assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 80
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.22. Audition des témoins: le témoin 80

Le Président : L’audience est reprise. Vous pouvez vous asseoir.  Les accusés peuvent prendre place. Bien. Alors, pour permettre à tout le monde de travailler dans de bonnes conditions, on ne terminera pas plus tard que 18h, aujourd’hui. Madame le témoin 80 ? Vous souhaitez un interprète, Madame ?

le témoin 80 : J’en ai besoin.

Le Président : Oui ?

L’Interprète : Oui.

Le Président : Bien. Voulez-vous demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Amazina yawe yombi ?

le témoin 80 : Nitwa mama le témoin 80.

L’Interprète : Je m’appelle sœur le témoin 80.

Le Président : Quel âge avez-vous ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 80 : 30.

L’Interprète : 30 ans.

Le Président : Quelle est votre profession ?

L’Interprète : Umwuga wawe ?

le témoin 80 : Ndi umubikira.

L’Interprète : Religieuse.

Le Président : Quelle est votre commune de résidence ?

L’Interprète : komine utuyemo ?

le témoin 80 : komine Huye.

L’Interprète : La commune de Huye.

Le Président : Connaissiez-vous les accusés ou certains des accusés, avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Wari uzi abaregwa cyangwa bamwe mu baregwa mbere y’ukwezi kwa kane muri 94 ?

le témoin 80 : Nzi ababikira babiri.

L’Interprète : Je connais deux religieuses.

Le Président : Etes-vous de la famille des accusés ou des personnes qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Ufite isano yo mu muryango uvukamo hamwe n’abaregwa cyangwa abaregera indishyi ?

le témoin 80 : Ntabwo dusangiye umuryango mvukamo ariko dusangiye communauté.

L’Interprète : Ils ne sont pas de ma famille de naissance, mais nous partageons la vie de la communauté.

Le Président : Travaillez-vous sous un lien de contrat d’emploi pour les accusés ou pour ceux qui leur réclament des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Hari ubwo ukorera abaregwa cyangwa abaregera indishyi, ubakorera akazi baguhembera ?

le témoin 80 : Njyewe ntawe negamiye.

L’Interprète : Moi, je n’ai aucun parti pris.

Le Président : Voulez-vous bien inviter le témoin à lever la main droite et à prêter le serment de témoin.

L’Interprète : Zamura ikiganza cy’iburyo, urahire indahiro y’abatanga ubuhamya.

le témoin 80 : Ndahiye kuvuga ukuri gusa, nta rwango, nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Vous pouvez vous asseoir, tous les deux. Il semble, Madame, que vous êtes entrée au couvent de Sovu, en 1991 ?

L’Interprète : Wagiye mu kigo cy’ababikira b’i Sovu muri 91 ?

le témoin 80 : Niho ninjiye.

L’Interprète : Oui.

Le Président : En 1994, vous y étiez encore novice et cloîtrée ?

L’Interprète : Muri 94 wari ukiri umunovise kandi ufungiranye, udasohoka ?

le témoin 80 : Yego.

L’Interprète : Oui.

Le Président : Avez-vous constaté ou entendu que sœur Gertrude ou sœur Kizito prenait des positions à l’égard des réfugiés du couvent de Sovu, pendant les événements des mois d’avril et mai 1994 ?

L’Interprète : Waba warabonye cyangwa se warumvishe ko sœur Gertrude cyangwa sœur Kizito hari uruhande babogamiyeho kubyerekeye impunzi zari zahungiye mu kwezi kwa kane n’ukwa gatanu muri 94 ?

le témoin 80 : Muri 94, impunzi nabonye, ni izari ziri muri communauté.

L’Interprète : En 1994, les réfugiés que j’ai vus, ce sont ceux-là qui étaient dans la communauté au monastère.

Le Président : Sœur Gertrude ou sœur Kizito ont-elles pris des positions en faveur ou à l’encontre de ce réfugiés ?

