assises rwanda 2001
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Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » Audition témoins compte rendu intégral du procès
Procès > Instruction d’audience C. Mukangango, « sœur Gertrude » et J. Mukabutera, « sœur Kizito » > Audition témoins > le témoin 81
1. le témoin 19 2. M.le témoin 44 3. R. Tremblay 4. le témoin 110 5. le témoin 38 6. le témoin 72 7. le témoin 101 8. le témoin 79 9. le témoin 138 10. le témoin 57 11. le témoin 2 12. le témoin 66 13. le témoin 71 14. le témoin 64 15. le témoin 81 16. le témoin 151 17. le témoin 115 18. le témoin 136 19. le témoin 7 20. le témoin 75 21. le témoin 82 22. le témoin 80 23. le témoin 99 24. le témoin 152 25. le témoin 78 26. Commentaires sur textes rédigés à Maredret 27. le témoin 95 28. le témoin 133 et commentaires de défense 29. le témoin 74 30. le témoin 70 31. le témoin 20 32. le témoin 60 33. le témoin 17 34. le témoin 49 35. le témoin 127 36. le témoin 47 37. le témoin 46 38. le témoin 147 39. le témoin 51 40. A. JANSSENS 41. le témoin 48 42. le témoin 145 43. G. Dupuis
 

8.6.15. Audition des témoins: le témoin 81

Le Président : L’audience est reprise. Vous pouvez vous asseoir et les accusés peuvent prendre place. Monsieur l’huissier, vous pouvez faire approcher le témoin suivant, le témoin 81 Marie-Josepha. Voulez-vous bien, Monsieur l’interprète, demander au témoin quels sont ses nom et prénom ?

L’Interprète : Wavuga amazina yawe yombi ?

le témoin 81 : Nitwa le témoin 81.

L’Interprète : le témoin 81.

Le Président : Quel est son âge ?

L’Interprète : Ufite imyaka ingahe ?

le témoin 81 : 46.

L’Interprète : 46 ans.

Le Président : Quelle est sa profession ?

L’Interprète : Umwuga wawe ?

le témoin 81 : Umuhinzi.

L’Interprète : Cultivatrice.

Le Président : Quelle est sa commune de domicile ?

L’Interprète : Komine utuyemo ?

le témoin 81 : Ni Huye.

L’Interprète : Huye.

Le Président : Connaissait-elle les accusés ou certains des accusés avant le mois d’avril 1994 ?

L’Interprète : Mbere y’ukwezi kwa kane kwa 94, hari uwo waruzi mu baregwa cyangwa se abaregwa bose warubazi ?

le témoin 81 : Narimbazi.

L’Interprète : Je les connaissais.

Le Président : Qui connaissait-elle ?

L’Interprète : Waruzi nde muri bo ?

le témoin 81 : Ni Gertruda.

L’Interprète : Je connaissais Gertrude.

Le Président : Kizito aussi ?

L’Interprète : Na Kizito ?

le témoin 81 : Na Kizito narimuzi.

L’Interprète : Kizito aussi, je la connaissais.

Le Président : Est-elle de la famille des accusés ou de ceux qui réclament des dommages et intérêts aux accusés ?

L’Interprète : Ufitanye isano mu muryango n’abaregwa cyangwa se abaregera indishyi ?

le témoin 81 : Njyewe abo dufitanye isano n’abaregera indishyi.

L’Interprète : J’ai une relation de parenté avec ceux qui réclament les dommages et intérêts.

Le Président : Est-ce qu’elle travaille comme employée pour les accusés ou pour ceux qui demandent des dommages et intérêts ?

L’Interprète : Waba ufite akazi uhemberwa, ukoreshwa n’abaregwa cyangwa se abaregera indishyi ?

le témoin 81 : Akazi nkoreshwa ?

L’Interprète : Akazi ukoreshwa, baguhembera.

le témoin 81 : Nta kazi mbafitemo.

L’Interprète : Non.

Le Président : Voulez-vous bien l’inviter à lever la main droite et à prêter le serment de témoin ?

L’Interprète : Zamura ukuboko kw’iburyo, noneho ujye uvuga indahiro y’abatanga ubuhamya, uzajya usubiramo icyo mvuze : « Ndahiriye kuvuga ukuri gusa,

le témoin 81 : Ndahiriye kuvuga ukuri gusa,

L’Interprète : Nta rwango,

le témoin 81 : Nta rwango,

L’Interprète : Nta mususu ».

le témoin 81 : Nta mususu.

L’Interprète : Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Le Président : Prenez place à côté du témoin, Monsieur l’interprète. Madame, comment s’appelait votre mari ?

