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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 99
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.23. Audition des témoins: le témoin 99

Le Président : Madame le témoin 99 ? Vous souhaitez un interprète, Madame ?

le témoin 99 : Oui.

Le Président : Un interprète ? Voulez-vous bien demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe yombi ?

le témoin 99 : Nitwa le témoin 99.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 99 : 38.

L’Interprète : 38 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

L’Interprète : Ukora iki ?

le témoin 99 : Ndi uwihaye Imana.

L’Interprète : Je suis religieuse.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ?

L’Interprète : Utuye mu yihe komine ?

le témoin 99 : 

L’Interprète : La commune de Huye.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Mu baregwa hari abo wari uzi mbere y’ukwezi kwa kane 94 ?

le témoin 99 : Abo nzi ni ababikira babiri.

L’Interprète : Je connais les deux sœurs.

Le Président : Etes-vous de la famille des accusés ou des personnes qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Hari icyo upfana n’abarega cyanga n’abaregera indishyi ?

le témoin 99 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Travaillez-vous sous un lien de contrat d’emploi pour les accusés ou ceux qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Waba ukorera abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?

le témoin 99 : Nta numwe nkorera.

L’Interprète : Je ne travaille pour personne.

Le Président : Voulez-vous bien lever la main droite et prêter le serment de témoin ?

L’Interprète : Akaboko k’iburyo, ushobora kukazamura ugasoma ibyanditse ?

le témoin 99 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous pouvez, tous les deux, vous asseoir. Madame, depuis combien de temps… depuis quand étiez-vous à la communauté de Sovu ?

L’Interprète : Wari mu kibikira cy’i Sovu kuva ryali ?

le témoin 99 : 85.

L’Interprète : Depuis 1985.

Le Président : En avril 1994, exerciez-vous des fonctions particulières au sein de cette communauté ?

L’Interprète : Hari ibintu warushinzwe byihariwe muri iyo communauté ya Sovu, mu kwezi kwa kane 94 ?

le témoin 99 : Nakoraga muri atelier ya biscuits.

L’Interprète : Je travaillais dans l’atelier des biscuits.

Le Président : Des hosties, je crois.

le témoin 99 : Non, biscuiterie.

Le Président : Biscuiterie ?

L’Interprète : Oui.

Le Président : Il avait peut-être deux ateliers. Il y a deux ateliers, un pour les hosties, un pour les biscuits ?

le témoin 99 : Hmm…

L’Interprète : Oui.

Le Président : Certains membres de votre famille se trouvaient-ils au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Abantu bamwe mu muryango wawe bagiye mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?

le témoin 99 : Ntabari bahari.

L’Interprète : Non, il n’y en avait pas.

Le Président : Il n’y en avait pas.

L’Interprète : Non.

Le Président : Vous souvenez-vous que le 18 avril 1994, alors qu’il commençait à y avoir beaucoup de réfugiés au couvent, sœur Gertrude serait partie à Butare ?

L’Interprète : Uribuka niba ku itariki 18 z’ukwezi kwa kane 94, igihe impunzi zari zimaze kuba nyinshi mu kigo cy’ababikira, niba sœur Gertruda yaragiye i Butare ?

le témoin 99 : Ntabwo mbyibuka.

L’Interprète : Je ne m’en souviens pas.

Le Président : Vous ne vous souvenez pas qu’elle serait partie avec sœur Stéphanie et des personnes, deux hommes qui étaient en session, en séminaire, au couvent ?

L’Interprète : Ntabwo wibuka niba yarajyanye na sœur Stéphanie n’abantu babili bari bifungiye aho ngaho ? Cyangwa bari muri séminaire mu kigo cy’ababikira b’i Sovu ?

le témoin 99 : Ntacyo mbyibukaho.

L’Interprète : Je ne m’en souviens pas du tout.

Le Président : Savez-vous pourquoi les réfugiés ont été placés au centre de santé plutôt que dans le couvent ?

L’Interprète : Uzi impamvu yatumye impunzi bazikoranyiriza muri centre de santé aho kugirango babakoranyirize mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 99 : Impamvu, ntacyo nzi kubera ko ntari nshinzwe iby’abashyitsi.

L’Interprète : Je n’en connais pas la raison parce que je n’étais pas responsable des hôtes.

Le Président : Savez-vous si, au centre de santé, les réfugiés ont reçu à manger ?

L’Interprète : Uzi niba muri centre de santé impunzi zaragaburiwe ?

le témoin 99 : No muri centre de santé ntabwo nahagezemo.

L’Interprète : Je n’ai pas… je ne suis pas allée, je ne me suis pas rendue au centre de santé.

Le Président : Il y avait une autre sœur Fortunata ?

L’Interprète : Hari undi mubikira witwa Fortunata ?

le témoin 99 : Twari tumufite ariko yitabye Imana.

L’Interprète : Il y en avait une, mais elle est décédée.

Le Président : Pardon, sœur Fortunata… oui, c’est Liberata, c’est juste. Il y avait une sœur Fortunata ?

le témoin 99 : Hmm.

L’Interprète : Il y en avait une, mais elle est décédée.

Le Président : Est-ce que sœur Fortunata s’occupait du centre de santé ?