L’Interprète : Mama Kizito cyangwa mama Gertrude, har’imyitwarire yabagaragayeho yo gushyigikira cyangwa se kubangamira izo mpunzi ?

le témoin 80 : Kubera ko bari muri hôtellerie, kandi nkaba ntarahageraga,

L’Interprète : Vu qu’ils étaient à l’hôtellerie et que je ne m’y rendais pas,

le témoin 80 : Ntabwo nzi ko, uburyo babyitwayemo.

L’Interprète : Je ne connais pas leur comportement à cet égard.

Le Président : Pensiez-vous que vous étiez, comme religieuse, en danger de mort ?

L’Interprète : Nkuko, nkamwe nk’ababikira, waruzi yuko mwashoboraga kwicwa ? Ko hari ibyago byo kwicwa byari bibugarije ?

le témoin 80 : Badusabaga kudasohoka kuko natwe dushobora kwicwa twese ababikira.

L’Interprète : On nous demandait de ne pas sortir car il y avait possibilité que, nous toutes aussi, religieuses… il y avait moyen d’être tuées.

Le Président : Sœur Gertrude a-t-elle donné de l’argent à des miliciens pour sauver la vie des religieuses lorsqu’elle s’était réfugiée à Ngoma ?

L’Interprète : Mama Gertruda, hari amafaranga yahaye Interahamwe kugirango akize ubuzima bw’ababikira, ubwo mwari mwahungiye i Ngoma ?

le témoin 80 : Yarayatanze.

L’Interprète : Elle en a donné.

Le Président : Avez-vous ou entendu que sœur Gertrude aurait obligé des réfugiés à quitter le couvent ?

L’Interprète : Waba warabonye cyangwa warumvishe ko mama Gertruda yaba yarahatiye impunzi kuva mu kigo ?

le témoin 80 : Ntacyo nzi.

L’Interprète : Je ne le sais pas.

Le Président : Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Maître JASPIS ?

Me. JASPIS : Monsieur le président, est-ce que le témoin peut nous confirmer que dans une déclaration qu’elle a signée le 13 avril 1995, et qui est venue en soutien de la plainte de sœur Gertrude contre le journaliste de Solidaire, elle a écrit ceci : « Vous voyez, aucun moyen de vous sauver. Ils ont dit à mère Gertrude de faire sortir tous les réfugiés. Mère Gertrude a rassemblé toutes les sœurs et tous les réfugiés et leur a dit : Vous voyez, aucun moyen de vous sauver. Si vous préférez rester, ici au monastère, vous mourrez avec toutes les sœurs. Si vous préférez sortir, peut-être que les meurtriers laisseront les sœurs. Les réfugiés eux-mêmes ont accepté de sortir du monastère pour ne pas faire massacrer toutes les sœurs ».

Le Président : Auriez-vous entendu une conversation au cours de laquelle sœur Gertrude a exposé que les réfugiés, s’ils sortaient, permettraient peut-être que la vie des sœurs soit protégée ?

L’Interprète : Waba warumvishe mu kiganiro ko mama Gertruda yabwiraga impunzi ko ziramutse zigiye yenda ababikira barokoka ?

le témoin 80 : Ibyo byabaye tuvuye i Ngoma, twaraye tuje…

L’Interprète : Ca s’est produit à notre retour de Ngoma,

le témoin 80 : Icyo gihe baduhurije hamwe n’impunzi zose n’ababikira,

L’Interprète : Au lendemain, on nous a réunis ensemble, religieuses comme réfugiés,

le témoin 80 : Batubwira twese hamwe uko ubuzima bwifashe muri icyo gihe,

L’Interprète : On nous a dit tous ensemble quelle était la situation de la vie qui prévalait à ce moment-là.

le témoin 80 : Bavuga nimba, impunzi zemeye kugumana n’ababikira, turapfira hamwe twese,

L’Interprète : Elle a dit que si les réfugiés décidaient de rester avec les religieuses, nous allions mourir tous ensemble.

le témoin 80 : Icyo gihe impunzi zivuga yuko bataje kwicisha ababikira, bahisemo gusohoka.

L’Interprète : Les réfugiés ont alors dit qu’ils n’étaient pas venus pour faire massacrer les religieuses, qu’ils préféraient sortir.

Le Président : Une autre question ? Maître VANDERBECK ?