L’Interprète : Umugabo wawe yitwaga nde ?

le témoin 81 : Yitwaga Yozefu RUBAYIZA.

L’Interprète : Joseph RUBAYIZA.

Le Président : Son père était bien GAPYISI Vianney ?

L’Interprète : Naho so ukubyara ?

le témoin 81 : Yari Vianney GAPYISI.

L’Interprète : Oui, Vianney GAPYISI.

Le Président : Madame, au mois d’avril 1994, vous êtes-vous réfugiée au couvent de Sovu ?

L’Interprète : Mu kwezi kwa kane kwa 94 wahungiye mu kigo cy’ababikira cy’i Sovu ?

le témoin 81 : Nagihungiyemo.

L’Interprète : Oui, je m’y suis réfugiée.

Le Président : Vous y êtes-vous réfugiée avec des membres de votre famille ?

L’Interprète : Abo wajyanyemo nabo mu muryango wawe ?

le témoin 81 : Bose niho bari bari.

L’Interprète : Oui, tout le monde était là.

Le Président : Combien de membres de votre famille ont-ils été tués à Sovu ?

L’Interprète : Abantu bo mu muryango wawe biciwe i Sovu ni bangahe ?

le témoin 81 : Ni abantu barindwi.

L’Interprète : Sept personnes.

Le Président : Parmi ces personnes, y avait-il des enfants ? Vos enfants étaient-ils parmi ces sept personnes ?

L’Interprète : Abana bawe bari muri abo bantu barindwi ?

le témoin 81 : Barimo abana banjye batanu n’umugabo wanjye wa gatandatu.

L’Interprète : Oui, mes enfants étaient au nombre de cinq, puis le sixième, c’était mon mari.

Le Président : Et le septième alors, membre de sa famille, c’était ?

le témoin 81 : Na mabukwe wa karindwi.

L’Interprète : La septième personne c’était ma belle-mère.

Le Président : Se souvient-elle, vous souvenez-vous de la date à laquelle vous vous êtes réfugiée au couvent ?

L’Interprète : Waba wibuka itariki wahungiriyeho mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 81 : Hari kuri 18.

L’Interprète : C’était le 18.

Le Président : Pourquoi vous étiez-vous réfugiée avec votre famille au couvent, le 18 avril ?

L’Interprète : Kuki wowe n’umuryango wawe ku itariki 18, mwahungiye mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 81 : Twahungaga ubwicanyi bavugaga buturuka ku Gikongoro.

L’Interprète : Nous fuyions les massacres qu’on disait provenir de Gikongoro.

Le Président : Pouvez-vous expliquer ce qui s’est passé pendant la journée du 18 et dans la soirée du 18 avril, à Sovu ?

L’Interprète : Wasobanura ibyabaye ku mugoroba w’itariki 18 z’ukwa kane i Sovu ?

le témoin 81 : Nabisobanura bitewe n’uko nari mpari.

L’Interprète : Je peux l’expliquer puisque j’étais là.

Le Président : Je vous prie de bien vouloir expliquer ce qui s’est passé le 18.

L’Interprète : Urasabwa gusobanura ibyabaye kuri 18.

le témoin 81 : Icyabaye kuri 18,

L’Interprète : Ce qui s’est passé le 18,

le témoin 81 : Twe twari turi kumwe n’abaturage bose tufatanije, bavuze ko hari ibitero biturutse ku Gikongoro,

L’Interprète : Nous étions avec l’ensemble de la population alors qu’on disait qu’il s’agissait des attaques provenant de Gikongoro.

le témoin 81 : Hanyuma ubwo muri izo 18 nyine haje kuza hazamuka imodoka ya bourgmestre RUREMESHA.

L’Interprète : Alors, est monté à cette date, lundi 18, le véhicule du bourgmestre RUREMESHA.

le témoin 81 : Hanyuma ubwo adusanga mu gacentre ka Sovu,

L’Interprète : Il nous a rencontrés au centre de négoce de Sovu,

le témoin 81 : Bita kuri douane.

L’Interprète : Là où on appelle douane.

le témoin 81 : Ubwo yari afite ikarito ya grenade mu modoka,

L’Interprète : Il avait dans sa voiture un carton de grenades.

le témoin 81 : Abaturage bari bishyize hamwe nyine barwanya ibyo bitero.

