assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 147
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.38. Audition des témoins: le témoin 147

Le Président : Alors, Monsieur le témoin 147 est malgré tout présent.

Me. VERGAUWEN : Oui, Monsieur le président. Etant donné qu’il est présent, seriez-vous disposé à l’entendre en vertu de votre pouvoir discrétionnaire ?

Le Président : Mystère ! Je n’ai pas de déclaration de sa part, au dossier.

Non Identifié : Je pense, Monsieur le président, qu’une lettre que Monsieur le témoin 147…

Le Président : Vous avez la référence de la pièce ?

Non Identifié : C’est au carton 5, sous-farde 15, pièce 2-1, je pense, si j’ai bien noté.

Le Président : C’est dans le dossier Sovu ?

Non Identifié : Oui.

Le Président : Donc, c’est dans le dossier 62.

Non Identifié : Il s’agit d’une lettre que Monsieur le témoin 147 a adressée à Monsieur DUPLAT, rédacteur en chef du journal « Le Soir », en réaction à des parutions sous la plume de Madame BRAECKMAN.

Le Président : Farde 15, pièce 2.

Non Identifié : Ce serait l’annexe 1 de la pièce 2, 2.1. Je l’ai moi-même malheureusement extraite du carton. J’avais noté au-dessus, mais j’espère ne pas m’être trompé.

Le Président : L’annexe 1, c’est une lettre de sœur Gertrude.

Non Identifié : Ce n’est pas ça évidemment. Je peux vous la montrer, si vous souhaitez. Carton 5, sous-farde 15.

Le Président : Il n’y a que 125 annexes à ce P.V. Ah ! Voilà. Annexe 102.

Non Identifié : Ma photocopie est mauvaise, je n’ai que le premier chiffre, je n’ai pas la suite, je suis désolé.

Le Président : Oui ?

Me. LARDINOIS : Monsieur le président, si vous me le permettez, avant d’entendre le témoin suivant, je voudrais aussi faire un bref commentaire de deux minutes concernant le témoignage qu’on vient d’entendre.

Le Président : De deux minutes. Vous avez une minute trente.

Me. LARDINOIS : Une minute trente, Monsieur le président. Je voulais signaler à l’attention des jurés que Madame Pauline NYIAMARASUHUKO et que son fils, Arsène SHALOM sont actuellement en détention préventive à Arusha et qu’ils sont respectivement l’époux et la fille de Monsieur Maurice le témoin 108, recteur de l’UNR pendant les événements, et qui est venu témoigner à la demande de Monsieur HIGANIRO.

Le Président : Bien. Un autre commentaire d’une minute trente ?

Alors, je vais entendre Monsieur le témoin 147 en vertu de mon pouvoir discrétionnaire puisque les parties avaient renoncé à son audition. Monsieur le témoin 147 peut approcher. Monsieur, quels sont vos nom et prénom ?

le témoin 147 : Jean-Claude le témoin 147.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

le témoin 147 : 63 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

le témoin 147 : Professeur d’université et chercheur à l’Institut africain à Tervuren.

Le Président : Quelle est votre commune de domicile ?

le témoin 147 : Schaerbeek.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés, avant les faits qui leur sont reprochés, c’est-à-dire, en gros, avant le mois d’avril 1994 ?

le témoin 147 : Non.

Le Président : Etes-vous parent ou allié de la famille des accusés ou des parties civiles ?

le témoin 147 : Non.

Le Président : Etes-vous attaché, par un contrat d’emploi, aux accusés ou aux parties civiles ?

le témoin 147 : Non.

Le Président : Dans la mesure où les parties avaient renoncé, avant votre venue, à votre audition, je vous entends en vertu de mon pouvoir discrétionnaire, et en conséquence, vous ne devez pas prêter le serment de témoin.

le témoin 147 : Merci.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir, Monsieur le témoin 147. Monsieur le témoin 147, avez-vous travaillé pour la revue « Dialogue » ?

le témoin 147 : Non.