Me. VANDERBECK : Je vous remercie, Monsieur le président. Le témoin peut-elle nous confirmer que dans son audition du 27 décembre 1995 faite ici en Belgique devant la police judiciaire, elle a déclaré, à propos des événements du 22 avril 1994 : « Le 22 avril 1994, j’ai entendu des coups de feu et des cris. J’ai compris que le dispensaire était attaqué. Nous avons passé toute la journée dans la peur et nous pensions que nous allions toutes mourir ».

Le Président : Vous souvenez-vous avoir déclaré que le 22 avril, vous aviez compris qu’on attaquait le dispensaire et que vous aviez, vous et d’autres religieuses, passé la journée dans la peur, pensant que vous alliez toutes mourir ?

L’Interprète : Uribuka ko waba waratangaje mbere ko kuri 22 z’ukwa kane, ubwo ivuriro ryaterwaga, ko mwagize ubwoba, mwese mwirirwa mu kigo mutekereza ko mwategerezaga gupfa, ko mwari gupfa ?

le témoin 80 : Uwo munsi twishyize hamwe n’abashyitsi bari muri hôtellerie,

L’Interprète : Ce jour-là, nous nous sommes mis ensemble avec les visiteurs qui étaient à l’hôtellerie,

le témoin 80 : Dukomeza uwo munsi wose mu bwoba, bari kwica kuri dispensaire,

L’Interprète : Nous avons passé le reste de la journée dans la peur, on était en train de tuer au dispensaire,

le témoin 80 : Bigeza nimugoroba,

L’Interprète : Jusqu’au soir,

le témoin 80 : Nibwo byacecetse.

L’Interprète : C’est à ce moment-là que ça s’est calmé.

Le Président : Vous pensiez que vous alliez toutes mourir ?

L’Interprète : Mukaba mwaratekereza ko mwese mwari gupfa ?

le témoin 80 : Twari tuzi ko nibirangira kuri dispensaire baraza kuri monasteri.

L’Interprète : Nous pensions que, quand ça allait se terminer au dispensaire, qu’ils allaient venir au monastère.

Le Président : Est-ce la raison pour laquelle sœur Gertrude a envisagé de quitter le monastère, le lendemain matin ?

L’Interprète : Icyo nicyo cyatumye mama Gertruda atekereza kuhunga monastère bukeye bwaho ?

le témoin 80 : Icyo gihe yatubwiye ko yamenye ko mu gitondo bazaza kwica ababikira noneho,

L’Interprète : A ce moment-là, elle nous a dit que le lendemain on allait venir massacrer les sœurs, cette fois-ci,

le témoin 80 : Adusaba ko twafata utuntu dukeya dushoboye tukajya kwa Musenyeri wa diocèse.

L’Interprète : Elle nous a demandé de prendre peu de nos effets personnels, selon nos moyens, et de nous rendre chez l’évêque.

Le Président : Oui, une autre question ?

Me. VANDERBECK : Est-ce que le témoin peut nous dire si, pendant cette journée du 22 avril, sœur Kizito et/ou sœur Gertrude les auraient à un moment donné, quittées et si oui, quand ?

Le Président : Sait-elle si, pendant la journée du 22 avril, l’une ou l’autre religieuse a quitté le couvent ?

L’Interprète : Waba uzi, niba kuri uwo munsi wa 22 z’ukwa kane, hari umubikira uyu n’uyu wavuye mu kigo ?

le témoin 80 : Nabonaga sœur Maria-Kizito agaburira abana ibiryo,

L’Interprète : Je voyais sœur Marie-Kizito qui donnait de la nourriture aux enfants,

le témoin 80 : Turi aho ngaho muri hôtellerie.

L’Interprète : Alors que nous étions là-bas à l’hôtellerie.

Le Président : A-t-elle vu l’une ou l’autre religieuse qui sortait du couvent ?

L’Interprète : Nta wundi mubikira wundi waba warabonye asohoka mu kigo ?

le témoin 80 : Ntawe nzi.

L’Interprète : Je ne connais personne.

Le Président : Une autre question ?