L’Interprète : Toute la population s’était liguée contre ces attaques.

le témoin 81 : Noneho muri iyo karito yaje kuvanamo grenade imwe,

L’Interprète : Alors, il est allé chercher dans son carton, une grenade,

le témoin 81 : Ayiha umusore KAMANAYO wari umusirikare,

L’Interprète : Qu’il a donnée à un jeune homme du nom de KAMANAYO et qui avait été militaire.

le témoin 81 : Ubwo uwo musore yaje kuyitera umusore RANGIRA,

L’Interprète : Ce jeune homme l’a lancée à un autre jeune homme du nom de RANGIRA.

le témoin 81 : Ifata n’undi muntu MATABARO,

L’Interprète : Fut atteint également, un autre homme du nom de MATABARO.

le témoin 81 : Hanyuma ubwo baje kugirango bose bombi babyuke,

L’Interprète : Alors, les deux ont essayé de se relever,

le témoin 81 : Ngo bajye kwegura MATABARO, basongwa na RANGIRA.

L’Interprète : Hm ?

le témoin 81 : Baje kwegura uwo mugabo MATABARO, w’umuhutu.

L’Interprète : Et ils sont venus soulever MATABARO qui était Hutu,

le témoin 81 : Noneho baza gusonga RANGIRA rero uwo nguwo.

L’Interprète : Et ils ont achevé RANGIRA.

le témoin 81 : Ubwo niho twese uko twari duhari, niho twaje kumenya ko abarwana bakeneye abatutsi,

L’Interprète : Alors, c’est à ce moment-là que nous tous qui étions rassemblés là-bas, avons constaté qu’ils faisaiennt un tri, qu’ils voulaient les Tutsi.

le témoin 81 : Nibwo twahise tumanuka, tujya mu babikira i Sovu.

L’Interprète : Alors, nous sommes descendus, nous nous sommes rendus au couvent des sœurs, à Sovu.

le témoin 81 : Ubwo tukimara kuhagera,

L’Interprète : Dès notre arrivée,

le témoin 81 : Uwo munsi wo kuri 18,

L’Interprète : Ce jour-là du 18,

Marie-Josepha le témoin 81 : Abamasoeur abo ngabo, bashoboye kutubwira, hari abagabo benshi bavuga ko bari mu mahugurwa nabo,

L’Interprète : Ces sœurs nous ont dit alors qu’il y avait plusieurs hommes qu’on disait qu’ils étaient en session là-bas.

Marie-Josepha le témoin 81 : Ngo aho turi turabatera akaduruvayo n’umwanda,

L’Interprète : Ils ont dit que là où nous étions, nous étions en train de semer désordre et saletés.

le témoin 81 : Ngo nitumanuke tujye kuri centre de santé,

L’Interprète : Qu’il fallait que nous descendions jusqu’au centre de santé.

le témoin 81 : Ariko ntabwo twashoboye kubyemera, ntabwo twashoboye kujyayo koko.

L’Interprète : Mais nous n’avons pas accepté, nous ne nous y sommes pas rendus.

le témoin 81 : We yaje gufata imodoka yo muri abo bagabo bari mu bahugurwa,

L’Interprète : Inde ?

le témoin 81 : Gertruda,

L’Interprète : Alors, Gertrude a pris la voiture et avec un des hommes qui étaient dans cette session,

le témoin 81 : Bajya i Butare,

L’Interprète : Ils se sont rendus à Butare,

le témoin 81 : Ajyanye n’umugabo umwe wari muri abo mu mahugurwa.

L’Interprète : Elle s’est rendue à Butare en compagnie d’un des hommes qui étaient en session.

le témoin 81 : Azana n’abasirikare,

L’Interprète : Elle est revenue avec les militaires.

le témoin 81 : Amaze kuzana abasirikare aratubwira ngo : « Ufite utuntu twe, natumanure atujyane aho kuri centre de santé ».

L’Interprète : Elle est revenue avec les militaires qui nous ont dit que quiconque avait ses effets, les prenne et les amène au centre de santé.

le témoin 81 : Ubwo abari babifite barabimanuye,

L’Interprète : Ceux qui avaient les effets, les ont descendus,

le témoin 81 :  Ubwo abasirikare baratubwiye ngo nitwongere tuzamuke badukoreshe inama,

L’Interprète : Et les militaires nous avaient dit de monter encore pour une réunion.

le témoin 81 : Ubwo twarazamutse, tugeze imbere ya kiriziya y’ababikira,

L’Interprète : Nous sommes revenus une fois devant l’église des sœurs.

le témoin 81 : Ubwo abasirikare baratubwiye ngo nitugende, dusubire hepfo,

L’Interprète : Les militaires nous ont dit de redescendre,

le témoin 81 : Ngo badukorere ibarura,

L’Interprète : Qu’on nous recense,

le témoin 81 : Bazajye badufashirizaho.