L’Interprète : Sœur Fortunata niwe wari ushinzwe iyo centre de santé ?

le témoin 99 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Non ? Est-ce qu’elle s’occupait, éventuellement, de la distribution de nourriture ?

L’Interprète : Niwe warushinze kugabura ibiribwa ?

le témoin 99 : Yafashaga abakene bazaga gusaba iwacu.

L’Interprète : Elle aidait les pauvres qui venaient mendier chez nous.

Le Président : Connaissez-vous Emmanuel REKERAHO ?

L’Interprète : Emmanuel REKERAHO uramuzi ?

le témoin 99 : Muzi aje kuduhungisha, aza i Sovu.

L’Interprète : Je l’ai connu lorsqu’il est venu, à Sovu, nous aider à nous enfuir.

Le Président : Vous ne l’aviez jamais vu, avant ?

L’Interprète : Ntabwo wari waramubonye mbere ?

le témoin 99 : Mbere yarazaga ariko sinigeze mbasha kumubona mu maso yanjye.

L’Interprète : Avant, il venait mais je ne l’avais jamais vu de mes propres yeux.

Le Président : Comment se fait-il que vous ayez expliqué, alors, que le 22 avril, il avait reçu l’ambulance du monastère ou l’ambulance du centre de santé ?

L’Interprète : Ubu se ugashobora kuba wasobanura ute ko wavuze ko, ku itariki ya 22 y’ukwezi kwa kane, baba baramuhaye ambulance ya centre de santé ?

le témoin 99 : Numvise bivugwa kandi imodoka nayumvise igenda.

L’Interprète : Je l’ai entendu dire et puis, j’ai entendu le véhicule démarrer.

Le Président : C’était le jour où on a tué beaucoup au centre de santé ?

le témoin 99 : Hmm.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Le 22 avril ?

le témoin 99 : Hmm.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Vous ne vous souvenez pas que vous avez déclaré que vous aviez vu sœur Gertrude et sœur Kizito qui avaient quitté l’hôtellerie, et qui étaient descendues ouvrir les portes du garage, pour remettre le véhicule à REKERAHO ?

L’Interprète : Ntabwo wibuka ko waba waravuze ko wabonye sœur Gertrude na sœur Kizito bamanutse bakajya gufungura igaraji ya centre de santé, hanyuma bagaha  REKERAHO iyo modoka ?

le témoin 99 : Ubundi yaraje aba aribo ashaka,

L’Interprète : Il est venu et il demandait après elle,

le témoin 99 : Kubera ko yari umusuperieure niwe yagombaga kubaza imodoka kugirango abashe kuyimuha.

L’Interprète : Et, comme c’est à la supérieure qu’il devait s’adresser, c’est ce qu’il a fait pour qu’elle puisse lui remettre le véhicule.

Le Président : Ce 22 avril, lorsqu’il y a eu beaucoup de tués au centre de santé, sœur Gertrude a-t-elle annoncé que les sœurs allaient aussi mourir ?

L’Interprète : Kuri uwo munsi wa 22 z’ukwezi kwa kane, igihe abantu benshi bicirwa muri iyo centre de santé, harubwo sœur Gertrude yavuze ko ababikira nabo bagiye gupfa ?

le témoin 99 : Yarabitubwiye nijoro.

L’Interprète : Elle nous l’a dit, la nuit.

Le Président : Le lendemain matin, le 23 avril, avez-vous quitté le couvent avec d’autres religieuses pour vous rendre à la paroisse de Ngoma ?

L’Interprète : Bukeye bwaho ku itariki 23 y’ukwezi kwa kane, hari ubwo mwavuye mu kigo cy’ababikira mujanye n’abandi, mugiye muri paroisse ya Ngoma ?

le témoin 99 : Twaragiye.

L’Interprète : Oui, nous sommes parties.

Le Président : Etes-vous partie dans le premier ou dans le deuxième groupe ?

L’Interprète : Wagiye mu gice cya mbere cyangwa mu gice cya kabiri ?

le témoin 99 : Nagiye muri groupe ya kabiri.

L’Interprète : Je suis partie dans le deuxième groupe.

Le Président : C’est le bourgmestre, alors, qui est venu vous chercher au couvent pour vous amener à Ngoma ?

le témoin 99 : Niwe.

L’Interprète : Oui, c’est lui.

Le Président : Etait-il question que d’autres personnes que des religieuses quittent le couvent, pour se rendre à Ngoma ?

L’Interprète : Usibye ababikira gusa, hari abandi bantu bashoboraga kuva mu kigo bagiye i Ngoma, nabo ?

le témoin 99 : Ntabo, yaje avuga ko atwara ababikira gusa.

L’Interprète : Non, personne d’autre parce que, quand il est venu, il disait qu’il n’allait prendre que les religieuses, seulement.

Le Président : C’est le bourgmestre qui a précisé qu’il ne prenait que les religieuses ?

L’Interprète : Ni bourgmestre wavuze ko azafata ababikira gusa ?

le témoin 99 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : A Ngoma, la situation était-elle calme ?

L’Interprète : I Ngoma ibintu byari bimeze bite ?

le témoin 99 : Hari ubwicanyi nkubwo twari dusize i Sovu.

L’Interprète : Il y avait des massacres comme ceux qu’on laissait derrière nous, à Sovu.