Me. VANDERBECK : Oui, Monsieur le président. Toujours par rapport à cette déclaration du 27 décembre 1995 et, revenant au départ des sœurs le 23 avril vers Ngoma, est-ce que le témoin peut nous confirmer que, parlant de ces événements en disant qu’elle est partie très tôt en direction de l’évêché à Butare, elle a vu, en quittant le couvent, des cadavres au dispensaire. Nous étions à bord d’une Mazda, une voiture Mazda et nous nous sommes rendues chez un bourgmestre, disait-elle. Est-ce qu’elle a le souvenir d’avoir roulé délibérément sur des cadavres qui se trouvaient sur sa route, à bord de cette voiture Mazda ?

Le Président : Vous souvenez-vous avoir, au moment où vous avez quitté dans la voiture Mazda, le couvent pour vous rendre à Ngoma, vous souvenez-vous avoir vu des cadavres au dispensaire ?

L’Interprète : Ubwo mwavaga mu kigo, muri mu modoka ya Mazda, uribuka ko hari imirambo waba warabonye kuri dispensaire ?

le témoin 80 : Imirambo yari igihari kuko bari baraye bishwe.

L’Interprète : Les cadavres étaient toujours là, puisqu’on les avait tués la veille.

Le Président : En avez-vous vu sur la route entre le couvent et le dispensaire, ou sur la route entre le dispensaire et la paroisse de Ngoma ?

L’Interprète : Hari iyo wabonye mu muhanda, hagati y’ikigo cy’ababikira n’ivuriro, cyangwa se hagati y’ivuriro na kiriziya y’i Ngoma ?

le témoin 80 : Ko ubwicanyi bwari buriho, imirambo yari ihari.

L’Interprète : Vu que les massacres étaient là, les cadavres étaient là.

Le Président : Avez-vous remarqué que sœur Gertrude, en conduisant la voiture, aurait roulé sur des cadavres ?

L’Interprète : Waba warabonye mama Gertruda, ko yaratwaye imodoka, akandagira imirambo.

le témoin 80 : Ntabyo nzi

L’Interprète : Non, je ne le sais pas.

le témoin 80 : Ntabwo nzi niba imodoka yaragendaga hejuru y’imirambo, ariko, yaragendaga. Twese twari dufite ubwoba ku buryo buri wese yakoraga uko ashoboye kose kugirango yihishe.

L’Interprète : Je ne sais pas si la voiture roulait sur les cadavres. En tout cas, nous avions toutes peur, chacun faisait tout pour se cacher.

Le Président : Une autre question ?

Me. VANDERBECK : Toujours dans sa déclaration, le témoin n’évoque pas ce qui s’est passé le 6 mai 1994. Est-ce qu’elle peut nous dire si, à cette date-là, elle a vu sœur Maria-Kizito aller avec les policiers qui étaient venus en présence du bourgmestre, chercher les familles des sœurs à l’hôtellerie, dans chacune des chambres, et les forcer à descendre.

Le Président : Vous souvenez-vous que le bourgmestre est venu au couvent chercher les membres des familles des sœurs qui se trouvaient dans le couvent ?

L’Interprète : Uribuka ko bourgmestre yaje mu kigo, aje kureba abo mu miryango y’ababikira bari bakiri mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 80 : Njyewe ntabwo namubonye.

L’Interprète : Personnellement, je ne l’ai pas vu.

Le Président : Une autre question ? Maître WAHIS ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président. Pouvez-vous demander au témoin s’il était prévu que certains membres des familles des religieuses puissent accompagner, le 23 avril, dans le second convoi qui devait partir pour Ngoma ?

Le Président : Savez-vous s’il était prévu que des membres des familles des religieuses qui se trouvaient dans le couvent auraient pu quitter le couvent dans le deuxième véhicule qui se rendait à Ngoma ?

L’Interprète : Waba uzi yuko abo mu miryango y’ababikira bari mu kigo, bashoboraga kujyana n’imodoka yajyanye bwa kabiri abagiye i Ngoma ? Byarashobokaga ?

le témoin 80 : Njyewe nagiye muri tour ya mbere.

L’Interprète : Moi, je suis partie avec le premier convoi.