L’Interprète : Pour qu’on puisse nous aider, nous donner assistance sur base de ça.

le témoin 81 : Ubwo Gertruda yaje kuzana izo mpapuro nyine,

L’Interprète : Gertrude alors est revenue avec ces papiers.

Marie-Josepha UKARWEGO : Aziha umugabo, umuhungu wa SEBUHINYORI ariko ndamwibagiwe ariko…

L’Interprète : Elle les a donnés à un homme, un fils de SEBUHINYORI dont j’oublie le nom.

Le Président : KAZIDO, KALIDO ?

L’Interprète : Yaba ari KARIDO,

le témoin 81 : Yee, ni KARIDO.

L’Interprète : Oui, KARIDO.

le témoin 81 : Ubwo noneho baza kutubarura,

L’Interprète : On nous a alors recensés

le témoin 81 : Baza kubonamo abantu 3.500.

L’Interprète : Et on est parvenu au nombre de 3.500 personnes.

le témoin 81 : Ubwo Mameya yaravuze ngo ntitugende tube tugumye hamwe, ngo aduhe imfashanyo, adufashirize aho turi.

L’Interprète : La mère supérieure nous a dit alors de retourner, qu’elle allait nous donner assistance, qu’elle allait nous apporter assistance, là même où nous étions.

le témoin 81 : Ubwo nta mfashanyo twashoboye kubona, nta kintu na kimwe kigeze kitugeraho.

L’Interprète : Nous n’avons pas pu recevoir assistance et rien ne nous est arrivé.

le témoin 81 : Nyuma yo kuri 19,

L’Interprète : Après le 19,

Marie-Josepha le témoin 81 : Haje gutera naho grenade ariko sinashoboye kumenya uwayiteye uwariwe,

L’Interprète : Une autre grenade a été lancée mais je n’ai pas pu savoir celui qui l’avait lancée.

le témoin 81 : Iza gukomeretsa umukecuru Paskaziya NYIRAMIRIMO,

L’Interprète : La grenade a blessé une vieille du nom de Pascasie  NYIRAMIRIMO.

Marie-Josepha le témoin 81 : Ubwo umuporisi Saveri wari uhari yaratubwiye ngo nitwihangane ngo araturariye nta kindi tuba,

L’Interprète : Un policier du nom de Xavier, qui était là, nous a dit de supporter, d’avoir le courage qu il est là pour nous garder, que rien n’allait nous arriver.

le témoin 81 : Ubwo bwarakeye,

L’Interprète : Alors, le lendemain,

le témoin 81 : Kuri 21,

L’Interprète : Le 21,

le témoin 81 : Ubwo twumva imbunda bariho bararasa ahantu kuri monastère y’i Gihindamuyaga,

L’Interprète : Nous avons entendu des tirs au monastère de Gihindamuyaga,

le témoin 81 : Umuporisi agashaka kuduhumuriza,

L’Interprète : Ce policier-là, continuait à nous supporter… à nous…

Le Président : A les défendre, à les protéger ?

L’Interprète : A nous encourager,

Le Président : A les encourager.

L’Interprète : Oui, à nous encourager de garder courage.

le témoin 81 : Ubwo kuri 22,

L’Interprète : Le 22,

le témoin 81 : Ubwo haza kumanuka ibitero bimanutse Sovu hejuru,

L’Interprète : Sont descendues des attaques qui venaient d’en haut, du sommet de la colline de Sovu.

Marie-Josepha le témoin 81 : Bakoreshaga inzogera, ingoma n’amafirimbi.

L’Interprète : Ils utilisaient les tambours et les sifflets.

le témoin 81 : Icyo nshobora kuvuga, hari mu gitondo, ntarabona ibintu bibi byinshi,

L’Interprète : Ce que je me rappelle, puisque c’était le matin, je n’avais pas encore vu les choses horribles.

le témoin 81 : Ubwo hari nka saa mbiri za mugitondo.

L’Interprète : C’était plus ou moins 8h00, le matin.

le témoin 81 : Ubwo bamwe barashoboye ku…, Maraba mbega yari tayeranye, na Mbazi,

L’Interprète : S’était réunie la population, les gens de Maraba, Mbazi,

le témoin 81 : Ubwo baragotera ikigo.

