8.6.23. Audition des témoins: le témoin 99
Le Président : Madame le témoin 99 ? Vous souhaitez un interprète, Madame ?
le témoin 99 : Oui.
Le Président : Un interprète ?
Voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?
L’Interprète : Amazina
yawe yombi ?
le témoin 99 : Nitwa le témoin 99.
Le Président : Quel âge avez-vous ?
L’Interprète : Ufite
imyaka ingahe ?
le témoin 99 : 38.
L’Interprète : 38 ans.
Le Président : Quelle est
votre profession ?
L’Interprète : Ukora
iki ?
le témoin 99 : Ndi uwihaye Imana.
L’Interprète : Je suis
religieuse.
Le Président : Quelle est
votre commune de résidence ?
L’Interprète : Utuye
mu yihe komine ?
le témoin 99 :
L’Interprète : La commune
de Huye.
Le Président : Connaissiez-vous
les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?
L’Interprète : Mu baregwa
hari abo wari uzi mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?
le témoin 99 : Abo nzi ni ababikira babiri.
L’Interprète : Je connais
les deux sœurs.
Le Président : Etes-vous
de la famille des accusés ou des personnes qui leur réclament des dommages et
intérêts ?
L’Interprète : Hari
icyo upfana n’abarega cyanga n’abaregera indishyi ?
le témoin 99 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Travaillez-vous
sous un lien de contrat d’emploi pour les accusés ou ceux qui leur réclament
des dommages et intérêts ?
L’Interprète : Waba
ukorera abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?
le témoin 99 : Nta numwe nkorera.
L’Interprète : Je ne
travaille pour personne.
Le Président : Voulez-vous
bien lever la main droite et prêter le serment de témoin ?
L’Interprète : Akaboko
k’iburyo, ushobora kukazamura ugasoma ibyanditse ?
le témoin 99 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta
rwango, nta mususu.
L’Interprète : Je jure
de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la
vérité.
Le Président : Vous pouvez,
tous les deux, vous asseoir. Madame, depuis combien de temps… depuis quand étiez-vous
à la communauté de Sovu ?
L’Interprète : Wari
mu kibikira cy’i Sovu kuva ryali ?
le témoin 99 : 85.
L’Interprète : Depuis
1985.
Le Président : En avril 1994,
exerciez-vous des fonctions particulières au sein de cette communauté ?
L’Interprète : Hari
ibintu warushinzwe byihariwe muri iyo communauté ya Sovu, mu kwezi kwa kane
94 ?
le témoin 99 : Nakoraga muri atelier ya biscuits.
L’Interprète : Je travaillais
dans l’atelier des biscuits.
Le Président : Des hosties,
je crois.
le témoin 99 : Non, biscuiterie.
Le Président : Biscuiterie ?
L’Interprète : Oui.
Le Président : Il avait peut-être
deux ateliers. Il y a deux ateliers, un pour les hosties, un pour les biscuits ?
le témoin 99 : Hmm…
L’Interprète : Oui.
Le Président : Certains membres
de votre famille se trouvaient-ils au couvent de Sovu ?
L’Interprète : Abantu
bamwe mu muryango wawe bagiye mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?
le témoin 99 : Ntabari bahari.
L’Interprète : Non,
il n’y en avait pas.
Le Président : Il n’y en
avait pas.
L’Interprète : Non.
Le Président : Vous souvenez-vous
que le 18 avril 1994, alors qu’il commençait à y avoir beaucoup de réfugiés
au couvent, sœur Gertrude serait partie à Butare ?
L’Interprète : Uribuka
niba ku itariki 18 z’ukwezi kwa kane 94, igihe impunzi zari zimaze kuba nyinshi
mu kigo cy’ababikira, niba sœur Gertruda yaragiye i Butare ?
le témoin 99 : Ntabwo mbyibuka.
L’Interprète : Je ne
m’en souviens pas.
Le Président : Vous ne vous
souvenez pas qu’elle serait partie avec sœur Stéphanie et des personnes,
deux hommes qui étaient en session, en séminaire, au couvent ?
L’Interprète : Ntabwo
wibuka niba yarajyanye na sœur Stéphanie n’abantu babili bari bifungiye aho
ngaho ? Cyangwa bari muri séminaire mu kigo cy’ababikira b’i Sovu ?
le témoin 99 : Ntacyo mbyibukaho.
L’Interprète : Je ne
m’en souviens pas du tout.
Le Président : Savez-vous
pourquoi les réfugiés ont été placés au centre de santé plutôt que dans le couvent ?
L’Interprète : Uzi impamvu
yatumye impunzi bazikoranyiriza muri centre de santé aho kugirango babakoranyirize
mu kigo cy’ababikira ?
le témoin 99 : Impamvu, ntacyo nzi kubera ko
ntari nshinzwe iby’abashyitsi.
L’Interprète : Je n’en
connais pas la raison parce que je n’étais pas responsable des hôtes.
Le Président : Savez-vous
si, au centre de santé, les réfugiés ont reçu à manger ?
L’Interprète : Uzi niba
muri centre de santé impunzi zaragaburiwe ?
le témoin 99 : No muri centre de santé ntabwo
nahagezemo.
L’Interprète : Je n’ai
pas… je ne suis pas allée, je ne me suis pas rendue au centre de santé.
Le Président : Il y avait
une autre sœur Fortunata ?
L’Interprète : Hari
undi mubikira witwa Fortunata ?
le témoin 99 : Twari tumufite ariko yitabye Imana.
L’Interprète : Il y
en avait une, mais elle est décédée.