Le Président : Savez-vous s’il était prévu que d’autres personnes que les religieuses quittent le couvent ?

L’Interprète : Waba uzi yuko byari biteganijwe ko n’abandi batari ababikira bava mu kigo ?

Waba uzi niba byari biteganijwe ko n’abandi bantu batari ababikira bava mu kigo ?

le témoin 80 : Njyewe nakurikizaga icyo umukuru w’ikigo yabaga adusabye.

L’Interprète : Moi, je suivais les directives de la responsable de la maison.

Le Président : Les directives étaient-elles que d’autres personnes que les religieuses quittent aussi le couvent ?

L’Interprète : Ayo mabwiriza yavugaga ko n’abandi batari ababikira bava mu kigo nabo ?

le témoin 80 : [Inaudible]

L’Interprète : Elle aimerait avoir plus de précisions.

Le Président : Vous venez de nous dire que vous suiviez les directives de la responsable du couvent.

L’Interprète : Uvuze ko wakurikizaga amabwiriza y’umukuru w’ikigo ?

le témoin 80 : We yatubwiraga ko situation imeze nabi, tugomba kuguma mu rugo kugirango tuticwa.

L’Interprète : Elle nous disait que la situation était mauvaise et que nous devions rester à l’intérieur du couvent, pour ne pas être tuées.

Le Président : Il semble bien que les directives, à ce moment-là, c’était de partir du couvent ?

L’Interprète : Icyo gihe ariko bwo yarababwiye, yari yabahaye Amabwiriza yo kuva mu kigo, kuri 23.

le témoin 80 : Hari igihe yatubwiraga ko dushobora guhungira kwa Musenyeri.

L’Interprète : Elle nous demandait de nous réfugier à l’évêché.

Le Président : Oui. Eh bien, les directives sont-elles de se réfugier, rien que les religieuses à l’évêché, ou bien les religieuses et les autres personnes qui se trouvaient dans le couvent ?

L’Interprète : Uko amabwiriza yarateye, abagombaga kujya kwa Musenyeri bari ababikira gusa, cyangwa se muri ayo mabwirizwa harimo ko n’abandi bantu batari ababikira bashoboraga kujya kwa Musenyeri ?

le témoin 80 : N’ababikira icyo gihe bashoboye kugenda.

L’Interprète : Ce sont uniquement les sœurs qui ont eu la possibilité de partir à ce moment-là.

le témoin 80 : Ariko ntabwo twashoboye kugenda twese, mu kigo hasigaye ababikira batatu.

L’Interprète : Mais nous n’avons pas pu partir toutes. Seules trois sœurs sont restées au couvent.

Le Président : Savez-vous pourquoi elles sont restées, ces trois sœurs, au couvent ?

L’Interprète : Waba uzi impamvu abo babikira batatubasigaye mu kigo ?

le témoin 80 : Abo nabari bafite familles banze gusiga.

L’Interprète : Ce sont les sœurs qui avaient les membres de leur famille, là-bas, et qu’elles n’ont pas voulu laisser là-bas.

Le Président : Une autre question ?

Me. WAHIS : Est-ce qu’elle aura vu REKERAHO au couvent, avant le 6 avril ?

Le Président : Connaissez-vous Emmanuel REKERAHO ?

L’Interprète : Waba uzi Emmanuel REKERAHO,

le témoin 80 : Numva bamuvuga ntabwo nigeze mubona.

L’Interprète : J’ai entendu parler de lui mais je ne l’ai jamais vu.

Le Président : Une autre question ? Plus d’autres questions ? Les parties sont-elles d’accord pour que le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous venez de faire ? Persistez-vous dans ces déclarations ?

L’Interprète : Uremeza ugahamya ibyo umaze kuvuga ?

le témoin 80 : Ndabyemeza.

L’Interprète : Je les confirme.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage. Vous pouvez disposer de votre temps tout en restant à disposition de la Cour pour assurer votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Ushobora kwigendera, ariko ukaba waboneka igihe cyose Urukiko rwagukenera mu gutegura uburyo uzasubira mu Rwanda.

le témoin 80 : Murakoze.

L’Interprète : Merci.