Le Président : Sœur Gertrude est-elle intervenue pour que les religieuses soient laissées tranquilles, à Ngoma ?

L’Interprète : Mugeze i Ngoma harubwo sœur Gertrude yagize icyo akora kugirango babahe amahoro ?

le témoin 99 : Yatelefonnye kuri brigade,

L’Interprète : Elle a téléphoné à la brigade,

le témoin 99 : Muri iryo joro nyine kugirango baturindize,

L’Interprète : Kugirango ?

le témoin 99 : Abaturinda.

L’Interprète : Cette nuit-là même, pour qu’on nous envoie les gens qui pouvaient nous garder.

Le Président : Sœur Gertrude n’a-t-elle pas aussi donné de l’argent aux miliciens ?

L’Interprète : Ntabwo sœur Gertrude yahaye abamiliciens amafaranga ?

le témoin 99 : Yarayatanze.

L’Interprète : Elle en a donné.

Le Président : Lorsque vous êtes revenue de Ngoma au couvent de Sovu, avez-vous vu Emmanuel REKERAHO ?

L’Interprète : Mugarutse muvuye i Ngoma, mugarutse mu kibikira cy’i Sovu, waba warabonye REKERAHO ?

le témoin 99 : Bambwiye ko yari ahari ku muryango ariko ntabwo namubonye.

L’Interprète : On m’a dit qu’il était à l’entrée, mais moi je ne l’ai pas vu.

Le Président : Vous ne l’avez donc pas non plus entendu parler à sœur Kizito ?

L’Interprète : Ntabwo wamwumvise aganira na sœur Kizito ?

le témoin 99 : Oya.

L’Interprète : Non.

Le Président : Vous avez pourtant déclaré qu’il était très fâché parce que son programme avait été perturbé.

L’Interprète : Ngo kandi waravuze ko yari yarakaye cyane ngo kubera ko programme ye bari bayishe ?

le témoin 99 : Ibyo ni Kizito wabyivugiye, abimbwira.

L’Interprète : C’est Kizito elle-même qui me l’a raconté.

Le Président : Et vous auriez vu que sœur Gertrude lui donnait de l’argent, à Monsieur REKERAHO, ce jour-là ?

L’Interprète : Waba warabonye niba sœur Gertrude yarahaye amafaranga uwo munsi REKERAHO ?

le témoin 99 : Ntabyo nabonye.

L’Interprète : Non, je ne l’ai pas vu.

Le Président : Vous avez pourtant déclaré ça.

L’Interprète : Ngo kandi warabivuze ?

le témoin 99 : Ntabyo numva nigeze kuvuga. Ntabyo nibuka na busa.

L’Interprète : Je ne pense pas… je ne me souviens pas avoir déclaré cela.

Le Président : Vous ne vous souvenez pas avoir déclaré que sœur Gertrude avait donné de l’argent à REKERAHO ?

L’Interprète : Ntabwo wibuka niba waravuze ko sœur Gertruda yaba yarahaye amafaranga REKERAHO ?

le témoin 99 : Ntabyo nibuka, ibyo nibuka n’Interahamwe yari yaduteye.

L’Interprète : Ca, je ne m’en souviens pas, mais je me souviens très bien qu’il s’agissait d’Interahamwe qui venaient de Ngoma et qui nous avaient attaquées.

Le Président : Lorsque vous êtes revenue de Ngoma au couvent de Sovu, avez-vous parlé avec sœur Bénédicte, sœur Scholastique et sœur Fortunata qui étaient restées au couvent ?

L’Interprète : Muva i Ngoma, mugarutse i Sovu, waba waraganiriye na sœur Scholastique na Bénédicte na Fortunata, bari basigaye mu kigo cy’i Sovu ?

le témoin 99 : Twaravuganye.

L’Interprète : Oui, nous leur avons parlé.

Le Président : Qu’est-ce qu’elles vous ont dit qui s’était passé, durant votre absence ?

L’Interprète : Bagutekerereje ko ibyabaye ari ibiki, igihe mutari muhari ?

le témoin 99 : Bambwiye ko REKERAHO, igihe tutari duhari yahageze,

L’Interprète : Pendant notre absence, elles m’ont dit que REKERAHO était venu au couvent,

le témoin 99 : Akirirwa yandika abantu bari bahahungiye.

L’Interprète : Et qu’il a passé toute la journée à dresser la liste des gens qui y avaient trouvé refuge.

Le Président : Le lendemain du retour à Sovu, le 25 avril,

L’Interprète : Mugarutse i Sovu, ku itariki ya 25,

Le Président : Y a-t-il eu une réunion, dans une salle du monastère ?

L’Interprète : Hari inama yabereye muri salle ya monastère ?

le témoin 99 : Yarahabereye.

L’Interprète : Oui, il y en a eu une.

Le Président : REKERAHO était-il présent ?

L’Interprète : REKERAHO yari ahari ?

le témoin 99 : Yari ahari, yari ku muryango, sinigeze mubona.

L’Interprète : Il était là, il était à l’entrée, à la porte, mais je ne l’ai pas vu.

Le Président : Sœur Gertrude a-t-elle pris la parole ?

L’Interprète : Hari ijambo sœur Gertrude yavuze ?

le témoin 99 : Yararivuze.