Le Président : Pardon, sœur
Fortunata… oui, c’est Liberata, c’est juste. Il y avait une sœur Fortunata ?
le témoin 99 : Hmm.
L’Interprète : Il y
en avait une, mais elle est décédée.
Le Président : Est-ce que
sœur Fortunata s’occupait du centre de santé ?
L’Interprète : Sœur
Fortunata niwe wari ushinzwe iyo centre de santé ?
le témoin 99 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Non ?
Est-ce qu’elle s’occupait, éventuellement, de la distribution de nourriture ?
L’Interprète : Niwe
warushinze kugabura ibiribwa ?
le témoin 99 : Yafashaga abakene bazaga gusaba iwacu.
L’Interprète : Elle
aidait les pauvres qui venaient mendier chez nous.
Le Président : Connaissez-vous
Emmanuel REKERAHO ?
L’Interprète : Emmanuel
REKERAHO uramuzi ?
le témoin 99 : Muzi aje kuduhungisha, aza i Sovu.
L’Interprète : Je l’ai
connu lorsqu’il est venu, à Sovu, nous aider à nous enfuir.
Le Président : Vous ne l’aviez
jamais vu, avant ?
L’Interprète : Ntabwo
wari waramubonye mbere ?
le témoin 99 : Mbere yarazaga ariko sinigeze
mbasha kumubona mu maso yanjye.
L’Interprète : Avant,
il venait mais je ne l’avais jamais vu de mes propres yeux.
Le Président : Comment se
fait-il que vous ayez expliqué, alors, que le 22 avril, il avait reçu l’ambulance
du monastère ou l’ambulance du centre de santé ?
L’Interprète : Ubu se
ugashobora kuba wasobanura ute ko wavuze ko, ku itariki ya 22 y’ukwezi kwa kane,
baba baramuhaye ambulance ya centre de santé ?
le témoin 99 : Numvise bivugwa kandi imodoka nayumvise igenda.
L’Interprète : Je l’ai
entendu dire et puis, j’ai entendu le véhicule démarrer.
Le Président : C’était le
jour où on a tué beaucoup au centre de santé ?
le témoin 99 : Hmm.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Le 22 avril ?
le témoin 99 : Hmm.
L’Interprète : Oui.
Le Président : Vous ne vous
souvenez pas que vous avez déclaré que vous aviez vu sœur Gertrude et sœur Kizito
qui avaient quitté l’hôtellerie, et qui étaient descendues ouvrir les portes
du garage, pour remettre le véhicule à REKERAHO ?
L’Interprète : Ntabwo
wibuka ko waba waravuze ko wabonye sœur Gertrude na sœur Kizito bamanutse bakajya
gufungura igaraji ya centre de santé, hanyuma bagaha REKERAHO iyo modoka ?
le témoin 99 : Ubundi yaraje aba aribo ashaka,
L’Interprète : Il est
venu et il demandait après elle,
le témoin 99 : Kubera ko yari umusuperieure niwe
yagombaga kubaza imodoka kugirango abashe kuyimuha.
L’Interprète : Et, comme
c’est à la supérieure qu’il devait s’adresser, c’est ce qu’il a fait pour qu’elle
puisse lui remettre le véhicule.
Le Président : Ce 22 avril,
lorsqu’il y a eu beaucoup de tués au centre de santé, sœur Gertrude a-t-elle
annoncé que les sœurs allaient aussi mourir ?
L’Interprète : Kuri
uwo munsi wa 22 z’ukwezi kwa kane, igihe abantu benshi bicirwa muri iyo centre
de santé, harubwo sœur Gertrude yavuze ko ababikira nabo bagiye gupfa ?
le témoin 99 : Yarabitubwiye nijoro.
L’Interprète : Elle
nous l’a dit, la nuit.
Le Président : Le lendemain
matin, le 23 avril, avez-vous quitté le couvent avec d’autres religieuses pour
vous rendre à la paroisse de Ngoma ?
L’Interprète : Bukeye
bwaho ku itariki 23 y’ukwezi kwa kane, hari ubwo mwavuye mu kigo cy’ababikira
mujanye n’abandi, mugiye muri paroisse ya Ngoma ?
le témoin 99 : Twaragiye.
L’Interprète : Oui,
nous sommes parties.
Le Président : Etes-vous
partie dans le premier ou dans le deuxième groupe ?
L’Interprète : Wagiye
mu gice cya mbere cyangwa mu gice cya kabiri ?
le témoin 99 : Nagiye muri groupe ya kabiri.
L’Interprète : Je suis
partie dans le deuxième groupe.
Le Président : C’est le bourgmestre,
alors, qui est venu vous chercher au couvent pour vous amener à Ngoma ?
le témoin 99 : Niwe.
L’Interprète : Oui,
c’est lui.
Le Président : Etait-il question
que d’autres personnes que des religieuses quittent le couvent, pour se rendre
à Ngoma ?
L’Interprète : Usibye
ababikira gusa, hari abandi bantu bashoboraga kuva mu kigo bagiye i Ngoma, nabo ?
le témoin 99 : Ntabo, yaje avuga ko atwara ababikira
gusa.
L’Interprète : Non,
personne d’autre parce que, quand il est venu, il disait qu’il n’allait prendre
que les religieuses, seulement.
Le Président : C’est le bourgmestre
qui a précisé qu’il ne prenait que les religieuses ?
L’Interprète : Ni bourgmestre
wavuze ko azafata ababikira gusa ?
le témoin 99 : Yego.