Le Président : Vous êtes spécialisé en matière africaine, si je puis dire ?

le témoin 147 : Principalement sur le Congo, ex-Zaïre.

Le Président : Les parties ont souhaité, malgré leur renonciation à votre audition, obtenir vos explications à propos d’une lettre ou d’un fax, je ne sais pas, une lettre apparemment, que vous auriez adressée le 2 septembre 1995 à Monsieur Guy DUPLAT, rédacteur en chef du journal « Le Soir ».

le témoin 147 : Monsieur le président, euh… je me rappelle effectivement avoir écrit une lettre à Monsieur DUPLAT. Je ne me rappelle plus du contenu de cette lettre, je me rappelle simplement la réponse du rédacteur en chef où il était question du fait que je défendais mon institution et, d’un autre côté, pour ce que je m’en rappelle, que j’étais un analyste, ce que les journalistes de son journal n’étaient pas, et étaient donc accrochés à l’actualité et, euh… ne pouvaient donc pas faire des analyses de la profondeur d’un sociologue ou d’un politologue. Ce sont les deux choses dont je me souviens. Mais le contenu de la lettre, peut-être pouvez-vous me le rappeler.

Le Président : Je ne suis pas sûr que le document qui figure au dossier soit complet. Encore que, si on prend dans l’autre ordre, alors on se rend compte qu’on commence à l’annexe 100, 101, 102. Vous avez écrit ceci : « En tant que chercheur africaniste, je me permets de vous faire part de mon étonnement au sujet de l’article rédigé par Madame BRAECKMAN et paru dans votre journal le 1er septembre courant (donc, 1er septembre 1995) sous le titre « Des religieuses impliquées dans le génocide ».

Il m’apparaît en effet que le professionnalisme, si pas la déontologie, de l’auteur de l’article pourrait bien être mis en question sur deux points. J’ajouterais que je ne connais personnellement aucune des personnes citées dans cette affaire et que je ne cherche à défendre qui que ce soit, ni quoi que ce soit ». Alors, je pense que c’est le point 1.

Oui, point 1. « Il est écrit, dans l’article en question, que les deux religieuses impliquées seraient en clôture, autrement dit, pratiquement coupées de contacts avec le monde extérieur, la supérieure de l’abbaye de Maredret refusant tout commentaire et toute rencontre avec les journalistes. Cette première affirmation est inexacte, puisque l’une des deux religieuses, dont il est question dans l’article, a été interviewée par une équipe du journal télévisé de la RTBF, le 31 août. Je me pose la question : est-ce parce que Madame BRAECKMAN n’a pu avoir un entretien avec la religieuse, du fait de certaines assertions précédentes de Madame BRAECKMAN, assertions jugées tendancieuses par certaines organisations catholiques, qu’elle estime pouvoir parler au nom des journalistes et de la presse ? N’était la gravité du sujet, on sourirait, en tout cas, de la dernière affirmation sentencieuse qui clôture l’article. Elle - la religieuse - sortira un jour de son silence pour répondre, devant la justice, des accusations dont elle est l’objet ».  Tiens, c’est assez curieux, ça.

2. « Beaucoup plus conséquent est le fait que Madame BRAECKMAN n’apporte aucune pondération sur la qualité des deux sources dont elle s’est inspirée. En ce qui concerne la première (l’hebdomadaire « Solidaire »), il est de notoriété publique qu’elle est l’organe du parti du travail de Belgique, tendance maoïste qui constitue une caisse de résonance unilatérale d’un des protagonistes politiques du drame rwandais, le FPR, notamment, via ses brigadistes présents au Rwanda et qui aiment jouer aux détectives privés. En ce qui concerne la seconde source, l’organisme African Rights, qui est une dissidence d’une plus grosse organisation américaine de défense des droits de l’homme, j’ai eu un contact téléphonique édifiant avec Madame Rakia OMAR, auteur du rapport dont il est question dans l’article de Madame BRAECKMAN. Il apparaît tout d’abord, selon les dires de Madame Rakia OMAR, que le rapport en question (il est annoncé depuis plusieurs semaines) n’a toujours pas été publié, mais que des passages photocopiés et des listes de noms, circulent.