L’Interprète : Oui, elle a pris la parole.

Le Président : Qu’a-t-elle dit ?

L’Interprète : Yavuze iki ?

le témoin 99 : Yatubwiye ko REKERAHO amubwiye ko,

L’Interprète : Elle nous a dit que REKERAHO lui a dit que,

le témoin 99 : Abantu bari bahari bari bahahungiye,

L’Interprète : Les gens qui avaient trouvé refuge,

le témoin 99 : Bahava bakajya mu makomine yabo, n’ahandi hose ariko hatari muri couvent.

L’Interprète : Devaient retourner dans leurs communes respectives mais pas au couvent,

le témoin 99 : Nta muntu mbese ugomba kuhasigara, hagomba gusigara ababikira bonyine.

L’Interprète : Que personne d’autre à part les sœurs ne devait plus rester au couvent.

Le Président : Sœur Gertrude a-t-elle laissé le choix aux personnes qui étaient réfugiées dans le couvent de partir ou de ne pas partir ?

L’Interprète : Hari ubwo sœur Gertrude yatumye abantu batoranya, muri abo ngabo basigaye mu kigo, niba bashobora kugenda cyangwa gusigara ?

le témoin 99 : Ntabwo numvise neza ikibazo.

L’Interprète : Niba sœur Gertrude yaba yaratumye abantu bitoranyiriza icyo bashaka : ari ukugenda cyangwa bagasigara muri couvent ?

le témoin 99 : Ntabyo nibuka, icyo nibuka ni uko abantu bahise basohoka.

L’Interprète : Je ne m’en souviens pas. La seule chose que je sais, dont je me souviens, c’est que les gens sont sortis immédiatement.

Le Président : Elle ne se souvient pas que sœur Gertrude aurait laissé le choix aux réfugiés de rester ou de partir mais tout en signalant que s’ils partaient, les sœurs seraient sauvées ?

L’Interprète : Ntabwo wibuka niba sœur Gertrude yararetse impunzi zigatoranya, ari ugusigara cyangwa kugenda, kandi akavuga ko niba impunzi zigiye, ababikira barokoka ?

le témoin 99 : Oui, ibyo nibuka nibyo yavuze, nuko yavuze ko impunzi… yavuze amabwiriza REKERAHO amuhaye, avuga…

L’Interprète : Ce qu’elle disait, en fait, c’étaient les ordres que lui donnait REKERAHO,

le témoin 99 : Avuga ko abatari ababikira bagenda, bakareba ahandi… bakajya mu makomine yabo,

L’Interprète : Que ceux qui n’étaient pas religieux devaient retourner à leurs communes respectives,

le témoin 99 : Hagasigara ababikira, nabo baruhuka ko atabyizeye.

L’Interprète : Et que seules les sœurs pouvaient rester, mais il n’était pas non plus sûr qu’elles allaient être sauvées.

Le Président : Des réfugiés ont-ils dit qu’ils préféraient alors mourir eux-mêmes, sans faire mourir les autres, c’est-à-dire sans faire mourir les sœurs ?

L’Interprète : Impunzi zaba zaravuze ko zihisemo kugirango zipfe aho kugirango zicishe abandi bantu, ni ukuvuga ababikira ?

le témoin 99 : Ntabwo mbyibuka.

L’Interprète : Je ne m’en souviens pas.

Le Président : Le 25 avril, tous les réfugiés ne sont pas partis ?

L’Interprète : Ku itariki ya 25 z’ukwezi kwa kane, ntabwo impunzi zose zagiye ?

le témoin 99 : Barasohotse bajya hanze,

L’Interprète : Ils sont sortis,

le témoin 99 : Hanyuma familles z’ababikira twabanaga zirasigara.

L’Interprète :  Mais seules les familles des sœurs de notre couvent sont restées.

Le Président : Pourquoi ceux-là ont-ils pu rester ?

L’Interprète : Kuki bo bashoboye gusigara ?

le témoin 99 : Ntabwo babatwaye.

L’Interprète : Ils n’ont pas été pris.

Le Président : Pourquoi n’ont-ils pas été pris ?

L’Interprète : Kuki batafashwe ?

le témoin 99 : Ntabwo nari mpari hanze basohoka, njye narindi mu nzu,

L’Interprète : J’étais à l’intérieur lorsqu’ils sont sortis,

le témoin 99 : Ariko nabwiwe n’ababikira bari bafite familles ko REKERAHO yabaretse.

L’Interprète : Mais les sœurs qui avaient leur famille là m’ont dit que REKERAHO les avait laissées.

Le Président : Entre le 25 avril et le 6 mai 1994, le jour où le bourgmestre va venir au couvent,

L’Interprète : Hagati y’itariki 25 n’itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu, igihe bourgmestre yazaga mu kigo,

Le Président : REKERAHO, est-il encore venu au couvent ?

L’Interprète : REKERAHO yongeye kuva mu kigo ?

le témoin 99 : Hagati aho yajyaga aza.

L’Interprète : Entre-temps, oui, il venait.

Le Président : Qu’est-ce qu’il venait faire ?

L’Interprète : Yazaga gukora iki ?

le témoin 99 : Yazaga gushaka impunzi zari zihari.

L’Interprète : Il venait justement chercher les réfugiés qui y étaient encore.