L’Interprète : Oui.
Le Président : A Ngoma, la
situation était-elle calme ?
L’Interprète : I Ngoma
ibintu byari bimeze bite ?
le témoin 99 : Hari ubwicanyi nkubwo twari dusize
i Sovu.
L’Interprète : Il y
avait des massacres comme ceux qu’on laissait derrière nous, à Sovu.
Le Président : Sœur Gertrude
est-elle intervenue pour que les religieuses soient laissées tranquilles, à
Ngoma ?
L’Interprète : Mugeze
i Ngoma harubwo sœur Gertrude yagize icyo akora kugirango babahe amahoro ?
le témoin 99 : Yatelefonnye kuri brigade,
L’Interprète : Elle
a téléphoné à la brigade,
le témoin 99 : Muri iryo joro nyine kugirango baturindize,
L’Interprète : Kugirango ?
le témoin 99 : Abaturinda.
L’Interprète : Cette
nuit-là même, pour qu’on nous envoie les gens qui pouvaient nous garder.
Le Président : Sœur Gertrude
n’a-t-elle pas aussi donné de l’argent aux miliciens ?
L’Interprète : Ntabwo
sœur Gertrude yahaye abamiliciens amafaranga ?
le témoin 99 : Yarayatanze.
L’Interprète : Elle
en a donné.
Le Président : Lorsque vous
êtes revenue de Ngoma au couvent de Sovu, avez-vous vu Emmanuel REKERAHO ?
L’Interprète : Mugarutse
muvuye i Ngoma, mugarutse mu kibikira cy’i Sovu, waba warabonye REKERAHO ?
le témoin 99 : Bambwiye ko yari ahari ku muryango
ariko ntabwo namubonye.
L’Interprète : On m’a
dit qu’il était à l’entrée, mais moi je ne l’ai pas vu.
Le Président : Vous ne l’avez
donc pas non plus entendu parler à sœur Kizito ?
L’Interprète : Ntabwo
wamwumvise aganira na sœur Kizito ?
le témoin 99 : Oya.
L’Interprète : Non.
Le Président : Vous avez
pourtant déclaré qu’il était très fâché parce que son programme avait été perturbé.
L’Interprète : Ngo kandi
waravuze ko yari yarakaye cyane ngo kubera ko programme ye bari bayishe ?
le témoin 99 : Ibyo ni Kizito wabyivugiye, abimbwira.
L’Interprète : C’est
Kizito elle-même qui me l’a raconté.
Le Président : Et vous auriez
vu que sœur Gertrude lui donnait de l’argent, à Monsieur REKERAHO, ce jour-là
?
L’Interprète : Waba
warabonye niba sœur Gertrude yarahaye amafaranga uwo munsi REKERAHO ?
le témoin 99 : Ntabyo nabonye.
L’Interprète : Non,
je ne l’ai pas vu.
Le Président : Vous avez
pourtant déclaré ça.
L’Interprète : Ngo kandi
warabivuze ?
le témoin 99 : Ntabyo numva nigeze kuvuga. Ntabyo
nibuka na busa.
L’Interprète : Je ne
pense pas… je ne me souviens pas avoir déclaré cela.
Le Président : Vous ne vous
souvenez pas avoir déclaré que sœur Gertrude avait donné de l’argent à REKERAHO ?
L’Interprète : Ntabwo
wibuka niba waravuze ko sœur Gertruda yaba yarahaye amafaranga REKERAHO ?
le témoin 99 : Ntabyo nibuka, ibyo nibuka n’Interahamwe
yari yaduteye.
L’Interprète : Ca, je
ne m’en souviens pas, mais je me souviens très bien qu’il s’agissait d’Interahamwe
qui venaient de Ngoma et qui nous avaient attaquées.
Le Président : Lorsque vous
êtes revenue de Ngoma au couvent de Sovu, avez-vous parlé avec sœur Bénédicte,
sœur Scholastique et sœur Fortunata qui étaient restées au couvent ?
L’Interprète : Muva
i Ngoma, mugarutse i Sovu, waba waraganiriye na sœur Scholastique na Bénédicte
na Fortunata, bari basigaye mu kigo cy’i Sovu ?
le témoin 99 : Twaravuganye.
L’Interprète : Oui,
nous leur avons parlé.
Le Président : Qu’est-ce
qu’elles vous ont dit qui s’était passé, durant votre absence ?
L’Interprète : Bagutekerereje
ko ibyabaye ari ibiki, igihe mutari muhari ?
le témoin 99 : Bambwiye ko REKERAHO, igihe tutari
duhari yahageze,
L’Interprète : Pendant
notre absence, elles m’ont dit que REKERAHO était venu au couvent,
le témoin 99 : Akirirwa yandika abantu bari bahahungiye.
L’Interprète : Et qu’il
a passé toute la journée à dresser la liste des gens qui y avaient trouvé refuge.
Le Président : Le lendemain
du retour à Sovu, le 25 avril,
L’Interprète : Mugarutse
i Sovu, ku itariki ya 25,
Le Président : Y a-t-il
eu une réunion, dans une salle du monastère ?
L’Interprète : Hari
inama yabereye muri salle ya monastère ?
le témoin 99 : Yarahabereye.
L’Interprète : Oui,
il y en a eu une.
Le Président : REKERAHO était-il
présent ?
L’Interprète : REKERAHO
yari ahari ?
le témoin 99 : Yari ahari, yari ku muryango,
sinigeze mubona.
L’Interprète : Il était
là, il était à l’entrée, à la porte, mais je ne l’ai pas vu.
