai vu le bourgmestre
Jonathan qui était dans la cour, accompagné de Gaspard RUSANGANWA, de même que
sœur Kizito et sœur Gertrude qui les accompagnaient. Tous, ils attendaient que
les réfugiés sortent de l’hôtellerie. Et il y avait également les policiers
qui fouillaient dans les chambres de l’hôtellerie pour regarder s’il n’y avait
plus personne à l’intérieur ». Est-ce qu’elle peut confirmer avoir déclaré
cela ?
Le Président : Confirmez-vous
avoir déclaré cela en 1999 à Monsieur TREMBLAY, à savoir que sœur Kizito, sœur
Gertrude, le bourgmestre, Gaspard RUSANGANWA attendaient dans la cour du couvent,
alors que les policiers fouillaient dans les chambres ?
L’Interprète : Uribuka ko, nkuko
wabwiye umukozi w’urukiko rwa Arusha, TREMBLAY, uribuka ko sœur Kizito, sœur
Gertrude na bourgmestre, Gaspard RUSANGANWA n’abandi baraye mu kibuga imbere,
bategereje abapolisi bari bagiye gusaka mu byumba ?
le témoin 75
: Yee, ndabyibuka.
L’Interprète : Oui, je m’en rappelle.
le témoin 75 : Bampamagaye
kureba Chantal,
L’Interprète : On m’a appelée
que j’aille voir Chantal.
le témoin 75 : Nsanga
harimo abapolisi,
L’Interprète : Alors, j’ai trouvé
dedans, des policiers.
le témoin 75 : Chantal
niwe wambwiye ko bari bazanye na sœur Kizito,
L’Interprète : C’est Chantal qui
m’a dit qu’ils étaient venus avec sœur Kizito,
le témoin 75 : Ariko
abantu bari bamaze gusohoka ari benshi,
L’Interprète : Mais beaucoup de
gens venaient déjà de sortir,
le témoin 75 : Hari
hasigayemo Chantal wari untegereje,
L’Interprète : Il restait Chantal
qui m’attendait.
le témoin 75 : Naho
Kizito na Gertrude na RUSANGANWA bari bari hasi.
L’Interprète : Quant à Kizito,
Gertrude, RUSANGANWA, ils étaient en bas.
le témoin 75 : Na
bourgmestre.
L’Interprète : Ainsi que le bourgmestre.
Le Président : Une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. Est-ce que le témoin pourrait nous préciser les circonstances
de l’arrestation de Gérard KABILIGI, et les suites de cette arrestation ?
Le Président : Connaissez-vous
quelque chose de l’arrestation de Gérard KABILIGI ?
L’Interprète : Hari icyo waba
uzi kijyanye n’ifatwa rya Gérard KABILIGI ?
le témoin 75 : Ntabwo
mbizi.
L’Interprète : Je ne le sais pas.
Le Président : Une autre
question ? Il n’y a plus de questions ? Les parties sont-elles d’accord
pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations
que vous venez de faire ? Persistez-vous dans les déclarations que vous
venez de faire ?
L’Interprète : Uremeza kandi ugahamya,
ugatsindagira ibyo umaze kuvuga ?
le témoin 75 : Yee,
ndabyemera.
L’Interprète : Oui, je le confirme.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps tout en
restant administrativement à la disposition de la Cour pour organiser votre
retour au Rwanda.
L’Interprète : Je vous remercie
également. |