Le Président : Donc, les familles des sœurs, alors ?

L’Interprète : Ya miryango y’ababikira rero ?

le témoin 99 : Hari imiryango y’ababikira n’abandi bake bari baragiye basigaramo ntibuka neza abo aribo.

L’Interprète : Il y avait les familles des sœurs et quelques réfugiés qui y étaient encore, mais je ne me souviens pas exactement de qui il s’agit.

Le Président : Et quand REKERAHO venait, est-ce qu’il y avait aussi, autour du couvent, entre le 25 avril et le 6 mai… est-ce qu’il y avait des Interahamwe, autour du couvent ?

L’Interprète : Muri icyo gihe REKERAHO yazaga, hagati ya 25 mu kwezi kwa kane n’itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu, hari izindi Nterahamwe zari zigose ikigo ?

le témoin 99 : Twajyaga twumva zisakuriza hanze, zihita zijya kwa Gaspari.

L’Interprète : On les entendait crier et chahuter en se rendant chez Gaspard.

Le Président : Le 6 mai, le bourgmestre est venu. Savez-vous qui avait demandé au bourgmestre de venir ?

L’Interprète : Ku itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu bourgmestre yaraje. Ushobora kuba uzi uwari wasabye ko aza ?

le témoin 99 : Ntabwo mbizi.

L’Interprète : Non.

Le Président : Le 6 mai, quelqu’un a-t-il fouillé le couvent ?

L’Interprète : Hari umuntu waba warasatse ikigo ku itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu ?

le témoin 99 : Ntawe nzi.

L’Interprète : Non, je ne connais personne.

Le Président : Il n’y a pas un policier communal qui a fouillé les bâtiments ?

L’Interprète : Nta mupolisi wo muri komine waba waraje gusaka ikigo ?

le témoin 99 : Ku itariki 5 ?

L’Interprète : 6 z’ukwezi kwa gatanu.

le témoin 99 : Kuli 6 niho nibuka batwaye impunzi nyine, za familles zari zihari.

L’Interprète : Je me souviens du fait que c’est le 6 qu’on est venu emmener, prendre les familles des sœurs qui étaient encore là.

le témoin 99 : Nyuma nibwo umupolisi nahuye nawe yinjiye mu muryango, numvise abaza niba nta muntu usigayemo.

L’Interprète : C’est après que j’ai croisé le policier qui passait partout, en demandant s’il n’y avait plus personne au sein du couvent.

Le Président : Et ce policier était tout seul, ou bien il était accompagné d’une religieuse ?

L’Interprète : Uwo mupolisi yari wenyine, cyangwa yari aherekejwe n’umubikira ?

le témoin 99 : Yari wenyine ko namusanze ku muryango familles zageze hanze. Ziri ku modoka.

L’Interprète : Il était tout seul parce que, quand je l’ai croisé à la porte, les familles étaient déjà à bord du véhicule, à l’extérieur.

Le Président : Sœur Kizito, pendant les événements, sortait-elle du couvent ?

L’Interprète : Mu ntambara, sœur Kizito yavaga mu kigo agasohoka ?

le témoin 99 : Icyo nibuka ni uko iyo bahamagaraga ku nzogera,

L’Interprète : Ce dont je me souviens, c’est que lorsqu’on sonnait à la porte,

le témoin 99 : Mère supérieure niwe wajya kwitaba uwasonye ariko na Kizito kenshi bakajyana.

L’Interprète :  La sœur supérieure allait répondre à ceux qui sonnaient mais, le plus souvent, elle était avec sœur Kizito.

Le Président : Savez-vous pourquoi, le plus souvent, sœur Kizito accompagnait sœur Gertrude ?

L’Interprète : Uzi igituma kenshi sœur Kizito yaherekezaga sœur Gertrude ?

le témoin 99 : Nkeka ko abanyesovu baduteraga yari abazi kuko ariho yavukaga.

L’Interprète : Je crois que c’est parce que ceux qui nous attaquaient… les gens de Sovu qui nous attaquaient… elle les connaissait parce qu’elle était originaire de là.

Le Président : Après le 6 mai, quand on est venu chercher les membres des familles des sœurs, y a-t-il encore eu des visites de REKERAHO ou des Interahamwe, autour du couvent ?

L’Interprète : Inyuma y’itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu, bamaze gutwara imiryango y’ababikira, REKERAHO hari ubwo yagarutse mu kigo, cyangwa Interahamwe zari zigikuba ikigo na none ?

le témoin 99 : Numvise ko bambwira ko bagarutse baza gushaka ibintu by’impunzi zari zapfuye, bagirango babitware.

L’Interprète : Il m’a été rapporté qu’ils étaient revenus chercher les effets des réfugiés qui avaient été tués, pour pouvoir se les approprier.

Le Président : Ils ont réussi à s’approprier les effets des réfugiés ?

L’Interprète : Bashoboye gufata ibyo bintu by’impunzi zari zapfuye ?

le témoin 99 : Nk’inka z’uwitwaga Cyrille, inka ze zari muri ferme yacu, barazitwaye.

L’Interprète : Par exemple, un certain Monsieur Cyrille qui avait ses vaches dans notre ferme, ses vaches ont été prises par ces gens-là.