Le Président : Sœur Gertrude
a-t-elle pris la parole ?
L’Interprète : Hari
ijambo sœur Gertrude yavuze ?
le témoin 99 : Yararivuze.
L’Interprète : Oui,
elle a pris la parole.
Le Président : Qu’a-t-elle
dit ?
L’Interprète : Yavuze
iki ?
le témoin 99 : Yatubwiye ko REKERAHO amubwiye
ko,
L’Interprète : Elle
nous a dit que REKERAHO lui a dit que,
le témoin 99 : Abantu bari bahari bari bahahungiye,
L’Interprète : Les gens
qui avaient trouvé refuge,
le témoin 99 : Bahava bakajya mu makomine yabo,
n’ahandi hose ariko hatari muri couvent.
L’Interprète : Devaient
retourner dans leurs communes respectives mais pas au couvent,
le témoin 99 : Nta muntu mbese ugomba kuhasigara,
hagomba gusigara ababikira bonyine.
L’Interprète : Que personne
d’autre à part les sœurs ne devait plus rester au couvent.
Le Président : Sœur Gertrude
a-t-elle laissé le choix aux personnes qui étaient réfugiées dans le couvent
de partir ou de ne pas partir ?
L’Interprète : Hari
ubwo sœur Gertrude yatumye abantu batoranya, muri abo ngabo basigaye mu kigo,
niba bashobora kugenda cyangwa gusigara ?
le témoin 99 : Ntabwo numvise neza ikibazo.
L’Interprète : Niba
sœur Gertrude yaba yaratumye abantu bitoranyiriza icyo bashaka : ari ukugenda
cyangwa bagasigara muri couvent ?
le témoin 99 : Ntabyo nibuka, icyo nibuka ni
uko abantu bahise basohoka.
L’Interprète : Je ne
m’en souviens pas. La seule chose que je sais, dont je me souviens, c’est que
les gens sont sortis immédiatement.
Le Président : Elle ne se
souvient pas que sœur Gertrude aurait laissé le choix aux réfugiés de rester
ou de partir mais tout en signalant que s’ils partaient, les sœurs seraient
sauvées ?
L’Interprète : Ntabwo
wibuka niba sœur Gertrude yararetse impunzi zigatoranya, ari ugusigara cyangwa
kugenda, kandi akavuga ko niba impunzi zigiye, ababikira barokoka ?
le témoin 99 : Oui, ibyo nibuka nibyo yavuze,
nuko yavuze ko impunzi… yavuze amabwiriza REKERAHO amuhaye, avuga…
L’Interprète : Ce qu’elle
disait, en fait, c’étaient les ordres que lui donnait REKERAHO,
le témoin 99 : Avuga ko abatari ababikira bagenda,
bakareba ahandi… bakajya mu makomine yabo,
L’Interprète : Que ceux
qui n’étaient pas religieux devaient retourner à leurs communes respectives,
le témoin 99 : Hagasigara ababikira, nabo baruhuka ko atabyizeye.
L’Interprète : Et que
seules les sœurs pouvaient rester, mais il n’était pas non plus sûr qu’elles
allaient être sauvées.
Le Président : Des réfugiés
ont-ils dit qu’ils préféraient alors mourir eux-mêmes, sans faire mourir les
autres, c’est-à-dire sans faire mourir les sœurs ?
L’Interprète : Impunzi
zaba zaravuze ko zihisemo kugirango zipfe aho kugirango zicishe abandi bantu,
ni ukuvuga ababikira ?
le témoin 99 : Ntabwo mbyibuka.
L’Interprète : Je ne
m’en souviens pas.
Le Président : Le 25 avril,
tous les réfugiés ne sont pas partis ?
L’Interprète : Ku itariki
ya 25 z’ukwezi kwa kane, ntabwo impunzi zose zagiye ?
le témoin 99 : Barasohotse bajya hanze,
L’Interprète : Ils sont
sortis,
le témoin 99 : Hanyuma familles z’ababikira twabanaga
zirasigara.
L’Interprète : Mais
seules les familles des sœurs de notre couvent sont restées.
Le Président : Pourquoi ceux-là
ont-ils pu rester ?
L’Interprète : Kuki
bo bashoboye gusigara ?
le témoin 99 : Ntabwo babatwaye.
L’Interprète : Ils n’ont
pas été pris.
Le Président : Pourquoi n’ont-ils
pas été pris ?
L’Interprète : Kuki
batafashwe ?
le témoin 99 : Ntabwo nari mpari hanze basohoka,
njye narindi mu nzu,
L’Interprète : J’étais
à l’intérieur lorsqu’ils sont sortis,
le témoin 99 : Ariko nabwiwe n’ababikira bari
bafite familles ko REKERAHO yabaretse.
L’Interprète : Mais
les sœurs qui avaient leur famille là m’ont dit que REKERAHO les avait laissées.
Le Président : Entre le 25
avril et le 6 mai 1994, le jour où le bourgmestre va venir au couvent,
L’Interprète : Hagati
y’itariki 25 n’itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu, igihe bourgmestre yazaga mu
kigo,
Le Président : REKERAHO,
est-il encore venu au couvent ?
L’Interprète : REKERAHO
yongeye kuva mu kigo ?
le témoin 99 : Hagati aho yajyaga aza.
L’Interprète : Entre-temps,
oui, il venait.
Le Président : Qu’est-ce
qu’il venait faire ?
L’Interprète : Yazaga
gukora iki ?
le témoin 99 : Yazaga gushaka impunzi zari zihari.