L’Interprète : Ils ont encerclé le monastère.

le témoin 81 : Ubwo nta kindi twashoboye gukora, ubwo baratangiye ubwicanyi…

[Interruption d’enregistrement]

L’Interprète : Waba wibuka amabara y’amabido ababikira bari bafite ?

le témoin 81 : Umva, mu byukuri ubwo urumva ndakubwira ko abanjye bari babacagaguye bose mbareba, mbareba by’amaso ku yandi,

L’Interprète : En réalité, je vous dis que, de mes yeux, j’avais assisté au découpage des miens.

le témoin 81 : Njye nabonaga ko ari ubujerikani bwa litiro 5,

L’Interprète : Ce que je voyais, c’est que c’étaient des jerricanes de 5 litres.

le témoin 81 : Ubwo nabirukagaho ngirango ndebe ko baca inkoni izamba nzi ko ari bamasoeurs ko bashobora no kuba bandekurira umwana wanjye akavamo,

L’Interprète : Je courais derrière elles croyant que comme c’étaient des sœurs, elles allaient relâcher mon fils, qu’il sorte de là-bas.

le témoin 81 : Uzi k’ubwo nanjye nari nataye umutwe, ibyo nashoboraga kubona nabo bamasoeurs ni ibyo.

L’Interprète : En réalité, moi-même, j’avais perdu la tête, ce que j’ai vu de ces sœurs-là, c’est ça.

Le Président : Il vous est resté encore un enfant ou deux enfants ?

L’Interprète : Ni umwana umwe wabashije gusigarana cyangwa ni babiri ?

le témoin 81 : Nta numwe nashoboye gusigarana mu bana batanu niko nababwiye.

L’Interprète : Aucun survivant parmi les cinq enfants, comme je vous ai dit.

Le Président : Aucun.

le témoin 81 : Ubu ndi uku konyine, uko ndi uko.

L’Interprète : Je suis toute seule, comme vous me voyez maintenant.

Le Président : C’est parce que, dans certaines déclarations, il est question de ce que vous aviez sept enfants.

L’Interprète : Ni uko mubyo wavuze, hamwe na hamwe hari aho wagiye uvuga ko ufite abana barindwi.

le témoin 81 : Nababwiye imiryango irindwi nari nahunganye, nari nahungishije, twahunganye ku kigo.

L’Interprète : Je vous ai parlé de sept familles qui s’étaient réfugiées avec moi, au couvent.

Le Président : Donc, quand elle avait parlé de sept enfants, il y en a deux qui n’étaient pas les siens ?

L’Interprète : Ubwo wavugaga abana barindwi uvuga ko babiri batari abawe bwite ?

le témoin 81 : Oya nababwiye imiryango irindwi, imiryango yanjye yari irindwi.

L’Interprète : Non, je vous ai dit que ma famille était au nombre de sept.

le témoin 81 : Abana banjye bari batanu,

L’Interprète : Que mes enfants étaient au nombre de cinq,

le témoin 81 : N’umugabo wanjye wa gatandatu,

L’Interprète : Et que mon mari était le sixième,

le témoin 81 : Na mabukwe wa karindwi.

Le Président : Et la belle-mère, la se…

L’Interprète : Que ma belle-mère était septième.

Le Président : Avez-vous été blessée, vous-même,

L’Interprète : Wowe ubwawe hari ubwo wakomeretse ?

Le Président : Pendant ces événements du 22 avril ?

le témoin 81 : Aho nakomeretse [Inaudible] ni mu mutima.

L’Interprète : Là où j’ai été blessée, c’est dans mon cœur.

Le Président : Si j’ai bien compris, un de vos enfants était dans le garage ?

L’Interprète : Niba yabyumvishe neza umwe mu bana bawe yari mu igaraji ?

Marie-Josepha le témoin 81 : Uwi imfura ndetse, ariwe MPAWENIMANA ;

L’Interprète : L’aîné, du nom de MPAWENIMANA.

Le Président : Bien. Y a-t-il des questions à poser au témoin ? Oui ?

Me. VERGAUWEN : Je vous remercie, Monsieur le président. Rassurez-vous, je ne vais pas revenir avec ses déclarations antérieures. Pourriez-vous avoir l’amabilité de demander au témoin si elle se souvient d’avoir vu le témoin 151 lors de l’attaque du 22 avril ?

Le Président : Madame, lors de l’attaque du 22 avril, vous avez parlé notamment de REKERAHO. Est-ce qu’il y avait, parmi les attaquants et même parmi les chefs des attaquants, un certain le témoin 151 ?