Deuxièmement, au cours de l’entretien que j’ai eu avec elle, Madame OMAR s’est livrée à une diatribe passionnée sur l’existence d’un complot catholique franco-belge visant à couvrir les agissements génocidaires de personnes citées récemment dans la presse française et belge (André SIBOMANA, le père WENCESLAS, Vincent NTEZIMANA et les deux religieuses dont il est question dans l’article du « Soir »). Selon Madame OMAR, tous ces gens étaient coupables et,  je cite textuellement, il était impossible que des témoignages à décharge existent en leur faveur. Ce type de conversation m’est apparu tout à fait en porte-à-faux par rapport au comportement d’un organisme privé d’investigation responsable, d’autant plus que dans un des cas cités, la justice belge a rassemblé des témoignages à décharge et que dans un autre, la justice française a estimé que le dossier à charge n’était pas sérieux.

3. Il m’apparaît donc que l’article de Madame BRAECKMAN, outre qu’il porte préjudice à deux personnes comme le titre à sensation de l’article le laisse entendre, dessert également la cause qu’elle entend régulièrement défendre dans votre quotidien, lutter contre l’oubli du génocide. Madame BRAECKMAN ne paraît pas prendre conscience de certaines manipulations, règlements de comptes mesquins et rumeurs souvent odieuses qui entourent de véritables inquisitions conduites à 6.000 km du lieu du drame, à l’encontre de personnes qui ne sont évidemment pas les premiers couteaux responsables du génocide. Je conclu en vous faisant part de mon inquiétude sur ce qui m’apparaît comme un risque de dérive dans le traitement de l’information. Dans le cas du Rwanda, ce n’est pas la première fois que des faits sont livrés en pâture aux lecteurs sans que des vérifications élémentaires et toutes simples soient effectuées (cf. le cas de Monsieur Festus MTAYIUNGU réputé être dans le maquis selon votre journal, et se trouvant en fait en Belgique). En souhaitant à l’avenir plus de discernement et de prudence sur un sujet qui prête, hélas, au sensationnel et au morbide, je vous prie d’agréer, Monsieur le rédacteur en chef, l’expression de mes sentiments les meilleurs ».

Voilà. Vous souvenez-vous avoir écrit cette lettre ?

le témoin 147 : Tout à fait. Et cela a même été, l’essentiel de cette lettre, je dirais, a été rendu public dans la « Revue nouvelle » dont je fais partie, et où j’élabore davantage sur cinq ou six pages, ce genre de reproches qui ne visent pas seulement d’ailleurs une journaliste, mais d’autres milieux et dans lesquelles je conclus, si mes souvenirs sont bons, qu’il est temps que la justice intervienne dans ces questions, la justice belge.

Le Président : Eh bien, vos vœux sont exaucés, peut-être avec retard. Alors, y a-t-il des questions à poser au témoin de la part des parties, enfin au témoin, bien entendu, en vertu du pouvoir discrétionnaire ? Monsieur l’avocat général ?