Le Président : Savez-vous ce que sont devenues les motos des réfugiés ?

L’Interprète : Uzi icyaba cyarabaye ku mapikipiki y’izo mpunzi ?

le témoin 99 : Ntacyo mbiziho ko ntigeze mbona babitwara, ibyo.

L’Interprète : Je n’en sais rien, parce que je n’ai pas assisté à la prise de ces motos.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, dans sa déclaration du 22 décembre 1995, en page 5, le témoin a déclaré que le 25 avril : « Les miliciens sont donc venus de nouveau dans la matinée de cette journée, ils sont entrés à l’intérieur du monastère. Ils ont fouillé partout, y compris dans les faux plafonds ». Est-ce que le témoin peut nous dire s’ils ont trouvé quelqu’un qui se cachait dans les faux plafonds ? Je pense plus précisément à un jeune homme de sa connaissance.

Le Président : Le 25 avril, quelqu’un a-t-il été trouvé caché dans les faux plafonds ?

L’Interprète : Hari umuntu baba barasanze mu idari ahihishe ku itariki ya 25 y’ukwezi kwa kane ?

le témoin 99 : Hari abantu bari muri plafond, nigeze kujya ngaburira,

L’Interprète : Il y avait des gens qui se trouvaient dans les faux plafonds et auxquels je donnais à manger,

le témoin 99 : Sœur Domitilla niwe wajyaga antumiriza ibyo kunwa byabo.

L’Interprète : Et sœur Domitille me prêtait main forte en m’apportant à boire,

le témoin 99 : Hanyuma, nyuma y’isaka ry’abasirikare n’abapolisi baje mu nzu,

L’Interprète : Et, après la fouille des militaires et des policiers qui étaient venus dans le couvent,

le témoin 99 : Nayobewe iherezo ry’abo bantu kuko nasubiye kubagaburira, ndababura.

L’Interprète : Je n’ai jamais su ce qui était arrivé à ces gens-là, parce que je suis allée leur donner à manger, mais je ne les ai pas retrouvés.

Le Président : Est-ce qu’il y avait quelqu’un que vous connaissiez bien dans ces personnes auxquelles vous donniez à manger ?

L’Interprète : Hari umuntu wari uzi neza muri abo ngabo wagaburiraga ?

le témoin 99 : Uwo nahamagaraga n’uwitwaga Yohani kuko yari yambwiye izina rye, niwe wazaga ku muryango wa plafond, nkongera nkamuhereza isachet y’ibiryo.

L’Interprète : Celui à qui je remettais le sachet contenant le manger s’appelait Jean, parce que c’est comme ça qu’il m’avait dit qu’il s’appelait, c’est à lui que je donnais à manger et à boire.

Le Président : Une autre question. Oui ?

Me. JASPIS : Bien que je ne me fasse guère d’illusion, le témoin peut-il confirmer, comme nous l’a dit un autre témoin, que c’est sur ordre de sœur Gertrude que ce jeune homme a été repéré et emmené ce jour-là ?

Le Président : Avez-vous entendu que sœur Gertrude donnait un ordre pour que ce jeune homme à qui vous aviez donné à manger soit emmené ?

L’Interprète : Waba warumvise niba ari sœur Gertrude waba waratanze itegeko yuko uwo musore wagaburiraga baza bakamutwara.

le témoin 99 : Ntabwo nabyumvise kandi nta nubwo nabihagazeho abantu bavamo.

L’Interprète : Je ne l’ai pas entendu… je n’ai pas assisté au départ de ces gens-là du faux plafond.

Le Président : Une autre question ? Maître VERGAUWEN ?

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie, Monsieur le président. Une seule question : pourriez-vous demander au témoin ce qu’il en était des relations entre sœur Gertrude et sœur Scholastique, avant les faits de 1994 ?

Le Président : Avant les événements d’avril et mai 1994, comment étaient les relations entre sœur Gertrude et sœur Scholastique ?

L’Interprète : Mbere y’ibyabaye mu kwezi kwa kane 94, sœur Gertrude na sœur Scholastique babanaga bate ?

le témoin 99 : Ntabwo mbizi neza cyane kubera ko nari umunyeshuli icyo gihe.

L’Interprète : Je ne sais pas très bien quelles étaient leurs relations, parce que j’étais élève à ce moment-là,

le témoin 99 : Nazaga nje muri vacances, icyo nibuka ni uko nzi ko yari umuconseillère we, yari parmi les conseillères be.

L’Interprète : Si je venais en vacances, ce dont je me souviens, c’est que sœur Scholastique était conseillère de sœur Gertrude.

Le Président : Une autre question. Maître WAHIS ?

Me. WAHIS : Merci, Monsieur le président. Est-ce qu’à un moment donné, les miliciens auraient appelé sœur Kizito à sortir du couvent et à retourner sur sa colline ?

Le Président : Avez-vous vu, entendu ou su qu’à un moment, les miliciens auraient appelé sœur Kizito en les invitant, en l’invitant, pardon, à rejoindre sa colline ?