L’Interprète : Wavuze ba REKERAHO, muri icyo gitero cyo kuri 22 z’ukwa kane, waba warabonye mu bateraga ndetse no mu bayobozi b’icyo gitero uwitwa Yohani-Baptista le témoin 151 ?

le témoin 81 : Umva, ndumva ahari isoko n’amaduka bari benshi, amakomine yose,

L’Interprète : Il y avait vraiment une multitude, il y avait toutes les communes,

le témoin 81 : Komine Huye,

L’Interprète : La commune de Huye,

le témoin 81 : Komine Maraba,

L’Interprète : La commune de Maraba,

le témoin 81 : Komine Mbazi,

L’Interprète : La commune de Mbazi,

le témoin 81 : Bose bari bateye aho ngaho kuri centre.

L’Interprète : Tout le monde avait attaqué là-bas, au centre.

le témoin 81 : Ntabwo rero abantu bose bari bahari naba narashoboye kubashishoza ngo menye abo aribo.

L’Interprète : Je n’ai pas pu identifier attentivement toutes les personnes qui étaient là-bas.

le témoin 81 : Yenda abandi baba baramubonye, njyewe sinashoboye kumubona ?

L’Interprète : Peut-être que d’autres l’ont vu, mais moi, je ne l’ai pas vu.

le témoin 81 : Cyakora nyuma yuko bava mu musozi kuko ariho bamubitse, yatabazaga nanjye ndaho i Sovu, atabaza ngo bajye kubahamba,

L’Interprète : Mais quand lui appelait qu’on vienne enterrer, j’étais là-bas, moi-même, là-bas, à Sovu,

le témoin 81 : Yaratabaza REKERAHO uwo nguwo ngo nibatabare umusozi.

L’Interprète : Et il appelait REKERAHO qu’il vienne participer à l’enterrement de la colline.

le témoin 81 : Ibyo kubahambisha nibyo nashoboye kubona kuko nanjye nagendaga.

L’Interprète : Les faits concernant leur enterrement, c’est ça que j’ai vu puisque moi-même, je circulais.

Le Président : Donc, vous avez bien vu que, au moment où on a enterré les corps à Sovu, Jean-Baptiste le témoin 151 était présent ?

L’Interprète : Ni ukuvuga ko ubwawe wabonye ko mu gihe bahambaga imirambo i Sovu, Yohani-Baptista le témoin 151 yari ahari ?

le témoin 81 : Yari ahari.

L’Interprète : Il était là.

Le Président : Cela se passait le lendemain de l’attaque ?

L’Interprète : Ibyo byabaye bukeye icyo gitero kiraye kibaye ?

le témoin 81 : Ndumva barishe hari kuri 22,

L’Interprète : Si mes souvenirs sont bons, on les a tués le 22,

le témoin 81 : Niba barahambye ari kuri 24 ku cyumweru…

L’Interprète : Et je pense qu’on les a enterrés le 24, c’était dimanche.

Le Président : Une autre question ? Maître WAHIS ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président. Elle nous a parlé de KABILIGI mais pas en termes très précis. Elle a déclaré ceci, dans sa déclaration à African Rights, en parlant de sœur Gertrude : « Elle a donné l’essence à un Interahamwe de sa famille, nommé NIYONSENGA. Ce dernier l’a versée sur KABILIGI. KABILIGI a couru en brûlant ». Est-ce qu’elle peut confirmer cette version ?

Le Président : La mort de KABILIGI, c’est bien en brûlant qu’il est mort ?

L’Interprète : Ibyerekeye urupfu rwa KABILIGI, yapfuye agurumana ?

le témoin 81 : Yapfuye agurumana kuko yamanutse muri iryo shyamba ariho ashya,

L’Interprète : Oui, de toutes les façons, il est mort en brûlant puisqu’il descendait à travers le bois en flammes,

le témoin 81 : Kuko ubwo inyuma yabo hajyaga ba masoeur bamanukanye ubwo bujerikani bwabo bwa lisansi,

L’Interprète : Et puis, par après sont descendues les sœurs qui portaient les jerricanes d’essence,

le témoin 81 : Kandi yanakoraga mu kigo cyabo ni naho yaravuye.

L’Interprète : Alors qu’il travaillait dans leur établissement et il venait de là-bas.

Le Président : KABILIGI donc venait du couvent ?

L’Interprète : Ni ukuvuga ko KABILIGI yaravuye mu kigo cy’ababikira ?

le témoin 81 : Hm, niho yaraturutse.

L’Interprète : Oui, il venait de là-bas.

Le Président : Une autre question, Maître WAHIS ?