L’Interprète : Il venait
justement chercher les réfugiés qui y étaient encore.
Le Président : Donc, les
familles des sœurs, alors ?
L’Interprète : Ya miryango
y’ababikira rero ?
le témoin 99 : Hari imiryango y’ababikira n’abandi
bake bari baragiye basigaramo ntibuka neza abo aribo.
L’Interprète : Il y
avait les familles des sœurs et quelques réfugiés qui y étaient encore, mais
je ne me souviens pas exactement de qui il s’agit.
Le Président : Et quand REKERAHO
venait, est-ce qu’il y avait aussi, autour du couvent, entre le 25 avril et
le 6 mai… est-ce qu’il y avait des Interahamwe, autour du couvent ?
L’Interprète : Muri
icyo gihe REKERAHO yazaga, hagati ya 25 mu kwezi kwa kane n’itariki ya 6 y’ukwezi
kwa gatanu, hari izindi Nterahamwe zari zigose ikigo ?
le témoin 99 : Twajyaga twumva zisakuriza hanze,
zihita zijya kwa Gaspari.
L’Interprète : On les
entendait crier et chahuter en se rendant chez Gaspard.
Le Président : Le 6 mai,
le bourgmestre est venu. Savez-vous qui avait demandé au bourgmestre de venir ?
L’Interprète : Ku itariki
ya 6 y’ukwezi kwa gatanu bourgmestre yaraje. Ushobora kuba uzi uwari wasabye
ko aza ?
le témoin 99 : Ntabwo mbizi.
L’Interprète : Non.
Le Président : Le 6 mai,
quelqu’un a-t-il fouillé le couvent ?
L’Interprète : Hari
umuntu waba warasatse ikigo ku itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu ?
le témoin 99 : Ntawe nzi.
L’Interprète : Non,
je ne connais personne.
Le Président : Il n’y a pas
un policier communal qui a fouillé les bâtiments ?
L’Interprète : Nta
mupolisi wo muri komine waba waraje gusaka ikigo ?
le témoin 99 : Ku itariki 5 ?
L’Interprète : 6 z’ukwezi
kwa gatanu.
le témoin 99 : Kuli 6 niho nibuka batwaye impunzi
nyine, za familles zari zihari.
L’Interprète : Je me
souviens du fait que c’est le 6 qu’on est venu emmener, prendre les familles
des sœurs qui étaient encore là.
le témoin 99 : Nyuma nibwo umupolisi nahuye nawe
yinjiye mu muryango, numvise abaza niba nta muntu usigayemo.
L’Interprète : C’est
après que j’ai croisé le policier qui passait partout, en demandant s’il n’y
avait plus personne au sein du couvent.
Le Président : Et ce policier
était tout seul, ou bien il était accompagné d’une religieuse ?
L’Interprète : Uwo mupolisi
yari wenyine, cyangwa yari aherekejwe n’umubikira ?
le témoin 99 : Yari wenyine ko namusanze ku muryango
familles zageze hanze. Ziri ku modoka.
L’Interprète : Il était
tout seul parce que, quand je l’ai croisé à la porte, les familles étaient déjà
à bord du véhicule, à l’extérieur.
Le Président : Sœur Kizito,
pendant les événements, sortait-elle du couvent ?
L’Interprète : Mu ntambara,
sœur Kizito yavaga mu kigo agasohoka ?
le témoin 99 : Icyo nibuka ni uko iyo bahamagaraga
ku nzogera,
L’Interprète : Ce dont
je me souviens, c’est que lorsqu’on sonnait à la porte,
le témoin 99 : Mère supérieure niwe wajya kwitaba
uwasonye ariko na Kizito kenshi bakajyana.
L’Interprète : La sœur
supérieure allait répondre à ceux qui sonnaient mais, le plus souvent, elle
était avec sœur Kizito.
Le Président : Savez-vous
pourquoi, le plus souvent, sœur Kizito accompagnait sœur Gertrude ?
L’Interprète : Uzi igituma
kenshi sœur Kizito yaherekezaga sœur Gertrude ?
le témoin 99 : Nkeka ko abanyesovu baduteraga
yari abazi kuko ariho yavukaga.
L’Interprète : Je crois
que c’est parce que ceux qui nous attaquaient… les gens de Sovu qui nous attaquaient…
elle les connaissait parce qu’elle était originaire de là.
Le Président : Après le 6
mai, quand on est venu chercher les membres des familles des sœurs, y a-t-il
encore eu des visites de REKERAHO ou des Interahamwe, autour du couvent ?
L’Interprète : Inyuma
y’itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu, bamaze gutwara imiryango y’ababikira, REKERAHO
hari ubwo yagarutse mu kigo, cyangwa Interahamwe zari zigikuba ikigo na none ?
le témoin 99 : Numvise ko bambwira ko bagarutse
baza gushaka ibintu by’impunzi zari zapfuye, bagirango babitware.
L’Interprète : Il m’a
été rapporté qu’ils étaient revenus chercher les effets des réfugiés qui avaient
été tués, pour pouvoir se les approprier.
Le Président : Ils ont réussi
à s’approprier les effets des réfugiés ?
L’Interprète : Bashoboye
gufata ibyo bintu by’impunzi zari zapfuye ?
le témoin 99 : Nk’inka z’uwitwaga Cyrille, inka
ze zari muri ferme yacu, barazitwaye.
L’Interprète : Par exemple,
un certain Monsieur Cyrille qui avait ses vaches dans notre ferme, ses vaches
ont été prises par ces gens-là.