L’Avocat Général : Outre la lettre que vous adressez à Madame BRAECKMAN, vous avez aussi préfacé le bouquin de Monsieur NTEZIMANA où vous prenez quand même certaines positions. Je cite un passage : « J’ai dit à l’époque tout le mal que je pensais des inquisiteurs au travail qui ont œuvré tant dans la presse qu’à l’intérieur même de la commission parlementaire ». Qu’est-ce que vous voulez dire par là « ces inquisiteurs au travail », comme vous venez du dire, ça ne se limite donc pas à la presse ni, je suppose, à la commission parlementaire, peut-être ?

le témoin 147 : Non. « Les inquisiteurs au travail » est le titre de la revue, de l’article que j’ai écrit dans la « Revue nouvelle » et je reprends les mêmes inquiétudes que celles que j’ai par rapport à l’article de Madame BRAECKMAN dans « Le Soir ». Il faut aussi, je dirais, je soulignerais quand même que cette préface de l’ouvrage de Monsieur NTEZIMANA est une synthèse d’un livre que j’ai commis en tant que conseiller d’un sénateur à la commission au Rwanda dont j’ai fait partie et qui, moi, m’a laissé beaucoup d’amertume sur la responsabilité de nos autorités politiques et militaires. J’ai toujours en mémoire la phrase de Monsieur BOUTROS GALI, six mois après le début du génocide et dans laquelle elle disait : « Avec 300 hommes - et rappelons qu’il y avait environ 300 Belges, casques bleus de la MINUAR - avec 300 hommes, peut-être n’y aurait-il pas eu de génocide ».

L’Avocat Général : Vous dites aussi ici, ce bouquin a été publié en 2000, je crois, le bouquin de Monsieur NTEZIMANA ? Vous dites ici : « On ne comprend toujours pas pourquoi, depuis le changement de régime survenu en Belgique, aucune autre autorité n’a encore daigné présenter des excuses publiques pour ce qui s’est passé au Rwanda ».

le témoin 147 : Cette préface a été écrite, euh…, longtemps avant sa parution, et à ce moment-là, le premier ministre belge n’avait pas encore été demander pardon au Rwanda.

L’Avocat Général : Et vous croyez vraiment que les responsabilités se situent uniquement au niveau de la communauté internationale, qu’il n’y a pas d’éventuelles responsabilités au Rwanda ?

le témoin 147 : Bien sûr, il y a des éventualités au Rwanda, mais comme je viens de vous le dire, euh… je recite la phrase de BOUTROS GALI dans laquelle, cet ouvrage que j’ai d’ailleurs intitulé « Le parcours de la honte, les Belges au Rwanda » et donc, la non-assistance à personnes en danger à l’époque où les troupes belges se retirent de Kigali, me paraît un facteur qu’il ne faudrait pas négliger.

Le Président : Bien. Une autre question ? Maître VANDERBECK ?

Me. VANDERBECK : Je vous remercie, Monsieur le président. Je voudrais, moi, revenir à la lettre de Monsieur le témoin 147. Est-ce que le témoin, qui a eu un entretien avec Madame Rakia OMAR, peut nous donner un petit peu son sentiment quant au sérieux de cette personne et au sérieux de l’organisme qu’elle représentait ?

Le Président : Quelle est votre opinion à ce sujet ?

le témoin 147 : Donc, j’ai eu un entretien téléphonique à Bruxelles, donc avec Madame Rakia OMAR que je n’ai jamais rencontrée. Euh…, Madame OMAR m’a dit ce que j’ai écrit dans l’article, dans la lettre au « Soir ». J’avais l’impression d’avoir affaire à quelqu’un qui était totalement convaincue de la culpabilité de tout le monde, y compris d’ailleurs, de Monsieur Adrien SIBOMANA et j’ai cité son nom. Je pourrais aussi, euh… raconter un autre fait assez étranger, c’est que cet article a été écrit, donc, en octobre 1995, si mes souvenirs sont exacts, dans la « Revue nouvelle » ; deux années après, j’ai reçu une lettre de Madame Rakia OMAR qui prétendait que cet article, elle l’avait seulement lu maintenant et, euh… dans lequel elle déclarait qu’elle allait me faire un procès, intention qui ne s’est d’ailleurs jamais matérialisée.