Me. WAHIS : Oui, Monsieur le président. Toujours dans la version African Rights, elle parle du 23, donc, le lendemain des massacres : « Quand je me réveille le jour suivant », elle dit « Quand j’arrivais, sœur Kizito, encore avec des jerricanes de pétrole, était là avec les criminels qui vérifiaient si tous les corps étaient réellement morts. Sœur Kizito distribuait encore du pétrole. Près d’elle se trouvaient REKERAHO et BYOMBOKA». Donc, est-ce que le 23, elle confirme qu’elle a vu également sur place, sœur Kizito distribuer des bidons de pétrole à REKERAHO et ses complices ?

Le Président : On a parlé du 22, le jour des massacres, le jour de l’incendie du garage, le lendemain, le 23,

L’Interprète : Bavuze kuri 22, umunsi w’ubwicanyi n’umunsi igaraji ritwikwa, bukeye bwaho, kuri 23,

Le Président : Le samedi, avez-vous vu Kizito avec des bidons d’essence encore, ou des bidons de pétrole ?

L’Interprète : Wongeye kubona Kizito afite amabido ya lisansi cyangwa ya petroli ?

le témoin 81 : Nyuma y’itariki 20…, kuri 23 ntabwo nashoboye kugaruka kuko nacyo nasubiragayo gukora.

L’Interprète : Le 23, je n’ai pas pu y revenir puisque je n’avais rien à faire là-bas, je n’avais rien d’autre à faire là-bas.

Le Président : Est-ce qu’éventuellement, le 22, en fin de journée, vous auriez encore vu Kizito qui marchait parmi les cadavres ?

L’Interprète : Waba se kuri uwo munsi 22, nko ku mugoroba warongeye kubona KIZITO aza agenda atambagira mu mirambo ?

le témoin 81 : Biragoye ko, mwebwe se ko nkubwira ko nabonaga ku manwa byose, nkayoberwa ko bwije cyangwa bwakeye,

L’Interprète : A part que je voyais tout ça la journée, j’ignorais s’il faisait jour ou alors, que le jour se levait.

le témoin 81 : Nyuma bamaze gucagagura abana banjye mbibona,

L’Interprète : En tout cas, c’était la journée à laquelle le jour se levait,

le témoin 81 : Undi bakamumenaho lisensi,

L’Interprète : Après qu’on ait découpé, sous mes yeux, mes enfants et qu’on a versé de l’essence sur un autre.

le témoin 81 : Ubwo bwahise bwira nanjye nsigara nsabayangwa ku musozi.

L’Interprète : J’ai perdu l’intelligence et je courais comme folle, à travers la colline.

Le Président : Une autre question ?

Me. WAHIS : Une toute petite question, plus particulièrement destinée à Monsieur l’avocat général. Est-ce que le témoin pourrait nous donner le nom de son père ?

Le Président : On l’a dit, elle l’a donné, aussi un moment de distraction.

Me. WAHIS : Sans doute.

Le Président : GAPYISI…

Me. WAHIS : Qui est le même que le surnom de sœur Kizito.

L’Avocat Général : …porte aussi le même nom que Monsieur NTEZIMANA Vincent, mais il a des toutes autres idées.

Le Président : Ne nous avançons pas dans les idées des gens. Y a-t-il d’autres questions ? Les parties sont-elles d’accord pour le témoin se retire ? Madame, confirmez-vous les déclarations que vous avez faites ici, aujourd’hui ?

L’Interprète : Urongera ukemeza ugahamya ibyo wavugiye aha uyu munsi ?

le témoin 81 : Nhobora kubihamya, kuko ndavuga ibyo nabonye , ntabwo aribyo nabwiwe , nari mpari pe.

L’Interprète : Je peux le confirmer puisque c’est ce que j’ai vu, ce n’est pas ce que j’ai entendu.

le témoin 81 : Amaso ku yandi, nta mutima, ariko amaso yarabonaga.

L’Interprète : Les yeux dans les yeux, je n’avais pas le cœur, mais les yeux voyaient.

Le Président : La Cour vous remercie pour votre témoignage.

L’Interprète : Urukiko ruragushimiye ibyo urubwiye,

Le Président : Vous pouvez maintenant retourner à votre lieu de logement, mais vous devez rester, sur le plan administratif, à la disposition de la Cour, pour organiser votre retour au Rwanda.

L’Interprète : Wakwisubirira kw’icumbi, ariko ukaba waboneka igihe cyose Urukiko rwagukenera, watunganya usubira i Rwanda.

le témoin 81 : Rwose nshobora kubisubiramo kuko narabibonaga ntabyo nahimbye.

L’Interprète : Je peux le répéter, puisque c’est ce que j’ai vu moi-même. Merci. A plus.