Le Président : Savez-vous
ce que sont devenues les motos des réfugiés ?
L’Interprète : Uzi icyaba
cyarabaye ku mapikipiki y’izo mpunzi ?
le témoin 99 : Ntacyo mbiziho ko ntigeze mbona
babitwara, ibyo.
L’Interprète : Je n’en
sais rien, parce que je n’ai pas assisté à la prise de ces motos.
Le Président : Y a-t-il des
questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?
Me. JASPIS : Monsieur le
président, dans sa déclaration du 22 décembre 1995, en page 5, le témoin a déclaré
que le 25 avril : « Les miliciens sont donc venus
de nouveau dans la matinée de cette journée, ils sont entrés à l’intérieur du
monastère. Ils ont fouillé partout, y compris dans les faux plafonds ».
Est-ce que le témoin peut nous dire s’ils ont trouvé quelqu’un qui se cachait
dans les faux plafonds ? Je pense plus précisément à un jeune homme de
sa connaissance.
Le Président : Le 25 avril,
quelqu’un a-t-il été trouvé caché dans les faux plafonds ?
L’Interprète : Hari
umuntu baba barasanze mu idari ahihishe ku itariki ya 25 y’ukwezi kwa kane ?
le témoin 99 : Hari abantu bari muri plafond,
nigeze kujya ngaburira,
L’Interprète : Il y
avait des gens qui se trouvaient dans les faux plafonds et auxquels je donnais
à manger,
le témoin 99 : Sœur Domitilla niwe wajyaga antumiriza
ibyo kunwa byabo.
L’Interprète : Et sœur
Domitille me prêtait main forte en m’apportant à boire,
le témoin 99 : Hanyuma, nyuma y’isaka ry’abasirikare
n’abapolisi baje mu nzu,
L’Interprète : Et, après
la fouille des militaires et des policiers qui étaient venus dans le couvent,
le témoin 99 : Nayobewe iherezo ry’abo bantu
kuko nasubiye kubagaburira, ndababura.
L’Interprète : Je n’ai
jamais su ce qui était arrivé à ces gens-là, parce que je suis allée leur donner
à manger, mais je ne les ai pas retrouvés.
Le Président : Est-ce qu’il
y avait quelqu’un que vous connaissiez bien dans ces personnes auxquelles vous
donniez à manger ?
L’Interprète : Hari
umuntu wari uzi neza muri abo ngabo wagaburiraga ?
le témoin 99 : Uwo nahamagaraga n’uwitwaga Yohani
kuko yari yambwiye izina rye, niwe wazaga ku muryango wa plafond, nkongera nkamuhereza
isachet y’ibiryo.
L’Interprète : Celui
à qui je remettais le sachet contenant le manger s’appelait Jean, parce que
c’est comme ça qu’il m’avait dit qu’il s’appelait, c’est à lui que je donnais
à manger et à boire.
Le Président : Une autre
question. Oui ?
Me. JASPIS : Bien que je
ne me fasse guère d’illusion, le témoin peut-il confirmer, comme nous l’a dit
un autre témoin, que c’est sur ordre de sœur Gertrude que ce jeune homme a été
repéré et emmené ce jour-là ?
Le Président : Avez-vous
entendu que sœur Gertrude donnait un ordre pour que ce jeune homme à qui vous
aviez donné à manger soit emmené ?
L’Interprète : Waba
warumvise niba ari sœur Gertrude waba waratanze itegeko yuko uwo musore wagaburiraga
baza bakamutwara.
le témoin 99 : Ntabwo nabyumvise kandi nta nubwo
nabihagazeho abantu bavamo.
L’Interprète : Je ne l’ai
pas entendu… je n’ai pas assisté au départ de ces gens-là du faux plafond.
Le Président : Une autre
question ? Maître VERGAUWEN ?
Me. VERGAUWEN : Je vous remercie,
Monsieur le président. Une seule question : pourriez-vous demander au témoin
ce qu’il en était des relations entre sœur Gertrude et sœur Scholastique, avant
les faits de 1994 ?
Le Président : Avant les
événements d’avril et mai 1994, comment étaient les relations entre sœur Gertrude
et sœur Scholastique ?
L’Interprète : Mbere
y’ibyabaye mu kwezi kwa kane 94, sœur Gertrude na sœur Scholastique babanaga
bate ?
le témoin 99 : Ntabwo mbizi neza cyane kubera
ko nari umunyeshuli icyo gihe.
L’Interprète : Je ne
sais pas très bien quelles étaient leurs relations, parce que j’étais élève
à ce moment-là,
le témoin 99 : Nazaga nje muri vacances, icyo
nibuka ni uko nzi ko yari umuconseillère we, yari parmi les conseillères be.
L’Interprète : Si je
venais en vacances, ce dont je me souviens, c’est que sœur Scholastique était
conseillère de sœur Gertrude.
Le Président : Une autre
question. Maître WAHIS ?
Me. WAHIS : Merci, Monsieur
le président. Est-ce qu’à un moment donné, les miliciens auraient appelé sœur
Kizito à sortir du couvent et à retourner sur sa colline ?
Le Président : Avez-vous
vu, entendu ou su qu’à un moment, les miliciens auraient appelé sœur Kizito
en les invitant, en l’invitant, pardon, à rejoindre sa colline ?
