8.6.41. Audition des témoins: le témoin 48
Le Président : le témoin 48 n’est
pas là ? Nous avons… Monsieur le témoin 48 n’est pas là. Ah, voilà. Eh bien,
on va entendre peut-être Monsieur le témoin 48. Monsieur le témoin 48 qui est arrivé
entre-temps, Monsieur l’huissier, ça s’écrit comment son nom ?
Monsieur, quels sont vos nom et prénom ?
le témoin 48 : Je
m’appelle le témoin 48.
Le Président : Quel âge avez-vous ?
le témoin 48 : J’ai 41 ans.
Le Président : Quelle est
votre profession ?
le témoin 48 : Je suis médecin.
Le Président : Quelle est
votre commune de domicile ?
le témoin 48 : Aulne, en Belgique.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?
le témoin 48 : Non.
Le Président : Etes-vous
parent ou allié, donc de la famille des accusés ou des parties civiles ?
le témoin 48 : Non.
Le Président : Etes-vous
attaché, par les liens d’un contrat de travail, aux accusés ou aux parties civiles ?
le témoin 48 : Non, aucunement.
Le Président : Je vais vous
demander, alors Monsieur le témoin 48, de bien vouloir lever la main droite et de
prêter le serment de témoin.
le témoin 48 : Je jure de
parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.
Le Président : Je vous remercie.
Vous pouvez vous asseoir. Euh… Monsieur le témoin 48, connaissez-vous éventuellement
les accusés après le mois d’avril 1994 ?
le témoin 48 : J’ai eu l’occasion
de rencontrer sœur Kizito quelques fois, après, dans les deux dernières années.
Le Président : Uniquement
sœur Kizito ?
le témoin 48 : Et sœur Gertrude,
je l’ai rencontrée à deux occasions.
Le Président : Alors, pouvez-vous
exposer - pour autant que ce ne soit pas dans le cadre d’un secret professionnel
auquel vous seriez lié, encore que votre témoignage devant la Cour vous permette
de parler, mais là c’est à vous de faire le choix de savoir si vous respectez
ou non votre secret - pouvez-vous expliquer dans quelles circonstances vous
avez rencontré ces deux religieuses, et à quelle époque ?
le témoin 48 : Euh... j’ai
été amené à rencontrer sœur Kizito parce qu’elle est venue en consultation et
j’ai eu l’occasion de la soigner à quelques reprises, je crois que c’était il
y a deux ans ; la première fois, ça devait être il y a deux ans, en 1999,
dans mon cabinet de consultation à Liège.
Le Président : Et sœur Gertrude,
vous avez dit que vous l’avez vue à l’une ou l’autre occasion ?
le témoin 48 : Alors, sœur
Gertrude, je l’ai rencontrée, euh… dans le, euh, à une fête au couvent des bénédictines
à Liège, lors d’une occasion, d’une cérémonie, d’une fête là-bas.
Le Président : De ces deux
rencontres avec sœur Gertrude, vous avez la possibilité d’en faire un tableau
sur le plan de la personnalité ?
le témoin 48 : Euh... non,
pas vraiment, non.
Le Président : De sœur Kizito,
de vos rencontres plus nombreuses, même si elles sont dans le cadre peut-être
de vos activités professionnelles médicales, pouvez-vous en dresser un tableau,
de sa personnalité ?
le témoin 48 : Oui, je peux
me faire une certaine idée de sa personnalité, bien entendu, au fur et à mesure
de nos contacts de consultation.
Le Président : Vous êtes
disposé à l’exposer ?
le témoin 48 : Oui, tout à
fait. Voilà, j’ai trouvé, moi, une sœur qui était évidemment fort perturbée
par ce qui lui est arrivé, qui était au début, fort, fort perdue, je dirais
même traumatisée, tout à fait traumatisée par ce qui lui arrivait, et qui essayait
de faire face avec les ressources morales qui étaient à sa disposition, et assez
courageusement, à ce qui lui tombait véritablement sur la tête. C’était quelqu’un
qui était véritablement perdu, traumatisé, et vraiment frappé par les accusations
qui étaient portées contre elle. Ceci dit, moi, je l’ai soignée pour quelque
chose de tout à fait différent et qui n’entre pas du tout dans le cadre de l’affaire
qui nous occupe ici.
Le Président : Bien. C’est
bien par les accusations portées contre elle qu’elle semblait perturbée ou bien,
avez-vous relevé dans sa personnalité une perturbation des événements vécus
en avril-mai-juin 1994 au Rwanda ?
le témoin 48 : Non, non, pas
du tout, les événements qu’elle avait vécus étaient clairs dans son esprit.
Il restait, avec une composante dramatique, une charge émotionnelle certaine
mais elle était surtout traumatisée par les accusations portées contre elle.
Le Président : D’autres éléments
éventuellement de sa personnalité ? On nous l’a décrite comme quelqu’un
de serviable, ou des choses de ce genre-là, je ne sais pas ?
le témoin 48 : Oui, ça tout
à fait, c’est une personne extrêmement gentille, tout à fait serviable, prête
à rendre service, je dirais presque à forcer ce service, se mêlant presque de
votre vie pour vous proposer ses services et une aide quelconque, ça c’est,
je dirais, l’exemple même de la sœur bénédictine dévouée et qui est prête à
essayer d’aider son prochain, je dirais même, avec un clin d’œil dans ce qui
la regardait comme dans ce qui ne la regardait pas, ça peut arriver, certainement.
Le Président : Bien. Y a-t-il
des questions plus précises éventuellement à poser au témoin ? S’il n’y
a pas d’autres questions, les parties sont-elles d’accord pour que le témoin
se retire ? Alors, Monsieur le témoin 48, confirmez-vous les déclarations que
vous venez de faire ? Persistez-vous dans ces déclarations ?
le témoin 48 : Oui, tout à
fait. Disons, j’aurais voulu ajouter que je pense qu’on m’avait surtout demandé
d’être témoin du contexte, un petit peu, de la situation au Rwanda que j’ai
connue avant les événements et après les événements, et pas tellement être témoin
de moralité…
Le Président : Apparemment,
vous savez, moi je n’ai pas de déclaration de vous dans le dossier, je ne sais
pas ce que vous savez, je ne sais pas ce que vous ne savez pas. Les parties
qui avaient demandé à Monsieur l’avocat général de vous faire venir ne semblent
pas avoir envie de vous poser des questions, donc, euh… merci de vous être déplacé
jusqu’ici pour ce si bref témoignage.
le témoin 48 : De rien, merci.
Le Président : Vous pouvez
disposer de votre temps. |