Le Président : Ha ! ha ! ha ! Merci en plus, je suppose. Un commentaire ?

Me. VANDERBECK : Un très bref commentaire avec votre permission, Monsieur le président. Je tiens simplement à signaler que je pense qu’il est de notre devoir, défense des accusés, de faire ce genre de commentaire puisque nous devons apporter toute la clarté par rapport aux différentes déclarations aux jurés et que ce n’est certainement pas par souci d’en remettre, mais il me semble quand même important de souligner de nouveau d’énormes, d’abyssales contradictions entre les différentes versions et je serai obligé de revenir très brièvement sur un seul point qui sera, à mon sens, déterminant : c’est le problème de l’essence et le fait de savoir qui a apporté l’essence ?

Ce témoin-ci, exceptionnellement, comme un autre, et on l’avait souligné, a été entendu deux fois dans le cadre de la commission rogatoire, donc ce qui, quand même, est un bon signe puisqu’on a une audition le 29 septembre et une autre le 8 octobre, à peine dix jours plus tard, et je voudrais quand même vous lire ce qui est dit dans ces deux versions.

Le 22 avril, en ce qui concerne la première version, c’est celle du 29 septembre, le témoin dit ceci : « Le 22 avril 1994 », elle parle du fait qu’on a commencé à tuer et puis, elle dit : « J’ai rencontré Gertrude avec quatre gallons d’essence. Elle était accompagnée de REKERAHO Emmanuel, de RUSANGANWA Gaspard et de BYOMBA, ils ont incendié le garage ».

Et puis avant, en parlant du 17, elle avait simplement dit : « Nous nous sommes réfugiés dans le couvent des sœurs où nous avons trouvé UN certain Kizito. Il nous a chassés en disant que nous dérangions ceux qui étaient en stage ». Neuf jours plus tard, le 8 octobre, le même témoin nous dit ceci, Kizito devient enfin une femme, on nous dit …

Le Président : Vous êtes sûr de ne pas confondre avec le témoin 81 Marie-Josée ?

Me. VANDERBECK : Josepha, Marie-Josée, c’est la même identité, la même date de naissance, donc, je crois que c’est la même personne, je peux peut-être me tromper ?

Le Président : C’est possible, oui.

Me. VANDERBECK : Il semblait, en tout cas d’après, c’est pour ça qu’on a demandé le nom du père, donc …cette même personne dit, donc, concernant le 22 avril : « Vers 4h, Kizito est venue en compagnie de REKERAHO, RUSANGANWA Gaspard et BYOMBA. Ils avaient de l’essence dans quatre bidons. Kizito portait l’un des bidons d’essence. Ils commençaient à verser de l’essence sur tout le garage ».

Et concernant sœur Gertrude, un peu plus loin, elle dit : « Moi, j’étais sortie le 22 avril car j’avais des pièces d’identité de Hutu. Ce jour, je n’ai pas vu la sœur Gertrude, je pense qu’elle était au couvent ».

Alors, je vous épargne les deux versions Nations-Unies et African Rights vu que c’est encore une version différente, m’enfin, ce sont donc quatre, non, cinq versions différentes puisqu’ aujourd’hui, c’est sœurs Kizito et Gertrude qui viennent en descendant du couvent, avec Jonas, Gaspard, REKERAHO et NYUNDO. Voilà, je vous remercie.

Le Président : Un autre commentaire ? Bien. Compte tenu de l’ampleur de la tâche, demain, pour être sûr que Monsieur l’avocat général puisse arriver à l’heure et pour donner un petit rabiot de sommeil aux autres, 8h45. On commence à 8h45, demain. Trois témoins le matin, Monsieur le témoin 151, le témoin 118 et Monsieur le témoin 31. Et l’après-midi, trois témoins qui s’étaient présentés cet après-midi, Madame le témoin 136, Madame le témoin 115 et Madame le témoin 7. Demain, nous terminons au plus tard à 18h même si GB reste ouvert le vendredi jusqu’à 19 ou 20h, je ne sais pas, mais enfin, pour d’autres raisons, on terminera au plus tard à 18h. S’il se faisait que l’une ou l’autre religieuse résidant au Rwanda pouvait encore être entendue l’après-midi en plus des trois dont je viens de parler, on pourra peut-être en entendre une ou deux, je ne sais pas, on verra bien où on en est, sinon toutes les religieuses, il y en a dix, devront toutes être entendues lundi. Enfin dix, résidant au Rwanda, je veux dire. Voilà. L’audience est suspendue, elle reprend demain à 8h45.