Ce qui m’a interpellé, c’est que cet article dont elle avait eu connaissance et cette lettre qu’elle m’a envoyée, intervenaient trois semaines avant mon départ pour le Rwanda où j’accompagnais, euh… le sénateur Pierre JONCKHEERE, et qui m’a valu d’être refoulé immédiatement par, sans doute, une officine de sécurité à Kigali, euh… j’ai dû avoir le désagrément de faire, non pas 8 heures d’avion, mais 17 heures d’avion d’affilée et je ne sais pas si on peut établir des liens entre ces services de sécurité et tout ce qui se raconte sur vous dans certains milieux.

Le Président : Une autre question ? Bien. Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Monsieur le témoin 147, confirmez-vous les déclarations que vous venez de faire et persistez-vous dans ces déclarations ?

le témoin 147 : Tout à fait.

Le Président : Eh bien… la Cour vous remercie pour votre témoignage, même s’il n’est pas sous serment, et vous pouvez disposer librement de votre temps.

le témoin 147 : Merci.

Le Président : Un commentaire ? Maître GILLET ?

Me. GILLET : Oui, je vous remercie, Monsieur le président. Je souhaiterais tout de même signaler à l’attention de la Cour et du jury que, dès le mois de novembre 1995, Maître HIRSCH et moi-même, pour le compte des mêmes parties civiles et d’autres, avons déposé plainte contre les ministres DELCROIX et CLAES, ministres en charge à l’époque, et que cette plainte, à l’heure actuelle, elle dort, et que nous attendons qu’elle soit instruite véritablement parce que nous sommes persuadés que tous les responsables doivent être poursuivis, qu’ils soient Belges ou Rwandais ou Français ou autres.

Le Président : Une autre remarque ou commentaire ? Maître BEAUTHIER ?

Me. BEAUTHIER : Monsieur le président, on a remarqué que, depuis le début de cette session, vous êtes particulièrement féru de ce dossier long et difficile. Le jury appréciera la première question que vous avez posée à ce qui n’était pas un témoin ayant prêté serment et le jury saura que vous avez posé la question de savoir s’il avait des liens avec « Dialogue ». Vous aurez vu que le téléfax, d’où cette lettre avait été adressée, venait de « Dialogue ».

Le Président : C’était la raison de ma question.

Me. BEAUTHIER : Exactement. Mais je crois qu’elle vaut non pas pour la réponse, mais la question vaut d’être commentée parce qu’elle était effectivement personnelle. Ca donne tout le sel qu’on peut réserver à ce genre de témoignage, entre guillemets, d’autant que, vous le savez peut-être ou pas, le père WENCESLAS, qui a été poursuivi au départ et qui a fait beaucoup de procédures, est actuellement en France, poursuivi pour les mêmes faits que ceux qu’on retrouve ici, devant la Cour d’assises. Donc moi, je me méfie toujours des personnes qui disent de temps en temps des choses comme ça qui ont l’air vraies et puis, tout d’un coup, quand on creuse, après deux minutes, on est fort étonné.

Le Président : Un autre commentaire ? Maître WAHIS ?

Me. WAHIS : Un commentaire très bref, Monsieur le président. Le témoin, enfin la personne que nous venons d’entendre, qui ne déposait pas sous serment, nous a bien dit que la directrice d’African Rights avait une diatribe extrêmement serrée sur une série de religieux dont l’attitude, dont elle mettait en cause l’attitude pendant le génocide et elle a cité André SIBOMANA. Vous vous rappellerez que Madame BRAECKMAN elle-même était venue vous dire au tout début de ce procès qu’il y avait eu des gens d’Eglise qui avaient eu une attitude absolument héroïque pendant les événements. Elle avait précisément cité l’abbé André SIBOMANA. Je crois qu’on ne peut quand même pas suspecter Madame BRAECKMAN d’être l’archange Colette volant au secours de l’Eglise.

Le Président : Bien. Alors, nous allons suspendre l’audience. Nous la reprendrons un peu après 13h30, on la reprendra à 13h45.