L’Interprète : Hari
ubwo waba warumvise cyangwa warabonye cyangwa warabihagazeho, igihe ba miliciens
baba barahamagaye sœur Kizito, bamusaba kuza ku gasozi k’iwabo ?
le témoin 99 : Sœur Kizito niwe wambwiye ko bashakaga
kumutwara, kubera ko bavugaga ko ababikira bose ari Inkotanyi,
L’Interprète : C’est
sœur Kizito qui m’a dit elle-même qu’ils voulaient la prendre, parce qu’on disait
que toutes les sœurs étaient des Inkotanyi,
le témoin 99 : Bavuga mbese ko atagomba kwivanga
n’abo bantu b’Inkotanyi zarwanyaga igihugu, ariko inema yanze kujyayo.
L’Interprète : Et qui
lui disaient de ne pas se mêler à ces gens-là, ces Inkotanyi qui combattaient
le pays, mais elle n’a pas voulu, elle a refusé de les suivre.
Le Président : Et qu’est-ce
qu’elle a dit ?
L’Interprète : Yavuze
ngwiki ?
le témoin 99 : Yambwiye ko adashobora kudusiga.
L’Interprète : Elle
m’a dit qu’elle ne pouvait pas nous laisser seules.
Le Président : Une autre
question ?
Me. WAHIS : Oui, Monsieur
le président. Est-ce que le témoin pourrait nous donner quelques précisions
quant au fait de savoir si le personnel du couvent était en majorité Tutsi ?
Le Président : Savez-vous
si le personnel qui travaillait au couvent était en majorité Tutsi ?
L’Interprète : Uzi neza
niba abakozi, abakoraga mu kigo cy’ababikira, abenshi bari abatutsi ?
le témoin 99 : Ni ibyukuri, kubera abenshi barishwe.
L’Interprète : C’est
juste, parce que la plupart sont morts, ils ont été tués.
Le Président : Une autre
question ?
Me. WAHIS : Le témoin pourrait-il
nous donner des précisions quant à l’arrestation de Gérard KABILIGI et des suites
de cette arrestation ?
Le Président : Savez-vous
si Gérard KABILIGI a été arrêté ?
L’Interprète : Uzi niba
Gérard KABILIGI baramufashe ?
le témoin 99 : Bamukuye muri potager, niho yari
yihishe.
L’Interprète : On l’a
trouvé caché dans le potager,
le témoin 99 : Atwarwa n’Interahamwe zahiraga
ubwatsi bw’inka.
L’Interprète : Et ce
sont les Interahamwe qui coupaient l’herbe qu’on donnait aux vaches qui l’ont
pris.
le témoin 99 : Ntawe uzi aho bamujyanye, ntawe
uzi aho bamwiciye.
L’Interprète : Personne
ne sait où ils l’ont conduit et où ils l’ont tué.
Le Président : Vous ne savez
pas ce qu’il est devenu ?
L’Interprète : Ntabwo
uzi uko byamugendeye ?
le témoin 99 : Ntawe uzi iherezo rye ko namubonye,
mubonera mu nzu, mu kirahure, bamutwaye mu maboko, bamukuye kuri iyo potager,
kuri uwo murima.
L’Interprète : Personne ne
connaît sa fin parce que… la dernière fois que je l’ai aperçu, c’était de la
fenêtre, au moment où on le prenait du potager et on l’amenait.
Le Président : C’était quel
jour ?
L’Interprète : Hari
ku wuhe munsi ?
le témoin 99 : Umunsi sinwibuka ariko hari nyuma
y’itariki ya 25.
L’Interprète : Je sais
que c’est après le 25… mais le jour, je ne m’en souviens pas très bien.
Le Président : Après le 25 ?
le témoin 99 : Oui.
Le Président : Une autre
question. Maître NKUBANYI ?
Me. NKUBANYI : Merci, Monsieur
le président. En date du 25 avril 1994, est-ce que le témoin aurait vu des scènes
de panique parmi les réfugiés et, spécialement, parmi les enfants qui s’accrochaient
à la mère supérieure pour implorer son pardon ?
Le Président : Auriez-vous
vu des scènes particulières d’enfants qui s’accrochaient à sœur Gertrude, le
25 avril ?
L’Interprète : Waba
warabonye ibyo abana bakoraga, igihe birukankaga bafata amakanzu ya sœur Gertrude ?
le témoin 99 : Ntabwo nigeze njya hanze njyewe,
icyo gihe.
L’Interprète : Je n’étais
pas dehors à ce moment.
Me. NKUBANYI : Une autre
question, Monsieur le président. Est-ce que le témoin a vu la scène de fusillade
de quelques parents des sœurs, devant le couvent ?
Le Président : Avez-vous
une scène de fusillade de parents de religieuses, devant ou dans le couvent ?
L’Interprète : Waba
warabonye ababyeyi b’ababikira bicwa, babarasira imbere y’ikigo cyangwa mu kigo ?
Le Président : Le 6 mai,
hein, ça.
L’Interprète : Ku itariki
ya 6 y’ukwezi kwa gatanu ?
le témoin 99 : Ababyeyi biciwe mu rutoke ariko
ntabwo nigeze mbareba, ariko biciwe mu murima wacu.
L’Interprète : Les membres
des familles ont été tués dans notre bananeraie. Donc, la bananeraie du couvent.
Le Président : Par qui ?
L’Interprète : Ni bande
babishe ?
le témoin 99 : Interahamwe kuko zari zagose urugo. Zimwe zari inyuma y’urugo.
L’Interprète : Ce sont
les Interahamwe parce qu’ils avaient encerclé le couvent, les autres se trouvaient
à l’extérieur.
Le Président : Il n’y a pas
un policier qui a fusillé des personnes ?