L’Interprète : Hari ubwo waba warumvise cyangwa warabonye cyangwa warabihagazeho, igihe ba miliciens baba barahamagaye sœur Kizito, bamusaba kuza ku gasozi k’iwabo ?

le témoin 99 : Sœur Kizito niwe wambwiye ko bashakaga kumutwara, kubera ko bavugaga ko ababikira bose ari Inkotanyi,

L’Interprète : C’est sœur Kizito qui m’a dit elle-même qu’ils voulaient la prendre, parce qu’on disait que toutes les sœurs étaient des Inkotanyi,

le témoin 99 : Bavuga mbese ko atagomba kwivanga n’abo bantu b’Inkotanyi zarwanyaga igihugu, ariko inema yanze kujyayo.

L’Interprète : Et qui lui disaient de ne pas se mêler à ces gens-là, ces Inkotanyi qui combattaient le pays, mais elle n’a pas voulu, elle a refusé de les suivre.

Le Président : Et qu’est-ce qu’elle a dit ?

L’Interprète : Yavuze ngwiki ?

le témoin 99 : Yambwiye ko adashobora kudusiga.

L’Interprète : Elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas nous laisser seules.

Le Président : Une autre question ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président. Est-ce que le témoin pourrait nous donner quelques précisions quant au fait de savoir si le personnel du couvent était en majorité Tutsi ?

Le Président : Savez-vous si le personnel qui travaillait au couvent était en majorité Tutsi ?

L’Interprète : Uzi neza niba abakozi, abakoraga mu kigo cy’ababikira, abenshi bari abatutsi ?

le témoin 99 : Ni ibyukuri, kubera abenshi barishwe.

L’Interprète : C’est juste, parce que la plupart sont morts, ils ont été tués.

Le Président : Une autre question ?

Me. WAHIS : Le témoin pourrait-il nous donner des précisions quant à l’arrestation de Gérard KABILIGI et des suites de cette arrestation ?

Le Président : Savez-vous si Gérard KABILIGI a été arrêté ?

L’Interprète : Uzi niba Gérard KABILIGI baramufashe ?

le témoin 99 : Bamukuye muri potager, niho yari yihishe.

L’Interprète : On l’a trouvé caché dans le potager,

le témoin 99 : Atwarwa n’Interahamwe zahiraga ubwatsi bw’inka.

L’Interprète : Et ce sont les Interahamwe qui coupaient l’herbe qu’on donnait aux vaches qui l’ont pris.

le témoin 99 : Ntawe uzi aho bamujyanye, ntawe uzi aho bamwiciye.

L’Interprète : Personne ne sait où ils l’ont conduit et où ils l’ont tué.

Le Président : Vous ne savez pas ce qu’il est devenu ?

L’Interprète : Ntabwo uzi uko byamugendeye ?

le témoin 99 : Ntawe uzi iherezo rye ko namubonye, mubonera mu nzu, mu kirahure, bamutwaye mu maboko, bamukuye kuri iyo potager, kuri uwo murima.

L’Interprète : Personne ne connaît sa fin parce que… la dernière fois que je l’ai aperçu, c’était de la fenêtre, au moment où on le prenait du potager et on l’amenait.

Le Président : C’était quel jour ?

L’Interprète : Hari ku wuhe munsi ?

le témoin 99 : Umunsi sinwibuka ariko hari nyuma y’itariki ya 25.

L’Interprète : Je sais que c’est après le 25… mais le jour, je ne m’en souviens pas très bien.

Le Président : Après le 25 ?

le témoin 99 : Oui.

Le Président : Une autre question. Maître NKUBANYI ?

Me. NKUBANYI : Merci, Monsieur le président. En date du 25 avril 1994, est-ce que le témoin aurait vu des scènes de panique parmi les réfugiés et, spécialement, parmi les enfants qui s’accrochaient à la mère supérieure pour implorer son pardon ?

Le Président : Auriez-vous vu des scènes particulières d’enfants qui s’accrochaient à sœur Gertrude, le 25 avril ?

L’Interprète : Waba warabonye ibyo abana bakoraga, igihe birukankaga bafata amakanzu ya sœur Gertrude ?

le témoin 99 : Ntabwo nigeze njya hanze njyewe, icyo gihe.

L’Interprète : Je n’étais pas dehors à ce moment.

Me. NKUBANYI : Une autre question, Monsieur le président. Est-ce que le témoin a vu la scène de fusillade de quelques parents des sœurs, devant le couvent ?

Le Président : Avez-vous une scène de fusillade de parents de religieuses, devant ou dans le couvent ?

L’Interprète : Waba warabonye ababyeyi b’ababikira bicwa, babarasira imbere y’ikigo cyangwa mu kigo ?

Le Président : Le 6 mai, hein, ça.

L’Interprète : Ku itariki ya 6 y’ukwezi kwa gatanu ?

le témoin 99 : Ababyeyi biciwe mu rutoke ariko ntabwo nigeze mbareba, ariko biciwe mu murima wacu.

L’Interprète : Les membres des familles ont été tués dans notre bananeraie. Donc, la bananeraie du couvent.

Le Président : Par qui ?

L’Interprète : Ni bande babishe ?

le témoin 99 : Interahamwe kuko zari zagose urugo. Zimwe zari inyuma y’urugo.

L’Interprète : Ce sont les Interahamwe parce qu’ils avaient encerclé le couvent, les autres se trouvaient à l’extérieur.

Le Président : Il n’y a pas un policier qui a fusillé des personnes ?

L’Interprète : Nta mupolisi waba yabarashe ?

le témoin 99 : Numvise bivugwa ko uwitwaga Saveri nawe ashobora kuba ari mu babishe.

L’Interprète : J’ai entendu dire qu’un certain Saveri faisait partie de ceux qui les ont fusillés.

Me. NKUBANYI : Dernière question, Monsieur le président. Est-ce que le témoin a vu ou a entendu parler de deux jeunes filles, non religieuses, à qui le bourgmestre voulait donner des voiles, pour les sauver ?

Le Président : Avez-vous entendu parler de jeunes filles auxquelles on aurait pu remettre des voiles pour les sauver ?

L’Interprète : Waba warumvise abakobwa babiri bourgmestre yari yasabye ko baha, babambika ivala kugirango bashobore kurokoka ?

le témoin 99 : Ntabo nzi.

L’Interprète : Je ne les connais pas.

Le Président : D’autres questions ? Maître VANDERBECK.

Me. VANDERBECK : Je vous remercie, Monsieur le président. Est-ce que le témoin, au cours des événements d’avril, mai et juin 1994, discutait souvent avec sœur Kizito de ce qui se passait et ce qu’elle aurait vu ?

Le Président : Avez-vous, au cours des événements d’avril et mai 1994, eu de nombreuses conversations avec sœur Kizito ?

L’Interprète : Waba waraganiriye mu kwezi kwa kane n’ukwezi kwa gatanu, mu gihe cy’intambara, waba waraganiriye kenshi na sœur Kizito ?

le témoin 99 : Twaganiraga nkuko bisanzwe muri communauté. Ko ubundi bibujijwe, tuvugana muri récréation, kimwe nkuko ushobora gushaka umuntu ufite ikibazo umufiteho.

L’Interprète : Nous causions comme d’habitude, comme cela se passe dans la communauté, et il nous était d’ailleurs interdit de converser sauf pendant la récréation - récréation pendant laquelle on peut chercher quelqu’un à qui parler.

Le Président : Et comment est-ce que sœur Kizito, dans ces conversations-là, vivait les événements ?

L’Interprète : Sœur Kizito muganira ibyo ngibyo yarameze ate, nyine icyo gihe cy’intambara ?

le témoin 99 : Nabonaga ahangayitse, ahangayitswe n’abicwa.

L’Interprète : Je la voyais très soucieuse, surtout au sujet de ceux qu’on  massacrait.

Le Président : D’autres questions ?

Non Identifié : Où se trouve le potager ?

L’Interprète : Iyo potager iri ahaganahe ?

le témoin 99 : Iri ahagana imbere y’igikoni, ya cuisine y’ababikira.

L’Interprète : Il se trouve en face, tout près de la cuisine des sœurs.

Non Identifié : A l’intérieur du monastère ?

le témoin 99 : Yego imbere ariko, hirya gati nka metero nka 5, tuye kuri cuisine cyangwa aho bakora lessive.

L’Interprète : Oui, à l’intérieur, mais à peu près à 5 m un peu plus loin que la cuisine, juste à l’endroit où on fait la lessive, la buanderie peut-être.

Non Identifié : Il y avait des Interahamwe qui étaient près du potager ? Les Interahamwes sont allés jusque dans le potager du monastère ?

L’Interprète : Interahamwe zaragiye zigera muri potager y’ikigo ?

le témoin 99 : Abahageraga n’abahiraga ubwatsi bw’inka. Ariko nabo umuntu yasanze harimo bari mu bantu bica, umuntu atari abizi.

L’Interprète : Ceux qui s’y rendaient sont ceux dont j’ai parlé, qui coupaient l’herbe pour les vaches, mais on a découvert plus tard qu’ils faisaient partie des tueurs.

Le Président : Maître VANDERBECK ?

Me. VANDERBECK : Une dernière question, Monsieur le président, je vous remercie. Est-ce que le témoin peut nous dire si, de l’hôtellerie, on pouvoir voir les champs, les bananeraies du couvent ?

Le Président : Depuis l’hôtellerie, était-il possible d’apercevoir les bananeraies, du couvent ?

L’Interprète : Uri muri hôtellerie, washoboraga kubona intoki z’ikigo ?

le témoin 99 : Ubona igice kimwe.

L’Interprète : On en voit une seule partie.

Le Président : Et, depuis les chambres des religieuses, est-il possible de voir les bananeraies ?

L’Interprète : Kuva mu byumba by’ababikira, birashoboka kubona intoki ?

le témoin 99 : Yego, ubona urundi ruhande.

L’Interprète : Oui, de là, on voit l’autre côté.

Le Président : Une autre question ? Plus de questions ? Les parties sont d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous vos déclarations d’aujourd’hui ? Persistez-vous dans ces déclarations ?

L’Interprète : Uremeza kandi urahamya ibyo umaze kuvuga uyu munsi ?

le témoin 99 : Ndabyemeza.

L’Interprète : Je  les confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps, tout en restant à la disposition de la Cour pour assurer votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye kandi rugusabye ko ushobora gukora icyo ushaka, ariko ukaguma mu maboko yabo kugeza igihe ruzagufashiriza gusubira mu Rwanda.

le témoin 99 : Murakoze.

L’Interprète : Merci aussi.