L’Interprète : Nta mupolisi
waba yabarashe ?
le témoin 99 : Numvise bivugwa ko uwitwaga Saveri
nawe ashobora kuba ari mu babishe.
L’Interprète : J’ai
entendu dire qu’un certain Saveri faisait partie de ceux qui les ont fusillés.
Me. NKUBANYI : Dernière question,
Monsieur le président. Est-ce que le témoin a vu ou a entendu parler de deux
jeunes filles, non religieuses, à qui le bourgmestre voulait donner des voiles,
pour les sauver ?
Le Président : Avez-vous
entendu parler de jeunes filles auxquelles on aurait pu remettre des voiles
pour les sauver ?
L’Interprète : Waba
warumvise abakobwa babiri bourgmestre yari yasabye ko baha, babambika ivala
kugirango bashobore kurokoka ?
le témoin 99 : Ntabo nzi.
L’Interprète : Je ne
les connais pas.
Le Président : D’autres questions ?
Maître VANDERBECK.
Me. VANDERBECK : Je vous
remercie, Monsieur le président. Est-ce que le témoin, au cours des événements
d’avril, mai et juin 1994, discutait souvent avec sœur Kizito de ce qui se passait
et ce qu’elle aurait vu ?
Le Président : Avez-vous,
au cours des événements d’avril et mai 1994, eu de nombreuses conversations
avec sœur Kizito ?
L’Interprète : Waba
waraganiriye mu kwezi kwa kane n’ukwezi kwa gatanu, mu gihe cy’intambara, waba
waraganiriye kenshi na sœur Kizito ?
le témoin 99 : Twaganiraga nkuko bisanzwe muri
communauté. Ko ubundi bibujijwe, tuvugana muri récréation, kimwe nkuko ushobora
gushaka umuntu ufite ikibazo umufiteho.
L’Interprète : Nous
causions comme d’habitude, comme cela se passe dans la communauté, et il nous
était d’ailleurs interdit de converser sauf pendant la récréation - récréation
pendant laquelle on peut chercher quelqu’un à qui parler.
Le Président : Et comment
est-ce que sœur Kizito, dans ces conversations-là, vivait les événements ?
L’Interprète : Sœur
Kizito muganira ibyo ngibyo yarameze ate, nyine icyo gihe cy’intambara ?
le témoin 99 : Nabonaga ahangayitse, ahangayitswe
n’abicwa.
L’Interprète : Je la
voyais très soucieuse, surtout au sujet de ceux qu’on massacrait.
Le Président : D’autres questions ?
Non Identifié : Où se
trouve le potager ?
L’Interprète : Iyo potager
iri ahaganahe ?
le témoin 99 : Iri ahagana imbere y’igikoni,
ya cuisine y’ababikira.
L’Interprète : Il se
trouve en face, tout près de la cuisine des sœurs.
Non Identifié : A l’intérieur
du monastère ?
le témoin 99 : Yego imbere ariko, hirya gati
nka metero nka 5, tuye kuri cuisine cyangwa aho bakora lessive.
L’Interprète : Oui,
à l’intérieur, mais à peu près à 5 m un peu plus loin que la cuisine, juste
à l’endroit où on fait la lessive, la buanderie peut-être.
Non Identifié : Il y
avait des Interahamwe qui étaient près du potager ? Les Interahamwes sont
allés jusque dans le potager du monastère ?
L’Interprète : Interahamwe
zaragiye zigera muri potager y’ikigo ?
le témoin 99 : Abahageraga n’abahiraga ubwatsi
bw’inka. Ariko nabo umuntu yasanze harimo bari mu bantu bica, umuntu atari abizi.
L’Interprète : Ceux
qui s’y rendaient sont ceux dont j’ai parlé, qui coupaient l’herbe pour les
vaches, mais on a découvert plus tard qu’ils faisaient partie des tueurs.
Le Président : Maître VANDERBECK ?
Me. VANDERBECK : Une dernière
question, Monsieur le président, je vous remercie. Est-ce que le témoin peut
nous dire si, de l’hôtellerie, on pouvoir voir les champs, les bananeraies du
couvent ?
Le Président : Depuis l’hôtellerie,
était-il possible d’apercevoir les bananeraies, du couvent ?
L’Interprète : Uri muri
hôtellerie, washoboraga kubona intoki z’ikigo ?
le témoin 99 : Ubona igice kimwe.
L’Interprète : On en
voit une seule partie.
Le Président : Et, depuis
les chambres des religieuses, est-il possible de voir les bananeraies ?
L’Interprète : Kuva
mu byumba by’ababikira, birashoboka kubona intoki ?
le témoin 99 : Yego, ubona urundi ruhande.
L’Interprète : Oui,
de là, on voit l’autre côté.
Le Président : Une autre
question ? Plus de questions ? Les parties sont d’accord pour que
le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous vos déclarations d’aujourd’hui ?
Persistez-vous dans ces déclarations ?
L’Interprète : Uremeza
kandi urahamya ibyo umaze kuvuga uyu munsi ?
le témoin 99 : Ndabyemeza.
L’Interprète : Je les
confirme.
Le Président : La Cour vous
remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps, tout en
restant à la disposition de la Cour pour assurer votre retour au Rwanda.
L’Interprète : Urukiko
ruragushimiye kandi rugusabye ko ushobora gukora icyo ushaka, ariko ukaguma
mu maboko yabo kugeza igihe ruzagufashiriza gusubira mu Rwanda.
le témoin 99 : Murakoze.
L’Interprète : Merci
aussi. |